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Deux grandes revues philosophiques : la Revue philosophique de la France et de l’étranger et la Revue de métaphysique et de morale

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23 novembre 2020

Acteurs majeurs du champ philosophique, la Revue philosophique de la France et de l'étranger et la Revue de métaphysique et de morale, toutes deux aujourd’hui éditées par les Presses universitaires de France, ont été fondées à la fin du XIXe siècle.

Revue philosophique de la France et de l'étranger, première année, t. 1, janvier-juin 1876

La Revue philosophique de la France et de l’étranger a été fondée en 1876 par Théodule Ribot (1839-1916). Ce dernier, agrégé de philosophie en 1866, fut professeur à la Sorbonne et au Collège de France.
Le Grand dictionnaire universel de Pierre Larousse présente ainsi la revue : « […] cette revue est destinée à tenir ses lecteurs au courant du mouvement philosophique contemporain. Il n’y faut pas chercher des études sur des systèmes surannés et qu’il faut laisser aux professeurs des lycées le soin d’enseigner à leurs élèves, en vue des épreuves du baccalauréat, mais des discussions approfondies sur les questions les plus récentes de la philosophie, sur les grands problèmes de la psychologie physiologique, sur tous ces points obscurs dont les progrès des sciences permettent d’aborder l’étude. »  Ouverte à la psychologie, discipline dont Ribot est un des promoteurs en France, la revue demeure avant tout, comme le rappelle le texte d’ouverture du premier numéro un « journal philosophique » s’efforçant de donner un « tableau complet du mouvement philosophique ». La revue publie ainsi pour la première fois en français des textes du philosophe américain Charles Sanders Peirce (1839-1914), le fondateur du pragmatisme : "La logique de la science. Première partie : comment se fixe la croyance" (1878), puis "La logique de la science. Deuxième partie : comment rendre nos idées claires".

Revue philosophique de la France et de l'étranger, quatrième année, t. 7, janvier-juin 1879, p. 39

La Revue de métaphysique et de morale a été créée en 1893 par Léon Brunschvicg (1869-1944), Elie Halévy (1870-1937) et Xavier Léon (1868-1935). Agrégé de philosophie en 1891, Léon Brunschvicg est en 1893 professeur de lycée à Tours. Il va devenir l’une des figures majeures de la philosophie française de la première moitié du XXe siècle. Il publiera son premier livre en 1897 : La modalité du jugement. Elie Halevy, également agrégé de philosophie, publiera son premier livre en 1896 : La théorie platonicienne des sciences puis en 1901 les trois volumes de La formation du radicalisme philosophique. Xavier Léon, secrétaire de la rédaction, fera paraitre en 1902 La philosophie de Fichte : ses rapports avec la conscience contemporaine, préfacé par Émile Boutroux (1845-1921). La revue organise en 1900 à Paris le premier congrès mondial de philosophie qui s'est tenu dans le cadre de l'Exposition internationale universelle. En 1901, l’équipe de la Revue fonde la Société française de philosophie.

Revue de métaphysique et de morale, première année, 1893, p. 1

L’introduction du premier numéro de la revue rend hommage à son aînée, la Revue philosophique : « Quant à la Revue philosophique, qui commence en ce moment sa dix-huitième année, elle a été dès l’origine, et elle est restée le principale organe des sciences philosophiques en France. Elle a rendu, dans ce grand espace de temps, de très appréciables services. Elle a obligé les philosophes de suivre les travaux des savants ; elle a permis aux savants de lire les méditations des philosophes ; elle les a fait connaitre les uns autres, et elle les a tenus également au courant des travaux du même genre […]. On peut dire en vérité qu’elle a reflété très fidèlement dans son éclectisme hospitalier le mouvement des idées philosophiques. »
Mais cette introduction marque aussi sa différence : « Ici on voudrait faire autre chose. Dans un cadre plus restreint on voudrait donner plus de relief aux doctrines philosophiques proprement dites ; on voudrait, laissant de côté les sciences spéciales plus ou moins voisines de la philosophie, ramener l’attention publique aux théories générales de la pensée et de l’action dont elle s’est détournée depuis un certain temps et qui cependant ont toujours été, sous le nom décrié aujourd’hui de métaphysique, la seule source des croyances rationnelles ; on voudrait non pas suivre le mouvement des idées, mais essayer de lui imprimer une direction. »

Pour aller plus loin
Carroy, Jacqueline, et al. « Les entreprises intellectuelles de Théodule Ribot », Revue philosophique de la France et de l'étranger,  vol. 141, n° 4, 2016, p. 451-464.
Feuerhahn, Wolf,  « De la Sorbonne au Collège de France. Enjeux du titre des chaires de Ribot », Revue philosophique de la France et de l'étranger, vol. 141, n° 4, 2016, p. 477-488.
Prochasson, Christophe « Philosopher au XXe siècle : Xavier Léon et l’invention du « système R2M » (1891-1902) », Revue de métaphysique et de morale, 1993, n° 1/2, p.109-140.
Soulié, Stéphan, « La Belle époque de la Revue de métaphysique et de morale : horizon académique et tentation du politique (1891-1914) », Le Temps des médias, vol. 11, n° 2, 2008, p. 198-210.
 


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