Titre : Le Matin : derniers télégrammes de la nuit
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1906-04-29
Contributeur : Edwards, Alfred (1856-1914). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328123058
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 29 avril 1906 29 avril 1906
Description : 1906/04/29 (Numéro 8099). 1906/04/29 (Numéro 8099).
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k567952n
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/04/2008
Vingt-Troisième Année. N*. 8099
BIX PAGES -14118 et DépmBmmts CINQ CMTIM L
'Dimanche 29 Avril 1906
DERNIERS TÉLÉGRAMMES DE LA NUIT
SEUL JOURNAL FRANÇAIS RECEVANT PAR FILS SPÉCIAUX LES DERNIÈRES NOUVELLES DU MONDE ENT1EB
Quelques Papiers de la Ligue antîmaçonniQue
Où l'on voit M. l'abbé Tourmentin, à l'instar de M. Vadé-
Card, collectionner des fiches et où l'on constate que
des officiers de la garnison de Versailles
sont particulièrement mal notés
par un royaliste local.
M. l'abbé Tourmentin M. LE vice-amiral DE CUVERVILLE
LES CHEFS DE LA LIGUE ANTIMAÇONNIQUE
Parmi les diverses personnes auxquel-
les la police a rendu visite vendredi ma-
tin, à l'aube, une des plus documentée
paraît devoir être M. l'abbé Tourmentin,
secrétaire général de l'Association anti-
maçonnique, dont M. l'amiral de Cuver-
ville, sénateur du Finistère, était hier
encore le président.
Un certain nombre de papiers. ont été
saisis. à la « Ligue antimaçonnique »;
d'autres papiers sont, depuis, lors, éga-
lament parvenus entre les mains de la
(justice d'autres encore ont subi des
voyages variés dans des directions di-
verses.
Chose curieuse ces papiers rappellent
à s'y méprendre les fiches, les fameuses
fiches de délation du Grand Orient. Ce
sont des documents parfois signés, par-
fois anonymes, qui visent un très grand
nombre de fonctionnaires; est notam-
ment des officiers et des prêtres. Ils
étaient soigneusement étiquetés et cata-
logués à la Ligue antimaçonnique, et ils
contiennent les renseignements les plus
précis sur un grand nombre de citoyens
Accusés de républicanisme.
A titre d'information, nous croyons
/ENVOI DE FICHES i Fac-similé d'une lettre
devoir publier aujourd'hui quelques-
unes de ces fiches. Elles étaient adres-
sées à M. l'abbé Tourmentin par M. Au-
douard, président de l'Avant-garde roya-
liste de Versailles.
A la date du 23 décembre 1905, M. Au-
douard adressait à M. l'abbé Tourmentin
le bordereau d'envoi suivant, qui porte
en son angle gauche la fleur de lis
Le 23 décembre 190g,
Monsieur te secrétaire général,
Au nom- de mon comité, j'ai l 'honneur- de
vous remettre un certain nombre de rensei-
gnements (qui seront suivis de beaucoup
d'autres) concernant des personnages sur
lesquets il est utile d'appeler l'attention de
votre si dévouée Ligue antimaçonnique de
France.
Veuillez agréer, monsieur le secrétaire
général, l'hommage de mes sentiments res-
pectueux et dévoués.
Pour le comité,
Le président.
'Signé E. AUDOUARD,
rue de Vergennes, Versailles.
Les quatre fiches dont il est question
dans la lettre que l'on vient de lire» vi-
sent quatre personnes un percepteur à
Arpajon, uh professeur de philosophie
au lycée Hoche, un instituteur primaire
à Versailles et un officier supérieur du
train des équipages de Versailles. Cet
officier supérieur est M. le lieutenant-
colonel Iraçabal, et voici la fiche le con-
cernant, telle qu'elle a été transcrite sur
le registre des délibérations de la Ligue
antimaçonnique
N° 8. 1. REGISTRE DES DÉLIBÉRATIONS
ARCHIVES
Iraçabal. Lieutenant-colonel du es-
cadron du train des équipages, 7, rue des
Condamines. Protégé des loges Est arrivé
par la franc-maçonnerie. Se montre gros-
sier et dur envers les officiers' de son esca-
dron, quand ils ne partagent pas sa ma-
nière de voir. Ne pas compter sur lui. On
le croit membre d'une loge de Toulouse.
M. Audouard, qui paraît avoir été un
des correspondants les plus actifs de M.
.l'abbé Tourmentin, lui a adressé de nom-
breuses autres fiches concernant d'au-
tres offlciers par mesure de prudence,
il n'a pas cru seulement devoir les con-
fier à la poste, et, le 26 janvier 1906, il
écrivait ce qui suit
Monsieur le secrétaire de l'Association anli-o
maçonnique de France,
Suivant votre conseil, je vais remettre, de
la main à la main, au lieu de les confier à la
poste, quatre fiches intéressantes.
Recevez, monsieur le secrétaire, mes sa-
lutations distinguées.
Le président,
Signé E. Audouard.
Les quatre fiches que M. Audouard
qualifie lui-même d' « intéressantes » vi-
sent deux officiers, un professeur d'hïs-
toire et le directeur de l'Ecole normale
d'instituteurs de Versailles.
Voici les fiche3 concernant les deux
officiers
5 janvier 1906.
ARCHIVES.
SAURET. -Colonel commandant l'Ecole des
officiers de la rue Gambetta.
Sectaire et arriviste, professant des idées
très avancées.
Est franc-maçon et fréquente les loges de
la banlieue parisienne.
Il fait donner par les pro fesseurs de l'école
une instruction aux élèves en harmonîe avec
UpoUtique actuelle. Très mauvais.
1.
Kohl.– Capitaine commandant la section
infanterie de Versailles, 34, rue de Ver-
gennes. Arrivé depüis peu à Versailles.
Franc-maçon, ne fréquente que les potiti-
ciens mililants de la ville.
Est peu estimé de ses subordonnés.
Les archives de M. l'abbé Tourmentin
contiennent un grand nombre d'autres
documents et d'autres fiches offrant une
saveur encore plus piquante.
Nous y reviendrons demain. et les
jours suivants.
Vidi.
