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Bicentenaire de l'École des chartes

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Au cœur du deuxième arrondissement, entre la rue Richelieu et la rue Vivienne, un ancien palais princier abrite depuis trois siècles les collections de la Bibliothèque nationale de France. Découvrez l’histoire de ce site à travers des documents méconnus disponibles sur Gallica.

Fac-similés issus du Manuel de paléographie latine et française du VIe au XVIIe siècle par Maurice Prou, directeur de l’École nationale des chartes de 1916 à 1930, Paris, Picard, 1890.

Le 22 février 1821, le roi Louis XVIII signait l’ordonnance qui acta la naissance de l’École nationale des chartes. Cette nouvelle institution devait garantir au royaume de disposer d’historiens paléographes, capables de déchiffrer les vieux documents du passé. En effet, la Révolution avait dissout les congrégations religieuses, parmi lesquelles les mauristes, qui étaient jusqu'alors à la pointe de l'étude des sources écrites de l'histoire. C'est en outre un mauriste, Dom Mabillon, qui au tournant du XVIIIe siècle posa les bases de la diplomatique, science dévolue à l'étude de l'authenticité des textes.
 

 

L’École fut donc, dès ses origines, étroitement liée aux Archives nationales et au département des manuscrits de la Bibliothèque nationale, là où sont conservés les documents écrits historiques originaux, en grande partie issus des confiscations révolutionnaires. Après des débuts timides, l’institution fut confirmée par le nouveau roi, Charles X, en 1829. Le cours élémentaire de paléographie se tint dès lors dans les murs de la Bibliothèque royale, qui devint l’unique siège de l’École.
 

A cette époque, elle se trouve implantée dans les « combles » d’un bâtiment contigu à la galerie Mazarine, qui disparut lors des travaux d’aménagement d’Henri Labrouste dans les décennies qui suivirent. On y accédait par le 10 rue Neuve-des-Petits-Champs.
 

Sur ce dessin, Visconti indique les locaux portant le n° 15 comme étant ceux de l’École. Toutefois, on peut se demander si le plan de l’architecte n’est pas fautif, un étage de comble se trouvant au-dessus de ce niveau, et correspondant davantage aux descriptions des contemporains.
 

C’était « un grenier où l’on étouffait de chaleur l’été, où l’on grelottait de froid l’hiver » et où les sièges n’étaient pas assez nombreux pour les auditeurs. Malgré des conditions précaires, l’École des chartes se développa, accueillant d’éminents professeurs, tel que Jacques-Joseph Champollion-Figeac, frère du célèbre égyptologue, conservateur des Manuscrits et professeur de diplomatique et de paléographie de 1830 à 1848.
 

Après une réforme qui étoffa sa scolarité, l’École déménagea en 1846 aux Archives nationale, dans l’hôtel de Soubise, où son entrée se fit un temps par la porte fortifiée de l’hôtel de Clisson. Vingt ans plus tard, elle changea de locaux au sein des Archives pour rejoindre l’hôtel de Breteuil, avant de quitter finalement la rive droite en 1897, en intégrant les murs de la Sorbonne.
 

 
Conformément à leur formation, les chartistes ont pris une place de premier plan au sein des institutions patrimoniales et dans le domaine de la recherche en histoire dès le milieu du XIXe siècle, avec de grandes figures telles qu'Auguste Molinier ou Jules Quicherat. Avec l'ouverture du concours aux femmes au début du XXe siècle, ces dernières ne tardèrent pas à se distinguer, menant des carrières remarquables à l'instar de Simone de Saint-Exupéry, soeur de l'écrivain, qui œuvra 25 ans comme archiviste en Indochine.
 

Loin de se cantonner à l'histoire, les chartistes s'illustrèrent sur la scène polique, notamment lors de l’Affaire Dreyfus, où l’analyse des preuves manuscrites fut un enjeu du procès. On trouve également d'anciens élèves parmi les écrivains, comme le poète José-Maria de Heredia ou le prix Nobel de littérature François Mauriac, tous deux passés sur les bancs de l'École, bien qu'ils n'aient ni l'un ni l'autre terminé leur scolarité.
 

En 2016, l’École des chartes quitte la Sorbonne et rejoint la rue de Richelieu, tandis que sa bibliothèque intègre le quadrilatère du site historique de la BnF, dans l’aile Petit-Champs, presque à l’endroit où se tenaient ses premiers cours 200 ans plus tôt.
 

Pour aller plus loin :
J.-Ch. Bédague, M. Bubenicek, O. Poncet, L’École nationale des chartes, deux cents ans au service de l’Histoire, Gallimard, Paris, 2020.

 

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