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Yann Farcy : l'éclectisme avant tout

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27 octobre 2022

Refusant constamment les chapelles, cet insatiable curieux de nouvelles musiques va créer au fil du temps trois labels discographiques : L'invitation au suicide, White noise (rebaptisé très vite Noise museum) et Alice in wonder. Il est également le fondateur en 1995 à Nevers du Festival des musiques ultimes.
 

 Entretien avec Yann Farcy (20 avril 2022). Portrait de Yann Farcy (© BnF - Luc Verrier. Photographie libre de droits).
 

Yann Farcy est né le 4 décembre 1957 dans la banlieue de Rouen. Il découvre la musique grâce à la radio, média omniprésent dans les foyers de l’époque, mais aussi à travers la discothèque de sa mère où tchatcha et rumba côtoient Beethoven, Berlioz, Chopin ou encore Stravinsky.
Durant sa scolarité, ses parents déménagent au Havre pour être employés dans une société qui s’occupe de la sécurité du port et de la zone industrielle. Mais ceci n’empêche par Yann Farcy de continuer à fréquenter Rouen puisqu’il y poursuit des études à la Faculté d’Histoire. Ses jeunes années sont donc partagées entre ces deux villes où des disquaires compétents et nombreux (Mélodies massacre, Verhaegen ou encore Crazy little thing) lui permettent d’aborder au fil des ans de nouveaux courants musicaux. Il passe ainsi allégrement de la musique contemporaine, qu’il découvre au collège via une œuvre de Jacques Charpentier aux yéyés avec Jacques Dutronc ou Nino Ferrer. Puis ce sont les standards du rock des années 1960 et 1970 (Rolling stones, Led zeppelin), les prémices de la musique électronique (Luciano Berio), ou encore le krautrock des allemands Tangerine dream, Klaus Schulze, Cluster et le  rock psychédélique et le garage américain avec les Seeds, West Coast Pop Art Experimental Band, HP Lovecraft, Beacon street union. L’ un des crédos de Yann Farcy est le refus constant des chapelles musicales.

            
 

Le Havre et Rouen, dont la scène musicale est très dynamique pendant cette période (Little Bob Story, Les Dogs…), lui permettent également de découvrir les premiers concerts français de groupes punk qui aujourd’hui sont devenus emblématiques : les Ramones, les Stranglers ou encore les Clash.
Durant cette période, Il fait également la connaissance de Jean-Pierre Turmel, créateur des fanzines One shot et Isolation intellectuelle et du label Sordide sentimental. Les deux hommes ne cessent pendant plusieurs années de s’échanger conseils de lecture et d’écoute, stimulant ainsi constamment leur curiosité. Yann Farcy crée notamment des collages pour Isolation intellectuelle et Sordide sentimental avant de se lancer à son tour dans la production discographique.

 

Yann Farcy durant sa période "Punk" (Collection privée Yann Farcy*)
 

Aidé par sa compagne de l’époque, Marie Lemeur, et par Gérard Rabel, graphiste à Rouen, il fonde en 1981 le label L’invitation au suicide. Il produit sur ce premier label plus d’une trentaine de disques où sont représentés new wave, post punk, rock gothique, musique minimale, rock garage, rock psychédélique, ambient ou encore musique expérimentale.

 

Yann Farcy (avant dernier sur la gauche) avec le groupe américain Certain General. (Collection privée Yann Farcy*)
 

A la fin de cette première aventure discographique, il ouvre deux magasins de disques. Le premier, Vertigo, est situé au Havre et est spécialisé dans la vente de disques d’occasion de musique électronique, de rock planant, de cold wave ou de musique industrielle. Le second, qui prend sa suite, est localisé à Clamecy dans le Morvan. Yann Farcy y poursuit la vente de disques d’occasion mais se spécialise également dans la vente de disques de musique industrielle (Sol invictus, Current 93, Nurse With Wound) via le distributeur World serpent.

Intérieur du magasin de disques Vertigo au Havre (Collection privée Yann Farcy*)
 

Après un concert avorté du groupe Sixth comm dans la chapelle en béton de Clamecy, il fonde en 1995 le festival des musiques ultimes à Nevers. Il programme entre autre David Tibet, Current 93, Scanner, Daniel Menche, DJ Spooky, Deutsch Nepal ou encore Inanna. Le festival sera délocalisé deux ans à Nantes et rebaptisé pour l’occasion Oblique LU nights.
En parallèle et en prolongement du festival, il fonde - toujours en 1995 - un nouveau label, White noise, rebaptisé au bout de trois productions Noise museum. Il propose à Steven Stapleton, fondateur de l’emblématique Nurse With Wound de participer à la première édition du festival. Ce dernier décline l’invitation, mais offre à Yann Farcy un disque inédit qui est vendu lors du premier festival des musiques ultimes et qui sera également la première référence du label White noise : Alice The Goon. Refusant constamment de s’enfermer dans un genre musical, il fonde en 2000 le label de musique néo-folk Alice in wonder.

Cet insatiable curieux de nouvelles musiques souhaite aujourd’hui redonner naissance à L’invitation au suicide et travaille également à un livre de souvenirs.

 

Portrait de Yann Farcy (Collection privée Yann Farcy*)

 

*Photographies diffusées avec l'aimable autorisation de M. Yann Farcy. Reproduction interdite.
 
Entretien avec Yann Farcy, réalisés par Jean-Rodolphe Zanzotto (BnF) et enregistrés par Luc Verrier (Ingénieur du son, BnF), le 20 avril 2022 à Bibliothèque nationale de France, site de Tolbiac.
Portrait de Yann Farcy (© BnF - Luc Verrier. Photographie libre de droits).

Cet entretien appartient au corpus Rencontres autour de l'édition phonographique, où de nombreuses autres personnalités témoignent également de leur expérience du métier de producteur phonographique.
Les descriptions complètes de ces enregistrements sont consultables sur le Catalogue général et sur le catalogue BnF-Archives et manuscrits.

 

 

 

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