Titre : Le Matin : derniers télégrammes de la nuit
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1906-05-01
Contributeur : Edwards, Alfred (1856-1914). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 mai 1906 01 mai 1906
Description : 1906/05/01 (Numéro 8101). 1906/05/01 (Numéro 8101).
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/04/2008
Vingt-Troisième 4,=60. Ne 8101
1 SIX et CINQ
Mardi f Mai 1906
SEUL JOURNAL FRANÇAIS RECEVANT PAR FILS SPÉCIAUX LES DERNIÈRES NOUVELLES DU MONDE ENTIER
U TRAITE DES CHiHTtUSES
MENDICITÉ OBLIGATOIRE
Lorsque vous exercez un métier, quel
qu'il soit, il est bien entendu que vous
l'exercez dans le but, soit de subvenir à
vos besoins, si vous êtes pauvre, soit de
faire fructifier votre fortune tout en vous
occupant, si vous êtes riche. Il est donc
logique qu'en exerçant un métier vous
tentiez de tirer de vos efforts honnêtes,
de votre labeur constant, un gain quel-
conque, que vous vous trouverez
dans l'obligation de mendier si, pauvre,
il vous prenait Ja fantaisie de vouloir vi-
vre quand même, et sans rien faire.
Eh bien le tenancier a changé cette
façon normale d'envisager l'existence.
Avec lui, on travaille. mais, comme il
n'entend point récupérer lui-même, il
met une séfaille entre les mains des pe-
tites chanteuses et,' à travers les rangs
de tables, les envoie mendier auprès des
spectateurs consommateurs. De cette fa-
çon, il se.trouve à la tête d'un personnel
qu'il nourrit très mal pour 90 francs,
qu'il couche pour 40 francs (et avec qui
bon lui semble, encore !), qui chante
pour lui, consomme et soupe pour lni
faire gagner de l'argent, et attire la
clientèle sans, pour cela, que le tenan-
cier' se croie le moins du monde obligé
d'ouvrir sa caisse. C'est tout bénéfice
Cette façon de comprendre les affaires
est, assurément, toute nouvelle. busi-
ness is business Mais, lorsque l'on
est tout-puissant, comme le tenancier de
beuglant, on aurait bien tort de se gê-
ner. Grâce à la, manière dont il entend
l'économie, le tenancier arrive, bon an
mal an, à mettre de côté des sommes
considérables, tandis que les petites
chanteuses peuvent, sans trop se fati-
guer les doigts, compter les sous re-
cueillis en faisant la quête après leur
<« tour de chant
Les quêtes varient selon les établisse-
ments, selon aussi la plus ou moins
grande bégueulerie de la femme néan-
moins, les meilleures recettes sont de
trois à quatre francs les plus mauvai-
ses sont de vingt à trente sous. Or, com-
me la chanteuse doit payer à som tenan-
cier une moyenne de 4 fer. 35 par jour, il
s'ensuit à peu près que, plus elle tra-
vaille, plus'elle s'endette. Je vous le
dis, dans ce monde interlope, tout mar-
che en* dépit doi bon sens, de la logique
et fie. la? morale, ,car c'est .encore la
morale à qui il faudra demander quel-
ques sacrifices pour équilibrer cet im-
possible budget C'est bien sur cela que
compte le tenancier. il y compte d'au-
tant plus que, là encore, il fera valoir ses
droits. Il les a tous 1 •
En installant un concert à quêtes, le
tenancier n'a pas seulement. dans l'idée
de ne jamais payer les chanteuses qu'il
engage il espère en outre que, des frô-
lements répétés, du contact constant, de
la continuelle promiscuité entre con-
sommateurs et artistes, naîtront des
aventures dont il recueillera, à lui seul,
lout le profit. car les quêtes ne sont
qu'un moyen d'encourager le client à
consommer, et les chanteuses à se pros-
muer. Sous prétexte de faire la quête,
l'artiste, par ordre, s'égare dans les lo-
iges grillées ou dans les salons elle y
reste un temps assez long. Aussi, lors-
qu'elle rentre pour reprendre sa place
sur les chaises du tremplin, où elle est
tenue de faire la pose, est-elle charita-
blement accueillie par les phrases
(gouailleuses que l'on devine.
1 Presque toutes les véritables artistes à
;qui, pour la première fois, l'on a mis le
!plateau de la quête en mains, ont com-
mencé par se révolter. Des résiliations
ont suivi, qui ont" donné lieu à des pro-
cès sans nombre. L'artiste a toujours
perdu. La mendicité, pour les artistes, en
province, est donc obligatoire.
Les villes tiennent à leurs beuglants
'qui, pour beaucoup de commerçants,
sont une source de revenus. Celui qui
voyage reste plus volontiers et plus
longtemps dans les villes où il est as-
suré de trouver des distractions. sur-
!tout féminines
Un agent lyrique,- dernièrement,, dans
une lettre fort correcte, je l'avoue, m'as-
surait très sérieusement que, « le jour
où l'on supprimerait les quêtes dans les
beuglants de province, ces, établisse-
ments, refuges des artistes pauvres, fer-
meraient n. Eh bien 1 -les beuglants de
province fermeront A leur place, on
édifiera des cafés-concerts propres
quant aux artistes celles. que nous ne
défendons pas je suis bien tranquille
sur'feur sort elles auront mille moyens
de s'en sortir le trottoir ou les maisons
closes les reprendront. Rien ne les
peut empêcher de transformer la maison
close en. beuglant.
Beaucoup de maires, en France, sol-
licitées par le syndicat des artistes lyri-
ques, ont pris des « arrêtés contre les
concerts à quêtes où, d'ordinaire, on est
logé et nourri. Ces « arrêtés » sont plus
ou mo;ns respectés la plupart du temps
les tenancier-s ne s'en préoccupent même
pas. Il y a mieux à Clermont-Ferrand,
par exemple, le maire prend un a ar-
rêté ». et ON refuse de l'afficher
Même en Auvergne, .il faut croire que
k< charbonnier serait-il maire n'est
pas maître chez lui ». A La Rochelle, le
maire discute sur la liberté du com-
merce il ne comprend pas que l'on
puisse, sans violer la loi, empêcher les
tenanciers de nourrir leur personnel
mais il comprend fort bien que ces mê-
mes tenanciers forcent leurs pensionnai-
res à manger et à coucher chez lui ô
équité Il va même jusqu'à comprendre
que l'on, séquestre des femmes entre
huit heures du 'soir et cinq, heures du
matin, pour attendre le client et l'inci-
ter à souper. Je ne pense pas qu'Herbert
Spencer, dans son'livre l'Immoralité
de la Bienfaisance, ait envisagé le cas des
concerts à quêtes qui n'existent, en
somme, qu'en France. Cela est dom-
mage caf, si jamais mendicité fut im-
morale, c'est bien celle-là.
N'allez point vous figurer que les
hommes (de temps en temps, dans la
troupe, le tenancier se paye un seul co-
mique) soient exempts de la quêtes vous
vous tromperiez étrangement. Ils ont,
les pauvres bougres, un Me de vingt:à
trente sous par jour, la nourriture et la
quête (ils ne sont pas logés) seulement,
comme ils ne sauraient qu'encombrer,
après minuit on les prie de bien vouloir
laisser le champ libre. Le tenancier
-veille même à ce qu'il n'approche pas
trop les chanteuses: il craint lerbé-
gwn de la part d'une de ses pension-
naires, et il entend ne point mentir à sa
clientèle, à laquelle il a promis
« Des femmes jeunes, jolie s, bien en
{orme. et libres, surtout
Chaque ville, selon son importance,
possède un, deux, trois, voire quatre
« concerts à quêtes et chaque concert
emploie de cinq à vingt chanteuses
(Que risquent les tenanciers ?. plus ils
ont de femmes, mieux les soupers mar-
chent).
Il circule donc en France quelques
milliers de femmes qui, tout en travail-
lant, vivent de la rnendicité obligatoire
ou de da prostitution clandestine, égale-
ment obligatoire.
Et je me demande par quelle faveur
ces mendiantes et ces prostituées ont pu
se syndiquer ?. La loi sur les syndicats
est pourtant formelle. Il peut et il
doit exister un syndicat des artistes
lyriques, métier reconnu, c'est certain.
