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Popeye est c’qu’il est et voilà tout c’qu’il est

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28 janvier 2020

A l’occasion de "2020, année de la BD" et du festival d’Angoulême, Gallica et la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image vous invitent à un rendez-vous mensuel autour de l’histoire de BD. Premier épisode : Popeye !

Mathurin dit Popeye dans ses nouvelles aventures - Tallandier, 1936

Qui n’a pas été convaincu un jour de manger des épinards pour devenir fort comme Popeye ? Bien connu des amateurs du petit écran, le marin bagarreur et borgne Popeye, qui tire son nom de l’anglais "pop eye" (œil crevé) commença sa carrière en personnage de bande dessinée avant d’être transposé à l’écran et de mener avec succès une double carrière.

Planche d'Elzie Crisler Segar
(musée de la bande dessinée - la Cité internationale de la bande dessinée et de l'image)

 

Son créateur Elzie Crisler Segar (1894-1938) introduit le personnage de Popeye en 1929 dans une série qu'il anime déjà depuis dix ans sous le titre The Thimble Theatre (Le Théâtre du dé à coudre). Les principaux protagonistes en sont Castor Oyl, sa sœur Olive et leur ami, Ham Gravy. Voulant se faire conduire en bateau sur une île-casino dont ils espèrent faire sauter la banque grâce à une poule porte-bonheur, Castor apostrophe Popeye : "Hé, vous êtes marin ?". La première réplique du navigateur borgne, menteur, bagarreur, joueur, irascible et inculte, est légendaire : "Est-ce que j'ai l'air d'un cow-boy?". Au fil des épisodes, Popeye enchaînera les répliques toutes plus cultes les unes que les autres dont la plus célèbre est sans doute "I yam what I yam and that’s all I yam !" (je suis ce que je suis et voilà tout ce que je suis !).

Devenu le fiancé officiel d'Olive, Popeye vole rapidement la vedette aux autres personnages et le strip est rebaptisé "Thimble Theatre Starring Popeye".

Thimble Theatre Starring Popeye - Sonnet publishing co, 1931.
 

Les frères Fleischer en font un héros de dessins animés dès 1933, et les enfants américains apprennent à manger des épinards, à l'imitation de ce personnage censé (surtout dans sa version cinématographique) leur devoir sa force herculéenne.

Segar subira des pressions de Hearst pour rendre son antihéros plus respectable, mais son strip gardera jusqu'au bout une dimension résolument transgressive ; toutes les valeurs de la société américaine y sont tournées en dérision : le couple, la famille, le sport, l'argent. En affichant son mépris pour les convenances et les bonnes manières, Segar efface les signes extérieurs de hiérarchie entre les classes sociales, dénonçant le vernis de civilisation que procurent la richesse et l'accès aux études. Les tentatives de Popeye pour fonder une nation idéale sur laquelle il régnerait en dictateur éclairé lui permettent de se moquer aussi des régimes fascistes des années 1930.

Le strip comporte bien d'autres personnages mémorables, tels Wimpy, prototype du parasite glouton, prêt aux pires bassesses pour un hamburger, ou le Jeep, cet animal fabuleux envoyé d'Afrique par l'oncle d'Olive, qui se nourrit exclusivement d'orchidées et a le don de prédire l'avenir. Popeye demeure l'une des bandes dessinées les plus drôles jamais créées. Véritable génie comique, Segar se plaît à parodier tour à tour la plupart des genres en vogue : western, fantastique, aventure exotique, family strips, etc., inventant des situations marquées du sceau de l'incongruité.

Popeye traversa l’Atlantique à partir de 1935, sous le nom de "Mathurin". Ses aventures sont publiées en français par Tallandier, puis par Futuropolis dans la collection Copyright en 8 volumes de 1980 à 1988. Il apparait également en vedette dans des journaux comme Robinson à partir de 1936, Hop-là ! en 1937, et en strips dans de nombreux quotidiens régionaux tels que L’Ardennais, Le Courrier picard, L'Espoir de Nice ou L’Aurore touchant par ce biais un très large public aux quatre coins de l’hexagone.
 
Popeye dans L'Aurore - 10 janvier 1950
 

Popeye est sans doute l’œuvre de Segar qui eut le plus de succès, celle que l’histoire de la bande dessinée a retenue. Son influence sur les créateurs qui lui ont succédé a été déterminante. Bien après la mort de Segar en 1938, Popeye passa sous les crayons de multiples dessinateurs tels que Doc Winner, Joe Musial, Ralph Stein et Bud Sagendorf pour ne citer qu’eux. Les produits dérivés et adaptations sont légions, par exemple le film de Robert Altman en 1981, ou la récente bande dessinée d’Ozanam et Lelis : Popeye : un homme à la mer (Michel Lafon, 2019). Cette influence est également mondiale, comme en témoigne la récente déclaration de Shigeru Miyamoto, un des inventeurs du jeu vidéo moderne qui dit s’être inspiré de Popeye pour créer Mario et Donkey Kong.

Popeye n’a pas fini de vivre des aventures de papier, de pellicule ou autres pour notre plus grand bonheur !

Pour aller plus loin

  • Le Centre National de la bande dessinée et de l’Image lui a consacré une exposition en 2001 dont le catalogue est consultable en ligne sur le site de la Cité.
  • La Cité a consacré une page à Elzie Crisler Segar sur sa bibliothèque numérique.
Catherine Ferreyrolle, janvier 2020.

 
L’année de la BD à la BnF

Commentaires

Soumis par Kastet le 28/01/2020

On retrouve aussi Popeye dans les années 50 (dessiné par Zelaby de mémoire) dans l'hebdomadaire Héroic chez PEI furure Sagédition (il a même fait la couverture)

Soumis par OSAMA SLUMAN le 28/01/2020

Je l'ai lu pour la première fois et il est très riche. Merci beaucoup

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