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Vainqueurs français du marathon olympique

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Le 10 août 2024, l’Éthiopien Tamirat Tola a remporté le marathon des Jeux olympiques de Paris. Cette course, longue de 42,195 km, clôt traditionnellement les compétitions d’athlétisme. Mais connaissez-vous son origine ? Et savez-vous que trois Français ont inscrit leur nom au palmarès olympique ?

La course de Marathon, Le Petit journal illustré : supplément du dimanche, 2 août 1896

L’invention d’une épreuve

Le 6 avril 1896, l’ouverture des premiers Jeux olympiques de l’ère moderne, à Athènes, est proclamée par le roi Georges de Grèce. Elle concrétise le projet du baron Pierre de Coubertin de rénover les Jeux autrefois disputés à Olympie, dont il fait un rendez-vous sportif international.

Jeux olympiques à Athènes (1896) : le Français Masson vainqueur de l'épreuve cycliste, Le Petit journal : supplément du dimanche, 26 avril 1896

En athlétisme, une épreuve est inventée pour l’occasion : le marathon. Comme le relate Coubertin dans ses Mémoires olympiques, c’est l’helléniste Michel Bréal, membre de l’Institut, qui en a eu l'idée.

Michel Bréal (1832-1915), photographie Truchelut & Valkman (Paris), 1883

La proposition de Michel Bréal est d’organiser une course de 40 km commémorant l’exploit légendaire du coureur Philippidès, en 490 avant J.-C. Celui-ci parcourut d’une seule traite la distance entre Marathon et Athènes, afin d’annoncer à ses concitoyens la victoire des Grecs sur les Perses. Sitôt son annonce faite, il mourut d’épuisement.

Bien que jugeant quelque peu déraisonnable une course aussi longue, Coubertin en approuve l’idée et l’épreuve est considérée par la presse de l’époque comme un des moments mémorables des Jeux d’Athènes. Le succès est complet, puisque la victoire revient à un berger grec, du nom de Spiridon Louys.

Compte rendu du premier marathon olympique, Le Figaro, 12 avril 1896

L'arrivée de S. Louys au stade, le jour de la course de marathon.
Coubertin, Pierre de ; Philémon, Timoléon ; Polítīs, Nikólaos G… [et al.], Les Jeux olympiques, 776 av. J.-C.-1896. 2e partie, Les jeux olympiques de 1896, 1896

Le marathon est né. Dès 1896, des courses de cette distance commencent à être organisées, aussi bien pour les amateurs que pour les professionnels.

1900 : première victoire française (ou pas)

Après le succès des Jeux d’Athènes, Paris accueille les Jeux de la IIe olympiade. Pierre de Coubertin souhaitait en effet ne pas laisser l’exclusivité des Jeux à la Grèce et en confier l’organisation aux grandes villes du monde, afin d’en souligner le caractère universel.

Malheureusement, le baron est contraint de coupler l’organisation des Jeux avec celle de l’exposition universelle, prévue la même année, et se heurte à de nombreuses difficultés.

Plan de l'exposition universelle de 1900

Étirés sur cinq mois, entre mai et octobre, les Jeux n’attirent qu’une faible part du public nombreux de l’exposition. La qualification « olympique » des épreuves est absente, omise par la presse, ignorée du public, voire des athlètes eux-mêmes.

Compte rendu des épreuves d'athlétisme des Jeux de Paris 1900 dans L'Illustré parisien, 26 juillet 1900. La mention « olympique » n'y figure pas.

Le départ du deuxième marathon olympique de l’histoire est donné le 20 juillet 1900 à 14h30. Il fait un temps caniculaire (35°) lorsque quatorze à dix-neuf participants (selon les sources) s’élancent dans la « course des fortifs », ainsi nommée parce que le parcours consiste à faire le tour de Paris par les boulevards extérieurs, parallèles aux fortifications. Le départ et l’arrivée se font sur la piste du Racing club de France, dans le bois de Boulogne.

 Les sports à l'Exposition : championnats du monde d'athlétisme, amateurs. Photographie sportive, Jules Beau, 1900

Comme dans le cas des autres épreuves, l’organisation est quelque peu improvisée puisque les organisateurs n’ont pas pris la peine d’arrêter la circulation !

Un coureur du marathon passant sur le boulevard Victor, La Vie au grand air : revue illustrée de tous les sports, 29 juillet 1900

C’est le Français Michel Théato, licencié au club sportif de Saint-Mandé, qui s’impose dans le temps – plutôt modeste – de 2h59'45''.

Michel Théato, gagnant de la course de marathon amateur, La Vie au grand air : revue illustrée de tous les sports, 29 juillet 1900

Théato apporte à la France sa première médaille d’or en athlétisme dans l’histoire des Jeux olympiques. Dès le début du XXe siècle, il est pourtant connu qu'il était luxembourgeois et que, par conséquent, cette médaille d'or pouvait revenir à son pays d'origine. Sur son site, le Comité international olympique attribue pourtant sa victoire à la France, Théato concourant alors sous les couleurs d’un club sportif français.

