Titre : Le Matin : derniers télégrammes de la nuit
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1906-04-30
Contributeur : Edwards, Alfred (1856-1914). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 30 avril 1906 30 avril 1906
Description : 1906/04/30 (Numéro 8100). 1906/04/30 (Numéro 8100).
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/04/2008
Année. Na 8100
SIX PAGES Paris et Département CINQ CENTIMES
Lundi 30 Avril 19CÎè
DERNIERS TÉLÉGRAMMES DE LA NUIT
SEUL JOURNAL FRANÇAIS RECEVANT PAR NOUVELLES DU MONDE ENTIER
JOUR DE FÊTE
Ij paraït que la prudence nous com-
campagne. Eh bien non, il ne. fait vrai-
ment pas assez beau.
Convenons-en, cette année, le 1er mai
(tombait bien le mardi est un jour com-
mode. Ceux qui ont l'habitude de chô-
mer le dimanche pouvaient « faire le
pont o le lundi, et prendre de l'agrément
pendant trois jours. Les compagnies de
chemins de fer auraient organisé, au be-
sein, des trains spéciaux « Troïs jours
aux champs ou à la mer », et tous les
oisifs et tous les bureaucrates de tous les
bureaux auraient offert à leurs familles
de petites vacances supplémentaires.
Malheureusement, le temps 'n'est pas
feûr.
Il ne reste à la bonne société, pour se
'distraire, qu'à nous ménager un ter mai
ïunèbre en fermant les volets des mai-
l sons et les devantures des boutiques, en
évitant de sortir dans les rues pour faire
des emplettes ou prendre l'air, et en
abandonnant Paris aux grévistes, aux
militaires et aux sergents de ville.
N'est-ce. pas là le spectacle que nous
préparent ces femmes du monde qui font
̃ Fe tour de leurs fournisseurs en leur re-
commandant « Surtout n'ouvrez pas le
mai il y aura des bombes (car les
anarchistes léur ont fait des confidences,
évidemment, à ces petites linottes politi-
ciennes), et ces gandins conspirateurs,
;èes Machiavels de cabinet de toilette qui,
'en frisant leur moustache devant la
glace, combinent des collisions sanglan-
Jes entre les ouvriers et la troupe, et fon-
dent leurs espérances de victoire politi-
que sur des meurtres de travailleurs et
de soldats ?
Tout ça n'est pas gai.
On, avait cependant de l'esprit en
France, autrefois, et même du bon sens.
Quelle chance si, par hasard, nous
en retrouvions un peu 1 Ce qui nous
paraît tragique deviendrait tout à coup
si simple. Nous nous dirions « Le pro-
létariat veut sa fête annuelle qu'on la
lui donne, et splendide Qu'on y fasse.
collaborer le gouvernement, le patronat,
l'armée, toute la France n
Nous célébrons assez de fêtes religieu-
ses, dont le sens échappe à beaucoup
:nous' pouvons bien célébrer la fête du
peuple qui travaille. Ici, le symbole est
Plus que tous les saints ramassés, les
prolétaires ont droit à leur jour d'hon-
neur. Ils sont à la source de toutes les
gloires et au début de toutes les fortu-
nes. Ils ont fait la France telle qu'elle
est par le don quotidien de leur être, de
pères en fils, depuis des siècles. C'est le
jsartg largement sur les champs de bataille,
c'est la vie des leurs qu'on a usée dans
les durs travaux de l'atelier, et parfois
sacrifiée cyniquement dans les profon-
deurs jle la mine. Toutes ces morts va.
lent bien, chaque année, un souvenir.
Et l'espoir des vivants, qui veulent une
société meilleure, mérite aussi qu'on le
'salue 1
La seule mesure que devraient pren-
en vue du 1er mai, le gouvernement
;et le Parlement, serait de le déclarer
ijour férié.
Le peuple français, qui fête le 14 juil-
let son émancipation politique, fêterait
le f* mai son progrès social.
Quel danger y aurait-il à cela ? On fe-
rait marcher le commerce, au lieu de le
ifeire gémir, et on donnerait à Paris une
,animation merveilleuse, au lieu d'y faire
iségner l'angoisse et peut-être la solitude.
Le président de la République irait,
tout le premier, le matin, présider, à la
,galerie des Machines (si, par fortune,
l'administration n'était plus assez bête
pour la démolir), une formidable assem-
Jblée de délégués ouvriers venus de tou-
tes les usines. Là, les parlementaires ap-
porteraient les lois de l'année, les pa-
trons apporteraient les réformes'volon-
;teires de l'atelier, les mutualités, les
..coopératives, les syndicats diraient les
résultats conquis puis le chef de'l'Etat,
!arbitre des classes, proclamerait lui aussi
lies progrès de la nation et rencontrerait
le peuple français, autrement qu'en voi-
Dans la journée, on ferait, à travers les
'boulevards et les Champs-Elysées, un
cortège magnifique et fleuri, avec toutes
les fanfares des'régiments et toutes les
chorales de Paris, entre des maisons pa-
*voisées et des haies de jeunes soldats
'placés là pour rendre hommage aux pè-
tes et aux aînés qui leur préparent du
ibien-être pour demain.
Les oisifs, les riches, les femmes, les
iehfants, les vieillards ^viendraient, tout
le long de la route, saluer le travail qui
¡passe-
Le soir, tous les concerts, tous les
théâtres donneraient des représentations
gratuites. Un peu de joie entrerait chez
Vas salariés.
Cela vaudrait mieux que de faire des
provisions de vivres dans les ménages et
des provisions de troupes dans les c&t
Sternes, et que de réciter dju matin ail
«cîr les litanies de la peur.
La vie de la France ne serait PU sus-
pendue, elle serait embellie, et notre
vieille société aurait l'air, en ce jour de
printemps, de sourire à l'avenir, au lieu
Me trembler la décadence.
Henry de Jouvenel.
DE MIDI A MINUIT
Paris, M. Sarrien, président du con-
teil, a prononcé, à.Paray-le-Monial, un int-
portant discours politique..
Départements., Le calme règne dans
lés b&ssins houillers du Nord et du
Pas-de-Càlaisi Toutefois, dans la concession
de Béthune, ont eu lieu de légères baaarfas.
= On a perguisitionné à Nice au domicile
de M. Durand de-.Beauregard, impliqué dans
tes poursuites au sujet du complot. Il en
a.été de même a Fresnes (Nord), chez qua-
tre ouvriers affiliés à la Confédération du
travail. = La grève des limonadiers per-
siste à Marseille, Ette continue aussi à Tou-
lon, ainsi que celle du gaz. La ville, dès
neuf heures du soir, est plongée dans l'obs-
curité. Les métallurgistes de l'Est ont
déclaré la grève. Le mouvernertt est à peu
près, général. = M. de Montebello, député
de la Marne, a étë victime d'un accident
d'automobile.
ETRANGER. M. Mayoline, l'avoué de
Saint-Pétersbourg auquel avait été adressée
une tettre concernant le pope Gapon, a reçu
la visite de la maitresse de ce dernier cette
femme a donné quelques renseignements
sur la vie de Gapon avant sa disparition.
En présence des souverains italiens,. on
a procédé, à Milan, à la pose de là première
pierre de la nouvelle gare. Le roi et la reine
d'Angleterre ont déjeuné Naples chez lord
Rose'berry, dans sa villa du I'ausitippe.
