La condition féminine à la télévision scolaire
Femmes en images, images de femmes… A l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, Réseau Canopé, bibliothèque partenaire de Gallica, vous présente le rôle de la télévision scolaire comme outil d’émancipation et de réflexion sur la condition féminine dans les années soixante.
Dès les années 1960, la télévision scolaire a produit, en dehors des films sur l'enseignement des disciplines, des émissions sur la société dans toutes ses dimensions. La collection "Civilisations", en particulier, avait pour objectif d'initier les jeunes aux aspects politiques, économiques et sociaux du monde contemporain. La question de la condition féminine s'invite très naturellement dans le débat. C'est ainsi qu'en 1967, France Ngo-Kim et Louis-Paul Letonturier produisent une série intitulée "La femme dans la société occidentale".
"Civilisations"
La série se consacre à la femme dans l'histoire et dans le monde et contribue à un état de la question de la condition féminine, point de départ de nombreux débats en classe et hors la classe :
Partout dans la presse, à la radio, à la télévision, dans la littérature, au parlement, on aborde d’un point de vue ou d’un autre ce qu’on appelle la question féminine, ou encore l’invasion féminine et même la révolution féminine. Dans l’éducation nationale, plus de la moitié des instituteurs et professeurs sont aujourd’hui des femmes […]. Bref tout le monde en parle ! La femme fait problème ou mieux pose un problème apparemment particulier à l’intérieur de chaque problème (conflits de générations, conflits du travail, démocratisation de l’enseignement et égalité d’accès aux carrières…)
Coup d’œil sur les séries, avril 1968
Comment traiter le sujet ? Il a fallu faire des choix qui constituent finalement un ensemble non exhaustif mais cohérent.
La série comprend cinq épisodes, tournés entre 1967 et 1970. Elle s’est en particulier appuyée sur l’ouvrage de Pierre Grimal L’histoire mondiale de la femme publié en 1967.
Les trois premiers épisodes, Mythes et traditions, De Pénélope à Gervaise, Citoyennes et citoyens, retracent les fondements historiques de la construction de l'inégalité homme-femme, avec toute la difficulté, à l’époque, de réunir la documentation iconographique nécessaire à l’élaboration de ces émissions : du point de vue des croyances, notamment religieuses et populaires, sur le plan du travail et, enfin, sur celui de l'accès au politique et au pouvoir. Les images mises en œuvre sont essentiellement des images fixes (gravures, tableaux, photos en provenance de la bibliothèque Marguerite-Durand). Il n’est pas question dans ces programmes de dresser un portrait idéalisé de la femme :
Il ne s’agit pas de présenter des femmes exceptionnelles qui, pour une raison ou une autre, échappent à leur condition, mais des femmes soumises à la règle commune, celles qu’on ne remarque pas : les femmes dans la société.
Dossier pédagogique de la radio-télévision scolaire, mai 1967
Les deux épisodes contemporains, Travailleuses et travailleurs et Demain la femme, s'attachent à montrer comment l'égalité est en train de se construire, tout en mobilisant le public de la série – les élèves de terminale – dans l'entreprise de construction de cette égalité. Ces épisodes se basent sur des images animées, d'archives en ce qui concerne Citoyennes et citoyens et un suivi de discussions entre lycéens et travailleurs dans le dernier épisode. Ce dernier procédé est très impliquant puisqu'il renvoie au public lycéen une réflexion menée par des pairs (masculins et féminins) qui peuvent devenir support d'identification.
Les documents d'accompagnement sont particulièrement fournis, avec des éléments bibliographiques riches et des pistes pédagogiques transdisciplinaires.
Le sujet de la condition féminine sera présent tout au long de la production audiovisuelle de la télévision scolaire, tant par le sujet des émissions que par les figures féminines qui ont participé à cette aventure, qu'elles soient productrices, pédagogues, réalisatrices et autres professionnelles de l'audiovisuel et de la télévision éducative, parmi lesquelles Dina Dreyfus, philosophe et ethnologue, qui produira et animera, dans les années soixante, une cinquantaine d'émissions de philosophie ; Françoise Héritier qui participe à la série "Chercheurs de notre temps" ; Geneviève Jacquinot, professeur et chercheur en sciences de l'éducation, qui a toujours suivi les travaux de et sur la télévision éducative ; Annette Bon, chef de projet à l'IPN, qui coordonne et conçoit, entre autres séries, "Atelier de pédagogie" ; Jacqueline Margueritte, une des premières femmes réalisatrices à la télévision scolaire et éducative, avec à son actif une centaines d'émissions ; Catherine Terzieff, réalisatrice de nombre d'émissions sur la condition féminine à la télévision scolaire… et de nombreuses autres personnalités engagées sur la "question féminine".
Pour aller plus loin :
- Canal-U –Colloque "Pour une histoire de la radio-télévision scolaire" : Grand témoin - Annette Bon
- Canal-U –Colloque "Pour une histoire de la radio-télévision scolaire" : Grand témoin - Geneviève Jacquinot
Réseau Canopé
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