Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1881-02-03
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 03 février 1881 03 février 1881
Description : 1881/02/03 (Numéro 34). 1881/02/03 (Numéro 34).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : La Commune de Paris Collection numérique : La Commune de Paris
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k277731k
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
Le Numéro 15 cent. à Paris, 20 cent, dans les Départements.
Jeudi 3 Février 1881.
27* Année. 3e Série. Numéro 34.
FRANCIS MAGNARD
Rédacteur en chef
A. PÉRI VI ER
Secrétaire de la Rédaction
RÉDACTION ̃̃'>r^TTr>
De midi, à minuit, rue Drouot, 26 /^$^t
y,
Lu manuscrits ne sont pas rendus I 7; I ) r1 ,1
L~ 1,
• BUREAUX x
é6, rue Drouotj 26 ^wi\\N
$8, rne Drouot; 88. tl,}~1`t
H. DE VILLEMESSANT
o. Fondateur
FERNAND DE RODAYS t T
Administrateur
ABONNEMENTS
Départements Trois mois f 9 fr. 5 0
Paris Trois mois | 6 fr. fr..
ANNONCES ET RÉCLAMES
DOIXINOEN FILS, SEOUY ET C1', PASSAGE DES rftlNOS
ET A L'AdmiNISIBATIOK 1
SOMMAIRE
Fioaho A NAPLES :A. Périvier.: ̃'̃̃̃
Echos DE PARIS Le Masque de Fer.
CARNET D'UN MONDAIN Etincelle.
Jules Jacquemart Albert WolfT.
Affaires DE GRÈCE Ernest Daudet.
Covlisses ÇaiIlementaires Baron Grimm.
PANS AU Jour LE Jour Adolphe Racot.
LA Presse étrangère A. R.
Nouvelles DivERSES: Jean de Paris.
GAZETTE DES TRIBUNAUX Albert Bataille.
TÉLÉGRAMMES ET Correspondances Argus.
LA BOURSE La Banque Parisienne.
COURRIER DES THEATRES Jules Prével.
LASOIREETHEATRALE: Un Monsieur de l'Orchestre.
SPORT Robert Milton.
FAITS PARIS ET AVIS UTILES.
FEUILLETON LES CRIMES D'UN Ange René de
Pont-Jest.
FIGARO A NAPLES
L'ESCRIME NAPOLITAINE
Naples, 31 janvier.
On n'a pas oublié les discussions pas-
sionnées auxquelles donna lieu, dans le
irronde de l'escrime, l'apparition quasi-
fantastique du baron de San Malato, sur-
gissant comme d'une trappe du fond de
l'Italie et venant sombrer d'une façon si
imprévue lorsque, dans un assaut désor-
mais célèbre, le Éigaro le mit en pré-
sence de Mérignac.
Cet incident a causé dans toute l'Italie
et particulièrement à Naples une émotion
incroyable. Professeurs, maîtres d'ar-
mes, amateurs, s'agitent avec la vivacité
de cette race méridionale et demandent
à grands cris qu'on ne confonde point,
comme on l'a fait, la cause de l'escrime
italienne avec celle du baron de San-
Malato personnellement. Pour se faire
une idée de l'émotion des esprits, il faut
voir de près ces Napolitains amoureux
de sport, habiles aux exercices du corps,
très chatouilleux sur tout ce qui touche
à leur vanité, et justement fiers de la
vieille réputation de leur école, illustre
depuis plus d'un siècle.
Le Figaro a été mêlé trop directement
à la ques' :on San Malato-Mérignac, pour
que je ne me crusse pas obligé de la
suivre sur un terrain aussi intéressant
que celui de Naples. De tous côtés on
m'a facilité cette étude avec une cour-
toisie exquise et une parfaite loyauté.
Mon ami et compagnon de voyage, le
comte Lepic, peut en témoigner, car il a
bien voulu négliger pendant quelques
jours ses travaux artistiques pour m'as-
sister dans cette curieuse enquête.
Tout d'abord, je dois dire que le baron
de San Malato n'a aucun titre pour re-
présenter l'école italienne, et encore
moins l'école napolitaine. Je ne sais s'il
a jamais tiré dans son pays d'origine, la
Sicile, mais à coup sûr, il n'a jamais
touché un fleuret dans une salle d'armes
napolitaine, il ne s'est jamais mesuré avec
aucun des amateurs de cette ville, ni
avec le baron de San Giuseppe, ni avec
Henri Casella, ni avec le baron Anzani;
il n'a jamais fait le moindre assaut avec
aucun maître d'armes napolitain, pas
plus avec le marquis del Tuffo qu'avec
aucun membre de la famille des Parise,
où l'enseignement de l'escrime se pour-
suit de père en fils, depuis plus de cin-
quante ans.
Comme l'a raconté mon collaborateur
etami, Montjoyeux, la jeunesse du baron
deSan Malato fut parsemée de duels et
d'aventures, après lesquels sa fortune se
trouva un beau jour fondue comme une
boule de neige au soleil. Il vint à Flo-
rence, pour y gagner honorablement sa
vie, en professant l'escrime. Sans aucun
doute, avec ses qualités natives, son
énergie féroce, sa volonté de fer, sa per-
sévérance inouïe, il eût pu devenir un
tireur de premier ordre, s'il avait voulu
suivre les règles de, l'école classique. Au
Heu de cela, il se livra à la fougue deson
imagination, il rêva une école nouvelle
dont il serait le fondateur, il créa, dans
son esprit ardent et chercheur, tout un
roman de formules nouvelles qui pou-
vaient être fort ingénieuses, mais qu'il
avait le tort d'appliquer à une arme qui
ne les comporte pas. Il alla môme, dans
sa fantaisie créatrice, jusqu'à donnerdes
noms à certains coups de son invention.
C'est ainsi que nous avons de lui la pa-
rade de la pendule, ainsi nommée à
cause de la position de son épée et du
mouvement d'oscillation qu'il lui im-
prime; on m'a également cité la pa-
rade de Turillo, et d'autres appella-
tions non moins bizarres.
En venant à Paris, le baron de San
Malato s'attendait sans doute à nous sur-
prendre par l'originalité de son jeu. Mé-
rignac en a démontré le peu de solidité;
mais le seul battu en cette affaire, a été
le baron sicilien, et non l'école italienne,
qu'il ne représentait ni par son mérite
personnel, ni par la nature de son jeu,
ni par une délégation spéciale.
H importait defaire cette constatation.
Elle dégage l'école italienne., qui se
croyait, à tort, compromise par l'échec
de San Malato, et elle ne diminue en
rien le mérite de "Mérignac, dont la ré-
putation en Italie est aussi solidement
établie qu'à Paris, et que les Napolitains
considèrent respectueusement comme
un maître hors ligne.
•'̃ ̃ .'•
Ce point réglé, il en est un autre plus
intéressant, celui de savoir où en est au-
jourd'hui l'école italienne et si elle est à
la hauteur de son ancienne réputation.
L'éoole italienne se divise en deux
grandes sections, l'école napolitaine et
l'école mixte.
L'école mixte existe surtout dans l'ar-
mée. Henrichëïti, son fondateur, a formé
quelques élèves dispersés dans les régi*
ments.
L'un des plus connus, et. dit-on, l'un
des meilleurs, est Masisîîo, le maître de
l'Académie de Turin.
» L'école mixte s'est un peu inspirée de
notre jeu français. Elle a admis les cou-
pés et quelques parades de notre façon.
Le tireur de cette école tient le fleuret
libre dans sa main, au lieu de l'attacher
solidement, au moyen d'une bande de
drap, à la manière napolitaine,
Cette école est donc une espèce de
compromis eutre l'école napolitaine et
l'école française.
Mais j'ai hâte d'arriver à l'école napo-
litaine, la plus sérieuse et la plus inté-
ressante. 1
Son arme est l'ancienne épée de com-
bat; elle lui vient des Espagnols, dont la
domination sur Naples dura longtemps,
comme on sait.
Son jeu est tout entier basé au point
de vue du terrain, et la raison en est bien
simple on se* bat sur le terrain avec
l'arme même qui sert dans la salle d'ar-
mes la seule différence est que l'épée
est mouchetée dans la salle et démou-
chetée sur le terrain.
En France, au contraire, il y a une no-
table différence entre le fleuret avec le-
quel on étudie et l'épée avec laquelle on
se bat.
Il en résulte qu'à force égale,, un
tireur napolitain est plus souvent dan-
gereux, sur le terrain, qu'un tireur fran-
çais.
Autre différence à marquer le jeu
napolitain tient toujours l'épée en ligne,
droit au corps, et le bras reste toujours
tendu, tandis que chez nous, l'avant-
bras est presque toujours légèrement re-
plié. Ces différences sont imposées par
la nature des armes employées. Quant
au reste, le jeu napolitain n'est pas aussi
compliqué qu'on se l'imagine générale*
ment en France. Il m'a paru, au con-
traire, dans les différents assauts aux-
quels j'ai eu l'honneur d'assister, très
simple et très. serré. L'impression qu'il
produit serait encore meilleure si l'on
parvenait à supprimer les appels du
pied, parfois trop bruyants, et surtout
les cris presque sauvages, très désa-
gréables à l'oreille. Cette coutume aga-
çante et inutile tend d'ailleurs à dispa-
raître de jour en jour. L'escrime napoli-
taine y -gagnera beaucoup au point de
vue du décorum.
