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L'histoire de l'éducation des femmes

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Ce billet revient sur plusieurs publications de la fin du XIXème siècle dues à trois acteurs de l'École républicaine (Octave Gréard, Paul Rousselot et Charles Drouard) et consacrées à l'éducation féminine : L'éducation des femmes par les femmesLa pédagogie féminine extraite des principaux écrivains qui ont traité de l'éducation des femmes depuis le XVIesHistoire de l'éducation des femmes en FranceLes écoles de filles : féminisme et éducation.

"À l'hôtel de Ville : les examens de jeunes filles". Le Petit journal. Supplément du dimanche. Dimanche 28 juillet 1895. N° 245 (ill. de couverture), détail

Publié pour la 1ère fois en 1887 chez Hachette (un éditeur scolaire) et peut-être destiné aux jeunes filles, L'éducation des femmes par les femmes : études et portraits, après une longue préface consacrée à la marquise de Sévigné, examine le parcours, les écrits et l'influence de quelques figures féminines qui ont écrit ou oeuvré en faveur de l'éducation des femmes : Madame de Maintenon, la marquise de Lambert, la marquise d'Épinay, Suzanne Necker, et Madame Roland. L'ouvrage présente également leurs modèles et sources d'inspiration masculines : l'abbé Fénélon et son traité De l'éducation des filles  pour ce qui concerne Mme de Maintenon et Mme de Lambert et Jean-Jacques Rousseau et son  Émile (en l'occurrence Sophie) pour les suivantes.
Par leurs écrits, leur influence dans la société (les salons) ou leur pratique d'éducatrices, ces femmes ont favorisé et encouragé l'accès au savoir et à la connaissance pour les filles de l'élite. Cette éducation, intellectuelle mais également spirituelle et morale, destinée à de futures épouses et mères (premières éducatrices de leurs enfants) privilégie le cadre familial et la sphère privée, domaines où s'exerce l'influence des femmes. L'action de Mme de Maintenon occupe une part majeure de l'ouvrage. Homme du XIXème siècle, Octave Gréard partage encore nombre de ses idées sur les principes, objectifs et contenus de l'éducation féminine et le rôle maternel et conjugal dévolu aux femmes. Si la loi Camille Sée crée en 1880 un système d'enseignement secondaire public destiné aux jeunes filles, il reste dans l'esprit de ses initiateurs un enseignement typiquement féminin au contenu adapté, plus court que l'enseignement masculin et ne donnant pas accès au baccalauréat.

Publié en 1881, destiné aux institutrices (le livre est publié dans une collection s'adressant aux enseignants), l'ouvrage de Paul Rousselot, La pédagogie féminine extraite des principaux écrivains qui ont traité de l'éducation des femmes depuis le XVIe siècle, présente et commente des auteurs et textes relatifs à l'éducation féminine depuis le XVIème jusqu'au XIXème. Après une 1ère partie chronologique, l'auteur développe son propos en abordant plusieurs questions relatives à l'éducation féminine, ses principes et finalités (spécificités de la "nature féminine", rôle des femmes dans la sphère privée) , à l'éducation physique (activités et exercices bénéfiques à la bonne santé des jeunes filles), intellectuelle (l'instruction et la connaissance) et morale (principes, valeurs). Outre les personnalités évoquées par Octave Gréard, Paul Rousselot cite aussi Jeanne-Marie Leprince de Beaumont , Mme de Genlis, Albertine-Adrienne Necker de Saussure, Mme Campan, Elisabeth Hamilton, la comtesse de Rémusat, ainsi que Charles Rollin, Félix Dupanloud ou le marquis de Condorcet . En 1883, Paul Rousselot publie également un ouvrage en deux volumes consacré à l'histoire de l'éducation des femmes en France.

Paru en 1904, l'ouvrage de Charles Drouard,  Les écoles de filles : féminisme et éducation, est également destiné aux institutrices. Après un court rappel historique et une présentation du contexte international en ce début du XXème siècle, l'auteur précise le contexte législatif et réglementaire français de son époque. La deuxième partie, sous le titre "Féminisme", revient sur l'évolution de la position des femmes dans la société ; il y évoque le travail salarié des femmes, le droit de vote, le mariage et la famille. Les autres chapitres abordent les différentes questions qu'une institutrice doit connaître : organisation et  contenus de l'enseignement à donner aux filles, règles d'hygiène, d'alimentation et de vie saine, programmes et sujets à traiter, principes et valeurs à transmettre aux élèves : éducation morale et règles de comportement (modestie, altruisme, modération...). Il termine son ouvrage avec des chapitres consacrés aux crèches et écoles maternelles ("avant l'école") et à l'enseignement post primaire ("après l'école").

Les trois auteurs ont chacun, à des degrés divers, participé à l'administration scolaire de la IIIème République. Enseignant, puis inspecteur d'Académie (nommé par Victor Duruy), chargé de l'enseignement primaire du département de la Seine, vice-recteur de l'Académie de Paris, collaborateur de Ferdinand Buisson, académicien, Octave Gréard fut l'un des acteurs majeurs de l'administration de l'instruction publique de la IIIème République. Auteur prolixe, il a également publié dans une collection dédiée (la "Bibliothèque des dames") une édition du traité de l'abbé Fénelon qu'il accompagne d'une longue introduction ; il a également édité un choix de textes de Madame de Maintenon ainsi que l'ouvrage de la comtesse de Rémusat, Essai sur l'éducation des femmes. En 1882, il présente au Conseil académique de Paris un mémoire consacré à l'enseignement secondaire féminin.

Auteur de manuels scolaires et de pédagogie, Paul Rousselot fut enseignant et inspecteur d'Académie. Tous deux ont contribué au Nouveau dictionnaire de pédagogie et d'instruction primaire ainsi qu'à la Revue pédagogique. Charles Drouard fut inspecteur de l'enseignement primaire; il a publié des manuels de sciences naturelles et des ouvrages destinés aux enseignants. Il a également collaboré à la Revue pédagogique et au Manuel général de l'instruction primaire.

Pour aller plus loin :

  • la sélection Gallica "L'Éducation et l'école en France" et le chapitre Chapitre "Droit à l'éducation" de la sélection "Droit des femmes" ;
  • deux billets du blog Gallica, le premier consacré à Mme de Genlis, et le second à Victor Duruy ;
  • Une sélection bibliographique consacrée à l'éducation et à la scolarisation des filles : L'École des filles disponible sur le site internet de la BnF ;
  • une biographie récente issue d'une thèse de doctorat consacrée à Octave Gréard : Dauphin, Stéphanie. Octave Gréard : 1828-1904. Rennes : Presses universitaires de Rennes, 2016. 353 p. (Histoire). 24 cm. Bibliogr. p. 337-344. Index ;
  • les collections "Éducation" numérisées de la Bibliothèque Diderot à Lyon, de l'Université de Bordeaux, BABORDNUM et de l'Université d'Artois, BIBNUM.

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