Mais pourquoi, alors, tblère-t-on un
syndicat dont la moyenne partie des
membres sont, OBLIGATOIREMENT il est
-vrai des mendiantes et des prosti-
tuées ?
André Ibels.
DE MIDI A MINUIT
Paris. Plusieurs arrestations se rap-
portant au complot » ont été opérées.
Départements. De très sérieuses mesu-
res d'ordre ont été prises dans toutes tes. vil-
les de France, en vue du 1er mai.,== Q|t. sir
nate dans tout le' bassin houiller une las-
situde générale de là grève. A ta suite d'un
acçord intervenu entre patrons et ouvriers
à la sous-préfecture de Douai, le travail a
repris complètement à 'Aniclie (Nord). =
On a arrête, à Nice, M. Durand de Beaure-
gard, compromis dans V affaire du complot;
il partira aujourd'hui pour Paris. On a trou-
vé chez lui des reçus signés de Bressolles.
Etranger. La Chambre des communes
a cantwencé la discussion du projet de bud-
get. Le gouvernement allemand a invité
les diverses puissances à participer à une
conférence de la télégraphie sans fil, qui
s'ouvrira le 28 juin. Vingt-quatre arres-
tatiorts ont été opérées à Tiflis, à la suite de
la découverte d'un dépôt clandestin de dyna-
mite. = Les naufragés du navire-ecolt
betge Smet-de-Naeyer sont arrivés à Bruxel-
tes ils ont été reçus à la gare par le prince
héritier. M. Carlo XVaddington, meurtrier de
M. Batmaceda, attacllé à la tégation du Chili
à Bruxelles, a été remis en liberté, sous cau-
tion de 6,000 francs. = Le cercle de l'Union
mercantil d'Espagne, réuni Madrid, a dé-
cidé d'adresser au gouvernement espagnol
une protestation contre le nouveau tarif
douanier. La chambre de commerce de Ma-
drid a également remis une protestation au
tninistère des finances. = Une rencontre
s'est produite à Karaferia, en Macédoine,
entre les troupes turques et une bande de
comiladjis il y a eu soixante-treize blessés
et un tué. = Le cabinet serbe est définiti-
vement constitué, sous ta présidence de M.
Pachilch. = Suivant des nouvelles appor-
tées par les navires venant d'Islande, le vol-
cati Recta a eu récemment une éruption
tes cendres se sont répandues sur une vaste
superficie c'est dans la tempête qui a suivi
que plusieurs naufrages se sont produits.
PROPOS D'UN PARISIEN
II y a dans l'histoire une journée célèbre
dont le récit de Saint-Simon a perpétué le
souvenir et qui reçut le nom de Journée
des dupes (11 novembre 1630). Quel nom
donnera-t-on. à la journée du 1er mai 1906,
sur laquelle le soleil se lèvera quand parai,
tront ces lignes ?
Cela dépendra un peu des événements. On
ne risque pas grand'chose, en tout cas, à la
cataloguer, dès maintenant, sous cette éti-
quette «Journée des légumes secs. »
Cette appellation lui irait comme un gant,
étant donnée la « frousse » immense qui
s'est emparée d'une partie de la population.
parisienne, laquelle, par peur de rester un
jour sans manger, a fait des provisions pour
un mois et dévalisé tous lès épiciers de la
capitale.
Ceux-ci, à cette époque de l'année, se trou-
vent en présence du stock invendu de leurs
tc.nserves. Et des bandes d'affamés imagi-
naires sont venus les en débarrasser, de
sorte que cette journée est, pour eux, tout
profit.
C'est au point que l'adage is fecil eut pro-
dest étant aujourd'hui très en honneur, on
se demande si les épiciers, eux aussi, ne
seraient pas d'un complot. A tout hasard,
on pourrait un peu perquisitionner chez
eux. pour voir ce que cela donnera.
Et je pense' à certain marquis ultra-pré-
vcyant, dont on m'a envoyé le nom très
connu et l'adresse, qui, depuis huit jours,
nourrit un veau dans sa cave, un tendre
veau dont les beuglements navrés, arrivant
jusque dans la rue par le soupirail, sur-
prennent les passants. Tous deux, le veau
et le marquis, pleurent de compagnie sur les
malheurs des temps, et le spectacle n'est
pas baual de ce veau et de ce marquis con-
fondant leurs peines.
Toutefois, elles sont d'ordre différent, car
le marquis se console un peu en pensant
qu'il mangera le veau, tandis que le veau
rtste inrnnsolé, n'ayant pas l'espoir de man-
ger le marquis. B. Harduin.
LES MESURES D'ORDRE
La préfecture de police a pris toutes les. me.
sures nécessaires pour maintenir l'ordre
à Paris Les dernières instructions
ont été données hier aux colo-
nels des régiments, aux com-
missaires et aux offi-
ciers de paix.
M. Lépine, préfet de police, qui, comme
nous l'avons déjà dit, est bien décidé à faire
maintenir l'ordre dans la rue aujourd'hui,
a convoqué hier matin à son cabinet les co-
lonels des régiments casernés à Paris et
dans la banlieue. -II les a priés, avant de
prendre une mesure, quelconque, de bien
vouloir en référer au commissaire de po-
lice .ou à l'officier de paix le plus proche.
Ceux-ci agiront alors, en vertu de la loi du
7 juin 1848, qui interdit les rassemblements,
les cortèges et les emblèmes quelconques
sur la voie publique.
A quatre heures de l'après-midi, M. Lé-
pine a reçu les officiers de paix de la Ville
de. Paris. Uné demi-heure plus tard, il avait
une entrevue avec les commissaires de po-
lice, à qui il assignait l'endroit où ils devront
se tenir en permanence;
Il leur a dit en outre que, dans le cas où
des manifestants en groupe refuseraient de
circuler, ils fissent les sommations d'usage
précédées de roulements de ta,mbours et son-
neries de trompettes. Si ces sommations ne
sont pas suivies d'effet, le magistrat donnera
Tordre de faire circuler par la force. Les
fantassins pourront mettre baïonnette au ca-
non et les cavaliers chargeront isabre à la
main.
(Phôt. Henri Manuel)
Lu gardien suprême' DE l'Ordre
M. Lépine, préfet de 'police, Qui disposera au-
jourd'hui de 50,000 hommes pour veiller à la
sécurité de Paris.
Dans l'après-midi, M. Laurent, secrétaire
général de la préfecture de police, a donné
res mêmes instructions aux commissaires
de police de banlieue.
Les commissaires de police et les officiers
de paix ont été informés également d'avoir
à envoyer au Dépôt tous les individus qui
commettront un délit sur la voie publique.
A cet effet, le personnel entier des com-
missariats devra se tenir en permanence
dans les bureaux de chaque quartier. Chose
qui se voit rarement, ils ont été priés de
prendre leurs deux repas au commissariat.
En prévision des troubles qui pourront se
produire aujourd'hui, à l'instigation d'anar-
chistes d'origine étrangère, ou par eux, le
préfet de police en a fait arrêter quatorze,
qui sont actuellement au Dépôt. Ils seront
expulsés ensuite.
Non seulement une partie des troupes,
des gardes municipaux et des gardiens de
la paix occuperont les cours de certains mo-
numents appartenant à l'Etat et les postes
de police, mais encore plusieurs bâtiments
vides ont été réquisitionnés aux alentours
des lieux de réunion.
C'est ainsi qu'hier, un commandant d'in-
fanterie est allé s'assurer que plusieurs mai-
sons aux environs de l'annexe de la: Bourse
du travail, rue Jean-Jacques-Rousseau,pour-
ront recevoir des troupes. Ce sont celles si-
tuées 4, 9 et 22, rue du Boutai.
Ces locaux peuvent contenir quatre cents
hommes de troupe.
Ajoutons que deux paquets de cartouches
seront distribués à chaque homme.
Aussi bien le gouvernement militaire de
Paris compte-t-il, sans aucun doute, avoir
besoin de tous ses effectifs, et non seulement
le lf-mai. En effet, pour les obsèques du gé-
néral Haillot, qui doivent avoir lieu le 2 mai,
il refuse de fournir le service d'honneur,
prétendant n'avoir pas assez de soldats à sa
disposition.
Ceux qui vont chômer.
Combien y aura-t-il de chômeurs, aujour-
d'hui dans Paris?
