Le siège d’Amiens, dessin à la plume, c. 1597, BnF, Est.
Auteur d’un
ouvrage d’ingénierie militaire, dans lequel il jette les bases de l’architecture militaire du XVII
e siècle dont s’inspirera
Vauban, Errard a déjà fait ses preuves à
Verdun,
Laon et
Sisteron. Pour Amiens, il conçoit une
nouvelle citadelle au Nord de la ville, s’appuyant sur l’ancienne porte Montre-Écu, édifiée en 1390. Le roi autorise la destruction de 200 maisons, d’une église et d’une partie des anciens remparts de
Philippe-Auguste pour permettre l’édification de ce nouveau complexe défensif. L’ancienne porte Montrescu arasée accueille le logis du gouverneur au-dessus de sa voûte.
Illustration extraite du Premier livre des instruments mathematiques mechaniques de J. Errard, Nancy, Jan-Janson, 1584.
Une seconde porte, dénommée « nouvelle porte
Montrescu », avait été aménagée entre 1524 et 1531 sur ordre de
François Ier. Intégrée à la citadelle, son nom lui vient d’une de ses sculptures : un ange pointant du doigt l’Ecu de France. On peut toujours admirer, sculptés en partie haute de ses murs, des
salamandres et les initiales du roi. La qualité architecturale et artistique de la nouvelle porte « Montre-Ecu » conduit à son inscription sur la première
liste des monuments historiques de 1840, tandis que le reste des fortifications ne le seront qu’en 1978.
Plan de la ville et citadelle d’Amiens, par de Fer, 1716.
Le gros des travaux de Jean Errard a lieu entre 1598 et 1610 : Amiens est ainsi dotée d’une
vaste citadelle en forme de pentagone avec cinq bastions, entourée de fossés et d’un chemin couvert. Construite en brique avec des chaînages de pierres saillantes, l’édifice s’inscrit dans les styles Henri IV et Louis XIII.
Citadelle d’Amiens, dessin anonyme, c. 1620.
Après la
Paix des Pyrénées de 1659 qui déporte la frontière du royaume plus au Nord, Amiens perd son intérêt stratégique. De ce fait,
Vauban n’intervient pas sur la citadelle d’Errard, jugée suffisamment fortifiée, mais qui conserve sa garnison.
Entrevue de Louis XIV et de Philippe IV Roi d'Espagne dans l'Isle de la conférence le 6 juin 1660 pour la signature du traité de paix, estampe c. 1660.
Stadtplan von Amiens, carte imprimée sous l’Occupation, 1940.
En 1962, la citadelle, vétuste mais toujours militarisée, accueille 800
harkis et leurs familles. Ce n’est qu’en 1979 que le 51
e régiment d'infanterie motorisé quitte Amiens pour
Compiègne. En 1993, l'armée abandonne le site, qui est racheté par la ville en 1999, laquelle engage la restauration des murailles. Dans les années 2010, un vaste chantier de rénovation et d’aménagement est confié à l’architecte
Renzo Piano pour y implanter une partie de
l'Université de Picardie Jules-Verne. En septembre 2018, 5000 étudiants de lettres, langues, et sciences humaines font leur rentrée dans la citadelle rénovée.
Écolier, Agence Rol, 1912.
Désormais lieu d’enseignement et de recherche, la citadelle d’Amiens est aussi un espace naturel protégé : 4 500 m² de ses souterrains sont classés Zone naturelle d'intérêt écologique, faunistique et floristique en raison de la présence d’une colonie de 70
chauves-souris de l’espèce
murins à oreilles échancrées, qui ont trouvé refuge dans les galeries creusées pour l'exploitation de la craie, et dans les caves de briques.
La Chauve-souris, dessin par Buvée issu des Figures pour l'histoire des quadrupèdes, par M. de Buffon, c. 1760.
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