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Apprendre à lire dans la prison de la petite Roquette

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24 septembre 2021

La sélection Gallica "L'éducation et l'école en France" propose au public l'accès à des dizaines de méthodes de lecture, preuves de la créativité pédagogique du XIXe siècle. L'une de ces méthodes a attiré notre attention en raison des circonstances très particulières de son application : l'enseignement de la lecture aux enfants détenus dans la maison de correction de la petite Roquette.

La prison de la Petite Roquette, une clef de cellule, 1913.

La petite Roquette, maison de correction pour jeunes délinquants, est ouverte en 1830. Elle se situe, comme son nom l’indique, rue de la Roquette dans le 11e arrondissement de Paris, à l’emplacement actuel du square de la Roquette. Les enfants qui jouent dans ce square sont bien loin d’imaginer la vie des milliers d’enfants incarcérés là au cours du XIXe siècle.

La maison de correction fait face à la « Grande Roquette » qui enfermait les détenus condamnés à de lourdes peines ou à la peine capitale. La guillotine était installée juste en face des deux bâtiments.
La grande Roquette ferme en 1899 : les détenus sont transférés à la prison de la Santé. Mais la petite Roquette continue à accueillir les jeunes délinquants jusqu’en 1935 avant de devenir une prison pour femmes. La petite Roquette sera finalement démolie en 1974.

L’architecture est remarquable, sorte d’utopie phalanstérienne devenue contre-utopie. L’architecte Louis-Hippolyte Lebas s’est inspiré du panoptique du philosophe anglais Jeremy Bentham : un bâtiment en étoile dont la tour centrale permet la surveillance de tous les espaces.

La vision utopique et progressiste trouve son origine dans la visite d’une délégation du gouvernement français effectuée aux Etats-Unis et qui a fait l’objet d’un rapport : Du Système pénitentiaire aux États-Unis et de son application en France, suivi d'un appendice sur les colonies pénales et de notes statistiques, par MM. G. de Beaumont et A. de Tocqueville, 1833. L’abbé Moreau mentionne, dans Souvenirs de la Petite et de la Grande Roquettece voyage d’observation en Amérique qui a manifestement inspiré l’organisation de la maison de correction :Cinq cents cellules avaient été construites.
 La Petite-Roquette a la forme d'un immense hexagone à trois étages formant circonférence autour d'un point central occupé par une rotonde. Six ailes intérieures vont de la circonférence au centre comme les rayons d'une roue et divisent l'hexagone en six parties égales.
Le premier établissement destiné à servir de pénitencier aux jeunes détenus, avait été élevé à New-York, en 1825. Le Gouvernement avait envoyé dès 1831 des savants pour étudier ces pénitenciers. MM. de Tocqueville et de Beaumont avaient publié leurs remarques.
Elles étaient toutes à l'avantage du système cellulaire.

Mais l’abbé Moreau fait remonter l’inspiration du système cellulaire bien plus loin en le rattachant à la tradition monastique : solitude, silence, travail. Le premier établissement français ayant fonctionné selon ce principe est la maison de correction de Saint-Lazare.
 
Qui étaient les enfants détenus à la petite Roquette ?

Les enfants pouvaient y être envoyés dès cinq ans (treize ans à partir de 1912). On y incarcérait généralement jusqu’à leur majorité de jeunes délinquants, des vagabonds ou des enfants dont les familles voulaient se débarrasser.

A la Petite-Roquette, les enfants sont divisés en quatre catégories et en six divisions :

1° Les enfants qui sont détenus préventivement ;
2° Les enfants détenus en vertu de l'article 66 du Code pénal ;
3° Les enfants détenus en vertu des articles 67, 69 et suivants du Code pénal ;
4° Les enfants détenus par voie de correction paternelle. 

(Souvenirs de la Petite et de la Grande Roquette. Tome 1 / recueillis de différents côtés et mis en ordre par l'abbé Moreau)
L’article 66 concerne les enfants acquittés faute de discernement dans leurs actes.  On remarque que les enfants étaient enfermés de toute façon, qu’ils soient acquittés, condamnés, envoyés par leurs parents. Ils étaient simplement répartis dans des sections différentes.
L’Histoire d'un jeune détenu de Gabriel Joret-Desclosières, publié en 1877,  raconte ainsi  l’histoire d’un pauvre garçon qu’une vie misérable conduit au pénitencier de la Roquette.