Le directeur d'un journal catalan de Barce-
10'(le a été condamné à trois ans de reléga-
tion pour injures à l'aimée. Dans ta pro-
vince de Hvesca, de grandes gelées ont
causé la perte des récoltes. = Des dépê-
ches de Melitla sont parvenues à Madrid,
annonçant des combats sur les bords de la
Moulouïa entre les partisans du rqghi et
les troupes du sultan.
L'enquête continue L'explosion, d'après le
chef de la Sûreté, ne serait due qu'à un
accident Opinion peu plausible, et
que dément la nouvelle d'un
second attentat.
L'enquête sur l'explosion du pont d'Ar-
genteuil se poursuit activement, menée,
d'une part, par M. Leroy, commissaire spé-
cial de la gare Saint-Lazare de l'autre, par
M. Hamard, chef de la Sûreté, faisant mo-
mentanément fonctions de directeur du ser-
vice des recherches.
M. Hamard, accompagné de M. Fouquet,
chef de la brigade des recherches, et de
nombreux agents, s'est rendu hier matin
sur les lieux de l'attentat. Après les inves-
tigations minutieuses auxquelles ils se sont
livrés, les magistrats auraient exprimé
l'opinion que l'explosion aurait pu n'avoir
qu'une cause purement accidentelle, l'en-
droit où elle s'est produite servant de ca-
chette à des cartouches de dynamite volées
ces jours derniers. Ces cartouches, qu'on se
proposait d'uliliser ultérieurement, au-
raient éclaté de façon prématurée, par suite
de quelque choc accidentel. Cette hypothèse
paraît bien-difficile a admettre. D'abord, il
n'est pas du tout démontré, jusqu'à nouvel
ordre,, que l'engin ..aitiitii, chargé de ilyna.
mite. D'autre part, la nuit dernière a été
marquée par une nouvelle tentative anar-
chiste qui, fort heureusement, n'a pas
réussi, grâce à la présence d'esprit d'une
sentinelle.
Depuis l'explosion, toute la ligne du che-
min de fer, depuis Paris jusqu'au delà
d'Argenteuil, ept gardée militairement. La
partie comprise entre Colombes et le viaduc
est surveillée par un détachement du 119a
de ligne,.en garnison à Courbevoie.
Alerte d'un factionnaire.
Or, la nuit dernière, à deux heures moins
quelques minutes, l'un des hommes du dé-
tachement, Alexandre Léon, se tenait de
faction sur le remblai, près du pont de
pierre qui enjambe la route départementale,
lorsqu'il vit arriver sur cette route, venant
de Paris, une voiture bâchée à deux roues.
Les roues devaient être caoutchoutées, car
l'équipage s'avançait sans bruit. Il s'enga-
gea sous le pont eg ne reparut pas de l'au-
tre côté. Quelques instants s'écoulèrent. Le
soldat, inquiet, arma son fusil et descendit
le remblai, décidé à se rendre compte de la
cause qui avait fait s'arrêter ainsi la voi-
ture sous le pont. Comme il approchait, il
perçut distinctement des grincements sem-
blables à ceux que produit un outil de fer
qu'on gratte contre de la pierre ou du ci-
ment: Il venait d'atteindre rentrée du pont,
lorsqu'il perçut, dans la pénombre, la
silhouette de deux individus. Ceux-ci, de
leur côté, avaient été prévenus de son arri-
vée en un clin d'oeil, ils réintégrèrent la
voiture, dont le cheval, enveloppé d'un vi-
goureux coup de fouet, tourna bride et re-
prit la direction de Paris.
Lorsque, à deux heures, le poste vint le
relever de garde, le soldat Alexandre in-
forma du fait le sergent-major Mathon et
le sergent Navethe. Ceux-ci prévinrent aus-
sitôt M. Boiesiëre, commissaire spécial de
surveillance de la gare d'Argenteuil, et M.
Play, chef du service technique.
Ces fonctionnaires vinrent aussitôt explo-
rer le pont et découvrirent qu'on avait es-
sayé de desceller un moellon de la culée,,
gauche, à un mètre cinquonte. environ du
sol.
L'arrivée de la sentinelle avait empêché
les-malfaiteurs d'accomplir leur projet, qui
était, évidemment, de pratiquer un trou de
mine, et d'y placer un engin explosif.
Dès cet instant, les services de surveil-
lance ont été/doublés de chaque côté de la.
ligne. Une piste.
Nous avons dit hier que M. Vigneaux, sur-
veillant du pont à péage d'Argenteuil, avait
vu passer, en courant, quelques minutes
`après l'explosion, deux individus à mines
suspectes, dont il put donner un signalement
assez exact.
Or, ces mêmes individus ont été vus par
un autre témoin.
'Dans la nuit du vendredi à samedi, vers
11 h. 1/4, M. Thomerot, employé chez M.
Barban, entrepreneur dé transports, à Ar-
genteuil, revenait de Paris avec sa voiture,
lorsque, comme il passait entre le pont et
le lieu dit le Drapeau », il entendit l'explo-
sion., Il se retourna à plusieurs reprises sur
son siège, pour essayer de se rendre compte
d'où venait le bruit. Tout à coup, comme il
arrivait au pont à péage, il s'aperçut que
deux hommes répondant exactement aux
signalements donnés par M. Vigneaux
étaient installés à l'arrière de sa voiture.
Le voiturier sortait du chemin de halage qui
passe sous la voie c'est lù, évidemment.
que les individus l'avaient rencontré et
avaient imaginé de grimper derrière le vé-
hicule pour aller plus vite.
S'apercevant qu'ils étaient vus, ils sautè-
rent d terre, s'engagèrent sur le pont, payè-
rent à la hâte leur passage et gagnèrent le
quai Héloïse; absolument désert à cette
heure avancée. On suppose que, de là, par
le pont de Bezons, ou par celui de la Ville-de-
Paris, ils gagnèrent une importante localité
de la banlieue ouest.
Le service de la Sûreté les y recherche ac-
tuellement.
L'ANGLETERRE
JUAjKIE
CE QUE DIT NI. KOKOVTZOFF
M. Kokovtzoff, l'homme d'Etat russe, fait
au Matin des déclarations intétes-
santes sur la possibilité d'un rappro-
chement anglo-russe L'en-
tente économique aura pour
effet l'entente politique.
Il a été beaucoup question, ces temps,
derniers, d'un rapprochement entre no-
tre alliée la Russie et notre --amie l'An-
gleterre. Je ne crois pas nécessaire d'éx-
pliquer pourquoi ce rapprochement est
désirable à tous les points de vue. En
Angleterre, comme en Russie, le peuple
souhaite ce rapprochement. Le gouver-
nement de Londres s'est Exprimé à plu-
sieurs reprises dans ce sens le gouver-
nement de Saint-Pétersbourg ne s'est
pas exprimé avec la même franchise il ce
sujet
J'ai cru intéressant de profiter de la
présence a Paris de Son Excellence M.
Kokovtzoff, pour lui demander son opi-
nion sur cette question.
M. Kokovtzoff a fait à ma demande
d'ùn entretien l'accueil le plus aimable.
J'ai eu avec lui une longue conversation,
et il m'a permis la reproduction des dé-
clarations suivantes
Une partie considérable de ma car-
rière a été consacrée aux finances de mon
pays. Je n'ai jamais appartenu au dépar-
tement des affaires étrangères de Saint-
Pétersbourg ni à la diplomatie russe. Je
n'ai donc aucune compétence comme di-
plomate pour vous parler des relations
extérieures de ma patrie.
