Titre : Le Matin : derniers télégrammes de la nuit
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1906-04-28
Contributeur : Edwards, Alfred (1856-1914). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 28 avril 1906 28 avril 1906
Description : 1906/04/28 (Numéro 8098). 1906/04/28 (Numéro 8098).
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/04/2008
• ¥ingWrroi3ièîn0 Année?. W SIX M^ CINQ C^TIMES 1 Samedi 2S Avril 1906
DERNIERS TÉLÉGRAMMES DE LA NUIT
c=m^^ LES DERNIÈRES NOUVELLE^
CINQUANTE PERQUISITIONS
ONT ÉTÉ OPÉRÉES HIER,
La police chez les religieux, les royalistes,
les bonapartistes et les révolutionnaires.
Le parquet de Douai, à la suite des troubles sanglants du
Nord, fait perquisitionner dans les bureaux de
syndicats ouvriers et dans les salons des gens
du monde De nombreux et intéres-
sants documents ont été saisis.
Trois membres influents de la Confédération du Travail
m i?f Griffuàhth secrétaire, à sa table de travail. En haut, de gauche à droite
¡IL r™' secrétaire de la Fédération des ouvriers et chaudronniers en ciii-
Vre H. Levy, trésorier de la Confédération générale
Nous disions; il y a quelques jours,
qu'il serait intéressant de connaître les
inspirateurs des scènes étranges qui, de-
puis trois ^semaines, se déroulent dans
la France du Nord. et auxquelles le pays
a assisté avec étonnement d'abord, avec
inquiétude ensuite. Il faut croire que M.
le procureur général de Douai a connais-
sance de ces inspirateurs, puisqu'il a or-
donné, hier matin, à l'aube, une cin-
quantaine de perquisitions, et il faut
croire que ces perquisitions n'étaient
point inutiles, puisque la justice s'est
prouvée, hier soir, en possession d'un
'.certain nombre de documents bizarres
ceux qu'aux heures troubles on re-
trouve toujours dans certaines officines
louches;
Plus bas, l'on donnera quelques dé-
tails sur l'un de ces documents, auquel
a collaboré un député s'intitulant répu-
blicain libéral, et qui pousse.le -libéra-
lisme de ses opinions républicaines jus-
qu'à rédiger le texte d'une proclamation
à l'armée, pour le lendemain du jour où
un gouvernement provisoire aura rem-
placé le gouvernement légal du pays.
Naturellement, aussi, on a saisi les lis-
tes inévitables des futurs ministres ou
des futurs fonctionnaires qu'il convien-
drait d'installer, une fois le coup réussi,
ainsi que toute la littérature niaise de
conjuration où se complaît une partie
de l'opposition.
Tout ceci ne mériterait, malgré tout,
qu'un haussament d'épaules un peu mé-
prisant, s'il n'y avait une corrélation
étrange entre les projets de certains per-
quisitionnés est les scènes sanglantes,
dont plusieurs départements français
viennent d'être les témoins. Il appartien-
dra à la justice de déterminer s'il y a eu
simplement coïncidence entre la con-
ception de ceux qui assommaient les sol-
dats sur la place publique et la c'oncep-
lion de ceux. qui rédigeaient des appels .1
de coups d'Etat à ces mêmes soldats, ou
bien si, comme on l'affirme de manière
catégorique dans certains milieux offi-
ciels, il n'y aurait pas eu connivence.
S'il était établi qu'un parti quelcon-
que, pour la satisfaction de ses ra'nc.u-
nés politiques et de ses haines tradition- <
nelles, n'a pas hésité à encourager les I
actes dé guerre civile que l'on a vues,
ù provoquer les effusions- de sang qui se
sont produites et à amener ainsi la mort
d'un officier, il n'y aurait pas assez de
voix en France pour crier leur indigna· i
1
tion, ni assez de plumes pour réclamer
un châtiment exemplaire et rigoureux.
LE MATIN.
LES PERQUISITIONS
Quarante-cinq commissaires de police ont
été hier, à l'aube, exécuter quarante-
cinq mandats de justice, et saisir de
nombreux papiers.
Donc, dès l'aube, hier, quarante-cinq com-
missaires de police se répandaient dans la
capitale. M. Fabre, procureur de la Républi-
que, les avait convoqués chez lui la veille
et avait concerté leur mobilisation. Ils
étaient porteurs de mandats d'arrêt signés
de M. André, juge d'instruction au tribunal
de la Seine, sur commission rohàtoire du
juge d'instruction de Bêlhune. Ces mandats
avaient pour objet la recherche et la saisie
M. DE MANOEL &AUMAXE
Procureur acnéral à Douai
de, tous documents relatifs à l'action exer-
cée sur les grèves et troubles récents du
Nord et du Pas-de-Calais .»."
Par les rues- endormies, quarante-cinq
fiacres conduisirent donc, les quarante-cinq
commissaires leurs destinations diverses.
Les uns devaient perquisitionner chez des
anarchistes, d'autres chez les membres ac-
tifs de la Confédération générale du travail.
D'autres avaient besogne, plus mondaine
ils se .rendaient chez des royalistes, des bo-
napartistes, des abbés et des généraux.
NI DURAND DE BEAUR EGARD
La Sûreté générale considère le comte Du-
rand de Beauregard, comme l'un des plus zé- d
lés organisateurs de la résistance aux inven- r
taires dans les églises de Paris. M. Durand I
de Beauregard est de plus l'un des chefs du n
parti impérialiste.
Il n'est point il Paris actuellement, villé- d
giaturant il Nice.
Seule la comtesse se trouvait 56, boulevard ti
Haussmann. A cette heure matinale elle q
était encore au lit. Comme elle avait donné o
l'ordre «qu'on ne la fit parler à personne, ce s
fut un des proches de M. Durand de Beaure»
gird qui accompagna le magistral Quel-
quels documents furent saisis.
Pendant ce temps, on perquisitionnait
avec un résultat négatif, rue Tardieu, chez.
M. Paron, secrétaire du comte.
M. Durand de Beauregard est un de ceux
sur lesquels pèsent les charges les plus gra-
ves. ,0a invoque notamment contre lui, et
pour justifier du désir où il était de renver-
sa le gouvernement, une pièce entièrement
écrite de sa main et qui porte cette mention
« Projet discuté avec de Rouvre pour le cas
d\in coup à (aire. n On sait que M. de Rou-
vre est un député modéré de la Haute-Marne.
Entre autres dispositions de ce.« projet »,
signalons celle-ci, dont nous pouvons affir-
mer la littéralité
« Viendrait ensuite une proclamation à
larmée.
En même temps, une loyale proclama-
lion, composée à l'Imprimerie nationale pen-
dant la nuit du. serait aussitôt affichée sw
tous les murs de Paris
PROCLAMATION
DU PRÉSIDENT DU GOUVERNEMENT PROVISOIRB
APPEL AU PEUPLE
Français
On voit que les perquisitions opérées chez
M. Durand de Beauregard étaient suffisam-
ment motivées.
A LA BAROUE MALLET
-M. Lacambre, commissaire de police du
.contrôle, a perquisitionné dans la matinée
chez MM. Mallet frères, banquiers, 37, rue
d'Anjou.
Comme nous nous présentions dans l'a-
près-midi pour une demande de renseigne-
ments complémentaires, l'un des directeurs
nous a fait les déclarations suivantes
Il est exact qu'on se soit présenté ce
matin à notre maison de banque pour y per-
quisitionner. Tout s'est passé, du reste, le
'mieux et le plus rapidement du monde et
sans soulever le moindre incident. Je rends
hommage à la parfaite courtoisie dont ont
fait preuve, au cours de leur mission déli-
cate, les agents de l'autorité. Après de sé-
rieuses recherches, ceux-ci se sont du reste
retirés purement et simplement, sans opé-
rer aucune saisie ni dresser le moindre
procès-verbal. Ceci se passe de commentai-
res et j'avoue, pour ma part, n'avoir rien à
y ajouter.
