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Un chalet dans les airs, d’Albert Robida

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26 juillet 2017

Envie de conseils de lecture ? Le blog Gallica lance un nouveau rendez-vous, l'EPUB de chevet. Chaque mois, un Gallicanaute vous recommande un ouvrage téléchargeable gratuitement dans Gallica au format EPUB. Premier conseil de lecture, Un chalet dans les airs, d'Albert Robida, par Philippe Ethuin, créateur du site ArchéoSF et directeur de la collection du même nom aux éditions publie.net.

La Guerre au vingtième siècle, A. Robida, Paris, G. Decaux, 1887, p.16.

L’œuvre graphique d'Albert Robida (1848-1926) reste très présente dans la mémoire collective, parfois sans que l'on (re-)connaisse l'auteur. Elle est aujourd'hui une source d'inspiration pour de nombreux illustrateurs notamment dans le rétrofuturisme et le steampunk.

Souvent associé à l’œuvre de Jules Verne, Albert Robida n'a pourtant jamais illustré les Voyages extraordinaires mais en a livré un drolatique pastiche plein de respect avec Voyages très-extraordinaires de Saturnin Farandoul dans les 5 ou 6 parties du monde et dans tous les pays connus et même inconnus de M. Jules Verne (1879).

L'illustrateur aux 60 000 dessins, amateur des vieilles pierres (en témoignent par exemple les volumes de la série La vieille France ou le volume Paris de siècle en siècle), collaborateur de plus de 70 périodiques, directeur de plusieurs journaux (comme La Caricature ou Le Petit Français illustré) fut bien sûr un dessinateur d'anticipations (avec son fameux "téléphonoscope") mais aussi un écrivain de proto-science-fiction et de merveilleux scientifique, souvent bien plus visionnaire que Jules Verne, avec par exemple la trilogie Le Vingtième siècle (1883), La Guerre au vingtième siècle (1887) et Le Vingtième siècle. La vie électrique (1890).

 
Un chalet dans les airs (1925) est son dernier roman, destiné à la jeunesse, qu'il publie à l'âge de 77 ans dans la collection Bibliothèque du Petit Français (Librairie Armand Colin).
 

Au XXXe siècle, alors que les travaux d'amélioration de Paris dans le cadre du "Grand ravalement du Globe", y rendent insupportable la vie de M. Cabrol, il décide de faire, avec ses neveux, un tour du monde en dix ans à bord de la villa Beauséjour.

L'aréro-Beauséjour est équipé des derniers perfectionnements techniques comme "le "Radioloxodromogoniomètre", qui dirige automatiquement, à la surface de la terre, et, […] le "Radioéthérogoniomètre", pour les espaces interplanétaire".

L'une de leurs étapes est le Caucase désormais situé dans la mer des Sargasses :

"Le Caucase en plein Atlantique ? Oui, le Caucase, ou du moins à peu près. Le Caucase, c'est l'archipel construit il y a déjà une centaine d’années à mi-chemin entre Dakar et Panama, lors du grand travail d’amélioration du Caucase, une contrée encombrée par ses montagnes, un lacis embrouille de défilés, de gorges serrées entre de formidables pics rocheux, qui gênaient considérablement les relations entre l'Europe et l'Asie Méridionale.

On avait foré bien des tubes à travers ces blocs, mais c’était coûteux et dangereux ; les inondations de pétrole, les éboulements de schistes au passage des trains rendaient précaire l'exploitation de ces tubes."

 

Le repas se résume à quelques pilules synthétiques comme l'avait imaginé Marcelin Berthelot dans son discours prononcé le 5 avril 1894 devant la Chambre Syndicale des produits chimiques :

"J'ai déjeuné sagement avec une pilule ordinaire et une pilule d'agua fresca concentrée ; lui [le pilote de l'aéro-villa], il a arrosé sa pilule de je ne sais quelle bifteckade avec au moins quatre pilules de Bourgogne et Bordeaux, prises dans l'armoire aux vivres, que j'avais oublie de fermer. Alors il est devenu tout rouge et il s'est mis a chanter, et maintenant il ronfle sur le balcon !"

En route pour Astra, "fragment d'astre inconnu, tombé […] dans l'Atlantique il y a seulement une trentaine d'années", les voyageurs séjournent aux Etats-Unis, dans "l'Amérique à la brutale civilisation industrielle portée à son apogée, l'Amérique où règne le machinisme le plus formidable qui se puisse imaginer".

 

Astra leur permet de découvrir une faune préhistorique préservée que leur présente le gouverneur de l'île :

"Depuis quinze ans que nos commissions scientifiques, nos savants géologues ou naturalistes explorent Astra dans tous les sens gardés par de solides escortes, bien entendu , nous avons pu constater certains faits. D'abord, l'île s'est détachée d'une planète moins avancée dans son évolution que notre vieille Terre ; cette planète n'en est qu'à une période correspondant à peu près à notre âge secondaire. Elle nous a donc apporté avec elle une faune de l'âge secondaire. Elle transportait à travers l'éther, bien vivantes, toutes les bêtes étranges que nous ne connaissions qu'à l'état de squelettes plus ou moins complets, découverts dans les fouilles sous les couches successives du sol. Ces animaux énormes fantastiques, dont vous avez vu les squelettes reconstitués au Muséum, ces bêtes cuirassées d'écailles, armées de longues griffes acérées, avec des cornes jusqu'au bout du nez, le dos hérissé de pointes, des ailes membraneuses."

 

Avec son habituel sens de l'humour, Albert Robida livre des réflexions encore d'actualité sur la société, le progrès ou le rapport de l'homme à la nature. Un Chalet dans les airs est un roman à redécouvrir tant il nous offre un curieux voyage dans un rétrofutur qui n'aura pas eu lieu.

Philippe Ethuin,
ArchéoSF

A lire aussi sur le blog Gallica, le portrait du Gallicanaute Philippe Ethuin : Quand un Gallicanaute remonte le temps pour découvrir l'avenir.

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