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Il s’agit d’une première pour un pays scandinave. Ceci revêt donc une saveur particulière pour les passionnés de vélo du Nord de l’Europe, et peut-être plus encore car il y a quelque chose de sportif au royaume du Danemark depuis la victoire de Bjarne Riis en 1996.
Passionnante, l’histoire de Copenhague est souvent méconnue. Petit village de pêcheurs au Xe siècle à l’emplacement stratégique entre mer du Nord et mer Baltique, Købmandshavn (« le port des commerçants ») a su tirer parti de sa position stratégique. Copenhague fait face au détroit de l’Øresund, qui appartient à l’espace maritime du Kattegat, entre Danemark et Suède ; au sud de l’Øresund s’ouvre la Baltique, au nord la mer du même nom.
Le Royaume de Danemark, par Guillaume Sanson. Paris : Hubert Jaillot, 1685.
Département des Cartes et plans, GE C-11459
Le Danemark a longtemps régné sur de vastes terres en Scandinavie et à l’ouest de l’actuelle Allemagne. Force prévalente au sein de l’Union de Kalmar (1387), il a dominé la Suède jusqu’en 1523, et la Norvège jusqu’en 1814. Le Danemark a également exercé un pouvoir sur l’Islande jusqu’en 1944, et administre partiellement aujourd’hui encore les Îles Féroé et le Groenland. Copenhague est en cela l’héritière d’une tradition de puissance dont témoignent des bâtiments tels que le palais de Christiansborg, sur Slotsholmen ("l'Île du château").
Copenhague est devenue capitale du Royaume du Danemark au début du XVe siècle, lorsqu’Éric de Poméranie (1392-1459) décida d’y installer le trône. Fondée dès 1479, l’université de la ville est le fleuron d’une tradition scientifique danoise qu’incarnent l’astronome Tycho Brahe (1545-1601) et son célèbre observatoire situé sur l’île de Ven.
Tycho Brahe, dessin anonyme (157.).
Département Estampes et photographie, Réserve boîte FOL-NA-22 (3).
Le XVIIe est pour Copenhague un siècle marqué par un fort développement économique qu’illustre la construction de la Bourse.
Le pays poursuit une politique expansionniste durant le règne de Christian IV (1577-1648) : réformes économiques, expéditions au Groenland, guerre de Kalmar contre la Suède, et participation à la guerre de Trente ans, d’abord contre le Saint-Empire, puis à ses côtés.
Le souverain fait également ériger le château de Rosenborg, ainsi que l’observatoire de la Rundetaarn, la « tour ronde ».
Rundetaarn à Copenhague in
Voyages de la commission scientifique du Nord (…). Paris, A. Bertrand, 1843-1855. Fol. 14 r°. M-280
Le commerce, et tout particulièrement la pèche au hareng ont fait la fortune du Danemark. La ville fut ainsi une cible de la Ligue Hanséatique durant le XIVe siècle, puis fut bombardée à deux reprises en 1428, durant la guerre Dano-hanséatique (1426-1435).
Elle continua ensuite de s’affirmer comme un haut lieu de commerce aux XVIe et XVIIe siècles, malgré des conflits réguliers entre puissances européennes dont le Danemark fut partie prenante : ainsi durant la guerre dano-suédoise (1658-1660), qui vit les armées de Charles X Gustave de Suède attaquer Copenhague la nuit du 11 février 1658.
Assalto nottur no dato dal Ré Carlo Gustavo de Svetia alla Citta reale di Coppenhagen…. 1658.
Département des Cartes et plans, GE D-14192.
La ville poursuivit son développement au XVIIIe siècle, en dépit de l’épidémie de peste touchant l’Europe et de deux incendies majeurs ravageant la ville.
Le XIXe siècle correspond à l’âge d’or danois (den danske guldalder). Copenhague accueille un grand nombre de lettrés : parmi eux, Adam Gottlob Oehlenschläger (1779-1850), auteur du texte de l’hymne national danois Der er et yndigt land (« Il est un pays charmant »), et l’illustre Hans Christian Andersen (1805-1875), dont les contes et récits féériques ravissent aujourd’hui encore les lecteurs de tous âges.
Si le XIXe siècle danois est d’or, c’est aussi grâce au renouveau néo-classique que proposent architectes et artistes. Le plus célèbre d’entre eux est sans nul doute Bertel Thorvaldsen (1770-1844), sculpteur formé à l’Académie Royale des Beaux-Arts de Copenhague, qui exerça principalement à Rome. Sa ville natale le fit citoyen honoraire en 1838.
