Victor Pauchet, chirurgien
Il y a 150 ans, en 1869, naissait Victor Pauchet à Amiens. Issu de l’aristocratie et fils d’un avocat renommé, il entreprend des études de médecine. Ce brillant chirurgien met au point des techniques qui, bien que déplaisant au milieu médical académique français, vont contribuer à sa réputation internationale.
En 1892, Victor Pauchet est reçu major à l’internat des hôpitaux de Paris. En 1914, il part opérer sur le front. À ce titre, il prend une part active à la création des HEO, les hôpitaux d’évacuation et d’orientation : une organisation plus rationnelle des services de secours aux blessés. Il invente la gaze au formol indispensable pour l’asepsie : la gaze non stérilisée est placée dans un bocal où l'on verse du formol et que l'on fait chauffer.
Mais le praticien va surtout se faire connaître en scandalisant les membres de la Société de chirurgie : il bouleverse les techniques classiques d'amputation et refuse d'appliquer le principe de conservation des membres en vigueur à l'époque. Afin d’enrayer l’apparition de la gangrène gazeuse, le chirurgien met au point l’amputation à section plane dite « en saucisson » ou bien encore « en coup de hache » : elle consiste à sectionner le membre au ras de la blessure, en conservant les chairs autour, utilisées comme des lambeaux pour créer un moignon solide. Cette technique radicale fait l’objet de nombreuses controverses chez les mandarins qui la qualifient d'acte barbare et s'offusquent devant l'état du moignon et l'absence volontaire de suture. Précisons ici qu'il s'agissait d'un premier acte suivi par une autre intervention.
En 1915, Victor Pauchet est de retour à Paris où il devient chirurgien-chef à l’Hôpital de la Pitié. Encore une fois trop innovateur pour son époque, son modus operandi est très critiqué :
le Traitement chirurgical des affections de l’estomac
Le voici donc contraint d’intégrer l’Hôpital Saint-Michel, une petite structure privée sise 33 rue Olivier de Serres à Paris. Là, il va faire école et non seulement ses confrères étrangers mais même des têtes couronnées comme la reine Amélie du Portugal se bousculent aux lundis de Saint-Michel pour admirer le maître dans ses oeuvres : la gastrectomie et la prostatectomie, interventions chirurgicales consistant à retirer respectivement l’estomac et la prostate. Dans la nécrologie qui lui est consacrée, un de ses internes se souvient :
Il souffrait terriblement des lacunes de son art et quand il se trouvait devant un malade inopérable – et on lui envoyait tous les cas désespérés de Paris – il se tournait vers nous et disait : Ici c’est Lourdes. Il faudrait que je sois Lourdes…Mais comprenez-vous bien, je ne peux pas faire de miracles ! Aussi bien n’avait-il pas la prétention d’être infaillible. Et comme tout esprit vraiment supérieur, il demandait qu’on le conseille […] et le « patron » continuait, suivant ou ne suivant pas l’avis. Mais c’était incomparable, prestigieux, du « cousu main » comme il disait en souriant quand tout était fini.
Pauchet est l’auteur prolifique de très nombreux ouvrages de chirurgie. Il y démontre tout l’intérêt de l’anesthésie locorégionale versus l’anesthésie générale : cela consiste à abolir de manière transitoire la transmission des messages nerveux dans une zone du corps prédéfinie.
Pauchet d'Amiens comme l'appelaient ses confrères, est également un des fondateurs de La Pratique chirurgicale illustrée, publication périodique de référence pour les spécialistes.
A ses moments perdus, l'homme avait développé une passion pour l’automobile dont il vante à l’occasion les bienfaits pour la santé. Paradoxalement, cela va lui coûter la vie. En effet, il est victime d’un grave accident de circulation, des suites duquel il meurt un an plus tard en 1936 à l’âge de 67 ans.
Ajouter un commentaire