P.-S. Nous avons reçu de M. l'abbé
Tourmentin une lettre la lettre que
voici
Monsieur le directeur du journal
Le Matin,
On me communique votre numéro du
28 avril courant, dans lequel je lis ces mots
« Il (le commissaire) saisit des papiers, di-
vers. des manières de fiches concernant
les officiers républicains et les prêtres tiè-
des. »
Conformément à la loi, je vous requiers
d insérer, à la même page et à la même place
que votre information, le démenti que je lui
oppose.
Le commissaire n'a saisi aucun papier ni
aucune fiche concernant « les officiera* répu-
blicains et les prêtres tièdes ».
En outre, je ne tiens aucune « officine
électorale », comme vous le prétendez, et ne
prépare aucune candidature, même bien
pensante ». Vos allégations sont de la pure
fantaisie.
Veuillez agréer, monsieur le directeur,
mes salutations.
1 J. Tourmentin,
Secrétaire général de l'Association
antimaçonniqué de France.
La lettre de M. l'abbé Tourmentin,
après les documents qu'on a pu lire plus
haut, se passe de tout commentaire.
PROPOS D'UN PARISIEN
Comme il est question dé nou* faire jeû-
ner le 1"" mai, j'ai tenu à me documenter sur
les effets que.peut produire ce régime.
Et ainsi, en consultant les bons auteurs;
j'ai appris que le jeûne fut un moyen d'amé-
liorer les mœurs dans les sociétés barbares.
Notre société n'est point une société bar-
bar,e; da moins elle le croit, mais il est évi-
dent que nos mœurs ont tout de même be-
soin d'être améliorées.
Le jeûne, dit un des auteurs consultés,
manifestait son influence notamment par la
réduction du nombre des viols, toujours fré-
quents au printemps..
Or, nous sommes au printemps, et cette
constatation me dispense d'en dire plus
long. Voici donc un. premier avantage qui
s'offre à nous.
Deuxième avantage. Si j'en crois le même
auteur, le jeûne permet de s'éfever à plus
d'intelligence et de pénétrer dans les régions
supérieures au monde réel. Donc, le 1er mai,
beaucoup de gens deviendront intelligents,
ce qui les changera.
Ceci est le côté immatériel de la chose.
Abordons l'autre côté.
D'une expérience de quarante-huit heures
sur un sujet bien constitué, mais maigre
(50. kilos), il résulte que la diminution du
poids à été de 2 kil. 400, soit un gramme 32
par heure.
Or, le Parisien est gras. Du moins, on ne
voit. que gens cherchant le moyen de se
faire maigrir. Les femmes surtout cultivent
ce sport avec acharnement.
Hommes et femmes auraient donc grand
tort de ne pas saisir l'occasion que la Pro-
vidence leur envoie pour se débarrasser
d'un peu du suif qui les gêne.
Ceci d'autant qu'il est démontré que, chez
los individus bien constituész la mort par
inanition n'arrive que du dix-septième au
dix-huitième jour.
D'ailleurs, veuillez tenir compte de cette
remarque judicieuse. Ceux qui prétendent
nous affamer habitent Paris. Par consé-
quent, si nous devons nous serrer le ventre,
ils seront obligés d'en faire autant, et cela
ne les amusera pas plus que nous, ce qui
est pour nous consoler. Ii. Habduin.
DE MIDI A MINUIT
PARis. Le conseil des nainistres s'est oc-
cupé de l'instruction judiciaire ouuerte par
le parguet de Douai et des résullats des per-
guisitions faites vendredi à Paris. f,
Départements. La grève est considérée
comme terminée dans le bassin d'Anzin, où
le travail a repris presque complètement.
= Dans le Pas-de-Calais, la reprise, du tra-
vail se lait, au contraire, très lentement.. ==
Les rouges ferestois ont placardé sur les
murs de la ville une affiche violente contre
la Fédération des jaunes. = A Waziers
(Nord), un soldat du 84° de ligne a tiré un
coup de fusil d bout portant sur le sergent
Bar'oreist et l'a tué sur le coups. Le motif de
ce meurtre est la vengeance. = En pré-
sence des autorités civiles et militaires^ le
général Herson, commandant de la division
d'Oran, a remis la croix de la Légion d'hon-
neur au drapeau du lor étranger.
Etranger.- Le navire français Dunker-
que est arrivé à Cuxhacen, l'embouchure
de l'Elbe, agant bord 26 naufragés du na-
vire-école, belge Comte-Smet-de-Naeyer.
On a observé à Schœnberg, à la frontière de
Silésie et d'Autriche, de légères secousses
sismiques. = Les six candidats élus dépu-
tés la Douma de l'empire par la ville de
Saint-Pétersbourg et les quatre candidats
élu.s par la ville de Moscou sont tous mem-
bres du parti constitutionnel démocratique.
= On a célébré Turin le jubilé en l'hon-
ner du professeur Lombroso, l'occasion
de l'inauguration du 6. congrès internatio-
nal d'anthropologic criminelle. = Plu-
sie2ers membres du conseil municipal de Ma-
drid ont demandé la suppression de la fêle
du 2 mai, anniversaire de la révolte contre
les Français. = Le gouvern nent espagnol
a nommé une commission spéciale pour dis-
cuter les arrangements commerciaux avec
les représentants des gouvernements élran-
gers. = Les résultats connus des élections
portugaises sont 110 ministériels et 43 mem-
6res de l'opposition,
SOLDAT ASSASSIN
A Waziers, le soldat Leprand, du 844 de
ligne, envoyé là-bas pour rétablir l'or-
dre, tire sur son sergent et le tue
On attribue cet assassinat à la
vengeance.
Lille, 28 avril. Dépdche particulière du
n Matin Aux grèves, samedi matin,
à Waziers, un soldat du de ligne, nom-
mé Legrand, de la Se compagnie, fort mau-
vais soldat, très mal noté, a tué son ser-
gent d'un coup de fusil en pleine poitrine,
dans les circonstances suivantes
Une patrouille de vingt hommes, com-
mandée par un sous-lieutenant, parcourait
les corons, quand le soldat Legrand de-
manda à s'absenter un instant, sous pré-
texte de satisfaire un besoin. On l'y auto-
risa. Legrand se retira, alla à l'écart char-
ger son fusil, revint, et, s'approchant du
sergent rengagé Lucien Barbieux, lui tira
un coup de feu à bout portant dans la fi-
gure. La balle entra par l'œil et sortit par
la nuque, enlevant un morceau du crâne et
brisant le fût du fusil que le sergent por-
tait 'en bandoulière. La mort fut instanta-
née.
