En 1924 déjà, rendez-vous aux stades
Vivez avec le blog de Gallica les premiers pas des deux principales structures créées pour les Jeux de Paris en 1924 : le stade olympique de Colombes et le stade nautique des Tourelles à Paris.
5/7/1924, inauguration des Jeux olympiques au stade de Colombes. Agence Rol
Au lendemain des Jeux olympiques de 1920, l’idée de la construction d’un stade olympique émerge déjà, que la Ville lumière soit désignée ou non pour accueillir les Jeux de 1924. La candidature est lancée, et montrer les plans du futur stade serait un élément positif en faveur de la candidature de Paris. Le suspense se termine le 2 juin 1921, date à laquelle le Comité international olympique (CIO), réuni à Lausanne, attribue les VIIIe Olympiades à Paris pour 1924. Dès lors, la question du choix de l’emplacement du stade olympique se pose et s’ouvre une longue période de débats contradictoires et d’incertitudes.
Il est d’abord décidé d’excentrer le futur stade olympique. La première idée est une construction à Versailles mais à l’été 1921 le projet semble se déplacer dans le bois de Vincennes. Il est évoqué la possibilité de rénover le stade Pershing déjà existant et de construire à proximité un stade olympique plus grand. Le stade Pershing a été construit en 1919 à l’occasion des Jeux interalliés et l’emplacement est jugé plus proche de Paris que Versailles. Au printemps 1922, le projet s’enlise et des voix s’élèvent en faveur du Parc des princes, porte d’Auteuil, malgré les contestations d’autres élus. A deux ans de l’ouverture des Jeux de 1924, aucune décision n’est donc entérinée. Un troisième projet à Colombes voit alors le jour, en banlieue ouest.
Un stade existe aussi à Colombes en 1922, tout comme à Vincennes ou porte d’Auteuil. Le stade du Matin a été construit en 1907 sur l’ancien hippodrome. Des compétitions nationales et internationales de rugby, football et athlétisme s’y déroulent déjà. De plus, l’un des plus grands clubs de rugby français, le Racing club de France, y évolue dans le championnat national. L’utilisation future du stade de Colombes après les Jeux est donc déjà envisagée, ce qui fait l'attrait de ce projet. Après maintes discussions, le conseil de Paris refuse de financer les travaux du Parc des princes. La question de la tenue des jeux en France commence à réellement se poser, les Etats-Unis se proposant même de les organiser à sa place. Mais c’est bien finalement à Colombes que cet écrin sportif va se dresser, sous le patronage de l’architecte français Louis Faure-Dujarric, qui sera aussi le maître d’œuvre de Roland-Garros en 1929.
L’objectif de Louis Faure-Dujarric est de transformer ce stade de Colombes en stade olympique pouvant accueillir 60 000 spectateurs. A partir de la fin de l’été 1922, le stade du Matin est détruit progressivement et reconstruit. Les travaux vont aller en s’accélérant à partir du printemps 1923 et en septembre 1923 les deux tiers sont déjà réalisés, rassurant ceux qui pensaient que ce stade ne pourrait être livré à temps.
Deux tribunes couvertes, de 10 000 places assises chacune, sortent de terre, bien qu’initialement une seule des tribunes devait être couverte, comme le montre le plan initial. Ces tribunes seront saluées par le public lors des rencontres pluvieuses. Les virages permettront à 40 000 spectateurs de se tenir debout pour admirer le spectacle.
Le stade olympique de Colombes. Almanach de la femme et de l'enfant... (1925)
La pelouse du stade est entourée par une piste d’athlétisme de 500 m de long, une longueur inhabituelle et innovante par rapport aux caractéristiques techniques existantes. C’est une piste strictement réservée aux seules compétitions, les athlètes devant s’entrainer sur une piste de médiocre qualité à l’extérieur de l’enceinte. De l’avis général, bien que critiquée au préalable par certains spécialistes, la qualité de cette piste doit permettre aux athlètes de battre de nombreux records de vitesse. Jusqu’au dernier jour des épreuves d’athlétisme, les coureurs en font effectivement la brillante démonstration, notamment les Américains et les Finlandais, réputés comme les plus rapides.