Et, sur ces chômeurs, combien manifeste-
ront ?
A ces deux questions, il est fort difficile de
répondre.
Cependant, quelques observations s'impo-
sent.
Si l'on s'en rapportait exclusivement aux
différentes décisions prises par les chambres
syndicales, l'on pourrait croire que demain
la grève sera quasi générale.
A l'exception des travailleurs du gaz, du
personnel du Métropolitain, des ouvriers en
instruments de précision, des cochers et de
quelques autres corps de métier moins im-
portants, 'toutes les autres corporations ont,
par l'organe de leur chambre syndicale, pris
des décisions qui se résument ainsi chô-
mage le 1er mai et grève le 2.
Il convient de ne rien exagérer, et il est
fort probable que bon nombre de travail-
leurs, les uns pour la raison 'bien simple
qu'ils ne sont pas syndiqués, les autres
parce qu'ils n'ont qu'une médiocre confiance
dans' leur chambre syndicale, n'obéiront
point aux ordres qui leur sont donnés.
Ce n'est point, par exemple, parce que
deux cents bouchers auront décrété la grève
générale de la corporation que tous les bou-
chers de Paris quitteront aujourd'hui le tra-
vail.
Cette restriction faite, nous- nous borne-
rons à énumérer les corps'de'métier qui ont
décidé la grève.
Bijoutiers, typographes, ouvriers d'impri-
merie y sont déjà les ouvriers de la voiture,
les épiciers, les tailleurs et couturières, les
ouvriers ébénistes, les scieurs découpeurs,
mouluriers, les doreurs sur bois, les dessina-
teurs, du bâtiment,- les serruriers, les plom-
biers zingueurs, les briquetiers, les peintres,
les coiffeurs, les ferblantiers, etc., etc., ont
manifesté l'intention de'chômer le ler mai et
de commencer la grève le 2 mai
Que subsistera-i-il demain de toutes ces ré-,
solutions ?. ̃ ̃'̃̃̃
Dans la banlieue.
En prévision des incidents qui pourraient
se produire dans la banlieue parisienne, de
grandes précautions ont été prises.
A Clichy, où se trouvent de nombreux
dépôts de voitures publiques, des usines et
de grands ateliers, 200 fantassins et 60 ca-
valiers augmenteront les forces policières.
La troupe sera cantonnée au dépôt des
pompes de la rue du Bois, à l'usine à gaz
et rue du Bac-d'Asnières.
Dans le magasin des décors de l'Opéra-
Comique et au bastion 43, à Levallois-Per-
ret, le commissaire de police de la localité
a fait caserner 300 fantassins et 100 cava-
liers.
A Saint-Ouen, en raison de la population
ouvrière et des longs espaces occupés par
elle, les mesures prises sont un peu plus
importantes 250 hommes d'infanterie et
50 cavaliers ont été mis au château du
champ de courses et aux remises- de la
Compagnie des voitures l' « Urbaine
A Néuilly, quartier riche et peu manifes-
tant de caractère, 180 fantassins, renforcés
de 60 cavaliers, se tiendront dans divers lo-
caux du bois de Boulogne et au quartier
Saint-James.
A Ivry, la municipalité a pris une déci-
sion qui lui fait le plus grand honneur, car,
dans ce courant d'affolement, elle semble
avoir gardé le vrai sentiment de 'l'heure
présente. Par voie d'affiches, elle annonce
à ses administrés qu'une distribution extra-
ordinaire de secours sera faite aux indi-
gents. A trois heures, il y aura une récep-
tion à l'hôtel de ville par la municipalité et
le conseil municipal des groupes et syndi-
cats ouvriers. Le soir, illuminations et con-
cert par la musique municipale. Malgré ce
programme enchanteur, des forces très im-
portantes ont été disséminées autour des
grandes usines.
Enfin, à Vincennes, à Charenton et à Join-
ville, chacun des commissaires a reçu, en
outre des forces dont il dispose d'ordinaire,
des renforts de troupes se montant à 200
hommes, fantassins et cavaliers.
A Courbevoie, à Asnières, Colombes et
Bois-Colombes, des détachements de même
valeur sont à la disposition des autorités..
Comme nous l'avons dit, toutes les voies
ferrées donnant accès dans la capitale sont
gardées militairement les ponts, les pas-
serelles, les passages à niveau, les bifurca-
tions, les tunnels, particulièrement à Meu-
don, sont étroitement surveillés.
A Sèvres, un détachement du,,1016 de li-
ne et un peloton du 1er cuirassiers défen-.
dront contre toute atteinte les abords de la
cartoucherie des Bruyères.
Officier Révolutionnaire
Un grave incident s'est produit hier soir à
la Bourse du travail Arrestation
y.. d'un lieutenant.
Un incident dont la gravité n'échappera à
personne s'est produit hier soir. Un lieute-
nant d'infanterie a pénétré, en tenue de cam-
pagne, à la Bourse du travail. Il a gagné la
salle des grèves, où son arrivée a causé une
émotion qui changea bientôt d'objet.
En effet, l'officier (le lieutenant Tisserand
de Langes, du 5° d'infanterie, en garnison à
Paris) est monté sur l'estrade publique. Aux
acclamations de la foule, sur cette tribune
où les orateurs habituels ont coutume d'at-
taquer les « brutes galonnées n, il s'est dé-
clare socialiste, a affirmé qu'il ne tirerait pas
sur le peuple et a proclamé la nécessité de
la délation.
On lira en Dernière heure Il les détails
de cet étrange incident.
Les auteurs de la tentative criminelle restent
inconnus On a remarqué aux envi-
rons de la gare d'Herblay de mys-
térieuses allées et venues.
Le parquet est la police ont continué hier
leurs recherches sur l'attentat commis l'au-
tre jour au pont d'Argenteuil. Aucun résul-
tat définitif n'a encore été obtenu. Nous
avons dit que plusieurs anarchistes ont été
arrêtés. Mais il ne semble pas jusqu'ici
qu'on puisse les impliquer en cette affaire.
D'autre part, on signale, dans la région
d'Argenteuil, des allées et venues suspectes
sur les voies ferrées. L'aiguilleur du poste
d'Herblay a aperçu l'autre nuit deux hom-
mes longeant le remblai compris dans l'en-
ceinte de la voie, à trois cents mètres envi-
ron de la gare d'Herblay. Il les interpella.
Ils répondirent en mauvais français qu'ils
cherchaient la gare. L'aiguilleur la leur in-
diqua. Ils s'y rendirent et prirent un train
pour Paris.
Enfin, le mécanicien Giquel, conduisant la
machine 823, est venu hier déclarer à M. Le-
roy, commissaire spécial de. la gare Saint-
Lazare, qu'il avait aperçù près de la gare
d'Herblay, vers une heure du matin, un
homme marchant au long de la voie et se
dirigeant vers un petit pont situé à quelques
centaines de mètres. L'homme portait une
besace de toile et marchait plié en deux.
Faut-il accorder quelque importance à ces
allées et venues ? On ne le sait. En tout cas
et par une sage précaution, on a donné des
ordres sévères aux postes de surveillance.
La dynamite.
On sait que la police déclare n'avoir au-
cune connaissance d'un vol de dynamite qui
aurait été commis récemment dans les lo-
caux de la Compagnie du Nord.- Le Temps
dit cependant avoir recueilli d'un employé
subalterne de la compagnie le récit suivant
Il y une dizaine de jours environ, cinq cais-
ses en bois, garnies d'une armature métalli-
qge, provenant de Belgique et portant l'a-
dresse d'un entrepreneur de la Plaine-Saint-
Denis, arrivaient en.gare de la Chapelle.
Le destinataire ne s'étant pas présenté pour
retirer cet envoi, les caisses restèrent là, en
souffrance, pendant quarante-huit heures. En
raison des événements, une surveillance par-
ticulière étant exercée sur les colis de prove»
nance étrangère, une des caisses fut ouverte
elle était remplie de son. Dans le son, on trou-
va une demi-douzaine de cartouches de dyna-
mite. Les autres caisses contenaient égale-
ment des engins explosifs, mais plus gros que
les cartouches de mine.
Aussitôt, le tout fut placé par ordre de la
police dans un wagon spécial. Le lendemain,
quand on vint prendre livraison des caisses
pour les transporter au laboratoire municipal,
on constata que, pendant la nuit, des indivi-
dus avaient ouvert par effraction le wagon et
enlevé les engins.
