LB TEMPS. &Juii*l88î.
g cassé sous son poids, mais l'asphyxie était; déjà
complète quand on a ramené le cadavre au milieu
de la chambra.. ̃̃
Ce malheupé»x avait plusieurs fois annoncé sa
détermination: « J'aime mieux, disait il à sa
femme, me soustrair«,a la justice des hommes et H
n'avoir â comparaître que devant celle de Dii-u. »
I> Pliare de lu Loire «lit que le fait pour lequel
il était poursuivi semblait peu grave.
Un incendie considérable a éclati», avant-h'or
au soir. dans la commune do Saint-l-nurent-du-
Gros, arrondissement de Gap. Vingt-six maisons
«ouvertes de chaum»1 ont été la proïi' des flammes.
Les. pertes sont évaluées à une soixantaine de
Biilïe. francs. •
Trois propriétaires seulement étaient assurés.
On télégraphie de Lyon qu'hier soir un mal-
faiteur, arrête pour vol »t conduit au con>i>riat de police du quartier des Brotteaux, profilant
avec le gardien de la paix, a attaque «H&l-ci à
l'improviste, l'a assommé avec une grosse barre
de fer qu'il a prise dans un coin, et s'est évadé.
Une dépêche de Valence (Drôine) annonce
qu'une tentative de meurtre a été commise à
Bourdeaux, chef-lieu de canton.
Le sieur Louis Vache a tiré un coup de fusil
sur sa belle-sœur et l'a grièvement blessée à la
cuisse droite. Il a ensuite porté un coup de trident
à la tête de son frère.
Les blessures, quoique graves, n'auront pas de
suites funestes.
Le meurtrier a été arrêté.
On mande de Bagnères-de-Luchon qu'une
formidable explosion de gaz. qui s'est produite au
Casino, a fait sauter le frrand escalier du Midi.
Les dalles de pierre do taille ont été lancées dans
le jardin. Il ne reste, à la place qu'elles occupaient,
qu un trou béant.
RENSEIGNEMENTS UTILES. Le lundi 25 juillet aura
îleu aux Facnltés de médecine l'ouverture nu conconrs
pour l'obtention des bourses de doctorat; aux écoles
supérieures de pharmacie et aux Faoultes mixtes do
médecine et de pharmacie ouverture du concours
pour l'obtention des bourses de ph»rmacie. Les candt-
ats s'inscriront au secrétariat de l'académie dans la-
quelle ils résident. Les registres d'inscription seront
•ol- s le samedi 23 juillet, à quatre heures.– Un concours
pour le surnnméi-ariat des postes et des télégraphes
aura lien le jeudi 28 juillet 1881 au chef-lieu do chaque
département. Peuvent y pr ndre part les jeunes gens
de 17 à 25 ans sans infirmités, ainsi que les institu-
teurs, les militaires et tous les fonctionnaires publics
comptant cinq années de services rendus à l'Etat et
âgé» de moins de 30 ans. Les candidats devront adres-
sersans retard leur demande au directeur des postes
et des télégraphes du département, qui leur transmet-
tra le programme de l'examen. La liste d'inscription
sera close le 15 Juillet. Les anciens sous-officiers,
âgés de 25 A 35 ans, qui ne se trouvant pas en mesure
de postuler un emploi de surnuméraire des potes et
des télégraphes, désireraient occuper, à Paris, des
fonctions d'agent auxiliaire spécialement affecté au tri
des correspondances, auraient intérêt à se présenter
au ministère des pos es et télégraphes, service du per-
sonnel, 103, munis des pièces établissant la durée et la
"valeur de leurs services militaires. Est autorisée la
création d'un bureau télégraphique municipal dans la
commune de Montchanin-lesJdiaes
JOURNEE PARLEMENTAIRE
tv mardi ? staa
Oliambre des députas
L'affaire Eybeo.
Nous avons signalé hier la phase nouvelle dans
laquelle la question des poursuites contre M. An-
drieux vient .l'entrer.
On se rappelle qu'en vertu de la législation
existante les poursuites ne peuvent pas être diri-
gées par des particuliers contre le préfet de police.
Au termes des articles 479 et 483 du Code d'ins-
truction criminelle, c'est le procureur général seul
ni peut mettre l'action publique en mouvement
dans un cas de ce genre. « ̃ m
Ces articles sont ainsi conçus 1 m
Art. 479. Lorsqu'un juge de paix, un membre du tri-
tranal correctionnel on de première instance, on un of-
ficier chargé du ministère public près l'un de ces tri-
bunaux, sera prévenu d'avoir commis hors de ses
fonctions, os délit emportant une peine correctionnelle,
le procureur général près la cour d'appel le fera citer
devant cette cour, qui prononcera sans qu'il puisse y
avoir appel.
Art. 483. Lorsqu'un juge de paix on de police, ou
un juge faisant pa> tte d'un tribunal de commerce, ttn
officier de police judiciaire, un membre du tribunal
correctionnel on de première instance on un oflicier
chargé du ministère public près l'uu de ces juges oa
tribunaux, sera prévenu d'avoir commis, dans l'exer-
cice de ses fonctions, an délit emportant uw peine
correctionnelle, ce délit sera poursuivi et jugô comme
il est dit à l'article 479.
Or, le préfet d> p lice est précisément un officier
de police judiciaire, et, le procureur général
n'ayant pas cru devoir le faire citer, la plainte de
Mme Eyben demeure nulle et non avenue.
A supposer que la Chambre J'accueille et auto-
rise les poursuites, celles-ci ne pourront pas avoir
lieu, car un déclinatoire d'incompétence serait im-
médiatement pris. AL Cazot, garde des sceaux,
doit faire connaître cet état de choses à la com-
mission. D'ailleurs, celle-ci a déjà été avertie par
plusieurs de ses membres, dans la réunion qu'elle
a tenue hier. M. Rameau et M. Trouard-Riolle, ce
dernier, juge au tribunal de Rouen, ont rappelé
l'existence des articles 479 et 483 dont nous venons
de donner le texte..
L'Hôtel des Postes.
Une loi de 1879 qui a ouvert au ministre des tra-
vaux publics, sur le budget extraordinaire de
1880, un crédit de 16,800,000 fr. pour la reconstruc-
tion de l'Hôtel des Postes, porte qu'il sera pourvu
à cette dépense au moyen
lo D'un prélèvement de 14,300,000 fr. sur le prêt
de 80 millions de la Banque de France;
2» Du produit de la vente des terrains de l'an-
cien hôtel, évalué 2,500,000 fr.
D'une part, ces terrains n'ont pas encore été re-
mis à 1 administration des Domaines, et on ne
saurait préciser l'époque exacte où la vente pour-
rait en être faite. La recette prévue au budget ex-
traordinaire de 1880 ne pourra donc pas être réa-
lisée avant la clôture udit exercice, situation
contraire à l'essence même du budget extraordi-
naire, qui est de présenter une halance exacte
entre les recettes et les dépenses.
D'autre part, la commission des finances du Sé-
nat, par- l'organe de son rapporteur, l'honorable
M. Varroy, avait exprimé l'avis que, en prévision
d'une extension encore plus marquée dans l'ave-
nir des services postaux et télégraphiques, il se-
rait regrettable de procéder dès à présent à l'alié-
nation des terrains appartenant à l'Etat, et qu'il
serait prudent de les conserver afin de parer plus
tard aux développements que le service rendra
vraisemblablement nécessaires.
Le gouvernement s'était réservé d'étudier la
question, et 11 avait promis à la commission du
Sénat de ne pas disposer, sans en avoir référé aux
Chambres, des terrains provenant de l'ancien Hô-
tel des Postes. 11 vient de remplir cet engagement.
Il lui a semblé en. effet d'une bonne administration
de ne pas se priver de la possibilité d'accroître les
locaux si, comme to rend vraisemblable l'accrois-
sement continu des produits, le développement des
services postaux et télégraphiques exigeait de
nouvelles constructions. En attendant le moment
où cet accroissement pourra devenir nécessaire,
les terrains réservés ne seront pas inutilisés.
Les administrations de chemins de fer, char-
gées, en exécution de la loi du 3 mars 1881, du
service des colis postaux, ont en etl'et engagé avec
le gouvernement des négociations pour iustaller
ce service dans un bâtiment qu'elles construi-
raient sur ces terrains, qui trouveraient ainsi dès
à présent leur emploi, conformément aux sages
prévisions de la commission sénatoriale, pour la
construction d'une véritable annexe de l'Hôtel des
Postes.
Le ministre des finances vient de déposer à la
Chambre un projet de loi par lequel il demande le
remplacement de la ressource de 2,500,000 fr., que
devait procurer la vpnte des terrains, par une
ressource d'égale somme indispensable à l'équili-
bre du budget extraordinaire de 1880.
Une Invalidation.
Le Ile bureau de la Chambre a examiné, dans sa
réunion d'hier, l'élection de Bar-sur Seine. A l'u-
nanimité moins une voix, le lie bureau a conclu à
l'invalidation de l'élection de M. Doyen, ancien
agent de change.
LA SÉANCE
L'hypothèque maritime. Les pensions
militaires.
Au début, la Chambre adopte sans débat et après
un simple échange d'observations entre lerappor-
teur et le sous-secrétaire d'Etat aux finances la
proposition tendant à modifier la loi du 10 décem-
bre 187-1 sur l'hypothèque maritime.
Cetteloi de 1874 a établi, à l'exemple de l'Angle-
terre, l'Italie, les Etats-Unis, la Hollande, l'hypo o
thèque conventionnelle de manière â pouvoir uti-
liser les navires comme instruments de crédit.
Mais les résultats ont été presque m^atifs un
seul port a profité de la loi. C'est celui ae Nantes.
La commission qui a préparé la loi nouvelle sou-
mise hier à la Chambre a voulu, tout en en mé-
nageant les intérêts respectifs de l'armateur, du
préteur et de l'assureur, dégager le prêt maritime
île toutes les formalités qui ne sont pas indispen-
sables.
Elle a maintenu celles des dispositions de la loi
ie 1874 relatives à la faculté d'hypothéquer les na-
vires de 20 tonneaux et au-dessus, à la possibilité
d'hypothéquer sur les navires en construction,
aux formalités, aux effets et à la radiation des ins-
sri^tinns. Par contre, elle a modifié celles qui por-
lont -îir :a nature et la quotité du droit à perce-
voir au moment de l'enregistrement de l'acte cons-
titutif de l'hypothèque, sur l'exercice du droit
d'hypothéquer quand le navire appartint à plu-
sieurs, sur l'inscription et sur son renouvellement.
sur les droits des créanciers en cas de règlements
d'avaries, sur la procédure à suivre en matière de
vente sur saisie et de surenchère après vente vo-
lontaire, sur la faculté d'hypothéquer ou de ven-
dre à l'étrang-or le navire grevé d'hypothèques.