A lA CONFÉDÉRATION DU TRAVAIL
Des perquisitions ont été opérées égale-
ment chez MM. Griffuelhes, secrétaire de la
Confédération générale du travail, rue Ra-
mus Lévy, trésorier de la confédération,
rue d'Angoulême, et Merheim, mombré de
la confédération, rue Frédérick-Lemaltre.
Ces perquisitions- n'eurent et ne pouvaient
avoir aucun résultat. On se rappelle, en ef-
fet, qu'il y a quelques jours, au -cours d'une
entrevue qu'ils eurent avec M. Clemenceau,
les perquisitionnes avaient pris le soin de
déclarer au ministre de l'intérieur que tous
leurs documente -étaient en lieu sûr. Aussi,
hier matin, quand ils virent les- magistrats.
entrer chez eux, les confédérés furent, a,u
premier moment, convaincus qu'on venait
les arrêter. Lorsqu'on leur expliqua qu'il
ne s'agissait que cTune simple perquisition,
ils sourirent mais, lorsqu'on leur apprit
qu ils étaient mêlés à un complot, ils rjrent.
De la meilleure grâce du monde, ils se prê-
tèrent aux perquisitions. Chez M. Griffuel.
hes, on ne trouva rien rien chez M. Lévy,
bien qu'on ait pris soin de fouiller même ses
poches, et, chez M. Merheim, rien non plus.
Ce dernier, qui, on se le rappelle, fït la
semaine dernière plusieurs conférences dans
les environs de Denain, juge ainsi l'opéra-
tion pratiquée chez lui
Le premier étonnement passé, dit-il, ;e
me suis aperçu bien vite que la perquisition
opérée chez moi était une blague, une fu-
misterie. Je ne me vois pas bien conspirant
avec des cléricaux et des royalistes. Si c'est
le seul moyen que le gouvernement a trouvé
pour enrayer notre action, il s'est grossière-
ment trompé il a seulement réussi à prou-
ver que nous existions et qu'il fallait comp-*
ter avec nous. C'est déjà un résultat,
Il lui sera plus difficile de trouver parmi
nous 1 élément d'un complot. »
Sitôt que la perquisition opérée chez lui
fut terminée, M. Griffuelhes se rendit en
toute hâte au siège de la Confédération gé-
nérale du travail, 33, rue Grange-aux-Belles
Une quinzaine d'agents, à la tête desquels se-
trouvait M. Durand, commissaire de police
du dixième arrondissement, l'attendaient de.
vant la porte. Tous grelottaient littéralement.
Depuis deux heures, ils montaient la fac-
tion. En vain avaient-ils demandé la con-
cierge, farouche syndicaliste, de leur faire un
peu de feu. Celle-ci s'y était énergiquement
M. Griffuelhes déclara tout d'abord au ma-
gistrat qu'il pouvait, si bon lui semblait,
s'opposer à la perquisition, l'immeuble ayant
été loué à son nom et non à celui de la Con-
fédération générale du travail, mais a.jouta-t-
il, qu'à cela ne tienne.
Si vous vous engagez à ne po'nt em-
porter les livres de comptabilité générale,
qui sont déposés en lieu sûr, je les enverrai
chercher et les mettrai à votre disposition.
M. Durand se refusa à prendre cet engage
ment.
Alors, en compagnie de M. Griffuelhes
les agents, sur la demande de celui-ci, ayant
été renvoyés, le magistrat parcourut les lo-
caux de la confédération et examina les car-
nets à souche, les différents brouillards, et
plus attentivement la liste des versements
opérés pour les grèves du Nord.
M. Durand clôtura ses opérations par une
visité aux bureaux du journal La Voix dit
Peuple, organe de, la Confédération gêné.
rale du travail, sis au rez-de-chaussée de
l'immeuble.
Et il se retira sans avoir emporté aucun
document. La perquisition avait duré une
heure et demie.
Lorsqu'à deux heures de l'après-midi, nous
arrivons à la Confédération générale du tra-
vail, la joie y règne en souveraine maîtresse.
C'est immensément rigolo, dit M. Grif-
fuèlhes.
C'est fou, s'écrie M. Pouget, un tantinet
chagrin, que l'on ait oublié de perquisition-
ner chez lui.
C'est idiot, s'exclame M. Lévy.
Arrive M. Mecheim. Un conciliabule a lieu
entre les quatre hommes. A travers la lé-
gère cloison qui nous sépare, on entend de
grands éclats de rira
E. M. Griffuelhes, que nous voyons quel-
ques moments plus tard, nous fait la dé-
claration suivante
On se'croirait en Russie. L'arbitraire
déborde de tous côtés, Sous tous les gouver-
nements, qu'ils comprennent Clemenceau,
Briand bu Méline, les procédés sont les mô-
mes.
» Les perquisitions simultanées à la Confé-
dération générale du travail, 'au journal La
Croix; et chez différentes personnalités na-
tionalistee, n'avaient qu'un but, faire croire
que l'argent dont nous disposons avait une
origine réactionnaire, ce qui aurait pour con-
séquence de détourner de nous les ouvriers.
Il De la part d'un gouvernement étiqueté ré-
publicain avancé, cette tactique est plutôt
bizarre.
» Rien n'explique cette manœuvre, parce
que le parquet de Béthune n'a pu et ne pou-
vait trouver dans son enquête, le moindre
élément, la moindre présomption tendant
démontrer qu'il y a apparence d'accord en-
tre les militants de la C. G. T. et une per.
sonnalité réactionnaire quelconque.
» Nous rappelons une fois de plus que la
date du 1'" mai 1906 fut choisie en septem-
bre 1904, par le congrès des syndicats. Nous
avons poursuivi notre besogne comme l'a-
vait définie le congrès. Le gouvernement
voudrait voir dans ces faits une preuve de
complicité avec les partis réactionnaires.
Qu'il le prouve. »
En même temps que l'on perquisitionnait
chez les membres de la Confédération gêné-
rale du travail, M. Hamard, chef de la Sû-
reté, opérait chez M. Monatte, arrêté il y a
quelques jours à Béthune.
Des documents importants auraient, pa-
ralt-il, été saisis.
AUX BUREAUX DE LA « CROIX
Cinq heures- et demie du matin, rue
Bayard, une bise aiguë souffle. Trois fiacres
s'arrêtent devant le numéro 5 où sont instal-
lés les bureaux et la rédaction de la Croix
et du Pèlerin. Douze hommes en descendent.
Ce sont M. Blot, sous-chef de la Sûreté,
son' secrétaire, M. Murât, et des inspecteurs
de leur service. Le magistrat sonne- a la
porte du local de la Bonne Presse.
Un, concierge étonné, encore tout endormi,
ouvré la porte. Le magistrat lui explique
•qu'à vient procéder à une perquisition.
Mais, aucun de ces messieurs n'est là
proteste le portier.
Le directeur, M. Féron-Vraus, étant çb-
LES BUREAUX' DU journal « La Choix Il
sent due Pans, M. Blot envoie chercher le ré-
dacteur en chef, M.. Bouvattier et le secré-
taire de la rédaction, NI. Strouss.
En foute hâte, ces messieurs' se rendent
à la. convocation du commissaire de police.
Immédiatement, celui-ci leur exhibe le man-
dat dont il est porteur, lui prescrivant, « en
vertu d'une commission rogatoire du tribu-
nal de Béthune, de rechercher et de saisir
tous documents relatifs à l'action exercée
sur les grèves et les troubles récents du
Nord et du Pas-de-Calais ».
M. Bouvattier protesta contre ci l'envahis-
sement de, 'ses bureaux, par la police )i.
C'est la seconde fois, dit-il, que,' depuis
trois ans, nous sommes victimes d'une sem-
blable violation de domicile. Vous perquisi-
tionnez sans cause et sans commencement
de preuve d'un délit quelconque
Et M. Bouvattier; d'un ton indigné; rap-
pelle que, dans un cas semblable, le 11 avril
9013,. alors qu'il s'agissait de rechercher quels
étaient les collaborateurs de la Croix, il a
saisi le syndicat de la presse parisienne.
Quel fut le résultat de cette protesta-
tion ? questionne M. Blot.