Des agents de la brigade des recherches
n'ont pu, jusqu'à présent, retrouver les traces
de ces explosifs.
Le gouvernement militaire de Paris a té-
légraphié à toutes les chefferies du génie
de son ressort de dire si:un vol de dyna-
mite avait été constaté depuis quelque
temps dans les dépôts. Hier soir, toutes les
réponses étaient parvenues et toutes étaient
négatives.
:LES FICHES CLERICALES
Quelques Documents et quelques Lettres
Où l'on voit que M. Audouard avait reçu l'approbation
du représentant officiel du duc d'Orléans, et où l'on
constate que M. Audouard promettait l'appui des
monarchistes à M. le commandant Driant. °
M. de Marcère Commandant Driant
LES CHEFS DES LIGUES ANTIMAÇONNIQUES
M. de Marcère, sénateur, président de V « Association antimaçonnique » M, le com*
mandant Driant, président de la « Ligue antimaçonnique et de Jeanne-dArc ».
Les fragments de correspondance que
nous avons publiés de M. Audouard lui
ont valu quelques appréciations fort in-
justes. C'est ainsi que, hier matin, M.
l'abbé Tourmentin a cru devoir écrire
que M. Audouartl devait être « un hom-
me de paille ou même un policier », tan-
dis que, de son côlé, le Soleil affirmait
que M. Audouard « était très impulsif et
trop peu réfléchi ». M. l'abbé Tourmen-
tin manque à son Dieu en portant sur au-
trui un jugement aussi inconsidéré, et le
Soleil manque à son prince, en quali-
fiant de la sorte un homme qui a reçu
l'investiture du chef de la maison de
France en personne.
Le document suivant montre, en effet,
que c'est avec l'approbation du représen-
tant officiel de Mgr le duc d'Orléans en
Seine-et-Oise que M. Audouard a fondé
son groupement
AVANT-GARDE ROYALISTE, PARIS
Pièce de.s archives
N° 738
Cotnnlrsraicatioia à M. Audouard de la lettre
de M. Canon de La Carrière.
La Société applaudit aux efforts et ap-
prouve l'initiative de M. Audouard, formant
sous son autorité uv comité d'avant-garde
royaliste à Versailles.
Versailles, le 6 juin 1905.
Carron de LA CARRIÈRE,
Représentant en Sèine-et-Oise
Mgr le duc d'OrUians.
Pour copie conforme de la pièce-n° 738 des
archives de l'A. G. lf. de Paris
Le secrétaire,
VuCENT LE Méro.
Une approbation émanant d'une telle
plume ne peut, de toute évidence, s'a-
dresser ni à un homme de paille, ni à un
policier, ni à un jeune homme très im-
pulsif et trop peu réfléchi.
M. Audouard, ainsi que nous l'indi-
quions hier, n'est pas seulement entré
en relations avec l'Association antima-
çonnique de M. Tourmentin, mais il est
également entré en rapport et en corres-
pondance avec un autre groupement la
Ligue antimaçonnique et de- Jeanne
d'Arc.
Il importe de ne pas confondre les
deux institutions, qui n'ont rien de com-
mun entre elles.. L'Association antima-
çonnique était hier encore présidée par
M. l'amiral de Cuverville, sénateur elle
l'est aujourd'hui par M. de Marcère, sé-
nateur également et président de la
Patrie française, et 'elle a pour secré-
taire général M. l'abbé Tourmentin. La
Ligue antimaçonnique et de Jeanne
d'Arc, dont le siège est 46, rue de la Vic-
toire, à Paris, a, au contraire, pour pré-
sident M. le commandant Driant, ac-
tuellement candidat à la députation dans
la deuxième circonscription de Pontoise.
M. le commandant Driant a été en cor-
respondance avec M. Audouard, ainsi
qu'en témoigne la carte suivante de lui
LIGUE 'ANTIMACONNIQUE FRANÇAISE
et UGUE DE JEANNE D'ARC
46, rue de ta Victoire, Paris (IX')
Paris, 23 jévrier
Monsieur,
J'ai reçu votre dépêche. (Ici, un passage
d'ordre privé.) Je saisis cette occasion, puis-
que nous menons le même combat, pour
vous ervoyer rnoil salut fraternel, avec l'as-
surance de ma considération la plus dislin-
guée.
De son côté, M. Audouard, président
de l'Avant-Garde royaliste de Versailles,
écrivait à M. le commandant Driant la
lettre suivante, où il lui promettait l'ap-
pui officiel des royalistes de Seine-et-,
Oise- pour son élection
AVANT-GARDE ROYALISTE
Groupe d'Education Populaire
et Ligue Antlmaçonnique
COMITÉ CENTRAL DE SEINE-ET-OISE
Section de Versailles
Le président de l'Avanl-Garde royaliste d0
Seinc-el-Oise au commandant Driqnt, au
journal L'Eclair, Paris. *̃
Mon commandant
En mon nom et au nom dit comité dë
l'Avant-Garde royaliste de Seine-et-Oise,
réuni Jeudi 8 février 1906, au siège social,
j'ai l'horcneur de vous faire connaître que
nous avons décidé de soutenir, de tous nos
efforts et par tous les moalens en notre pou'
veir, votre candidature aux prochaines élec-
tions législatives contre le blocard Aimond.
Nous invitons tous nos délégués et amis
des contmunes de Villiers-le-Bel, Sarcelles,
Saint-Brice, Deuil, et tous ceux qui résident
dans la deuxième circonscription de Pon-
loisé, vous préter leur concours le plus
absolu. Confiant dans l'issue de la lutte élec-
torale, dans le bon sens des monarchistes et
de tous les arnis de l'ordre, nous osons comp-
ter sur votre triomphe et celui de nos idées
si chères et de nos traditions sacrées
Veuillez agréer, mon commandant, l'horii*
mage de mes. serttinients respectueux et dé*
'Signa E. Audouard*
La Ligue ahtiniaçonnique français
sollicite des adhésions et' recueille des
cotisations, afin de constituer ce qu'elle»
appelle un « service de propagande » et
un « service de renseignements » anti^
maçonniques.. Les- cartes qu'elle délivra
à ses délégués sont, de manière unifor*
me, rédigées ainsi que suit
Le' comité c&nlral de la Ligue antimàçonk
nique et Se la Ligue de Jeanne d'Arc prie
tous les membres affiliés de faire bon ac-
cueil, prêter leur concours et donner toutôê
les instructions et indications qui pourront
lui être utiles à j'Il, X. (suit l'adresse), qui
est chargé de solliciter des adhésions, re-
cueillir des cotisations, en donner quittance,,
et répandre par tous les ntoyens les idées et
Vinfluence de la ligue.
Fait à Paris, le.
Pour le contité centrale et par procuration
L'administrateur général^
Il. OURDAN.
Si l'on veut se faire une idée des ins*
tructions particulières données aux déo.
légués, on n'aura qu'à lire la lettre sui*
vante
Mon cher monsieur,
Dites à votre ami X: que les sont*
mes qu'il enverra serviront exclusivement
au serwice de la propagande et des rensei-
gnements antimaçonniques. Je vous prie de
prendre note, pour l'avenir, que notre Ligue
est une tigue de combat, et non de services
électoraux. Les étections sont éphémères, et
nous auons l'intention de vivre aussi long-
temps qu'il y aura un F.- M.\ en France.
Ceci dit pour la deraière jois. D'ailleurs, qùe
les futurs adhérenls veuillent bien lire leur
bulletin d'adhésion, et its n'y -uerront au.
cune trace, de publicité électorale.
A vous voir, croyez à mes sitscères amiq
tiés.
Le chef du service de la propagande^
| Signé L. Fleur y.
Il serait intéressant de savoir corm
ment les délégués exécutaient les ins-
tructions qui leur étaient données au
nom de Jeanne d'Arc et de la Ligue aîi-
timaçonnique française, et comment ils
comprenaient le service de renseigne-'
ments dont il est question dans la carte
que l'on vient de lire.
Peut-être un jour le saura-t-on
Vidi.
