Marquée par trois grandes étapes, l’histoire de la construction de l’hôpital Bichat suit celle des progrès de la médecine et la conception que la société se fait de cette discipline, entre science et art.
La première étape commence avec la transformation d’un ancien poste de caserne d’octroi cédé à
l’Assistance Publique par l’armée, le Bastion 39 de l’enceinte de Thiers, en hôpital Bichat. Ces travaux font suite à la démolition d’une partie des bâtiments de l’ancien
Hôtel-Dieu-Annexe et à la reconstruction du
Pont-au-Double, en 1879. Pour pallier ces démolitions et après des travaux d’agrandissement de deux ailes puis de deux pavillons, l’hôpital Bichat, qui prend ce nom en 1881, en mémoire du médecin et physiologiste Xavier Bichat, ouvre ses portes en mars 1882. L’hôpital compte à l’époque 191 lits et ce n’est qu’en 1902 qu’il sera alimenté en électricité.
La deuxième étape dans l’histoire de l’hôpital commence pendant l’entre-deux-guerre par un vaste programme de travaux qui s’étendent jusqu’en 1940 et qui permettent de procéder à la reconstruction totale de l’hôpital Bichat. Le nombre de lits est alors porté à 996 et ce nouvel hôpital comprend trois services de chirurgie, quatre de médecine, une maternité, un service d’ophtalmologie et un service d’oto-rhino-laryngologie. Pendant la seconde guerre mondiale, après avoir rendu de nombreux services aux blessés, l’hôpital a subi de graves dommages lors des derniers bombardements allemands dans la nuit du 26 août 1944. La façade de l’hôpital qui donnait sur le boulevard Ney a été détruite et de nombreuses victimes furent à déplorer dans le désastre.
Avec un nouveau programme de construction décidé au début des années 70, une troisième étape marque l’histoire de l’hôpital Bichat avec l’implantation de nouveaux services. L’hôpital n’est plus uniquement un lieu de soins, il devient aussi un espace dédié à la recherche et à l’enseignement.
De son côté, l’hôpital Claude Bernard, qui s’appelait à l’époque hôpital d’Aubervilliers, ouvre ses portes en 1905. Il reçoit le nom d’une figure tutélaire de la physiologie et de la médecine expérimentale au XIXe siècle. Par son Introduction à l’étude de la médecine expérimentale, Claude Bernard marque l’acte de naissance de la physiologie comme science, avec ses concepts autonomes de ses méthodes d’investigation propres.
La leçon de Claude Bernard,1889 © BIUS
L’hôpital Claude Bernard a poursuivi sa vocation de médecine infectieuse et tropicale de premier plan, maintien d’une longue tradition de lutte et de prévention contre les maladies infectieuses, mais en raison de la vétusté de ses bâtiments, cet hôpital est finalement démoli en 1970. L’hôpital Claude Bernard et rattaché en 1988 à l’hôpital Bichat, le groupe hospitalier Bichat – Claude Bernard étant ainsi constitué. Hasard ou destin, deux figures marquantes de l’histoire de la médecine française, Xavier Bichat (1771-1802) et Claude Bernard (1813-1878) se rencontrent sur le frontispice du même lieu de soin.
Sans même se servir du microscope, Bichat identifie dans le corps humain des classes de membranes (nous dirions des tissus) ayant chacune leur structure propre et leur rôle dans l’organisme et prône ainsi, en précurseur, la nécessité des études physiologiques. Bichat reste cependant attaché aux théories du Siècle des lumières et considère les organes humains comme des machines obéissant à des principes mécaniques précis, dont le dérèglement crée la maladie.
Bien qu’il ait réussi à dépasser le vitalisme métaphysique qu’il contestait chez Bichat, Claude Bernard est resté bien plus fidèle qu’on ne le dit généralement à l’enseignement et à l’esprit de Xavier Bichat.
Pour aller plus loin
Voir la section dédiée aux hôpitaux parisiens dans les Sélections consacrées à l'Histoire de Paris.
Voir la page sur l’hôpital Bichat-Claude Bernard dans ces mêmes Sélections.
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