Je rafraîchis vos souvenirs, voilà tout,
fait M. Bouvattier. 1
Le résultat est qu'une nouvelle perqui-
sition va être pratiquée chea .vous 1
A cette répartie, M. Bouvattier bandit
Y aurait-il, dans vos paroles, une iro-
nie, un dénigrement, ou une critique quel-
conque à l'égard du syndicat de la presse pa-
risienne ? Je ne tolérerais rien de semblable.
M. Blot répond que toute pensée d'ronie,
de' dénigrement ou de critique est éloignée
de son esprit,
Sous la réserve do ma protestation la
plus indignée, perquisitionnez, monsieur, dé-
ètare M. Tîouvattier.
L'opération commence alors. Dans les
salles de rédaction, on ouvre tous les ti-
roirs, toutes les armoires. M. Blot examine
une quantité considérable de paperasses. Il
n'y trouve rien de particulièrement intéres-
sant.
Puis on passe aux bureaux de l'adminis-
tration, sans résultat plus appréciable. Sur
ces entrefaites arrive le courrier du matin
M." Blot en prend connaissance, puis exa-
mine les registres de comptabilité.
Le sous-chef de la Sûreté se borne à noter
qu'il y. relevait la mention d'une somme
de 25,000 francs, produit d'une souscrip-
tion en. faveur des victimes de Courrières.
Et c'est tout.
jComme il n'était point rédigé de procès-
verbal de l'opération, NI. Bouvattier, de nou-
veau très monté, protesta contre cette n il.
légalité n. NI. Blot répliqua qu'il n'était pas
nécessaire de dresser un procès-verbal,
puisqu'il ne saisissait rien.
A sept heures moins quelques minutes les
policiers se retirèrent, non sans que M. Bou-
vattier leur eût déclaré qu'il allait de nou-
veau saisir le syndicat de. la presse
CHEZ L'ABBÉ TOURMENTIN
L'abbé Tourmentin est le secrétaire géné-
ral de l'Association antimaçonnique, que
préside l'amiral de Cuverville; sénateur du
Finistère. M. Soulières, commissaire de po-
licé; se présenta-à cinq heures du matin' aux
bureaux de cette association, situés rue de
Grenelle. L'abbé n'y était pas, ainsi que cela
est assez naturel. Un agent de la Sûreté s'en
fut le réveiller chez lui, rue Las-Cases. Il ac-
courut. M. Soulières lui donna connaissance
do son mandat.
1 Vous resterez dans les limites, lui dit
l'abbé, de la commission rogatoire ?
Sans, doute, répondit le commissaire.
Vous ne venez chercher que des docu- i
ments relatifs aux émeutes du Nord ?
Oui. j
Alors, faites,
Et le commissaire perquisitionna. Il sai- 1
3it des papiers divers, et, assure-t-on, des 1
manières de fiches concernant les officiers 1
républicaines et les prêtres tièdes. Puis il re· 1
fusa d'entrer dans un 'petIt cabinet que lui
ouvrit l'abbé, tout heureux de la bonne farce.
Sur.les murs tendus de noir sont fixés des
tibias en croix. L'âbbé Tourmentin, lequel
a un beau nom d'inquisiteur, appelle ceci le
Il cabinet des méditations
Cet abbé, en dehors du secrétariat de l'As,
sociation antimaçonnique, tient une sorte
d'officine électorale, où se préparent les can-
didatures bien pensantes. Il est en rapports
étroit; avec M. Piou, président de l'Action
libérale.
On a perquisitionné aussi aux bureaux de
l'Action libérale, rue Las-Cases.
AUX LIGUES ANTIMAÇONHIQUES
Il y a l'Association antimaçonnique, que
dirigent l'amiral de Cuverville et l'abbé
Tourmentin: Mais il y a aussi les n Ligues
antimaçonnique française et de Jeanne
d'Arc n, que fonda récemment le comman-
dant Driant; gendre du général Boulanger,
camdidat nationaliste en Seine-et-Oise. Elles
ont leur siège 46, rue de la Victoire. M.
Egarteler, commissaire de- poliee, s'y pré-
senta hier matin. Le comptable, qui habite
dans la maison, courut prévenir le eomman-
dant Driant, en présence de qui eut.lieu la
perquisition. Le commissaire saisit une cer.
taine quantité de documents, lettres et pros-
pectus.
CNEZ LE GÉNÉRAL BARON DE TARADfL
Il n'était pas encore cinq heures du matin
lorsque le commissaire de police 'se pré-
senta chez le général baron de Taradel. Ce-
lui-ci étant dbsenti. le concierge, formelle:
ment, se.réfusa- laisser pénétrer le magis-
tràt dans l'appartement. Devant cette àttir
tude, le commissaire consentit à se retirer
en faisant toutes réserves de droit. Pour
s'excuser, le concierge prétend que, malgré
la. présentation de. l'écharpe tricolore, il a
cru avoir devant lui un faux commissaire.
La perquisition 'a donc pas eu' lieu hier
UNE LETTRE
12, avenue Bugeaud, a cinq heures et de-
mie du matin, un commissaire de police
accompagné de plusieurs inspecteurs de la
Sûreté sonnait à la porte de l'immeuble ha-
bité par M. Xavier Feuillant, ancien com-
mandant de la garde impériale.
Au vu de l'écharpe tricolore, le concierge
ne fit aucune difficulté pour conduire les re-
présentants de l'autorité jusqu'à l'apparte-
ment de M. Feuillant. Celui-ci vint lui-même
ouvrir la porte. Après avoir pris connais-
sance du mandat de perquisition qui le vi-
sait, il ouvrit aussitôt toutes grandes ses
portes.
Le commissaire s'attacha surtout il. exa.
miner les papiers trouvés dans le bureau.
Parmi ceux-ci, une lettre' ainsi conçue' at-
tira son attention
Cher ami,
Je crois qqe j'ai trouvé. la forte somme pour
notre affaire. Tout va bien.
M. Feuillant expliqua que cette lettre lui
avait été" adressée par >Ie président d'un co-
mité qui faisait' une souscription dans le
but d'élever une statue à un homme de let-
tres. ̃
La perquisition s'est terminée a' six heu-
res et demie, après examen de nombreuses)
liasses de papiers.
TRDIS VISITES
u lui ueo mmiuraa uu prince t-oms rsona-
parte, M. Thouvenel, 45, rue de Pommereu,
vit une heure durant le commissaire de po-
lice de son quartier fouiller dans sea .tiroirs
et'lire sa correspondance.
M. Thouvenel se déclara fort surpris de
cette opération judiciaire, que rien, affirme-
t-il, ne pouvait lui faire prévoir
M. Bacconnier, qui est président de l'A-
vant-garde royaliste, habite 12, rue du Clol-
tre-Notre-Dame. M. Fouquet, commissaire
de police, lui a rendu à l'aube une visite, qui
ne dura pas moins de deux heures. Le ma-
gistrat ne saisit aucun des nombreux pa-
piers qu'il examina.
Le secrétaire du même groupe, M.Leniero,
à Saint-Mandé, fut également parmi les per-
quisitionnés.
Le comte de Larègle, avocat à la cour d'ap-
pel. habite .7, rue Bocendor. Il est candidat
aux prochaines élections et se présente à
Saint-Denis, comme, catholique antimaçonni-
que, contre M. Waltor, socialiste révolution-
naire, et Quirvtainne, radical socialiste.
Pour mener sa campagne, M. de Larôgle
s'est fixé à Saint-Denis; e est ce qui explique
qu'il ne se trouvait pas chez lui lorsque, vers
six heures du matin, on est venu perquisi-
tionner il son domicile.
Le commissaire de police a été reçu par
Mme de Larègle, qui lui ouvrit les portes.
De nombreux papiers ont été inventoriés et
plusieurs liasses saisies. Celles-ci ont été
aussitôt envoyées au parquet.
L'opération a duré un peu plus d'une
heure.
CHEZ LE DOCTEUR LE FUR
Accompagné de son secrétaire, M. Bros,
M. D'Homme, commissaire de police du 1
quartier des Arts-et-Métiers, se présentait à
cinq heures du matin, 103, rue de la Bôétie,
où habite le docteur Le Fur, président de
n L'Entente nationale n.