P.-S: M. Paul Courtois, secrétaire)
de la Ligue antimaçonnique, nous adres-i
se la lettre suivante. Il suffira de la rap-
procher de l'affirmation de M. l'abbé^
Tourmentin, qui donnait hier sa parole
d'honneur de n'avoir jamais connu m'Il
1 SIX et CINQ
Mardi f Mai 1906
SEUL JOURNAL FRANÇAIS RECEVANT PAR FILS SPÉCIAUX LES DERNIÈRES NOUVELLES DU MONDE ENTIER
U TRAITE DES CHiHTtUSES
MENDICITÉ OBLIGATOIRE
Lorsque vous exercez un métier, quel
qu'il soit, il est bien entendu que vous
l'exercez dans le but, soit de subvenir à
vos besoins, si vous êtes pauvre, soit de
faire fructifier votre fortune tout en vous
occupant, si vous êtes riche. Il est donc
logique qu'en exerçant un métier vous
tentiez de tirer de vos efforts honnêtes,
de votre labeur constant, un gain quel-
conque, que vous vous trouverez
dans l'obligation de mendier si, pauvre,
il vous prenait Ja fantaisie de vouloir vi-
vre quand même, et sans rien faire.
Eh bien le tenancier a changé cette
façon normale d'envisager l'existence.
Avec lui, on travaille. mais, comme il
n'entend point récupérer lui-même, il
met une séfaille entre les mains des pe-
tites chanteuses et,' à travers les rangs
de tables, les envoie mendier auprès des
spectateurs consommateurs. De cette fa-
çon, il se.trouve à la tête d'un personnel
qu'il nourrit très mal pour 90 francs,
qu'il couche pour 40 francs (et avec qui
bon lui semble, encore !), qui chante
pour lui, consomme et soupe pour lni
faire gagner de l'argent, et attire la
clientèle sans, pour cela, que le tenan-
cier' se croie le moins du monde obligé
d'ouvrir sa caisse. C'est tout bénéfice
Cette façon de comprendre les affaires
est, assurément, toute nouvelle. busi-
ness is business Mais, lorsque l'on
est tout-puissant, comme le tenancier de
beuglant, on aurait bien tort de se gê-
ner. Grâce à la, manière dont il entend
l'économie, le tenancier arrive, bon an
mal an, à mettre de côté des sommes
considérables, tandis que les petites
chanteuses peuvent, sans trop se fati-
guer les doigts, compter les sous re-
cueillis en faisant la quête après leur
<« tour de chant
Les quêtes varient selon les établisse-
ments, selon aussi la plus ou moins
grande bégueulerie de la femme néan-
moins, les meilleures recettes sont de
trois à quatre francs les plus mauvai-
ses sont de vingt à trente sous. Or, com-
me la chanteuse doit payer à som tenan-
cier une moyenne de 4 fer. 35 par jour, il
s'ensuit à peu près que, plus elle tra-
vaille, plus'elle s'endette. Je vous le
dis, dans ce monde interlope, tout mar-
che en* dépit doi bon sens, de la logique
et fie. la? morale, ,car c'est .encore la
morale à qui il faudra demander quel-
ques sacrifices pour équilibrer cet im-
possible budget C'est bien sur cela que
compte le tenancier. il y compte d'au-
tant plus que, là encore, il fera valoir ses
droits. Il les a tous 1 •
En installant un concert à quêtes, le
tenancier n'a pas seulement. dans l'idée
de ne jamais payer les chanteuses qu'il
engage il espère en outre que, des frô-
lements répétés, du contact constant, de
la continuelle promiscuité entre con-
sommateurs et artistes, naîtront des
aventures dont il recueillera, à lui seul,
lout le profit. car les quêtes ne sont
qu'un moyen d'encourager le client à
consommer, et les chanteuses à se pros-
muer. Sous prétexte de faire la quête,
l'artiste, par ordre, s'égare dans les lo-
iges grillées ou dans les salons elle y
reste un temps assez long. Aussi, lors-
qu'elle rentre pour reprendre sa place
sur les chaises du tremplin, où elle est
tenue de faire la pose, est-elle charita-
blement accueillie par les phrases
(gouailleuses que l'on devine.
1 Presque toutes les véritables artistes à
;qui, pour la première fois, l'on a mis le
!plateau de la quête en mains, ont com-
mencé par se révolter. Des résiliations
ont suivi, qui ont" donné lieu à des pro-
cès sans nombre. L'artiste a toujours
perdu. La mendicité, pour les artistes, en
province, est donc obligatoire.
Les villes tiennent à leurs beuglants
'qui, pour beaucoup de commerçants,
sont une source de revenus. Celui qui
voyage reste plus volontiers et plus
longtemps dans les villes où il est as-
suré de trouver des distractions. sur-
!tout féminines
Un agent lyrique,- dernièrement,, dans
une lettre fort correcte, je l'avoue, m'as-
surait très sérieusement que, « le jour
où l'on supprimerait les quêtes dans les
beuglants de province, ces, établisse-
ments, refuges des artistes pauvres, fer-
meraient n. Eh bien 1 -les beuglants de
province fermeront A leur place, on
édifiera des cafés-concerts propres
quant aux artistes celles. que nous ne
défendons pas je suis bien tranquille
sur'feur sort elles auront mille moyens
de s'en sortir le trottoir ou les maisons
closes les reprendront. Rien ne les
peut empêcher de transformer la maison
close en. beuglant.
Beaucoup de maires, en France, sol-
licitées par le syndicat des artistes lyri-
ques, ont pris des « arrêtés contre les
concerts à quêtes où, d'ordinaire, on est
logé et nourri. Ces « arrêtés » sont plus
ou mo;ns respectés la plupart du temps
les tenancier-s ne s'en préoccupent même
pas. Il y a mieux à Clermont-Ferrand,
par exemple, le maire prend un a ar-
rêté ». et ON refuse de l'afficher
Même en Auvergne, .il faut croire que
k< charbonnier serait-il maire n'est
pas maître chez lui ». A La Rochelle, le
maire discute sur la liberté du com-
merce il ne comprend pas que l'on
puisse, sans violer la loi, empêcher les
tenanciers de nourrir leur personnel
mais il comprend fort bien que ces mê-
mes tenanciers forcent leurs pensionnai-
res à manger et à coucher chez lui ô
équité Il va même jusqu'à comprendre
que l'on, séquestre des femmes entre
huit heures du 'soir et cinq, heures du
matin, pour attendre le client et l'inci-
ter à souper. Je ne pense pas qu'Herbert
Spencer, dans son'livre l'Immoralité
de la Bienfaisance, ait envisagé le cas des
concerts à quêtes qui n'existent, en
somme, qu'en France. Cela est dom-
mage caf, si jamais mendicité fut im-
morale, c'est bien celle-là.
N'allez point vous figurer que les
hommes (de temps en temps, dans la
troupe, le tenancier se paye un seul co-
mique) soient exempts de la quêtes vous
vous tromperiez étrangement. Ils ont,
les pauvres bougres, un Me de vingt:à
trente sous par jour, la nourriture et la
quête (ils ne sont pas logés) seulement,
comme ils ne sauraient qu'encombrer,
après minuit on les prie de bien vouloir
laisser le champ libre. Le tenancier
-veille même à ce qu'il n'approche pas
trop les chanteuses: il craint lerbé-
gwn de la part d'une de ses pension-
naires, et il entend ne point mentir à sa
clientèle, à laquelle il a promis
« Des femmes jeunes, jolie s, bien en
{orme. et libres, surtout
Chaque ville, selon son importance,
possède un, deux, trois, voire quatre
« concerts à quêtes et chaque concert
emploie de cinq à vingt chanteuses
(Que risquent les tenanciers ?. plus ils
ont de femmes, mieux les soupers mar-
chent).
Il circule donc en France quelques
milliers de femmes qui, tout en travail-
lant, vivent de la rnendicité obligatoire
ou de da prostitution clandestine, égale-
ment obligatoire.
Et je me demande par quelle faveur
ces mendiantes et ces prostituées ont pu
se syndiquer ?. La loi sur les syndicats
est pourtant formelle. Il peut et il
doit exister un syndicat des artistes
lyriques, métier reconnu, c'est certain.
Mais pourquoi, alors, tblère-t-on un
syndicat dont la moyenne partie des
membres sont, OBLIGATOIREMENT il est
-vrai des mendiantes et des prosti-
tuées ?
