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Trois albums phares des musiques du monde

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25 avril 2017

Le département de l'Audiovisuel vous propose de découvrir trois albums de musiques traditionnelles de l'Inde et d'Afrique équatoriale enregistrés entre les années 1930 et 1960. Vous pourrez y découvrir le tout premier enregistrement d'un jeune joueur de sitar, Rabindra, aujourd'hui mondialement connu sous le nom de Ravi Shankar.

Couverture de l'album Daitōa ongaku shūsei (Musique de l'Asie orientale, vol. 8 : Inde), édité par Hisao Tanabe en 1942

 

1937 : la première apparition au disque de Ravi Shankar

Uday Shankar (1900-1977) était le frère de Ravi Shankar (1920- 2012). Chorégraphe, il fonde dans les années 1930 sa propre troupe : la Uday Shankar Company of Hindu Dancers and Musicians, pour laquelle il adapte des danses folkloriques et des danses classiques indiennes. La troupe se produit en Europe et notamment à Paris dans les années 1930, où elle y remporte un succès considérable.
L’album de cinq disques 78 tours présenté dans Gallica a été enregistré et publié par la firme américaine RCA Victor lors d’une tournée de la troupe aux Etats-Unis en 1937. Il donne à entendre la première apparition au disque du tout jeune Ravi Shankar, sous son vrai nom « Rabindra [ou Robendra] Shankar ». A peine âgé de 17 ans, c’est la première apparition au disque de celui qui va devenir un immense joueur de sitar et une star internationale qui va faire découvrir la musique indienne au monde entier.

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Hindu music / Uday Shankar and his company of hindu dancers and musicians

[Vishnudass Shirali, Sisir Sovan, Rabindra (Ravi Shankar), Dulal Sen, Nagen Dey, Brijo Behari, ens. instr.]
[RCA VIctor], [ca 1937] 3 disques : 78 tours à aiguille ; 30 cm + 2 disques : 78 tours à aiguille ; 25 cm

1942 : Hisao Tanabe, entre science et impérialisme

En 1928, une Musik des Orients avait été éditée en douze disques par Erich von Hornbostel (1877-1935), de l’Université de Berlin, chez C. Lindström A. G : Parlophon-Odéon. Hisao Tanabe (1883-1984), le fondateur de l’étude musicale japonaise et directeur de la Société pour les recherches sur la musique asiatique, a vivement critiqué la compilation de Hornbostel, selon lui trop « exotique », et défendu la nécessité d’« une compilation de musique orientale authentique ». « Authentique » étant entendu ici au sens d’une anthologie réalisée par des « Orientaux » eux-mêmes. Tanabe en a proposé une première définition en publiant, en décembre 1941, une compilation de dix disques de musiques d’Asie intitulée Musique de l’Asie orientale (Tōa no ongaku  東亜の音楽) chez Columbia-Nipponophone (consultable également dans Gallica)
A la suite du succès de cette collection, Tanabe a complété cette première tentative l’année suivante, en 1942, avec la Collection de musique de la Grande Asie orientale (Daitōa ongaku shūsei 大東亜音楽集成) publiée en 12 volumes sur 36 disques 78 tours de la compagnie Japan Victor Records. Editée par la Société pour les recherches sur la musique asiatique, la Collection de musique de la Grande Asie orientale se caractérise par un aspect scientifique marqué, fourni notamment par les explications et photographies figurant dans le livret qui accompagne ce travail. Le tout n’est pas sans évoquer les archives phonographiques constituées par les Universités de Berlin et de Vienne, ou par le Musée de l’Homme de Paris, qui ont posé les bases d’une recherche scientifique dans le domaine de l’ethnomusicologie (alors « musicologie comparée ») au début du XXe siècle. Le département de l’Audiovisuel présente dans Gallica le volume 8 de l’anthologie, consacré aux musiques de l’Inde, avec le livret (dont il faut souligner l’extrême rareté) accompagnant l’ensemble de l’anthologie.

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Daitōa ongaku shūsei. Volume 8 : Inde / Hisao Tanabe, éd.
[Tokyo] : [RCA Victor], [1942] 3 disques : 78 tours à aiguille, 25 cm + 1 livret

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Années 1950 : Herbert Pepper et le patrimoine sonore de l'Afrique équatoriale

Herbert Pepper (1912-2001) effectue son premier séjour en Afrique de l’Ouest en 1940. Par la suite, tout son travail va constituer en la collecte systématique d’expressions musicales de l’Afrique dans le but de constituer des archives sonores. Ce fut notamment le cas au Gabon où il effectua des enregistrements dans tout le pays à la demande du gouvernement entre 1954 et 1966. Ces archives seront présentées au musée de Libreville créé à son initiative en 1963.
Publiés par le Service des affaires sociales du Gouvernement général de l'Afrique Equatoriale française, les quatre disques présentés ici sont représentatifs du travail de collecte d’Herbert Pepper, non seulement au Gabon, mais aussi en Afrique équatoriale et au Moyen-Congo dans les années 1950.

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Herbert Pepper, Musiques d’Afrique équatoriale, du Moyen-Congo et du Gabon
[Gouvernement général de l'Afrique Equatoriale française. Service des affaires sociales], [195.?] 4 disques : 78 tours à aiguille, 25 cm

 

De nombreux autres enregistrements de musique traditionnelle indienne et africaine sont consultables dans le corpus Musiques du monde mais aussi dans les corpus de l'Exposition coloniale internationale de 1931, des dons discographiques d'Hubert Pernot au Musée de la parole et du geste ainsi que dans ceux des collections historiques des Archives de la parole et du Musée de la parole et du geste du département de l'Audiovisuel. Vous pouvez retrouver également dans le corpus Musique et parole du Japon les albums édités par Hisao Tanabe ainsi que de rares et précieux enregistrements japonais du tout début du XXe siècle.

Audrey Viault et Pascal Cordereix, département de l'Audiovisuel

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