La pure escrime napolitaine, dont les
règles ont été établies par Rossarôl, n'a
pas cessé d'être l'occupation favorite de
tout bon gentilhomme. Elle faisait partie
de l'éducation. Comme la race de ce pays
fournit des hommes lestes, nerveux et
agiles, les professeurs n'avaient point de
peine à former un grand nombre de ti-
reurs remarquables.
Un des plus célèbres de cette généra-
tion fut le général Bosco, qui vient de
mourir tout récemment, et qui a été très
répandu à Paris, il y a une vingtaine
d'années.
On imaginerait difficilement quelle
somme de fatigues persévérantes et de
labeur physique continu représente l'é-
ducàtion d'un bon tireur à Naples. C'est
ce qui faisait dire à un, Anglais, venu
pour prendre des leçons
J'aime mieux être tué une seule fois
que de me donner tous .'les jours un mal
pareil l
Il reste encore un représentant de cette
génération. C'est le marquis del Tuffo.
C'est lui qui a mis l'épée à la main de toute
la noblesse napolitaine depuis vingt-
cinq ans. Il est lui-même un bon gentil-
homme de racé qui n'a pas cru dégénérer
en enseignant l'escrime, après avoir
perdu sa fortune.
#*#
Après le marquis del Tuffo, il me faut
parler du plus jeuneprofesseurde Naples,
qui procède aussi de la pure école napo-
litaine, et qui tient ici, sans que je veuille
les comparer, une situation presque ana-
logue à celle des Vigeant et des Mérignac
à Paris. Il se nomme Masaniello Pa-
rise. J'engage les amateurs parisiens à
retenir ce nom, enattendant,-jele désire
du moins, qu'ils connaissent la per-
sonne, ce qui ne saura manquer un jour
ou l'autre.
Masaniello, > on le désigne générale-
ment par son petit nom, est un jeune
homme de vingt-huit ans, solidement
planté, de la taille et de l'allure même de
Mérignac, blond, l'air anglais, très ré-
servé et très modeste, mais laissant per-
cer sous cette enveloppe une extrême
énergie.
Tous les connaisseurs s'accordent à lui
prédire le plus brillant avenir. Je l'ai vu
avec un plaisir très vif, tirer avec des
amateurs qui sont eux-mêmes aussi forts
et aussi exercés que des professeurs. Son
jeu est d'une correction et d'une simpli-
cité parfaites; il ne se lasse pas aisé-
ment, et il possède une qualité assez rare e
chez ses compatriotes, un sang-froid re-
marquable, un empire sur lui-même
qualités qui sont de famille sans doute,
chez les Parise, car j'ai retouvé ce calme
étonnant, ou plutôt ce flegme, à un degré
encore supérieur, chez un autre profes-
seur, son oncle, je crois, Raffaële Parise.
Ici j'ouvre une parenthèse, pour ren-
dre à Masaniello Parise le léger service
de démentir une histoire ridicule, mise à
son compte, par un journal parisien, mal
informé. Ce journal a raconté que Ma-
saniello Parise ayant eu une querelle
avec San Malato, aurait-offert à ce der-
nier des excuses sur le terrain.
Excuses, ou explications, Fhistoire se-
rait à peu près vraie, à la condition de
l'appliquer non à Masaniello, qui n'a ja-
mais de sa vie eu le moindre rapport
avec San Malato, mais à ce maître de
l'Académie de Turin dont j'ai déjà parlé,
et qui se nomme Masiello.
Avec des professeurs aussi remarqua-
bles et aussi sympathiques que le mar-
quis del Tuffo et les Parise, il n'est pas
étonnant que l'escrime soit toujours flo-
rissante à Naples, et qu'on y trouve des
amateurs de premier ordre. Ils appar-
tiennent principalement sa Circolo di
Napoli, qui est, a^ 'l'Académie natio-
nale, le centre de l'escrime napolitaine
actuelle. I^s membres de ces deux So-
ciétés Qiit bien voulu me convier à deux
assiats fort intéressants; dont je garde-
rai' un précieux souvenir, et pour les-
quels je les prie de recevoir ici l'expres-
sion de ma reconnaissance, car j'ai trouvé
dans leur charmant accueil autant de
profit que de plaisir.
h' Académie nationale a pour prési-
dent le général" Milone, ministre de la
guerre.
Le Circolo de Napoli a à sa tête, deux
gentilshommes de grande famille, .le
prince Pignatelli et le prince de Marsi-
conuovo.
-2JI
J'ai eu la satisfaction de lier connais-
sance, dans ce club, avec les plus fines
lames de Naples, celles dont la valeur et
la réputation correspondent avec nos
Ferry d'Esclands, de l'Angle, Ezpeleta,
Alfbnso de Aldama, etc. Je ne citerai
que quejflues noms qui éveilleront cer-
tainement des souvenirs dans le monde
de l'escrime parisienne, où leur réputa-
tion est parvenue. Ce sont le baron de
San Giuseppe, gentilhomme sicilien,
député au Parlement, doué d'une très
grande finesse à l'attaque et à la riposte.
Il est fort estimé à Paris, où il a tiré avec
Vigeant et Mérignac Henri Casella,
très beau àvoir sous les armes avec son
justaucorps bleu marin, serré à la
taille par une ceinture à, large boucle
d'acier; une grande élégance, une par-
faite correction son assaut avec Masa-
niello Parise, à l'Académie nationale,
est un des plus réussis auxquels j'aie as-
sisté le baron Anzani, œil exercé,
dispositions naturelles très puissantes,
élasticité de corps incroyable je l'ai vu
esquiver, par un bond prodigieux en ar-
rière, tout en restant dans sa garde, un
coup qui lui arrivait droit au corps;
nous étions tous émerveillés de cette in-
croyable gymnastique.
Il me faudrait encore citer MM. Dus-
medt, Dattola, Micheli, James de Mar-
tino, si je ne craignais, dans un sujet,
aussi spécial, d'abuser de la patience de
mes lecteurs. Je terminerai par une anec-
déte assez curieuse qui m'a été contée à
propos du très aimable baron de San
Giuseppe.
Il s'agit de son premier duel.
Le baron de San Giuseppe est aujour-
d'hui un législateur sérieux et studieux,
mais cela ne l'empêche pas d'avoir eu,
dans sa première jeunesse, la tête près
du bonnet, comme on dit vulgairement.
Il avait dix-sept ans, quand il eut sa
première affaire. C'était avec un officier
de l'armée, nommé Basile.
L'arme choisie était l'épée. Basile était
d'une certaine force, et le jeune San-
Giuseppe passait également pour être
déjà redoutable.
La rencontre pouvait devenir fatale.
Le préfet de Naples voulut l'empêcher.
Il appela dans son cabinet le baron de
San Giuseppe et déploya vainement toute
son éloquence pour arranger l'affaire,
mais tout ce qu'il put obtenir de ce jeune
homme de dix-sept ans fut la réponse
suivante digne d'un capitan
Monsieur le Préfet, "je sais que mon
adversaire doit figurer dans un carrou-
sel à Florence, pour le mariage du prince
Humbert avec la princesse Marguerite.
Je vous promets de ne pas le tuer, mais
mon ambition est de le mettre dans l'im-
PQSsibilité de conduire son cheval et de
figurer à ce carrousel.
Le duel eut lieu le lendemain. Le baron
de San Giuseppe fit comme il l'avait dit.
Il invita son adversaire à l'attaque en se
découvrant le corps, puis au moment où
celui-ci se fendait, il s'effaça habilement
de côté et lui planta la pointe de son
épée au-dessous du bras.
C'était un jeu à se faire tuer, et San
Giuseppe le savait, mais il avait tenu
parole au préfet de Naples.
A. Périvier.
«
Échos de Paris
LA POLIT1QUE
Demain jeudi/a lieu l'interpellation de
M. Antonin Proust, sur la politique étran-
gère du Cabinet. On a tant parlé de ce
petit incident, qu'on a fini par croire
qu'il avait de l'importance. En réalité,
il n'en a point. M. Antonin Proust est un
fort galant homme, bien élevé s'occu-
pant des choses d'art avec compétence,
ayant le pied beaucoup plus parisien que
le flot. de notabilités provinciales dont
nous sommes encombrés, mais il vit
dans l'orbite de M. Gambetta, et va pour
l'occasion lui servir dé compère,
Son interpellation est calculée de façon
à faire connaître la pensée tant du gou-
vernement officiel que du gouvernement
occulte sur les affaires d'Orient, et à per-
mettre à M. Barthélémy Saint-Hilaire de
faire une déclaration résolument pacifi-
que.
On sait que-cette politique bourgeoise
et terre à terre effraie quelques patriotes.
ils voudraient que la France se préparât
moralement à une guerre qu'ils jugent
inévitable dans un temps plus ou moins
prochain vérité" que M. de la Palisse
eût certainement reconnue pour sienne.
Ils voudraient surtout qu'on ne prodi-
guât point les protestations de vivre en
paix avec toute l'Europe.
Le scrupule est honorable et personne
ne songera à le blâmer. Nous croyons
seulement entrevoir que la France, ha-
bituée à examiner ef même à ressas-
ser ses moindres affaires, ne voudrait
pas être entraînée dans une aventure
qu'elle ne comprendrait pas très bien,
et pour des intérêts dont la connexité
avec les siensnélui apparaîtrait pas d'une
façon saisissante. On a eula complication
Hohenzollern et l'on sait ce qu'elfe a
coûté. On ne veut pas de complication
Coùmoundouros; et ce n'est point trop
exiger que de demander quelques affir-
mations officielles dans cet ordre d'idées.
F.-M.
