Le Câble transatlantique (2ème partie) : le Great Eastern, des croisières transatlantiques à la pose du câble
Le Great Eastern fut le plus grand paquebot de son époque. Navire au destin singulier, il prit pour nom Leviathan puis très vite fut rebaptisé Great Eastern par la société the Great Ship Company qui le rachète en 1858, après un lancement mouvementé. Paquebot de croisière destiné à rallier l’Australie sans escale, il devient navire câblier, puis termine sa vie comme salle de music-hall et de fête foraine, avant de finir à la casse.
Le Monde illustré du 27 juin 1857
Le monstre impressionne tant Victor Hugo qu’il lui consacre un poème dans La légende des siècles : " Le dernier siècle a vu sur la Tamise / Croître un monstre à qui l’eau sans borne fut promise, […] / Quand il marchait, fumant, grondant, couvert de toile, / Il jetait un tel râle à l’air épouvanté / Que toute l’eau tremblait, et que l’immensité / Comptait parmi ses bruits ce grand frisson sonore "
Lancement du Great Eastern : Le monde illustré, du 14 novembre 1857.
Dès sa construction les problèmes s’accumulent : retards, incendies et décès de trois ouvriers. Le lancement prévu le 3 novembre 1857 devant plus de 100 000 personnes est un fiasco, son poids est tel qu’il ne peut être mis à l’eau. Ce n’est qu’au troisième essai, le 31 janvier 1858, qu’il est mis à flots.
La Mer, par Armand Dubarry,... Paris : Jouvet, 1896.
Conçu par l’ingénieur Isambard Brunel, le Great Eastern mesure 211 mètres de long pour 25 mètres de large et 18 mètres de haut. Grande innovation pour l’époque, il est doté d’une double coque en fer, entièrement rivetée et compartimentée de cloisons étanches. Il est propulsé par deux roues à aubes de 17 mètres actionnées par quatre chaudières équipées de deux cheminées, et par une hélice mue par six chaudières équipées de trois cheminées. Six mats (trois en fer, trois en bois) équipés de voiles complètent cet équipement. 4000 personnes peuvent prendre place à bord.
La houille par Gaston Tissandier,Paris : Hachette, 1869
L’exploitation commerciale du Great Eastern est loin d’être rentable, il ne fera jamais le plein de passagers. Plusieurs traversées sont émaillées d’accidents. Alors qu’il essuie une violente tempête, il perd une roue à aubes. Une autre fois, il heurte un récif près de Long Island.
En 1864 le bateau est affrété par la Telegraph Construction and Maintenance Company (Telcon) qui lui offre une seconde vie et le transforme en navire câblier.
Louis Figuier, Électricité, 1909
Mission qu’il assurera jusqu’en 1874, avec un intermède en 1867 où une compagnie française l’armera pour transporter des visiteurs américains à l’exposition universelle de Paris. Jules Verne fait le récit de cette traversée dans son livre intitulé Une ville flottante.
Le Monde illustré du 10 juin 1866
En 1885, le bâtiment change de mains une nouvelle fois pour servir de lieu d’attractions. Son histoire s’achève en 1890, le long de la Mersey à Liverpool. Dix-huit mois de travail et 200 hommes seront nécessaires pour venir à bout de ce « grand cachalot mort à carcasse de fer » (V. Hugo).
Commentaires
Félicitations
Bonsoir Dominique,
Je tiens à féliciter l'équipe qui oeuvre à Collections pour la fréquence soutenue et le traitement aussi rigoureux que divers des sujets. La concision n'est pas un vain mot, ici.
L'analyste rédacteur de la Direction de l'information légale et administrative (ancien de Papyrus-Opéra) est tout simplement admiratif devant la qualité du texte et des illustrations. Abonné aux filx RSS du blog Gallica et aux actualités de la BNF, je souhaite longue vie à Collections.
Bien cordialement,
Christian Arbelot.
P.S. On attend avec intérêt ton prochain sujet ainsi d'ailleurs que le sujet que traitera Françoise, après la guillotine, les poilus de la Grande guerre et - last but not least - le Canal du Midi.
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