Pensé pour les athlètes, le nouveau joyau architectural issu du génie technique comprend 40 vestiaires confortables avec douches et électricité accueillant 1200 d’entre eux. Les poutres métalliques des tribunes se parent de jaune, les toits de bleu et se marient avec les couleurs du soleil et du ciel pour fêter dignement ce splendide ouvrage. La présentation officielle a lieu le 1er mai 1924. Les journaux louent l’exploit de cette réalisation et prévoient des olympiades grandioses.
La cérémonie d’ouverture dans ce temple du sport mondial se déroule seulement le 5 juillet 1924, alors que certaines épreuves ont déjà eu lieu dès début mai comme le tournoi de rugby ou de football ; ceci pour respecter la tradition des Jeux olympiques antiques au cours desquels les Grecs n’accordaient pas de place aux sports de ballons et honoraient l’athlétisme comme épreuve reine. Le calendrier des Jeux olympiques s’étale donc sur trois mois en cette année 1924. Les Jeux de Paris sont salués comme une belle réussite dès les premiers jours de ce mois de juillet.
Autre lieu emblématique des Olympiades de 1924, la piscine doit s’élever à côté du stade de Colombes, comme le préconise le CIO pour regrouper les épreuves d’athlétisme et de natation au même endroit. Mais le projet reste à l’état provisoire de travaux et il est décidé, en accord avec le CIO, d’édifier le stade nautique des Tourelles dans le XXème arrondissement, près de la porte des Lilas.
Cette réalisation, tout comme le stade olympique, ne se fait pas sans polémiques quant à son utilité ou son financement. La piscine est l’objet de débats mouvementés entre les élus et les principaux responsables de sa conception.
En juillet 1923, le conseil de Paris est appelé par un de ses conseillers à envisager ce stade nautique comme un projet novateur s’inscrivant dans la durée. Un toit est d’ailleurs prévu dès la fin des jeux. Pourtant, en décembre 1923, le sujet fait couler beaucoup d’encre dans les journaux et continue d’alimenter les potins dans les gazettes. A six mois des jeux, le financement est mis en suspens en raison notamment des surcoûts de ce toit et des travaux de fondation provenant de la nature géologique du terrain.
Le stade nautique des Tourelles va néanmoins voir le jour en juin 1924, très peu de temps avant la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques début juillet. Il comprend un grand bassin de 50 m qui sert, immédiatement après sa livraison, à des sélections françaises très tardives. Pour le tournoi olympique, il accueille les compétitions de natation et de water-polo, mais aussi celles du plongeon de haut vol dans sa fosse. Les tribunes peuvent accueillir jusqu’à 10 000 personnes.
22-6-24, piscine des Tourelles, départ 100 m femmes [pour la sélection olympique des nageurs français]. Agence Rol
Même si les Américains dominent les épreuves de natation, la France termine cinquième au classement des nations, une performance inédite. Les nageurs français s’illustrent d’ailleurs en battant de nombreux records nationaux dans ce superbe bassin. De plus, contre toute attente, l’équipe de France de water-polo est championne olympique face à la Belgique, une victoire historique.
Considérée à l’époque comme une des plus belles piscines au monde, elle posera tout de même encore la question de son sous-emploi et de sa gestion bien après les Jeux olympiques, tout comme le stade olympique de Colombes qui sera pourtant agrandi pour la Coupe du monde de football en 1938.
L'Olympiade Culturelle est une programmation artistique et culturelle pluridisciplinaire qui se déploie de la fin de l’édition des Jeux précédents jusqu’à la fin des Jeux Paralympiques.
La série "Histoire du sport en 52 épisodes" de Gallica s'inscrit dans la programmation officielle de Paris 2024.
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