1928 : l’épopée de Boughera El Ouafi

En 1928, les Jeux olympiques sont organisés à Amsterdam. Pour la première fois, une flamme a été allumée dans le stade le temps des compétitions, symbolisant les valeurs de l’olympisme et le lien avec les Jeux antiques.

Affiche des Jeux de la IXe olympiade, Amsterdam 1928, photographie Agence Rol

L’organisation de l’épreuve du marathon a bien changé depuis 1900 : la course se dispute désormais sur une distance fixée à 42,195 km. Le départ et l'arrivée se font dans le stade olympique.

Le stade olympique d'Amsterdam, photographie Agence Rol, 1928

Il fait un temps doux, idéal pour une course de fond, lorsque, le 5 aout 1928, les coureurs du marathon s’élancent. Parmi eux figure le Français Boughera El Ouafi. Originaire d'Algérie, ouvrier des usines Renault et licencié au club de Billancourt, il ne fait pas partie des favoris de la course.

El Ouafi (portrait), photographie Agence Meurisse, 1928

Il a pourtant obtenu quelques résultats notables. Sélectionné aux Jeux olympiques de Paris en 1924, il a pris la septième place du marathon.

13 juillet 1924, marathon olympique, El Ouafi (France), photographie Agence Rol, 1924

Le 8 juillet 1928, un mois avant la course d'Amsterdam, il remporte la course Paris Melun organisée par le quotidien Le Journal, qui constitue une épreuve préolympique.

Charenton, 8 juillet 1928, marathon préolympique Paris-Melun, El Ouafi, photographie Agence Rol

Le jour de l'épreuve olympique, au terme d’une course menée au train, il dépasse progressivement ses adversaires japonais, britanniques et finlandais, avant de se défaire du Chilien Plaza qui l’a rejoint à quelques kilomètres de l’arrivée. A son entrée dans le stade, il est accueilli par la clameur des spectateurs. Le clan français célèbre cette victoire inattendue.

Match : l'intran : le plus grand hebdomadaire sportif, 7 août 1928

Après ce succès, les lendemains sont difficiles pour le champion, qui sombre dans l'oubli. Vingt-huit ans plus tard, sa victoire est remise en lumière par celle d'un autre Français, lui aussi d'origine algérienne, Alain Mimoun.

El Ouafi, 12 août 1928, stade de Colombes, photographie Agence Rol

1956 : le sacre d'Alain Mimoun

Né Mimoun Okacha dans un village de l'Oranie, Alain Mimoun découvre la course à pied pendant son service militaire. Il obtient rapidement des résultats prometteurs en Algérie, notamment en cross. La guerre interrompt cependant sa progression. Mobilisé, il participe à la campagne d'Italie et à la bataille de Monte Cassino, où il est blessé à la cheville. Il parvient de peu à éviter l'amputation.

En 1947, il réalise son premier doublé 5 000 m-10 000 m aux championnats de France. Cette même année, il rencontre pour la première fois, à Prague, le coureur tchèque Emil Zátopek, qui deviendra son grand rival.

Il obtient sa première médaille olympique, l'argent sur le 10 000 m, aux Jeux de Londres en 1948, devancé par la « locomotive tchèque ».

En 1952, aux Jeux olympiques d'Helsinki, Mimoun est de nouveau médaillé d'argent, au 5 000 m et au 10 000 m, derrière l'irrésistible Zátopek.

L'Équipe, 21 juillet 1952

Emil Zátopek (à gauche) et Alain Mimoun (à droite), L'Équipe, 21 juillet 1952

L'Équipe, 25 juillet 1952

Bien que concurrents sur la piste, les deux hommes ont beaucoup d'estime l'un pour l'autre.

Emil Zátopek et Alain Mimoun à l'issue de la course du 10 000 m des Jeux olympiques d'Helsinki, L'Équipe, 25 juillet 1952

Le 1er décembre 1956, aux Jeux de Melbourne, après avoir échoué sur 5 000 et 10 000 m, Alain Mimoun dispute le marathon. C'est la première fois qu'il s'aligne sur cette distance aux Jeux olympiques. Avec le dossard n°13, il s'impose et remporte, enfin, une médaille d'or olympique. C'est le couronnement de sa carrière. Son ami et rival Emil Zátopek est le premier à le féliciter.

Alain Mimoun champion olympique, L'Athlétisme : organe officiel de la Fédération française d'athlétisme, décembre 1956

Vingt-huit ans après Boughera El Ouafi, qui s'était lui-même imposé vingt-huit ans après Michel Théato, Alain Mimoun devient le troisième – et à ce jour, le dernier – vainqueur français du marathon olympique.

Pour aller plus loin

L'Olympiade Culturelle est une programmation artistique et culturelle pluridisciplinaire qui se déploie de la fin de l’édition des Jeux précédents jusqu’à la fin des Jeux Paralympiques.
La série "Histoire du sport en 52 épisodes" de Gallica s'inscrit dans la programmation officielle de Paris 2024.

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