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Le Mime Marceau : l’art de l’essentiel

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22 mars 2023

« Le mime doit apprendre à se contrôler et donner l’essentiel ». Ainsi s’exprimait Marcel Marceau, né Marcel Mangel le 22 mars 1923 à Strasbourg. Avec son personnage, Bip, il a captivé les spectateurs au-delà des frontières et touché par sa poésie gestuelle toutes les générations.
 

Recueil de photographies de Etienne Bertrand Weill : Portraits de Marcel Marceau en Bip

Celui dont nous commémorons en 2023 le centenaire de la naissance n’hésita pas longtemps entre le métier de comédien et celui de mime. Elève de Charles Dullin, de Jean-Louis Barrault et d’Etienne Decroux, il choisit, à l’instar de ce dernier, et dès les années 40, de « vouer son corps à la discipline du silence ».

Les collections du département des Arts du spectacle témoignent de la richesse et de la magie de l’œuvre de cet artiste exceptionnel : photographies, affiches, tenues et accessoires de scène (costumes, masques), lithographies, dessins[1] et ouvrages dont il fut l’auteur ou qui lui ont été consacrés.
Résistant pendant l’Occupation sous le nom de « Marceau », dès 1947, il fonda sa compagnie au Théâtre de Poche, pour faire connaitre son art à un large public et communiquer sa vision poétique et décalée par la seule puissance du langage corporel.
Dans la lignée de Decroux, rénovateur du genre et créateur du « mime corporel dramatique », Marceau modernisa la technique, introduisit des éléments du Kabuki et du théâtre Nô, s’autorisa à utiliser la musique, exclue des spectacles par son maître, et créa un personnage autour duquel il pouvait bâtir une histoire. C’est ainsi que naquit « Bip[2]», maladroit et lunaire, pour la première fois sur scène le 22 mars 1947.

 

Inspiré de la Commedia dell’arte, de Pierrot et de Charlot, Marceau lui choisit un maquillage blanc et l’habilla d’un chapeau claque fatigué et d’une marinière. Le premier mimodrame s’intitulait : « Bip et la fille des rues ». Il mettait en scène quatre personnages et se joua face à un public connaisseur : Madeleine Renaud, Jean-Louis Barrault, Pierre Brasseur.
Nombre de pantomimes, mimes et monomimes furent crées par la compagnie : Le Manteau d’après Gogol, L'Histoire du soldat d’après Ramuz, Paris qui rit, Paris qui pleure… Marceau y affirma une grammaire gestuelle personnelle mise au service de l’expression de son univers onirique.
Et le succès d’estime fut rapidement suivi d’un engouement populaire et international qui conduisit la troupe à travers l’Europe et outre Atlantique.

Ce furent probablement les Etats-Unis qui donnèrent à l’artiste le statut de « star », car l’esprit moderne de son art contribua à la révolution théâtrale qui eut lieu là-bas dans les années 1950-1960. Sa « Marche contre le vent », appartenant au corpus des « pantomimes de style », sorte d’études sur un thème, a marqué l’esprit de Mickael Jackson enfant et fut à l’origine du célèbre « moonwalk ».
A la séparation de la compagnie, en 1960, Marceau alterna spectacles en solo et en duo avec un autre élève de Decroux, Pierre Verry[3], qui avait rejoint la troupe en 1952. Ils furent complices jusqu’au retrait de la scène de Verry, en 1978.
Cette même année [4], Marceau concrétisa son rêve en créant L’Ecole Internationale de Mimodrame, où jusqu’à sa fermeture en 2005, furent enseignés le mime, l’art dramatique, la danse et l’acrobatie.
 

 

Parallèlement à ses activités pédagogiques, il poursuivit inlassablement spectacles et tournées.  Il se produisit notamment à l’Espace Pierre Cardin avec la Nouvelle compagnie de mimodrame de Marcel Marceau, crée en 1993.
 

Si sa notoriété en France semble avoir été plus confidentielle au cours de la dernière décennie de son existence, Marcel Marceau en réalité ne quitta jamais vraiment les planches[5]. Les reconnaissances officielles furent nombreuses et il demeura l’ambassadeur infatigable de son art jusqu’à sa mort, le 22 septembre 2007.
Des expositions, des articles et des publications d’ouvrages vont émailler cette année de commémoration. Le département des Arts du spectacle a souhaité rendre un hommage à cet immense homme de spectacle, en le faisant mieux connaître grâce à une riche collection de photographies consultable dans Gallica.
 


[1] Il fut élève à l’école des Arts décoratifs de Limoges.
[2] Le nom fut inspiré par le personnage de « Pip » de Dickens, dans « Les Grandes espérances ».
[3] P. Verry donna près de 10 mètres linéaires d’archives concernant sa carrière au département des Arts du spectacle.
[4] Son Ecole internationale de mime, créée en 1969, avait dû fermer en 1971. Pierre Verry en était directeur.
[5] La dernière tournée eut lieu en 2005 en Amérique Latine.

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