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La Pitié-Salpêtrière, quatre siècles d’histoire

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21 avril 2020

En hommage au personnel soignant mobilisé face au coronavirus, Gallica propose une série de billets dédiés à l’histoire des hôpitaux parisiens. Voici un premier éclairage, sur le plus vaste établissement hospitalier de Paris, l’Hôpital de La Pitié-Salpêtrière, dont l’histoire remonte à plus de quatre siècles.

Eugène Atget, Porte de la Salpêtrière, juin 1899

Nous retrouvons dans Gallica quelques traces de sa spectaculaire évolution dans le temps. En 1612, la régente Marie de Médicis décide de construire l’hospice Notre Dame de la Pitié, établissement destiné à enfermer les pauvres de la ville. L’emplacement occupait à peu près le territoire de l’actuelle mosquée de Paris et était placé sous la tutelle du Parlement. Le 27 avril 1656, par l’édit du Roi, l’Hôpital général est créé également dans le but d’enfermer les mendiants des villes et des faubourgs devenus trop nombreux avec les malheurs des guerres. Cette situation inquiétait et était incompatible avec la monarchie absolutiste qui se mettait en place avec Louis XIV. Cinq maisons formaient l’Hôpital général : la Pitié, Scipion, Savonnerie, Bicêtre et la Salpêtrière, la Salpêtrière étant le plus connu.

L’hospice de La Salpêtrière doit son nom à la fabrique de poudre à canon (le salpêtre en était un composant) du Petit Arsenal, construit sous Louis XIII, sur la rive gauche de la Seine et situé à l’époque en dehors de Paris. Certains bâtiments légués par le Petit Arsenal à l’hospice sont encore intacts aujourd’hui. Jusqu’à la veille de la Révolution, la Salpêtrière n’avait pas de fonction médicale et les malades étaient transportés à l’Hôpital Dieu  pour y être soignés.

La Salpêtrière subit au fil du temps des modifications majeures jusqu’à lui donner son aspect actuel : des bâtiments anciens sont modernisés, d’autres nouveaux sont construits, comme la fameuse prison, la Force, pour les femmes aliénées, prostituées ou condamnées, criminelles ou voleuses. Ont été ainsi enfermés en ces lieux les convulsionnaires de Saint Médard, Manon Lescaut, héroïne de l’Abbé Prévost, aumônier à la Salpêtrière lui-même, ou, plus tard, la comtesse de la Motte. Au cours des ans, les locaux réservés aux femmes aliénées ont été individualisés. Il s’agit des fameuses Loges aux folles : au nombre de quatorze au XVIIe siècle, elles sont reconstruites par Viel entre 1786 et 1789. Et c’est dans ces loges de Viel que Philippe Pinel étudie les aliénées, les libère de leurs chaînes et commence son enseignement.

La visite aux folles constituait pour les Parisiens et les étrangers un lieu de promenade, un des éléments du circuit touristique de l’époque. Pendant le XVIIIe et le XIXe siècles, les progrès de la médecine font naître des exigences nouvelles. Pinel, Esquirol, Charcot confèrent à la Salpêtrière l’image d’un établissement performant où l’importance prise par le traitement des maladies mentales modifie l’organisation globale du service médical.


Une leçon du Dr. Charcot à la Salpêtrière - © BIU Santé, Paris

Charcot y crée, avec l’aide de Gambetta, en 1882 la première chaire de neurologie dans le monde. Ses Leçons ont été traduites dans toutes les langues. Ainsi, après avoir suivi des cours auprès de Charcot à Paris, Freud en a proposé la version allemande. Charcot fait de la Salpêtrière un haut lieu de la vie parisienne attirant médecins, écrivains, acteurs, journalistes du monde entier (Alphonse Daudet, Cernuschi, Jules Janin entre autres) qui se rendent régulièrement à ses célèbres Leçons du Mardi.

La Salpêtrière subit de profondes mutations tout au long du XXe siècle, comme le regroupement avec la Pitié, en 1964, pour former le Groupe Hospitalier Pitié-Salpêtrière. Après avoir relégué son activité d’hospice en 1969, la nouvelle entité hospitalière ne cesse de s’agrandir, de multiplier, de parfaire les services et les soins et de s’imposer au niveau national et international, à l’image de sa riche et singulière évolution.

Pour aller plus loin

Voir la section dédiée aux hôpitaux parisiens dans les Sélections consacrées à l'Histoire de Paris.
Voir la page sur la Pitié-Salpêtrière dans ces mêmes Sélections.

Commentaires

Soumis par Sylvie le 22/04/2020

Article très intéressant et agréable à lire avec une documentation variée qui permet de découvrir un établissement hospitalier renommé sous un autre angle que celui de l'actualité.

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