Le Blog
Gallica
La Bibliothèque numérique
de la BnF et de ses partenaires

Jean Rouch, son et images en famille

0
22 septembre 2017

A l'occasion de l'exposition "Jean Rouch, l'Homme-Cinéma", inaugurée le 26 septembre à la BnF, le blog vous emmène sur les traces de l'enfant du Pourquoi-Pas. Jean Rouch n’est pas devenu cinéaste-ethnologue par hasard. S’il aime les histoires d’hommes et sait les faire partager, c’est, en partie, parce qu’il a grandi dans une ambiance particulière.

Jean Rouch, L'Homme-Cinéma.

L’enfant du pourquoi-pas ?

 Jean Rouch disait souvent "Je suis l’enfant du Pourquoi pas ?". Il est, en effet, le fils de Jules Rouch et de Luce Gain, la sœur de Louis Gain. Jules et Louis ont embarqué ensemble, en 1908, à bord du Pourquoi pas ? du commandant Charcot pour une expédition en Antarctique. A bord, les hommes se complètent. Louis, le naturaliste de l’expédition, passe beaucoup de temps à dessiner et photographier. Il va même filmer l’Antarctique avec Albert Sennouque. C’est le premier film jamais réalisé sur l’antarctique. Il a été numérisé par le CNC. Jules, le météorologue, utilise ses talents de conteur pour distraire ses compagnons le soir. 

Les valeurs républicaines et le goût des sciences

Si les deux familles, Gain et Rouch, partagent un même goût pour les explorations scientifiques, elles se sont aussi construites sur les même valeurs républicaines. Les pères de Jules Rouch et de Luce Gain, Clément Rouch et Désiré Gain, orphelins très jeunes, sont d’origine modeste. Ils tiennent cependant à ce que leurs fils fassent des études et entrent dans la fonction publique pour servir la France afin de devenir des exemples de promotion républicaine. La voie choisie est celle des sciences. Côté Rouch comme côté Gain, on a le sens du détail et de la précision scientifique, tout en étant ouvert à l’innovation.

L’art de raconter, côté Rouch

Jules Rouch est devenu officier de Marine. Il se passionne pour la météorologie et se distingue pendant la première guerre mondiale en mettant au point une méthode permettant de prendre en compte les paramètres météorologiques afin de mieux ajuster les tirs d’artillerie. Il est nommé chef du service météorologique aux armées en novembre 1916 et côtoie des as de l’aviation comme Guynemer. Il publie de nombreux cours et manuels. Passionné de voyages, il est aussi l’auteur, après la guerre, sous le pseudonyme de Clément Alzonne, de guides sur l’Algérie, la Corse… ainsi que de récits d’aventures polaires qui ont enchanté plusieurs générations d’adolescents. Après une brillante carrière dans la marine, il devient directeur du Musée océanographique de Monaco.

L’image, côté Gain

Gustave Gain, l’aîné de la famille Gain, est docteur es sciences. Sa thèse sur l’acide hypovanadique, publiée en 1908 et conservée par la BnF, a fait l’objet de deux communications à l’Académie des sciences en 1907. Il devient professeur au Muséum d’Histoire naturelle. Mais Gustave est passionné de photographie, et c’est dans ce domaine qu’il laisse sa trace. Il fait partager cet engouement à toute la famille. Jean Rouch lui a rendu hommage, en disant qu’il est celui qui lui a appris à "voir".

Louis Gain entame une carrière au Muséum, où il passe son doctorat. En 1917, il devient officier météorologiste. A la fin de la guerre, il choisit de rester météorologue et participe à plusieurs expéditions en arctique, notamment pour préparer l’année polaire. Il est nommé directeur adjoint de l’Office national de la Météorologie en 1934. Comme Gustave, il a laissé de superbes photos et des films qui font encore référence.

Gustave Gain a deux fils, Pierre et André, qui sont les cousins de Jean. Pierre choisit une voie classique en entrant à l’Institut national agronomique. André, plus artiste, entre au Ministère de la Marine comme rédacteur. Comme son père et ses oncles, il part vers des terres lointaines : en Polynésie ! Son livre sur ce voyage initiatique, publié à titre posthume en 1941, obtient le prix de prose de l’Académie française.

 

Marie-Hélène Pépin

 

Informations pratiques :

Jean Rouch, l’Homme-Cinéma, à la Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, Galerie des donateurs et allée Julien Cain, du 26 septembre 2017 au 26 novembre 2017.

Ouvert du mardi au samedi de 10h à 19h, dimanche de 13h à 19h. Fermé lundi et jours fériés.

Entrée libre

Ajouter un commentaire

Plain text

  • Aucune balise HTML autorisée.
  • Les adresses de pages web et de courriels sont transformées en liens automatiquement.
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.