Legrand a été aussitôt terrassé par les
autres soldats, ligoté et emmené à la prison
militaire de Douai.
On ignore .encore les mobiles exacts de
ce crime, qui a provoqué une très vive émo-
tion.
Lucien Barbieux était très aimé âgé de
vingt-deux ans, il était engagé volontaire
de quatre ans et suivait les cours de Saint-
Maixent.
D'où vient que les fenêtres du ministère des
finances sont toujours sales? De ceci, appa-
remment, qu'on ne les nettoie jamais. Er-
reur. Les vitres des fenêtres sont nettoyées,
en moyenne, une fois par mois. Seulement
voilà le hic les deux faces des vitres ne
sont pas nettoyées en même temps. Il s'écoule
généralement une quinzaine entre les deux
opérations, et détail non moins singulier
celles-ci sont effectuées par deux équipes dif-
férentes, l'une préposée au nettoyage inté-
rieur des fenêtres, l'autre à leur nettoyage exté-
rieur. C'est pousser peut-être un peu loin la.
division du travail. Quelle chinoiserie admi-
1 nistrative se cache sous cette bizarrerie ? Celle-
ci, tout simplement
Le ministère des finances est installé au Lou-
vre, palais national. Or, l'entretien des palais
nationaux appartient exclusivement à la di-
rection des beaux-arts; c'est à elle qu'il in-
combe de prendre telles dispositions nécessai-
res,pour maintenir en état la façade du Lou-
vre, et, par conséquent, de faire nettoyer l'ex-
térieur des fenêtres mais seulement ^exté-
rieur. Le nettoyage intérieur est entièrement
à la charge des services compétents du minis-
tère des financés.
Jusqu'ici, les deux équipes, l'une déléguée
par les beaux-arts, l'autre par les finances,
n'ont jamais pu parvenir à se rencontrer, et à
opérer ensemble. Seuls les ministres qui se
sont succédé rue de Rivoli ont réussi, en çe
qui les concerne personnellement, à trancher
la difficulté, et à faire nettoyer par leur bonne,
à l'intérieur aussi bien qu'à l'extérieur, les fe-
nêtres de leurs appartements particuliers
mais c'est là hâtons-nous de le dire .un
véritable abus de pouvoir, et dont le Conseil
d'Etat pourrait bien avoir à s'occuper un
jour. ̃ ̃' 1
Reste 'une question plus grave celle des
carreaux cassés. Comme ils le sont générale-
ment du même coup et sur leurs deux faces,
ils font l'objcc d'un échange de notes circons-
tanciées, aigres-douces, entre les deux admi-
nistrations intéressées côté beaux-arts le
50 bureau de la 3° division; côté finances le
bureau du matériel, des impressions et du
contre-seing chacune des deux s'eff orçant na-
turellement dy rejeter sur l'autre la responsabi-
lité de la casse si bien qu'à la longue, et par
esprit de simplification, un accord s'est éta-
bli, accord tacite, portant qu'à l'avenir tout
carreau qui se placerait de lui-même dans
cette fâcheuse situation ne serait jamais rem-
placé.
LA JOURNÉE DU lsr M AÏ
M. Clemenceau et M. déclarent
que l'ordre ne sera pas troublé
a'ous avons tenu nos lecteurs au cou-
rant de l'émotion factice ou réell'e qui
semblait avoir gagné certains-milieux à
l'approche du Il, mai. Le spectacle des
épiceries, que, depuis trois jours, l'on
assiège pour faire des provisions de con-
serves, « afin de n'être pas pris par la
famine », est plutôt de nature à' être;
agréable à la fois aux commerçants et
aux humoristes.
Cependant, cet état d'esprit, s'il con-
tinuait à régner et à s'exagérer, pourrait
devenir inquiétant aussi, croyons-nous
devoir mettre le publics en garde contre
les faux bruits tendancieux et contre le
pessimisme outrancier que d'aucuns ont
peut-être intérêt à créer.
Il résulte d'informations puisées aux
sources officielles que le gouvernement
a l'absolue conviction qu'aucun désor-
dre ne se produira le lor mai.
M. Clemenceau, ministre r1« l'infé-
rieur, au cours d'une conversation qu'il
'ci eue hier avec un de nos collaborateurs,
lui a déclaré textuellement ce qui suit
Je réponds'de l'ordre le lor mai, et
j'ajoute que je suis certain que cet or-
dre, à la suite des mesures que nous
avons prises, sera facilement, très faci-
lement maintenu. Rien ne permet de
croire qu'il doive se produire, sur un
point quelconque de Paris ou de la
France, le moindre trouble. Tous les
renseignements qui nous sont parvenus
jusqu'à présent sont des plua rassurants:
la journée du mai se passera sans in-
cident.
nous croyons savoir que M. Lépine
tient un langage analogue. Le préfet de
pplice s'élève surtout très énergiquement
contre les faux bruits et les fausses ru-
meurs que l'on a répandus, comme à
plaisir, à travers la capitale, pour affo-
ter une partie de la population et faire
partir les étrangers, toujours nombreux
à cette époque de l'ann'ée.
Enfin, la Confédération générale du
travail a bien rédigé un nouveau mani-
feste où elle déclare que « la classe ou-
vrière ne faillira pas au rendez-vous
qu'elle s'est donné le 1er mai»; mais elle a,
en même temps, croyons-nous, adressé
des instructions à tous ses adhérents,
pour leur recommander le plus grand
Calme elle affirme que, si la, journée du
1er mai doit être, pour un très grand nom-
bre, une journée de chômage, elle doit
être surtout une journée de repos et non
de violence.
Il est, en conséquence, à souhaiter
qu'un peu plus de sang-froid règne dans
la capitale aucune raison sérieuse
n'existe pour que la population parisien-
ne se départisse de sa tranquillité et de
sa bonne humeur coutumières.
LES MESURES D'ORDRE
Il y aura à Paris, aujourd'hui, 50,000 hom-
mes de troupes Les dispositions
du parquet.
