1923-2023, 100 ans d'une course légendaire (1 / 6)

Le départ des 24 Heures du Mans 1923 (Grand prix d'Endurance de 24 Heures), le 26 mai 1923

Le département de la Sarthe est bien connu pour ses terres agricoles et ses spécialités culinaires. Il l’est moins comme berceau de l’une des inventions les plus emblématiques de la modernité : l’automobile – symbole de liberté, de mobilité et de développement économique et sociétal.

En octobre 1875, le sarthois Amédée Bollée arrive à Paris avec L’Obéissante, un véhicule à vapeur considéré aujourd’hui comme la première automobile jamais construite (elle fut fabriquée en 1873). Ce périple de plus de deux cent kilomètres entre Le Mans et Paris marquera d’une pierre blanche l’histoire de l’automobile et entrainera de nombreux fabricants à mettre au point et à construire leur propre modèle.

Le Mans, 23/9/23, l'Obéissante de Bollée, pilotée par Amédée Bollée fils, Agence Rol

Le 1er car à vapeur "l'Obeissante", Agence de presse Meurisse

Ce développement prend une telle ampleur qu’en 1905, l’Automobile Club de France (ACF), dont le siège actuel se situe place de la Concorde, à Paris, propose à plusieurs villes d’organiser la première course automobile de vitesse. C’est la ville du Mans qui sera sélectionnée.

A cette occasion, un groupe de passionnés d’automobile constitue l’Automobile Club de la Sarthe, qui prend en 1913 son nom actuel d’Automobile Club de l’Ouest (ACO). Présidé par Adolphe Singher, directeur de la Mutuelle mobilière du Mans (qui formera plus tard Les Mutuelles du Mans Assurances), avec comme secrétaire l’ingénieur Georges Durand, et parmi ses membres Amédée Bolée lui-même et son fils Léon, l’Automobile Club de la Sarthe organise le premier Grand Prix de l'ACF au Mans les 26 et 27 Juin 1906. Il s’agit alors d’une épreuve disputée sur deux jours et comptant 12 tours de piste au total. Ce premier Grand Prix sera remporté par le pilote hongrois Ferenc Szisz au volant d’une Renault.

Singher, portrait du dirigeant de l'Automobile club de l'Ouest lors de la course de Laval

Szisz sur Renault à Connerré, Grand Prix de l'ACF, 26 - 27 juin 1906, Agence Rol

Le circuit de la Sarthe avait alors une forme de triangle et s’étendait sur cent kilomètres entre Le Mans, Saint Calais et La Ferté Bernard. Trente-trois concurrents furent présents au départ de cette course – première course sur circuit fermé de l’histoire et considérée comme l’ancêtre du Grand Prix de France de Formule 1.

Par la suite, l’Automobile Club de l’Ouest met en valeur les progrès continus de l’automobile en ce début du XXème siècle et contribuera grandement à la promotion de l’automobile dans des usages tout à la fois quotidiens, de loisir et de sport. L’ACO sera également pionnière des campagnes de publicité automobile, de sécurité routière, ou encore d’assistance juridique en cas d’accident.

En 1922, après l’organisation par l’ACO de plusieurs Grands Prix de vitesse (Grand Prix de la Consommation, Grand prix de l’ACF en 1921) et de divers rassemblements automobiles, l’ingénieur Georges Durand, alors secrétaire général de l’ACO, le journaliste Charles Faroux et l’entrepreneur Émile Coquille présentent lors du Salon automobile de Paris l’idée d’une course automobile d’une durée de 24 heures sans interruption.

M. Georges Durand, secrétaire général de l'Automobile Club de l'Ouest, Le Mans, le 10 juin 1926

Charles Faroux dans les stands, Circuit de la Sarthe, Agence Rol

Ce nouveau type de compétition ouvre la voie à une véritable course au perfectionnement de la technologie automobile. C’est aussi la première fois que l’endurance des voitures aussi bien que celle des pilotes constituent des facteurs importants de succès.

Le 26 Mai 1923, à 16 heures, est donné le départ de la première édition des 24 Heures du Mans sur un tracé de 17,2 km. Ce tracé est identique à celui emprunté par le Grand Prix de l’ACF en 1921 et coïncide partiellement avec le circuit moderne d’aujourd’hui (par exemple la route de Tours, appelée aujourd’hui la ligne droite des Hunaudières).

24 heures du Mans, le 27 mai 1923, de gauche. à droite, Pourtalès-La Rochefoucault sur Bugatti, Marie-Pichard sur Bugatti, Montier-Ouriou sur Montier, Agence Rol

Avec trente-cinq voitures au départ, représentant dix-huit constructeurs, l’épreuve se déroule en grande partie sous la pluie, dans des conditions difficiles. Exploit ou miracle, seules trois voitures abandonneront avant la fin de la course.

Le Grand Prix d'Endurance sera remporté par une Chenard Walcker Sport pilotée par les français André Lagache et René Léonard après avoir effectué 128 tours (2 210 km) à une vitesse moyenne de 92 km/h.

Les 24 Heures du Mans, le 26 mai 1923, Le tableau d'affichage de nuit, Agence Rol

Les 24 Heures du Mans, le 26 mai 1923, Un poste de ravitaillement de nuit, Agence Rol

L’épreuve a connu dès ses débuts un grand succès auprès du public. Cent ans après, avec le tournoi de Roland-Garros et le Tour de France, les 24 Heures du Mans compte encore comme l’un des évènements sportifs annuels incontournable en France.

Course automobile d’endurance sur circuit la plus exigeante au monde, elle met à rude épreuve à la fois la fiabilité technique des véhicules, la stratégie des équipes et la résistance physique des pilotes. L'adage légendaire des 24 Heures du Mans l'affirme d'ailleurs :

Ce n’est pas le pilote qui gagne la course mais c’est Le Mans qui choisit ses vainqueurs ."

La fameuse course a aussi inspiré de grands succès cinématographiques comme Le Mans, réalisé dans les années 1970 avec Steve McQueen dans le rôle principal et, plus récemment, Le Mans 66 (Ford v Ferrari en version originale) sorti en 2019, avec Matt Damon et Christian Bale.

Le Centenaire de la célèbre course française, en cette année 2023, constitue un hommage au véritable patrimoine vivant des 24 Heures du Mans. Sa légende continue de s’écrire, dans la Sarthe, exactement là ou l’aventure de l’automobile a commencé il y a 150 ans, grâce à Amédée Bollée…

Olympiade Culturelle est une programmation artistique et culturelle pluridisciplinaire qui se déploie de la fin de l’édition des Jeux précédents jusqu’à la fin des Jeux Paralympiques. La série « Les 100 ans des 24 Heures du Mans » de Gallica s'inscrit dans la programmation officielle de Paris 2024.