Après avoir exhibé le mandat dont il était
porteur, le magistrat procéda, en présence c
de M. Le Fur, à une minutieuse perquisition j ]
qui n'amena la découverte que de brochures 1
et de lettres n'ayant pas un bien grand in- 1
térêt. j
Lorsque cette première opération fut ter
minée, M. D'Homme emmena M. Le Fur rue r
de Vaugirard, où se trouve le siège social de
la société « LEntente nationale », où eut lion r
une nouvelle perquisition, qui neadonna paix r
beaucoup plus de résultats que la première.
Le magistrat s'est alors retiré en emportant j
les papiers saisis, qui ont été mis sous scel- r
lés et envoyés au parquet, la dispositions t
de M. André, juge d'instruction.
CHEZ fS. MORO'GUFFERRI
A la première heure, un commissaire de
police s'est présenté 72, rue du Cherche- t:
Midi, au domicile de M. Moro-Giafferri, avo- ?
cat à la cour d'appel, secrétaire général des v
comités plébiscitaires. g
Une perquisition minutieuse a été opérée, d
De résultats, point n
M. Moro-Giafferri s'est rendu dans l'a-
près-midi au cabinet de M" Chenu, bâton.
nier de l'ordre des avocats il a déposé une
plainte en violation de son cabinet et de ses
papiers d'affaires. c.
Il a fait une démarche analogue auprès de H
M. Fabre, procureur de la République. jf
M, HERRI BIBERT rr
M. Bleynie, commissaire aux délégations si
judiciaires, a été chargé de se rendre à An- b.
tony, chez M. Henri Bibert, rédacteur un T
journal d'opposition. bi
Avec certaines personnalités bonapartis- B
tes et légitimistes, M. Bibert fonda « le Bloc B
patriote Il fut l'un des membres les plus ,l'i
turbulents du Comité de vigilance pour ci
la défense des églises et de ta banlieue »4 D
On n'a trouvé chéz M. Bibert que de pilet
de brochures dont il est l'auteur
M. Maria, 19, rue de Naples, est un taH-
leur militaire retiré des affairés. Aux demie-
res élections législatives, ses amis songe-
rent, paralt-il, à opposer dans le deuxième
arrondissement. éa candidature à celle de
Syveton..
M. Maria dormait du sommeil du juste su-
près de son épouse, quand il cinq heures dit
matin, un violent coup de sonnette le ré-
veilla. Il s'en fut ouvrir et se trouva en pré-
sence de cinq messieurs. L'un d'eux était
le commissaire,de police. Le magistrat ayant
exhibé son mandat, pénétra dans l'apparte-
.ment. Cela ne l'avança guère, ear il ne trou-
va rien,
UN MILLIONNAIRE ANARCHISTE
Depuis Vaillant, qui.y habitait lors de sôfl
attentat à la Chambre des députés, Choisy.
le-Roi a vu bien des anarchistes. Aucun, as-
surément, ne fut d'une espèce plus rare que
M. Alfred Fromentin, chez qui 16 Sûreté a
perquisitionné hier matin.
M._ Fromentin est, 'en effet, millionnaire'-
plusieurs fois même, assur.e-t-on.
M. Fromentin n'a pas encore été jusqu'4
a éparpiller la totalité de ses millions pour
1 abolition du paupérisme, mais il en sacri-
fie journellement à eet usage d'appréciables
parcelles. Cet homme est, avant tout, un
philanthrope, un' «humanitaire », et il use
d une propagande par le fait » bien propre
à lui recruter des adeptes. Cette propagande
consiste à recueillir à accueillir plutôt,
car la. charité est bannie de la société. anar-
chiste tous ceux qui n'ont pu trouver à
vivre dans la société actuelle.
Le riche M. Fromentin a acheté, il y et
quelques années, une étendue considérable
de terrain, derrière le parc de Choisy. Il y
a fait élever de nombreux et coquets pavil-
Ions, il, un, deux, trois étages. Il en garde
un pour lui. Quant à ce qui 'est de ses au-
très propriétés, il les vend ou les loue
mais le plus souvent dans des conditions
fort avantageuses pour le preneur.
Il ne se montre guère intransigeant -qua
sur la question des noms de « ses » rues.
Celle où il habite a été «baptisée » par
lui rue des Frères-Reclus. Une autre, rue
Babœuf Une nuit de :l'an dernier, il fit rem.
placer, sur une. plaque indicatrice, l'inscrip-
tion « rue>Gambettao) par, cette'autre, plus
révolutionnaire, « rue Jules-Vallès ».
L'un des deux pavillons' qu'il a conservés
pour lui s'appelle « villa Louise-Michel »,
1 outre «Le Nid rouge Ce « Nid rouge »
est un nid coquet où s'abrite, parmi d'é-
normes massifs de lilas, une gracieuse fa-
mille qui est celle de l'humanitaire une
femme encore jeune et jolie, d'avec laquelle
il a divorcé, pour qu'il n'y ait entre eux au-
cune chaîne, sinon d'affection, et quatre
bambins, dont une ravissante fillette de neuf
ans. Ce petit monde est déjà ùltrà-libertai.re.
D ailleurs, dans la maisonnée, tous, depuis
le maître, qui n'en est pas'un, jusqu'à Sil-
vain Bongdour, son homme de confiance,
ami et jardinier, jusqu'au compagnon
qui promène les chiens, vivent dans l'indé-
pendance la plus compote..
Les tonneaux de la cave ont été, hier ma-
-tin, 1 objet de.particulières auscultations de
la part des policiers chargés de la perquisi-
tion. r
(Phot. ̃ i
Juge d'instruction
On craignait, nous dit Bongdour, qu'ils
ne renfermassent de la poudre ou 'des bal-
les. Après avoir constaté qu'il n'y avait rien
de suspect dans ma cambuse, ces messieurs,
un commissaire de* police' et cinq. agents,
sont remontés, dans les appartement. AI.
fred leur a ouvert tous ses meubles, sauf le
coffre-fort, dont la clef a été perdue. « Il n'y
a rien dedans, leur a-t-il déclaré mais, si
vous ne voulez pas me croire sur parole, dé-
foncez-le ou emportez-le pour vous en con-
vaincre 1 Les policiers n'insistèrent pas et
se retirèrent en s'excusant fort civilement.
Ils n avaient tout de même rien trouvé chez
nous qui fût de nature à justifier une visita
domiciliaire à une heure aussi matinale. •
A LA fEDERATION OfS JAUNES
Sur mandat de perquisition et de saisi»
signé de M/ juge' d'instruction, M.
Beaurain, commissaire de police, s'est rendu
hier matin, à cinq heures; au siège de la
F'édération des jaunes de France, 9, rue
Joubert.
Les opérations ont duré jusqu'à neuf heu-
res. Les livres de comptes du journal Le
faune, des copies de lettres et diverses cour-
respondances ont été saisis et envoyés au
parquet.
Le magistrat s'est ensuite transporté chez
M. Czulowski, secrétaire de la fédération,
•ue Lamarck. La perquisition, le, ne semble
pas avoir donné de résultat.
A.la suite de cette double opération, M.
^zulowski nous a remis la protestation sui-
vante ».
Le secrétaire général de là ,Fédération na-
tonale des jaunes de France tient» protester
:ontre les agissements du gouvernement, qui
issaie de mêler les jaunes il. des troubles ré:
rolutionnairee, alors Que la Fédération a or-
laniaé dans le pays des syndicats ouvriers
lestinés à combattre les menées révolution
iaires,
Signe F. Czulovski.
AUTRES PERQUISITIONS
D'autres perquisitions ont eu lieu encore
:hez le généraJ Massing, 12, avenue Fried-
and chez le Père Janvier. qui prêcha le V-
lernier carême à Notre-Dame et qui fut l'ob-
et de poursuites à propos d'un de ses ser-
nons chez le baron de Vaux, dans le fort
i merveilleusement truqué dont nous avons
ignalé l'existence, rue Gabrielle chez la
iaron Lepic, avenue Van-Dyck chez MM
'isserand, Soubrié, Bordes, Lobien, Tricot,
bonapartistes peu notoiras chez M. Faure-
iiguet, directeur du Petit Caporal chez M.
lardin, rue du Gaz, commissaire général de
Union catholique capitaine Vacquier, se-
rétaire du Comité de l appel au peuple M,
>anads, avocat à la cour M. Bard, préeS»
DERNIERS TÉLÉGRAMMES DE LA NUIT
c=m^^ LES DERNIÈRES NOUVELLE^
CINQUANTE PERQUISITIONS
ONT ÉTÉ OPÉRÉES HIER,
La police chez les religieux, les royalistes,
les bonapartistes et les révolutionnaires.