» Je ne peux vous donner que mon
opinion personnelle due simple patriote
russe.
La Russie, à l'extérieur comme, à l'in-
térieur, a besoin de la tranquillité et du
calme pour développer ses intérêts
économiques, qui sont grands et pres-
que illimités, et pour développer son état
intellectuel qui, certes, n'a pas encore
atteint le niveau auquel nous voudrions
tous le voir.
n Je n'ai pas besoin de vous conter les
événements historiques qui ont causé,
au point de vue politique, des divergen-,
ces entre la Russie et L'Angleterre
mais je crois que rien ne pourrait
mieux les faire disparaître que la com-
munauté des intérêts économiques entre
l'Angleterre, forte et riche, et ma patrie.
LIENS COMMERCIAUX
» C'est un axiome que nul ne saurait
contester que les liens commerciaux et
financiers qui unissent deux pays, com-
me deux individus, font'plus pour main-
tenir l'amitié et le respect 'mutuel en-
tre ces pays que toute autre, chose, et,
plus on étend et développe ces. liens
commerciaux, plus sûre et stable devient
cette amitié. M'inspirant de cette idée,
j'ai été personnellement très partisan de
créer des liens économiques' entre la
Russie et fAngleterre. Comme ministre
des finances, j'ai déjà, au mois d'octobre
dernier, désiré que l'Angleterre partici-
pât à l'emprunt que le gouvernement im-
périal avait l'intention de faire à ce mo-
ment. De cet emprunt, qui était de un
milliard et quart, cent millions furent
réservés pour le marché de Londres, qui,
jusqu'alors, pendant plusieurs années,
ne s'était pas intéressé aux finances, rus-
ses. L'emprunt du mois d'octobre der-
nier échoua, comme vous le savez, à
cause dé troubles intérieurs. M'inspirant
toujours de la même idée que je viens de
vous préciser, j'éprouve la plus grande
satisfaction que l'Aaigleterre ait participé
à notre emprunt d'aujourd'hui, qui vient
d'avoir un succès si éclatant. Trois (lent
trente millions de francs ont été réser-
vés pour l'Angleterre la somme a été
souscrite trois fois. On a dit que, lorsque
l'Allemagne refusa de prendre part à
cet emprunt, nous avons été obligés de
remplacer l'Allemagne par l'Angleterre.
C'est tout à fait fantaisiste. Jevous ai
dit que' l'Angleterre aurait participé à
l'emprunt du mois d'octobre, lorsqu'il
n'était pas encore question du refus al-
lemand.
RAPPROCHEMENT POLITIQUE
» Je crois que la façon dont l'Angle-
terre s'est intéressée à nos finances doit
contribuer à l'extension de nos intérêts
commerciaux et économiques, et l'ex-
tension de ces intérêts économiques
contribuera à son tour à rapprocher poli-
tiquement les deux pays.
» Le terrain est fécond, à mon avis,
pour ce rapprochement.
̃ Les divergences politiques, dis-je à
Son.Excellence, qui existent entre l'An-
gleterre et la Russie sont limitées pres-
que entièrement au continent asiatique.
» En Europe, les intérêts russes et
anglais ne sont nulle part en conflit
sur les autres continents, l'Amérique,
l'Afrique et l'Australie, la Russie et l'An-
gleterre n'ont pas d'intérêts contradictoi-
res. Croyez-vous à la possibilité de faire
un accord anglo-russe, comme l'accord
anglo-français de 1904,. qui pourrait ré-
gler toutes les divergences que la Rus-
sie et l'Angleterre ont en Asie ? »
M. Kokovtzbiï me répoad
Je vous répète que je ne suis pas
diplomate et 'que je ne me.suis jamais
beaucoup occupé des affaires de politi-
que étrangère je ne vous donne, à ce
sujet, que l'opinion d'un simple citoyen
russe. Voici ce que je pense Je trouve
absurde que l'Angleterre et la Russie
dépensent des sommes énormes pour
pousser, leurs intérêts en Perse. Depuis
de longues années, nous nous faisons
une concurrence très vive dans ce pays,
et, à mon avis, l'Angleterre et la Russie,
au lieu d'y continuer leur opposition,
devraient s'entendre, et le pourraient je
crois, en ce qui concerne leurs intérêts
--en Perse.
.-̃=- Et en ChinR
En Chine, la situation est plus com-
pliquée. Dans le nord, nous avons, grâce
à notre chemin de fer, des intérêts consi-
dérables, que nous voulons sauvegarder.
Il y a tant de pays qui ont des intérêts en
Chine que je n'ai pas une opinion très
arrêtée à ce sujet
Et au Thibet ?
Je n'ai pas d'opinion sur ce que
l'Angleterre et'la Russie. pourraient faire
ensemble au Thibet. Comme homme de
finance, je vous répète que tout ce qui
contribuera à donner la tranquillité à la
Russie, à l'extérieur et à l'intérieur, doit
être envisagé comme une condition néces-
saire de tout progrès dans mon pays et
sera toujours appuyé par moi de tous mes
efforts. Dans cet ordre d'idées, un rappro-
chement économique, qui amènera for-
cément un rapprochement politique en-
tre la Russie et l'Angleterre, est à tous
les points de vue désirable, d'autant plus
que ce rapprochement ne nuira aux in-
térêts de personne.
-•̃ JULES Hedeman.
RÉVOLTE ARABE
L'ordre est rétabli dans la région de Thala
enquête administrative est ouverte.
TUNis, 29 avril. Des colonnes d'infan-
terie et de cavalerie exécutent des recon-
naissances dans la région de Thala, où l'a-
gitation a disparu. Une dizaine d'indigènes,
accusés de complicité à la révolte, ont été ar-
rétés. Cinq indigènes, blessés lors des atta-
ques de Thala, ont été conduits aujourd'hui
Tunis, pour être hospitalisés.
On signale la belle conduite du khalifat de
Thala, Si Abdsellem, qui a arrêté le mars-
bbut et est allé chercher Kasserine les Eu-
ropéens échappés au massacre et les a ra-
menés sains et saufs.
La populalion de Thala a vu avec soulage-
ment le rétablissement de l'ordre.
Le contrôleur civil à Sousse a reçu ce ma-
tin les notabilités indigènes, qui sont venues
lui faire part de la vive réprobation pounles
douloureux incidents de Thala et assurer
le gouvernement français de leur dévoue-
ment absolu.
On n'a aucune nouvelle du colon Ber-
trand ni de sa sœur, emmenés prisonniers,
le 26 avril, par les révoltés.
M. Salle, dont le père et la mère ont. été,
assassinés, est retourné dans sa ferme pour
procéder aux obsèques. Leurs restes seront
probablement ramenés à Kairouan, où la
population leur fera- une manifestation..
Le 'délégué à la résidence générale, et le
secrétaire général adjoint au gouvèrnement
tunisien partiront après-demain pour Kas-
serine, ntin d'y effectuer une enquête ad-
ministrative.
PROPOS D' UN PARISIEN
Savez-vous que nous vivons dans un drôle
de pays ?
