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Tour de France 2022 de Gallica - Étape 7 : pédaler dans la choucroute ?

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30 juillet 2022

L’étape alsacienne Sélestat-Markstein est l’occasion de revenir sur l’expression « pédaler dans la choucroute » et plus généralement sur l’alimentation des cyclistes.  

Sans surprise, les Alsaciens revendiquent la paternité de l'epression « pédaler dans la choucroute ». Comme on le dit en effet chez les gros mollets strasbourgeois, c’est « une expression bien de chez nous » et la préparation de  la choucroute a droit de cité parmi les usages et coutumes d’Alsace où le hâcheur de choucroute est même une figure de la vie locale.

 

C’est en tout cas une expression qui signifie que le coup de pédale n’est pas bon… Car si l’on trouve des courses à la saucisse et au boudin, ces dernières ne s’annoncent pas des plus véloces. Et la charcuterie (qui orne souvent la choucroute) y est ici récompense, elle ne participe pas de l’alimentation des coureurs. On trouve certes parfois des coureurs qui pédalent dans la choucroute, mais il n’est pas sûr qu’ils en mangent souvent…

Les diététiciens sont formels : pas de porc et ni saucisson ni charcuterie pour les coureurs cyclistes. Il faut donc bien reconnaître que l’alimentation des cyclistes, notamment en course sur route, semble bien éloignée de la spécialité alsacienne : on remplit sa musette au stand du ravitaillement, on prend ses bidons,  on boit avec une tasse dans chaque main pour aller plus vite, bref, on n’a pas le temps de s’attabler et on mangera en route, en pédalant ! 
Il est pourtant une course qui échappe à cette alimentation : les Six Jours. Les coureurs  tournent sur la piste pendant six jours, les spectateurs sont massés dans les gradins et l’espace central est organisé pour quelques suiveurs privilégiés

et surtout pour que les coureurs puissent, quand ils ne pédalent pas, se reposer dans des cabines de repos d’allure spartiate, même si en 1925 le confort est un peu meilleur qu’en 1906 ou 1914. Les coureurs peuvent y faire un brin de toilette, se faire masser ou soigner, parfois y retrouver leur famille… et surtout manger pour reprendre des forces.
Tout se déroulant dans le huis clos du vélodrome que les coureurs ne quittent pas durant six jours, ils ont sur place leurs propres cuisiniers et des soigneurs sont souvent aux petits soins, une deuxième assiette prête pour être sûrs qu’ils mangent assez, souriant devant le bon coup de fourchette de leurs protégés.

 

Ici on mange sur place, pas d’obligation d’avoir de ces nourritures légères à transporter dans la musette. On peut manger un vrai repas dans une assiette, manger à même la banquette pour enchaîner directement avec le bain de pied ! Car l’alimentation a pour unique but, comme le sommeil, de reconstituer les forces des coureurs, par exemple avec du poisson, qui contient une «quantité considérable de phosphore ». Cela n’empêche pas les coureurs de sourire à l’objectif en prenant un café sous les roues de vélo et les bouteilles de boissons diverses ou de se réjouir de la dégustation des huîtres. Ces dernières sont en effet un classique des Six jours, puisque « les huîtres sont le seul coquillage qui puisse être permis pendant un entraînement sérieux ».

 

                Mais l’ambiance reste assez sérieuse et rares sont lors des Six Jours les moments de repos et de convivialité entre coureurs autour d’une table avec cet alcool qu’ « il faut impitoyablement rejeter […] puisqu’il durcit les muscles et les artères ».
Dans les courses sur route, ce sont des moments qui ne se vivent qu’après l’abandon, si justement on pédale dans la choucroute, ou, de façon plus joyeuse, lors des journées de repos des courses à étapes…

Pour aller plus loin

 
 

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