Le parquet de Douai, à la suite des troubles sanglants du
Nord, fait perquisitionner dans les bureaux de
syndicats ouvriers et dans les salons des gens
du monde De nombreux et intéres-
sants documents ont été saisis.
Trois membres influents de la Confédération du Travail
m i?f Griffuàhth secrétaire, à sa table de travail. En haut, de gauche à droite
¡IL r™' secrétaire de la Fédération des ouvriers et chaudronniers en ciii-
Vre H. Levy, trésorier de la Confédération générale
Nous disions; il y a quelques jours,
qu'il serait intéressant de connaître les
inspirateurs des scènes étranges qui, de-
puis trois ^semaines, se déroulent dans
la France du Nord. et auxquelles le pays
a assisté avec étonnement d'abord, avec
inquiétude ensuite. Il faut croire que M.
le procureur général de Douai a connais-
sance de ces inspirateurs, puisqu'il a or-
donné, hier matin, à l'aube, une cin-
quantaine de perquisitions, et il faut
croire que ces perquisitions n'étaient
point inutiles, puisque la justice s'est
prouvée, hier soir, en possession d'un
'.certain nombre de documents bizarres
ceux qu'aux heures troubles on re-
trouve toujours dans certaines officines
louches;
Plus bas, l'on donnera quelques dé-
tails sur l'un de ces documents, auquel
a collaboré un député s'intitulant répu-
blicain libéral, et qui pousse.le -libéra-
lisme de ses opinions républicaines jus-
qu'à rédiger le texte d'une proclamation
à l'armée, pour le lendemain du jour où
un gouvernement provisoire aura rem-
placé le gouvernement légal du pays.
Naturellement, aussi, on a saisi les lis-
tes inévitables des futurs ministres ou
des futurs fonctionnaires qu'il convien-
drait d'installer, une fois le coup réussi,
ainsi que toute la littérature niaise de
conjuration où se complaît une partie
de l'opposition.
Tout ceci ne mériterait, malgré tout,
qu'un haussament d'épaules un peu mé-
prisant, s'il n'y avait une corrélation
étrange entre les projets de certains per-
quisitionnés est les scènes sanglantes,
dont plusieurs départements français
viennent d'être les témoins. Il appartien-
dra à la justice de déterminer s'il y a eu
simplement coïncidence entre la con-
ception de ceux qui assommaient les sol-
dats sur la place publique et la c'oncep-
lion de ceux. qui rédigeaient des appels .1
de coups d'Etat à ces mêmes soldats, ou
bien si, comme on l'affirme de manière
catégorique dans certains milieux offi-
ciels, il n'y aurait pas eu connivence.
S'il était établi qu'un parti quelcon-
que, pour la satisfaction de ses ra'nc.u-
nés politiques et de ses haines tradition- <
nelles, n'a pas hésité à encourager les I
actes dé guerre civile que l'on a vues,
ù provoquer les effusions- de sang qui se
sont produites et à amener ainsi la mort
d'un officier, il n'y aurait pas assez de
voix en France pour crier leur indigna· i
1
tion, ni assez de plumes pour réclamer
un châtiment exemplaire et rigoureux.
LE MATIN.
LES PERQUISITIONS
Quarante-cinq commissaires de police ont
été hier, à l'aube, exécuter quarante-
cinq mandats de justice, et saisir de
nombreux papiers.
Donc, dès l'aube, hier, quarante-cinq com-
missaires de police se répandaient dans la
capitale. M. Fabre, procureur de la Républi-
que, les avait convoqués chez lui la veille
et avait concerté leur mobilisation. Ils
étaient porteurs de mandats d'arrêt signés
de M. André, juge d'instruction au tribunal
de la Seine, sur commission rohàtoire du
juge d'instruction de Bêlhune. Ces mandats
avaient pour objet la recherche et la saisie
M. DE MANOEL &AUMAXE
Procureur acnéral à Douai
de, tous documents relatifs à l'action exer-
cée sur les grèves et troubles récents du
Nord et du Pas-de-Calais .»."
Par les rues- endormies, quarante-cinq
fiacres conduisirent donc, les quarante-cinq
commissaires leurs destinations diverses.
Les uns devaient perquisitionner chez des
anarchistes, d'autres chez les membres ac-
tifs de la Confédération générale du travail.
D'autres avaient besogne, plus mondaine
ils se .rendaient chez des royalistes, des bo-
napartistes, des abbés et des généraux.
NI DURAND DE BEAUR EGARD
La Sûreté générale considère le comte Du-
rand de Beauregard, comme l'un des plus zé- d
lés organisateurs de la résistance aux inven- r
taires dans les églises de Paris. M. Durand I
de Beauregard est de plus l'un des chefs du n
parti impérialiste.
Il n'est point il Paris actuellement, villé- d
giaturant il Nice.
Seule la comtesse se trouvait 56, boulevard ti
Haussmann. A cette heure matinale elle q
était encore au lit. Comme elle avait donné o
l'ordre «qu'on ne la fit parler à personne, ce s
fut un des proches de M. Durand de Beaure»
gird qui accompagna le magistral Quel-
quels documents furent saisis.
Pendant ce temps, on perquisitionnait
avec un résultat négatif, rue Tardieu, chez.
M. Paron, secrétaire du comte.
M. Durand de Beauregard est un de ceux
sur lesquels pèsent les charges les plus gra-
ves. ,0a invoque notamment contre lui, et
pour justifier du désir où il était de renver-
sa le gouvernement, une pièce entièrement
écrite de sa main et qui porte cette mention
« Projet discuté avec de Rouvre pour le cas
d\in coup à (aire. n On sait que M. de Rou-
vre est un député modéré de la Haute-Marne.
Entre autres dispositions de ce.« projet »,
signalons celle-ci, dont nous pouvons affir-
mer la littéralité
« Viendrait ensuite une proclamation à
larmée.
En même temps, une loyale proclama-
lion, composée à l'Imprimerie nationale pen-
dant la nuit du. serait aussitôt affichée sw
tous les murs de Paris
PROCLAMATION
DU PRÉSIDENT DU GOUVERNEMENT PROVISOIRB
APPEL AU PEUPLE
Français
On voit que les perquisitions opérées chez
M. Durand de Beauregard étaient suffisam-
ment motivées.
A LA BAROUE MALLET
-M. Lacambre, commissaire de police du
.contrôle, a perquisitionné dans la matinée
chez MM. Mallet frères, banquiers, 37, rue
d'Anjou.
Comme nous nous présentions dans l'a-
près-midi pour une demande de renseigne-
ments complémentaires, l'un des directeurs
nous a fait les déclarations suivantes
Il est exact qu'on se soit présenté ce
matin à notre maison de banque pour y per-
quisitionner. Tout s'est passé, du reste, le
'mieux et le plus rapidement du monde et
sans soulever le moindre incident. Je rends
hommage à la parfaite courtoisie dont ont
fait preuve, au cours de leur mission déli-
cate, les agents de l'autorité. Après de sé-
rieuses recherches, ceux-ci se sont du reste
retirés purement et simplement, sans opé-
rer aucune saisie ni dresser le moindre
procès-verbal. Ceci se passe de commentai-
res et j'avoue, pour ma part, n'avoir rien à
y ajouter.
A lA CONFÉDÉRATION DU TRAVAIL
Des perquisitions ont été opérées égale-
ment chez MM. Griffuelhes, secrétaire de la
Confédération générale du travail, rue Ra-
mus Lévy, trésorier de la confédération,
rue d'Angoulême, et Merheim, mombré de
la confédération, rue Frédérick-Lemaltre.
