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Houdon, l'atelier d'un sculpteur à la Bibliothèque du roi

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30 avril 2020

Au cœur du deuxième arrondissement, entre la rue Richelieu et la rue Vivienne, un ancien palais princier abrite depuis trois siècles les collections de la Bibliothèque nationale de France. Découvrez l’histoire de ce site à travers des documents méconnus disponibles sur Gallica.

Marcellin Desboutin, Jean-Antoine Houdon, Estampe, 1890 - BnF Est FOL-EF-415 (I, 3bis)

Comme d’autres artistes du XVIIIe siècle avant lui, le sculpteur Jean-Antoine Houdon (1741-1828) a disposé entre 1777 et 1800 d’un atelier dans les murs de la Bibliothèque royale, devenue nationale après l’abolition de la monarchie. L’établissement conserve encore aujourd’hui plusieurs œuvres réalisées par l’artiste.
Portraitiste émérite, Houdon se fit connaître notamment pour ses bustes des grands personnages de son temps : Napoléon Bonaparte, Benjamin Franklin ou encore Georges Washington, pour lequel il fit le voyage en Amérique.
 

L’atelier de Houdon fut d’abord installé à l’emplacement de l’actuel salon d’Honneur. Puis, visiblement pour permettre un meilleur accès aux Globes de Coronelli qui se trouvaient derrière, on chercha à déloger l’artiste pour l’installer dans la future salle dite du « Zodiaque » – qui accueillit le Zodiaque de Dendérah entre 1821 et 1922 –, avant de le pousser à libérer définitivement les lieux en 1800.
 

Cependant, si Houdon déménagea aux Beaux-Arts, puis au Collège des Quatre Nations en 1804, il semble qu’il ait bel et bien conservé un pied dans l’établissement. En effet, à la mort du sculpteur en 1828, une vente aux enchères est organisée. Elle se tint le 15 décembre 1828 dans la cour de la Bibliothèque du roi, là où se trouvaient ses sculptures. Ce qui indique que l’artiste possédait encore un atelier, ou à minima un espace qui lui était affecté pour conserver ses œuvres. On connaît plusieurs représentations de l’atelier de Houdon, peinte par Boilly entre 1804 et 1808, date à laquelle il avait supposément quitté la Bibliothèque.
 

Il s’agit donc peut-être de son atelier du quai de Conti. Néanmoins, on peut sans peine imaginer que l’atelier qu’il possédait rue de Richelieu devait y ressembler. On aperçoit par ailleurs sur cette toile une version du Voltaire assis, copie de celui qui se trouve aujourd’hui dans le salon d’Honneur de la Bibliothèque nationale. Ce plâtre original servit d’épreuve à la statue de marbre de Voltaire, qui se trouve aujourd’hui à la Comédie Française. Dans le socle du plâtre de la Bibliothèque se trouve le reliquaire contenant le cœur du philosophe des Lumières, remis à la Bibliothèque impériale en 1864 par les héritiers du marquis de Villette, ami intime de Voltaire qui recueillit son dernier soupir.
 

Bien que célèbre pour ses portraits en buste, Houdon réalisa des statues, notamment un Cicéron, connu par deux versions. L’une est conservée au Musée du Louvre, et provient probablement de la salle des séances du Sénat au palais du Luxembourg. Elle fut exposée au salon de 1804, où elle reçut de dures critiques. Peut-être pour cette raison, mais aussi pour des motifs économiques, aucune version en marbre du Cicéron ne semble avoir existée.
 

Le second plâtre de Cicéron, peut-être la première version de celui du salon, est conservé à la Bibliothèque nationale. Il a été entièrement repeint à une date inconnue, vers la fin du XIXe siècle, pour imiter la teinte du bronze. Malgré la renommée de Houdon, les contemporains ne tinrent pas son Cicéron en grand estime. Est-ce la raison pour laquelle il fut oublié lors de la vente après décès de Houdon qui se tint dans la cour de la Bibliothèque royale ? Il semble que le plâtre de la Bibliothèque nationale n’ait jamais quitté les lieux. Signalée en 1855 « au bas de l’escalier qui mène à la salle de lecture de la Bibliothèque du Roi », il « servait naguère encore de porte-manteau ».
 

 
Après avoir été un temps exposé dans le salon d’honneur en face du plâtre de Voltaire, Cicéron rejoint le palier des Cartes et Plans et de la réserve des Estampes, dans l’hôtel Tubeuf. Il retrouvera sa place à l’issue des travaux de rénovation du site.
 
Pour aller plus loin :
Richelieu. Quatre siècles d'histoire architecturale au cœur de Paris, dir. Aurélien Conraux, Anne-Sophie Haquin et Christine Mengin, BnF Éditions/INHA, 2017.

 
 

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