 Jules éprouva un violent battement de cœur lorsqu'il entendit le verrou de la porte de sa cellule glisser dans les anneaux de fer scellés au mur. 

L’auteur fait les louanges - étonnantes pour les lecteurs d’aujourd’hui - du « système cellulaire ». Les conditions de la vie à la petite Roquette paraissent non seulement humaines mais également propres à favoriser l’élévation morale des enfants.
 

Une semaine était à peine écoulée depuis l'incarcération de Jules Ségrain, qu'il était déjà habitué à sa cellule.
Son lit de fer, sa table de bois de chêne, sa chaise tressée de grosse paille, les premiers outils du ciseleur, tout ce mobilier composait un petit monde sur lequel le jeune détenu concentrait sa pensée. Jules, devenu pour son gardien le numéro 347, avait fini par entrer dans sa vie de chaque jour, sans trop se souvenir qu'il en avait mené, jusqu'alors, une bien différente.
La détention cellulaire, tempérée par des dispositions prises pour sauvegarder la santé de l'enfant, pour éloigner de lui les communications funestes, réalise la première des conditions de l'amélioration morale.
Il faut laisser aux théoriciens, qui n'ont visité que très-superficiellement les maisons où ce système est pratiqué, les vaines déclamations sur les prétendus tourments insupportables de l'isolement. 

Le régime de la Roquette semblait modèle comparé aux conditions d’enfermement des jeunes détenus dans les prisons pour adultes. Les enfants échappaient à la promiscuité avec les délinquants et les criminels ; la nourriture était suffisante ; les punitions corporelles proscrites. L’isolement devait améliorer la santé morale et physique des jeunes détenus. La Société pour le patronage des jeunes détenus et des jeunes libérés du département de la Seine se préoccupe en effet pendant les premières années du taux de mortalité anormalement élevé des enfants. Beaucoup meurent de maladies chroniques, en particulier de la tuberculose. L’isolement prévient la propagation du mal, qu’il s’agisse de microbes ou de mauvaises influences.

Histoire d'un jeune détenu par Gabriel Joret-Desclosières

Les enfants sont effectivement maintenus à l’écart de la société extérieure mais surtout des autres enfants emprisonnés à la Petite Roquette.
Jusqu’en 1840, c’est le système auburnien qui est appliqué, qui fait alterner temps de travail collectif et enfermement en cellule individuel. Ensuite, l’organisation de la Roquette s’inspirera de celui de la prison de Philadelphie : la solitude devient totale. C’est alors dans leur cellule que les enfants accomplissent leurs travaux.

La prison de la Petite Roquette, une cellule de détenu, Agence Meurisse, 1913. 

La récréation consiste à ce que chaque enfant puisse jouer quelques minutes seul devant sa cellule. Les jeunes détenus sont encagoulés lors des déplacements pour ne pas voir les autres.
Même à la chapelle, les enfants sont séparés les uns des autres par des paravents pour empêcher toute communication entre eux :
«Nous citions encore les ordres donnés par l'administration à l'effet d'approprier la chapelle au système de l'isolement, de manière à ce qu'un grand nombre d'enfants pussent assister en même temps au service divin, sans s'apercevoir mutuellement et sans être privés de la vue du prêtre ni de l'autel. »
Société pour le patronage des jeunes détenus et des jeunes libérés du département de la Seine. Assemblée générale tenue à l'Hôtel de Ville le 16 août 1846, A. Henri, 1846.

La prison de la Petite Roquette, vue prise de côté,  Agence Meurisse, 1913. 

La journée des jeunes détenus est organisée de façon militaire. Ils se forment à un métier, travaillent à l’atelier. Leur instruction primaire n’est pas complètement négligée. En 1836, le rapport de  la Société pour le patronage des jeunes détenus et des jeunes libérés du département de la Seine critique la charge de travail des enfants qui passent dix heures en été et neuf heures en hiver dans l’atelier et ont ensuite une heure et demie d’école.
 