Sculptures de Thorvaldsen au Musée de Copenhague : 2 albums et 36 phot., par Budtz Muller.
Collections Société de géographie, Département des Cartes et plans,
SG WC-667 (1) et (2).
Le XIXe siècle danois est également propice aux sciences. Les sciences expérimentales sont éclairées par les travaux tels que ceux du physicien Hans Christian Ørsted (1777-1851) ; les sciences humaines sont marquées par la figure de Søren Kierkegaard (1813-1855), philosophe et théologien dont l’œuvre déploie un existentialisme chrétien d’une grande influence sur la philosophie contemporaine occidentale.
La modernité et son confort font irruption dans la vie quotidienne des Copenhaguois.e.s : 1843 voit l’ouverture au public du Tivoli, l’un des plus anciens parcs d’attraction encore en activité.
Kjöbenhavn og omegn [Copenhague et ses environs]. E. Flensborg, 1885. Département des Cartes et plans, SG WC-728, n°27.
1892 marque l’arrivée de l’électricité dans la capitale, ce qui conduit 5 ans plus tard à l’apparition du tramway électrique. Ci-dessous, un tramway dit « hippomobile », tracté par des chevaux, l’un d’eux dépassant sur la droite de l’affiche.
La culture s’ouvre à toujours plus de citoyens. Sur l’affiche ci-dessus, on lit :
« Stor Sommerfest afholdes paa Etabl. "Wodrofflund"
(...)
Af de mange forskellige Forlystelser fremhæves :
Det japanske Thehus / Revyteatret / Pantomimeteatret / Sportspladsen »
soit, traduit :
« Grande fête d'été organisée à l'Etabl. "Wodrofflund".
(...)
Parmi les nombreuses attractions : salon de thé japonais / théâtre de revue / théâtre de marionnettes / terrain de sport »
Les beaux-arts prennent quant à eux une place croissante dans la vie de la cité.
Comme dans le reste de l’Europe, les modes de vie urbains se différencient de ceux des campagnes, costumes et toilettes de ville remplaçant progressivement les vêtements traditionnels.
Des Albums universels permettant d’arpenter le Copenhague du début XXe s. peuvent aujourd’hui être aujourd'hui feuilletés en ligne.
« Copenhague, le Pont de la reine Louise », in
Album universel. Paris, L. Boulanger. 272 photo.
Collections Société de géographie, Département des Cartes et plans, SG W-116 fasc. 15, n°4.
Si les conséquences de la Première Guerre mondiale ont été pour Copenhague limitées, les tragédies du XXe siècle saisissent le Danemark en 1940, avec l’instauration d’un protectorat allemand. Les Nazis occupent la capitale, et si l’on constate comme ailleurs des actes de résistance ou de collaboration, le sauvetage des Juifs danois est pour sa part resté célèbre, la plupart d’entre eux ayant pu être conduits clandestinement en Suède. Le 4 mai 1945, Copenhague est libérée.
Après-guerre, les mouvements d’émancipation de la société civile progressent au Danemark comme dans le reste du monde. En 1971, Christiania, un quartier de l’Est de Copenhague, est proclamé par ceux qui s’y installent « Ville libre » (Fristaden Christiania) : un système autogéré de vie communautaire y est mis en place.
C’est donc une riche histoire que celle de Copenhague, petit port médiéval devenu capitale européenne, et dont le développement est source d’inspiration pour nombre d’urbanistes. À l’image d’autres villes du « modèle nordique », le vélo y occupe au quotidien une place aussi banale qu’importante. C’est pourtant une place toute exceptionnelle qu’aura la petite reine ce 1er juillet, alors que le Tour s’élance pour la première fois de Scandinavie, avec le départ le plus septentrional de ces 120 années d'Histoire.
Après avoir parcouru (à plus de 50km/h...) Copenhague et son histoire pour leur première étape de contre-la-montre individuel, les coureurs partiront le 2 juillet de Roskilde pour rallier Nybord, puis le 3 juillet de Vejle pour rejoindre Sonderborg.
Lad Tour de France begynde!
Que le Tour s’élance !
Bernstorfsgade Sondagen-Cycle Vaeddelob Clubben Cyclisten, par Paul Fischer. Lithographie, 1895.
Département Estampes et photographie, ENT DN-1 (FISCHER, Paul)-FT 6.
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