Un monsieur est chez lui, couché, dor-
mant à poings fermés. Tout à coup une son-
nerie retentit. Réveil en sursaut. La sonne-
rie marche toujours, c'est celle de la porte
de l'appartement. Le monsieur effaré fait
de la lumière, regarde la pendule cinq heu-
res et demie
Qui peut sonner à pareille heure ? Sa pre-
mière pensée est que le feu a pris dans la
maison. Vite il saute à bas de son lit, court
à la porte, ouvre et se trouve en face d'un
inconnu, flanqué d'un ou de plusieurs aco-
lytes, qui lui dit à brûle-pourpoint
,Je suis commissaire de police, voici
mon écharpe, je viens perquisitionner chez
vous, voici mon mandat.'
Perquisitionner ? Et pourquoi De
quoi suis-je accusé ?
Je n'en sais rienj j'obéis à des ordres.
Veuillez me laisser entrer et me donner vos
clefs.
Et. aussitôt, le commissaire commence à
ouvrir les tiroirs, à fouiller partout, prend
vos papiers, votre correspondance, dresse,
un procès-verbal, salue et s'en va, empor-
tant le tout.
C'est ainsi qu'est comprise l'inviolabilité
du domicile sous un régime de liberté.
Notez que tous nous sommes exposés à
pareille inquisition. L'autorité n'a pas même
besoin d'invoquer la sûreté de l'Etal.
Elle peut prétendre, si bon lui semble, tout
ensachant parfaitement le contraire, que
vous fabriquez des allumettes ou que vous
déteniez du tabac de contrebarfde (le fait s'est
produit jadis au cinquième étage d'une mai-
son de la rue Yvon-Villarceau).
Après, votre innocence étant reconnue, on
vous rend vos papiers. Mais votre corres-
pondance a été lue, votre existence intime
a clé élnlée devant les policiers ou les gens
de justice, Pas de recours possible, pas de
plainte il formuler, la loi autorise ces choses.
Et, ainsi, nous sommes à la merci de la
police ou d'un ministre qui passe. C'est ex-
trêmement agréable, et les Français sont de
bien boDn<*v botes- .̃ H. Harduin.
Un prêtre dénoncé
Une lettre de la Ligue antimaçonnique
Ce document établit de manière péremptoire les rapports de la Ligue antimaçon-
niaue avec Audovard.
Les ncnes ae toutes sortes, qui ont été
soigneusement étiquetées et cataloguées
à la Ligue antimaçonnique de M. l'abbé
Tourmentin, ne visaient pas exclusive-
ment des officiers, mais également des
C'est, ainsi que M. Audouard, prési-
dent de l'Avant-garde royaliste de Ver-
sailles, dont la vigilance s'étendait la.,
fois sur le clergé comme sur l'armée,
adressait à M. l'abbé Tourmentin, à la
date dû 9 février 1906, la lettre suivante,
qui a été classée dans les archives de la
Ligue antimaçonnique sous le chiffre ca-
balistique de «/i5. 18. »••-
ARCHIVES. 18.
il, écrit au gouvernement pour lui dire
«que, s'i^avait dès vues sur lui au, sujet
d'un évêché, il lui annonçait qu'il n'était pas
l'ami des Frères- catholiques d'.Asnières ».
Cas très intéressant.
Pourrais faire connaître une personne qui
renseignerait.
Le président,
Signé E. AUDOUARD.
Mais, malgré tout, ce sont les officiers
qui, en plus grand nombre, figurent
dans les archives de l'abbé. Tourmentin.
Ils étaient très soigneusement épiées et
̃ surveillés; ces officiers, ainsi qu'en té-
moigne la fiche suivante, cataloguée aux
archives de la rue de Grenelle sous le
chiffre de « 28. 1 » v
Monsieur J. Tourmentin, 42, rue de Grenelle,
Paris.
ARCHIVES. 28. 1.
9 février* 1%G.
Baillot. ̃– Lieutenant au 270 dragons, lk,
̃ r,ue- de Noailles, Versailles.
Etait de service jeudi, 8 février, aux opé-
rations d'inventaire de l'église Saint-Sijm-
phorien.
Si j'étais chef ici, je lancerais les che-
vaux sur ces femmes.
s'agissait des femmes venues pour voir
ou pour manif ester.
̃̃̃̃,̃̃̃ Le président,
Signé E. AUDOUARn.
M. Audouard, on le voit, ne bornait
pas sa surveillance à la conduite des of-
ciers, mais l'exerçait aussi sur leurs
propos.
M. Audouard est un correspondant,
très actif. Nous lé retrouverons demain
en dialogue avec un autre interlocuteur.
Vidi.
P.-S. Le ciel a doué M. l'abbé Tour-
mentin d'une b.elle assurance, ce qui est
parfois utile; mais aussi d'une déplorable
mémoire, ce qui.est parfois nuisible.
C'est ainsi que M. l'abbé Tourmentin
a cru devoir, hier après-midi, déclarer
RiCU POSTAL D'UN ENVOI RECOMMANDÉ DE FIGEES ADRESSÉ PAR M. AUDOUARD
A M. L'ABBÉ TOURMENTIN
un officier signalé
textuellement ce qui suit à un rédacteur
de la Liberté
J'affirme sur l'honneur que je ne connais
pas M. Audouard, que jamais je n'ai corres-
pondu avec lui et que je n'ai pas davantage
de relations avec la Ligue qu'il préside.
Il est vrai que, dans la soirée, M. l'abbé
Tourmentin nous écrivait la lettre sui-
vante, où il se montrait beaucoup moins
affirmatif
Paris, le 29 avril 1906.
Monsieur le. directeur du (t Malin »,
Je répèle qu'aucune fiche ni aucun papier
n'a étà-saisi dans nos bureaux, et que- les do-
cumems que vous publiez- me sont inconnus.
J'use eracarn, deinon duoil de réponse p(mr
vous prier d'insérer ces lignes.
Veuillez agréer, monsieur le direçteur,
mes salutations.
Malgré/ tout, M. l'abbé Tourmentin
eût été beaucoup mieux inspiré en ne
donnant pas sa parole d'honneur l'après-
midi et en. n'écrivant rien du. tout le soir.,
M. l'abbé Tourmentin a été, en effet,
en relations avec M. Audouard.
M. l'abbé Tourmentin a correspondu
avec M. Audouard.
M. l'abbé Tourmentin a connu les fi-
ches de M. Audouard.
Et, la preuve, c'est qu'à la date du 16
janvier 1900, M. Paul Courtois, secré-
taire de la Ligue antimaçonnique, sur
une carte portant l'en-tête de ladite li-
gue, a écrit ce qui suit M. Audouard
Paris, le 16 janvier 1906.
Comme suite votre dernière visite, je
vous fais savoir que la lettres recommandée
en questions a été reçue par le destinataire.
Recevez, • monsieur,- l'assurance de mes
Le secrétaire,
Paul CounTpis.
Le destinataire »_ n'est autre que M.
l'abbé Tourmentin, ainsi qu'en témoi-
gne le reçu délivré par la'poste à M. Au-
douard, et qui porte en caractères très
nets le nom dé ce distingué ecclésiasti-
que
M. Audouard, qui a d'ailleurs des ar-
chives tenures avec plus de.1 soin' que M.
l'abbé Tourmentin, a eu le soin d'écrire
en marge de la lettre de la Ligue anti-
maçonnique
Ficiaes expédiées le 28 décembre par
pli recommandé. Reçu Joint.
