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Radiovision, une fenêtre sur le monde

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27 octobre 2020

A l’occasion de la journée mondiale du patrimoine audiovisuel, qui a pour thème cette année "Votre fenêtre sur le monde", découvrez un procédé audiovisuel développé par les équipes de la radio-télévision scolaire au début des années 60 : la radiovision.

Ce procédé consistait à projeter un jeu de diapositives en synchronie avec une émission de radio conçue spécialement à cet effet. Aujourd’hui, une centaine de programmes est disponible sur Gallica, les documents sont restitués sous la forme d’un montage vidéo combinant l’émission de radio et le défilement des diapositives. A l’époque, le passage des images était assuré manuellement par l’enseignant et une attention particulière était portée au signal sonore qui ponctuait le déroulé l’émission.
 

Les moyens audio-visuels à l'école élémentaire. II, La radiovision (Série : Atelier de pédagogie, OFRATEME – 1970) : exemple d’un programme de la télévision scolaire, montrant l’utilisation d’une radiovision en classe.
 

Ce dispositif multimédia a commencé à être utilisé en juin 1960 avec une première émission sur les peintres impressionnistes, l’usage d’images en couleur offrait un intérêt supplémentaire à ce moyen de diffusion. L’intention de l’époque n’était pas de proposer un simple commentaire descriptif des images projetées mais de concevoir et de diffuser "une réalisation radiophonique complète, mettant à contribution toutes les ressources de l’interprétation et de la mise en ondes : dramatisation, décor sonore, reportage, interview, etc. Elle ne double pas l’image qui serait affaiblie, mais la soutient, pour aider l’enfant à analyser" (Bulletin de la radio-télévision scolaire, 29 novembre 1965).
Géographie, histoire, sciences, arts et peinture ou émissions musicales, sont autant de thématiques explorées dans ces programmes pour éveiller la curiosité des élèves de cours moyen principalement et des classes de transition. La place de l’enseignant est active, d’autant plus qu’une fois l’émission terminée, les diapositives étaient ré-exploitables pour une analyse plus approfondie du sujet. Certains professeurs enregistraient aussi le programme, diffusé en direct, sur bande magnétique. Et dès les années 60, quelques CRDP (Centre régional de documentation pédagogique) ont même commencé à constituer des bandothèques pour rendre le support audio également empruntable (Bordeaux, Clermont-Ferrand…), ce qui permettait une autonomie encore plus importante pour un usage en classe (contrairement à la télévision).
 

Quelques programmes de géographie pour explorer le monde

La radiovision Au Japon est diffusée sur l’antenne de France-Inter le 28 avril 1969, d’une durée de trente minutes, elle est couplée avec la projection simultanée de 15 diapositives représentant chacune un aspect du Japon moderne.

Au Japon, Roger Bélis (1969 – IPN)
 

Le présentateur de l’émission introduit les éléments qui seront développés et précise aux auditeurs quelle sera la transition sonore indiquant le changement de vue, action effectuée par l’enseignant. Un simple top n’est pas suffisamment satisfaisant, pour la radiovision Au Japon par exemple, c’est un air de musique japonaise qui donnera le signal [00:27-00:33]. Chaque programme aura sa propre phrase musicale, elle fait partie intégrante de la création et du thème traité : des cris d’oiseaux, le vrombissement d’un avion, des chants folkloriques, le carillon d’un beffroi….

L’émission de radiovision n’est pas une leçon ; elle ne prétend pas épuiser le sujet traité. Elle n’est qu’un point de départ, une motivation pour de futurs travaux scolaires"
(Roger Bélis, producteur de radiovision).

Dans l’émission Les chiens de traîneaux, c’est Paul-Emile Victor, explorateur, scientifique et ethnologue, qui se charge du récit autour des 12 diapositives qui composent le programme. Il s’attarde, entre autres, sur la description de l’attelage, sur sa fonction auprès de l’homme ou les conditions d’acclimatation dans le grand froid. Les aboiements des chiens ponctuent le dérouler des images et participent à l’ambiance sonore générale de la réalisation.

Les chiens de traîneaux, Antoine Roux (1977-CNDP)
 

En 1979, diffusion de la radiovision Dawasampo, enfant de l’Himalaya, réalisé avec le concours du photographe Jean-Marie Micaud qui, comme l’indique le document d’accompagnement pédagogique de l’époque, a passé plusieurs jours dans le village de Jalsa au Népal avec Dawasampo 12 ans, fils de réfugiés tibétains. Il en a rapporté des documents photographiques et sonores qui ont permis de constituer l’émission.

Dawasampo, enfant de l’Himalaya, Maria Rostini (1979 – CNDP)
 

La radiovision semble un auxiliaire précieux de l’enseignement dans le cadre des "activités d’éveil". C’est un auxiliaire efficace grâce à sa souplesse d’utilisation. Elle est au service des maîtres qui désirent aider leurs élèves à s’éveiller au monde, à "notre monde" de l’image et de la parole."
(Média : revue des techniques modernes d’éducation – Avril-Mai 1974

Dans le courant des années 70, outre l’association du son et des images fixes, les radiovisions vont s’inscrire dans un système multimédia plus complet, d’un point de vue pédagogique et matériel, et composer le dossier radiovisuel. Chaque semaine, seront associés à la radiovision, deux émissions de la série "Radio-éveil" développant des aspects complémentaires au sujet traité et des documents d’accompagnement pédagogiques regroupés dans une pochette-dossier (15 à 20 pages d’analyse des contenus des programmes, bibliographie, textes, photographie, cartes…). 


Média, revue des techniques modernes d’éducation – Numéro 58 / Avril-Mai 1974 : Dossier : activités d’éveil, radiovision, diapos et montages
 

A partir de de l’année scolaire 1974-75, un disque souple sera associé à quelques dossiers, puis la démarche se développera plus systématiquement ; dans les années 80 ce sont les cassettes audios qui prendront le relais.
Le développement des moyens techniques audiovisuels a toujours été au centre des réflexions depuis les débuts de la télévision scolaire et si la radiovision a été privilégiée, d’autres pistes avaient aussi été explorées dans les années 60 (la phonovision, la discovision…) mais sans être mises en œuvre. Du point de vue des usages, il serait intéressant d'analyser plus en détails les retours des enseignants sur l’utilisation de ces ressources en classe (exemple d’un témoignage : Avec les institutrices de Paul-Eluard B, à Vitry – La radiovision en cours moyen).
Prochainement, d’autres radiovisions viendront augmenter le corpus déjà disponible sur Gallica. 

Pour en savoir plus :

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