Les mesures nécessaires pour assurer le
logement, le cantonnement et le ravitaille-
ment des'troupes réunies à Paris à l'occa-
sion du 1er mai ont été prises par le préfet
de la Seine.
Les maires de Pari? et du. département
de la Seine ont été invités à faire droit aux
LE VIADUC D'ARGBiïEUIL' DYNAMITÉ
Des malfaiteurs ont tenté de faire sauter le viaduc
l'aide d'une bombe L'enquête Dégâts matériel
sans gravité Des mesures d'ordre sont prises
pour prévenir tout nouvel attentat.
Des malfaiteurs ont tenté, dans la nuit
d'avant-hier, de faire sauter, il l'aide d'une
bombe,le viaduc d'Argenteuil. Sur ce viaduc,
qui traverse la Seine à la hauteur de la
plaine de Gennevilliers, passent les trains
de grande ceinture de )a Compagnie du Nord
et de l'Ouest et les trains se dirigeant vers
le Havre et là Normandie.
Il était onze heures dix-sept minutes, le
train partant de Paris à 10 h. 35 venait -Il
peine de franchir Je pont, quand une formi-
dable détonation éclata qui mit en émoi tout
le pays. Une -bombe, placée à la culée du
pont, sous le tablier métallique, et soutenue
par une forte traverse, contre une haute pile,
venait de faire explosion.
La détonation fut telle qu'elle se répercuta
à plus de 6 kilomètres à la'ronde. Dans les
environs proches, ce fut épouvantable. L'hô-
pital d'Argenteuil, qui se trouve en bordure
de la Seine, une usine, ainsi aue plusieurs
A la préfecture de la Seine,
Il est inexact que le préfet de la Sein*
ait écrit aux directeurs de l'administrationt
de la Seine pour les prier d'aviser leur per-
sonnel qu'il devait se rendre à ses bureaux
le 1er mai, comme à l'ordinaire, Le préfet de)
la Seine n'a jamais pensé qu'il fût néces-
saire de faire une telle recommandation. Le)
personnel' employé et ouvrier devra consi-4
dérer le mai comme un jour ordinaire.
Toutefois, afin d'éviter toute défection,.
certains chefs, dans le service desquels tra*
vaillent des ouvriers, ont prévenu ceux-ci
des risques qu'ils encourraient en se mêlant
à des manifestations.
Au Palais.
D'accord avec le premier président, Mif"
Forichon, M. Bulot, procureur général, 'W
pris, à l'occasion du 1er mai, des mesures;
de précaution tendant à interdire l'entrée
du Palais de Justice à toutes personnes
qu'un objet légitime n'y appellerait pas.
C'est ainsi que toutes les portes du Palais
seront fermées, à. l'exception de la grille,
gauche de la cour de Mai, dont un seul bat-,
tant demeurera ouvert. Les gonds de la*
dite porte ont été huilés pour que, le cagi
échéant, on pût la clore sans difficulté.
Les juges d'instruction ne devront faire
extraire des prisons aucun inculpé, Seuls
seront interrogés ou jugés,les individus • dé«i
tenus au Dépôt ou à la Conciergerie.
Les tribunaux, correctionnels ne s'occupe-
ront donc que des affaires a entre parties
ou de celles qui ne comportent point de dé.
tenus.
Deux juges d'instruction ont été éventuel
lement désignés pour le cas où lMnte'rven-
tion du parquet deviendrait nécessaire. Plu-
sieurs substituts se tiendront au petit; par-
quet, prêts à interroger les individus qui
leur seraient déférés. Un autre substitut
sera en permanence à la caserne du Châ*
le au-d'Eau, vu la proximité de la Bourse
du travail.
maisons voisines, eurent, par la vioîencefcj
de 1 explosion, leurs vitres brisées en mille'
éclats. Quelques minutes après, passait un,
train chargé d'émigrants. Des gens, endor-
mis à cette heure, réveillés en sursaut, se le.
verent èffarés et accoururent bientôt sur la
lieu de l'attentat.
Les premières constatations furent faites
par M. Riou, chef de gare, qui; avant toute
autre chose, avisait à établir à chaque extré-
tnité du viaduc les signaux de couverture.
MM. Bonnet, ingénieur en chef de l'exploi-
tation de la Compagnie de l'Ouest, et Leroy,
commissaire spécial de la gare Saint-Lazare,
aussitôt prévenus, arrivèrent quelques ins.
,tants après,
Les dégâts sont, heureusement, sans gra-
vitc-: quelques traverses arrachées, une pou- i
tre d'assemblage en fer forcée, deys partiel
mortes de l'armature légèrement gondolées
une cornière tordue et «'est tout à peu près!;)
réquisitions à eux adressées par l'autorité
Dès'hier matin, le droit de réquisition tf
-été exercé dans le septième arrondisse-1
ment et aux abords de l'Ecole militaire.
Aujourd'hui, ce droit.sera exercé dans;
dixième arrondissement. Divers locaux s
ront réquisitionnés aux environs de hr
Le 5° régiment de hussards, venant d
Nancy, est arrivé dans la matinée. Il a ét
logé au magasin central d'habillement m
litaire et à la manufacture des tabacs. La
8° dragons,- de Lunéville, et le 13" .dragons»
de Lure, sont allés cantonner, l'un à la ga-i
lerie des Machines, l'autre à la caserne Du..(
pleix.
Les officiers doivent loger à moins de
mètres de leurs troupes.
Six compagnies- du 76" d'infanterie, arr
vées à-la gare de l'Est, ont gagné ta caserne
,du Chaleau-d'Eau.
Le hussardes, -le -1 le chasseurs et le 13
dragons, ainsi que les 2°, 90" et 114° de l'
gne, sont également arrivés,
Il y aura aujourd'hui, à Paris,
nommes de toutes armes. Les dragons por.'
teront tous la lance les fantassins rece»
vront deux paquets de cartouches.
Les écoles de Paris.
A la demande d'un certain nombre de prf«
rents, le concours pour les bourses de
Cnaptal, qui devait avoir lieu à l'hôtel des
examens, rue Mabillon, le 1°r mai, a été
remis au lendemain.
