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Alexandre Blondel, l’œil ouvert sur le passé

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En alliant ses deux passions, Alexandre Blondel, notre Gallicanaute du jour, fait revivre la photographie d’antan. Il nous présente aujourd’hui sa collection d’appareils-photos anciens et nous explique comment Gallica lui permet de les utiliser.

Portrait de reconstituteur travaillant sur Waléran III de Luxembourg, prise dans le donjon de Bours, par Alexandre Blondel

Bonjour, Alexandre Blondel, pouvez-vous nous parler un peu de vous ?

Passionné d’histoire et amoureux d’antiquités depuis ma plus tendre enfance, je me suis rapidement mis à glaner objets et documents tournant autour de mes périodes historiques favorites. Lors de mon master de recherche en histoire, j’ai rédigé deux mémoires sur la guerre de 1870. C’est dans ce cadre que j’ai découvert Gallica et que j’y ai consulté mes premiers ouvrages numérisés. Un jour par hasard j’ai trouvé un vieil appareil à soufflet sur une brocante, un Dehel du début des années 1930. C’est en essayant de le faire marcher que j’ai plongé dans un univers que je ne connaissais absolument pas : la photographie argentique. Je ne maîtrisais absolument pas les bases de la photographie tout court, il a donc fallu que je me plonge dans de vieux manuels pour comprendre comment utiliser ses vieux appareils. Où mieux que Gallica pour trouver ça ?

Le premier appareil de prise de vue de Lumière, photographie de presse, Agence Mondial, Paris, 1932

Comment utilisez-vous Gallica pour vos recherches ?

Gallica me sert dans plusieurs aspects de ma production actuelle. Tout d’abord, les catalogues, tel le fameux Manufrance me permettent de découvrir tout le matériel de l’époque, des appareils aux déclencheurs en passant par tous les ustensiles de développement. C’est une source précieuse pour identifier le matériel.

D’un point de vue purement technique je me réfère aux manuels de photographie datant du 19e et du début du 20e. Les gestes y sont décrits, les problématiques techniques de l’époque également. Avec cette base, je peux emmener les appareils décrits dans ses pages sur le terrain, et m’en servir en appliquant conseils et consignes de l’époque. En vérité je ne suis pas un collectionneur, je possède une cinquantaine d’appareils, mais je mets un point d’honneur à m’en servir. En emmenant une chambre photographique (un type de matériel photographique donnant des négatifs de grand format, à cette époque on considère en général que la chambre commence au 9x12cm [parfois appelé quart de plaque dans les manuels]). des années 1910 sur un champ de bataille de la Grande Guerre ou une jumelle photographique des années 1890 dans un coron minier, je retrouve des sensations et des gestes qui n’ont pas été appliqués depuis des décennies. J’aime l’idée de donner une nouvelle jeunesse à ses boîtiers qui auraient fini par prendre la poussière dans les vitrines d’un collectionneur ou les caisses d’un musée.

Catalogues, Manufacture française d'armes et cycles de Saint-Etienne, 1914

Enfin, Gallica me permet de reproduire divers éléments pour recréer des scènes du passé. Grâce aux manuels de tailleurs, il m’a été possible de reproduire des tenues d’époque. Je pense notamment aux règlements militaires qui m’ont bien aidé pour coudre ma tenue de photographe de la Section Photographique des Armées, en 1915.

Une anecdote au sujet d'un document découvert dans Gallica ?

En parcourant les différents manuels de photographie, j’en ai découvert un qui se distinguait des autres : La Photographie amusante, de messieurs Ogonowski et Violette. Cet ouvrage de 1894 décrit différents procédés de trucages, et notamment ceux autour de la photographie spirite. Cette pratique consistant à tenter de fixer les esprits sur l’émulsion photographique était prise très au sérieux à l’époque. De nombreuses recherches ont été menées. Or cet ouvrage démontre entre autres trucages comment en réaliser, bien avant l’arrivée des logiciels de retouches. Ce document m’a particulièrement inspiré pour réaliser mes propres photographies spirites.

La Photographie amusante, MM. Cte E. Ogonowski,... Violette, Société générale d'éditions, Paris, 1894

Un document Gallica fétiche à recommander ?

Sans hésiter celui que dont je me sers le plus régulièrement pour bien m’en imprégner : Le Petit Manuel du photographe portraitiste  par Jules Carteron. Ce petit livret d’à peine une trentaine de pages dresse la liste des règles de base permettant la réalisation d’un « bon » portrait à la fin du 19e siècle. C’est en le lisant attentivement et en le comparant à de nombreux portraits que j’ai pu commencer à comprendre pourquoi je les trouvais si harmonieux. En réalité, rien n’est laissé au hasard, même si chaque photographe vient apporter sa patte. En le lisant, on comprend que le portrait est avant tout une représentation sociale, avant d’être une représentation fidèle du modèle. Depuis, j’œuvre à mettre en pratique ses conseils, en le comparant à d’autres sources présentes sur le site. Grâce à ce document, je peux proposer aux gens des portraits aux plus proches de la vision de l’époque, aussi bien sur le plan technique qu’artistique.

Le mot de la fin ?

Photographier avec un appareil centenaire, c’est ouvrir dans le présent une fenêtre vers le passé.

Retrouvez Alexandre Blondel sur Instagram ou sur son site internet Blondel Photographies

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