M. l'abbé Tourmentin fera mieux de
continuer à répéter jusqu'à satiété qu'on
n'a rien saisi chez lui. Mettons qu'on
n'ait rien saisi. La justice n'a pas tou-
jours besoin de pratiquer une saisie pour
qu'on remette certains papiers entre ses
mains.
SIX PAGES Paris et Département CINQ CENTIMES
Lundi 30 Avril 19CÎè
DERNIERS TÉLÉGRAMMES DE LA NUIT
SEUL JOURNAL FRANÇAIS RECEVANT PAR NOUVELLES DU MONDE ENTIER
JOUR DE FÊTE
Ij paraït que la prudence nous com-
campagne. Eh bien non, il ne. fait vrai-
ment pas assez beau.
Convenons-en, cette année, le 1er mai
(tombait bien le mardi est un jour com-
mode. Ceux qui ont l'habitude de chô-
mer le dimanche pouvaient « faire le
pont o le lundi, et prendre de l'agrément
pendant trois jours. Les compagnies de
chemins de fer auraient organisé, au be-
sein, des trains spéciaux « Troïs jours
aux champs ou à la mer », et tous les
oisifs et tous les bureaucrates de tous les
bureaux auraient offert à leurs familles
de petites vacances supplémentaires.
Malheureusement, le temps 'n'est pas
feûr.
Il ne reste à la bonne société, pour se
'distraire, qu'à nous ménager un ter mai
ïunèbre en fermant les volets des mai-
l sons et les devantures des boutiques, en
évitant de sortir dans les rues pour faire
des emplettes ou prendre l'air, et en
abandonnant Paris aux grévistes, aux
militaires et aux sergents de ville.
N'est-ce. pas là le spectacle que nous
préparent ces femmes du monde qui font
̃ Fe tour de leurs fournisseurs en leur re-
commandant « Surtout n'ouvrez pas le
mai il y aura des bombes (car les
anarchistes léur ont fait des confidences,
évidemment, à ces petites linottes politi-
ciennes), et ces gandins conspirateurs,
;èes Machiavels de cabinet de toilette qui,
'en frisant leur moustache devant la
glace, combinent des collisions sanglan-
Jes entre les ouvriers et la troupe, et fon-
dent leurs espérances de victoire politi-
que sur des meurtres de travailleurs et
de soldats ?
Tout ça n'est pas gai.
On, avait cependant de l'esprit en
France, autrefois, et même du bon sens.
Quelle chance si, par hasard, nous
en retrouvions un peu 1 Ce qui nous
paraît tragique deviendrait tout à coup
si simple. Nous nous dirions « Le pro-
létariat veut sa fête annuelle qu'on la
lui donne, et splendide Qu'on y fasse.
collaborer le gouvernement, le patronat,
l'armée, toute la France n
Nous célébrons assez de fêtes religieu-
ses, dont le sens échappe à beaucoup
:nous' pouvons bien célébrer la fête du
peuple qui travaille. Ici, le symbole est
Plus que tous les saints ramassés, les
prolétaires ont droit à leur jour d'hon-
neur. Ils sont à la source de toutes les
gloires et au début de toutes les fortu-
nes. Ils ont fait la France telle qu'elle
est par le don quotidien de leur être, de
pères en fils, depuis des siècles. C'est le
jsartg
c'est la vie des leurs qu'on a usée dans
les durs travaux de l'atelier, et parfois
sacrifiée cyniquement dans les profon-
deurs jle la mine. Toutes ces morts va.
lent bien, chaque année, un souvenir.
Et l'espoir des vivants, qui veulent une
société meilleure, mérite aussi qu'on le
'salue 1
La seule mesure que devraient pren-
en vue du 1er mai, le gouvernement
;et le Parlement, serait de le déclarer
ijour férié.
Le peuple français, qui fête le 14 juil-
let son émancipation politique, fêterait
le f* mai son progrès social.
Quel danger y aurait-il à cela ? On fe-
rait marcher le commerce, au lieu de le
ifeire gémir, et on donnerait à Paris une
,animation merveilleuse, au lieu d'y faire
iségner l'angoisse et peut-être la solitude.
Le président de la République irait,
tout le premier, le matin, présider, à la
,galerie des Machines (si, par fortune,
l'administration n'était plus assez bête
pour la démolir), une formidable assem-
Jblée de délégués ouvriers venus de tou-
tes les usines. Là, les parlementaires ap-
porteraient les lois de l'année, les pa-
trons apporteraient les réformes'volon-
;teires de l'atelier, les mutualités, les
..coopératives, les syndicats diraient les
résultats conquis puis le chef de'l'Etat,
!arbitre des classes, proclamerait lui aussi
lies progrès de la nation et rencontrerait
le peuple français, autrement qu'en voi-
Dans la journée, on ferait, à travers les
'boulevards et les Champs-Elysées, un
cortège magnifique et fleuri, avec toutes
les fanfares des'régiments et toutes les
chorales de Paris, entre des maisons pa-
*voisées et des haies de jeunes soldats
'placés là pour rendre hommage aux pè-
tes et aux aînés qui leur préparent du
ibien-être pour demain.
Les oisifs, les riches, les femmes, les
iehfants, les vieillards ^viendraient, tout
le long de la route, saluer le travail qui
¡passe-
Le soir, tous les concerts, tous les
théâtres donneraient des représentations
gratuites. Un peu de joie entrerait chez
Vas salariés.
Cela vaudrait mieux que de faire des
provisions de vivres dans les ménages et
des provisions de troupes dans les c&t
Sternes, et que de réciter dju matin ail
«cîr les litanies de la peur.
La vie de la France ne serait PU sus-
pendue, elle serait embellie, et notre
vieille société aurait l'air, en ce jour de
printemps, de sourire à l'avenir, au lieu
Me trembler la décadence.
Henry de Jouvenel.
DE MIDI A MINUIT
Paris, M. Sarrien, président du con-
teil, a prononcé, à.Paray-le-Monial, un int-
portant discours politique..
Départements., Le calme règne dans
lés b&ssins houillers du Nord et du
Pas-de-Càlaisi Toutefois, dans la concession
de Béthune, ont eu lieu de légères baaarfas.
= On a perguisitionné à Nice au domicile
de M. Durand de-.Beauregard, impliqué dans
tes poursuites au sujet du complot. Il en
a.été de même a Fresnes (Nord), chez qua-
tre ouvriers affiliés à la Confédération du
travail. = La grève des limonadiers per-
siste à Marseille, Ette continue aussi à Tou-
lon, ainsi que celle du gaz. La ville, dès
neuf heures du soir, est plongée dans l'obs-
curité. Les métallurgistes de l'Est ont
déclaré la grève. Le mouvernertt est à peu
près, général. = M. de Montebello, député
de la Marne, a étë victime d'un accident
d'automobile.
ETRANGER. M. Mayoline, l'avoué de
Saint-Pétersbourg auquel avait été adressée
une tettre concernant le pope Gapon, a reçu
la visite de la maitresse de ce dernier cette
femme a donné quelques renseignements
sur la vie de Gapon avant sa disparition.
En présence des souverains italiens,. on
a procédé, à Milan, à la pose de là première
pierre de la nouvelle gare. Le roi et la reine
d'Angleterre ont déjeuné Naples chez lord
Rose'berry, dans sa villa du I'ausitippe.
