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Joseph Grasset, neurologue et psychiatre

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25 avril 2018

Il y a 100 ans mourait Joseph Pierre Grasset (1849-1918). L’œuvre prolifique et originale de ce médecin, neurologue et psychiatre, lui valut une petite notoriété auprès de ses contemporains. Son nom semble pourtant quelque peu oublié de nos jours.

Caricature du professeur Grasset. B. Moloch. Académie nationale de médecine. Banque d’images BIU Santé.

Très attaché à sa région natale de Montpellier, Joseph Grasset y fait toute sa carrière : interne des hôpitaux en 1870, docteur en médecine en 1873, puis chef de clinique médicale. Cela ne l’empêchera pas de passer avec succès l'agrégation, de devenir membre de l’Académie de médecine de Paris et d’accumuler de nombreux titres honorifiques.

Au début de sa carrière, la plupart de ses travaux sont relatifs au système nerveux. Son Traité pratique des maladies du système nerveux fut réédité trois fois. Le docteur Grasset refuse la partition habituelle entre neurologie et psychiatrie.

Sa théorie des Demi-fous et demi-responsables - selon laquelle certains hommes sont sains, d’autres altérés et d'autres encore partiellement atteints - fait l’objet de nombreux débats : 

Ses recherches le mènent à s’aventurer sur le terrain de la psychologie physiologique qui étudie les mécanismes neurologiques de la perception et du comportement avec la Responsabilité des criminels. Selon lui, le médecin expert a pour rôle de :

sauver la tête d'un malade, ne pas permettre que l'égalité du crime entraîne l'égalité devant l'échafaud, quand un criminel a ses neurones psychiques normaux, et que l'autre les a malades.

Toujours dans le domaine de la psychiatrie, Grasset traite de l’hystérie et de l’hypnose en conceptualisant sa  "théorie des deux psychismes". En effet, selon lui, dans le cerveau, coexistent un centre psychique supérieur, siège de l'activité intellectuelle et de la conscience (appelé O) et un centre psychique inférieur (ou polygone) qui reçoit les impressions des sens et peut être le point de départ d'actes ignorés du sujet lui-même. De là, le médecin dérive vers les sciences occultes et participe même à des expériences de lecture à travers les corps opaques.

Cet esprit libéral est paradoxalement très croyant et s'intéresse à différentes formes de morale.

A son époque, le professeur Grasset jouit d’une certaine notoriété, comme le prouvent sa caricature et des articles consacrés à son ouvrage Idées médicales, l’un paru à la une d’un quotidien, l’autre dans les Annales politiques et littéraires.

A Montpellier on le rencontre souvent partant pour une consultation ou en revenant... Il aurait une tête romantique de Docteur Faust, si ses yeux clairs ne pétillaient pas de malice sous les lunettes d'or et si un sourire bon et narquois n'animait pas son visage (Annales politiques et littéraires, 21 juillet 1918).

Avec le sens du devoir et le dévouement qui le caractérisent, il interrompt sa retraite prise en 1914 pour diriger un centre neurologique traitant des blessés de guerre. Cela lui inspire des réflexions sur les grands types de psychonévroses de guerre. Mais quelques mois avant la fin du conflit, la mort violente de son fils le bouleverse et provoque son décès peu après, à l’âge de 69 ans.

Photographie de Joseph Grasset, Bibliothèque médicale Henri Ey

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