D'autre part, les écoles- de la Ville de Pas
ris seront ouvertes le 1er mai, mais il ne-
sera tenu aucun compte sur les notes des
1 absence des enfants.que leurs parents au;
ront cru devoir garder auprès d'eux.
BIX PAGES -14118 et DépmBmmts CINQ CMTIM L
'Dimanche 29 Avril 1906
DERNIERS TÉLÉGRAMMES DE LA NUIT
SEUL JOURNAL FRANÇAIS RECEVANT PAR FILS SPÉCIAUX LES DERNIÈRES NOUVELLES DU MONDE ENT1EB
Quelques Papiers de la Ligue antîmaçonniQue
Où l'on voit M. l'abbé Tourmentin, à l'instar de M. Vadé-
Card, collectionner des fiches et où l'on constate que
des officiers de la garnison de Versailles
sont particulièrement mal notés
par un royaliste local.
M. l'abbé Tourmentin M. LE vice-amiral DE CUVERVILLE
LES CHEFS DE LA LIGUE ANTIMAÇONNIQUE
Parmi les diverses personnes auxquel-
les la police a rendu visite vendredi ma-
tin, à l'aube, une des plus documentée
paraît devoir être M. l'abbé Tourmentin,
secrétaire général de l'Association anti-
maçonnique, dont M. l'amiral de Cuver-
ville, sénateur du Finistère, était hier
encore le président.
Un certain nombre de papiers. ont été
saisis. à la « Ligue antimaçonnique »;
d'autres papiers sont, depuis, lors, éga-
lament parvenus entre les mains de la
(justice d'autres encore ont subi des
voyages variés dans des directions di-
verses.
Chose curieuse ces papiers rappellent
à s'y méprendre les fiches, les fameuses
fiches de délation du Grand Orient. Ce
sont des documents parfois signés, par-
fois anonymes, qui visent un très grand
nombre de fonctionnaires; est notam-
ment des officiers et des prêtres. Ils
étaient soigneusement étiquetés et cata-
logués à la Ligue antimaçonnique, et ils
contiennent les renseignements les plus
précis sur un grand nombre de citoyens
Accusés de républicanisme.
A titre d'information, nous croyons
/ENVOI DE FICHES i Fac-similé d'une lettre
devoir publier aujourd'hui quelques-
unes de ces fiches. Elles étaient adres-
sées à M. l'abbé Tourmentin par M. Au-
douard, président de l'Avant-garde roya-
liste de Versailles.
A la date du 23 décembre 1905, M. Au-
douard adressait à M. l'abbé Tourmentin
le bordereau d'envoi suivant, qui porte
en son angle gauche la fleur de lis
Le 23 décembre 190g,
Monsieur te secrétaire général,
Au nom- de mon comité, j'ai l 'honneur- de
vous remettre un certain nombre de rensei-
gnements (qui seront suivis de beaucoup
d'autres) concernant des personnages sur
lesquets il est utile d'appeler l'attention de
votre si dévouée Ligue antimaçonnique de
France.
Veuillez agréer, monsieur le secrétaire
général, l'hommage de mes sentiments res-
pectueux et dévoués.
Pour le comité,
Le président.
'Signé E. AUDOUARD,
rue de Vergennes, Versailles.
Les quatre fiches dont il est question
dans la lettre que l'on vient de lire» vi-
sent quatre personnes un percepteur à
Arpajon, uh professeur de philosophie
au lycée Hoche, un instituteur primaire
à Versailles et un officier supérieur du
train des équipages de Versailles. Cet
officier supérieur est M. le lieutenant-
colonel Iraçabal, et voici la fiche le con-
cernant, telle qu'elle a été transcrite sur
le registre des délibérations de la Ligue
antimaçonnique
N° 8. 1. REGISTRE DES DÉLIBÉRATIONS
ARCHIVES
Iraçabal. Lieutenant-colonel du es-
cadron du train des équipages, 7, rue des
Condamines. Protégé des loges Est arrivé
par la franc-maçonnerie. Se montre gros-
sier et dur envers les officiers' de son esca-
dron, quand ils ne partagent pas sa ma-
nière de voir. Ne pas compter sur lui. On
le croit membre d'une loge de Toulouse.
M. Audouard, qui paraît avoir été un
des correspondants les plus actifs de M.
.l'abbé Tourmentin, lui a adressé de nom-
breuses autres fiches concernant d'au-
tres offlciers par mesure de prudence,
il n'a pas cru seulement devoir les con-
fier à la poste, et, le 26 janvier 1906, il
écrivait ce qui suit
Monsieur le secrétaire de l'Association anli-o
maçonnique de France,
Suivant votre conseil, je vais remettre, de
la main à la main, au lieu de les confier à la
poste, quatre fiches intéressantes.
Recevez, monsieur le secrétaire, mes sa-
lutations distinguées.
Le président,
Signé E. Audouard.
Les quatre fiches que M. Audouard
qualifie lui-même d' « intéressantes » vi-
sent deux officiers, un professeur d'hïs-
toire et le directeur de l'Ecole normale
d'instituteurs de Versailles.
Voici les fiche3 concernant les deux
officiers
5 janvier 1906.
ARCHIVES.
SAURET. -Colonel commandant l'Ecole des
officiers de la rue Gambetta.
Sectaire et arriviste, professant des idées
très avancées.
Est franc-maçon et fréquente les loges de
la banlieue parisienne.
Il fait donner par les pro fesseurs de l'école
une instruction aux élèves en harmonîe avec
UpoUtique actuelle. Très mauvais.
1.
Kohl.– Capitaine commandant la section
infanterie de Versailles, 34, rue de Ver-
gennes. Arrivé depüis peu à Versailles.
Franc-maçon, ne fréquente que les potiti-
ciens mililants de la ville.
Est peu estimé de ses subordonnés.
Les archives de M. l'abbé Tourmentin
contiennent un grand nombre d'autres
documents et d'autres fiches offrant une
saveur encore plus piquante.
Nous y reviendrons demain. et les
jours suivants.
Vidi.
P.-S. Nous avons reçu de M. l'abbé
Tourmentin une lettre la lettre que
voici
Monsieur le directeur du journal
Le Matin,
On me communique votre numéro du
28 avril courant, dans lequel je lis ces mots
« Il (le commissaire) saisit des papiers, di-
vers. des manières de fiches concernant
les officiers républicains et les prêtres tiè-
des. »
Conformément à la loi, je vous requiers
d insérer, à la même page et à la même place
que votre information, le démenti que je lui
oppose.