À TRAVERS PARIS
LA Température.– L'amélioration que nous
signalions hier n'a pas été de longue durée
dès l'avant-dernière nuit le baromètre se re-
trouvait eh baisse sensible et bientôt la pluie
recommençait à tomber. Il est probable que ces
nouvelles pluies vont s'étendre sur la plus
grande partie de la France.
Là température était descendue, hier de
grand matin, à Paris (Saint-Maur), à .a* aîl-dSS-
sous de zéro mais sous l'influence du mauvais
temps actuel elle va remonter.
Monaco. Temps superbe. Therin. min.
6° 9 max. 130 6.
Aujourd'hui, à 1 h. 40, Courses au'Vé-
sinet. Départs Saint-Lazare 11 h. 35
midi 35. Spécial midi 30.
Ce soir, à l'Elysée, grand diner offert
par le Président de la République à tous
les chefs, de corps et officiers généraux
présents à Paris.
On nous assure que M. Grévy pronon-
cera,japrôs le dessert, un discours qui,
ratifiant le dernier discours de *M. Gam-
betta, sera surtout destiné à donnera
l'étranger toutes les garanties de paix
que l'on peut désirer.
M. le duc d'Audiffret-Pasquier a été
entendu hier par la commission d'en-
quête Cissey, en sa qualité d'ancien pré-
sident de la commission d'enquête sur
les marchés de la guerre.
Son addition avait été demandée par
M. le général de Cissey.
La déposition de M. le duc d'Audiffret-
Pasquier a duré près d'une heure.
Ont été entendus ensuite: M. le géné-
ral Gresley, ancien chef d'étàt-major
général de M. de Cissey et M. le général
Renson, ancien directeur du personnel et
du matériel au ministère de la guerre.
Ces deux officiers-généraux, dont le
témoignage avait été également invoqué
par M. de Cissey, et qui commandent
actuellement en chef, l'un à Orléans et
l'autre à Montpellier, se trouvaient à
Paris pour affaires de service. La Com-
mission en a profité pour les appeler
auprès d'elle.
M. le général de Ladmirault a déposé
aussi-devant la Commission, pour. rap-
peler les circonstances dans lesquelles
M. le général de Cissey fut appelé,
lors de la reddition de l'armée de
Metz, à remplir auprès du comman-
dant en chef de l'armée ennemie la
mission qui avait été primitivement
confiée à M. le général Changarnier. M.
le général de Cissey était alors placé sous
le commandement de M. le général de
Ladmirault.
Avant ces dépositions, la commission
avait interrogé deux ou trois témoins
su? des questions secondaires de fourni-
tures militaires.
On pense que vendredi ou samedi
prochain se terminera l'audition des té-
moins cités par la commission. Le travail
décollation des documents commencera
dohc immédiatement après, afin d'activer
le dépôt des rapports des sous-commis-
sions.
Un bon point à la compagnie de Pa-
ris-Lyon-Méditerranée.
Jusqu'à présent,, il,était admis qu'un
billet de 'chemin de fer n'était valable
que pour la date et le train pour lequel
il avait été délivré; il était interdit au
voyageur de s'arrêter en route, sous
peine de perdre le bénéfice de son bil-
let; à partir de l'endroit où il s'était ar-
rête..
La Compagnie du chemin de fer de
Pafis-Lyon-Méditerranée vient de pren-
dre une décision dont nous ne saurions
trop la féliciter..
Dans l'intention de rendre moins pé-
nibles les fatigues des longs parcours,
elle vient de décider que les voyageurs
qui prendront désormais un billet pour
une 'distance au-dessus de 400 et de
800 kilomètres, pourront s'arrêter en
route, les premiers pendant vingt-quatre
heures et les seconds pendant quarante-
huit heures.
Cette nouvelle décision a son effet de-
puis le lor février.
Voici la réponse que nous recevons à
propos de la-réclamation de M. Anquetil
« L'anecdote racontée par le tigaro
concernant M. Anquetil est, quant au
fond, parfaitement exacte.
» Ce magistrat n'est connu dans la ville
que sous le nom de Quetil.
» Il sait mieux que personne qu'à la
suite d'un échange de lettres entre lui et
M. le marquis de Pissy, à propos d'af-
faires administratives, ce dernier, une
des notabilités du département, surpris
de se voir écrire au nom de M. Pissy,
s'amusa à retrancher à M. Anquetil la
première syllabe de son nom et à ne plus
adresser ses lettres qu'à M. Quetil.
» Cela fit rire; nous ne sommes pas
encore revenus au bon temps républi-
cain où, par suite de la logique des
choses, M. de Saint-Cyr n'avait plus de
nom, les saints et les sires ayant, de. par
la loi révolutionnaire, cessé d'exister.
Hier a eu lieu, à la mairie du huitième
arrondissement, le mariage de M. le
vicomte de la Panouse, ancien lieutenant
de vaisseau, avec Mlle Marie Heilbron,
la sympathique cantatrice.
Le mariage a eu lieu à midi précis,
après les délais de publication.
L'officier de l'état civil était M. Beur-
deley, avocat adjoint au maire, qui n'a
point prononcé de discours, mais a vive-
ment remercié M. de la Patiouse du
cadeau de deux mille francs qu'il venait
de faire aux indigents de son arrondisse-
ment.
Après la célébration du mariage, Mlle
Heilbron a déclaré qu'elle renonçait au
théâtre, mais a promis de chanter pour
les pauvres chaque fois que l'occasion
s'en présenterait;- •
Il n'y a pas eu de cérémonie religieuse,
Mlle Heilbron étant israélite.
L'empressement avec lequel le public
se jette maintenant sur toutes les publi-
cations qui lui parlent du passé, donne
un intérêt exceptionnel au nouveau livre
que^vient de publier, chez Victor Havard,
notre confrère Jules Claretie, sous ce
titre la Vie à Paris, 1880, et qui est le
point de départ d'une revue annuelle,
destinée à devenir une des curiosités de
ce temps-ci.
Ce livre original qui ne pouvait être
écrit que par un Parisien convaincu, dou-
blé duu BÎbeloteur endiablé, n'est pas
seulement un memento d'actualités enre-
gistrées au jour le jour, c'est aussi un re-
cueil intarissable de renseignements, de
souvenirs, de documents de toutes sortes.
A chaque instant, le présent se mêle au
passé et il résulte de ces contrastes l'en-
semble le plus étrange et le plus piquant.
La Vie à Paris est certainement l'ou-
vrage le plus parisien et le plus actuel
du'moment.
La mort de M. Double, le célèbre col-
lectionneur, va ramener ^attention sur
tous les gens de goût qui se sont piqués
de réunir les plus précieux souvenirs que |
nous a légués le fpassé. Cet amour du
bibelot n'est pas nouveau en France.
j L'éditeur Quantin vient précisément
de faire paraître un curieux ouvrage de
M. Gaston de Léris, la cômtesse de Ver-
rue,que pourront consulter avec fruit
tous lès collectionneurs.
La comtesse de Verrue mourut, on le
sait, en 1736, au milieu des livres, des
médailles, des tableaux de prix, des
meubles qu'elle avait amassés, et qui
constituaient, comme la collection de
M. Double, un véritable musée.
Parmi les plus belles pièces de sa col-
leotion, figurait le portrait de Charles I0'
par Van Dick, présentement au Louvre.
Hier, a eu lieu, dans le local des aqua-
rellistes français, 16, rue Laffitte, l'ou-
verture de l'exposition des œuvres de
Jules Jacquemart, l'aquafortiste et l'a-
quarelliste hors de pair,.mort il y a quel-
ques mois..
Dans cette exposition, sont réunis les
dessins et aquarelles les plus intéres-
sants, de l'artiste si regretté.
Une charmante croyance répandue
parmi les nourrices de la vieille Bretagne.
Quand on leur demande pourquoi tel ou
tel enfant est en retard po.ur parler:
« Le bon Dieu, disent-elles, ne permet
aux enfants de parler que quand ils ont
oublié d'où ils viennent » »
NOUVELLES A LÀ MAIN
Votre toilette ne vous coûte pas
cher, disait une femme de chambre à la
soubrette d'une actrice. Votre maîtresse
vous donne toutes ses robes et tous ses
chapeaux.
La soubrette, du ton le plus aigre
Oui, elle me les donne. quand ils
sont démodés 1
Une définition ingénieuse de la porno-
graphie
C'est l'art de parler et d'écrire go-
ret. dément.
Fatuité.
Un méridional dont les phalanges font
aisément craquer du sept trois quarts,
disait négligemment
Regardez ma main elle me coûte
cher I
Comment?
Je donne toujours aux cochers plus
que je ne leur doiss. Ma main est si pe-
tite, que lorsque j'ai dedans un louiss, il
me semble toujours avoir une pièce de
cinque francs 1
Le Masque de Fer.
CARNET D'UN MONDAIN
LES PLAISIRS DE CANNES S'
Le beau pays plein d'enchantements Quelle
féerie que cette mer, ces villas de style baroque
et de couleurs diaprées, ces orangers, ces mag-
nolias, ces lauriers secouant sur les têtes leur
pluie de parfums 1
Qu'elles sont jolies ces Américaines aux che-
veux flottants, ces Anglaises, ces Russes, fleurs
de tous les climats, différentes comme le ciel
qui les a vues naître.
Les unes, avec leurs jupes courtes, leurs to-
ques empanachées ont l'air de pages mutins, les
autres
Dans des flots de velours, traînant leurs petits pieds
ressemblent, comme dit le poète, aux vierges
en or fin d'un-livre de légende ».