« A six heures, les travaux cessent. Cours d'écriture par l'instituteur. A huit heures, coucher, silence complet. » 
Jules Ségrain, le héros d’Histoire d’un jeune détenu, est ainsi un bon élève dans tous les domaines :
« Le jeune détenu ne réussissait pas seulement dans le travail manuel ; le bon aumônier qui le préparait à sa première communion, le frère de la Doctrine chrétienne qui lui enseignait la
lecture, l'écriture, le calcul et les éléments du dessin linéaire n'étaient pas moins contents de son application » 
Ce sont les frères des écoles chrétiennes qui étaient chargés de l’éducation des enfants de la Petite Roquette dans les premières années de la maison de correction :
 « Il y a à la Petite-Roquette un instituteur, qui leur apprend à lire, à écrire, et leur donne les premières notions de l'histoire, de la géographie et du calcul. Jusqu'à ces dernières années, ces fonctions étaient confiées aux frères des Écoles chrétiennes. Avec les programmes nouveaux les frères ont été remplacés par un instituteur protestant. » (Souvenirs de la Petite et de la Grande Roquette. Tome 1 / recueillis de différents côtés et mis en ordre par l'abbé Moreau
La congrégation des Frères des écoles chrétiennes, fondée en 1684 par Jean-Baptiste de La Salle, ouvre des écoles du dimanche, des écoles professionnelles, des maisons d’éducation pour les enfants des rues. Elle s’appuie sur un système d’enseignement intangible : division par niveaux, travail répétitif et encadré, discipline stricte. Les petites écoles sont ouvertes principalement en ville car l’organisation pédagogique nécessite la présence de trois Frères et est adaptée à des effectifs importants. Dans les écoles de village, le maître, peu formé, prenait les enfants les uns après les autres pour les faire lire, les autres attendaient leur tour, ce qui se révélait peu efficace. L’enseignement était le plus souvent individuel et successif.  Les premières années, les enfants de la prison de la Roquette étaient encore rassemblés dans une classe. L’enseignement simultané, méthode pédagogique employée par les Frères, était alors parfaitement approprié.
Mais le système cellulaire qui semble donner satisfaction car réduit la récidive va être poussé à l’extrême pour adopter le « régime de la séparation continue », ce qui nécessite une nouvelle méthode pédagogique.

Comment éduquer cinq cents enfants en même temps en les isolant les uns des autres ?

L’objectif pour les responsables de la prison est alors de donner une instruction élémentaire aux enfants en les maintenant dans leur cellule.
La Société pour le patronage des jeunes libérés du département de la Seine qui suit de près les évolutions de la prison de la Roquette depuis sa création formule clairement les enjeux de l’enseignement des jeunes détenus :

Il fallait donc trouver un procédé qui permît de faire la classe à près de 500 enfants séparés les uns des autres, répartis dans 18 corridors, divisés eux- mêmes en trois étages ; il fallait que ce procédé
fût prompt, que l'enseignement fût donné dans toute la maison en même temps, et qu'il n'augmentât pas les dépenses de l'établissement. 

Société pour le patronage des jeunes libérés du département de la Seine, Assemblée générale tenue à l'Hôtel de Ville le 14 juillet 1844, A. Henri, 1844.
Gabriel Delessert, conseiller d’Etat et préfet de police,  défend la méthode employée par l’instituteur, M. Poutignac de Villars. Il adapte sa méthode d’acquisition de la lecture destinée initialement aux  écoles primaires au contexte particulier de la petite Roquette.
La méthode Villars fait partie du corpus Gallica sur l’éducation et l’école en France.On la trouve parmi des dizaines de méthodes d’apprentissage de la lecture répertoriées dans  « le cartable de l’écolier ». Cette méthode a attiré notre attention car elle se situe au cœur de plusieurs débats de l’époque : les modalités de détention des jeunes détenus d’une part et les querelles pédagogiques qui caractérisent la Restauration, plus particulièrement la monarchie de Juillet, et opposent deux camps, partisans de l’enseignement simultané et défenseurs de l’enseignement mutuel venu d’Angleterre.
Andrew Bell et Joseph Lancaster  ont en effet créé à la fin du XVIIIe siècle un système d’enseignement très économique pour répondre aux besoins de massification de l’enseignement élémentaire. Les enfants sont regroupés par capacité dans une grande salle. Par un système de commandements d’inspiration militaire, des moniteurs transmettent les instructions à un groupe d’enfants qui exécute simultanément la même tâche. La méthode se diffuse en Europe au début du XIXe siècle. En France, elle se répand sous l’impulsion des membres de la Société pour l’instruction élémentaire fondée en 1815.