Ces perquisitions- n'eurent et ne pouvaient
avoir aucun résultat. On se rappelle, en ef-
fet, qu'il y a quelques jours, au -cours d'une
entrevue qu'ils eurent avec M. Clemenceau,
les perquisitionnes avaient pris le soin de
déclarer au ministre de l'intérieur que tous
leurs documente -étaient en lieu sûr. Aussi,
hier matin, quand ils virent les- magistrats.
entrer chez eux, les confédérés furent, a,u
premier moment, convaincus qu'on venait
les arrêter. Lorsqu'on leur expliqua qu'il
ne s'agissait que cTune simple perquisition,
ils sourirent mais, lorsqu'on leur apprit
qu ils étaient mêlés à un complot, ils rjrent.
De la meilleure grâce du monde, ils se prê-
tèrent aux perquisitions. Chez M. Griffuel.
hes, on ne trouva rien rien chez M. Lévy,
bien qu'on ait pris soin de fouiller même ses
poches, et, chez M. Merheim, rien non plus.
Ce dernier, qui, on se le rappelle, fït la
semaine dernière plusieurs conférences dans
les environs de Denain, juge ainsi l'opéra-
tion pratiquée chez lui
Le premier étonnement passé, dit-il, ;e
me suis aperçu bien vite que la perquisition
opérée chez moi était une blague, une fu-
misterie. Je ne me vois pas bien conspirant
avec des cléricaux et des royalistes. Si c'est
le seul moyen que le gouvernement a trouvé
pour enrayer notre action, il s'est grossière-
ment trompé il a seulement réussi à prou-
ver que nous existions et qu'il fallait comp-*
ter avec nous. C'est déjà un résultat,
Il lui sera plus difficile de trouver parmi
nous 1 élément d'un complot. »
Sitôt que la perquisition opérée chez lui
fut terminée, M. Griffuelhes se rendit en
toute hâte au siège de la Confédération gé-
nérale du travail, 33, rue Grange-aux-Belles
Une quinzaine d'agents, à la tête desquels se-
trouvait M. Durand, commissaire de police
du dixième arrondissement, l'attendaient de.
vant la porte. Tous grelottaient littéralement.
Depuis deux heures, ils montaient la fac-
tion. En vain avaient-ils demandé la con-
cierge, farouche syndicaliste, de leur faire un
peu de feu. Celle-ci s'y était énergiquement
M. Griffuelhes déclara tout d'abord au ma-
gistrat qu'il pouvait, si bon lui semblait,
s'opposer à la perquisition, l'immeuble ayant
été loué à son nom et non à celui de la Con-
fédération générale du travail, mais a.jouta-t-
il, qu'à cela ne tienne.
Si vous vous engagez à ne po'nt em-
porter les livres de comptabilité générale,
qui sont déposés en lieu sûr, je les enverrai
chercher et les mettrai à votre disposition.
M. Durand se refusa à prendre cet engage
ment.
Alors, en compagnie de M. Griffuelhes
les agents, sur la demande de celui-ci, ayant
été renvoyés, le magistrat parcourut les lo-
caux de la confédération et examina les car-
nets à souche, les différents brouillards, et
plus attentivement la liste des versements
opérés pour les grèves du Nord.
M. Durand clôtura ses opérations par une
visité aux bureaux du journal La Voix dit
Peuple, organe de, la Confédération gêné.
rale du travail, sis au rez-de-chaussée de
l'immeuble.
Et il se retira sans avoir emporté aucun
document. La perquisition avait duré une
heure et demie.
Lorsqu'à deux heures de l'après-midi, nous
arrivons à la Confédération générale du tra-
vail, la joie y règne en souveraine maîtresse.
C'est immensément rigolo, dit M. Grif-
fuèlhes.
C'est fou, s'écrie M. Pouget, un tantinet
chagrin, que l'on ait oublié de perquisition-
ner chez lui.
C'est idiot, s'exclame M. Lévy.
Arrive M. Mecheim. Un conciliabule a lieu
entre les quatre hommes. A travers la lé-
gère cloison qui nous sépare, on entend de
grands éclats de rira
E. M. Griffuelhes, que nous voyons quel-
ques moments plus tard, nous fait la dé-
claration suivante
On se'croirait en Russie. L'arbitraire
déborde de tous côtés, Sous tous les gouver-
nements, qu'ils comprennent Clemenceau,
Briand bu Méline, les procédés sont les mô-
mes.
» Les perquisitions simultanées à la Confé-
dération générale du travail, 'au journal La
Croix; et chez différentes personnalités na-
tionalistee, n'avaient qu'un but, faire croire
que l'argent dont nous disposons avait une
origine réactionnaire, ce qui aurait pour con-
séquence de détourner de nous les ouvriers.
Il De la part d'un gouvernement étiqueté ré-
publicain avancé, cette tactique est plutôt
bizarre.
» Rien n'explique cette manœuvre, parce
que le parquet de Béthune n'a pu et ne pou-
vait trouver dans son enquête, le moindre
élément, la moindre présomption tendant
démontrer qu'il y a apparence d'accord en-
tre les militants de la C. G. T. et une per.
sonnalité réactionnaire quelconque.
» Nous rappelons une fois de plus que la
date du 1'" mai 1906 fut choisie en septem-
bre 1904, par le congrès des syndicats. Nous
avons poursuivi notre besogne comme l'a-
vait définie le congrès. Le gouvernement
voudrait voir dans ces faits une preuve de
complicité avec les partis réactionnaires.
Qu'il le prouve. »
En même temps que l'on perquisitionnait
chez les membres de la Confédération gêné-
rale du travail, M. Hamard, chef de la Sû-
reté, opérait chez M. Monatte, arrêté il y a
quelques jours à Béthune.
Des documents importants auraient, pa-
ralt-il, été saisis.
AUX BUREAUX DE LA « CROIX
Cinq heures- et demie du matin, rue
Bayard, une bise aiguë souffle. Trois fiacres
s'arrêtent devant le numéro 5 où sont instal-
lés les bureaux et la rédaction de la Croix
et du Pèlerin. Douze hommes en descendent.
Ce sont M. Blot, sous-chef de la Sûreté,
son' secrétaire, M. Murât, et des inspecteurs
de leur service. Le magistrat sonne- a la
porte du local de la Bonne Presse.
Un, concierge étonné, encore tout endormi,
ouvré la porte. Le magistrat lui explique
•qu'à vient procéder à une perquisition.
Mais, aucun de ces messieurs n'est là
proteste le portier.
Le directeur, M. Féron-Vraus, étant çb-
LES BUREAUX' DU journal « La Choix Il
sent due Pans, M. Blot envoie chercher le ré-
dacteur en chef, M.. Bouvattier et le secré-
taire de la rédaction, NI. Strouss.
En foute hâte, ces messieurs' se rendent
à la. convocation du commissaire de police.
Immédiatement, celui-ci leur exhibe le man-
dat dont il est porteur, lui prescrivant, « en
vertu d'une commission rogatoire du tribu-
nal de Béthune, de rechercher et de saisir
tous documents relatifs à l'action exercée
sur les grèves et les troubles récents du
Nord et du Pas-de-Calais ».
M. Bouvattier protesta contre ci l'envahis-
sement de, 'ses bureaux, par la police )i.
C'est la seconde fois, dit-il, que,' depuis
trois ans, nous sommes victimes d'une sem-
blable violation de domicile. Vous perquisi-
tionnez sans cause et sans commencement
de preuve d'un délit quelconque
Et M. Bouvattier; d'un ton indigné; rap-
pelle que, dans un cas semblable, le 11 avril
9013,. alors qu'il s'agissait de rechercher quels
étaient les collaborateurs de la Croix, il a
saisi le syndicat de la presse parisienne.
Quel fut le résultat de cette protesta-
tion ? questionne M. Blot.
Je rafraîchis vos souvenirs, voilà tout,
fait M. Bouvattier. 1
Le résultat est qu'une nouvelle perqui-
sition va être pratiquée chea .vous 1
A cette répartie, M. Bouvattier bandit
Y aurait-il, dans vos paroles, une iro-
nie, un dénigrement, ou une critique quel-
conque à l'égard du syndicat de la presse pa-
risienne ? Je ne tolérerais rien de semblable.