André Ibels.
DE MIDI A MINUIT
Paris. Plusieurs arrestations se rap-
portant au complot » ont été opérées.
Départements. De très sérieuses mesu-
res d'ordre ont été prises dans toutes tes. vil-
les de France, en vue du 1er mai.,== Q|t. sir
nate dans tout le' bassin houiller une las-
situde générale de là grève. A ta suite d'un
acçord intervenu entre patrons et ouvriers
à la sous-préfecture de Douai, le travail a
repris complètement à 'Aniclie (Nord). =
On a arrête, à Nice, M. Durand de Beaure-
gard, compromis dans V affaire du complot;
il partira aujourd'hui pour Paris. On a trou-
vé chez lui des reçus signés de Bressolles.
Etranger. La Chambre des communes
a cantwencé la discussion du projet de bud-
get. Le gouvernement allemand a invité
les diverses puissances à participer à une
conférence de la télégraphie sans fil, qui
s'ouvrira le 28 juin. Vingt-quatre arres-
tatiorts ont été opérées à Tiflis, à la suite de
la découverte d'un dépôt clandestin de dyna-
mite. = Les naufragés du navire-ecolt
betge Smet-de-Naeyer sont arrivés à Bruxel-
tes ils ont été reçus à la gare par le prince
héritier. M. Carlo XVaddington, meurtrier de
M. Batmaceda, attacllé à la tégation du Chili
à Bruxelles, a été remis en liberté, sous cau-
tion de 6,000 francs. = Le cercle de l'Union
mercantil d'Espagne, réuni Madrid, a dé-
cidé d'adresser au gouvernement espagnol
une protestation contre le nouveau tarif
douanier. La chambre de commerce de Ma-
drid a également remis une protestation au
tninistère des finances. = Une rencontre
s'est produite à Karaferia, en Macédoine,
entre les troupes turques et une bande de
comiladjis il y a eu soixante-treize blessés
et un tué. = Le cabinet serbe est définiti-
vement constitué, sous ta présidence de M.
Pachilch. = Suivant des nouvelles appor-
tées par les navires venant d'Islande, le vol-
cati Recta a eu récemment une éruption
tes cendres se sont répandues sur une vaste
superficie c'est dans la tempête qui a suivi
que plusieurs naufrages se sont produits.
PROPOS D'UN PARISIEN
II y a dans l'histoire une journée célèbre
dont le récit de Saint-Simon a perpétué le
souvenir et qui reçut le nom de Journée
des dupes (11 novembre 1630). Quel nom
donnera-t-on. à la journée du 1er mai 1906,
sur laquelle le soleil se lèvera quand parai,
tront ces lignes ?
Cela dépendra un peu des événements. On
ne risque pas grand'chose, en tout cas, à la
cataloguer, dès maintenant, sous cette éti-
quette «Journée des légumes secs. »
Cette appellation lui irait comme un gant,
étant donnée la « frousse » immense qui
s'est emparée d'une partie de la population.
parisienne, laquelle, par peur de rester un
jour sans manger, a fait des provisions pour
un mois et dévalisé tous lès épiciers de la
capitale.
Ceux-ci, à cette époque de l'année, se trou-
vent en présence du stock invendu de leurs
tc.nserves. Et des bandes d'affamés imagi-
naires sont venus les en débarrasser, de
sorte que cette journée est, pour eux, tout
profit.
C'est au point que l'adage is fecil eut pro-
dest étant aujourd'hui très en honneur, on
se demande si les épiciers, eux aussi, ne
seraient pas d'un complot. A tout hasard,
on pourrait un peu perquisitionner chez
eux. pour voir ce que cela donnera.
Et je pense' à certain marquis ultra-pré-
vcyant, dont on m'a envoyé le nom très
connu et l'adresse, qui, depuis huit jours,
nourrit un veau dans sa cave, un tendre
veau dont les beuglements navrés, arrivant
jusque dans la rue par le soupirail, sur-
prennent les passants. Tous deux, le veau
et le marquis, pleurent de compagnie sur les
malheurs des temps, et le spectacle n'est
pas baual de ce veau et de ce marquis con-
fondant leurs peines.
Toutefois, elles sont d'ordre différent, car
le marquis se console un peu en pensant
qu'il mangera le veau, tandis que le veau
rtste inrnnsolé, n'ayant pas l'espoir de man-
ger le marquis. B. Harduin.
LES MESURES D'ORDRE
La préfecture de police a pris toutes les. me.
sures nécessaires pour maintenir l'ordre
à Paris Les dernières instructions
ont été données hier aux colo-
nels des régiments, aux com-
missaires et aux offi-
ciers de paix.
M. Lépine, préfet de police, qui, comme
nous l'avons déjà dit, est bien décidé à faire
maintenir l'ordre dans la rue aujourd'hui,
a convoqué hier matin à son cabinet les co-
lonels des régiments casernés à Paris et
dans la banlieue. -II les a priés, avant de
prendre une mesure, quelconque, de bien
vouloir en référer au commissaire de po-
lice .ou à l'officier de paix le plus proche.
Ceux-ci agiront alors, en vertu de la loi du
7 juin 1848, qui interdit les rassemblements,
les cortèges et les emblèmes quelconques
sur la voie publique.
A quatre heures de l'après-midi, M. Lé-
pine a reçu les officiers de paix de la Ville
de. Paris. Uné demi-heure plus tard, il avait
une entrevue avec les commissaires de po-
lice, à qui il assignait l'endroit où ils devront
se tenir en permanence;
Il leur a dit en outre que, dans le cas où
des manifestants en groupe refuseraient de
circuler, ils fissent les sommations d'usage
précédées de roulements de ta,mbours et son-
neries de trompettes. Si ces sommations ne
sont pas suivies d'effet, le magistrat donnera
Tordre de faire circuler par la force. Les
fantassins pourront mettre baïonnette au ca-
non et les cavaliers chargeront isabre à la
main.
(Phôt. Henri Manuel)
Lu gardien suprême' DE l'Ordre
M. Lépine, préfet de 'police, Qui disposera au-
jourd'hui de 50,000 hommes pour veiller à la
sécurité de Paris.
Dans l'après-midi, M. Laurent, secrétaire
général de la préfecture de police, a donné
res mêmes instructions aux commissaires
de police de banlieue.
Les commissaires de police et les officiers
de paix ont été informés également d'avoir
à envoyer au Dépôt tous les individus qui
commettront un délit sur la voie publique.
A cet effet, le personnel entier des com-
missariats devra se tenir en permanence
dans les bureaux de chaque quartier. Chose
qui se voit rarement, ils ont été priés de
prendre leurs deux repas au commissariat.
En prévision des troubles qui pourront se
produire aujourd'hui, à l'instigation d'anar-
chistes d'origine étrangère, ou par eux, le
préfet de police en a fait arrêter quatorze,
qui sont actuellement au Dépôt. Ils seront
expulsés ensuite.
Non seulement une partie des troupes,
des gardes municipaux et des gardiens de
la paix occuperont les cours de certains mo-
numents appartenant à l'Etat et les postes
de police, mais encore plusieurs bâtiments
vides ont été réquisitionnés aux alentours
des lieux de réunion.
C'est ainsi qu'hier, un commandant d'in-
fanterie est allé s'assurer que plusieurs mai-
sons aux environs de l'annexe de la: Bourse
du travail, rue Jean-Jacques-Rousseau,pour-
ront recevoir des troupes. Ce sont celles si-
tuées 4, 9 et 22, rue du Boutai.
Ces locaux peuvent contenir quatre cents
hommes de troupe.
Ajoutons que deux paquets de cartouches
seront distribués à chaque homme.
Aussi bien le gouvernement militaire de
Paris compte-t-il, sans aucun doute, avoir
besoin de tous ses effectifs, et non seulement
le lf-mai. En effet, pour les obsèques du gé-
néral Haillot, qui doivent avoir lieu le 2 mai,
il refuse de fournir le service d'honneur,
prétendant n'avoir pas assez de soldats à sa
disposition.
Ceux qui vont chômer.
Combien y aura-t-il de chômeurs, aujour-
d'hui dans Paris?
Et, sur ces chômeurs, combien manifeste-
ront ?
A ces deux questions, il est fort difficile de
répondre.
Cependant, quelques observations s'impo-
sent.
