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Quand Gallica s’invite à l’école : portrait de Patricia Fauquembergue

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13 avril 2017

Patricia Fauquembergue, professeure de français en lycée, s’est prêtée au jeu de l’interview Gallica. Elle nous explique comment les technologies numériques sont entrées dans sa salle de classe.

Photographie d'une salle de classe,
Agence Roll, Paris, 1921.

Bonjour, pouvez-vous nous parler un peu de vous et de votre activité professionnelle ?

Professeure de français depuis vingt ans, j’ai commencé cette année à enseigner au lycée Blaringhem, à Béthune. Cela fait aussi huit ans que je participe aux travaux d’un groupe de réflexion de l’académie de Lille, en tant que formatrice. Nous nous concentrons sur les politiques innovantes qui intègrent les nouveaux outils numériques. C’est à ce titre que j’ai participé l’an dernier au Plan National de Formation en présentant une page Facebook sur La Fortune des Rougon, de Zola.

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Oeuvres complètes illustrées de Émile Zola ;
1-20, Au bonheur des dames,
1906.

Comment avez-vous découvert Gallica ?
L’an dernier, nos inspecteurs nous ont présenté Gallica et les expositions virtuelles de la BnF. J’ai été tout particulièrement sensible à la présentation de l’œuvre de Zola. C’est ainsi que j’ai commencé à explorer Gallica, où j’ai trouvé un grand nombre de ressources.

Comment avez-vous utilisé  Gallica avec vos élèves ?

Je me suis servie de Gallica dans mon projet pédagogique pour la première fois cette année, en montrant l’exemplaire de Bordeaux des Essais de Montaigne à mes élèves, pour leur faire comprendre comment Montaigne n’a cessé de mettre à l’épreuve ses idées.

Essais de Michel seigneur de Montaigne, 1588.

La numérisation en haute définition sur Gallica permet aux lecteurs de lire toutes les notes de Montaigne en marge de son texte : corrections, développement d’une idée, reformulation…  Nous avons utilisé les outils numériques d’abord en accédant aux sources littéraires, qui les ont amenés à se confronter à la construction d’une pensée "à sauts et à gambades", et ensuite en créant un blog pour redéfinir ensemble l’essai à l’heure du numérique.

Les annotations dans les marges donnent à comprendre le temps que prend Montaigne pour explorer sa propre pensée ; une temporalité qui permet de préparer son argumentation, d’y revenir, de l’enrichir ou de l’alléger, très éloignée de celles des réseaux sociaux. Il s’agissait donc de transmettre ces outils et ces questionnements à mes élèves, de leur apprendre à porter un regard sur le monde à partir de leur propre existence.

"Parce que c'estoit luy, parce que c'estoit moy",
note de Montaigne
, 1588.

Comment vos élèves ont-ils réagi face à ce projet ?

La classe de 1ère STMG a été particulièrement sensible à la vidéo de présentation du manuscrit diffusée sur Gallica, commentée par Nicolas Barbey. Un vrai débat littéraire s’est engagé ; ils ont questionné l’œuvre de Montaigne, en s’interrogeant sur le statut de l’exemplaire de Bordeaux et en se demandant si une œuvre littéraire pouvait être ainsi raturée et commentée par l’auteur.  Devenait-elle une autre œuvre, ou était-ce bien la même ? Quelle édition pouvait-on considérer comme légitime ? Les échanges ont été très riches, et ce fut là un vrai moment de bonheur, pour l’ensemble de la classe. Cette curiosité s’est à nouveau manifestée lorsqu’ils ont consulté le manuscrit, et découvert des passages inconnus, en salle informatique au cours suivant.    

Y a-t-il d'autres projets spécifiques dont vous souhaiteriez nous parler ?

Oui, tout à fait. En étudiant Eldorado de Gaudé, les élèves ont spontanément pensé au voyage d'Ulysse. Je les ai amenés alors à consulter l'exposition "Sur les Traces d'Ulysse". Ils ont tissé des liens entre les voyages de ce héros antique, et cette nouvelle Odyssée contemporaine que peut représenter le voyage des migrants. De ces lectures croisées est né un mini-site numérique, via Emaze, intitulé "Ulysse et Soleiman : d'Homère à Gaudé". Le mini-site prend modèle sur celui de Gallica, plusieurs onglets permettent de naviguer sur ce site, et de découvrir les textes et les productions orales des élèves. Certes la réalisation reste modeste mais elle a permis de construire une lecture personnelle de l'oeuvre, de faire émerger les modèles antiques dans une oeuvre contemporaine, et d'amener des élèves en difficultés à lire et relire les textes d'hier et d'aujourd'hui, en donnant une perspective nouvelle.

Envisagez-vous d’autres utilisations de Gallica dans vos futurs projets pédagogiques ?

Oui, bien sûr… J’aimerai justement travailler sur les jardins. Dans mon établissement, au lycée Blaringhem de Béthune, on peut se promener dans un très joli jardin de ville. Nous envisageons avec l’équipe pédagogique de monter un projet interdisciplinaire, sur "ces lieux de promenade, ces labyrinthes, à la fois espaces de rêve et de vie". Ce projet combinera trois approches : littéraire et artistique, avec des déambulations poétiques ; scientifique, avec la création d’un potager ; sociologique et géographique, avec une véritable réflexion sur l’éco-citoyenneté. Les pages de Gallica consacrées aux jardins célèbres, à l’horticulture et à l’art des jardins me semblent parfaites pour mener une réflexion avec les élèves. 

Utilisez-vous Gallica dans d'autres activités ? Par exemple pour des recherches personnelles ?

J’utilise Gallica de diverses manières en tant qu’enseignante. J’ai ainsi pu télécharger pour mes élèves les illustrations d'Histoire d'un voyage fait en la terre du Brésil de Jean de Léry.


Histoire d'un voyage fait en la terre du Brésil autrement dite Amérique,
gravure sur métal, Jean de Léry, 1580.

Personnellement, j’y trouve certains textes, qui me donnent l’occasion de me plonger dans ces milliers de kilomètres d’archives et de connaissances, comme le fait le narrateur de La Cliente de Pierre Assouline… C’est un outil intéressant pour rechercher à distance et transmettre le patrimoine. J’y feuillète des manuscrits, pour voir les enluminures, ou retrouver des textes dans leur première édition et des images.

Le mot de la fin ?

Gallica, c’est tout simplement fabuleux ! Les professeurs n’y pensent pas toujours, mais c’est aussi mon rôle, en tant que formatrice, de leur faire découvrir de nouveaux outils. Nous pouvons ainsi participer à la diffusion de la culture et à l’évolution des pratiques numériques. Je compte bien continuer à mettre en place des projets innovants et à faire profiter mes élèves de ces ressources extraordinaires !

Vous aussi vous utilisez Gallica pour un projet qui vous tient à cœur et vous souhaiteriez en parler sur le blog Gallica ? N’hésitez pas à nous contacter à gallica@bnf.fr en mentionnant "Billet Gallicanautes" dans l’objet de votre message.

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