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Hubert Robert, le peintre des ruines

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15 juillet 2019

Si Hubert Robert est connu pour son œuvre picturale, le peintre des ruines a eu d’autres activités comme celles de Conservateur du Museum central des arts de la République et concepteur de jardins.

 

 
Hubert Robert naît en 1733 dans un milieu privilégié. Son père travaille pour la famille de Stainville, et le futur peintre profite ainsi de la possibilité de recevoir une bonne éducation. Au Collège de Navarre, où il fait ses études, un professeur détecte ses prédispositions et c’est dans l’atelier du sculpteur Michel-Ange Slodtz qu’il a sa formation artistique.

En 1754, Hubert Robert a l’opportunité de se rendre pour la première fois en Italie grâce à son mécène le comte de Stainville, futur duc de Choiseul, qui lui propose de l’y accompagner suite à sa nomination au poste d’ambassadeur de France à Rome.

Le séjour d’Hubert Robert en Italie se prolonge jusqu’à l’été 1765. Et bien que n’ayant pas remporté le prix de Rome, il devient, grâce à son mécène, pensionnaire à l’Académie de France à Rome installée dans le Palais Mancini. À Rome, le peintre rencontre Fragonard, Pajou, de Wailly, il fréquente l’atelier de gravure de Piranèse qui le sensibilise à l'Antiquité et lui donne le sens des constructions architecturales. Il se perfectionne pour la construction des perspectives auprès de Giovanni Paolo Panini. Dans la ville éternelle et sa région, Hubert Robert réalise des études sur motif dont de nombreux jardins, fragments de nature, paysages avec des ruines.
 

En avril 1760, il poursuit son exploration des paysages de la péninsule italienne et découvre Naples et la Campanie grâce à l’abbé de Saint-Non, membre honoraire de l’Académie royale de peinture et de sculpture.

Fort de sa réputation de dessinateur d’architecture en ruines à son retour à Paris, Hubert Robert présente en juillet 1766 à l’Académie royale de peinture et de sculpture un caprice architectural intitulé Le port de Ripetta à Rome. Agréé et reçu, il peut dès lors exposer au Salon suivant.

Dès sa première participation en 1767, le peintre est salué par les critiques. Parmi eux, se trouve Denis Diderot qui défend son œuvre dans les compte-rendus des Salons publiés dans la Correspondance littéraire en 1767 mais aussi en 1769 et 1771.
 

 

 

S’il est présent au Salon jusqu’en 1798, Hubert Robert fréquente aussi les salons. Il devient un artiste à la mode : la peinture de paysage, dans laquelle il excelle, est un thème prisé par l'aristocratie imprégnée de lectures pré-romantiques à qui il enseigne le dessin.

 

 
 
Outre la peinture, Hubert Robert développe une autre activité : la création de jardins. Ainsi, il devient, après 1766, Conseiller artistique auprès du marquis René de Girardin pour la réalisation du parc du château d'Ermenonville

En 1786, Hubert Robert prend la suite de François-Joseph Bélanger pour la conception du parc de Méréville à la demande du marquis Jean-Joseph Laborde. Il est aussi nommé dessinateur des Jardins du roi par Louis XVI grâce au duc de Choiseul. À ce titre, il se voit confier l’aménagement de plusieurs parties des résidences royales notamment la conception du hameau de la Reine et du rocher du Belvédère à Trianon. Il réalise le Jardin anglais avec Richard Mique, conçoit le Bosquet des bains d’Apollon, pour lequel il crée un lac surmonté d’un rocher néoromantique agrémenté de cascades et dans lequel une grotte est creusée pour mettre en scène les trois groupes de sculptures, Apollon et les Nymphes et les deux chars du Soleil.
 

 

En 1778, Hubert Robert est nommé Garde des tableaux du Roi au Museum (le futur Louvre) et Conseiller à l’Académie. Il est consulté en prévision des transformations architecturales de la Grande Galerie afin de rendre les collections royales accessibles au public. Il envisage des travées et un éclairage zénithal qui sera réalisé en 1805 par Percier et Fontaine.

Vers 1785, il réalise les décors d'un théâtre à Versailles au bout du pavillon Gabriel. Construit pour plaire à Marie-Antoinette ce théâtre devait remplacer le théâtre de la cour des Princes transformé en salle de bal.
 

Personnalité suspecte pour le Comité de Surveillance Révolutionnaire, Hubert Robert est emprisonné du 22 octobre 1793 au 31 janvier 1794 à Sainte Pélagie puis à la prison de Saint Lazare jusqu'à sa libération le 4 août 1794, peu après la chute de Robespierre le 9 Thermidor. Au cours de son incarcération, il peint des assiettes et réalise des dessins, dont des portraits de ses co-détenus. Ces oeuvres constituent des témoignages de cette période.

En 1795, il retrouve ses fonctions au Museum central des arts en tant que Responsable des tableaux, fonctions qu'il conservera jusqu'en 1802. Durant vingt années, Hubert Robert peint une trentaine de vues, réelles et imaginaires, du Louvre et de sa galerie dont la célèbre Vue imaginaire de la Grande Galerie du Louvre en ruines (1796). Certaines de ces vues rappellent les oeuvres de Giovanni Paolo Pannini Galerie de vues de la Rome moderne et Galerie de vues de la Rome antique (1753-1757) commandées par Étienne François de Choiseul.

"Robert des Ruines", peintre de paysages pré-romantiques, décède d'une apoplexie le 15 avril 1808 sans héritiers, ses quatre enfants l'ayant précédé dans la mort.
 

Ô les belles, les sublimes ruines ! [...] Le temps s'arrête pour celui qui admire. Que j'ai peu vécu ! que ma jeunesse a peu duré ! [...]
Les idées que les ruines réveillent en moi sont grandes. Tout s'anéantit, tout périt, tout passe. Il n'y a que le monde qui reste. Il n'y a que le temps qui dure. Qu'il est vieux ce monde ! Je marche entre deux éternités. De part que je jette les yeux, les objets qui m'entourent m'annoncent une fin et me résignent à celle qui m'attend. Qu'est-ce que mon existence éphémère, en comparaison de celle de ce rocher qui s'affaisse, de ce vallon qui se creuse, de cette forêt qui chancelle, de ces masses suspendues au-dessus de ma tête et qui s'ébranlent ? Je vois le marbre des tombeaux tomber en poussière ; et je ne veux pas mourir !  [...]

Diderot, Salon de 1767 au sujet de Grande Galerie éclairée du fond
 

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