Le commissaire n'a saisi aucun papier ni
aucune fiche concernant « les officiera* répu-
blicains et les prêtres tièdes ».
En outre, je ne tiens aucune « officine
électorale », comme vous le prétendez, et ne
prépare aucune candidature, même bien
pensante ». Vos allégations sont de la pure
fantaisie.
Veuillez agréer, monsieur le directeur,
mes salutations.
1 J. Tourmentin,
Secrétaire général de l'Association
antimaçonniqué de France.
La lettre de M. l'abbé Tourmentin,
après les documents qu'on a pu lire plus
haut, se passe de tout commentaire.
PROPOS D'UN PARISIEN
Comme il est question dé nou* faire jeû-
ner le 1"" mai, j'ai tenu à me documenter sur
les effets que.peut produire ce régime.
Et ainsi, en consultant les bons auteurs;
j'ai appris que le jeûne fut un moyen d'amé-
liorer les mœurs dans les sociétés barbares.
Notre société n'est point une société bar-
bar,e; da moins elle le croit, mais il est évi-
dent que nos mœurs ont tout de même be-
soin d'être améliorées.
Le jeûne, dit un des auteurs consultés,
manifestait son influence notamment par la
réduction du nombre des viols, toujours fré-
quents au printemps..
Or, nous sommes au printemps, et cette
constatation me dispense d'en dire plus
long. Voici donc un. premier avantage qui
s'offre à nous.
Deuxième avantage. Si j'en crois le même
auteur, le jeûne permet de s'éfever à plus
d'intelligence et de pénétrer dans les régions
supérieures au monde réel. Donc, le 1er mai,
beaucoup de gens deviendront intelligents,
ce qui les changera.
Ceci est le côté immatériel de la chose.
Abordons l'autre côté.
D'une expérience de quarante-huit heures
sur un sujet bien constitué, mais maigre
(50. kilos), il résulte que la diminution du
poids à été de 2 kil. 400, soit un gramme 32
par heure.
Or, le Parisien est gras. Du moins, on ne
voit. que gens cherchant le moyen de se
faire maigrir. Les femmes surtout cultivent
ce sport avec acharnement.
Hommes et femmes auraient donc grand
tort de ne pas saisir l'occasion que la Pro-
vidence leur envoie pour se débarrasser
d'un peu du suif qui les gêne.
Ceci d'autant qu'il est démontré que, chez
los individus bien constituész la mort par
inanition n'arrive que du dix-septième au
dix-huitième jour.
D'ailleurs, veuillez tenir compte de cette
remarque judicieuse. Ceux qui prétendent
nous affamer habitent Paris. Par consé-
quent, si nous devons nous serrer le ventre,
ils seront obligés d'en faire autant, et cela
ne les amusera pas plus que nous, ce qui
est pour nous consoler. Ii. Habduin.
DE MIDI A MINUIT
PARis. Le conseil des nainistres s'est oc-
cupé de l'instruction judiciaire ouuerte par
le parguet de Douai et des résullats des per-
guisitions faites vendredi à Paris. f,
Départements. La grève est considérée
comme terminée dans le bassin d'Anzin, où
le travail a repris presque complètement.
= Dans le Pas-de-Calais, la reprise, du tra-
vail se lait, au contraire, très lentement.. ==
Les rouges ferestois ont placardé sur les
murs de la ville une affiche violente contre
la Fédération des jaunes. = A Waziers
(Nord), un soldat du 84° de ligne a tiré un
coup de fusil d bout portant sur le sergent
Bar'oreist et l'a tué sur le coups. Le motif de
ce meurtre est la vengeance. = En pré-
sence des autorités civiles et militaires^ le
général Herson, commandant de la division
d'Oran, a remis la croix de la Légion d'hon-
neur au drapeau du lor étranger.
Etranger.- Le navire français Dunker-
que est arrivé à Cuxhacen, l'embouchure
de l'Elbe, agant bord 26 naufragés du na-
vire-école, belge Comte-Smet-de-Naeyer.
On a observé à Schœnberg, à la frontière de
Silésie et d'Autriche, de légères secousses
sismiques. = Les six candidats élus dépu-
tés la Douma de l'empire par la ville de
Saint-Pétersbourg et les quatre candidats
élu.s par la ville de Moscou sont tous mem-
bres du parti constitutionnel démocratique.
= On a célébré Turin le jubilé en l'hon-
ner du professeur Lombroso, l'occasion
de l'inauguration du 6. congrès internatio-
nal d'anthropologic criminelle. = Plu-
sie2ers membres du conseil municipal de Ma-
drid ont demandé la suppression de la fêle
du 2 mai, anniversaire de la révolte contre
les Français. = Le gouvern nent espagnol
a nommé une commission spéciale pour dis-
cuter les arrangements commerciaux avec
les représentants des gouvernements élran-
gers. = Les résultats connus des élections
portugaises sont 110 ministériels et 43 mem-
6res de l'opposition,
SOLDAT ASSASSIN
A Waziers, le soldat Leprand, du 844 de
ligne, envoyé là-bas pour rétablir l'or-
dre, tire sur son sergent et le tue
On attribue cet assassinat à la
vengeance.
Lille, 28 avril. Dépdche particulière du
n Matin Aux grèves, samedi matin,
à Waziers, un soldat du de ligne, nom-
mé Legrand, de la Se compagnie, fort mau-
vais soldat, très mal noté, a tué son ser-
gent d'un coup de fusil en pleine poitrine,
dans les circonstances suivantes
Une patrouille de vingt hommes, com-
mandée par un sous-lieutenant, parcourait
les corons, quand le soldat Legrand de-
manda à s'absenter un instant, sous pré-
texte de satisfaire un besoin. On l'y auto-
risa. Legrand se retira, alla à l'écart char-
ger son fusil, revint, et, s'approchant du
sergent rengagé Lucien Barbieux, lui tira
un coup de feu à bout portant dans la fi-
gure. La balle entra par l'œil et sortit par
la nuque, enlevant un morceau du crâne et
brisant le fût du fusil que le sergent por-
tait 'en bandoulière. La mort fut instanta-
née.
