La propagande dans la presse au début de la Grande guerre
Dès le 5 août 1914, une loi « réprimant les indiscrétions de la presse en temps de guerre » (JORF du 6 août 1914) interdit de publier des informations relatives aux opérations militaires autres que celles fournies par le gouvernement.
- Le Miroir, 23 août 1914
Très rapidement, les journalistes, qui n’échappent pas à l’esprit cocardier de l’époque, ne peuvent plus se rendre sur le front. Dans ce contexte de pénurie d’informations et afin de soutenir le moral des troupes et de l’arrière, la presse brode et la propagande se développe, surtout dans les journaux à grands tirages.
Des Allemands cruels et stupides contre des Français gais et courageux
Dans un jeu de miroirs, Le Petit Parisien laisse entendre que les Allemands font croire à leurs soldats que les Français exécutent tous les prisonniers. Sous le titre « Un prisonnier saxon s’étonne de ne pas être fusillé », le journal raconte qu’un uhlan « n’en voulait point croire ses oreilles quand on lui dit que les Français n’avaient pas coutume de fusiller leurs prisonniers » ; « Eh bien, ils sont menteurs nos officiers ! ».
Le Petit journal. Supplément du dimanche, 20 septembre 1914
« […] la guerre, qu’on en faisait un tas de boniments, c’est devenu la vraie vie de château. Qu’est-ce qu’on s’envoie dans le bide, c’est rien de le dire. […] On est bien mieux qu’à l’atelier ici. On a de l’air, du paysage. Bon tabac, bon boulot, bon cuisteau ! Y’a pas de quoi s’en faire ».
Une armée allemande inefficace
Alors que contrairement à l’armée française, l’armée allemande a renouvelé son fond d’armes avant la guerre, les journaux la présentent comme inefficace et mal équipée. On lit dans La Croix : « Il semble que les Allemands soient en retard de quarante ans. Ils procèdent comme en 1870 avec une imagination enfantine et barbare ». Le Petit Parisien du 20 août rapporte des récits de blessés : « Les Allemands se battent mollement et leur artillerie est de loin inférieure à la nôtre ».
En septembre 1914, un médecin explique dans L’Intransigeant que « les allemands tirent mal, leurs obus éclatent lourdement et les éclats ont peu de force », tandis que « les éclats de nos obus font des plaies plus graves ». Selon lui les balles allemandes pénètrent très vite dans le corps si bien que « la blessure est presque aseptisée » et est ainsi facile à soigner. Le Petit Parisien relate des combats : « Notre artillerie n’a cessé de tonner, réduisant peu à peu au silence les pièces ennemies. Celles-ci ripostaient à peine, et il nous a semblé que l’adversaire devait manquer de munitions […]. Nos troupes, d’ailleurs, maintenant, se rient de la mitraille. […] Là, au plus fort de la bataille, c’est l’insouciance légendaire du pioupiou français.»
Ajouter un commentaire