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L'hôpital Saint-Antoine

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4 mai 2020

En hommage au personnel soignant mobilisé face au coronavirus, Gallica propose une série de billets dédiés à l’histoire des hôpitaux parisiens. Aujourd’hui, c’est l’hôpital Saint-Antoine, du nom du faubourg dans lequel il est situé, qui est à l’honneur.

 Radiologie et Pavillon du personnel. Collection Guy et Marie-José Pallardy, BIU Santé
 

Le 28 nivôse an III (17 janvier 1795), un décret de la Convention décide la création de deux hospices d’humanité, l’un dans la maison Beaujon (futur hôpital Beaujon qui fera l’objet d’un autre billet) et un autre « dans le bâtiment neuf de l’abbaye Antoine ». Ce sont donc les bâtiments de l’ancienne abbaye royale de femmes de Saint-Antoine-des-Champs, fondée à la fin du XIIème siècle, qui l’hébergeront. D’une grande prospérité pendant les six siècles de son existence (le développement du faubourg qui porte son nom autour d’elle en est le témoin), l’abbaye fut supprimée, comme un grand nombre des congrégations, en 1791.

Nicolas-Marie Clavareau, architecte des hospices civils, prend alors en charge les travaux pour transformer l’abbaye en hôpital. Des bâtiments de l’abbaye originelle, il conserve trois bâtiments conventuels que la dernière abbesse Madame de Beauvau-Craon avait faits construire par l’architecte Lenoir en 1767. Comme décrit dans son Mémoire sur les hôpitaux civils de Paris (1805), dans le souci de créer un espace aéré, il fait démolir l’église abbatiale et la chapelle Saint-Pierre. L’architecte, qui a pour projet d’atteindre une capacité de 500 lits nécessaires dans ce quartier populeux et sous-équipé, désire la construction de deux ailes supplémentaires, dont une seule sera achevée, ainsi que d’un corps de bâtiment pour le logement des officiers de santé et des autres employés.

L’hôpital ouvre finalement ses portes le 4 pluviôse an IV (24 janvier 1796) avec une capacité de 200 lits. L’hôpital connaît une très importante expansion durant tout le XIXème siècle : de 320 lits sous Louis-Philippe, il en contenait 600 sous Napoléon III. A partir de 1811, et jusqu’en 1881, le soin aux malades est assuré par l’ordre des sœurs de Sainte-Marthe jusqu’à la laïcisation des personnels des hôpitaux à la fin du XIXème siècle. De nombreux bâtiments furent remaniés, construits et modernisés au fur et à mesure du siècle, en faire le détail par le menu serait beaucoup trop long et fastidieux. La construction en 1886 du pavillon Moïana, grâce au legs testamentaire du diamantaire du même nom, a particulièrement participé à l’agrandissement de l’hôpital. Dans ce pavillon, le professeur Georges Hayem (spécialiste du système digestif et un des pères de l’hématologie) aménagea le service de clinique médical de l’hôpital.


Laboratoire de clinique médicale (Hôpital Saint-Antoine), BIU Santé
 

A la fin du XIXème siècle, l’hôpital Saint-Antoine occupe une place importante dans les recherches et les innovations médicales en France et de nombreux médecins s’y distinguent. En plus de Georges Hayem, nous pouvons citer Marcel Lermoyez, nommé chef d’un des tout premiers services d’oto-rhyno-laryngologie en France ou encore Antoine Béclère, fondateur en 1898 du premier centre français de radiologie.


 L'Hôpital Saint-Antoine, BIU Santé
 

Une autre date importante marque l’histoire de l’hôpital : Arnault Tzanck crée en 1923 le premier centre de transfusion sanguine. Il organise les premiers dons de sang sur la base d’un fichier de volontaires. Le succès de l’entreprise ne tarde pas, des centaines de transfusions ont lieu chaque année. En 1928, l’association de l’« Œuvre de la transfusion sanguine d’urgence » est fondée. En 1931, elle est reconnue d’utilité publique.

Un pavillon financé par la donation de Mme Raba Deutsch de la Meurthe vient confirmer le rôle pionnier de l’hôpital dans ce domaine. Il est inauguré en grande pompe en 1938, sous le nom de Centre de transfusion sanguine et de recherche hématologique. Arnault Tzanck en devient le président.

L’hôpital Saint-Antoine connaît dans la seconde moitié du XXème une autre phase de modernisation et de changements, autant dans son aspect que dans son organisation interne. Le 30 décembre 1958, les ordonnances proposées par Robert Debré créent les centres hospitaliers universitaires donnant aux établissements concernés la triple mission de soins, d’enseignement et de recherche. Pour la ville de Paris, c’est l’hôpital Saint-Antoine qui est désigné comme établissement pilote (regroupé avec les hôpitaux Trousseau, Rothschild et Tenon) et il ouvre ses portes aux étudiants en 1965. La création de ce nouveau statut est concomitante à une dernière phase de travaux qui achève de lui donner l’aspect qui est le sien aujourd’hui.

Bibliographie partielle

Bonnardot, Hyppolyte. L’abbaye royale de Saint-Antoine-des-Champs de l’ordre de Cîteaux : étude topographique et historique. Paris : Féchoz et Letouzey. 1882
Garsonnin, Maurice. Histoire de l’hôpital Saint-Antoine et de ses origines. Etude topographique, historique et statistique. Thèse pour le doctorat en médecine. Paris : Henri Jouve. 1891
Clavareau, Nicolas-Marie. Mémoire sur les hôpitaux civils de Paris dans lequel on traite de la situation de chacun d’eux, comparé avec les anciens. Paris : impr de Prault. 1805
Legent, François. La naissance de l’Oto-rhino-laryngologie en France. Août 2005, [en ligne] (consulté le  29/04/2020)
Pallardy, Guy. La radiologie est entrée avant l’électricité dans les hôpitaux de Paris in « Histoire des sciences médicales », tome XXIII, n°4, 1999
Florence Launay. Petite histoire de la transfusion in « Blog de Gallica ». 2016, [en ligne] (consulté le 29/04/2020)
L’hôpital Saint-Antoine hier [en ligne] (consulté le 29/04/2020) 

Pour aller plus loin

Voir la section dédiée aux hôpitaux parisiens dans les Sélections consacrées à l’Histoire de Paris.
Voir la page sur l’hôpital Saint-Antoine dans ces mêmes sélections.

Auteur du billet : Solenne Coutagne, BIU Santé

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