Legrand a été aussitôt terrassé par les
autres soldats, ligoté et emmené à la prison
militaire de Douai.
On ignore .encore les mobiles exacts de
ce crime, qui a provoqué une très vive émo-
tion.
Lucien Barbieux était très aimé âgé de
vingt-deux ans, il était engagé volontaire
de quatre ans et suivait les cours de Saint-
Maixent.
D'où vient que les fenêtres du ministère des
finances sont toujours sales? De ceci, appa-
remment, qu'on ne les nettoie jamais. Er-
reur. Les vitres des fenêtres sont nettoyées,
en moyenne, une fois par mois. Seulement
voilà le hic les deux faces des vitres ne
sont pas nettoyées en même temps. Il s'écoule
généralement une quinzaine entre les deux
opérations, et détail non moins singulier
celles-ci sont effectuées par deux équipes dif-
férentes, l'une préposée au nettoyage inté-
rieur des fenêtres, l'autre à leur nettoyage exté-
rieur. C'est pousser peut-être un peu loin la.
division du travail. Quelle chinoiserie admi-
1 nistrative se cache sous cette bizarrerie ? Celle-
ci, tout simplement
Le ministère des finances est installé au Lou-
vre, palais national. Or, l'entretien des palais
nationaux appartient exclusivement à la di-
rection des beaux-arts; c'est à elle qu'il in-
combe de prendre telles dispositions nécessai-
res,pour maintenir en état la façade du Lou-
vre, et, par conséquent, de faire nettoyer l'ex-
térieur des fenêtres mais seulement ^exté-
rieur. Le nettoyage intérieur est entièrement
à la charge des services compétents du minis-
tère des financés.
Jusqu'ici, les deux équipes, l'une déléguée
par les beaux-arts, l'autre par les finances,
n'ont jamais pu parvenir à se rencontrer, et à
opérer ensemble. Seuls les ministres qui se
sont succédé rue de Rivoli ont réussi, en çe
qui les concerne personnellement, à trancher
la difficulté, et à faire nettoyer par leur bonne,
à l'intérieur aussi bien qu'à l'extérieur, les fe-
nêtres de leurs appartements particuliers
mais c'est là hâtons-nous de le dire .un
véritable abus de pouvoir, et dont le Conseil
d'Etat pourrait bien avoir à s'occuper un
jour. ̃ ̃' 1
Reste 'une question plus grave celle des
carreaux cassés. Comme ils le sont générale-
ment du même coup et sur leurs deux faces,
ils font l'objcc d'un échange de notes circons-
tanciées, aigres-douces, entre les deux admi-
nistrations intéressées côté beaux-arts le
50 bureau de la 3° division; côté finances le
bureau du matériel, des impressions et du
contre-seing chacune des deux s'eff orçant na-
turellement dy rejeter sur l'autre la responsabi-
lité de la casse si bien qu'à la longue, et par
esprit de simplification, un accord s'est éta-
bli, accord tacite, portant qu'à l'avenir tout
carreau qui se placerait de lui-même dans
cette fâcheuse situation ne serait jamais rem-
placé.
LA JOURNÉE DU lsr M AÏ
M. Clemenceau et M. déclarent
que l'ordre ne sera pas troublé
a'ous avons tenu nos lecteurs au cou-
rant de l'émotion factice ou réell'e qui
semblait avoir gagné certains-milieux à
l'approche du Il, mai. Le spectacle des
épiceries, que, depuis trois jours, l'on
assiège pour faire des provisions de con-
serves, « afin de n'être pas pris par la
famine », est plutôt de nature à' être;
agréable à la fois aux commerçants et
aux humoristes.
Cependant, cet état d'esprit, s'il con-
tinuait à régner et à s'exagérer, pourrait
devenir inquiétant aussi, croyons-nous
devoir mettre le publics en garde contre
les faux bruits tendancieux et contre le
pessimisme outrancier que d'aucuns ont
peut-être intérêt à créer.
Il résulte d'informations puisées aux
sources officielles que le gouvernement
a l'absolue conviction qu'aucun désor-
dre ne se produira le lor mai.
M. Clemenceau, ministre r1« l'infé-
rieur, au cours d'une conversation qu'il
'ci eue hier avec un de nos collaborateurs,
lui a déclaré textuellement ce qui suit
Je réponds'de l'ordre le lor mai, et
j'ajoute que je suis certain que cet or-
dre, à la suite des mesures que nous
avons prises, sera facilement, très faci-
lement maintenu. Rien ne permet de
croire qu'il doive se produire, sur un
point quelconque de Paris ou de la
France, le moindre trouble. Tous les
renseignements qui nous sont parvenus
jusqu'à présent sont des plua rassurants:
la journée du mai se passera sans in-
cident.
nous croyons savoir que M. Lépine
tient un langage analogue. Le préfet de
pplice s'élève surtout très énergiquement
contre les faux bruits et les fausses ru-
meurs que l'on a répandus, comme à
plaisir, à travers la capitale, pour affo-
ter une partie de la population et faire
partir les étrangers, toujours nombreux
à cette époque de l'ann'ée.
Enfin, la Confédération générale du
travail a bien rédigé un nouveau mani-
feste où elle déclare que « la classe ou-
vrière ne faillira pas au rendez-vous
qu'elle s'est donné le 1er mai»; mais elle a,
en même temps, croyons-nous, adressé
des instructions à tous ses adhérents,
pour leur recommander le plus grand
Calme elle affirme que, si la, journée du
1er mai doit être, pour un très grand nom-
bre, une journée de chômage, elle doit
être surtout une journée de repos et non
de violence.
Il est, en conséquence, à souhaiter
qu'un peu plus de sang-froid règne dans
la capitale aucune raison sérieuse
n'existe pour que la population parisien-
ne se départisse de sa tranquillité et de
sa bonne humeur coutumières.
LES MESURES D'ORDRE
Il y aura à Paris, aujourd'hui, 50,000 hom-
mes de troupes Les dispositions
du parquet.
Les mesures nécessaires pour assurer le
logement, le cantonnement et le ravitaille-
ment des'troupes réunies à Paris à l'occa-
sion du 1er mai ont été prises par le préfet
de la Seine.