Le directeur d'un journal catalan de Barce-
10'(le a été condamné à trois ans de reléga-
tion pour injures à l'aimée. Dans ta pro-
vince de Hvesca, de grandes gelées ont
causé la perte des récoltes. = Des dépê-
ches de Melitla sont parvenues à Madrid,
annonçant des combats sur les bords de la
Moulouïa entre les partisans du rqghi et
les troupes du sultan.
L'enquête continue L'explosion, d'après le
chef de la Sûreté, ne serait due qu'à un
accident Opinion peu plausible, et
que dément la nouvelle d'un
second attentat.
L'enquête sur l'explosion du pont d'Ar-
genteuil se poursuit activement, menée,
d'une part, par M. Leroy, commissaire spé-
cial de la gare Saint-Lazare de l'autre, par
M. Hamard, chef de la Sûreté, faisant mo-
mentanément fonctions de directeur du ser-
vice des recherches.
M. Hamard, accompagné de M. Fouquet,
chef de la brigade des recherches, et de
nombreux agents, s'est rendu hier matin
sur les lieux de l'attentat. Après les inves-
tigations minutieuses auxquelles ils se sont
livrés, les magistrats auraient exprimé
l'opinion que l'explosion aurait pu n'avoir
qu'une cause purement accidentelle, l'en-
droit où elle s'est produite servant de ca-
chette à des cartouches de dynamite volées
ces jours derniers. Ces cartouches, qu'on se
proposait d'uliliser ultérieurement, au-
raient éclaté de façon prématurée, par suite
de quelque choc accidentel. Cette hypothèse
paraît bien-difficile a admettre. D'abord, il
n'est pas du tout démontré, jusqu'à nouvel
ordre,, que l'engin ..aitiitii, chargé de ilyna.
mite. D'autre part, la nuit dernière a été
marquée par une nouvelle tentative anar-
chiste qui, fort heureusement, n'a pas
réussi, grâce à la présence d'esprit d'une
sentinelle.
Depuis l'explosion, toute la ligne du che-
min de fer, depuis Paris jusqu'au delà
d'Argenteuil, ept gardée militairement. La
partie comprise entre Colombes et le viaduc
est surveillée par un détachement du 119a
de ligne,.en garnison à Courbevoie.
Alerte d'un factionnaire.
Or, la nuit dernière, à deux heures moins
quelques minutes, l'un des hommes du dé-
tachement, Alexandre Léon, se tenait de
faction sur le remblai, près du pont de
pierre qui enjambe la route départementale,
lorsqu'il vit arriver sur cette route, venant
de Paris, une voiture bâchée à deux roues.
Les roues devaient être caoutchoutées, car
l'équipage s'avançait sans bruit. Il s'enga-
gea sous le pont eg ne reparut pas de l'au-
tre côté. Quelques instants s'écoulèrent. Le
soldat, inquiet, arma son fusil et descendit
le remblai, décidé à se rendre compte de la
cause qui avait fait s'arrêter ainsi la voi-
ture sous le pont. Comme il approchait, il
perçut distinctement des grincements sem-
blables à ceux que produit un outil de fer
qu'on gratte contre de la pierre ou du ci-
ment: Il venait d'atteindre rentrée du pont,
lorsqu'il perçut, dans la pénombre, la
silhouette de deux individus. Ceux-ci, de
leur côté, avaient été prévenus de son arri-
vée en un clin d'oeil, ils réintégrèrent la
voiture, dont le cheval, enveloppé d'un vi-
goureux coup de fouet, tourna bride et re-
prit la direction de Paris.
Lorsque, à deux heures, le poste vint le
relever de garde, le soldat Alexandre in-
forma du fait le sergent-major Mathon et
le sergent Navethe. Ceux-ci prévinrent aus-
sitôt M. Boiesiëre, commissaire spécial de
surveillance de la gare d'Argenteuil, et M.
Play, chef du service technique.
Ces fonctionnaires vinrent aussitôt explo-
rer le pont et découvrirent qu'on avait es-
sayé de desceller un moellon de la culée,,
gauche, à un mètre cinquonte. environ du
sol.
L'arrivée de la sentinelle avait empêché
les-malfaiteurs d'accomplir leur projet, qui
était, évidemment, de pratiquer un trou de
mine, et d'y placer un engin explosif.
Dès cet instant, les services de surveil-
lance ont été/doublés de chaque côté de la.
ligne. Une piste.
Nous avons dit hier que M. Vigneaux, sur-
veillant du pont à péage d'Argenteuil, avait
vu passer, en courant, quelques minutes
`après l'explosion, deux individus à mines
suspectes, dont il put donner un signalement
assez exact.
Or, ces mêmes individus ont été vus par
un autre témoin.
'Dans la nuit du vendredi à samedi, vers
11 h. 1/4, M. Thomerot, employé chez M.
Barban, entrepreneur dé transports, à Ar-
genteuil, revenait de Paris avec sa voiture,
lorsque, comme il passait entre le pont et
le lieu dit le Drapeau », il entendit l'explo-
sion., Il se retourna à plusieurs reprises sur
son siège, pour essayer de se rendre compte
d'où venait le bruit. Tout à coup, comme il
arrivait au pont à péage, il s'aperçut que
deux hommes répondant exactement aux
signalements donnés par M. Vigneaux
étaient installés à l'arrière de sa voiture.
Le voiturier sortait du chemin de halage qui
passe sous la voie c'est lù, évidemment.
que les individus l'avaient rencontré et
avaient imaginé de grimper derrière le vé-
hicule pour aller plus vite.
S'apercevant qu'ils étaient vus, ils sautè-
rent d terre, s'engagèrent sur le pont, payè-
rent à la hâte leur passage et gagnèrent le
quai Héloïse; absolument désert à cette
heure avancée. On suppose que, de là, par
le pont de Bezons, ou par celui de la Ville-de-
Paris, ils gagnèrent une importante localité
de la banlieue ouest.
Le service de la Sûreté les y recherche ac-
tuellement.
L'ANGLETERRE
JUAjKIE
CE QUE DIT NI. KOKOVTZOFF
M. Kokovtzoff, l'homme d'Etat russe, fait
au Matin des déclarations intétes-
santes sur la possibilité d'un rappro-
chement anglo-russe L'en-
tente économique aura pour
effet l'entente politique.
Il a été beaucoup question, ces temps,
derniers, d'un rapprochement entre no-
tre alliée la Russie et notre --amie l'An-
gleterre. Je ne crois pas nécessaire d'éx-
pliquer pourquoi ce rapprochement est
désirable à tous les points de vue. En
Angleterre, comme en Russie, le peuple
souhaite ce rapprochement. Le gouver-
nement de Londres s'est Exprimé à plu-
sieurs reprises dans ce sens le gouver-
nement de Saint-Pétersbourg ne s'est
pas exprimé avec la même franchise il ce
sujet
J'ai cru intéressant de profiter de la
présence a Paris de Son Excellence M.
Kokovtzoff, pour lui demander son opi-
nion sur cette question.
M. Kokovtzoff a fait à ma demande
d'ùn entretien l'accueil le plus aimable.
J'ai eu avec lui une longue conversation,
et il m'a permis la reproduction des dé-
clarations suivantes
Une partie considérable de ma car-
rière a été consacrée aux finances de mon
pays. Je n'ai jamais appartenu au dépar-
tement des affaires étrangères de Saint-
Pétersbourg ni à la diplomatie russe. Je
n'ai donc aucune compétence comme di-
plomate pour vous parler des relations
extérieures de ma patrie.
» Je ne peux vous donner que mon
opinion personnelle due simple patriote
russe.
