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Louis Boussenard (1847-1910)

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 Petit fils d’un religieux défroqué sous la Révolution, Louis Boussenard est né le 4 octobre 1847 dans le village d’Escrennes en Beauce. D’abord collégien à Pithiviers, il s’inscrit en 1867 à la faculté de médecine de Paris. Durant la guerre de 1870 contre la Prusse, il s’engage en tant qu’aide médecin dans une unité combattante où il est blessé à la bataille de Champigny. Il reprend ses études à la fin de la guerre, mais très vite s'oriente vers le journalisme, avec des collaborations variées publiées dans le supplément littéraire du Figaro, dans le Peuple, Le Petit Parisien, La Justice  où il tient une chronique quotidienne de faits divers pendant quelques mois.

Très grand succès. Le Tour du monde d'un gamin de Paris par Louis Boussenard

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b90138238

 

Petit fils d’un religieux défroqué sous la Révolution, Louis Boussenard est né le 4 octobre 1847 dans le village d’Escrennes en Beauce. D’abord collégien à Pithiviers, il s’inscrit en 1867 à la faculté de médecine de Paris. Durant la guerre de 1870 contre la Prusse, il s’engage en tant qu’aide médecin dans une unité combattante où il est blessé à la bataille de Champigny. Il reprend ses études à la fin de la guerre, mais très vite s'oriente vers le journalisme, avec des collaborations variées publiées dans le supplément littéraire du Figaro, dans le Peuple, Le Petit Parisien, La Justice  où il tient une chronique quotidienne de faits divers pendant quelques mois.

Son premier roman, A travers l’Australie, paraît en feuilleton dans le Journal des Voyages en 1878, périodique auquel il restera attaché jusqu’à sa mort. Quasiment tous ses romans y seront d’abord pré-publiés avant leur sortie en librairie. En 1879 il signe ce qui va être son plus gros succès, Le Tour du Monde d’un Gamin de Paris, dans le droit fil des fictions de Jules Verne. Il a trouvé une voie, dont il déviera peu.

Missionné pour sept mois par le Ministère de l’Instruction Publique (1880-1881) en Guyane, il en rapporte un récit de voyage, suivi de plusieurs romans, dont Les Robinsons de la Guyane, qui le mettent à l’abri du besoin. Il abandonne alors le journalisme pour se consacrer à sa carrière littéraire.

Débute une série de périples aux quatre coins du monde : Amérique du Nord et du Sud, Maroc, Sierra-Leone, Antilles, Floride, Indonésie, îles du Pacifique, etc. Dans chaque voyage, il note ses impressions au jour le jour, en tire un récit qu’il envoie pour publication au Journal des Voyages. De retour en France, ces textes lui servent de trame pour l’écriture de ses romans: trente-sept en une trentaine d’années.

Journal des Voyages ... commence la publication ... Les Aventures d'un gamin de Paris au pays des lions par Louis Boussenard (DL 1885)
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b9005495q
 

Ce géant qui ne mesure pas moins d'un mètre quatre-vingt douze (ce qui est rare à l’époque), au caractère aventureux et bon vivant, est également un chasseur dans l’âme : il écrit d’ailleurs un livre qui restera longtemps une référence, La Chasse à tir mise à la portée de tous (1886). De sa propriété campagnarde ce grand sportif parcourt régulièrement les routes de Beauce en vélo-tandem avec sa femme. Il y écrit aussi des chroniques villageoises dans un journal local, Le Gâtinais. Il décède le 9 septembre 1910, quelques mois après sa femme, non sans avoir rédigé, quelques heures avant sa mort, le faire-part de ses propres funérailles.

Louis Boussenard est avant tout un auteur de romans d’aventures, caractéristique de cette fin du XIXe siècle. Cocardier, plein d’allant, il est paternaliste envers les peuples colonisés. Ses personnages sont des français qui à la fois découvrent le monde (et surtout le font découvrir aux lecteurs) et représentent la civilisation occidentale dont ils portent haut les valeurs. Il est également républicain et très anticlérical. Ne s’exclame-t-il pas, lors des obsèques de son beau-père : « L’Église ! le Château ! refuges séculaires de la superstition et de la tyrannie, demeures redoutables où s’abritèrent dans d’inexpugnables forteresses, les deux ennemis de l’homme des champs, le prêtre, le seigneur. »

Il y a une filiation très forte entre lui et Jules Verne, ce qu’a bien noté Jean-Paul Sartre dans Les Mots (1964) : « Boussenard et Jules Verne ne perdent pas une occasion d'instruire : aux instants les plus critiques, ils coupent le fil du récit pour se lancer dans la description d'une plante vénéneuse, d'un habitat indigène. Lecteur, je sautais ces passages didactiques ». Le tout conté sur un rythme échevelé, haletant, aux dialogues percutants, rapides et nombreux. Cette suite de scènes d’actions sans temps morts se caractérise aussi par une certaine fascination pour la violence, voire la sauvagerie, surprenante pour un auteur qui s’adresse à un public en partie adolescent.

Ses romans sont quasiment organisés en cycles. Le plus important est celui du « gamin de Paris » : Friquet est un adolescent facétieux et effronté, directement inspiré de Jules Verne (sa vocation lui vient de la lecture du Tour du Monde en 80 jours). « Notre petit homme, héros obscur et toujours gouailleur, les yeux flamboyant, trouant de deux lueurs d’acier sa face blême, la tignasse hérissée ». Il reprend ce personnage dans au moins dix récits, au cours desquels Friquet parcourt le monde entier : Océanie, Afrique, Asie, Amérique. Il lui donne même un fils, Totor, et un alter-ego féminin, Friquette l’infirmière.

Mais d’autres romans d’aventures sortent de sa plume : ceux consacrés à la Guyane, au Grand Nord : Le Défilé d’Enfer (1891), Les Français au Pôle Nord (1892), L’Enfer de glace (1899) et Capitaine Casse-Cou (1900); à l’Asie : Les Étrangleurs du Bengale ; à l’Afrique (Les Aventures périlleuses de trois français au pays des diamants) ; à l’Amérique du Sud: 2.000 lieues en Amérique du Sud. Il donne encore des récits historiques tel :  La Terreur en Macédoine : récit vrai, sacrifie à la mode des mélodrames larmoyants: Le Secret de Germaine, Les exploits de Bamboche. Il est également l’auteur de trois romans d’anticipation parfois étonnants : Les Secrets de Monsieur Synthèse (1888) , Monsieur Rien (1907) et Les Gratteurs de ciel (1907).

Si une partie de ses livres ont été réédités entre les deux guerres, Louis Boussenard a néanmoins connu une désaffection du public. Curieusement, son œuvre a intégralement été traduite et éditée en Russie dans les années 1990 et on commence à rééditer seulement aujourd'hui quelques-uns de ses plus grands succès.

Roger Musnik
Département Littérature et art

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