100e anniversaire de la convention relative à l’immigration polonaise
L’immigration économique de l’Entre-deux-guerres représente un volet essentiel des relations franco-polonaises. De par son ampleur, elle a contribué de manière significative tant au relèvement de la France qu’à son peuplement.
La signature de la convention franco-polonaise "relative à l'émigration et à l'immigration" le 3 septembre 1919 est une conséquence directe de la Première Guerre mondiale. La France a perdu une partie de ses forces vives avec 1,4 M. de morts. Quant à la Pologne, celle-ci fait face à une forte démographie et un exode rural important que l’industrie n’est pas en mesure d’absorber.
Cette signature sera suivie par celle du projet de loi "Portant approbation de la convention relative à l’assistance et à la prévoyance sociales conclue entre la France et la Pologne".
L’immigration économique polonaise n’est pas en soi nouvelle mais est jusqu’alors fort modeste avec environ 10 000 personnes à la veille de la Première Guerre mondiale. Elle se distingue de la Grande émigration politique du 19ème siècle.
Après 1919, la création de la Mission française pour le Recrutement de la Main d’œuvre en Pologne et, en 1924, de la Société Générale d’Immigration favorise les arrivées de ces immigrants auxquels se joignent 130 000 Polonais de Westphalie débauchés dans le sillage de l’occupation de la rive gauche du Rhin et plus particulièrement de la Ruhr. C’est à l’occasion de cette migration que le quotidien socialiste Naradowiec quitte Herne en Westphalie pour installer son siège à Lens en 1924 idem pour le titre Wiarus Polski. On recense 700 000 polonais en France à la fin des années 1920. Souvent ils Il y aussi une immigration polonaise juive en marge de cette immigration sur contrat.
Les régions d’installation sont le Nord et l’Est en particulier le bassin minier du Nord-Pas de Calais et la Lorraine sans oublier les mines du Tarn du Gard et de Saône et Loire. Les polonais sont très présents dans les mines de charbon et de fer ainsi que dans la sidérurgie mais aussi parmi le personnel de maison et les ouvriers et ouvrières agricoles et cela dans toutes les régions de France et le commerce.
L’intégration des Polonais est difficile du fait de leur méconnaissance de la langue et des traditions françaises, de leur attachement au catholicisme dans un pays de tradition anticléricale et d’un mouvement ouvrier de tradition socialiste et marxiste. La crise économique des années 30 s’accompagne de mesures officielles pour favoriser la main d’œuvre nationale comme la promulgation de la loi "protégeant la main d'œuvre nationale" le 10 août 1932. La chute de la production industrielle entraine le départ de 140 000 personnes dont 35 000 pour la seule année 1935 alors que parallèlement 61 000 personnes arrivent entre 1930 et 1936. Les Polonais sont victimes de ce climat de xénophobie au même titre que les Italiens et plus tard les réfugiés espagnols. Les départs sont aussi le fait d’ expulsions qui peuvent faire suite à des grèves, comme à Leforest en 1934 avec les fameux incidents de l’Escarpelle.
Cela illustre l’engagement des immigrants polonais dans les luttes ouvrières. Lors de la deuxième guerre mondiale les immigrants polonais organisent des réseaux de résistance et montrent ainsi leur attachement à la France. La rubrique du site consacrée à la presse clandestine polonaise rend ainsi hommage à ces actes de bravoure.
Le rideau de fer et la fermeture des frontières qui l’accompagne auront pour conséquence que nombre d’immigrants polonais vont considérer leur présence en France comme définitive. L’attachement à la langue et à la culture polonaise continuera à s’exprimer à travers la présence d’une importante presse d’immigration ainsi que des offices religieux en polonais dans le Nord de la France. La vie sociale s’organise à travers de nombreuses associations culturelles et sportives telles que Les Sokols.
Ajouter un commentaire