Un texte spécial édicte, en outre, pour les prêts
hypothécaire* maritim&si une dérogation formelle
à la loi du 3 septembre 1807 sur lo taux de l'in-
térêt.
Les 39 articles de la proposition ont été adop-
tés. La Chambre a ensuite repris? là discussion snr
l'unification ou le relèvement des pejisions mill-
"tair.es.
Nojis avons déjà expliqué, lorsque cette disent
sion a été inaugurée samedi derni'ï\ 'JsriS quelles
conditions la questieîrsp'ÇfêsentHit.. D'une part le
projet rtu gouvernement, qui rdève les pensions
dans une certaine mesuré, mais en lat^ant sub-
sister des différences correspondant à l'époque de
la rétraite; et de l'autre le projet de la commission,
réaltsant l'unification de toutes les pensions, quel-
les i|u'en soient l'origine et la date.
M, Daguilhon-Pujol. député bonapartiste, est
venu faire une diatribe plus ou moins réussie, où
11 a dit qu'on dépensait inutilement l'artrent du
pnys en Tunisie, au IUmi de secourir île vieux sol-
dats infirmps. Il a parlé des ressources 'lu pavs
« hypothéquées sur la fumpedes pippsdu Bardo ».
et prétendu qu'au lieu defaire des dégrèvements
qui ne sont qu'un privilège, on aurait dû élever
les pensions militaires, ce qui serait justice.
Personne n'a jugé utile de répondre à ces fan-
taisies, puisque que tout le monde sait, même A
«Irrite, qu'aucun régime n'a fait autant que la
République pour améliorer la situation des mili-
taires en activité on ei< retraite.
La discussion générale a été -clou*».
M. Paul Casimir-Perier, rapporteur, a refnitsur
l'article 1er le discours qu'il avait prononcé same-
di dans la discus-ioa générale. Puis M. le mi-
nistre des finances est venu combattre avec
énergie l'article lcr de la commission, qui entraîne
une dépense (le 14 millions, au lieu de 4 millions
consentie par le gouvernement.
Il a fait observer que si nos finances étaient
prospères, elles n'étaient pas inépuisables, et (ion
le jour où une pareille politique financtè e serait
adoptée, ce serait un désastre pour le Trésor,
a Jamais, a dit M. Magnin, je ne l'accepterai,
quel que soit mon d^sir de donner aux braves
militaires dont 11 s'agit des suppléments de pen-
sion. »
M. Antonin Proust est venu, au nom de la com-
mission du budget, appuyer les observations du
ministre des finances. Mais rien n'y a fait s l'arti-
cl'T 1<* a été adopté par 255 voix contre 807, sur
482 votants.
Les articles 2 à 8 ont été adoptés presque eaos
débat et l'article 9 renvoyé à la commission.
,YRiBaN A.UX-
JFRIBUNAUX
La vendetta d'un curé. Dans son audience de
vendredi dernier, la cour d'assise de Bastia ju-
geait un ecclésiastique dont le type s'éloigne sin-
gulièrement de la conception du Prêtre quVxhibe
chaque soir le théâtre de la Port"-Saliit-Martin.
Depuis le milieu un 1879, M. l'abb^ Casa«opra a
remplissait les fonctions de desservant dans la pe-
tite localité de Casalabri va. C'était par une sorte
de disgrâce qu'on l'y avait transféré. Quelque
temps auparavant, en effet. l'abbé exerçait il Pal-
Deçà, où il avait cru pouvoir se permettre de cen-
surer, du haut de la chaire, l'article 7 du projet
de loi sur l'instruction publique. Cette critique
des actes du gouvernement avait valu à fion au-
teur une condamnation à quinze jours d'empri-
sonnement. Peu de gens avaient plaint le pasteur,
al Palneca. A Casalabriva, il n'était guère plus
aimé. Les parents le tenant en médiocre estime,
les enfants le harcelaient de leurs malices. Pour
le châtier d'une simple espièglerie, le curé tuait,
11 y a six mois, le fils d'un de ses paroissiens, dans
des circonstances que relate en ces termes l'acte
d'accusation
D'un caractère violent et emporté, l'abbé Casaso.
prana avait mécontenté une partie de la population de
Casalabriva où il avait été envoyé depuis peu de
temps.
11 paraît que quelques enfants du village avaient
Hiabitude à certaines heures d'a'ler frapper & la porto
du presbytAr«, puis de x>v- ndre la fuite res procédés
semblaient avoir vivement irrité le desservant.
Le 1er d^oembre l«80 dans la soirée, l'abb se trou-
vait chea lui avec 6 soeur et deux paysans de Casa-
labriva. les nommés Antoine Guiderdoni et Bonaven-
ture Lodovighi. Deux jeunes écoliers, Toussaint Oli-
vieri et Jacques Cesari, âgés, le premier de seize ans,
le second ne douze vinrent, en jouant, frapper à la
porte du presbytère.
L'abbé cria d entrer; personne ne parut. Cptte con-
duite impressionna vivement Casasoprana. Il pa-so
dans sa chambre, r garde par la fenêtre et voit sur la
place deux garçons qui semblaient chuchoter.
Il s'armo aussitôt d'un revolver, eu t'instants après
descend sans lumière dans sa cave, dont il ouvre sans
bruit la porte extérieure, et fait quelques pas. Les
deux enfants étaient encore là. Soudain une détona-
tion retentit derrière Olivieri, qui tournait le dos au
presbytère.
Il dirige ses regards du côté d'où le coup était parti
et croit reconnaître Casasoprana cherchant à se dissi-'
muler à l'entrée de la cave. Cesari a déclaré égale-
ment avoir aperçu entre la porte de cette cave et
l'angle de la maison un* ombre noire portant di> longs
vêtements. C'était, en effet, Casasoprana qui venait de
faire feu av.c son revolver.
Olivieri et Cesari se hâtent tous deux de prendre la
fuite. Mais en arrivant auprès de sa demeure, Olivieri
sent qu'il est bless». H avait été atteint par une b^lle
a la partie postérieure et supérieure de la r;ite, et
malgré tous les soins qu'il reçut il i-xpira quinze jours
après.
Jusqu'à oe jour l'abbé Casasoprana s'est renfermé
dans un sy terne de dénégation absolue.
En face du jury de la Corse, le prêtre persistait
à nier. Il n'était pas descendu dans sa cave, sou-
tenait-il il n'avait point fait usage d'un revolver.
Il ajoutait qu'il avait eu le désir de porter au
jeune Olivieri les derniers sacrements, mais que
le père du moribond s'était opposé à la réalisation
de citte intention.
Le jury a rendu un verdict de culpabilité mitigé
par l'admission de l'excuse de la provocation et
les circonstances atténuantes. L'arrêt a infligé à
Casasoprana cinq années d'emprisonnement. b
Nouvelles judiciaires. A Grenoble, ont com-
mencé hier les débats relatifs au crime retentis-
sant commis rue Chenoise, le 19 mars dernier. Une
jeune femme appartenant à la troupe théâtrale de
la ville était tuée à coups de revolver par son ma-
ri qui, arrivé de Besançon la veille, s'était intro-
duit chez elle pour la surprendre. Alfred-Jean Ber-
nière est un repris de justice, huit fois condamné.
Il se dénonça lui-même au parquet du procu-
reur de la République. Nous rendrons compte de-
main de ces débats.
BI131jlOGrRA.JPiiX Ml
Depuis quelque temps déjà, nous voulons signa-
ler à nos lecteurs un important ouvrage, qui tou-
che aux points les moins connus de notre -droit
financier, et qui nous paraît de nature à rendre de
sérieux services à tous ceux qui ont des rapports
avec le Trésor. C'est une édition entièrement nou-
velle du traité que M. J. Dumesnil, aujourd'hui sé-
nateur, avait consacré, il y a trente cinq ans en-
viron à l'étude de la législation spéciale du Tré-
sor;public en matière contentieuse. M. G. Pallaln,
l'éminent directeur du contentieux au ministère
des finances, a repris ce volume, pour le mettre au
courant de la législation et de la jurisprudence (1),
et il en a fait une œuvre qui, par son ordonnance,
ses judicieux arrêts, sa sévère préccision, a réuni
les suffrages de tous les hommes compétents.
Le contentieux du Trésor public ne comprend
pas seulement, on le sait, l'exposé des règles de
procédure ou de compétence édictées spéciale-
ment pour cette administration; il n'est pas da-
vantage une simple indication des rapports qui
s'établissent forcément entre le Trésor et les divers
fonctionnaires de l'Etat, soit en ce qui touche les
difficultés auxquelles peut donner lieu la délivran-
ce de leur traitement, soit en ce qui concerne les
garanties de bonne gestion oui leur sont imposées.
Il détermine, en outre, et c'est là son objet le plus
complexe, les relations qui naissent entre l'Etat et
les particuliers, lorsque ceux-ci deviennent les
créanciers ou les débiteurs de l'Etat.
Au nombre des questions qui se posent, on peut
le dire, chaque jour à propos de ces relations,
nous citerons, par exemple, celle de l'insaisissabi-
lité des rentes sur l'Etat. Comme on le sait, ce
principe de l'insaisissabilité des rentes a été établi
par la loi du 8 nivôse an VI et par celle du 22 flo-
réal an VII, afin d'assurer dans la plus large me-
sure le crédit de l'Etat. Le législatenr a pensé que
plus ces créances seraient entourées de garanties
pour leurs possesseurs, et plus le crédit de l'Etat
serait grand. Aujourd'hui, il semble que l'on en re-
vienne à une appréciation plus exacte des condi-
tions réelles du crédit public. Ce qui le constitue,
c'est bien moins le caractère privilégié des titres
émis par l'Etat, que la solidité des finances publi-
ques, l'essor de la richesse générale, la bonne po-
litique du gouvernement. Les conséquences prati-
ques du principe de l'insaisissabilité n'en demeu-
rent pas moins indispensables à connaitrs, et les
chapitres que le Traité du contentieux consacre a
(I) Traité de législation spéciale du Trésor public
en matière contentieuse, par M. J. Dumesnil, séna-
teur, anci n avocat à la cour de cassation et au con-
seil d'Etat nouvelle édition, entièrement refondue,
par M. G. PallaLn, directeur du contentieux au minis-
tère des finances. 1 fort vol. in-8», 1881. J. Hotzel
et Ce.
ce sujet comptent parmi les plus Intéressants, et
les plus précieux de cet utile ouvrage.
Si nous envisageons l'Etat, non plus comme dé-
biteur, mais comme créancier, nous allons rencon-
trer des questions non moins discutées peut être,
et *ur lesquelles le traité fait complètemeut la lu-
mière.
Ainsi l'Etat peut être créancier à la suite de con-
damnations criminelles, correctionnelles et de po-
lice, dont lVffet est d'entraîner l'obligation de lui
payer les frais de justice. Il est créancier égale-
ment «tes impôts directs où indirects, dont la per-
ceptiun est pour lui la condition essentielle de son
existence. Est-ce on créancier ordinaire? Non, c'est
un créancier privilégie.