Si l'on s'en rapportait exclusivement aux
différentes décisions prises par les chambres
syndicales, l'on pourrait croire que demain
la grève sera quasi générale.
A l'exception des travailleurs du gaz, du
personnel du Métropolitain, des ouvriers en
instruments de précision, des cochers et de
quelques autres corps de métier moins im-
portants, 'toutes les autres corporations ont,
par l'organe de leur chambre syndicale, pris
des décisions qui se résument ainsi chô-
mage le 1er mai et grève le 2.
Il convient de ne rien exagérer, et il est
fort probable que bon nombre de travail-
leurs, les uns pour la raison 'bien simple
qu'ils ne sont pas syndiqués, les autres
parce qu'ils n'ont qu'une médiocre confiance
dans' leur chambre syndicale, n'obéiront
point aux ordres qui leur sont donnés.
Ce n'est point, par exemple, parce que
deux cents bouchers auront décrété la grève
générale de la corporation que tous les bou-
chers de Paris quitteront aujourd'hui le tra-
vail.
Cette restriction faite, nous- nous borne-
rons à énumérer les corps'de'métier qui ont
décidé la grève.
Bijoutiers, typographes, ouvriers d'impri-
merie y sont déjà les ouvriers de la voiture,
les épiciers, les tailleurs et couturières, les
ouvriers ébénistes, les scieurs découpeurs,
mouluriers, les doreurs sur bois, les dessina-
teurs, du bâtiment,- les serruriers, les plom-
biers zingueurs, les briquetiers, les peintres,
les coiffeurs, les ferblantiers, etc., etc., ont
manifesté l'intention de'chômer le ler mai et
de commencer la grève le 2 mai
Que subsistera-i-il demain de toutes ces ré-,
solutions ?. ̃ ̃'̃̃̃
Dans la banlieue.
En prévision des incidents qui pourraient
se produire dans la banlieue parisienne, de
grandes précautions ont été prises.
A Clichy, où se trouvent de nombreux
dépôts de voitures publiques, des usines et
de grands ateliers, 200 fantassins et 60 ca-
valiers augmenteront les forces policières.
La troupe sera cantonnée au dépôt des
pompes de la rue du Bois, à l'usine à gaz
et rue du Bac-d'Asnières.
Dans le magasin des décors de l'Opéra-
Comique et au bastion 43, à Levallois-Per-
ret, le commissaire de police de la localité
a fait caserner 300 fantassins et 100 cava-
liers.
A Saint-Ouen, en raison de la population
ouvrière et des longs espaces occupés par
elle, les mesures prises sont un peu plus
importantes 250 hommes d'infanterie et
50 cavaliers ont été mis au château du
champ de courses et aux remises- de la
Compagnie des voitures l' « Urbaine
A Néuilly, quartier riche et peu manifes-
tant de caractère, 180 fantassins, renforcés
de 60 cavaliers, se tiendront dans divers lo-
caux du bois de Boulogne et au quartier
Saint-James.
A Ivry, la municipalité a pris une déci-
sion qui lui fait le plus grand honneur, car,
dans ce courant d'affolement, elle semble
avoir gardé le vrai sentiment de 'l'heure
présente. Par voie d'affiches, elle annonce
à ses administrés qu'une distribution extra-
ordinaire de secours sera faite aux indi-
gents. A trois heures, il y aura une récep-
tion à l'hôtel de ville par la municipalité et
le conseil municipal des groupes et syndi-
cats ouvriers. Le soir, illuminations et con-
cert par la musique municipale. Malgré ce
programme enchanteur, des forces très im-
portantes ont été disséminées autour des
grandes usines.
Enfin, à Vincennes, à Charenton et à Join-
ville, chacun des commissaires a reçu, en
outre des forces dont il dispose d'ordinaire,
des renforts de troupes se montant à 200
hommes, fantassins et cavaliers.
A Courbevoie, à Asnières, Colombes et
Bois-Colombes, des détachements de même
valeur sont à la disposition des autorités..
Comme nous l'avons dit, toutes les voies
ferrées donnant accès dans la capitale sont
gardées militairement les ponts, les pas-
serelles, les passages à niveau, les bifurca-
tions, les tunnels, particulièrement à Meu-
don, sont étroitement surveillés.
A Sèvres, un détachement du,,1016 de li-
ne et un peloton du 1er cuirassiers défen-.
dront contre toute atteinte les abords de la
cartoucherie des Bruyères.
Officier Révolutionnaire
Un grave incident s'est produit hier soir à
la Bourse du travail Arrestation
y.. d'un lieutenant.
Un incident dont la gravité n'échappera à
personne s'est produit hier soir. Un lieute-
nant d'infanterie a pénétré, en tenue de cam-
pagne, à la Bourse du travail. Il a gagné la
salle des grèves, où son arrivée a causé une
émotion qui changea bientôt d'objet.
En effet, l'officier (le lieutenant Tisserand
de Langes, du 5° d'infanterie, en garnison à
Paris) est monté sur l'estrade publique. Aux
acclamations de la foule, sur cette tribune
où les orateurs habituels ont coutume d'at-
taquer les « brutes galonnées n, il s'est dé-
clare socialiste, a affirmé qu'il ne tirerait pas
sur le peuple et a proclamé la nécessité de
la délation.
On lira en Dernière heure Il les détails
de cet étrange incident.
Les auteurs de la tentative criminelle restent
inconnus On a remarqué aux envi-
rons de la gare d'Herblay de mys-
térieuses allées et venues.
Le parquet est la police ont continué hier
leurs recherches sur l'attentat commis l'au-
tre jour au pont d'Argenteuil. Aucun résul-
tat définitif n'a encore été obtenu. Nous
avons dit que plusieurs anarchistes ont été
arrêtés. Mais il ne semble pas jusqu'ici
qu'on puisse les impliquer en cette affaire.
D'autre part, on signale, dans la région
d'Argenteuil, des allées et venues suspectes
sur les voies ferrées. L'aiguilleur du poste
d'Herblay a aperçu l'autre nuit deux hom-
mes longeant le remblai compris dans l'en-
ceinte de la voie, à trois cents mètres envi-
ron de la gare d'Herblay. Il les interpella.
Ils répondirent en mauvais français qu'ils
cherchaient la gare. L'aiguilleur la leur in-
diqua. Ils s'y rendirent et prirent un train
pour Paris.
Enfin, le mécanicien Giquel, conduisant la
machine 823, est venu hier déclarer à M. Le-
roy, commissaire spécial de. la gare Saint-
Lazare, qu'il avait aperçù près de la gare
d'Herblay, vers une heure du matin, un
homme marchant au long de la voie et se
dirigeant vers un petit pont situé à quelques
centaines de mètres. L'homme portait une
besace de toile et marchait plié en deux.
Faut-il accorder quelque importance à ces
allées et venues ? On ne le sait. En tout cas
et par une sage précaution, on a donné des
ordres sévères aux postes de surveillance.
La dynamite.
On sait que la police déclare n'avoir au-
cune connaissance d'un vol de dynamite qui
aurait été commis récemment dans les lo-
caux de la Compagnie du Nord.- Le Temps
dit cependant avoir recueilli d'un employé
subalterne de la compagnie le récit suivant
Il y une dizaine de jours environ, cinq cais-
ses en bois, garnies d'une armature métalli-
qge, provenant de Belgique et portant l'a-
dresse d'un entrepreneur de la Plaine-Saint-
Denis, arrivaient en.gare de la Chapelle.
Le destinataire ne s'étant pas présenté pour
retirer cet envoi, les caisses restèrent là, en
souffrance, pendant quarante-huit heures. En
raison des événements, une surveillance par-
ticulière étant exercée sur les colis de prove»
nance étrangère, une des caisses fut ouverte
elle était remplie de son. Dans le son, on trou-
va une demi-douzaine de cartouches de dyna-
mite. Les autres caisses contenaient égale-
ment des engins explosifs, mais plus gros que
les cartouches de mine.
Aussitôt, le tout fut placé par ordre de la
police dans un wagon spécial. Le lendemain,
quand on vint prendre livraison des caisses
pour les transporter au laboratoire municipal,
on constata que, pendant la nuit, des indivi-
dus avaient ouvert par effraction le wagon et
enlevé les engins.
