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Les Oiseaux d'Amérique de John James Audubon

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17 mai 2017

À l'occasion du Festival d'Histoire de l'Art, le musée de Fontainebleau exposera du 2 au 4 juin une sélection des spectaculaires Oiseaux d’Amérique de John James Audubon conservés au département des Estampes et de la photographie de la BnF. En guise d'introduction, le blog de Gallica vous emmène sur les traces de ce peintre ornithologue, à travers ses œuvres numérisées.

Faucon pèlerin, The Birds of America, John James Audubon, 1827.

Fils naturel d'un lieutenant de vaisseau français héros de la guerre d'indépendance américaine, John James Audubon voit le jour en 1785 à Saint-Domingue, dans la propriété familiale des Cayes. Mais c'est dans l'estuaire de la Loire, où son père est revenu s'installer aux premières heures de la Révolution, que le jeune Jean-Jacques, adopté par la femme légitime de son père, passe ses premières années. Là, dans les marais qui entourent le bourg de Couëron où la famille s’installe en 1801, le jeune homme découvre son goût pour la nature et pour les oiseaux.

En 1803, sans doute pour échapper à la conscription napoléonienne, Audubon s'embarque pour les Etats-Unis, où il devra prendre en charge l'administration du domaine de Mill Grove en Pennsylvanie, acquis par son père en 1789. Très vite l'amour de la nature, des oiseaux et des courses en forêt l'emporte sur les devoirs d'un propriétaire terrien : repérer de nouvelles espèces, capturer des spécimens, les dessiner dans des attitudes les plus proches possible de la vie, telles sont les occupations favorites du jeune homme, qui ne tarde pas à perdre Mill Grove.

Commence alors une vie de pionnier, digne des meilleurs récits de la conquête de l’Ouest américain : installation manquée comme négociant dans le Kentucky, descentes de l’Ohio et du Mississipi ponctuées d'expéditions en forêt en compagnie d'indiens pour ramener le gibier qui nourrira les voyageurs, séjour en Louisiane, où son épouse finit par trouver, dans la plantation de Bayou Sara, un poste de préceptrice qui assure à la famille un minimum de sécurité matérielle. Toutes ces aventures sont pour Audubon, peintre autant qu’ornithologue, l'occasion d’observer de nouveaux volatiles, parfois encore inconnus, dans leur milieu naturel et de les représenter en de grandes aquarelles.

Ne parvenant pas à faire publier ses planches aux Etats-Unis, Audubon, naturalisé américain depuis 1812, s’embarque en 1826 pour l’Angleterre où son exotisme de « coureur des bois » finit par lui assurer une certaine popularité, tandis qu’en France, ses travaux sont salués par Georges Cuvier, secrétaire perpétuel de l’Académie des Sciences. Il lance alors une souscription pour la gravure de ses dessins, qui sera réalisée par la maison Robert Havell père et fils de Londres.

Dindon sauvage, The Birds of America, John James Audubon, 1827.

Les 435 planches des Oiseaux d’Amérique, parues entre 1827 et 1838, sont, par leur dimension, leur nombre et la qualité de leur exécution, un des sommets de l’édition ornithologique.

L’ambition d’Audubon était de représenter les oiseaux en grandeur nature, dans leur environnement naturel et dans des attitudes pleines de vie. Ses aquarelles, aujourd’hui conservées à la New York Historical Society, témoignent à la fois d’un souci scientifique du détail mais également de la volonté de célébrer les beautés d’une nature, dont le peintre pressent qu’elle pourrait disparaître sous les coups de boutoir de la Ruée vers l’Ouest. Présentés dans leur habitat naturel, nourrissant leurs petits ou menacés par leurs prédateurs, les oiseaux d’Audubon nous apparaissent bien éloignés des spécimens empaillés, figés sur un socle, tels que nous les montre encore l’Histoire des oiseaux de Buffon, parue juste avant la Révolution française.

Harfang des neiges, The Birds of America, John James Audubon, 1831.

Après quelques essais à l’eau-forte réalisés pour les premières planches par William-Home Lizars, les graveurs londoniens Robert Havell père et fils choisissent, pour reproduire ces magnifiques tableaux, la technique de l’aquatinte, seule capable de rendre la finesse des dessins au lavis et à l’aquarelle. Chaque planche, de très grand format pour respecter la taille de l’original, est ensuite coloriée à la main, de manière à restituer avec une grande fidélité les coloris d’origine du spécimen.

À partir de 1831, Audubon accompagne sa suite de planches, d’une Ornithological biography, où il décrit la vie de chaque espèce représentée.

Martin-pêcheur d'Amérique,The Birds of America, John James Audubon, 1830.

Maintenant reconnu par le public et par ses pairs, Audubon peut poursuivre sa quête méthodique de nouvelles espèces d’oiseaux, en Floride en 1832, au Labrador en 1833 et au Texas en 1837. Il s’éteint en 1851 à Minnie’s Land, dans sa propriété sur les bords de l’Hudson. Vite oublié après sa mort, Audubon devient, dès les dernières années du XIXe siècle, le symbole des défenseurs de la nature aux Etats-Unis. En 1905, est ainsi créée la National Audubon Society, organisation à but non lucratif qui s’est fixé pour mission la protection de la faune et de la flore américaine et de nombreux parcs, rues, établissements portent aujourd’hui, aux Etats-Unis, le nom d’Audubon.

Pour aller plus loin :

Corinne Le Bitouzé, département des Estampes et de la photographie

Commentaires

Soumis par Maryline le 30/03/2020

Bonjour
Et merci pour ce billet qui complète bien ma lecture en temps de confinement de la charmante bande dessinée Sur les ailes du monde Audubon, par Grolleau et Royer, 2016.

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