Sur quoi porte le privilège? Quelles sont les cho-
ses qui en sont grevées? Que de points litigieux t
Il ne faudrait pàsTemontér bien haut, c'était
vers 18c5, pour retrouver une tûéoiie qui pré-
tendait faire attribuer au Trésor un droit un pré-
lèvement, pour le recouvrement des droits de mu-
tatlon par décès. Ellenetfndaitariendemoinsqu'à
accorder à l'Etat, s sorte de droit primordial et supérieur, analogue à
celui dont dérivait le droit de relier dans l'ancien
droit féodal. Notre Traité n'a jr&rde d'omettre la
critique de cette doctrine, et il fixe, d'une manière
définitive, les vrais principes.
Nous nous bornerons à ces indications sommai-
res. Elles suffisent pour donner une id bre et de l'importance des questions, de droit et de
fait, que le Traité dit contentieux aborde et ré-
sout.
PAUL DELOMBUE.
UNE EXPOSITION EXTRAORDINAIRE
LES FABLES DE LA FONTAINE EN PEINTURE
En un temps où la société française entraî-
née paraît fatalement vers le réalisme dans
l'art et dans la littérature, ou il semble que les
fables antiques ont perdu toute saveur, et que
l'ou préfère le vrai, fiit-U grossier, à la fiction,
fût-elle charmante, il est b en curieux dn voir
le démenti que se donne à lui-même ce monde
que l'on prétend et qui se croit réaliste. Sem-
blable à un amoureux qui se vante d'être guéri
de son amour et qui, à la vue de l'objet aimé,
se précipite dans la rechute, cette société que
nous pensions convertie au plus épais natura*
Usine, elln couri à la poésie dès qu'on la lui
montre, Témoin l'exposition en ço moment ou-
verte rue Laffitte. où l'on a réuni environ cent
vingt aquarelles dont les sujets sont tous tirés
de8F»bles de La Fontaine. Ces bonne» fab|ga}
ces fables naïves dont le tour est d'ord'usifé si
familier, uôhîto iâiigaiçe est empmiut d'une
telle bonhomie, elles ont inspiré à nos artistes
non-seulement de poétiques inventions, mais
des scènes romanesques et des compositions
d'un caractère souvent fantastique. tant il est
vrai que la poésie, loin d'être dans les choses,
est dans nous-mAmes; qu'elle est bien. comme
disent les philosophes, subjective. C'eat notre
âme qui la conçoit et qui t'engendre. Et com-
ment ne pas en convenir quand on voit la
même fahfe donner lieu à des tableaux si di-
vers, éveiller ici, dessentimeuts vagues comme
des songea, des conceptions surnaturelles «'éle-
vaut jusqu'au lyrisme, là, susciter des interpré-
tations d un autre genre, des images précises,
empruntées de la vie commune ot qui touchent
même à la vulgarité?
De tous les peintres qui ont concouru à l'il-
lustration des Fables de La Fo; itai n entreprise,
dit-on, par un estimablo et iutelligeu amateur,
M. Roux, de Marseille, les plus remarquables, et
de beaucoup, sont ElLe Delaunay ot ùustave
Moreau. Le premier doit êtrn vu avant l'autre.
Il est placé du reste à l'entrée de l'exposition,
et il y a plaisir à regarder une à une ses aqua-
relles pleines de style et d'un goùfqui rappelle
parfois celui du Poussin. J'imagine que ce grand
DHintre aurait conçu de la même manière lafa-
le de l'octogénaire qui plante un arbre et des
trois jouvenceaux qui le raillent. Ce bel apolo-
Eueest traduit par M. Delaunay en figures dont
) stylé me fait penser aux Bergers a1 Arcadie;
le nonchaloir des jeunes gens, l'insouciante
gaieté de leur âge leur donnent des attitudes
naturellement élégantes, et l'un d'eux, celui qui
périra -bientôt à la guerre et qui déjà porte un
casque, ajoute à l'expression de sa raillerie en
mâchonnant la tige d'une fleur qu'il tient à la
bouche. Empreintes d'un caracière générique,
ces figures ne sont pas d'aujourd'hui, ni d'hier,
elles sont de tous les temps; leur nudité à peine
voilée par un lambeau de draperie, lo pétase
de l'un, le casque de 1 autre, reportent la vie
de ces personnages à vingt-cinq siècles de
distance, à l'époque où Esope fanait briller,
chez les Samiens, la subtilité de son esprit. Rien
de mieux pour exprimer la signification hu-
maine de ces fables que de les mettre en scène
dans le pays d'où les fables nous sont venues,
dans ce pays dont l'art fut essentiellement hu-
main et typique, puisqu'il posséda l'absolu de
la forme, qui est le nu, et l'absolu du costume,
qui est la draperie.
Quelque soit d'ailleurs l'éloignement du théâ-
tre où furent jouées les comédies et les tragé-
dies de la fabje grecque, chacun applique sans
peine au temps présent la moralité de ces con-
tes. Celui des Deux Pigeons, par exemplo, a
beau sG produire sous lus traits de deux amants
qui éprouvèrent au temps jadis la douleur d'une
séparation et la douceur de se revoir, chacun
sent palpiter au fond de son cœur dos senti-
ments qui furent les siens à un moment donné
de sa vie. Chacun modernise le diame antique, 9
si bien représenté dans l'aquarelle d'KÏie De-
launay. Avec quelle tendresse ils se retrouvent
et se tiennent embrassés, les deux amants
qui ont si cruellement éprouvé, l'un les maux
de l'absence, l'autre les injures de l'air et la
méchanceté des hommes! Avec quelle confusion
touchante, l'amant rapatrié cache son visage
dans cet embrasement, mêlant ainsi les lar-
mes de sa honte aux larmes de sa joie 1. Tout
exhale' un parfum d'antiquité dans les savantes
et émouvantes compositions "d'Elie Delaunay.
On y sent l'éducation d'un ancien pensionnaire
de l'Académie de France, à Rome. Ses paysa-
ges ont quelque chose de la grandeur poussi-
nesque ses chevaux ont un caractère héroïque,
ceux, par exemple, qui dressent fièrement la
tête à côté de Castor et de Pollux lorsqu'ils
viennent sauver Simonide. Ses divinités, Mer-
cure montrant une cognée d'or au bûcheron,
l'Amour aveugle guidé par la Folie, la For-
tune accusée d'injustice, la nymphe Alcima-
dure, si farouche dans sa beauté inhumaine,
sont des figures sveltes, délicatement dessi-
nées de verve, jamais incorrectes cependant,
quelquefois un peu minces, mais toujours élé-
gantes. A la différence des hommes qui ont la
peau hàlée, et les muscles ressentis qu'a déve-
loppés le travail; les dieux du peintre se distin-
guent par une peau blanche et par des formes
pures que n'ont point fatiguées les labeurs de la
vie, que n'ont point accentuées les peines ré-
servées aux mortels. Ses déesses ont infiniment
de grâce et leurs corps ne présentent que des
lignes coulantes, un modelé tendre et passé, des
plans adoucis. J'admire en particulier, parmi
tant de figures, celle de l'Amour aveugle que
mène la Folie. Avec un rare bonheur, le pein-
tre a su exprimer à la fois, dans la figure
charmante du jeune dieu, l'élan qu'inspire la
passion, et l'hésitation que donne la cécité.
Un des artistes éminents dont les ouvrages
font partie de l'exposition des Fables, Eugène
Lann, apercevant un ancien camarade au nom-
bre des visiteurs, est allé droit à lui et, le pre-
nànt par la main, il l'a conduit devant une des
aquarelles de Delaunay, la Mort et le Malheu-
reux, et, en la montrant du doigt, il disait à son
ami: «Ceci est vraiment Pœuvred'un maître.» A
l'aspect de la Mort qui a ouvert la porte et qui
vient, avec une courtoisie funèbre, répondre à
l'appel du malheureux, celui-ci, couché contre
un mur sur un grabat couvert de haillons, se
dresse sur son séant et recule d'épouvante au
point qu'il semble entrer dans la muraille. La
vie a donc bien du charme même pour les dis-
graciés de la fortune c'est ce que le peintre
fait sentir à merveille, avec les moyens do son
art, en perçant, dans ce cabanon de la misère,
une fenêtre sur les vertes campagnes. Un rayon
de printemps venant colorer le logis sombre et
nu de l'infortuné qui ne veut pas mourir, cela
explique tout, et ce coup de lumière est un coup
de maître.
Quelle variété dans les tempéraments d'artis-
tes quelle distance d'un esprit à l'autre, même
quand ces deux esprits sont excellents Non
seulement, il existe cent manières de voir, de
sentir les mêmes choses, et cent manières de les
bien peindre; mais, à ne les considérer que sous
le rapport de la couleur, les ouvrages d'art
sont à l'infini variés d'expression, de senti-
ment et d'aspect, tant il y a de facettes à ce
prisme mervôïlleax qui colore les régions de la
peinture. DEIie Delaunay à son ami Gustave
Moreau, il y a tout un monde. Le premier,
comme tous les peintres de style, préfère les
colorations tempérées, les tons de fresque, et
c'est par exception que ses aquarelles sont ani-
mées de teintes violentes qui mordent sur le re-
gard. L'antre, au contraire, déploie une telle
opulence de coloris qu'il acctlBO la pauvreté de
notre langue, insuffisante aujourd'hui à expri-
mer des choses qui sont venues quand elle était
forméndèjà et quelle se croyait assez riche pour
n'avoir plus à s'enrichir, jl faudrait «Téer un
mot tout exprès, si l'on voulait caractériser le
talent dé Gustave Moreau, le mot colorisme,
par exemple, qui dirait bien ce qu'il y a d'ex-
cessif, de superbe et de prodigieux dans son
awkoyr pour la couleur. Ses aquarelles sur tes
fables ab La. fontaine font tout pâlir. On se croi-
rait enpréscince d'un artiste illuminé qui aurait
été joaillier avant d'être peintre, et qui, s'étant
adonné à l'ivresse de la couleur, aurait broyé
des rubis, des saphirs. des émeraupazes, des opales, des perles et des nacres,
pour s'en faire une palette. Ou est tout snrpris,
tout saisi do voir un M coloriste s'inspirer des
fables do ce bon La Fontaine, si sobre dans sa
P'-muire. même lorsqu'il peint « la boutique
d'un lapidaire ».