Les maires de Pari? et du. département
de la Seine ont été invités à faire droit aux
LE VIADUC D'ARGBiïEUIL' DYNAMITÉ
Des malfaiteurs ont tenté de faire sauter le viaduc
l'aide d'une bombe L'enquête Dégâts matériel
sans gravité Des mesures d'ordre sont prises
pour prévenir tout nouvel attentat.
Des malfaiteurs ont tenté, dans la nuit
d'avant-hier, de faire sauter, il l'aide d'une
bombe,le viaduc d'Argenteuil. Sur ce viaduc,
qui traverse la Seine à la hauteur de la
plaine de Gennevilliers, passent les trains
de grande ceinture de )a Compagnie du Nord
et de l'Ouest et les trains se dirigeant vers
le Havre et là Normandie.
Il était onze heures dix-sept minutes, le
train partant de Paris à 10 h. 35 venait -Il
peine de franchir Je pont, quand une formi-
dable détonation éclata qui mit en émoi tout
le pays. Une -bombe, placée à la culée du
pont, sous le tablier métallique, et soutenue
par une forte traverse, contre une haute pile,
venait de faire explosion.
La détonation fut telle qu'elle se répercuta
à plus de 6 kilomètres à la'ronde. Dans les
environs proches, ce fut épouvantable. L'hô-
pital d'Argenteuil, qui se trouve en bordure
de la Seine, une usine, ainsi aue plusieurs
A la préfecture de la Seine,
Il est inexact que le préfet de la Sein*
ait écrit aux directeurs de l'administrationt
de la Seine pour les prier d'aviser leur per-
sonnel qu'il devait se rendre à ses bureaux
le 1er mai, comme à l'ordinaire, Le préfet de)
la Seine n'a jamais pensé qu'il fût néces-
saire de faire une telle recommandation. Le)
personnel' employé et ouvrier devra consi-4
dérer le mai comme un jour ordinaire.
Toutefois, afin d'éviter toute défection,.
certains chefs, dans le service desquels tra*
vaillent des ouvriers, ont prévenu ceux-ci
des risques qu'ils encourraient en se mêlant
à des manifestations.
Au Palais.
D'accord avec le premier président, Mif"
Forichon, M. Bulot, procureur général, 'W
pris, à l'occasion du 1er mai, des mesures;
de précaution tendant à interdire l'entrée
du Palais de Justice à toutes personnes
qu'un objet légitime n'y appellerait pas.
C'est ainsi que toutes les portes du Palais
seront fermées, à. l'exception de la grille,
gauche de la cour de Mai, dont un seul bat-,
tant demeurera ouvert. Les gonds de la*
dite porte ont été huilés pour que, le cagi
échéant, on pût la clore sans difficulté.
Les juges d'instruction ne devront faire
extraire des prisons aucun inculpé, Seuls
seront interrogés ou jugés,les individus • dé«i
tenus au Dépôt ou à la Conciergerie.
Les tribunaux, correctionnels ne s'occupe-
ront donc que des affaires a entre parties
ou de celles qui ne comportent point de dé.
tenus.
Deux juges d'instruction ont été éventuel
lement désignés pour le cas où lMnte'rven-
tion du parquet deviendrait nécessaire. Plu-
sieurs substituts se tiendront au petit; par-
quet, prêts à interroger les individus qui
leur seraient déférés. Un autre substitut
sera en permanence à la caserne du Châ*
le au-d'Eau, vu la proximité de la Bourse
du travail.
maisons voisines, eurent, par la vioîencefcj
de 1 explosion, leurs vitres brisées en mille'
éclats. Quelques minutes après, passait un,
train chargé d'émigrants. Des gens, endor-
mis à cette heure, réveillés en sursaut, se le.
verent èffarés et accoururent bientôt sur la
lieu de l'attentat.
Les premières constatations furent faites
par M. Riou, chef de gare, qui; avant toute
autre chose, avisait à établir à chaque extré-
tnité du viaduc les signaux de couverture.
MM. Bonnet, ingénieur en chef de l'exploi-
tation de la Compagnie de l'Ouest, et Leroy,
commissaire spécial de la gare Saint-Lazare,
aussitôt prévenus, arrivèrent quelques ins.
,tants après,
Les dégâts sont, heureusement, sans gra-
vitc-: quelques traverses arrachées, une pou- i
tre d'assemblage en fer forcée, deys partiel
mortes de l'armature légèrement gondolées
une cornière tordue et «'est tout à peu près!;)
réquisitions à eux adressées par l'autorité
Dès'hier matin, le droit de réquisition tf
-été exercé dans le septième arrondisse-1
ment et aux abords de l'Ecole militaire.
Aujourd'hui, ce droit.sera exercé dans;
dixième arrondissement. Divers locaux s
ront réquisitionnés aux environs de hr
Le 5° régiment de hussards, venant d
Nancy, est arrivé dans la matinée. Il a ét
logé au magasin central d'habillement m
litaire et à la manufacture des tabacs. La
8° dragons,- de Lunéville, et le 13" .dragons»
de Lure, sont allés cantonner, l'un à la ga-i
lerie des Machines, l'autre à la caserne Du..(
pleix.
Les officiers doivent loger à moins de
mètres de leurs troupes.
Six compagnies- du 76" d'infanterie, arr
vées à-la gare de l'Est, ont gagné ta caserne
,du Chaleau-d'Eau.
Le hussardes, -le -1 le chasseurs et le 13
dragons, ainsi que les 2°, 90" et 114° de l'
gne, sont également arrivés,
Il y aura aujourd'hui, à Paris,
nommes de toutes armes. Les dragons por.'
teront tous la lance les fantassins rece»
vront deux paquets de cartouches.
Les écoles de Paris.
A la demande d'un certain nombre de prf«
rents, le concours pour les bourses de
Cnaptal, qui devait avoir lieu à l'hôtel des
examens, rue Mabillon, le 1°r mai, a été
remis au lendemain.
D'autre part, les écoles- de la Ville de Pas
ris seront ouvertes le 1er mai, mais il ne-
sera tenu aucun compte sur les notes des
1 absence des enfants.que leurs parents au;
ront cru devoir garder auprès d'eux.
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