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Amiens, ses bibliothèques au fil des siècles

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29 mars 2024

En 2029 ouvrira à Amiens le nouveau site de conservation de la BnF, une nouvelle étape dans l’histoire culturelle séculaire de la métropole picarde. Découvrez dans cet article l’origine des premières bibliothèques amiénoises, à travers des documents méconnus disponibles sur Gallica.

Amalarius Metensis, Liber officialis, manuscrit copié à l’abbaye Saint-Pierre de Corbie entre 1101 et 1115 : un moine offre l’ouvrage aux saints Pierre et André.
L’histoire des bibliothèques d’Amiens suit l’histoire de la cité. Édifiée au Ier siècle sous le règne d'Auguste, la ville reçoit des équipements urbains, et notamment des thermes, comme celles mises à jour lors de fouilles rue de Beauvais au milieu du XXe siècle. Outre des bains, le complexe comprenait aussi d’autres salles à l’usage indéterminé. On peut émettre l’hypothèse que certaines eurent une fonction de bibliothèque, comme attestée à Rome, par exemple aux thermes de Néron.

 

Avec la dislocation de l’Empire romain, les monuments civils périclitent. Au début du Moyen-Âge, ce sont les grandes abbayes bénédictines qui produisent et conservent les livres, souvent à usage liturgique, mais hors des centres urbains. C’est par exemple le cas de l’abbaye Saint-Pierre de Corbie, fondée en 657 sur les bords de la Somme, à 15 km en amont d'Amiens, ou de l’abbaye de Saint-Fuscien, fondée à la fin du VIe siècle aux portes de la cité.
 

Évêque dédicaçant une église en présence d’un roi, Homiliarium Corbeiense, III pars, copié à Corbie en 1179 par le moine Jean d’Amiens.

Cependant, en ville, on trouve la cathédrale : fondée dès le IIIe siècle à Amiens, elle fut détruite par les Normands à plusieurs reprises, et, victime d’un incendie, entièrement reconstruite après 1218 dans le style gothique. Autour de cette cathédrale, la plus vaste de France, et de son évêque, on trouve le collège des chanoines : le chapitre cathédral.
 

Cathédrale d’Amiens, dessin par Adrien Dauzats, début XIXe s.

Le chapitre possède une bibliothèque permettant d’instruire les clercs et d’appuyer la liturgie, pour laquelle il passe commande de manuscrits, tel que le Recueil liturgique à l'usage de la cathédrale d'Amiens (XIIIe s.). Mais ce lieu de savoir reste réservé aux clercs.
 

Chantres devant un lutrin, tirés d’un Psautier copié à Amiens c. 1280-1290.

Tout au long du Moyen-Âge, des congrégations religieuses s’installent en ville : génovéfains en 1073, prémontrés en 1124, franciscains en 1233, dominicains en 1246, augustins en 1301, clarisses en 1445, sœurs grises en 1486, et minimes à la fin du XVe s. La plupart de ces établissements possèdent leur bibliothèque, réservée à un usage interne : la clôture n’autorise pas les visiteurs extérieurs.
 

Vue d’Amiens et de ses institutions religieuses dans La Galerie agréable du monde…, gravure de P.-B. Van der Aa, 1729.

Amiens, bien que cité épiscopale et ville drapière, n’accueille pas d’université au Moyen Âge. La commune naît en 1113, soutenue par l’évêque et le roi, malgré l’opposition du comte Enguerrand de Boves. Finalement rattachée à la couronne en 1185, Philippe Auguste lui octroie une nouvelle charte communale. Pour autant, on ne connaît pas de bibliothèque municipale pour la période médiévale à Amiens. En dehors des bibliothèques privées de quelques notables, les livres – et l’enseignement en général – restent cantonnés aux établissements religieux.
 

Le beffroi, symbole de la commune, mentionné à Amiens dès 1244, reconstruit entre 1406 et 1410. – Photographie d’Edouard Baldus, 1865.

A l’époque moderne, de nouvelles congrégations s’implantent : capucins en 1598, Carmel en 1606, carmes déchaux en 1654, ursulines en 1614, feuillants en 1620, oratoriens en 1620, et surtout les Jésuites, dès 1604. Ces derniers tiennent un collège qui se développe très rapidement, comptant entre 1400 et 1500 élèves dès 1629.
 

Plan du collège de la Cie de Jésus à Amiens : élevation de la face qui se voit en entrant dans la Cour, dessin par N.-F. Charpentier, 1663.

Suite à l’expulsion des Jésuites du royaume en 1763, le Parlement de Paris récupère la supervision du collège, devenu séculier, en cogestion avec la ville. Son niveau chute, jusqu’à sa réorganisation en École centrale en l’an V de la République.
 

Les institutions religieuses n’échappent pas à la tourmente révolutionnaire :  Vue intérieure de l'Eglise des Carmes à Amiens, dessin à la plume par Limozin, c. 1790.

La Révolution de 1789 ouvre une nouvelle page dans l’histoire des bibliothèques amiénoises. Suite à la nationalisation des biens du clergé, les fonds de manuscrits et d’imprimés des grandes abbayes de la ville et des alentours – telles que Corbie – rejoignent la préfecture du nouveau département de la Somme.
 

Le Psautier de Corbie, IXe s., l’un des 177 manuscrits de l’abbaye aujourd’hui conservé à la Bibliothèque Louis-Aragon d’Amiens.

Afin de pouvoir conserver et donner accès à ces fonds patrimoniaux, la ville d’Amiens confie à l’architecte François-Auguste Cheussey la construction d’une nouvelle bibliothèque néo-classique en centre-ville, rue royale - aujourd'hui rue de la République -, achevée en 1825.
 

La bibliothèque municipale dans le Guide du voyageur à Amiens, par H. Calland,1855.

Aujourd’hui dénommée Bibliothèque Louis Aragon, elle est depuis 2000 au cœur du nouveau réseau des 28 bibliothèques et médiathèques d’« Amiens Métropole ».

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