Une distinction suprême, un luxe asiatique
dans le déploiement de toutes les rich< sses,
une exaltation do la pensée qui mente parfois
jusqu'au sublime, les pius hautes intentions du
stylo combinées, chose étrange, chose iuouï>%
avec la curiosité du détail, le mélange d'uu
sentimentfier avec la cqquetteriedes costumes et
le précieux des brader i s et l'opulence féeriquo
des intérieurs: voil < ce qui fait de Gustave Mo-
reau un artiste profondément singulier, diguo
de courtiser W Mu»es. et, dans ta sphère qu'ha-
bite son esprit, hors de pair. Ses figures, lors-
qu'il les mesurait aux grand*)» proportions d'un
tableau, nous paraist nées, et, de plue, il nous souvient que nos yeux
étaient offusqua de voir des poètes qui por-
taient le nom d'Orphée, des héros toits quo Ja-
son. des êtres mythiques tête que Promothée,
revêtir, comme em&ent tait lea femmes d'un
harem, des couleurs voyantes, vibrantes, cha-
toyantes, étincflUntes, Mais, quand le peintre
tfyn ti^nt aux dimeueione d'une aquarello qui
ne dépasse point le format d'un album in-folio,
ces étrangetésee conçoivent, eoa anomaliosse
font pardonner, (je qu'il y a do. contradictoire
a rechercher 1© stylo ©t & prétendre on conci-
lior la recherche avea la poursïiile enfantiuedu
détail. e©ise de g'^rprendre et d'offenser -Tes-
thétio»». itéûuitesà de Semblables proportions,
les figures du peintre n'appartiennent plus au
monde réel, tfest & l'imagination quelles s'a-
dressent, et l'imagination so plaît à les rendre
vraisemblables. On est transporté dans une ré-
gion qui est très éloignée de notre esprit, bien
que l'intensité des couleurs la rapproche de nos
regards. A i'invwrse de la nature qui affirme la
distance par le vague do son formes, l'artiste
c ntredit l'éloigaement par ta précision des
«iennes. Mais chacun se prête h ces belles fic-
tions. Chacun est secrètement averti que la
peinture est ici l'expression des choses surnar
turelles par l'apparente imitation des chose» de
la nature.
Lorsque la campagne est le théâtre où se
passent tes Fables de La Fontaine. Gustave Mo-
reau invente un paysage tout enflammé des
couleurs du prisme. I)aus la fable le Lion et le
Mvv.cheron, la violence des. tond répond à
l'exaspération de la bête fauve, la palette du
peintre semble exaspérée aussi. La forêt où lo
lion se débat furieux «'ontre son ennemi insai-
sissable forme un repoussoir qui éloigne les
plaines de l'eau, les plaines do l'air. Le cou-
chant s'allume aux feux de la eouleur; il se
revêt de teintes orangées que surexcite le bien
des eaux, en attendant qu'elles s'éteignent dans
un océan d'outremer. Si la scène est intérieure,
comme le Conseil tenu par des rats, le peintre y
étale tous les trésors de son écrin. La lumière
qui pénètre, par un soupirail, dans lo sous-sol
où se tient le parlement des rats, y fait briller
inégalement ror des chaudrons, le cuivre des
bougeoirs, les chandelles que n'a pas encore
dévorées l'assemblée délibérante des a ronge-
maille », les pots de grès que l'on dirait on tur-
quoise, les marmites fêlées que l'on croirait en
burgau, et le salpêtre des murs effrités, et les
détritus d'une cuisine grasse, et les loques ou-
bliées ou délaissées par la gent trotte-menu.
•Tout cola se cache eous un coloris si magique,
si ravissant, qu'il vous procure l'illusion des
richesses dont regorgerait un palais délabré,
qui aurait appartenu à un sultan ou bien à un
pharaon.
Chez Gustave Moreau, les femmes sont tou-
jours belles et toujours de la plus fine race. Tan-
tôt elles représentent la borgère du Lion amou-
reux, méprisant du haut do su beauté ce tier
prétendant de la veille, auquel on a rogné les
ongles et limé les dents, et qui la regarde « dé-
mantelé », d'un air aussi niais que celui d'Her-
cule filant sa quenouille; tantôt elles réalisent
la métamorphose de la souris en une jeune fille
qui serait digne d'être fiancée au Soleil, si son
corps charmant n'était pas toujours habité par
l'âme d'une souris; tantôt c'est la Matrone
cTEphèse dans un palais poétisé par lo clair-
obscur, tel que l'aurait pu concevoir un Rem-
brandt de l' Asie-Mineure. Joli conte, mais bien
irrévérencieux pour les femmes, que le conte
de la Matrone d'EphèseJ Elle est au désespoir
d'avoir perdu son mari. Elle v^ut mourir
comme ferait une veuve du Malabar elle va
se coucher dans la tombe à côté du défunt,
quand tout à coup elle voit apparaître, en sai'u-
ncbre demeure un jeune soldat lydien qui était
préposé à la garde d'un pendu, et qui, las de
veiller un mort, est allô à la recherche d'une
femme vivante. Et voilà que la matrone incon-
solable se laisse'consolerî Cependant, le soldat,
pour avoir abandonné son poste, a encouru la
peine de mort, car on a volé le cadavre du pen-
au qu'il devait garder. que faire? L'amour a
rempli sa coupe il faut la boire. La veuve, qui
tout à l'heure se rés gnait à la mort, no doit
pas laisser mourir son amant improvisé. Elle
consent, qui le croirait ? à ce que le corps de
son mari soit substitué à celui du pendu. Telle
est l'histoire. mais que dis-je? cette histoire
est un conte.
Il est impossible a Gustave Moreau do conce-
voir une figure laide, de dessiner un être vul-
• gaire, de ne pas donner, même à un avare, des
traits éminemment distingués, comme il l'a
fait dans la fable lo Thésauriseur et le Singe,
de no pas prêter le plus fin sourire au Dandin
qui mange l'huître et laisse l'écaillé aux plai-
deurs. Il lui est impossible également de mettre e
en scène la hideuse figure de la Mort en sque-
lette, et. devant illustrer la Mort et le Bûcherov,
il représente la divinité du Styx sous les traits
d'une jeune femme voilée, qui a eu' la délica-
tesse de cacher ainsi son visage avant d'abor-
^or le bûcheron qui l'appelle. Comme elle est
juce et gracieuse la pensée de se faire belle
tomme un rêve de bonheur pour se rendre au
cri du malheureux Celui-ci, converti subite-
ment à la religion de la vie, semble dire
« N'est-ce pas assez de mes fagots sur l'épaule
et du poids de ma misère?. Ne devrais-je pas
être exempt du dernier fardeau, celui de la
tombe?.» Et quel noble paysage! le soleil se
couche, le crépuscule s'annonce, la forêt s'en-
veloppe de teintes languissantes, évanouies le
chien du bûcheron, pris de peur, essaye d'a-
boyer, mais il est comme médusé par l'appari-
tion de la déesse au long voile. Tout cela est
épique et dépasse de cent coudées la poésie du
fabuliste.
Comme un peintre qui veut n'être parfois
qu'un décorateur, Gustave Moreau cherche des
tons heureux, des tons rares, plutôt que des tons
vrais. Ici les chevaux du Soleil fringants, bon-
dissants, les naseaux en feu, s'élancent dans
l'éther, et leurs robes, rose, vert-d'eau, or et vio-
let pâle, ne sont pas semblables certainement'à
celles des chevaux qui paissent l^s pâturages
de la Cappadoee ou de la Numidie, mais elles
composent, sous la main du dieu de la lumière,
un superbe quadrige do couleurs. Là, c'est un
palais dont les tentures ont été tissues par les
fées, dont les,murs sont inscrustés de joyaux,
et ce palais enchanté est celui où la souris se
métamorphose en péri. Une autre fois, l'étran-
ge peintre fait surgir comme d'un coup de ba-
guette une Babylone imaginaire et des jardins
plus merveilleux que ceux de Sémiramis, sous
prétexte de nous montrer un philosophe rê-
veur, couché sous des ombrages, un Démocrite
raillé par les Abdéritains; ou bien, pour inter-
préter la fable, contre ceux qui ont le goût dif-
ficile, l'artiste évoque la sublime figure d'Or-
phée, percé de flèches par les censeurs et les
barbares, mais promenant sa lyre et sa poésie
au milieu d'un paysage dont le ciel est en sa- 1
phir, les prairies en émeraudes, et dans lequel
on aperçoit, comme un colosse fait de pierre-
ries, le cheval de Troie sous les murs d'Ilion.
Ah 1 combien elles ont d'attrait, do nouveauté
et d'imprévu, ces peintures chimériques, ces fi-
gures d'une beauté surhumaine. ces campa-
gnes qu'on dirai! éclairées parfois aux feux du
Bengale, ces fables, enfin, qui sou., transportées
tout à coup dans les régions iinatnuaires d'u.o
planète inconnue! Connue il mji-ù élomié,
comme il serait ravi, le naïf La Fontaine,
devant nne interprétation aussi libre, aussi
transcendante de ses plus familiers apolo-
gues, et que dirait-il s'il voyat. par exemple,
son Paysan du Danube transfiguré en Messie,
ou plutôt en précurseur du Messie, pari «ut au
Sénat romain, non pas avec la rudesse d'un
Germain velu. aux sourcils eu broussailles, aux
cheveux incultes, mais avec la douceur d'un
prophète qui annonce la venue d'un dieu de
mansuétude aux paies sénateurs assis sur leurs
chaises curules dans une demi-ombre! Com-
me j'étais tout entier à la contemplation de ces
mirages, un visiteur qui regardait les rr.pmes
tableaux a dit à doux anmes élégantes qu'il ac-
compagiiaU « Je sais bien ce que je ferai
j'irai demander à Gustave Moreau une illustra-
tion des Mille et une Nuits. » O»la est bien ima-
giné, pensai-je en moi-même. ce peintre,
qui a rêvé de concilier le plus haut style avec
les éblouissementsdu coloris, me représente un
Grec qui so serait égaré dans la retraite des
dix nulle et qui, après s'êire perdu en Asie, se
serait endormi sur les bords du Gange pour se
réveiller indien.
̃ Que «i l'oit passe dos aquareiies.de Gustave
Moreau à celles des autres artistes, on se sent
retomber des sommes du lyrisme dans une
honnête prose. Tout paraît fro'd. ordinaire,
semblable à ce qu'on a vu partout. Les meil-
leurs peintres semblant faire « toujours bien et
jamais mieux ». Eugène Lami a lavé en cou
leur des dessins délicieux où l'esprit pétille, où
le talent étincelle; mais cet esprit, ce talent
sont d'une autre époque, et si j'osais le dire, je
dirais qu'ils sont un peu démodés. Francais,
dont les gouaches sont sans prix, a peint, selon
sa coutume, des paysages surprenants de véri-
té et pleins de saveur; mais rien no montre que
les Fables de La Fontaine ont inspiré ses ta-
bleaux, que te cerf qui est perdu dans les fouit-
lis de la verdure est le Cer, se mirant dans
Vertu du fabuliste. Ses admirables dessins pour-
raient s'adapter à d'autres ouvrages. Les ani-
»ans de i'apoîogtté n'y jouent pas leur rôle.
