Une sélection de livres pour enfants conservés à la Réserve des livres rares de la BnF
À l’occasion des Journées européennes du patrimoine, la Réserve des livres rares de la Bibliothèque nationale de France présente dimanche 17 septembre 2017 de 11 h. à 19 h, une sélection de livres pour enfants issus de ses collections.
Les contes de Perrault / dessins par Gustave Doré ; préface par P.-J. Stahl
La trentaine d’ouvrages exposés dans la salle Van Praet (site François-Mitterrand) reflète la richesse et l’accroissement récent de ce domaine au sein des livres rares et précieux dont il peut paraître au prime abord des plus éloignés. C’est néanmoins son caractère extrêmement rare qui signale l’une des œuvres les plus universelles de la littérature enfantine, les Histoires ou Contes du temps passé de Charles Perrault dont l’édition originale publiée en 1697 n’est aujourd’hui connue que par quatre exemplaires. Et c’est « à ce premier de nos classiques » que l’éditeur Pierre-Jules Hetzel donne en 1862 une « forme magnifique & magistrale », « un très grand livre, très cher, pour les petits enfants », illustré par Gustave Doré.
Mais toute approche enfantine du livre commence par l’apprentissage de la lecture au moyen d’abécédaires et d’imagiers. Publié en 1658, l’Orbis sensualium pictus de Comenius est considéré comme le premier livre d’images pour enfants . D’autres méthodes, issues de la pédagogie du XVIIIe associant instruction et amusement, témoignent d’une grande originalité tel le bureau typographique mis au point par Louis Dumas vers 1730. Cette même perspective ludique préside aux Contes de fées mis en action publiés en 1823 et guide au XXe siècle les livres expérimentaux réalisés par Bruno Munari dont l’ingénieux Nella notte buia (1956). Au titre des récréations enfantines se distingue un petit bijou, Jeux et jouets du jeune âge de Gaston et Albert Tissandier, livre astucieux autant que luxueux, imprimé en chromotypographie et revêtu d’une remarquable reliure en tissu.
A l’intention des plus petits, il est des livres propices au coucher qui participent sur le mode de la ritournelle au rituel de l’endormissement. Deux exemples sont présentés au public : Klein-Rainers Weltreise, conçu en 1918 par l’artiste allemande Lily Hildebrandt pour son fils âgé de quatre ans, et Sleepy Book, album publié quarante ans plus tard, écrit par Charlotte Zolotow et illustré par Vladimir Bobri.
Contes et légendes bercent l’enfance : un panorama en retrace la variété géographique, stylistique et artistique du point de vue de leur illustration par des artistes de renom tels Edgard Tytgat, Ivan Bilibine, Theo van Hoytema. Trois classiques universels sont réunis côte à côte : les Aventures d’Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll dans sa première traduction française de 1869 reprenant les illustrations de John Tenniel, l’édition originale de The Jungle Book de Rudyard Kipling et l’édition originale publiée à New York en 1943 du Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry.
Dans l’univers livresque de l’enfance, le monde animalier occupe une place de choix. Héroïque dans A la gloire des bêtes d’Aristide Fabre illustré par Job en 1913, fidèle compagnon du quotidien dans Mon chat imagé en 1930 par Nathalie Parain et dont les gouaches originales sont conservées à la Réserve des livres rares, l’animal se pose en miroir de l’enfance dans une incarnation anthropomorphe dont Babar est l’une des plus célèbres figures. Grâce à la générosité des enfants de Jean de Brunhoff, créateur du personnage, les originaux de trois albums ont rejoint les collections de la Réserve des livres rares de la BnF en 2005.
Le roman d’anticipation pour la jeunesse, si prisé à partir du dernier tiers du XIXe siècle, est représenté par des dessins originaux de Fernand Fau pour Les Robinsons lunaires (1893) et d’Albert Robida pour La Guerre infernale (1908).
La quête du bonheur, thématique chère au livre pour enfants, est à l’origine des plus beaux albums parmi lesquels prennent rang l’éblouissant Macao & Cosmage d’Édy-Legrand, premier livre pour enfants édité en 1919 par la NRF ou l’onirique Die Fischreise, utopie enfantine contée et imagée en 1923 par Tom Seidmann-Freud, nièce de Sigmund Freud.
Invitation à l’aventure, le livre pour enfants est également une fenêtre ouverte sur la découverte du monde à travers des déclinaisons multiples, depuis le Porte-feuille des enfans à l’extrême fin du XVIII siècle, collection d’estampes à l’usage des enfants constituant une encyclopédie par l’image, jusqu’à l’album Egernet du Danois Sikker Hansen (1939), tenant à la fois du documentaire par l’enseignement zoologique qu’il délivre et du livre d’artiste par la qualité remarquable de ses lithographies en couleurs.
Ce parcours sélectif s’achève par un éloge des formes et des couleurs, langage essentiel du livre pour enfants, champ d’exploration des avant-gardes artistiques qui offrent à l’enfance une nouvelle poésie, comme en témoignent les livres produits dans l’orbite du constructivisme russe ou du Bauhaus allemand.
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