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Le pendentif dit de Catherine de Médicis (1519-1589)

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14 mars 2021

Pour fêter le cap des 8 millions de documents numérisés, Gallica vous dévoile cette semaine 8 trésors en lien avec l’histoire des femmes. Aujourd’hui, le pendentif dit « de Catherine de Médicis » et sa spectaculaire émeraude !

Orné d’une grande émeraude flanquée de pierres précieuses et de décors émaillés, le pendentif dit de « Catherine de Médicis » est un exemple remarquable de l’orfèvrerie de la Renaissance française. L’objet fut réalisé à la demande de la reine-mère pour être offert à Noël 1571, sans doute à son fils, Charles IX. Outre la richesse du décor, ce bijou est exceptionnel car la BnF conserve par ailleurs la lettre de commande de la main de la reine. On y décèle l’implication directe de la souveraine dans la conception de l’objet, notamment l’élaboration du message qu’il devait délivrer.

Acquis à l’occasion des saisies révolutionnaires de 1796 (MMA, Inv.56.336), ce pendentif est orné d’une grande émeraude taillée en cabochon rectangulaire surmontée d’une autre émeraude triangulaire, flanquée de deux diamants et surmontée d’un masque de femme. Deux putti (angelots) présentent l’émeraude, qui repose sur deux mains jointes. L’autre face est un semis cloisonné de losanges aux décors géométriques émaillés multicolores et ornés de palmes d’or. Il s’agit peut-être d’une enseigne, un insigne à la mode dans la seconde moitié du XVIe siècle que les hommes et les femmes cousaient à leur vêtement, ou bien d’un pendentif fixé à une chaîne. Le bijou a peut-être eu plusieurs usages.

L’attrait de Catherine de Médicis pour les parures de gemmes est indéniable. Il s’inscrit dans un goût généralisé des souverains de la Renaissance pour ces objets, que tous amassent et distribuent. Si ce goût est donc adossé d’abord au statut de la reine, son intérêt pour leur conception est éclairé ici sous un jour particulier grâce à la lettre de commande, conservée à la BnF (MSS, fr.894 , fol. 71-74). Catherine de Médicis commande cet objet le 16 novembre 1571 à François Dujardin, « orfèvre de la reine ». On apprend de ses lettres que la requête est faite sous le sceau du secret : elle désire offrir cette monture à Noël 1571, probablement à son fils, le roi Charles IX. La reine expose ses directives dans un mémoire qu’elle rédige elle-même avec l’intention d’expliciter le message qu’elle souhaite transmettre au travers de sa composition (MSS, fr.894, fol. 75r-75v. Transcription remaniée par L. Scordia) :

L’émeraude est une pierre fragile qui se casse facilement ; et il y a deux mains qui signifient la confiance qui enserrent l’émeraude ; et il faut un mot qui dit que la confiance et l’amitié que désire celle qui donne ce bijou ne soient pas comme la pierre mais comme les deux mains qui sont inséparables et comme la couleur de l’émail du bijou qui est jaune, [couleur] éternelle qui ne s’efface pas. » 

L’implication de Catherine de Médicis dans l’élaboration de ce bijou est remarquable. Elle y insère les symboles sans équivoque de l’indéfectible affection qu’elle porte à son fils mais aussi de la concorde qui les unit. De la mère à la reine, il n’y a cependant qu’un pas : ces notions font peut-être par ailleurs écho à la politique de conciliation prônée par la souveraine en ces temps de guerres des religions, seulement quelques mois avant les massacres de la Saint-Barthélemy (24 août 1572).

Penchons-nous à présent d'un peu plus près sur ce pendentif.

Dimensions : 55 mm de haut, 45 mm de large, 14 mm d’épaisseur, 52,35 g. L’ensemble forme un hexagone, le style évoque une scène architecturée structurée par des lignes droites de pierres et agrémentée de motifs. 
 

 

L’émeraude est d’une grandeur exceptionnelle (21x16 mm). Elle pourrait provenir soit des trésors des Médicis – arrivés en France en 1533 dans les bagages de Catherine de Médicis – soit des joyaux offerts par l’empereur aztèque Montezuma II à Herman Cortès, envoyés à Charles Quint en 1519 puis distribués aux rois de France et d’Angleterre par Philippe II d’Espagne en 1559.
 

 

Avec les deux diamants baguettes qui la flanquent, l’émeraude triangulaire semble former la lettre « M », peut-être une évocation de la famille Médicis. 
 

 

Deux putti encadrent l’émeraude qu’ils présentent comme un tableau. Les plumes de leurs ailes sont figurées par des émaux multicolores (vert, rouge, bleu).
 

 

Le motif des mains droites jointes, la dextrarum iunctio, est depuis l’antiquité romaine le symbole de la concorde. Les empereurs, ici Nerva, soulignaient ainsi la concorde qui régnait entre eux et l’armée. 


 

Le dessin du revers est un semis cloisonné de losanges soulignés de blanc sur émail noir, sur lesquels ont été dessinées des formes géométriques émaillées : cercles verts, losanges mauves et bleus, fleurs bleues, jaunes et rouges. Des palmes ciselées d’or décorent les fonds d’émail noir. 

Ressources et liens utiles :

Le document dans Gallica
Notice sur Médailles et antiques
MSS, français 894, fol. 71-74
Anatole Chabouillet, Catalogue général et raisonné des camées et pierres gravées de la Bibliothèque impériale [Texte imprimé] : suivi de la description des autres monuments exposés dans le Cabinet des médailles et antiques, 1848, p. 406, n° 2723
Scordia, Lydwine. « Le bijou d’émeraude Renaissance du Cabinet des Médailles », in Joëlle Quaghebeur (dir.), Le pouvoir et la foi au Moyen Âge, en hommage à Hubert Guillotel. Rennes : 2010, p. 545-557

Rendez-vous demain pour la suite de nos festivités ! Suivez l’événement sur les réseaux sociaux avec le mot-dièse #Gallica8Millions​

Billet rédigé dans le cadre du Forum Génération Egalité.

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Commentaires

Soumis par Roald le 13/03/2021

Où se trouve ce pendentif aujourd’hui ? Fait-il partie d’une collection privée ? Est-il exposé ? Rien n’est dit à ce sujet dans l’article.

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