C'est ici, d'ailleurs, que se manifeste l'inté-
ressante variété d'humeurs qui prête tant de
charme aux ouvrages d'art, et donne tant de
physionomie aux artistes. Celui-ci est amusant
au possible il.se nomme Eugène Lambert;
celoi-là s'appelle Worms et lorsqu'il nous
montre Joseph Prudhomme, avec son habit
nankin et son chapeau tromblon. moralisant un
avare, son œuvreest d'une vulgarité voulue et,
partant, spirituelle. Cet autre est un amoureux
fervent de la nature; il s'attache à la vérité;
mais à une vérité prochaine, qui donne la date
d'hier à des contes vieux de plusieurs mille
ans. Je parle de Jules Jacquemart. Ses aqua-
relles sont autant de fenêtres ouvertes sur la
campagne. Longtemps it-fcafeita tes îjôkîs aôïa
Méditerranée, à Menton, et ily fit des caysaçes
remptis de fraîcheur et de couleur. D'un pin-
ceau loste. vif et sûr, il rend à ravir les verts
intenses d'un bouquet d'arbuste3 mouillé par
une pluie récente. les terrains écorchés, les gi-
sements de sable jaune, les ourlets d'herbe
courte au bord d'un sentier, entre deux mure
de pare, et de temps a autre, les grandes plan-
tes qui s'étalent dans les jardins soignes, sur le
littoral qui va de Vintiinitle û Marseille. Au
lieu do voir les Fables de La Fontaine s'éloigner
dans la perspective du temps, il les a vues, pour
ainsi dire, se passer, s'éclairer, se mouvoir,
vivre sous ses yeux, aux environs de sa de-
meure, et. bien qu'il y fût malade de la maladie
qui nous l'a si jeune enlevé, il y conservait la
justesse prodigieuse de l'œil, la santé de l'in-
telligence, toutes les habiletés de la main. Au-
cune poésie, pour lui. ne valait colle de la na-
ture qu'il pouvait embrassordu regardât, pos-
sédant l'art des réticences cummo les vrais
maîtres, il mettait dans sun œuvre des
silences qui contribuaient à l'éloquence
des choses rendues. La fahlo le Torrent et la
Rivière est dans son aquarelle un chef-d'tçuvre.
On connaît la morale un peu relâchée do cette
autre fable où la chauve-souris montre tour à
tour ses ailes d'oiseau et son pelage de ron-
geur; eh bien, Jacquemart en a exprime l'af-
fabulation à sa manière, avec iuûniment d'es-
prit et d'une touche vraiment exquise. Le phi-
losophe pratique, habitué à crier, suivant les
temps, vive le roi! vive la ligue! est représenté
ici par la défroque de ses opinions, c'est-à-dire
par un habit rouge à doublure de satin vert
qui a été plus d'une fois retourné, et par un
chapeau de rechange..Une vieille malle cou-
verte d'un papier à fleurs, d'un réalisme cette
fois adorable, est là pour faire penser aux pé-
régrinations du sage à travers les partis. Jac-
quemart se flattait d'être un aquarelliste au-
tant qu'un graveur, et il avait raison. Artiste
singulier, unique," il cherchait l'idéal dans les
choses, dans les substances, et il y trouvait une
poésie qui était sienne.
Si l'espace-ne nous était mesuré, nous au-
rions plaisir à continuer la revue do cette ex-
position extraordinaire, à saluer au passago
Luminais, Morot, Imer, Raffaelli, de Nittis, Zu-
ber, Harpignies; et ceux qui aiment le style,
tels que Machard, Emile Lévy, Ranvier et Gé-
rôme qui à concentré dans un intérieur oriental
le Bassa. et le Marchand, toutes les finesses do
son esprit, toutes les délicatesses de son pinceau.
Je tournerais de mon mieux un compliment
à Berchère dont le talent s'est localisé si heu-
reusement en Egypte; à M. Vibort, qui a choisi
avec tant de soin et tant d'art, pour illustrer la
Goutte et V Araignée, les têtes si profondément
individuelles d'un prélat goutteux- et- d'une ac-
corte servante; à M. de Boaumont. si presti-
gieux dans ses intérieurs, si élégamment-chif-
fonné dans ses draperies, si recherché dans
ses types de femmes, jolies comme des bijoux
à M. Heilbuth, qui exprime lo vrai avec des
tons précieux; à Gustave Doré, le plus étonnant
des paysagistes par la vraisemblance qu'il
donne à des paysages inventés de génie; à
Philippe Rousseau, enfin, qui n'a plus besoin
d'éloges, mais qui pourtant est plus savant, plus
nourri, plus savoureux dans la peinture à
l'huile que dans l'aquarelle. 11 est grand dom-
mage que Lehmann, Meissonier, Cabanel, Hé-
bert. Bonnat, Baudry lui-même qui ne figure
ici qno pour mémoire brillent -par leur ab-
sence dans cette exposition, une des. plus cu-
rieuses qui furent jamais. Telle qu'elle est, ce-
pendant, elle nous fait voir parles succès d'Elio
Delaunay et de Gustave Moreau, que- la fable
antique n'est pas morte; qu'une chèvre peut
encore nous intéresser quand bien même elle
s'appellerait Amalthée on qu'elle aurait été of-
ferte ça présent à Galatée par Polyphème; que
la fiction n'a pas perdu ses droits à nous ravir,
que l'idéal n'est pas encore étouffé par le réel,
et que la beauté est-aussi une vérite.
CHARLES BLANC.
NECROLOGIE
Les obsèques de M. Robert-Dehault, sénateur^.
maire de .Saint-Dizier, auront lieu, demain jeudi
9 juin, à 10 heures très précises, en l'église Notre-
Dame des-Champs (boulevard Montparnasse).
La famille prie les personnes qui n'auraient pas
reçu de lettre de faire part de considérer le pré-
sent avis comme une invitation.
On annonce la mort de M. A. Savart, professeur
d'harmonie an Conservatoire de musique de Paris.
M. Savart était l'auteur du Cours complet d'har-
monie et des Principes de la -Musique, deux li-
vres qui font autorité.
M. Savart était âgé de soixante-six ans. Depuis
longtemps maître de chapelle à Salnt-Etienne-du-
Mont, il avait été décoré de la Légion d'honneur
à la distribution des prix du Conservatoire en 1875.
LIBRAIRIE
Vient de paraître chez Guillaumin Questions ac-
tuelles de com-ptabi it/> et d'enseignement commer-
cial, par Eugène Léautey, chef de bureau du Comptoir
tTEseompte de Paris, un intéressant volume qui con-
tient le compte rendu du Congrès des comptables.
Sous le titre de l'Italie qu'on voit et V Italie
qu'on ne voit pas, le savant étymologiste M. B:a-
chat a réuni, avec une patiente et patrioti lue sa-
gacité, un ensemble d'un millier do documents
vraiment décisifs pour l'histoire des ambitions d'
l'Italie i eiiseignement des Lycées et des Ewies
miiitalres dirigé depuis seize ans contre la
F ̃ance; revendications officielles de la Corse, de
Nice, etc.; histoire naturelle du caractère italien.
[Voir aux. annonces.)
Le second volume des Mchnofre» ë$ Sf, Œ«ti4-e't
chef de la police de la sùreto soua lo second, em-
pire, vient de paraître. Il embrasse tes parties les
plus intéressantes de la carrlèro du oéîôtorô-|»»Hcjér.
Noos sommes hptireux d'annoncer ft«8S ieetcups quo
la 8e et 'lernière livraison de l'auTmg» s fa Bri&uc i't
la Terra cuite, de M. Pi rre Chabat, vient d'ôtee mise
en vente.
Le même auteur publie également UEO*eaxfôB»eûili-
tion du Dictionnaire des larmes cmiiloyc'& fans la
cortstru'ttion.
< >t ouvrage, dont la première Wition a été ra^Wc-
ment èpuisoe, se oomposa do quatre valûmes, c;iù
paraiss nt tous les mois; le premier volume a été:
mis en vente le l"r juin.
Un extrait de cette denxtôme édition, «asjtaéa & com-
pléter la première, paraîtra eu munie j'ejaps q^ç le
4" volume, c'est-à-dire le 1" septeiabre.
Revue philosophique de la France ciNuméro de juin. G. Guéroott, Du vàïe dit njouvo-
ment dans le-; émotions esthètlque-i,– A. PofilUVe, Cri-'
tique âo. la morale de Ka t. Hcbect Spe/iç&r, Des.
gouvernements composés. A. Navitl'^ L'ftmaîiïipro-I
pré, 6tude psyoliologique. Analyses eî^&tagise îéiî-
dus. Revue des périodiques étrangers.
On s'abonne à la lihrairieOpr*ftsr"5àfflftp£'eî; C".
Paris 30 fiv, dép. et êtrango?, Ss fr, U Uw&isoa, S îe.
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Bassoh duPOBT-KEUF Jaquette a$ga&a#'
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BÉCSIOÏJ P'F.ÏÉ • ;̃̃
2° fournée. Mardi 7 /««A* t8$l. •'
Peu de monde hier à Longchamp, Los ~0*9.~3. estt9
semaine, sont si nom reuses, que.to public ûaiî pau.
8 pb lasser. Du reste, les courses par cttes-mèmas pré-
sentaient un intérê assez restreiat» UftjTWiaaut a eem-
porté sa première victoire.
Nous ne serions pas étonnés que la jwalatn fia bapas
de Chamant se comporte d'ono maiate eatiSËaisante
dans la grande lutte internationale.
Prix dn Bois. 3,0» fr. 8.83S ta&fraï,-
Paulat (Wilson), à Don fliOT&anl, *«;.
Ferais, à Jennings, 8e.
Méfit", à M. Lupiu, >\
Prix de Rueil. 4,000 fe. –«#9 «*6ta33i
Marie-Thérèse (Dodge), au eointo do Lagcansfe* V\.
Reraeraber, à Jennings. 8°.
Valence, au baron de Rothschild, S».
Prix de Santerre. 'i,000 fr. 8J$ tuUcaS,
Clémentine fWheel r), nn comto 46 togroage, l*»,
laménie, ù. M. Lupin, £*.
La Scala II, au comte de Lagcaago, f;5,
Prix de SaintrOermain. 4,009 Tr. «1^999 œStwS..
Casimir (Seakins), à M. M. EpUrasst lCTi •*
Palma, A M. Lupin, 2». 'Ai
Loois-d'Or, nu baron de RotliscidJA, &<
Prix de Juin. 10.O» fr. ^a».ia*£re&.
Hoyaumcmt (Hudson), au haras de Chamaaî, Vf,
Gourgandin, au comte do Lagroneo, *•,
Verduroa, à H. Delamajre, 3«.