L'une, conduisant sa victoria avec son sou-
rire et ses boucles blondes, fait penser à Mme
d'Etioles apparaissant dans. la forêt de Saint-
Germain. Celle-là sur son cheval emprunte sa
grâce fière à Diana Vernonj celle-ci est une
Marguerite avant Faust, cette autre une Psyché
avant le flambeau ou une Pandore avant la
boîte.
Cannes possède le privilège délicieux d'attirer
surtout les familles où se trouvent beaucoup de
jeunes filles. C'est une faveur du ciel, un don
spécial.
Il fleurit là-bas, des jeunes filles et des roses.
Entre toutes, la Parisienne affirme sa supré-
matie par l'esprit et le charme. Mme la du-
chesse de Chartres, Mmes les duchesses de
Luynes, de Larochefoucauld-Bisaccia et de Val-
lombrosa sont toutes à Cannes, et vous voyez
d'ici ce quatuor de duchesses.
Mme la duchesse de Chartres vit très simple-
ment dans sa villa des Fayères avec la prin-
cesse Marie, la princesse Marguerite, le prince
Henri et le prince Jean d'Orléans.
Parmi lés nobles hôtes de Cannes, je cite-
rai la reine et le roi de Wurtemberg, le
comte et la comtesse de Caserte (de la fa-
mille royale de Naples), la duchesse douairière
de Montrose, la marquise de Broc, le prince et
la princesse de Lucinge, le duc et la duchesse
de Marmier, la duchesse de Marmier, née Cour-
val, le comte et la comtesse de la Baume-Plu-
vinel, le comte et la comtesse Georges Paris, de
Pontceaux, le comte et la comtesse Auguste de
Pourtalès, M. et Mme de Sourdeval, le vicomte
et la vicomtesse de la Tour du Pin, le marquis
et la marquise de La Tour Maubourg, la com-
tesse de Bouillé, le marquis de Créqui-Courti-
vron, la princesse de Montholon, la comtesse de
Sartiges, le comte et la comtesse de Shrewsbury,
la baronne de Chartrouse, Mme Héléna Fould,
M. et Mme Paul Fould, la comtesse Kisseleff,
la baronne de Ladoucette, Mme Charles Lau-.
rent, la baronne Lelasseur, Mme Hope et le
jeune duc de Newcastle, M. et Mme Hamguer-
lot, etc.
La reine Olga de Wurtemberg arrivée très
souffrante d'une anémie est à peu près rétablie
par le bienfaisant climat méditerranéen.
La reine a pu recevoir à dîner il y a quatre
jours, le général et la vicomtesse de Bernis,
ainsi que le vicomte de Laferrière, un vieil ami
de la pauvre reine Sophie-Mathilde de Hollande
qui était sœur du roi de Wurtemberg.
Le dîner très animé a permis à la reine de
déployer tous les charmes de son esprit vif et
orné.
Le roi et la reine habitent la villa des Dunes
avec leur maison civile et militaire.
On se réunit beaucoup à Cannes surtout pour
dîner. Le Cercle a donné deux bals très bril-
lants.
Mais le clou de- la saison, ce sont les soirées
de la duchesse de Luynes, et surtout la récente
représentation d'une charade, où l'imagination,
l'à-propos et le costume, sans parler deï
beaux yeux de ces dames, ont rivalisé de s&
duction.
La charade composée et mise en scène par
Mme de La Rive a obtenu un immense succès,
Le mot choisi était Pallikare: Pal-Icare.
Le sérail de la fin a été salué par des applau
dissements enthousiastes. Décidément, l'Orient
est à la mode, témoin la Princesse de Bagdad,
La charade de lavilladeLuynesétaitbeaucoup
plus orientale que la comédie du Théâtre-
Français. Une réunion de ravissantes sultanes
en costumes authentiques, jetait l'imagination en
pleines Mille et une Nuits quel terrible en*
barras pour un pauvre Sultan 1
Les plus remarquées étaient Mmes de Paris,,
du Tillet et Le Grand, née Mlle de Fournès..
Le Tir aux pigeons amène aussi tous lesjourt
un escadron volant de beautés accourues pour
accorder un sourire au vainqueur. Le baron de
Saint-Trivier, le vicomte de Saint-Quentin, le
comte de Chateaubriand tiennent le premier,
rang parmi les meilleurs fusils de Cannes.
On a surnommé cette jolie ville lé faubourg
Saint-Germain de la Méditerranée et on a etf
raison. il.
Etincelle.
P.-S.- La princesse Victor de Broglie a hon
riblement souffert d'un abcès dans la gorge,
qui a mis sa vie en danger. Depuis trois jours,
elle va mieux, et'a pu sortir hier.
Mme la duchesse de Choiseul-Praslin est hetK
reusement accouchée d'une fille.
».̃̃̃
JULES JACQUEMART
Une très intéressante exposition a été
ouverte, hier, dans les salons des aqua-
rellistes français, en l'honneur du pauvre
Jacquemart, que la mort a enlevé au mo-
ment où l'avenir s'ouvrait si brillamment
devant lui. Jacquemart qui, depuis cinq
ans seulement, de graveur de talent qu'il
fut, était devenu un paysagiste de pre-
mier ordre, ne devait pas jouir long-
temps de sa renommée nouvelle. Nous
savions tous qu'il était en proie à un mal
qui ne pardonne pas, à cette terrible
phthisie qui ne lâche plus sa victime une
fois qu'elle la tient. Les médecins inter-!
dirent à ce xemarquable graveur de con-
tinuer l'art dans lequel il excellait cette,
poitrine ravagée ne pouvait pas se dé-
fendre contre la mort dans un travail
qui exige de l'artiste qu'il reste penché
sur la planche du matin au soir; il fal-
lait de l'air au pauvre Jacquemart, un
air tiède et pur, et \e mouvement libre'
dans lequel les poupions se dilatent et
reprennent, sinon la vitalité, 'du moins
les forces nécessaires, pour lutter contre
la mort.
Depuis quatre ou cinq ans, Jules Jac-
quemart passait ses hivers dans le Midi,
le plus souvent sur la Corniche enso-
leillée entre Nioo ot Gônes c'est de là
qu'il nous revenait chaque printemps,
avec le soleil clément, nous apportant
une série d'aquarelles dont les premières
déjà produisirent une grande sensation
parmi les artistes. Ce fut une merveille
de voir les pages lumineuses que Jac-
quemart empruntait à la nature méri-
dionale et à ce ciel toujours bleu, si in-
grat pour un paysagiste. Le pauvre ar-
tiste semblait contempler la nature avec
la tendresse d'une âme qui sentait que
l'heure de la séparation était proche et
qu'il faudrait quitter à jamais tous les
éblouissements qui faisaient battre ce
brave cœur de peintre. Plus les forces l'a-
bandonnaient, plusle vaillantartiste's'ac-
crochait à son art; il transporta de la
sorte dans son œuvre les émotions su-
prêmes de l'homme qui reste attendri et
sincère devant la nature et qui, se sen-
tant mourir, veut, avant de s'en aller,
donner la mesure de sa valeur.
Le Destin a été clément à cette délicate
nature d'artiste dans ses dernières an-
nées il lui a permis de mourir en posses-
sion d'une situation acquise et indiscuta-
ble. Les aquarelles de Jules Jacquemart
exposées d'abord dans les salons des
principaux marchands, plus tard, après
la fondation de la Société des aquarellis-
tes, dans la galerie de ce groupe, rue
Laffitte, ces aquarelles, de plus 'en plus
libres d'exécution dans le rendu le plus
complet, firent fureur. On se les arracha;
les artistes donnèrent le signal en les
accrochant sur les murs de leurs ate-
liers et l'amateur les suivit bientôt, la
moindre aquarelle de Jacquemart se
vendit de trois à cinq mille francs et
plus; je me rappelle qu'à l'avant-dernière
exposition des aquarellistes, une vue,
prise aux environs de Monaco, fut de-
mandée, dans la même' matinée, par
douze ou quinze collectionneurs; ce n'é-
tait pas seulement le doux hommage des
peintres qui allait au moribond, mais
encore la-furie déchaînée des amateurs
qui se précipitaient avec un acharnement
d'autant plus grand sur l'œuvre de Jac-
quemart, qu'ils savaient sa fin prochaine.
Le cher artiste est mort jeune, mais
du moins a-t-il eu la joie suprême de
prendre rang parmi les meilleurs de son
temps; l'école française du paysage n'a
pas eu de coloriste plus fin, de peintre
plus amoureux de la nature que celui-ci.
Il faut, pour mesurer la perte que la
jeune école a faite, aller voir l'exposition
de la rue Laffitte les amateurs ont prêté
les plus délicieuses pages de Jacquemart,
des aquarelles représentant des paysa-
ges, des ports de mer, des vues de Paris,
des pigeons; plus une série éblouissante
de dessins àla plume et de dessins d'après
des objets d'art faits en vue de la gra-
vure. A toutes ces œuvres charmantes
ou puissantes, prêtées par des collection-
neurs, Mme veuve Jacquemart a ajouté
quelques pages inachevées et un certain
nombre d'esquisses de son pauvre mari.
Une double émotion se dégage de
cette exposition. de choix; en même
temps que le délicat admire la justesse
du ton, la limpidité de l'atmosphère, la
solidité du terrain, la transparence de
l'eau, en un mot toutes les rares qualités
qui font les grands paysagistes, on se
sent attendri à la pensée- qu'une vie si
bien remplie ait été si tôt tranchée par
l'impitoyable mort. Si, dans une si grande
douleur, Mme veuve Jacquemart peut
trouver une consolation, c'est bien dans
ce dernier hommage rendu à son mari,
dans le concert d'admiration et de regrets
qui éclate autour du nom de Jules Jacque-
mart- Albert Wolft
Mart., "ert W-OIM
Jeudi 3 Février 1881.
