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L'anthémis

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Bien qu’étant une plante vivace et commune, l’anthémis n’a pas fini de nous surprendre : utilisée pour soigner, décorer les jardins ou encore pour teindre des tissus, cette fleur jaune ou blanche a de multiples usages.

Nicolas Robert, Anthemis tinctoria L Alpes, 17e siècle

Le nom « anthémis » désigne un genre de plantes à fleur de la famille des Astéracées (ou Composées). Comprenant une centaine d’espèces d’annuelles et vivaces, ce genre présente des fleurs pédonculées, larges d’environ 4 cm, au cœur jaune soufre ou vif. Poussant de préférence dans les terrains ensoleillés et bien drainés, les anthémis peuvent être trouvés en Europe, au nord de l’Afrique, en Turquie ou encore en Iran.

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J. L. Goffart et A. Goosens, Anthémis Madame F. Sander, Paris, 1912

Le terme « anthemis » provient au grec ancien « ἀνθεμις » et est employé dès l’Antiquité par Dioscoride pour désigner un type de camomille médicinale. Le nom vernaculaire de « camomille », issu du grec « χαμαίμηλον », renvoie néanmoins aujourd’hui à plusieurs genres botaniques au sein de la famille des Astéracées tels que « cota », « chamaemelum », « matricaria » ou encore « anthemis ». La camomille romaine (chamaemelum nobile ou anthemis nobilis) témoigne des évolutions taxonomiques entourant la camomille puisque cette fleur est considérée comme appartenant aux anthémis jusqu’au 20e siècle. Certains chrysanthèmes comme le chrysanthème frutescent (argyranthemum frutescens, chrysanthemum frutescens L., ou anthemis frutescents) sont également associés pendant longtemps au genre des anthémis.

Émile Bayard, Plantes & fleurs : toute la flore vivante : recueil artistique de photographies documentaires inédites, Paris, 1906

Symbole d’amour terminé, l’anthémis a beaucoup été utilisé dans les jardins en raison de sa couleur vive et de sa floraison prolongée de mai à août. C’est le cas de la camomille romaine qui est particulièrement appréciée dans les massifs végétaux. La nature facile de cette plante en fait néanmoins une adventice, puisqu’elle s’invite dans les terrains où elle n’a pas été intentionnellement introduite. Certaines variétés ornementales comme l’anthémis fétide (anthemis cotula) présentent aussi l’inconvénient de dégager une odeur très désagréable quand on les froisse entre ses doigts. Les anthémis sont également connues pour leurs qualités médicinales. Dès l’Antiquité, Pline l’Ancien parle de leurs effets : antispasmodiques, vermifuges, vulnéraires et anti-arthrite, les anthémis peuvent être employés en cas de fièvre, de morsure de serpent ou de fausse-couche.

Gaston Bonnier, Flore complète illustrée en couleurs de France, Suisse et Belgique, tome 5, vers 1927.

L’une des variétés les plus connues d’anthémis est l’œil de bœuf (anthemis tinctoria) qui est utilisé dans le domaine de la teinture. À partir du 18e siècle, il est cultivé afin de teindre la laine en jaune solide. Pour le préparer, il faut couper les parties aériennes lors de la floraison et les faire sécher sous forme de bouquet, avant de fixer la couleur à l’aide de sel marin, d’alun ou de chlorure d’étain. Un regain d’intérêt pour la teinture végétale a conduit à remettre en culture l’anthemis tinctoria en Allemagne et en Autriche dès les années 1990.

Pour aller plus loin

Le billet sur la camomille romaine.
Les propriétés colorantes de l’anthémis sont détaillées dans Plantes colorantes, teintures végétales : le nuancier des couleurs de Michel Garcia et Anne-France Bernard, Aix-en-Provence, 2006.

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