Le square Louvois

Homme politique, secrétaire d’État à la guerre en 1654 puis ministre d'État en 1672, François Michel Le Tellier, marquis de Louvois, fut l’une des grandes figures du règne de Louis XIV. Il est également le père de Camille Le Tellier de Louvois, homme d'église et conservateur de la bibliothèque royale, à l’époque où elle se trouvait encore rue Vivienne.
 

Disparu à la Révolution, l’hôtel laisse place à l’Opéra de la rue de Richelieu, ou salle Montansier, du nom de la comédienne et directrice qui en est à l’origine. Pour coller à l’air du temps, il prend le nom de Théâtre-national. Avec l’incarcération de sa directrice durant la Terreur, qu’on accusa d’avoir construit une salle de spectacle exprès auprès de la Bibliothèque nationale pour causer un incendie, il est confié à l’Académie royale de Musique, devenu l’Opéra. C’est dans cette salle que sera présentée pour la première fois en France la « Flûte enchantée » de Mozart et que sera créée « La Vestale » de Spontini.
 

L’Opéra est lié à un premier attentat raté, le 24 décembre 1800, contre le premier consul Napoléon Bonaparte. Celui-ci échappe en effet de justesse à une « machine infernale », rue Saint-Nicaise, en se rendant à la première audition de « La création » d’Haydn.
 

Un deuxième attentat, qui touchera sa cible cette fois, a lieu le 13 février 1820 : l’assassinat du duc de Berry. Nous reviendrons dans un prochain article sur l’événement, qui sonna le glas de l’Opéra de la rue de Richelieu. La salle fut détruite, et une chapelle expiatoire la remplaça. La révolution de 1830 ne lui laissa pas le temps d’être achevée : elle fut à son tour rasée pour laisser place au Square Louvois, tel que nous le connaissons.
 

Le Square abrite aujourd’hui une fontaine, conçu par l’architecte Visconti. En partie haute, quatre allégories des fleuves Seine, Garonne, Loire et Saône, supportent une vasque coiffée d’un vase  à tête de faunes d’où jaillit l’eau. Le groupe des allégories repose en partie basse sur une autre vasque plus grande, soutenue par un pilier central orné de quatre petits tritons à cheval sur des dauphins, au centre du bassin. L’espace du square n’était pas conçu clos à l’origine : les grilles ont été ajoutées plus tardivement. L'endroit fut réputé au XIX^e siècle pour ses fréquentations galantes à la nuit tombée.
 

Le square Louvois a continué à garder un lien étroit avec la musique. En effet, c’est à l’angle du square et de la rue de Louvois que la Bibliothèque nationale installa en 1964 le département de la Musique, récemment créé. A l’issue des travaux du Projet Richelieu, la Musique retournera dans le quadrilatère, face au square Louvois. 
 
Pour aller plus loin :
Richelieu. Quatre siècles d'histoire architecturale au cœur de Paris, dir. Aurélien Conraux, Anne-Sophie Haquin et Christine Mengin, BnF Éditions/INHA, 2017.