Prix de Chatoa. 5,000 fr. £*» mtteOS»
Muscadin ni (Wheeler), Cliamp-ilti-€ygoe, & M. de la Cliaetto («6a*»^,
Demain jeudi, troisième réaaioa flîikp €s Bûu;-
logne.
N. B. Albion remont <2ana la cûiô, 4i a &è fait
îiier à 2/1 pour le Grand Prix. Oa pcéteaft 4«ô lo com-
te de Lagrange a retenu, poar k> m«at£f, & cStèbro
jockey Gardener.
Fox-Hall est «gaiement fait -& %.l. «bbcl à 5, et Royaumont à 15.
BULLETIN COMMEFtC«AL
DÉP&CHîS Ot)3QIEJt(SWE3
Maafcife, î (aïs,
Bios. Marefcô calmo; piTiK scuis diftOgetûeut.
Ventes, 11,000 quintaux dont 1,8)9 & &m&\ importa-
tions, 31,740 quintaux.
Ghirka Nwolal-ff, 67 fr. Teaâro Miliaaafc&û. n" l,
27 50. Tendre Bombay £fl 85 et «5 fr. SÏ7iS»$rë Rocl-
Winter n» 2, courant dn mois, gï 75 fea t99 fcll.
Graines oléagineuses. Calraes. As&cUf&CB lion'iDay
dfeortiquées â 38 25 les «ffl -fett.
Cafés. Calmes. Rio-Janeira W. Sftùit-Oomiag'i 10
les 50 kil. entrepôt.
Laines. Calmes. Voîo Maotte? coauaane.'î ISS les
100 kil.
Sucres et cotons. Calmes a«a coius itt'&iMaats.
BonSeaiiK, S loin.
Cafés. Mexique 70 à T2 te, Ki» aon Iav6 «î à 5ii.
Guayra non gragé 70 Ci 75. Guatemala W m Isa SD kil.
entrepôt. ~,p Salnt-P6î9csUoacgrt' î1 iain.
Suif.– Disponible 57 r. »» fe. (le'bei'fcaa'etï -1-8 ir. 89).
Froment. Calme, a IG r. 20 le.
Seigles. Baisse, 4 12 roab. <3> Xxaf.
Avoines, 5 ronb. 60 kop. le tout e« Mae3Uan,$l5» flfsp.
et par tchtwert (S10 IRrea).
;Change sur Paris (â 3 .mois), fiflS «{» j»aar 1 caxbîi.
Aasrars, t i«în.
Cuirs. Secs. Buenos-Ayres US. Sal(-s. Clucuos-Ayros
Cl: dito Rosario 64; dito Montevideo th a H fc
Cafrs. Marché tris feme.-IfaM Peîtt-Sbare tel
quel à 31.3/4 cents acquitté.
Laines, -r Ventes, 51 balles LaPiatU Sï6;tfat et li
balles .Melbourne suint.
Saindoux. Affaires sans impartaac£;-j»rï k toês fer-
mes, On tient la marque Wiic»K tiifônéatbls tiJfî 1/2 à
137 les 100 k'ii.
Salaisons, Le dispoaibîe est do nr>HTOaui iiime et
les prix sans changement. LoagathSâJcs Alsjiauibie loi
et short unddles 113 a 115 les M i:ii. suivait). quaUté.
t/cmlros, '< juin.
Marché demi-férié; assistance- pe« iioiojjrôr.se.
Sucres bruts. Marché calme; mais prtc fermes.
On ne signale aucune transactions ®x pc&ycaaece des
Indes occidentales.
En spéculation, la tendance est 0©Ka3 et la [domine. Manille bonne qu»lit6 15 slt. S lieu. Madras
canne Jagghery a livrer lu sli. T lit A. h iQ sii, S* don.,
ce qui constitue une amôliora&oa sac les pilK rie la
semaine dernière.
Cuivre. Ferme. Chili en barres diisp3(iii>ts K» 2/6 à
û9 liv. !0 sh.; a 3 mois M 10 à G9 Ht. »». Wattarood :0
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80 liv. » sh.; dito a terme S) liv.6 :&à Oit kl. 15 sh.
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â45sb. 12 d.: clôture achfiteurs »* sk. « »» 1.; vend.
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Stock des fers, &;i,000 touaos csîiiro tfAJk'B tonnea-
l'an dernier à pareille date. ISùW'Tosk, 'î juin.
Valeur de l"or, 100 0/0; chauga mie LtMiirâï, i 33 3/i;
change sur Paris, 5 20 » ••
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Philadelphie, 7 7/8 cents le galloa.
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good News-Orleans, 11 8/4 h <"> »j'« osât? la Uvra la-
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anglaise.
Saindoux. Marque Wilcox, M 0/ô; Q&9 êU» Rvra*
iîe sur juin, H 'SiH la livre anglaise.
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Cotons. MiSdling Uplaad, 1» Ifift mia3îCas Louï-
eiane à New-Orléans, 10 S/s la livra aagîatso.
Le Gtfrgni F. I&shukd.
Sous ce titre les Aventwes (te» jKt-MS tiï'jl:>iit,'i>.i\
M. Emile With viom de publier cîiW/ W^fe{«. «a livra
dàns un genre nouveau qu'oa psaî appeler io « roman
technique 11 y définit les fo»ctioa^ ia. {tewiouiiel si
nombreux des travaux publics. Dans j» partio roman-
tique d- l'onvr.-ige, nous voyoosexposé à toutes les vicissitudes Usinai** es. W. fa cheiS
chercher fortune chez les saliva gtis, o* lai au-'ivent. tog
aventures les plus émouvantes "et tes y'.«.*> eîitraorttî-
naires. Le volume est illustré.
ila umm des mm mmm
ET DES" VALEURS IKIKrS'iFUlKM.ett
Société anoayiue an casUaâ da iLct*itO,ffi(JÎ> fr.
Siège social à Paris, lo, ruts Bechargespéelalemtnt des ortirga et bm'j'SS S Urnit
~B~W~'S~g~TSN Ca!tlM!S~[9.S'V?M9 et des IR-eilis, Gmveuo~
urwids irz,iti-ft6~- f1:0oall.o
C"'¡lqŒC,i 4a 1'010.
FftHMo & fr.-M3, RCBMEitJi&sna:C~?!~s:$
TRIBUNAL Dfi GOMMCS'O»
DECLARATIONS GE FM1MVZÎ
Du 7 jiihh
Silvostre, mercier, rue des YûassMafi. 13. S. pr.,
SI. Hecaen, rue de Lancry, 0.
Lautier et C^, marchands ûe mo&Mcs, r«& d'.Vboa-
kir, 43. S. pr., M. Beaugé. avertie A'icS.orii, ii.
Virlegoux, marchand de bomUton t, Pïcçiilly-àiir-
Seine, route d'Orléans, de S, pr., VL. Pt«îf.«l0Yai.U
Seine, route ct'Orieans, ~8. -s, pr., è[, Pi.~t~t" ~)Oltfe\¡wl
Saint-Germain, S2.
Guedouet, épicier, rue du Canun&vc, S. S. nr., il.
Normand, rue des Grands-Au«u.stft»sf19.
Begey, marchand de vin, rue Pa|tS, 17. S. ?;;̃ M.
Mauger, boulevard Séliastopoi, 99.
SPECTACLES ET CQMCERTS
Ce soir
A l'Opéra, les Huguenots, pour de ié-iml le Mme
Lacombe-Juprez dans le rôle fle Marguerite. 51..
Alaurel chamera pour la prenùcTe toIs cBlai do Xe->
Aers.
A Habille, fête de nuit.
Nous avoiis dit hier qu'on rèjiiîaii de aouveau
g cassé sous son poids, mais l'asphyxie était; déjà
complète quand on a ramené le cadavre au milieu
de la chambra.. ̃̃
Ce malheupé»x avait plusieurs fois annoncé sa
détermination: « J'aime mieux, disait il à sa
femme, me soustrair«,a la justice des hommes et H
n'avoir â comparaître que devant celle de Dii-u. »
I> Pliare de lu Loire «lit que le fait pour lequel
il était poursuivi semblait peu grave.
Un incendie considérable a éclati», avant-h'or
au soir. dans la commune do Saint-l-nurent-du-
Gros, arrondissement de Gap. Vingt-six maisons
«ouvertes de chaum»1 ont été la proïi' des flammes.
Les. pertes sont évaluées à une soixantaine de
Biilïe. francs. •
Trois propriétaires seulement étaient assurés.
On télégraphie de Lyon qu'hier soir un mal-
faiteur, arrête pour vol »t conduit au con>i>
l'improviste, l'a assommé avec une grosse barre
de fer qu'il a prise dans un coin, et s'est évadé.
Une dépêche de Valence (Drôine) annonce
qu'une tentative de meurtre a été commise à
Bourdeaux, chef-lieu de canton.
Le sieur Louis Vache a tiré un coup de fusil
sur sa belle-sœur et l'a grièvement blessée à la
cuisse droite. Il a ensuite porté un coup de trident
à la tête de son frère.
Les blessures, quoique graves, n'auront pas de
suites funestes.
Le meurtrier a été arrêté.
On mande de Bagnères-de-Luchon qu'une
formidable explosion de gaz. qui s'est produite au
Casino, a fait sauter le frrand escalier du Midi.
Les dalles de pierre do taille ont été lancées dans
le jardin. Il ne reste, à la place qu'elles occupaient,
qu un trou béant.
RENSEIGNEMENTS UTILES. Le lundi 25 juillet aura
îleu aux Facnltés de médecine l'ouverture nu conconrs
pour l'obtention des bourses de doctorat; aux écoles
supérieures de pharmacie et aux Faoultes mixtes do
médecine et de pharmacie ouverture du concours
pour l'obtention des bourses de ph»rmacie. Les candt-
ats s'inscriront au secrétariat de l'académie dans la-
quelle ils résident. Les registres d'inscription seront
•ol- s le samedi 23 juillet, à quatre heures.– Un concours
pour le surnnméi-ariat des postes et des télégraphes
aura lien le jeudi 28 juillet 1881 au chef-lieu do chaque
département. Peuvent y pr ndre part les jeunes gens
de 17 à 25 ans sans infirmités, ainsi que les institu-
teurs, les militaires et tous les fonctionnaires publics
comptant cinq années de services rendus à l'Etat et
âgé» de moins de 30 ans. Les candidats devront adres-
sersans retard leur demande au directeur des postes
et des télégraphes du département, qui leur transmet-
tra le programme de l'examen. La liste d'inscription
sera close le 15 Juillet. Les anciens sous-officiers,
âgés de 25 A 35 ans, qui ne se trouvant pas en mesure
de postuler un emploi de surnuméraire des potes et
des télégraphes, désireraient occuper, à Paris, des
fonctions d'agent auxiliaire spécialement affecté au tri
des correspondances, auraient intérêt à se présenter
au ministère des pos es et télégraphes, service du per-
sonnel, 103, munis des pièces établissant la durée et la
"valeur de leurs services militaires. Est autorisée la
création d'un bureau télégraphique municipal dans la
commune de Montchanin-lesJdiaes
JOURNEE PARLEMENTAIRE
tv mardi ? staa
Oliambre des députas
L'affaire Eybeo.