27* Année. 3e Série. Numéro 34.
FRANCIS MAGNARD
Rédacteur en chef
A. PÉRI VI ER
Secrétaire de la Rédaction
RÉDACTION ̃̃'>r^TTr>
De midi, à minuit, rue Drouot, 26 /^$^t
y,
Lu manuscrits ne sont pas rendus I 7; I ) r1 ,1
L~ 1,
• BUREAUX x
é6, rue Drouotj 26 ^wi\\N
$8, rne Drouot; 88. tl,}~1`t
H. DE VILLEMESSANT
o. Fondateur
FERNAND DE RODAYS t T
Administrateur
ABONNEMENTS
Départements Trois mois f 9 fr. 5 0
Paris Trois mois | 6 fr. fr..
ANNONCES ET RÉCLAMES
DOIXINOEN FILS, SEOUY ET C1', PASSAGE DES rftlNOS
ET A L'AdmiNISIBATIOK 1
SOMMAIRE
Fioaho A NAPLES :A. Périvier.: ̃'̃̃̃
Echos DE PARIS Le Masque de Fer.
CARNET D'UN MONDAIN Etincelle.
Jules Jacquemart Albert WolfT.
Affaires DE GRÈCE Ernest Daudet.
Covlisses ÇaiIlementaires Baron Grimm.
PANS AU Jour LE Jour Adolphe Racot.
LA Presse étrangère A. R.
Nouvelles DivERSES: Jean de Paris.
GAZETTE DES TRIBUNAUX Albert Bataille.
TÉLÉGRAMMES ET Correspondances Argus.
LA BOURSE La Banque Parisienne.
COURRIER DES THEATRES Jules Prével.
LASOIREETHEATRALE: Un Monsieur de l'Orchestre.
SPORT Robert Milton.
FAITS PARIS ET AVIS UTILES.
FEUILLETON LES CRIMES D'UN Ange René de
Pont-Jest.
FIGARO A NAPLES
L'ESCRIME NAPOLITAINE
Naples, 31 janvier.
On n'a pas oublié les discussions pas-
sionnées auxquelles donna lieu, dans le
irronde de l'escrime, l'apparition quasi-
fantastique du baron de San Malato, sur-
gissant comme d'une trappe du fond de
l'Italie et venant sombrer d'une façon si
imprévue lorsque, dans un assaut désor-
mais célèbre, le Éigaro le mit en pré-
sence de Mérignac.
Cet incident a causé dans toute l'Italie
et particulièrement à Naples une émotion
incroyable. Professeurs, maîtres d'ar-
mes, amateurs, s'agitent avec la vivacité
de cette race méridionale et demandent
à grands cris qu'on ne confonde point,
comme on l'a fait, la cause de l'escrime
italienne avec celle du baron de San-
Malato personnellement. Pour se faire
une idée de l'émotion des esprits, il faut
voir de près ces Napolitains amoureux
de sport, habiles aux exercices du corps,
très chatouilleux sur tout ce qui touche
à leur vanité, et justement fiers de la
vieille réputation de leur école, illustre
depuis plus d'un siècle.
Le Figaro a été mêlé trop directement
à la ques' :on San Malato-Mérignac, pour
que je ne me crusse pas obligé de la
suivre sur un terrain aussi intéressant
que celui de Naples. De tous côtés on
m'a facilité cette étude avec une cour-
toisie exquise et une parfaite loyauté.
Mon ami et compagnon de voyage, le
comte Lepic, peut en témoigner, car il a
bien voulu négliger pendant quelques
jours ses travaux artistiques pour m'as-
sister dans cette curieuse enquête.
Tout d'abord, je dois dire que le baron
de San Malato n'a aucun titre pour re-
présenter l'école italienne, et encore
moins l'école napolitaine. Je ne sais s'il
a jamais tiré dans son pays d'origine, la
Sicile, mais à coup sûr, il n'a jamais
touché un fleuret dans une salle d'armes
napolitaine, il ne s'est jamais mesuré avec
aucun des amateurs de cette ville, ni
avec le baron de San Giuseppe, ni avec
Henri Casella, ni avec le baron Anzani;
il n'a jamais fait le moindre assaut avec
aucun maître d'armes napolitain, pas
plus avec le marquis del Tuffo qu'avec
aucun membre de la famille des Parise,
où l'enseignement de l'escrime se pour-
suit de père en fils, depuis plus de cin-
quante ans.
Comme l'a raconté mon collaborateur
etami, Montjoyeux, la jeunesse du baron
deSan Malato fut parsemée de duels et
d'aventures, après lesquels sa fortune se
trouva un beau jour fondue comme une
boule de neige au soleil. Il vint à Flo-
rence, pour y gagner honorablement sa
vie, en professant l'escrime. Sans aucun
doute, avec ses qualités natives, son
énergie féroce, sa volonté de fer, sa per-
sévérance inouïe, il eût pu devenir un
tireur de premier ordre, s'il avait voulu
suivre les règles de, l'école classique. Au
Heu de cela, il se livra à la fougue deson
imagination, il rêva une école nouvelle
dont il serait le fondateur, il créa, dans
son esprit ardent et chercheur, tout un
roman de formules nouvelles qui pou-
vaient être fort ingénieuses, mais qu'il
avait le tort d'appliquer à une arme qui
ne les comporte pas. Il alla môme, dans
sa fantaisie créatrice, jusqu'à donnerdes
noms à certains coups de son invention.
C'est ainsi que nous avons de lui la pa-
rade de la pendule, ainsi nommée à
cause de la position de son épée et du
mouvement d'oscillation qu'il lui im-
prime; on m'a également cité la pa-
rade de Turillo, et d'autres appella-
tions non moins bizarres.
En venant à Paris, le baron de San
Malato s'attendait sans doute à nous sur-
prendre par l'originalité de son jeu. Mé-
rignac en a démontré le peu de solidité;
mais le seul battu en cette affaire, a été
le baron sicilien, et non l'école italienne,
qu'il ne représentait ni par son mérite
personnel, ni par la nature de son jeu,
ni par une délégation spéciale.
H importait defaire cette constatation.
Elle dégage l'école italienne., qui se
croyait, à tort, compromise par l'échec
de San Malato, et elle ne diminue en
rien le mérite de "Mérignac, dont la ré-
putation en Italie est aussi solidement
établie qu'à Paris, et que les Napolitains
considèrent respectueusement comme
un maître hors ligne.
•'̃ ̃ .'•
Ce point réglé, il en est un autre plus
intéressant, celui de savoir où en est au-
jourd'hui l'école italienne et si elle est à
la hauteur de son ancienne réputation.
L'éoole italienne se divise en deux
grandes sections, l'école napolitaine et
l'école mixte.
L'école mixte existe surtout dans l'ar-
mée. Henrichëïti, son fondateur, a formé
quelques élèves dispersés dans les régi*
ments.
L'un des plus connus, et. dit-on, l'un
des meilleurs, est Masisîîo, le maître de
l'Académie de Turin.
» L'école mixte s'est un peu inspirée de
notre jeu français. Elle a admis les cou-
pés et quelques parades de notre façon.
Le tireur de cette école tient le fleuret
libre dans sa main, au lieu de l'attacher
solidement, au moyen d'une bande de
drap, à la manière napolitaine,
Cette école est donc une espèce de
compromis eutre l'école napolitaine et
l'école française.
Mais j'ai hâte d'arriver à l'école napo-
litaine, la plus sérieuse et la plus inté-
ressante. 1
Son arme est l'ancienne épée de com-
bat; elle lui vient des Espagnols, dont la
domination sur Naples dura longtemps,
comme on sait.
Son jeu est tout entier basé au point
de vue du terrain, et la raison en est bien
simple on se* bat sur le terrain avec
l'arme même qui sert dans la salle d'ar-
mes la seule différence est que l'épée
est mouchetée dans la salle et démou-
chetée sur le terrain.
En France, au contraire, il y a une no-
table différence entre le fleuret avec le-
quel on étudie et l'épée avec laquelle on
se bat.
Il en résulte qu'à force égale,, un
tireur napolitain est plus souvent dan-
gereux, sur le terrain, qu'un tireur fran-
çais.
Autre différence à marquer le jeu
napolitain tient toujours l'épée en ligne,
droit au corps, et le bras reste toujours
tendu, tandis que chez nous, l'avant-
bras est presque toujours légèrement re-
plié. Ces différences sont imposées par
la nature des armes employées. Quant
au reste, le jeu napolitain n'est pas aussi
compliqué qu'on se l'imagine générale*
ment en France. Il m'a paru, au con-
traire, dans les différents assauts aux-
quels j'ai eu l'honneur d'assister, très
simple et très. serré. L'impression qu'il
produit serait encore meilleure si l'on
parvenait à supprimer les appels du
pied, parfois trop bruyants, et surtout
les cris presque sauvages, très désa-
gréables à l'oreille. Cette coutume aga-
çante et inutile tend d'ailleurs à dispa-
raître de jour en jour. L'escrime napoli-
taine y -gagnera beaucoup au point de
vue du décorum.
La pure escrime napolitaine, dont les
règles ont été établies par Rossarôl, n'a
pas cessé d'être l'occupation favorite de
tout bon gentilhomme. Elle faisait partie
de l'éducation. Comme la race de ce pays
fournit des hommes lestes, nerveux et
agiles, les professeurs n'avaient point de
peine à former un grand nombre de ti-
reurs remarquables.
