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11 novembre 1918 : Marthe Chenal chante l'arrêt des hostilités

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10 novembre 2016

Au soir du 11 novembre 1918, Marthe Chenal, soprano de l'Opéra Comique de Paris et égérie des Poilus, interprète l'hymne national de La Marseillaise depuis un balcon de l'Opéra Garnier devant une foule en liesse. Le matin même, à onze heures, le cessez-le-feu a été annoncé après quatre années de guerre : l'armistice tant espéré a enfin été signé.

Paris. Les Grands boulevards le jour de l'armistice du 11 novembre 1918 (photographie de presse, Agence Rol)
 

Le 11 novembre 1918, après quatre années de guerre, l'armistice est signé entre les généraux alliés et allemands, à 5h15, dans la clairière de Rethondes en forêt de Compiègne. Il marque l'arrêt des combats de la Première Guerre mondiale et un cessez-le-feu est effectif sur le front à 11h. Si la fin réelle de l'état de guerre doit attendre la signature du traité de Versailles du 28 juin 1919, la liesse est générale, à l'arrière comme sur le front et dans chaque camp. Dans toute la France, les cloches sonnent à toute volée et les Français chantent à pleins poumons La Marseillaise. A Paris, on investit aussi les rues : on célèbre les soldats et la fin de cette guerre que l'on veut croire comme étant la "der des der".

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Paris, place de l'Opéra : rassemblement populaire, le 11 novembre 1918 (photographie de presse, Agence Rol)
 

Le soir de ce 11 novembre, Marthe Chenal, soprano française de l'Opéra Comique de Paris, interprète La Marseillaise depuis l'Opéra Garnier devant une foule parisienne ivre d'émotion et de joie. Engagée comme infirmière volontaire dès le début de la guerre, l'artiste lyrique a chanté sur le front pour les Poilus dont elle est devenue l'égérie. Elle enregistrera dès décembre 1915 chez Pathé La Marseillaise, accédant au rang de gloire nationale et d' "incarnation vivante de La Marseillaise".

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► La Marseillaise / Rouget de L'Isle, comp. ; Mlle Marthe Chenal, soprano
Mlle Marthe Chenal / photographie de presse, Agence Rol, 1917

 

Un peu plus tôt dans la journée, le baryton belge Jean Noté avait célébré lui aussi ce jour libérateur en chantant l'hymne national français d'une fenêtre de l'Opéra, tenant d'une main le drapeau français, de l'autre, le drapeau belge.
 

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 La Marseillaise / Rouget de Lisle, comp. ; Jean Noté, baryton de l'Opéra
"Au bal tricolore, Jean Noté chante la Marseillaise" / dessin de Charles Gir

 

Le traité de Versailles du 28 juin 1919 mettra fin officiellement à l'état de guerre et sera suivi de deux journées de commémoration nationale fortes en France. Le jour du 14 juillet sera rendu un hommage à tous les soldats, dans la joie et le faste : à Paris, les armées alliées défilent jusqu'à l'Arc de Triomphe, sous les acclamations de la foule. Ce "défilé de la Victoire" sera commenté par Théodore Botrel, chansonnier de veine nationaliste délégué par Millerand et engagé volontaire auprès des soldats français. Ce commentaire donnera lieu à l'édition d'un enregistrement où l'on peut certes encore entendre une animosité persistante mais également un hommage émouvant aux Poilus. La journée du 2 novembre sera un autre temps fort de l'année 1919 et de nombreuses cérémonies seront organisées dans toute la France.
Le 11 novembre 1919 restera cependant une journée d'hommage discret, dont la cérémonie sera organisée dans la chapelle des Invalides, en présence du maréchal Foch. Une profonde désillusion morale et spirituelle marque les survivants de cette guerre ayant cruellement entaché l'Europe par sa brutalité : ce sont pourtant eux, les anciens combattants, qui imposeront progressivement cette date du 11 novembre comme journée de commémoration nationale en l'honneur des soldats et de leur sacrifice à la nation.

En 1920, les effusions de la victoire sont passées. Les survivants tentent de retrouver une existence au sein d'une société qui peine à se relever mais aussi à réintégrer des hommes, qui comme elle, sont irrémédiablement changés. Les corps souffrants tentent de se reconstruire. Les familles pleurent encore leurs morts et leurs disparus. Face à l'absence, le besoin qui s'était esquissé dès 1916 de rendre hommage à tous ces soldats non identifiés ou disparus se concrétise. Le 11 novembre 1920, on choisit de placer dans la chapelle ardente de l'Arc de Triomphe le corps d'un soldat non identifié de la citadelle de Verdun. Le soldat sera inhumé sous l'Arc de Triomphe le 28 janvier 1921.

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Le corps du soldat inconnu enseveli sous l'Arc de Triomphe (photographie de presse, Agence Meurisse, 1921)
 

En 1922, la journée du 11 novembre devient officiellement un jour de commémoration nationale par la loi du 24 octobre, et en 1923, la première flamme du souvenir sera allumée sur la tombe du soldat inconnu. Léa Caristie-Martel, pensionnaire de la Comédie Française et connue également comme la "muse des armées", rendra hommage à ces soldats dans une poésie quelque peu va-t-en-guerre, La gloire : poésie d'un soldat inconnu mort pour la France.

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La gloire : poésie d'un soldat inconnu mort pour la France, dite par Mme Caristie-Martel (La Muse des Armées)
Mme Caristie-Martel, déclamant des vers près de la tombe du soldat inconnu (photographie de presse, Agence Rol)

 

Plus de 10000 soldats seront encore tués, blessés ou portés disparus le 11 novembre 1918. Augustin Trébuchon, berger de 40 ans, et Jules Achille, 25 ans, seront les derniers soldats français tués de la Première Guerre mondiale, peu avant ou après les onze heures. Les pertes humaines de la Pemière Guerre mondiale sont estimées aujourd'hui à presque 19 millions de morts, militaires et civils.

Qu'ils soient "Poilus", "Tommies", "Landsers", "Diggers", "Jass", "Sammies" ou bien encore "Serranos", le 11 novembre est avant tout un jour de mémoire rendant hommage au courage et au sacrifice de ces millions de soldats, mais aussi aux populations civiles touchées elles aussi par la violence extrême du premier grand conflit armé mondial du XXe siècle.
 

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Tommies à l'arrière du front, 1917 (photographie de presse, Agence Rol)
11/11/19 : les deux minutes de silence en l'honneur de l'armistice, à Londres (photographie de presse, Agence Rol)

 

Pour aller plus loin

Les corpus des Chansons et des Discours de la Première guerre mondiale et de la Marseillaise sont consultables ici.
De nombreux documents relatifs à la première guerre mondiale (photographies, imprimés, enregistrements, correspondance...) sont disponibles sur notre bibliothèque numérique Gallica et dans le corpus consacré à cette période dans les pages Sélections.

Vous pouvez également écouter sur les postes audiovisuels du Haut-de-jardin de la bibliothèque des livres audio consacrés à la correspondance de soldats de la Première Guerre mondiale :
  - Verdun, années infernales : lettres d’un soldat au front, rassemblées par Henri Castex (Collectif de recherche international et de débat sur la guerre de 1914-1918, 1980)
  - Paroles de poilus, lettres et carnets du front 1914-1918 lus par Jean-Pierre Guéno, Tristan Zombas, Denis Duthieuw…(Editions Librio, 1998)

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