Le bleuet
A l’été, sa fleur vient ponctuer les moissons de touches bleutées : plante adventice, le bleuet ne se plaît jamais tant qu’au cœur des champs de blé.
Le bleuet tire bien sûr son nom commun, de même que sa nomenclature scientifique (Cyanus segetum, ou Centaurea cyanus L.) du bleu vif dont s’ornent ses fleurs. Ces dernières ne se limitent d’ailleurs pas à ce fameux bleu d’outremer, qui lui est si facilement associé, et déclinent toute une palette de couleurs, du blanc au pourpre, en passant par une teinte rosée, que le peintre Nicolas Robert restitue avec beaucoup de subtilité dans sa représentation du bleuet dans la Collection des vélins du Muséum national d’histoire naturelle.
Le bleuet appartient au genre des centaurées – parmi lesquelles on trouve également les chardons – et se distingue particulièrement par la disposition particulière de ses fleurs, de forme tubulaire, qui se répartissent en un délicat capitule. Cette silhouette si caractéristique fait du bleuet une fleur vedette du répertoire ornemental, qui inspire peintres et illustrateurs – des enluminures médiévales où le bleuet colonise les marges des manuscrits – , aux motifs de papiers peints.
Maurice Pillard de Verneuil, Étude de la plante, Paris, 1903.
Avant que le terme de « bleuet » ne s’impose pour désigner cette fleur des champs, de nombreux noms communs lui ont été attribués et témoignent de certaines de ses caractéristiques et utilisations : barbeau, casse-lunette, aubifoin, chevalot, clavéole, fleur des graines, blavétas… Le terme de casse-lunette est dû à ses propriétés dans la pharmacopée : cette plante a souvent été employée pour soigner des maladies oculaires, grâce à l’eau de bleuet utilisée comme lotion ou collyre. Le terme d’aubifoin – longtemps en usage avant d’être supplanté par celui de bleuet – remonte à la période médiévale, durant laquelle on trouve également celui de bouffain.
Bouffain et buglosse. Livre des simples médecines, vers 1520-1530, Français 12322, f. 154v.
Ces noms d’aubifoin et de bouffain ne sont pas sans nous évoquer le terrain de prédilection du bleuet, qui affectionne les champs de blé et parsème les moissons. Souffrant souvent du traitement réservé aux « mauvaises herbes », le bleuet pâtit de l’utilisation des pesticides et se fait plus rare dans les cultures et au bord des chemins.
Le genre des centaurées est vaste, et on donne également le nom de bleuet à la Centaurea montana L. (bleuet des montagnes ou centaurée des montagnes), qui se plaît dans des milieux plus sauvages et escarpés que notre bleuet des champs. On la trouve souvent dans les sous-bois des régions alpines.
Pour aller plus loin :
Le bleuet fleurit au mois de juillet dans le Calendrier floral du Jardin des plantes.
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