Nous avons signalé hier la phase nouvelle dans
laquelle la question des poursuites contre M. An-
drieux vient .l'entrer.
On se rappelle qu'en vertu de la législation
existante les poursuites ne peuvent pas être diri-
gées par des particuliers contre le préfet de police.
Au termes des articles 479 et 483 du Code d'ins-
truction criminelle, c'est le procureur général seul
ni peut mettre l'action publique en mouvement
dans un cas de ce genre. « ̃ m
Ces articles sont ainsi conçus 1 m
Art. 479. Lorsqu'un juge de paix, un membre du tri-
tranal correctionnel on de première instance, on un of-
ficier chargé du ministère public près l'un de ces tri-
bunaux, sera prévenu d'avoir commis hors de ses
fonctions, os délit emportant une peine correctionnelle,
le procureur général près la cour d'appel le fera citer
devant cette cour, qui prononcera sans qu'il puisse y
avoir appel.
Art. 483. Lorsqu'un juge de paix on de police, ou
un juge faisant pa> tte d'un tribunal de commerce, ttn
officier de police judiciaire, un membre du tribunal
correctionnel on de première instance on un oflicier
chargé du ministère public près l'uu de ces juges oa
tribunaux, sera prévenu d'avoir commis, dans l'exer-
cice de ses fonctions, an délit emportant uw peine
correctionnelle, ce délit sera poursuivi et jugô comme
il est dit à l'article 479.
Or, le préfet d> p lice est précisément un officier
de police judiciaire, et, le procureur général
n'ayant pas cru devoir le faire citer, la plainte de
Mme Eyben demeure nulle et non avenue.
A supposer que la Chambre J'accueille et auto-
rise les poursuites, celles-ci ne pourront pas avoir
lieu, car un déclinatoire d'incompétence serait im-
médiatement pris. AL Cazot, garde des sceaux,
doit faire connaître cet état de choses à la com-
mission. D'ailleurs, celle-ci a déjà été avertie par
plusieurs de ses membres, dans la réunion qu'elle
a tenue hier. M. Rameau et M. Trouard-Riolle, ce
dernier, juge au tribunal de Rouen, ont rappelé
l'existence des articles 479 et 483 dont nous venons
de donner le texte..
L'Hôtel des Postes.
Une loi de 1879 qui a ouvert au ministre des tra-
vaux publics, sur le budget extraordinaire de
1880, un crédit de 16,800,000 fr. pour la reconstruc-
tion de l'Hôtel des Postes, porte qu'il sera pourvu
à cette dépense au moyen
lo D'un prélèvement de 14,300,000 fr. sur le prêt
de 80 millions de la Banque de France;
2» Du produit de la vente des terrains de l'an-
cien hôtel, évalué 2,500,000 fr.
D'une part, ces terrains n'ont pas encore été re-
mis à 1 administration des Domaines, et on ne
saurait préciser l'époque exacte où la vente pour-
rait en être faite. La recette prévue au budget ex-
traordinaire de 1880 ne pourra donc pas être réa-
lisée avant la clôture udit exercice, situation
contraire à l'essence même du budget extraordi-
naire, qui est de présenter une halance exacte
entre les recettes et les dépenses.
D'autre part, la commission des finances du Sé-
nat, par- l'organe de son rapporteur, l'honorable
M. Varroy, avait exprimé l'avis que, en prévision
d'une extension encore plus marquée dans l'ave-
nir des services postaux et télégraphiques, il se-
rait regrettable de procéder dès à présent à l'alié-
nation des terrains appartenant à l'Etat, et qu'il
serait prudent de les conserver afin de parer plus
tard aux développements que le service rendra
vraisemblablement nécessaires.
Le gouvernement s'était réservé d'étudier la
question, et 11 avait promis à la commission du
Sénat de ne pas disposer, sans en avoir référé aux
Chambres, des terrains provenant de l'ancien Hô-
tel des Postes. 11 vient de remplir cet engagement.
Il lui a semblé en. effet d'une bonne administration
de ne pas se priver de la possibilité d'accroître les
locaux si, comme to rend vraisemblable l'accrois-
sement continu des produits, le développement des
services postaux et télégraphiques exigeait de
nouvelles constructions. En attendant le moment
où cet accroissement pourra devenir nécessaire,
les terrains réservés ne seront pas inutilisés.
Les administrations de chemins de fer, char-
gées, en exécution de la loi du 3 mars 1881, du
service des colis postaux, ont en etl'et engagé avec
le gouvernement des négociations pour iustaller
ce service dans un bâtiment qu'elles construi-
raient sur ces terrains, qui trouveraient ainsi dès
à présent leur emploi, conformément aux sages
prévisions de la commission sénatoriale, pour la
construction d'une véritable annexe de l'Hôtel des
Postes.
Le ministre des finances vient de déposer à la
Chambre un projet de loi par lequel il demande le
remplacement de la ressource de 2,500,000 fr., que
devait procurer la vpnte des terrains, par une
ressource d'égale somme indispensable à l'équili-
bre du budget extraordinaire de 1880.
Une Invalidation.
Le Ile bureau de la Chambre a examiné, dans sa
réunion d'hier, l'élection de Bar-sur Seine. A l'u-
nanimité moins une voix, le lie bureau a conclu à
l'invalidation de l'élection de M. Doyen, ancien
agent de change.
LA SÉANCE
L'hypothèque maritime. Les pensions
militaires.
Au début, la Chambre adopte sans débat et après
un simple échange d'observations entre lerappor-
teur et le sous-secrétaire d'Etat aux finances la
proposition tendant à modifier la loi du 10 décem-
bre 187-1 sur l'hypothèque maritime.
Cetteloi de 1874 a établi, à l'exemple de l'Angle-
terre, l'Italie, les Etats-Unis, la Hollande, l'hypo o
thèque conventionnelle de manière â pouvoir uti-
liser les navires comme instruments de crédit.
Mais les résultats ont été presque m^atifs un
seul port a profité de la loi. C'est celui ae Nantes.
La commission qui a préparé la loi nouvelle sou-
mise hier à la Chambre a voulu, tout en en mé-
nageant les intérêts respectifs de l'armateur, du
préteur et de l'assureur, dégager le prêt maritime
île toutes les formalités qui ne sont pas indispen-
sables.
Elle a maintenu celles des dispositions de la loi
ie 1874 relatives à la faculté d'hypothéquer les na-
vires de 20 tonneaux et au-dessus, à la possibilité
d'hypothéquer sur les navires en construction,
aux formalités, aux effets et à la radiation des ins-
sri^tinns. Par contre, elle a modifié celles qui por-
lont -îir :a nature et la quotité du droit à perce-
voir au moment de l'enregistrement de l'acte cons-
titutif de l'hypothèque, sur l'exercice du droit
d'hypothéquer quand le navire appartint à plu-
sieurs, sur l'inscription et sur son renouvellement.
sur les droits des créanciers en cas de règlements
d'avaries, sur la procédure à suivre en matière de
vente sur saisie et de surenchère après vente vo-
lontaire, sur la faculté d'hypothéquer ou de ven-
dre à l'étrang-or le navire grevé d'hypothèques.
Un texte spécial édicte, en outre, pour les prêts
hypothécaire* maritim&si une dérogation formelle
à la loi du 3 septembre 1807 sur lo taux de l'in-
térêt.
Les 39 articles de la proposition ont été adop-
tés. La Chambre a ensuite repris? là discussion snr
l'unification ou le relèvement des pejisions mill-
"tair.es.
Nojis avons déjà expliqué, lorsque cette disent
sion a été inaugurée samedi derni'ï\ 'JsriS quelles
conditions la questieîrsp'ÇfêsentHit.. D'une part le
projet rtu gouvernement, qui rdève les pensions
dans une certaine mesuré, mais en lat^ant sub-
sister des différences correspondant à l'époque de
la rétraite; et de l'autre le projet de la commission,
réaltsant l'unification de toutes les pensions, quel-
les i|u'en soient l'origine et la date.
M, Daguilhon-Pujol. député bonapartiste, est
venu faire une diatribe plus ou moins réussie, où
11 a dit qu'on dépensait inutilement l'artrent du
pnys en Tunisie, au IUmi de secourir île vieux sol-
dats infirmps. Il a parlé des ressources 'lu pavs
« hypothéquées sur la fumpedes pippsdu Bardo ».
et prétendu qu'au lieu defaire des dégrèvements
qui ne sont qu'un privilège, on aurait dû élever
les pensions militaires, ce qui serait justice.
Personne n'a jugé utile de répondre à ces fan-
taisies, puisque que tout le monde sait, même A
«Irrite, qu'aucun régime n'a fait autant que la
République pour améliorer la situation des mili-
taires en activité on ei< retraite.
La discussion générale a été -clou*».
M. Paul Casimir-Perier, rapporteur, a refnitsur
l'article 1er le discours qu'il avait prononcé same-
di dans la discus-ioa générale. Puis M. le mi-
nistre des finances est venu combattre avec
énergie l'article lcr de la commission, qui entraîne
une dépense (le 14 millions, au lieu de 4 millions
consentie par le gouvernement.
Il a fait observer que si nos finances étaient
prospères, elles n'étaient pas inépuisables, et (ion
le jour où une pareille politique financtè e serait
adoptée, ce serait un désastre pour le Trésor,
a Jamais, a dit M. Magnin, je ne l'accepterai,
quel que soit mon d^sir de donner aux braves
militaires dont 11 s'agit des suppléments de pen-
sion. »
M. Antonin Proust est venu, au nom de la com-
mission du budget, appuyer les observations du
ministre des finances. Mais rien n'y a fait s l'arti-
cl'T 1<* a été adopté par 255 voix contre 807, sur
482 votants.
Les articles 2 à 8 ont été adoptés presque eaos
débat et l'article 9 renvoyé à la commission.
,YRiBaN A.UX-
JFRIBUNAUX
La vendetta d'un curé. Dans son audience de
vendredi dernier, la cour d'assise de Bastia ju-
geait un ecclésiastique dont le type s'éloigne sin-
gulièrement de la conception du Prêtre quVxhibe
chaque soir le théâtre de la Port"-Saliit-Martin.