La Russie, à l'extérieur comme, à l'in-
térieur, a besoin de la tranquillité et du
calme pour développer ses intérêts
économiques, qui sont grands et pres-
que illimités, et pour développer son état
intellectuel qui, certes, n'a pas encore
atteint le niveau auquel nous voudrions
tous le voir.
n Je n'ai pas besoin de vous conter les
événements historiques qui ont causé,
au point de vue politique, des divergen-,
ces entre la Russie et L'Angleterre
mais je crois que rien ne pourrait
mieux les faire disparaître que la com-
munauté des intérêts économiques entre
l'Angleterre, forte et riche, et ma patrie.
LIENS COMMERCIAUX
» C'est un axiome que nul ne saurait
contester que les liens commerciaux et
financiers qui unissent deux pays, com-
me deux individus, font'plus pour main-
tenir l'amitié et le respect 'mutuel en-
tre ces pays que toute autre, chose, et,
plus on étend et développe ces. liens
commerciaux, plus sûre et stable devient
cette amitié. M'inspirant de cette idée,
j'ai été personnellement très partisan de
créer des liens économiques' entre la
Russie et fAngleterre. Comme ministre
des finances, j'ai déjà, au mois d'octobre
dernier, désiré que l'Angleterre partici-
pât à l'emprunt que le gouvernement im-
périal avait l'intention de faire à ce mo-
ment. De cet emprunt, qui était de un
milliard et quart, cent millions furent
réservés pour le marché de Londres, qui,
jusqu'alors, pendant plusieurs années,
ne s'était pas intéressé aux finances, rus-
ses. L'emprunt du mois d'octobre der-
nier échoua, comme vous le savez, à
cause dé troubles intérieurs. M'inspirant
toujours de la même idée que je viens de
vous préciser, j'éprouve la plus grande
satisfaction que l'Aaigleterre ait participé
à notre emprunt d'aujourd'hui, qui vient
d'avoir un succès si éclatant. Trois (lent
trente millions de francs ont été réser-
vés pour l'Angleterre la somme a été
souscrite trois fois. On a dit que, lorsque
l'Allemagne refusa de prendre part à
cet emprunt, nous avons été obligés de
remplacer l'Allemagne par l'Angleterre.
C'est tout à fait fantaisiste. Jevous ai
dit que' l'Angleterre aurait participé à
l'emprunt du mois d'octobre, lorsqu'il
n'était pas encore question du refus al-
lemand.
RAPPROCHEMENT POLITIQUE
» Je crois que la façon dont l'Angle-
terre s'est intéressée à nos finances doit
contribuer à l'extension de nos intérêts
commerciaux et économiques, et l'ex-
tension de ces intérêts économiques
contribuera à son tour à rapprocher poli-
tiquement les deux pays.
» Le terrain est fécond, à mon avis,
pour ce rapprochement.
̃ Les divergences politiques, dis-je à
Son.Excellence, qui existent entre l'An-
gleterre et la Russie sont limitées pres-
que entièrement au continent asiatique.
» En Europe, les intérêts russes et
anglais ne sont nulle part en conflit
sur les autres continents, l'Amérique,
l'Afrique et l'Australie, la Russie et l'An-
gleterre n'ont pas d'intérêts contradictoi-
res. Croyez-vous à la possibilité de faire
un accord anglo-russe, comme l'accord
anglo-français de 1904,. qui pourrait ré-
gler toutes les divergences que la Rus-
sie et l'Angleterre ont en Asie ? »
M. Kokovtzbiï me répoad
Je vous répète que je ne suis pas
diplomate et 'que je ne me.suis jamais
beaucoup occupé des affaires de politi-
que étrangère je ne vous donne, à ce
sujet, que l'opinion d'un simple citoyen
russe. Voici ce que je pense Je trouve
absurde que l'Angleterre et la Russie
dépensent des sommes énormes pour
pousser, leurs intérêts en Perse. Depuis
de longues années, nous nous faisons
une concurrence très vive dans ce pays,
et, à mon avis, l'Angleterre et la Russie,
au lieu d'y continuer leur opposition,
devraient s'entendre, et le pourraient je
crois, en ce qui concerne leurs intérêts
--en Perse.
.-̃=- Et en ChinR
En Chine, la situation est plus com-
pliquée. Dans le nord, nous avons, grâce
à notre chemin de fer, des intérêts consi-
dérables, que nous voulons sauvegarder.
Il y a tant de pays qui ont des intérêts en
Chine que je n'ai pas une opinion très
arrêtée à ce sujet
Et au Thibet ?
Je n'ai pas d'opinion sur ce que
l'Angleterre et'la Russie. pourraient faire
ensemble au Thibet. Comme homme de
finance, je vous répète que tout ce qui
contribuera à donner la tranquillité à la
Russie, à l'extérieur et à l'intérieur, doit
être envisagé comme une condition néces-
saire de tout progrès dans mon pays et
sera toujours appuyé par moi de tous mes
efforts. Dans cet ordre d'idées, un rappro-
chement économique, qui amènera for-
cément un rapprochement politique en-
tre la Russie et l'Angleterre, est à tous
les points de vue désirable, d'autant plus
que ce rapprochement ne nuira aux in-
térêts de personne.
-•̃ JULES Hedeman.
RÉVOLTE ARABE
L'ordre est rétabli dans la région de Thala
enquête administrative est ouverte.
TUNis, 29 avril. Des colonnes d'infan-
terie et de cavalerie exécutent des recon-
naissances dans la région de Thala, où l'a-
gitation a disparu. Une dizaine d'indigènes,
accusés de complicité à la révolte, ont été ar-
rétés. Cinq indigènes, blessés lors des atta-
ques de Thala, ont été conduits aujourd'hui
Tunis, pour être hospitalisés.
On signale la belle conduite du khalifat de
Thala, Si Abdsellem, qui a arrêté le mars-
bbut et est allé chercher Kasserine les Eu-
ropéens échappés au massacre et les a ra-
menés sains et saufs.
La populalion de Thala a vu avec soulage-
ment le rétablissement de l'ordre.
Le contrôleur civil à Sousse a reçu ce ma-
tin les notabilités indigènes, qui sont venues
lui faire part de la vive réprobation pounles
douloureux incidents de Thala et assurer
le gouvernement français de leur dévoue-
ment absolu.
On n'a aucune nouvelle du colon Ber-
trand ni de sa sœur, emmenés prisonniers,
le 26 avril, par les révoltés.
M. Salle, dont le père et la mère ont. été,
assassinés, est retourné dans sa ferme pour
procéder aux obsèques. Leurs restes seront
probablement ramenés à Kairouan, où la
population leur fera- une manifestation..
Le 'délégué à la résidence générale, et le
secrétaire général adjoint au gouvèrnement
tunisien partiront après-demain pour Kas-
serine, ntin d'y effectuer une enquête ad-
ministrative.
PROPOS D' UN PARISIEN
Savez-vous que nous vivons dans un drôle
de pays ?
Un monsieur est chez lui, couché, dor-
mant à poings fermés. Tout à coup une son-
nerie retentit. Réveil en sursaut. La sonne-
rie marche toujours, c'est celle de la porte
de l'appartement. Le monsieur effaré fait
de la lumière, regarde la pendule cinq heu-
res et demie
Qui peut sonner à pareille heure ? Sa pre-
mière pensée est que le feu a pris dans la
maison. Vite il saute à bas de son lit, court
à la porte, ouvre et se trouve en face d'un
inconnu, flanqué d'un ou de plusieurs aco-
lytes, qui lui dit à brûle-pourpoint
,Je suis commissaire de police, voici
mon écharpe, je viens perquisitionner chez
vous, voici mon mandat.'