M. Blot répond que toute pensée d'ronie,
de' dénigrement ou de critique est éloignée
de son esprit,
Sous la réserve do ma protestation la
plus indignée, perquisitionnez, monsieur, dé-
ètare M. Tîouvattier.
L'opération commence alors. Dans les
salles de rédaction, on ouvre tous les ti-
roirs, toutes les armoires. M. Blot examine
une quantité considérable de paperasses. Il
n'y trouve rien de particulièrement intéres-
sant.
Puis on passe aux bureaux de l'adminis-
tration, sans résultat plus appréciable. Sur
ces entrefaites arrive le courrier du matin
M." Blot en prend connaissance, puis exa-
mine les registres de comptabilité.
Le sous-chef de la Sûreté se borne à noter
qu'il y. relevait la mention d'une somme
de 25,000 francs, produit d'une souscrip-
tion en. faveur des victimes de Courrières.
Et c'est tout.
jComme il n'était point rédigé de procès-
verbal de l'opération, NI. Bouvattier, de nou-
veau très monté, protesta contre cette n il.
légalité n. NI. Blot répliqua qu'il n'était pas
nécessaire de dresser un procès-verbal,
puisqu'il ne saisissait rien.
A sept heures moins quelques minutes les
policiers se retirèrent, non sans que M. Bou-
vattier leur eût déclaré qu'il allait de nou-
veau saisir le syndicat de. la presse
CHEZ L'ABBÉ TOURMENTIN
L'abbé Tourmentin est le secrétaire géné-
ral de l'Association antimaçonnique, que
préside l'amiral de Cuverville; sénateur du
Finistère. M. Soulières, commissaire de po-
licé; se présenta-à cinq heures du matin' aux
bureaux de cette association, situés rue de
Grenelle. L'abbé n'y était pas, ainsi que cela
est assez naturel. Un agent de la Sûreté s'en
fut le réveiller chez lui, rue Las-Cases. Il ac-
courut. M. Soulières lui donna connaissance
do son mandat.
1 Vous resterez dans les limites, lui dit
l'abbé, de la commission rogatoire ?
Sans, doute, répondit le commissaire.
Vous ne venez chercher que des docu- i
ments relatifs aux émeutes du Nord ?
Oui. j
Alors, faites,
Et le commissaire perquisitionna. Il sai- 1
3it des papiers divers, et, assure-t-on, des 1
manières de fiches concernant les officiers 1
républicaines et les prêtres tièdes. Puis il re· 1
fusa d'entrer dans un 'petIt cabinet que lui
ouvrit l'abbé, tout heureux de la bonne farce.
Sur.les murs tendus de noir sont fixés des
tibias en croix. L'âbbé Tourmentin, lequel
a un beau nom d'inquisiteur, appelle ceci le
Il cabinet des méditations
Cet abbé, en dehors du secrétariat de l'As,
sociation antimaçonnique, tient une sorte
d'officine électorale, où se préparent les can-
didatures bien pensantes. Il est en rapports
étroit; avec M. Piou, président de l'Action
libérale.
On a perquisitionné aussi aux bureaux de
l'Action libérale, rue Las-Cases.
AUX LIGUES ANTIMAÇONHIQUES
Il y a l'Association antimaçonnique, que
dirigent l'amiral de Cuverville et l'abbé
Tourmentin: Mais il y a aussi les n Ligues
antimaçonnique française et de Jeanne
d'Arc n, que fonda récemment le comman-
dant Driant; gendre du général Boulanger,
camdidat nationaliste en Seine-et-Oise. Elles
ont leur siège 46, rue de la Victoire. M.
Egarteler, commissaire de- poliee, s'y pré-
senta hier matin. Le comptable, qui habite
dans la maison, courut prévenir le eomman-
dant Driant, en présence de qui eut.lieu la
perquisition. Le commissaire saisit une cer.
taine quantité de documents, lettres et pros-
pectus.
CNEZ LE GÉNÉRAL BARON DE TARADfL
Il n'était pas encore cinq heures du matin
lorsque le commissaire de police 'se pré-
senta chez le général baron de Taradel. Ce-
lui-ci étant dbsenti. le concierge, formelle:
ment, se.réfusa- laisser pénétrer le magis-
tràt dans l'appartement. Devant cette àttir
tude, le commissaire consentit à se retirer
en faisant toutes réserves de droit. Pour
s'excuser, le concierge prétend que, malgré
la. présentation de. l'écharpe tricolore, il a
cru avoir devant lui un faux commissaire.
La perquisition 'a donc pas eu' lieu hier
UNE LETTRE
12, avenue Bugeaud, a cinq heures et de-
mie du matin, un commissaire de police
accompagné de plusieurs inspecteurs de la
Sûreté sonnait à la porte de l'immeuble ha-
bité par M. Xavier Feuillant, ancien com-
mandant de la garde impériale.
Au vu de l'écharpe tricolore, le concierge
ne fit aucune difficulté pour conduire les re-
présentants de l'autorité jusqu'à l'apparte-
ment de M. Feuillant. Celui-ci vint lui-même
ouvrir la porte. Après avoir pris connais-
sance du mandat de perquisition qui le vi-
sait, il ouvrit aussitôt toutes grandes ses
portes.
Le commissaire s'attacha surtout il. exa.
miner les papiers trouvés dans le bureau.
Parmi ceux-ci, une lettre' ainsi conçue' at-
tira son attention
Cher ami,
Je crois qqe j'ai trouvé. la forte somme pour
notre affaire. Tout va bien.
M. Feuillant expliqua que cette lettre lui
avait été" adressée par >Ie président d'un co-
mité qui faisait' une souscription dans le
but d'élever une statue à un homme de let-
tres. ̃
La perquisition s'est terminée a' six heu-
res et demie, après examen de nombreuses)
liasses de papiers.
TRDIS VISITES
u lui ueo mmiuraa uu prince t-oms rsona-
parte, M. Thouvenel, 45, rue de Pommereu,
vit une heure durant le commissaire de po-
lice de son quartier fouiller dans sea .tiroirs
et'lire sa correspondance.
M. Thouvenel se déclara fort surpris de
cette opération judiciaire, que rien, affirme-
t-il, ne pouvait lui faire prévoir
M. Bacconnier, qui est président de l'A-
vant-garde royaliste, habite 12, rue du Clol-
tre-Notre-Dame. M. Fouquet, commissaire
de police, lui a rendu à l'aube une visite, qui
ne dura pas moins de deux heures. Le ma-
gistrat ne saisit aucun des nombreux pa-
piers qu'il examina.
Le secrétaire du même groupe, M.Leniero,
à Saint-Mandé, fut également parmi les per-
quisitionnés.
Le comte de Larègle, avocat à la cour d'ap-
pel. habite .7, rue Bocendor. Il est candidat
aux prochaines élections et se présente à
Saint-Denis, comme, catholique antimaçonni-
que, contre M. Waltor, socialiste révolution-
naire, et Quirvtainne, radical socialiste.
Pour mener sa campagne, M. de Larôgle
s'est fixé à Saint-Denis; e est ce qui explique
qu'il ne se trouvait pas chez lui lorsque, vers
six heures du matin, on est venu perquisi-
tionner il son domicile.
Le commissaire de police a été reçu par
Mme de Larègle, qui lui ouvrit les portes.
De nombreux papiers ont été inventoriés et
plusieurs liasses saisies. Celles-ci ont été
aussitôt envoyées au parquet.
L'opération a duré un peu plus d'une
heure.
CHEZ LE DOCTEUR LE FUR
Accompagné de son secrétaire, M. Bros,
M. D'Homme, commissaire de police du 1
quartier des Arts-et-Métiers, se présentait à
cinq heures du matin, 103, rue de la Bôétie,
où habite le docteur Le Fur, président de
n L'Entente nationale n.