Des agents de la brigade des recherches
n'ont pu, jusqu'à présent, retrouver les traces
de ces explosifs.
Le gouvernement militaire de Paris a té-
légraphié à toutes les chefferies du génie
de son ressort de dire si:un vol de dyna-
mite avait été constaté depuis quelque
temps dans les dépôts. Hier soir, toutes les
réponses étaient parvenues et toutes étaient
négatives.
:LES FICHES CLERICALES
Quelques Documents et quelques Lettres
Où l'on voit que M. Audouard avait reçu l'approbation
du représentant officiel du duc d'Orléans, et où l'on
constate que M. Audouard promettait l'appui des
monarchistes à M. le commandant Driant. °
M. de Marcère Commandant Driant
LES CHEFS DES LIGUES ANTIMAÇONNIQUES
M. de Marcère, sénateur, président de V « Association antimaçonnique » M, le com*
mandant Driant, président de la « Ligue antimaçonnique et de Jeanne-dArc ».
Les fragments de correspondance que
nous avons publiés de M. Audouard lui
ont valu quelques appréciations fort in-
justes. C'est ainsi que, hier matin, M.
l'abbé Tourmentin a cru devoir écrire
que M. Audouartl devait être « un hom-
me de paille ou même un policier », tan-
dis que, de son côlé, le Soleil affirmait
que M. Audouard « était très impulsif et
trop peu réfléchi ». M. l'abbé Tourmen-
tin manque à son Dieu en portant sur au-
trui un jugement aussi inconsidéré, et le
Soleil manque à son prince, en quali-
fiant de la sorte un homme qui a reçu
l'investiture du chef de la maison de
France en personne.
Le document suivant montre, en effet,
que c'est avec l'approbation du représen-
tant officiel de Mgr le duc d'Orléans en
Seine-et-Oise que M. Audouard a fondé
son groupement
AVANT-GARDE ROYALISTE, PARIS
Pièce de.s archives
N° 738
Cotnnlrsraicatioia à M. Audouard de la lettre
de M. Canon de La Carrière.
La Société applaudit aux efforts et ap-
prouve l'initiative de M. Audouard, formant
sous son autorité uv comité d'avant-garde
royaliste à Versailles.
Versailles, le 6 juin 1905.
Carron de LA CARRIÈRE,
Représentant en Sèine-et-Oise
Mgr le duc d'OrUians.
Pour copie conforme de la pièce-n° 738 des
archives de l'A. G. lf. de Paris
Le secrétaire,
VuCENT LE Méro.
Une approbation émanant d'une telle
plume ne peut, de toute évidence, s'a-
dresser ni à un homme de paille, ni à un
policier, ni à un jeune homme très im-
pulsif et trop peu réfléchi.
M. Audouard, ainsi que nous l'indi-
quions hier, n'est pas seulement entré
en relations avec l'Association antima-
çonnique de M. Tourmentin, mais il est
également entré en rapport et en corres-
pondance avec un autre groupement la
Ligue antimaçonnique et de- Jeanne
d'Arc.
Il importe de ne pas confondre les
deux institutions, qui n'ont rien de com-
mun entre elles.. L'Association antima-
çonnique était hier encore présidée par
M. l'amiral de Cuverville, sénateur elle
l'est aujourd'hui par M. de Marcère, sé-
nateur également et président de la
Patrie française, et 'elle a pour secré-
taire général M. l'abbé Tourmentin. La
Ligue antimaçonnique et de Jeanne
d'Arc, dont le siège est 46, rue de la Vic-
toire, à Paris, a, au contraire, pour pré-
sident M. le commandant Driant, ac-
tuellement candidat à la députation dans
la deuxième circonscription de Pontoise.
M. le commandant Driant a été en cor-
respondance avec M. Audouard, ainsi
qu'en témoigne la carte suivante de lui
LIGUE 'ANTIMACONNIQUE FRANÇAISE
et UGUE DE JEANNE D'ARC
46, rue de ta Victoire, Paris (IX')
Paris, 23 jévrier
Monsieur,
J'ai reçu votre dépêche. (Ici, un passage
d'ordre privé.) Je saisis cette occasion, puis-
que nous menons le même combat, pour
vous ervoyer rnoil salut fraternel, avec l'as-
surance de ma considération la plus dislin-
guée.
De son côté, M. Audouard, président
de l'Avant-Garde royaliste de Versailles,
écrivait à M. le commandant Driant la
lettre suivante, où il lui promettait l'ap-
pui officiel des royalistes de Seine-et-,
Oise- pour son élection
AVANT-GARDE ROYALISTE
Groupe d'Education Populaire
et Ligue Antlmaçonnique
COMITÉ CENTRAL DE SEINE-ET-OISE
Section de Versailles
Le président de l'Avanl-Garde royaliste d0
Seinc-el-Oise au commandant Driqnt, au
journal L'Eclair, Paris. *̃
Mon commandant
En mon nom et au nom dit comité dë
l'Avant-Garde royaliste de Seine-et-Oise,
réuni Jeudi 8 février 1906, au siège social,
j'ai l'horcneur de vous faire connaître que
nous avons décidé de soutenir, de tous nos
efforts et par tous les moalens en notre pou'
veir, votre candidature aux prochaines élec-
tions législatives contre le blocard Aimond.
Nous invitons tous nos délégués et amis
des contmunes de Villiers-le-Bel, Sarcelles,
Saint-Brice, Deuil, et tous ceux qui résident
dans la deuxième circonscription de Pon-
loisé, vous préter leur concours le plus
absolu. Confiant dans l'issue de la lutte élec-
torale, dans le bon sens des monarchistes et
de tous les arnis de l'ordre, nous osons comp-
ter sur votre triomphe et celui de nos idées
si chères et de nos traditions sacrées
Veuillez agréer, mon commandant, l'horii*
mage de mes. serttinients respectueux et dé*
'Signa E. Audouard*
La Ligue ahtiniaçonnique français
sollicite des adhésions et' recueille des
cotisations, afin de constituer ce qu'elle»
appelle un « service de propagande » et
un « service de renseignements » anti^
maçonniques.. Les- cartes qu'elle délivra
à ses délégués sont, de manière unifor*
me, rédigées ainsi que suit
Le' comité c&nlral de la Ligue antimàçonk
nique et Se la Ligue de Jeanne d'Arc prie
tous les membres affiliés de faire bon ac-
cueil, prêter leur concours et donner toutôê
les instructions et indications qui pourront
lui être utiles à j'Il, X. (suit l'adresse), qui
est chargé de solliciter des adhésions, re-
cueillir des cotisations, en donner quittance,,
et répandre par tous les ntoyens les idées et
Vinfluence de la ligue.
Fait à Paris, le.
Pour le contité centrale et par procuration
L'administrateur général^
Il. OURDAN.
Si l'on veut se faire une idée des ins*
tructions particulières données aux déo.
légués, on n'aura qu'à lire la lettre sui*
vante
Mon cher monsieur,
Dites à votre ami X: que les sont*
mes qu'il enverra serviront exclusivement
au serwice de la propagande et des rensei-
gnements antimaçonniques. Je vous prie de
prendre note, pour l'avenir, que notre Ligue
est une tigue de combat, et non de services
électoraux. Les étections sont éphémères, et
nous auons l'intention de vivre aussi long-
temps qu'il y aura un F.- M.\ en France.
Ceci dit pour la deraière jois. D'ailleurs, qùe
les futurs adhérenls veuillent bien lire leur
bulletin d'adhésion, et its n'y -uerront au.
cune trace, de publicité électorale.
A vous voir, croyez à mes sitscères amiq
tiés.
Le chef du service de la propagande^
| Signé L. Fleur y.
Il serait intéressant de savoir corm
ment les délégués exécutaient les ins-
tructions qui leur étaient données au
nom de Jeanne d'Arc et de la Ligue aîi-
timaçonnique française, et comment ils
comprenaient le service de renseigne-'
ments dont il est question dans la carte
que l'on vient de lire.
Peut-être un jour le saura-t-on
Vidi.
P.-S: M. Paul Courtois, secrétaire)
de la Ligue antimaçonnique, nous adres-i
se la lettre suivante. Il suffira de la rap-
procher de l'affirmation de M. l'abbé^
Tourmentin, qui donnait hier sa parole
d'honneur de n'avoir jamais connu m'Il
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