Sports et techniques
A l'occasion de l'ouverture des Jeux Olympiques de Tokyo, Gallica explore quelques exemples illustrant le lien entre sport et technique. Les équipements sportifs, le matériel ou les vêtements ont ainsi bénéficié des avancées réalisées dans les domaines de la chimie ou du génie des matériaux.
Chaussures de sport : tennis et baskets
La paire de chaussure de sport est l’élément le plus emblématique de la tenue sportive. Le cuir reste le matériau le plus utilisé pour la fabrication des chaussures qui peuvent se spécialiser selon le sport pratiqué, par exemple par l'ajout de crampons dans le football.
Informations sociales : bulletin mensuel à l'usage des services sociaux. 1971
Les tennis proprement dites sont des chaussures de toile à semelles de caoutchouc qui résultent d'une avancée technologique importante : la vulcanisation du caoutchouc. L'usage du caoutchouc pour des semelles remonte au milieu du XIXe siècle. Le produit est remarqué à l'Exposition universelle de 1867. Les semelles de caoutchouc doivent selon les observateurs "dans un avenir très prochain, remplacer les semelles de cuir." Au tournant du XXe siècle, elles se sont déjà invitées dans la tenue du joueur de tennis. Voici comment Henry Claremont décrit l'équipement idéal d'un tennisman en 1910 dans "Le Livre des sports athlétiques et des jeux de plein air".
Nous recommandons un costume léger et simple : pantalon de flanelle blanche, chemise cellulaire ou de flanelle très légère blanche, col souple, chapeau très léger en toile ou feutre blanc, pas de bretelles, une ceinture. Les souliers doivent être légers, soit en daim, soit en toile, blancs ou gris clair à semelles en caoutchouc épaisses et lisses.
La chaussure de tennis, moins chère, conquiert un plus large public, concurrençant l'industrie du cuir qui communique sur ses inconvénients, comme l'humidité des pieds. On trouve ainsi des modèles pour sportifs amateurs dans le catalogue de la Manufacture française d'armes et cycles de Saint-Etienne en 1910 dont un modèle en double semelle "cuir et caoutchouc rouge".
Basket-ball : organe officiel de la Fédération française de basket-ball. octobre 1959
Les baskets, qui se caractérisent également par une semelle de caoutchouc, remontent à la Première guerre mondiale. C'est la société United States Rubber Company qui lance la marque Keds à partir de 1917. Surnommées "sneakers", ces chaussures de sport sont connues en France sous le nom de "baskets", associées au sport dans lequel elles sont particulièrement représentées. L’annonce parue dans le journal l’Athlétisme en 1928 énumérant les éléments de la tenue de basketteur - dont des bottines Keds- en témoigne.
Les mutations de la raquette et de la perche
La raquette et la perche ont comme point commun le passage du bois à la fibre de verre.
Les planches de l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert détaillent la fabrication des raquettes utilisées pour le jeu de Paume, l'ancêtre du tennis. Les cadres de raquette sont "en bois de saule, collés, nervés, recouverts de parchemin", précise François-Alexandre-Pierre de Garsault dans l' Art du paumier-raquetier et de la paume. D'autres bois blancs comme le frêne ou le tilleul sont également utilisés grâce à la mise au point de colles plus résistantes. Le bois reste le materiau privilégié jusqu'au milieu du XXe siècle avant l'arrivée du métal et de la fibre de verre. Les cordes sont faites avec des nerfs de boeuf, des boyaux de chat ou de mouton puis avec des fils synthétiques, notemment du nylon.
François-Alexandre-Pierre de Garsault, Art du paumier-raquetier et de la paume. 1767
La perche est également en bois : frêne, sapin ou châtaignier puis en bambou à partir de 1900. Les premières perches métalliques sont en aluminum et en 1948 la perche suédoise en acier s'impose.
Si la fibre de verre est travaillée depuis la fin du XIXe siècle, sa fabrication industrielle pendant la Première guerre mondiale naît "de la nécessisité de trouver, pour fabriquer divers isolants, un succédané de l'amiante", ainsi que le rappelle le Génie civil. Le nouveau matériau conquiert alors de nouveaux secteurs dont celui du sport. En 1962, les premières perches en fibre de verre font leur apparition mais c'est aux Jeux olympiques de 1968 que les perches en fibre de verre sont pour la première fois autorisées. Le passage d'un matériau à un autre a des conséquences directes en améliorant les records de saut : l'arrivée de la fibre de verre a permis de dépasser les 5 mètres de hauteur.
La Vie au grand air : revue illustrée de tous les sports. 1905
Sur le sol : linoléum et tartan
Les équipements sportifs se modifient en intégrant les innovations technologiques. Les sols des gymnases et les pistes d'athlétisme témoignent ainsi des progrès des matériaux. Le linoléum fabriqué en 1863 par l'Écossais Frederick Walton commence par exemple à équiper les salles d'armes au XIXe siècle. Plus hygiénique et facile d'entretien en l'absence de joints, moins cher que le parquet, le revêtement élaboré à base d’huile de lin oxydée par de l'acétate de plomb s'impose dans les établissements sportifs. L'épaisseur importante du revêtement (4mm à 7mm) permet d'amortir les chocs. Parallèlement, le linoléum équipe aussi les écoles, les hôpitaux et les intérieurs des maisons.
La Pose et l'entretien du linoléum à la portée de tous. 1936
Les pistes d'athlétisme sont faites de sable avant la mise au point, dans les années 1950, d'un matériau absorbeur de choc, conçu à l'origine pour les courses de chevaux : le tartan. Il s'agit d'un agglomérat en résine synthétique de polyuréthane, d'amiante (puis de caoutchouc) qui se fait connaître aux jeux Olympiques de Mexico en 1968. Dès les années 1970, le revêtement se diffuse en France. Les nouvelles pistes construites le sont en tartan à l'instar du stade tchèque de Strahov en 1978 qui accueille les championnats d'Europe d'athlétisme.
De nombreuses autres inventions ont aussi marqué les sports : l'élasthanne pour les maillots de bain, le gazon synthétique des stades ou les matériaux légers et résistants des coques de bateaux ou des cadres monoblocs en carbone des vélos.
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