Le Blog
Gallica
La Bibliothèque numérique
de la BnF et de ses partenaires

Engins volants : imiter les oiseaux, explorer les cieux

0
23 septembre 2019

Depuis l’Antiquité, l’être humain développe son rêve de pouvoir voler comme les oiseaux, se lance le défi fantastique et fantasque d’atteindre le firmament et les étoiles. Il s’évertue donc à inventer les engins volants les plus farfelus, les plus incroyables et les plus ingénieux. Partons à la découverte de ces merveilleuses machines plus ou moins volantes issues du génie ou de la folie de l’homme.

Le Vaisseau Volant de Mr Blanchard

Les précurseurs de la conquête de l’air s’inspirent de la nature, des oiseaux, des insectes ou bien des graines et fruits des plantes. Tels Dédale et Icare, ils s’élancent depuis le haut des falaises et autres promontoires, munis d’ailes ou d’attirails mécaniques ailés. Nous trouvons ces engins légendaires, imaginaires ou réels dès l’Antiquité, puis nous passons par le Moyen Age de Roger Bacon, la Renaissance de Léonard de Vinci qui au XVIème siècle s’ingénia à donner à l’homme le vol de l’oiseau. Nous continuons au XVIIème siècle avec des expériences comme celle du Père Guidotti ou de Jean-Baptiste Dante de Pérouse pour arriver à la fin du XVIIIème siècle, époque de naissance de l’aéronautique avec l’invention des premiers aérostats ou ballons.

En aéronautique, les engins volants peuvent se ranger en deux grandes catégories : ceux plus légers que l’air qui sont dans le groupe de l’aérostation, et ceux plus lourds que l’air du côté de l’aviation.
L’aérostation est la science des aérostats, autrement dit de tout ce qui ressemble de près ou de loin à une sphère, cylindre, œuf, cigare ou tout autre volume géométrique pouvant s’élever dans les airs. Ils sont capables de transporter des hommes, des animaux, du matériel ou des marchandises sur des distances de plus en plus longues.

Pour voler, ces engins sont gonflés avec de l’air chaud, comme dans le plus célèbre des ballons, la montgolfière, du nom de ses inventeurs, les frères Joseph et Etienne de Montgolfier qui en firent la démonstration en septembre 1783 à Versailles. C’est à Jean-François Pilâtre de Rozier que l’on doit ensuite le premier vol humain en décembre 1783. La montgolfière utilise le principe d’Archimède et est gonflée par un feu de paille et de laine qui est disposé sous l’orifice situé à sa base. Le règne des machines aérostatiques est ouvert et les perfectionnements s’enchaînent rapidement. Ce principe des ballons était connu des Chinois : ils avaient coutume de faire voler des lanternes célestes, de petits ballons en papier gonflés à l'air chaud. Avant les frères Montgolfier, d’autres personnages dont Bartolomeu de Gusmão, Francesco Lana de Terzi, Joseph Galien ont illustré ce principe.
On peut remplacer l’air chaud par d’autres gaz plus légers (moins denses) que l’air comme l’hydrogène utilisé par Jacques Charles pour son ballon en décembre 1783. On peut aussi utiliser de l’hélium, de l’azote, du méthane ou du monoxyde de carbone, tous plus légers que l’air. La nacelle et le ballon sont munis d’équipements lui permettant de se diriger, là où l’aérostier (ou aéronaute) souhaite l’amener ; un parachute peut être installé entre la nacelle et le ballon pour pallier la crevaison du ballon ou faire office de parachute à l’aérostier sans la nacelle.

Les ballons captifs puis autonomes ou libres vont connaître le succès public en émerveillant les foules dans  les fêtes populaires, mais sont aussi les victimes de nombreux accidents aériens. Pourtant le rêve se réalise et se répand déjà d’aller conquérir les cieux au-delà de la Terre, à commencer par la Lune. Rapidement les ballons deviennent des instruments militaires très efficaces pour observer des positions ennemies, lancer des bombes, transporter des troupes ou du ravitaillement, et même à ses débuts effrayer l'ennemi qui croit à des armes magiques et à de la sorcellerie. Les ballons peuvent aussi servir d’instruments scientifiques comme les ballons météorologiques ou stratosphériques ; le premier ballon sonde est envoyé dans les cieux le 17 septembre 1892. 

La montgolfière (air chaud) et les autres ballons à gaz différents de l’air évoluent au XIXème siècle avec des variations de taille et de forme. On passe du ballon sphérique au ballon allongé comme un cigare et qui devient dirigeable avec des moteurs, comme son plus célèbre représentant en 1900 le Zeppelin.

A la fin du XIXème siècle et au début du XXème siècle, la conquête du ciel s’intensifie avec l’avènement de l’aviation qui met fin à l’ère des Zeppelins. Les avions sont des machines plus lourdes que l’air, c’est-à-dire sans ballons. Les avions sont munis d’ailes et de moteurs leur permettant de compenser cette différence de poids et d’éviter de tomber après le décollage. Avec le premier vol des frères Wright aux Etats-Unis en 1903, nait une course de l’intelligence et de la création d’aéroplanes de plus en plus performants destinés à des activités militaires, d’observations scientifiques ou géographiques.