Écoles élémentaires. Nouveaux tableaux de lecture... revus et adoptés par la Société pour l'instruction élémentaire, par M.-A. Peigné. 

Les écoles de la ville de Paris ont été les premières à l’adopter. L’enseignement mutuel suscite de nombreuses polémiques. Il est critiqué en particulier par les catholiques car il éloigne les enfants de l’influence morale du maître. Il sera évincé de l’enseignement par Guizot. Mais son influence va perdurer dans l’enseignement populaire et certains de ses principes, comme l’utilisation d’un matériel pédagogique ou l’enseignement conjoint de la lecture et de l’écriture, vont irriguer les autres méthodes d’apprentissage.
Le Rapport à M. le Ministre de l'Intérieur au sujet des modifications introduites dans le régime du pénitencier des jeunes détenus. (Rapports des années 1838 à 1846, signés : G. Delessert) présente indistinctement les deux méthodes : 

 L'enseignement élémentaire, dans le pénitencier, a eu lieu, depuis l'origine de l'établissement jusqu'à ces derniers tems, d'après la méthode de l'enseignement mutuel et simultané. C'est en effet le système le plus usité et probablement le meilleur, lorsque rien n'empêche que les élèves reçoivent ensemble et dans le même local des leçons de l'instituteur : c'est donc celui qui avait été adopté dans le régime de la détention en commun, qui gouvernait naguère la maison. Mais aujourd'hui que ce régime a fait place à celui de la séparation continue, l'ancienne méthode d'enseignement a cessé de convenir ou même d'être praticable, et il a fallu en chercher une autre.

Ce n'était pas facile à trouver. Cependant un moyen scriptalégique, inventé par le greffier chargé depuis longtems des fonctions d'instituteur dans la maison, satisfait aux conditions essentielles requises par le nouvel état de choses, sans que l'isolement permanent se trouve en rien compromis.
Cette méthode nouvelle a la propriété d'enseigner, en même tems que l'écriture, la lecture des caractères écrits et celle des caractères imprimés, et, en même tems que la valeur et l'orthographe des mots, la construction des phrases ; et de plus, elle possède cette autre propriété d'une importance très-grande dans les circonstances actuelles, de rendre accessible l'enseignement à l'individu le moins lettré, pourvu qu'il sache lire seulement; de telle sorte que, dans toutes les parties de la maison, l'instruction est donnée par les employés préposés à la surveillance, et que l'instituteur, homme plein de zèle et d'intelligence, dont le service est tout d'inspection et de contrôle, peut, aussi bien que dans le système en commun, présider à l'enseignement de la population entière.

Les leçons sont complétées par la mise à disposition d’ouvrages soigneusement choisis dans les cellules.

La méthode Villars 
 

Guide de la méthode Villars. La Lecture et l'orthographe par l'écriture. [-Rapport fait à l'Académie des sciences morales et politiques sur la méthode... de M. Poutignac de Villars, par Monsieur Bérenger,... Séance du 4 septembre 1841.]1842. 