Un des plus célèbres de cette généra-
tion fut le général Bosco, qui vient de
mourir tout récemment, et qui a été très
répandu à Paris, il y a une vingtaine
d'années.
On imaginerait difficilement quelle
somme de fatigues persévérantes et de
labeur physique continu représente l'é-
ducàtion d'un bon tireur à Naples. C'est
ce qui faisait dire à un, Anglais, venu
pour prendre des leçons
J'aime mieux être tué une seule fois
que de me donner tous .'les jours un mal
pareil l
Il reste encore un représentant de cette
génération. C'est le marquis del Tuffo.
C'est lui qui a mis l'épée à la main de toute
la noblesse napolitaine depuis vingt-
cinq ans. Il est lui-même un bon gentil-
homme de racé qui n'a pas cru dégénérer
en enseignant l'escrime, après avoir
perdu sa fortune.
#*#
Après le marquis del Tuffo, il me faut
parler du plus jeuneprofesseurde Naples,
qui procède aussi de la pure école napo-
litaine, et qui tient ici, sans que je veuille
les comparer, une situation presque ana-
logue à celle des Vigeant et des Mérignac
à Paris. Il se nomme Masaniello Pa-
rise. J'engage les amateurs parisiens à
retenir ce nom, enattendant,-jele désire
du moins, qu'ils connaissent la per-
sonne, ce qui ne saura manquer un jour
ou l'autre.
Masaniello, > on le désigne générale-
ment par son petit nom, est un jeune
homme de vingt-huit ans, solidement
planté, de la taille et de l'allure même de
Mérignac, blond, l'air anglais, très ré-
servé et très modeste, mais laissant per-
cer sous cette enveloppe une extrême
énergie.
Tous les connaisseurs s'accordent à lui
prédire le plus brillant avenir. Je l'ai vu
avec un plaisir très vif, tirer avec des
amateurs qui sont eux-mêmes aussi forts
et aussi exercés que des professeurs. Son
jeu est d'une correction et d'une simpli-
cité parfaites; il ne se lasse pas aisé-
ment, et il possède une qualité assez rare e
chez ses compatriotes, un sang-froid re-
marquable, un empire sur lui-même
qualités qui sont de famille sans doute,
chez les Parise, car j'ai retouvé ce calme
étonnant, ou plutôt ce flegme, à un degré
encore supérieur, chez un autre profes-
seur, son oncle, je crois, Raffaële Parise.
Ici j'ouvre une parenthèse, pour ren-
dre à Masaniello Parise le léger service
de démentir une histoire ridicule, mise à
son compte, par un journal parisien, mal
informé. Ce journal a raconté que Ma-
saniello Parise ayant eu une querelle
avec San Malato, aurait-offert à ce der-
nier des excuses sur le terrain.
Excuses, ou explications, Fhistoire se-
rait à peu près vraie, à la condition de
l'appliquer non à Masaniello, qui n'a ja-
mais de sa vie eu le moindre rapport
avec San Malato, mais à ce maître de
l'Académie de Turin dont j'ai déjà parlé,
et qui se nomme Masiello.
Avec des professeurs aussi remarqua-
bles et aussi sympathiques que le mar-
quis del Tuffo et les Parise, il n'est pas
étonnant que l'escrime soit toujours flo-
rissante à Naples, et qu'on y trouve des
amateurs de premier ordre. Ils appar-
tiennent principalement sa Circolo di
Napoli, qui est, a^ 'l'Académie natio-
nale, le centre de l'escrime napolitaine
actuelle. I^s membres de ces deux So-
ciétés Qiit bien voulu me convier à deux
assiats fort intéressants; dont je garde-
rai' un précieux souvenir, et pour les-
quels je les prie de recevoir ici l'expres-
sion de ma reconnaissance, car j'ai trouvé
dans leur charmant accueil autant de
profit que de plaisir.
h' Académie nationale a pour prési-
dent le général" Milone, ministre de la
guerre.
Le Circolo de Napoli a à sa tête, deux
gentilshommes de grande famille, .le
prince Pignatelli et le prince de Marsi-
conuovo.
-2JI
J'ai eu la satisfaction de lier connais-
sance, dans ce club, avec les plus fines
lames de Naples, celles dont la valeur et
la réputation correspondent avec nos
Ferry d'Esclands, de l'Angle, Ezpeleta,
Alfbnso de Aldama, etc. Je ne citerai
que quejflues noms qui éveilleront cer-
tainement des souvenirs dans le monde
de l'escrime parisienne, où leur réputa-
tion est parvenue. Ce sont le baron de
San Giuseppe, gentilhomme sicilien,
député au Parlement, doué d'une très
grande finesse à l'attaque et à la riposte.
Il est fort estimé à Paris, où il a tiré avec
Vigeant et Mérignac Henri Casella,
très beau àvoir sous les armes avec son
justaucorps bleu marin, serré à la
taille par une ceinture à, large boucle
d'acier; une grande élégance, une par-
faite correction son assaut avec Masa-
niello Parise, à l'Académie nationale,
est un des plus réussis auxquels j'aie as-
sisté le baron Anzani, œil exercé,
dispositions naturelles très puissantes,
élasticité de corps incroyable je l'ai vu
esquiver, par un bond prodigieux en ar-
rière, tout en restant dans sa garde, un
coup qui lui arrivait droit au corps;
nous étions tous émerveillés de cette in-
croyable gymnastique.
Il me faudrait encore citer MM. Dus-
medt, Dattola, Micheli, James de Mar-
tino, si je ne craignais, dans un sujet,
aussi spécial, d'abuser de la patience de
mes lecteurs. Je terminerai par une anec-
déte assez curieuse qui m'a été contée à
propos du très aimable baron de San
Giuseppe.
Il s'agit de son premier duel.
Le baron de San Giuseppe est aujour-
d'hui un législateur sérieux et studieux,
mais cela ne l'empêche pas d'avoir eu,
dans sa première jeunesse, la tête près
du bonnet, comme on dit vulgairement.
Il avait dix-sept ans, quand il eut sa
première affaire. C'était avec un officier
de l'armée, nommé Basile.
L'arme choisie était l'épée. Basile était
d'une certaine force, et le jeune San-
Giuseppe passait également pour être
déjà redoutable.
La rencontre pouvait devenir fatale.
Le préfet de Naples voulut l'empêcher.
Il appela dans son cabinet le baron de
San Giuseppe et déploya vainement toute
son éloquence pour arranger l'affaire,
mais tout ce qu'il put obtenir de ce jeune
homme de dix-sept ans fut la réponse
suivante digne d'un capitan
Monsieur le Préfet, "je sais que mon
adversaire doit figurer dans un carrou-
sel à Florence, pour le mariage du prince
Humbert avec la princesse Marguerite.
Je vous promets de ne pas le tuer, mais
mon ambition est de le mettre dans l'im-
PQSsibilité de conduire son cheval et de
figurer à ce carrousel.
Le duel eut lieu le lendemain. Le baron
de San Giuseppe fit comme il l'avait dit.
Il invita son adversaire à l'attaque en se
découvrant le corps, puis au moment où
celui-ci se fendait, il s'effaça habilement
de côté et lui planta la pointe de son
épée au-dessous du bras.
C'était un jeu à se faire tuer, et San
Giuseppe le savait, mais il avait tenu
parole au préfet de Naples.
A. Périvier.
«
Échos de Paris
LA POLIT1QUE
Demain jeudi/a lieu l'interpellation de
M. Antonin Proust, sur la politique étran-
gère du Cabinet. On a tant parlé de ce
petit incident, qu'on a fini par croire
qu'il avait de l'importance. En réalité,
il n'en a point. M. Antonin Proust est un
fort galant homme, bien élevé s'occu-
pant des choses d'art avec compétence,
ayant le pied beaucoup plus parisien que
le flot. de notabilités provinciales dont
nous sommes encombrés, mais il vit
dans l'orbite de M. Gambetta, et va pour
l'occasion lui servir dé compère,
Son interpellation est calculée de façon
à faire connaître la pensée tant du gou-
vernement officiel que du gouvernement
occulte sur les affaires d'Orient, et à per-
mettre à M. Barthélémy Saint-Hilaire de
faire une déclaration résolument pacifi-
que.
On sait que-cette politique bourgeoise
et terre à terre effraie quelques patriotes.
ils voudraient que la France se préparât
moralement à une guerre qu'ils jugent
inévitable dans un temps plus ou moins
prochain vérité" que M. de la Palisse
eût certainement reconnue pour sienne.
Ils voudraient surtout qu'on ne prodi-
guât point les protestations de vivre en
paix avec toute l'Europe.
Le scrupule est honorable et personne
ne songera à le blâmer. Nous croyons
seulement entrevoir que la France, ha-
bituée à examiner ef même à ressas-
ser ses moindres affaires, ne voudrait
pas être entraînée dans une aventure
qu'elle ne comprendrait pas très bien,
et pour des intérêts dont la connexité
avec les siensnélui apparaîtrait pas d'une
façon saisissante. On a eula complication
Hohenzollern et l'on sait ce qu'elfe a
coûté. On ne veut pas de complication
Coùmoundouros; et ce n'est point trop
exiger que de demander quelques affir-
mations officielles dans cet ordre d'idées.
F.-M.
À TRAVERS PARIS
LA Température.– L'amélioration que nous
signalions hier n'a pas été de longue durée
dès l'avant-dernière nuit le baromètre se re-
trouvait eh baisse sensible et bientôt la pluie
recommençait à tomber. Il est probable que ces
nouvelles pluies vont s'étendre sur la plus
grande partie de la France.