Cette compétition permet à l’homme, dès la fin des années 1920, d’envisager la navigation intersidérale. Des rapides avancées dues aux deux guerres mondiales jusqu’aux jets et supersoniques, l’avion à hélice puis à réacteur permet à l’humanité de vaincre les distances et l’altitude, de défier les oiseaux dans leur domaine céleste et de regarder désormais plus haut vers l’univers, conscient que de là dépendra peut-être sa survie.

Dans la deuxième moitié du XXème siècle, l’aviation permet de nouveaux exploits fantastiques. L’astronautique naît avec ses intérêts militaires ou scientifiques pour l’observation de la Terre, de la Lune, du soleil et des planètes du système solaire, puis des exoplanètes plus lointaines. Les fusées spatiales, issues du développement des fusées V2 puis V1 allemands durant la Seconde guerre mondiale, peuvent lancer des engins extra-terrestres permettant à l’homme d’explorer à distance les galaxies et d’aller jeter un œil émerveillé jusqu’aux confins de l’univers et de son imagination avide et inassouvie.
Nous envoyons là-haut des sondes spatiales dont Pioneer 10 et 11 porteuses d’un message terrien aux «peuples» de l’espace, des robots spatiaux se posant sur des astéroïdes, des comètes ou des planètes, des satellites ou télescopes spatiaux pour étudier les astres de plus en plus éloignés de nous, afin de découvrir de nouvelles planètes potentiellement habitables. Les programmes de production d’engins militaires, avions, fusées, missiles, satellites espions se développent rapidement.
A la suite de Yuri Gagarine, premier homme à effect uer un tour de la Terre en orbite en 1961, les cosmonautes de toutes nationalités se lancent dans l’aventure spatiale à bord de capsules. La fusée emmène l’homme jusque sur la Lune en juillet 1969. Depuis 1972 et l’arrêt du programme lunaire américain Apollo, trop coûteux, l’être humain se cantonne à tourner autour de la Terre dans des stations orbitales ou des navettes spatiales. Néanmoins, l’aventure de l’astronautique continue au-delà de l’atmosphère terrestre grâce aux engins spatiaux.
 

En un peu plus de deux cent ans, le génie humain, avec son inventivité, a réussi à développer non seulement les ballons, dirigeables, avions, hydravion ou hydraéroplane et autres planeurs, mais aussi l’hélicoptère ou des hybrides comme l’avion-hélicoptère pour le vol vertical, des ailes volantes, des cerfs-volants militaires et scientifiques ou des orthoptères ; citons encore des engins plus près du corps avec ou sans moteurs comme l’U.L.M., le deltaplane, le parapente ou le wingsuit réplique de «l’homme oiseau» de 1936.  
De la bicyclette volante d’Abbins, jusqu’aux engins spatiaux pour l’exploration interstellaire, en passant par la toupie aérienne de Nangazaki ou la voiture volante, l’homme, ce «fou-volant», ce casse-cou intrépide, courageux et téméraire, prend son envol, quitte le sol de la Terre, se confronte aux vents puis au «vide» des immensités stellaires. Toujours plus haut, plus vite, plus fort, pour se mesurer à ses propres limites physiques et intellectuelles.   

Depuis leur invention, l’aéronautique et l’astronautique apparaissent dans nombre de supports et d’activités artistiques et culturelles : expositions, livres documentaires ou histoires pour enfants, contes futuristes ou philosophiques, bandes dessinées, photographies, dessins ou peintures, cirque, affiches de publicité, partitions de musique, etc. Mais c’est la littérature et le cinéma imaginaire, ceux du merveilleux scientifique, du fantastique, de l’anticipation et de la science-fiction qui permettent à l’être humain de dépasser sa position terrienne et de se créer des univers au-delà de l’univers connu, en attendant d’aller explorer les étoiles par lui-même, ce qui n’est probablement qu’une question de temps.
Explorons nous aussi les côtés de l’imaginaire, de ce merveilleux fantastique qui foisonne et entraine les hommes volants au-delà du réel et au pays des merveilles. Là aussi les engins volants sont pléthoriques. Citons pêle-mêle le balai magique associé à la sorcellerie et aux diableries ou bien le tapis et autre coffre volant des contes, le parapluie de Mary Poppins, les engins volants de Gaston Lagaffe ou de Léonard, deux fantasques inventeurs dans les bandes dessinées, les vaisseaux spatiaux de toutes formes dans les romans et au cinéma ; ou bien encore le Vimana, « char des dieux » chez les hindous ; sans oublier les fameux O.V.N.I. et autres soucoupes volantes qui nous viendraient de civilisations extra-terrestres (pacifiques ou hostiles ?) et qui accompagnent l’homme dans ses envies d’ailleurs ou de coloniser d’autres planètes.

Par les engins volants qu’il crée, l’homme prouve sa soif toujours vivante de découvertes, alliant la fantaisie au rêve, pour construire la réalité et aboutir à des inventions qui l’emmèneront de la Terre aux étoiles qui brillent dans ses yeux, ou bien le ramèneront les pieds sur Terre pour mieux repartir tout là-haut. Car rien ne peut arrêter le regard de l’homme vers le ciel, vers l’infini et l’éternité.
 

Ajouter un commentaire

Plain text

  • Aucune balise HTML autorisée.
  • Les adresses de pages web et de courriels sont transformées en liens automatiquement.
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.