L’éditeur Bouquillard, dans sa préface, présente la méthode comme une amélioration de l’enseignement mutuel :

 Ce système a de l'avantage sur la méthode lancastrienne, où le maître n'est pas le centre du travail, où le devoir est dicté aux enfants par d'autres enfants, qui, étant sans autorité morale, sont toujours difficilement écoutés ; ou ce sont des groupes qui, s'exerçant, le font avec mollesse, ou le bruit et la confusion donnent des distractions continuelles, et ne permettent ni à l'attention de se fixer, ni à l'esprit de méditer et de réfléchir; tandis que dans la méthode de M. DE VILLARS, c'est le professeur qui enseigne, qui surveille, qui corrige tout et qui entraîne les cinq classes à la fois par la clarté et par la rapidité de ses dictées. Cette méthode, appliquée à l'enseignement en
commun, paraît donc, sous beaucoup de rapport, devoir être préférée. 

La méthode Villars reprend la répartition des élèves par niveau, cinq en l’occurrence dans la prison, dispersés dans toutes les cellules. Les élèves travaillent en effet simultanément dans leur cellule en suivant le commandement d’un seul maître répercuté par des surveillants postés dans les couloirs.

Ce sont les surveillants qui font la correction, ce qui rappelle le système de l’enseignement mutuel. La différence tient essentiellement dans le remplacement des moniteurs par des auxiliaires du maître qui sont les employés de la prison.

Les surveillants servent d'auxiliaires à l'instituteur, il suffit qu'ils sachent lire. Placés au centre de leurs corridors respectifs, ils vont commencer la leçon. Le guichet de chaque cellule est entr'ouvert et permet au son de la voix d'y pénétrer. Chaque enfant, à un signal donné, se place devant sa table et se tient prêt à écrire, ayant le tableau de la division à laquelle il appartient.

Le surveillant s'adresse d'abord à la 5e classe, et dit : « 5e classe, écrivez! »
« Pendant la leçon, l'instituteur parcourt les divers corridors, dirige les surveillants, observe s'ils se conforment exactement à ses instructions, pénètre dans les cellules, examine le travail et étend son inspection sur tout ce qui peut être de nature à la solliciter. 
 

Cette méthode pousse à leur paroxysme les recherches éducatives de la première moitié du XIXe siècle : instruire le plus grand nombre d’enfants avec un nombre d’instituteurs réduit. La loi Guizot en imposant la création d’une école primaire de garçons dans toutes les communes de plus de cinq cents habitants a effectivement accéléré la massification de l’enseignement primaire. Mais le budget et la formation des instituteurs ne sont pas suffisants pour faire face à un tel défit national. Comme on l’a vu, l’Angleterre, entrée plus tôt dans la modernité industrielle, était allée très loin dans l’organisation de l’école, créant de petites usines à élèves. Les frères des écoles chrétiennes en France formaient déjà de nombreux enfants du peuple aux savoirs élémentaires mais leur organisation requérait davantage d’enseignants. Pendant la Restauration, de nombreuses pistes pédagogiques sont explorées pour augmenter encore l’efficacité de l’apprentissage. Un instituteur pour cinq cents enfants simultanément dans des cellules séparées ne représente-t-il pas l’aboutissement de cette rationalisation ?

 Une réussite ?

On peut en douter. En 1865, l’impératrice se rend par surprise à la Petite Roquette et s’entretient avec chaque détenu : Un rapport suivra qui soulignera que ces enfants, plus que des criminels précoces sont des orphelins ou des enfants délaissés. Il est préconisé de les soumettre à une discipline stricte, de les occuper à tout instant, de leur donner une instruction primaire complète et de leur apprendre un métier. Le constat est que le niveau d’instruction des enfants à leur sortie est très insuffisant.
Au-delà de l’efficacité très relative de cette méthode, c’est le système cellulaire appliqué à des enfants qui est peu à peu remis en question. Les colonies pénitentiaires agricoles concurrencent rapidement les maisons de correction : Mettray, la première d’entre elles, ouvre trois ans après la Petite Roquette. Les vertus du travail agricole devaient aider les jeunes détenus à retrouver le droit chemin. Jean Genet fait le pont entre les deux institutions : après avoir été enfermé trois mois à la Petite Roquette à l’âge de quinze ans, il sera envoyé à la colonie de Mettray qu’il évoquera dans le Miracle de la Rose.
 

 

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