Après avoir exhibé le mandat dont il était
porteur, le magistrat procéda, en présence c
de M. Le Fur, à une minutieuse perquisition j ]
qui n'amena la découverte que de brochures 1
et de lettres n'ayant pas un bien grand in- 1
térêt. j
Lorsque cette première opération fut ter
minée, M. D'Homme emmena M. Le Fur rue r
de Vaugirard, où se trouve le siège social de
la société « LEntente nationale », où eut lion r
une nouvelle perquisition, qui neadonna paix r
beaucoup plus de résultats que la première.
Le magistrat s'est alors retiré en emportant j
les papiers saisis, qui ont été mis sous scel- r
lés et envoyés au parquet, la dispositions t
de M. André, juge d'instruction.
CHEZ fS. MORO'GUFFERRI
A la première heure, un commissaire de
police s'est présenté 72, rue du Cherche- t:
Midi, au domicile de M. Moro-Giafferri, avo- ?
cat à la cour d'appel, secrétaire général des v
comités plébiscitaires. g
Une perquisition minutieuse a été opérée, d
De résultats, point n
M. Moro-Giafferri s'est rendu dans l'a-
près-midi au cabinet de M" Chenu, bâton.
nier de l'ordre des avocats il a déposé une
plainte en violation de son cabinet et de ses
papiers d'affaires. c.
Il a fait une démarche analogue auprès de H
M. Fabre, procureur de la République. jf
M, HERRI BIBERT rr
M. Bleynie, commissaire aux délégations si
judiciaires, a été chargé de se rendre à An- b.
tony, chez M. Henri Bibert, rédacteur un T
journal d'opposition. bi
Avec certaines personnalités bonapartis- B
tes et légitimistes, M. Bibert fonda « le Bloc B
patriote Il fut l'un des membres les plus ,l'i
turbulents du Comité de vigilance pour ci
la défense des églises et de ta banlieue »4 D
On n'a trouvé chéz M. Bibert que de pilet
de brochures dont il est l'auteur
M. Maria, 19, rue de Naples, est un taH-
leur militaire retiré des affairés. Aux demie-
res élections législatives, ses amis songe-
rent, paralt-il, à opposer dans le deuxième
arrondissement. éa candidature à celle de
Syveton..
M. Maria dormait du sommeil du juste su-
près de son épouse, quand il cinq heures dit
matin, un violent coup de sonnette le ré-
veilla. Il s'en fut ouvrir et se trouva en pré-
sence de cinq messieurs. L'un d'eux était
le commissaire,de police. Le magistrat ayant
exhibé son mandat, pénétra dans l'apparte-
.ment. Cela ne l'avança guère, ear il ne trou-
va rien,
UN MILLIONNAIRE ANARCHISTE
Depuis Vaillant, qui.y habitait lors de sôfl
attentat à la Chambre des députés, Choisy.
le-Roi a vu bien des anarchistes. Aucun, as-
surément, ne fut d'une espèce plus rare que
M. Alfred Fromentin, chez qui 16 Sûreté a
perquisitionné hier matin.
M._ Fromentin est, 'en effet, millionnaire'-
plusieurs fois même, assur.e-t-on.
M. Fromentin n'a pas encore été jusqu'4
a éparpiller la totalité de ses millions pour
1 abolition du paupérisme, mais il en sacri-
fie journellement à eet usage d'appréciables
parcelles. Cet homme est, avant tout, un
philanthrope, un' «humanitaire », et il use
d une propagande par le fait » bien propre
à lui recruter des adeptes. Cette propagande
consiste à recueillir à accueillir plutôt,
car la. charité est bannie de la société. anar-
chiste tous ceux qui n'ont pu trouver à
vivre dans la société actuelle.
Le riche M. Fromentin a acheté, il y et
quelques années, une étendue considérable
de terrain, derrière le parc de Choisy. Il y
a fait élever de nombreux et coquets pavil-
Ions, il, un, deux, trois étages. Il en garde
un pour lui. Quant à ce qui 'est de ses au-
très propriétés, il les vend ou les loue
mais le plus souvent dans des conditions
fort avantageuses pour le preneur.
Il ne se montre guère intransigeant -qua
sur la question des noms de « ses » rues.
Celle où il habite a été «baptisée » par
lui rue des Frères-Reclus. Une autre, rue
Babœuf Une nuit de :l'an dernier, il fit rem.
placer, sur une. plaque indicatrice, l'inscrip-
tion « rue>Gambettao) par, cette'autre, plus
révolutionnaire, « rue Jules-Vallès ».
L'un des deux pavillons' qu'il a conservés
pour lui s'appelle « villa Louise-Michel »,
1 outre «Le Nid rouge Ce « Nid rouge »
est un nid coquet où s'abrite, parmi d'é-
normes massifs de lilas, une gracieuse fa-
mille qui est celle de l'humanitaire une
femme encore jeune et jolie, d'avec laquelle
il a divorcé, pour qu'il n'y ait entre eux au-
cune chaîne, sinon d'affection, et quatre
bambins, dont une ravissante fillette de neuf
ans. Ce petit monde est déjà ùltrà-libertai.re.
D ailleurs, dans la maisonnée, tous, depuis
le maître, qui n'en est pas'un, jusqu'à Sil-
vain Bongdour, son homme de confiance,
ami et jardinier, jusqu'au compagnon
qui promène les chiens, vivent dans l'indé-
pendance la plus compote..
Les tonneaux de la cave ont été, hier ma-
-tin, 1 objet de.particulières auscultations de
la part des policiers chargés de la perquisi-
tion. r
(Phot. ̃ i
Juge d'instruction
On craignait, nous dit Bongdour, qu'ils
ne renfermassent de la poudre ou 'des bal-
les. Après avoir constaté qu'il n'y avait rien
de suspect dans ma cambuse, ces messieurs,
un commissaire de* police' et cinq. agents,
sont remontés, dans les appartement. AI.
fred leur a ouvert tous ses meubles, sauf le
coffre-fort, dont la clef a été perdue. « Il n'y
a rien dedans, leur a-t-il déclaré mais, si
vous ne voulez pas me croire sur parole, dé-
foncez-le ou emportez-le pour vous en con-
vaincre 1 Les policiers n'insistèrent pas et
se retirèrent en s'excusant fort civilement.
Ils n avaient tout de même rien trouvé chez
nous qui fût de nature à justifier une visita
domiciliaire à une heure aussi matinale. •
A LA fEDERATION OfS JAUNES
Sur mandat de perquisition et de saisi»
signé de M/ juge' d'instruction, M.
Beaurain, commissaire de police, s'est rendu
hier matin, à cinq heures; au siège de la
F'édération des jaunes de France, 9, rue
Joubert.
Les opérations ont duré jusqu'à neuf heu-
res. Les livres de comptes du journal Le
faune, des copies de lettres et diverses cour-
respondances ont été saisis et envoyés au
parquet.
Le magistrat s'est ensuite transporté chez
M. Czulowski, secrétaire de la fédération,
•ue Lamarck. La perquisition, le, ne semble
pas avoir donné de résultat.
A.la suite de cette double opération, M.
^zulowski nous a remis la protestation sui-
vante ».
Le secrétaire général de là ,Fédération na-
tonale des jaunes de France tient» protester
:ontre les agissements du gouvernement, qui
issaie de mêler les jaunes il. des troubles ré:
rolutionnairee, alors Que la Fédération a or-
laniaé dans le pays des syndicats ouvriers
lestinés à combattre les menées révolution
iaires,
Signe F. Czulovski.
AUTRES PERQUISITIONS
D'autres perquisitions ont eu lieu encore
:hez le généraJ Massing, 12, avenue Fried-
and chez le Père Janvier. qui prêcha le V-
lernier carême à Notre-Dame et qui fut l'ob-
et de poursuites à propos d'un de ses ser-
nons chez le baron de Vaux, dans le fort
i merveilleusement truqué dont nous avons
ignalé l'existence, rue Gabrielle chez la
iaron Lepic, avenue Van-Dyck chez MM
'isserand, Soubrié, Bordes, Lobien, Tricot,
bonapartistes peu notoiras chez M. Faure-
iiguet, directeur du Petit Caporal chez M.
lardin, rue du Gaz, commissaire général de
Union catholique capitaine Vacquier, se-
rétaire du Comité de l appel au peuple M,
>anads, avocat à la cour M. Bard, préeS»
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