Là température était descendue, hier de
grand matin, à Paris (Saint-Maur), à .a* aîl-dSS-
sous de zéro mais sous l'influence du mauvais
temps actuel elle va remonter.
Monaco. Temps superbe. Therin. min.
6° 9 max. 130 6.
Aujourd'hui, à 1 h. 40, Courses au'Vé-
sinet. Départs Saint-Lazare 11 h. 35
midi 35. Spécial midi 30.
Ce soir, à l'Elysée, grand diner offert
par le Président de la République à tous
les chefs, de corps et officiers généraux
présents à Paris.
On nous assure que M. Grévy pronon-
cera,japrôs le dessert, un discours qui,
ratifiant le dernier discours de *M. Gam-
betta, sera surtout destiné à donnera
l'étranger toutes les garanties de paix
que l'on peut désirer.
M. le duc d'Audiffret-Pasquier a été
entendu hier par la commission d'en-
quête Cissey, en sa qualité d'ancien pré-
sident de la commission d'enquête sur
les marchés de la guerre.
Son addition avait été demandée par
M. le général de Cissey.
La déposition de M. le duc d'Audiffret-
Pasquier a duré près d'une heure.
Ont été entendus ensuite: M. le géné-
ral Gresley, ancien chef d'étàt-major
général de M. de Cissey et M. le général
Renson, ancien directeur du personnel et
du matériel au ministère de la guerre.
Ces deux officiers-généraux, dont le
témoignage avait été également invoqué
par M. de Cissey, et qui commandent
actuellement en chef, l'un à Orléans et
l'autre à Montpellier, se trouvaient à
Paris pour affaires de service. La Com-
mission en a profité pour les appeler
auprès d'elle.
M. le général de Ladmirault a déposé
aussi-devant la Commission, pour. rap-
peler les circonstances dans lesquelles
M. le général de Cissey fut appelé,
lors de la reddition de l'armée de
Metz, à remplir auprès du comman-
dant en chef de l'armée ennemie la
mission qui avait été primitivement
confiée à M. le général Changarnier. M.
le général de Cissey était alors placé sous
le commandement de M. le général de
Ladmirault.
Avant ces dépositions, la commission
avait interrogé deux ou trois témoins
su? des questions secondaires de fourni-
tures militaires.
On pense que vendredi ou samedi
prochain se terminera l'audition des té-
moins cités par la commission. Le travail
décollation des documents commencera
dohc immédiatement après, afin d'activer
le dépôt des rapports des sous-commis-
sions.
Un bon point à la compagnie de Pa-
ris-Lyon-Méditerranée.
Jusqu'à présent,, il,était admis qu'un
billet de 'chemin de fer n'était valable
que pour la date et le train pour lequel
il avait été délivré; il était interdit au
voyageur de s'arrêter en route, sous
peine de perdre le bénéfice de son bil-
let; à partir de l'endroit où il s'était ar-
rête..
La Compagnie du chemin de fer de
Pafis-Lyon-Méditerranée vient de pren-
dre une décision dont nous ne saurions
trop la féliciter..
Dans l'intention de rendre moins pé-
nibles les fatigues des longs parcours,
elle vient de décider que les voyageurs
qui prendront désormais un billet pour
une 'distance au-dessus de 400 et de
800 kilomètres, pourront s'arrêter en
route, les premiers pendant vingt-quatre
heures et les seconds pendant quarante-
huit heures.
Cette nouvelle décision a son effet de-
puis le lor février.
Voici la réponse que nous recevons à
propos de la-réclamation de M. Anquetil
« L'anecdote racontée par le tigaro
concernant M. Anquetil est, quant au
fond, parfaitement exacte.
» Ce magistrat n'est connu dans la ville
que sous le nom de Quetil.
» Il sait mieux que personne qu'à la
suite d'un échange de lettres entre lui et
M. le marquis de Pissy, à propos d'af-
faires administratives, ce dernier, une
des notabilités du département, surpris
de se voir écrire au nom de M. Pissy,
s'amusa à retrancher à M. Anquetil la
première syllabe de son nom et à ne plus
adresser ses lettres qu'à M. Quetil.
» Cela fit rire; nous ne sommes pas
encore revenus au bon temps républi-
cain où, par suite de la logique des
choses, M. de Saint-Cyr n'avait plus de
nom, les saints et les sires ayant, de. par
la loi révolutionnaire, cessé d'exister.
Hier a eu lieu, à la mairie du huitième
arrondissement, le mariage de M. le
vicomte de la Panouse, ancien lieutenant
de vaisseau, avec Mlle Marie Heilbron,
la sympathique cantatrice.
Le mariage a eu lieu à midi précis,
après les délais de publication.
L'officier de l'état civil était M. Beur-
deley, avocat adjoint au maire, qui n'a
point prononcé de discours, mais a vive-
ment remercié M. de la Patiouse du
cadeau de deux mille francs qu'il venait
de faire aux indigents de son arrondisse-
ment.
Après la célébration du mariage, Mlle
Heilbron a déclaré qu'elle renonçait au
théâtre, mais a promis de chanter pour
les pauvres chaque fois que l'occasion
s'en présenterait;- •
Il n'y a pas eu de cérémonie religieuse,
Mlle Heilbron étant israélite.
L'empressement avec lequel le public
se jette maintenant sur toutes les publi-
cations qui lui parlent du passé, donne
un intérêt exceptionnel au nouveau livre
que^vient de publier, chez Victor Havard,
notre confrère Jules Claretie, sous ce
titre la Vie à Paris, 1880, et qui est le
point de départ d'une revue annuelle,
destinée à devenir une des curiosités de
ce temps-ci.
Ce livre original qui ne pouvait être
écrit que par un Parisien convaincu, dou-
blé duu BÎbeloteur endiablé, n'est pas
seulement un memento d'actualités enre-
gistrées au jour le jour, c'est aussi un re-
cueil intarissable de renseignements, de
souvenirs, de documents de toutes sortes.
A chaque instant, le présent se mêle au
passé et il résulte de ces contrastes l'en-
semble le plus étrange et le plus piquant.
La Vie à Paris est certainement l'ou-
vrage le plus parisien et le plus actuel
du'moment.
La mort de M. Double, le célèbre col-
lectionneur, va ramener ^attention sur
tous les gens de goût qui se sont piqués
de réunir les plus précieux souvenirs que |
nous a légués le fpassé. Cet amour du
bibelot n'est pas nouveau en France.
j L'éditeur Quantin vient précisément
de faire paraître un curieux ouvrage de
M. Gaston de Léris, la cômtesse de Ver-
rue,que pourront consulter avec fruit
tous lès collectionneurs.
La comtesse de Verrue mourut, on le
sait, en 1736, au milieu des livres, des
médailles, des tableaux de prix, des
meubles qu'elle avait amassés, et qui
constituaient, comme la collection de
M. Double, un véritable musée.
Parmi les plus belles pièces de sa col-
leotion, figurait le portrait de Charles I0'
par Van Dick, présentement au Louvre.
Hier, a eu lieu, dans le local des aqua-
rellistes français, 16, rue Laffitte, l'ou-
verture de l'exposition des œuvres de
Jules Jacquemart, l'aquafortiste et l'a-
quarelliste hors de pair,.mort il y a quel-
ques mois..
Dans cette exposition, sont réunis les
dessins et aquarelles les plus intéres-
sants, de l'artiste si regretté.
Une charmante croyance répandue
parmi les nourrices de la vieille Bretagne.
Quand on leur demande pourquoi tel ou
tel enfant est en retard po.ur parler:
« Le bon Dieu, disent-elles, ne permet
aux enfants de parler que quand ils ont
oublié d'où ils viennent » »
NOUVELLES A LÀ MAIN
Votre toilette ne vous coûte pas
cher, disait une femme de chambre à la
soubrette d'une actrice. Votre maîtresse
vous donne toutes ses robes et tous ses
chapeaux.
La soubrette, du ton le plus aigre
Oui, elle me les donne. quand ils
sont démodés 1
Une définition ingénieuse de la porno-
graphie
C'est l'art de parler et d'écrire go-
ret. dément.
Fatuité.
Un méridional dont les phalanges font
aisément craquer du sept trois quarts,
disait négligemment
Regardez ma main elle me coûte
cher I
Comment?
Je donne toujours aux cochers plus
que je ne leur doiss. Ma main est si pe-
tite, que lorsque j'ai dedans un louiss, il
me semble toujours avoir une pièce de
cinque francs 1
Le Masque de Fer.
CARNET D'UN MONDAIN
LES PLAISIRS DE CANNES S'
Le beau pays plein d'enchantements Quelle
féerie que cette mer, ces villas de style baroque
et de couleurs diaprées, ces orangers, ces mag-
nolias, ces lauriers secouant sur les têtes leur
pluie de parfums 1
Qu'elles sont jolies ces Américaines aux che-
veux flottants, ces Anglaises, ces Russes, fleurs
de tous les climats, différentes comme le ciel
qui les a vues naître.
Les unes, avec leurs jupes courtes, leurs to-
ques empanachées ont l'air de pages mutins, les
autres
Dans des flots de velours, traînant leurs petits pieds
ressemblent, comme dit le poète, aux vierges
en or fin d'un-livre de légende ».
L'une, conduisant sa victoria avec son sou-
rire et ses boucles blondes, fait penser à Mme
d'Etioles apparaissant dans. la forêt de Saint-
Germain. Celle-là sur son cheval emprunte sa
grâce fière à Diana Vernonj celle-ci est une
Marguerite avant Faust, cette autre une Psyché
avant le flambeau ou une Pandore avant la
boîte.