Perquisitionner ? Et pourquoi De
quoi suis-je accusé ?
Je n'en sais rienj j'obéis à des ordres.
Veuillez me laisser entrer et me donner vos
clefs.
Et. aussitôt, le commissaire commence à
ouvrir les tiroirs, à fouiller partout, prend
vos papiers, votre correspondance, dresse,
un procès-verbal, salue et s'en va, empor-
tant le tout.
C'est ainsi qu'est comprise l'inviolabilité
du domicile sous un régime de liberté.
Notez que tous nous sommes exposés à
pareille inquisition. L'autorité n'a pas même
besoin d'invoquer la sûreté de l'Etal.
Elle peut prétendre, si bon lui semble, tout
ensachant parfaitement le contraire, que
vous fabriquez des allumettes ou que vous
déteniez du tabac de contrebarfde (le fait s'est
produit jadis au cinquième étage d'une mai-
son de la rue Yvon-Villarceau).
Après, votre innocence étant reconnue, on
vous rend vos papiers. Mais votre corres-
pondance a été lue, votre existence intime
a clé élnlée devant les policiers ou les gens
de justice, Pas de recours possible, pas de
plainte il formuler, la loi autorise ces choses.
Et, ainsi, nous sommes à la merci de la
police ou d'un ministre qui passe. C'est ex-
trêmement agréable, et les Français sont de
bien boDn<*v botes- .̃ H. Harduin.
Un prêtre dénoncé
Une lettre de la Ligue antimaçonnique
Ce document établit de manière péremptoire les rapports de la Ligue antimaçon-
niaue avec Audovard.
Les ncnes ae toutes sortes, qui ont été
soigneusement étiquetées et cataloguées
à la Ligue antimaçonnique de M. l'abbé
Tourmentin, ne visaient pas exclusive-
ment des officiers, mais également des
C'est, ainsi que M. Audouard, prési-
dent de l'Avant-garde royaliste de Ver-
sailles, dont la vigilance s'étendait la.,
fois sur le clergé comme sur l'armée,
adressait à M. l'abbé Tourmentin, à la
date dû 9 février 1906, la lettre suivante,
qui a été classée dans les archives de la
Ligue antimaçonnique sous le chiffre ca-
balistique de «/i5. 18. »••-
ARCHIVES. 18.
il, écrit au gouvernement pour lui dire
«que, s'i^avait dès vues sur lui au, sujet
d'un évêché, il lui annonçait qu'il n'était pas
l'ami des Frères- catholiques d'.Asnières ».
Cas très intéressant.
Pourrais faire connaître une personne qui
renseignerait.
Le président,
Signé E. AUDOUARD.
Mais, malgré tout, ce sont les officiers
qui, en plus grand nombre, figurent
dans les archives de l'abbé. Tourmentin.
Ils étaient très soigneusement épiées et
̃ surveillés; ces officiers, ainsi qu'en té-
moigne la fiche suivante, cataloguée aux
archives de la rue de Grenelle sous le
chiffre de « 28. 1 » v
Monsieur J. Tourmentin, 42, rue de Grenelle,
Paris.
ARCHIVES. 28. 1.
9 février* 1%G.
Baillot. ̃– Lieutenant au 270 dragons, lk,
̃ r,ue- de Noailles, Versailles.
Etait de service jeudi, 8 février, aux opé-
rations d'inventaire de l'église Saint-Sijm-
phorien.
Si j'étais chef ici, je lancerais les che-
vaux sur ces femmes.
s'agissait des femmes venues pour voir
ou pour manif ester.
̃̃̃̃,̃̃̃ Le président,
Signé E. AUDOUARn.
M. Audouard, on le voit, ne bornait
pas sa surveillance à la conduite des of-
ciers, mais l'exerçait aussi sur leurs
propos.
M. Audouard est un correspondant,
très actif. Nous lé retrouverons demain
en dialogue avec un autre interlocuteur.
Vidi.
P.-S. Le ciel a doué M. l'abbé Tour-
mentin d'une b.elle assurance, ce qui est
parfois utile; mais aussi d'une déplorable
mémoire, ce qui.est parfois nuisible.
C'est ainsi que M. l'abbé Tourmentin
a cru devoir, hier après-midi, déclarer
RiCU POSTAL D'UN ENVOI RECOMMANDÉ DE FIGEES ADRESSÉ PAR M. AUDOUARD
A M. L'ABBÉ TOURMENTIN
un officier signalé
textuellement ce qui suit à un rédacteur
de la Liberté
J'affirme sur l'honneur que je ne connais
pas M. Audouard, que jamais je n'ai corres-
pondu avec lui et que je n'ai pas davantage
de relations avec la Ligue qu'il préside.
Il est vrai que, dans la soirée, M. l'abbé
Tourmentin nous écrivait la lettre sui-
vante, où il se montrait beaucoup moins
affirmatif
Paris, le 29 avril 1906.
Monsieur le. directeur du (t Malin »,
Je répèle qu'aucune fiche ni aucun papier
n'a étà-saisi dans nos bureaux, et que- les do-
cumems que vous publiez- me sont inconnus.
J'use eracarn, deinon duoil de réponse p(mr
vous prier d'insérer ces lignes.
Veuillez agréer, monsieur le direçteur,
mes salutations.
Malgré/ tout, M. l'abbé Tourmentin
eût été beaucoup mieux inspiré en ne
donnant pas sa parole d'honneur l'après-
midi et en. n'écrivant rien du. tout le soir.,
M. l'abbé Tourmentin a été, en effet,
en relations avec M. Audouard.
M. l'abbé Tourmentin a correspondu
avec M. Audouard.
M. l'abbé Tourmentin a connu les fi-
ches de M. Audouard.
Et, la preuve, c'est qu'à la date du 16
janvier 1900, M. Paul Courtois, secré-
taire de la Ligue antimaçonnique, sur
une carte portant l'en-tête de ladite li-
gue, a écrit ce qui suit M. Audouard
Paris, le 16 janvier 1906.
Comme suite votre dernière visite, je
vous fais savoir que la lettres recommandée
en questions a été reçue par le destinataire.
Recevez, • monsieur,- l'assurance de mes
Le secrétaire,
Paul CounTpis.
Le destinataire »_ n'est autre que M.
l'abbé Tourmentin, ainsi qu'en témoi-
gne le reçu délivré par la'poste à M. Au-
douard, et qui porte en caractères très
nets le nom dé ce distingué ecclésiasti-
que
M. Audouard, qui a d'ailleurs des ar-
chives tenures avec plus de.1 soin' que M.
l'abbé Tourmentin, a eu le soin d'écrire
en marge de la lettre de la Ligue anti-
maçonnique
Ficiaes expédiées le 28 décembre par
pli recommandé. Reçu Joint.
M. l'abbé Tourmentin fera mieux de
continuer à répéter jusqu'à satiété qu'on
n'a rien saisi chez lui. Mettons qu'on
n'ait rien saisi. La justice n'a pas tou-
jours besoin de pratiquer une saisie pour
qu'on remette certains papiers entre ses
mains.
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