Cannes possède le privilège délicieux d'attirer
surtout les familles où se trouvent beaucoup de
jeunes filles. C'est une faveur du ciel, un don
spécial.
Il fleurit là-bas, des jeunes filles et des roses.
Entre toutes, la Parisienne affirme sa supré-
matie par l'esprit et le charme. Mme la du-
chesse de Chartres, Mmes les duchesses de
Luynes, de Larochefoucauld-Bisaccia et de Val-
lombrosa sont toutes à Cannes, et vous voyez
d'ici ce quatuor de duchesses.
Mme la duchesse de Chartres vit très simple-
ment dans sa villa des Fayères avec la prin-
cesse Marie, la princesse Marguerite, le prince
Henri et le prince Jean d'Orléans.
Parmi lés nobles hôtes de Cannes, je cite-
rai la reine et le roi de Wurtemberg, le
comte et la comtesse de Caserte (de la fa-
mille royale de Naples), la duchesse douairière
de Montrose, la marquise de Broc, le prince et
la princesse de Lucinge, le duc et la duchesse
de Marmier, la duchesse de Marmier, née Cour-
val, le comte et la comtesse de la Baume-Plu-
vinel, le comte et la comtesse Georges Paris, de
Pontceaux, le comte et la comtesse Auguste de
Pourtalès, M. et Mme de Sourdeval, le vicomte
et la vicomtesse de la Tour du Pin, le marquis
et la marquise de La Tour Maubourg, la com-
tesse de Bouillé, le marquis de Créqui-Courti-
vron, la princesse de Montholon, la comtesse de
Sartiges, le comte et la comtesse de Shrewsbury,
la baronne de Chartrouse, Mme Héléna Fould,
M. et Mme Paul Fould, la comtesse Kisseleff,
la baronne de Ladoucette, Mme Charles Lau-.
rent, la baronne Lelasseur, Mme Hope et le
jeune duc de Newcastle, M. et Mme Hamguer-
lot, etc.
La reine Olga de Wurtemberg arrivée très
souffrante d'une anémie est à peu près rétablie
par le bienfaisant climat méditerranéen.
La reine a pu recevoir à dîner il y a quatre
jours, le général et la vicomtesse de Bernis,
ainsi que le vicomte de Laferrière, un vieil ami
de la pauvre reine Sophie-Mathilde de Hollande
qui était sœur du roi de Wurtemberg.
Le dîner très animé a permis à la reine de
déployer tous les charmes de son esprit vif et
orné.
Le roi et la reine habitent la villa des Dunes
avec leur maison civile et militaire.
On se réunit beaucoup à Cannes surtout pour
dîner. Le Cercle a donné deux bals très bril-
lants.
Mais le clou de- la saison, ce sont les soirées
de la duchesse de Luynes, et surtout la récente
représentation d'une charade, où l'imagination,
l'à-propos et le costume, sans parler deï
beaux yeux de ces dames, ont rivalisé de s&
duction.
La charade composée et mise en scène par
Mme de La Rive a obtenu un immense succès,
Le mot choisi était Pallikare: Pal-Icare.
Le sérail de la fin a été salué par des applau
dissements enthousiastes. Décidément, l'Orient
est à la mode, témoin la Princesse de Bagdad,
La charade de lavilladeLuynesétaitbeaucoup
plus orientale que la comédie du Théâtre-
Français. Une réunion de ravissantes sultanes
en costumes authentiques, jetait l'imagination en
pleines Mille et une Nuits quel terrible en*
barras pour un pauvre Sultan 1
Les plus remarquées étaient Mmes de Paris,,
du Tillet et Le Grand, née Mlle de Fournès..
Le Tir aux pigeons amène aussi tous lesjourt
un escadron volant de beautés accourues pour
accorder un sourire au vainqueur. Le baron de
Saint-Trivier, le vicomte de Saint-Quentin, le
comte de Chateaubriand tiennent le premier,
rang parmi les meilleurs fusils de Cannes.
On a surnommé cette jolie ville lé faubourg
Saint-Germain de la Méditerranée et on a etf
raison. il.
Etincelle.
P.-S.- La princesse Victor de Broglie a hon
riblement souffert d'un abcès dans la gorge,
qui a mis sa vie en danger. Depuis trois jours,
elle va mieux, et'a pu sortir hier.
Mme la duchesse de Choiseul-Praslin est hetK
reusement accouchée d'une fille.
».̃̃̃
JULES JACQUEMART
Une très intéressante exposition a été
ouverte, hier, dans les salons des aqua-
rellistes français, en l'honneur du pauvre
Jacquemart, que la mort a enlevé au mo-
ment où l'avenir s'ouvrait si brillamment
devant lui. Jacquemart qui, depuis cinq
ans seulement, de graveur de talent qu'il
fut, était devenu un paysagiste de pre-
mier ordre, ne devait pas jouir long-
temps de sa renommée nouvelle. Nous
savions tous qu'il était en proie à un mal
qui ne pardonne pas, à cette terrible
phthisie qui ne lâche plus sa victime une
fois qu'elle la tient. Les médecins inter-!
dirent à ce xemarquable graveur de con-
tinuer l'art dans lequel il excellait cette,
poitrine ravagée ne pouvait pas se dé-
fendre contre la mort dans un travail
qui exige de l'artiste qu'il reste penché
sur la planche du matin au soir; il fal-
lait de l'air au pauvre Jacquemart, un
air tiède et pur, et \e mouvement libre'
dans lequel les poupions se dilatent et
reprennent, sinon la vitalité, 'du moins
les forces nécessaires, pour lutter contre
la mort.
Depuis quatre ou cinq ans, Jules Jac-
quemart passait ses hivers dans le Midi,
le plus souvent sur la Corniche enso-
leillée entre Nioo ot Gônes c'est de là
qu'il nous revenait chaque printemps,
avec le soleil clément, nous apportant
une série d'aquarelles dont les premières
déjà produisirent une grande sensation
parmi les artistes. Ce fut une merveille
de voir les pages lumineuses que Jac-
quemart empruntait à la nature méri-
dionale et à ce ciel toujours bleu, si in-
grat pour un paysagiste. Le pauvre ar-
tiste semblait contempler la nature avec
la tendresse d'une âme qui sentait que
l'heure de la séparation était proche et
qu'il faudrait quitter à jamais tous les
éblouissements qui faisaient battre ce
brave cœur de peintre. Plus les forces l'a-
bandonnaient, plusle vaillantartiste's'ac-
crochait à son art; il transporta de la
sorte dans son œuvre les émotions su-
prêmes de l'homme qui reste attendri et
sincère devant la nature et qui, se sen-
tant mourir, veut, avant de s'en aller,
donner la mesure de sa valeur.
Le Destin a été clément à cette délicate
nature d'artiste dans ses dernières an-
nées il lui a permis de mourir en posses-
sion d'une situation acquise et indiscuta-
ble. Les aquarelles de Jules Jacquemart
exposées d'abord dans les salons des
principaux marchands, plus tard, après
la fondation de la Société des aquarellis-
tes, dans la galerie de ce groupe, rue
Laffitte, ces aquarelles, de plus 'en plus
libres d'exécution dans le rendu le plus
complet, firent fureur. On se les arracha;
les artistes donnèrent le signal en les
accrochant sur les murs de leurs ate-
liers et l'amateur les suivit bientôt, la
moindre aquarelle de Jacquemart se
vendit de trois à cinq mille francs et
plus; je me rappelle qu'à l'avant-dernière
exposition des aquarellistes, une vue,
prise aux environs de Monaco, fut de-
mandée, dans la même' matinée, par
douze ou quinze collectionneurs; ce n'é-
tait pas seulement le doux hommage des
peintres qui allait au moribond, mais
encore la-furie déchaînée des amateurs
qui se précipitaient avec un acharnement
d'autant plus grand sur l'œuvre de Jac-
quemart, qu'ils savaient sa fin prochaine.
Le cher artiste est mort jeune, mais
du moins a-t-il eu la joie suprême de
prendre rang parmi les meilleurs de son
temps; l'école française du paysage n'a
pas eu de coloriste plus fin, de peintre
plus amoureux de la nature que celui-ci.
Il faut, pour mesurer la perte que la
jeune école a faite, aller voir l'exposition
de la rue Laffitte les amateurs ont prêté
les plus délicieuses pages de Jacquemart,
des aquarelles représentant des paysa-
ges, des ports de mer, des vues de Paris,
des pigeons; plus une série éblouissante
de dessins àla plume et de dessins d'après
des objets d'art faits en vue de la gra-
vure. A toutes ces œuvres charmantes
ou puissantes, prêtées par des collection-
neurs, Mme veuve Jacquemart a ajouté
quelques pages inachevées et un certain
nombre d'esquisses de son pauvre mari.
Une double émotion se dégage de
cette exposition. de choix; en même
temps que le délicat admire la justesse
du ton, la limpidité de l'atmosphère, la
solidité du terrain, la transparence de
l'eau, en un mot toutes les rares qualités
qui font les grands paysagistes, on se
sent attendri à la pensée- qu'une vie si
bien remplie ait été si tôt tranchée par
l'impitoyable mort. Si, dans une si grande
douleur, Mme veuve Jacquemart peut
trouver une consolation, c'est bien dans
ce dernier hommage rendu à son mari,
dans le concert d'admiration et de regrets
qui éclate autour du nom de Jules Jacque-
mart- Albert Wolft
Mart., "ert W-OIM
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