Depuis le milieu un 1879, M. l'abb^ Casa«opra a
remplissait les fonctions de desservant dans la pe-
tite localité de Casalabri va. C'était par une sorte
de disgrâce qu'on l'y avait transféré. Quelque
temps auparavant, en effet. l'abbé exerçait il Pal-
Deçà, où il avait cru pouvoir se permettre de cen-
surer, du haut de la chaire, l'article 7 du projet
de loi sur l'instruction publique. Cette critique
des actes du gouvernement avait valu à fion au-
teur une condamnation à quinze jours d'empri-
sonnement. Peu de gens avaient plaint le pasteur,
al Palneca. A Casalabriva, il n'était guère plus
aimé. Les parents le tenant en médiocre estime,
les enfants le harcelaient de leurs malices. Pour
le châtier d'une simple espièglerie, le curé tuait,
11 y a six mois, le fils d'un de ses paroissiens, dans
des circonstances que relate en ces termes l'acte
d'accusation
D'un caractère violent et emporté, l'abbé Casaso.
prana avait mécontenté une partie de la population de
Casalabriva où il avait été envoyé depuis peu de
temps.
11 paraît que quelques enfants du village avaient
Hiabitude à certaines heures d'a'ler frapper & la porto
du presbytAr«, puis de x>v- ndre la fuite res procédés
semblaient avoir vivement irrité le desservant.
Le 1er d^oembre l«80 dans la soirée, l'abb se trou-
vait chea lui avec 6 soeur et deux paysans de Casa-
labriva. les nommés Antoine Guiderdoni et Bonaven-
ture Lodovighi. Deux jeunes écoliers, Toussaint Oli-
vieri et Jacques Cesari, âgés, le premier de seize ans,
le second ne douze vinrent, en jouant, frapper à la
porte du presbytère.
L'abbé cria d entrer; personne ne parut. Cptte con-
duite impressionna vivement Casasoprana. Il pa-so
dans sa chambre, r garde par la fenêtre et voit sur la
place deux garçons qui semblaient chuchoter.
Il s'armo aussitôt d'un revolver, eu t'instants après
descend sans lumière dans sa cave, dont il ouvre sans
bruit la porte extérieure, et fait quelques pas. Les
deux enfants étaient encore là. Soudain une détona-
tion retentit derrière Olivieri, qui tournait le dos au
presbytère.
Il dirige ses regards du côté d'où le coup était parti
et croit reconnaître Casasoprana cherchant à se dissi-'
muler à l'entrée de la cave. Cesari a déclaré égale-
ment avoir aperçu entre la porte de cette cave et
l'angle de la maison un* ombre noire portant di> longs
vêtements. C'était, en effet, Casasoprana qui venait de
faire feu av.c son revolver.
Olivieri et Cesari se hâtent tous deux de prendre la
fuite. Mais en arrivant auprès de sa demeure, Olivieri
sent qu'il est bless». H avait été atteint par une b^lle
a la partie postérieure et supérieure de la r;ite, et
malgré tous les soins qu'il reçut il i-xpira quinze jours
après.
Jusqu'à oe jour l'abbé Casasoprana s'est renfermé
dans un sy terne de dénégation absolue.
En face du jury de la Corse, le prêtre persistait
à nier. Il n'était pas descendu dans sa cave, sou-
tenait-il il n'avait point fait usage d'un revolver.
Il ajoutait qu'il avait eu le désir de porter au
jeune Olivieri les derniers sacrements, mais que
le père du moribond s'était opposé à la réalisation
de citte intention.
Le jury a rendu un verdict de culpabilité mitigé
par l'admission de l'excuse de la provocation et
les circonstances atténuantes. L'arrêt a infligé à
Casasoprana cinq années d'emprisonnement. b
Nouvelles judiciaires. A Grenoble, ont com-
mencé hier les débats relatifs au crime retentis-
sant commis rue Chenoise, le 19 mars dernier. Une
jeune femme appartenant à la troupe théâtrale de
la ville était tuée à coups de revolver par son ma-
ri qui, arrivé de Besançon la veille, s'était intro-
duit chez elle pour la surprendre. Alfred-Jean Ber-
nière est un repris de justice, huit fois condamné.
Il se dénonça lui-même au parquet du procu-
reur de la République. Nous rendrons compte de-
main de ces débats.
BI131jlOGrRA.JPiiX Ml
Depuis quelque temps déjà, nous voulons signa-
ler à nos lecteurs un important ouvrage, qui tou-
che aux points les moins connus de notre -droit
financier, et qui nous paraît de nature à rendre de
sérieux services à tous ceux qui ont des rapports
avec le Trésor. C'est une édition entièrement nou-
velle du traité que M. J. Dumesnil, aujourd'hui sé-
nateur, avait consacré, il y a trente cinq ans en-
viron à l'étude de la législation spéciale du Tré-
sor;public en matière contentieuse. M. G. Pallaln,
l'éminent directeur du contentieux au ministère
des finances, a repris ce volume, pour le mettre au
courant de la législation et de la jurisprudence (1),
et il en a fait une œuvre qui, par son ordonnance,
ses judicieux arrêts, sa sévère préccision, a réuni
les suffrages de tous les hommes compétents.
Le contentieux du Trésor public ne comprend
pas seulement, on le sait, l'exposé des règles de
procédure ou de compétence édictées spéciale-
ment pour cette administration; il n'est pas da-
vantage une simple indication des rapports qui
s'établissent forcément entre le Trésor et les divers
fonctionnaires de l'Etat, soit en ce qui touche les
difficultés auxquelles peut donner lieu la délivran-
ce de leur traitement, soit en ce qui concerne les
garanties de bonne gestion oui leur sont imposées.
Il détermine, en outre, et c'est là son objet le plus
complexe, les relations qui naissent entre l'Etat et
les particuliers, lorsque ceux-ci deviennent les
créanciers ou les débiteurs de l'Etat.
Au nombre des questions qui se posent, on peut
le dire, chaque jour à propos de ces relations,
nous citerons, par exemple, celle de l'insaisissabi-
lité des rentes sur l'Etat. Comme on le sait, ce
principe de l'insaisissabilité des rentes a été établi
par la loi du 8 nivôse an VI et par celle du 22 flo-
réal an VII, afin d'assurer dans la plus large me-
sure le crédit de l'Etat. Le législatenr a pensé que
plus ces créances seraient entourées de garanties
pour leurs possesseurs, et plus le crédit de l'Etat
serait grand. Aujourd'hui, il semble que l'on en re-
vienne à une appréciation plus exacte des condi-
tions réelles du crédit public. Ce qui le constitue,
c'est bien moins le caractère privilégié des titres
émis par l'Etat, que la solidité des finances publi-
ques, l'essor de la richesse générale, la bonne po-
litique du gouvernement. Les conséquences prati-
ques du principe de l'insaisissabilité n'en demeu-
rent pas moins indispensables à connaitrs, et les
chapitres que le Traité du contentieux consacre a
(I) Traité de législation spéciale du Trésor public
en matière contentieuse, par M. J. Dumesnil, séna-
teur, anci n avocat à la cour de cassation et au con-
seil d'Etat nouvelle édition, entièrement refondue,
par M. G. PallaLn, directeur du contentieux au minis-
tère des finances. 1 fort vol. in-8», 1881. J. Hotzel
et Ce.
ce sujet comptent parmi les plus Intéressants, et
les plus précieux de cet utile ouvrage.
Si nous envisageons l'Etat, non plus comme dé-
biteur, mais comme créancier, nous allons rencon-
trer des questions non moins discutées peut être,
et *ur lesquelles le traité fait complètemeut la lu-
mière.
Ainsi l'Etat peut être créancier à la suite de con-
damnations criminelles, correctionnelles et de po-
lice, dont lVffet est d'entraîner l'obligation de lui
payer les frais de justice. Il est créancier égale-
ment «tes impôts directs où indirects, dont la per-
ceptiun est pour lui la condition essentielle de son
existence. Est-ce on créancier ordinaire? Non, c'est
un créancier privilégie.
Sur quoi porte le privilège? Quelles sont les cho-
ses qui en sont grevées? Que de points litigieux t
Il ne faudrait pàsTemontér bien haut, c'était
vers 18c5, pour retrouver une tûéoiie qui pré-
tendait faire attribuer au Trésor un droit un pré-
lèvement, pour le recouvrement des droits de mu-
tatlon par décès. Ellenetfndaitariendemoinsqu'à
accorder à l'Etat, s
celui dont dérivait le droit de relier dans l'ancien
droit féodal. Notre Traité n'a jr&rde d'omettre la
critique de cette doctrine, et il fixe, d'une manière
définitive, les vrais principes.
Nous nous bornerons à ces indications sommai-
res. Elles suffisent pour donner une id
fait, que le Traité dit contentieux aborde et ré-
sout.
PAUL DELOMBUE.
UNE EXPOSITION EXTRAORDINAIRE
LES FABLES DE LA FONTAINE EN PEINTURE
En un temps où la société française entraî-
née paraît fatalement vers le réalisme dans
l'art et dans la littérature, ou il semble que les
fables antiques ont perdu toute saveur, et que
l'ou préfère le vrai, fiit-U grossier, à la fiction,
fût-elle charmante, il est b en curieux dn voir
le démenti que se donne à lui-même ce monde
que l'on prétend et qui se croit réaliste. Sem-
blable à un amoureux qui se vante d'être guéri
de son amour et qui, à la vue de l'objet aimé,
se précipite dans la rechute, cette société que
nous pensions convertie au plus épais natura*
Usine, elln couri à la poésie dès qu'on la lui
montre, Témoin l'exposition en ço moment ou-
verte rue Laffitte. où l'on a réuni environ cent
vingt aquarelles dont les sujets sont tous tirés
de8F»bles de La Fontaine. Ces bonne» fab|ga}
ces fables naïves dont le tour est d'ord'usifé si
familier, uôhîto iâiigaiçe est empmiut d'une
telle bonhomie, elles ont inspiré à nos artistes
non-seulement de poétiques inventions, mais
des scènes romanesques et des compositions
d'un caractère souvent fantastique. tant il est
vrai que la poésie, loin d'être dans les choses,
est dans nous-mAmes; qu'elle est bien. comme
disent les philosophes, subjective. C'eat notre
âme qui la conçoit et qui t'engendre. Et com-
ment ne pas en convenir quand on voit la
même fahfe donner lieu à des tableaux si di-
vers, éveiller ici, dessentimeuts vagues comme
des songea, des conceptions surnaturelles «'éle-
vaut jusqu'au lyrisme, là, susciter des interpré-
tations d un autre genre, des images précises,
empruntées de la vie commune ot qui touchent
même à la vulgarité?
De tous les peintres qui ont concouru à l'il-
lustration des Fables de La Fo; itai n entreprise,
dit-on, par un estimablo et iutelligeu amateur,
M. Roux, de Marseille, les plus remarquables, et
de beaucoup, sont ElLe Delaunay ot ùustave
Moreau. Le premier doit êtrn vu avant l'autre.
Il est placé du reste à l'entrée de l'exposition,
et il y a plaisir à regarder une à une ses aqua-
relles pleines de style et d'un goùfqui rappelle
parfois celui du Poussin. J'imagine que ce grand
DHintre aurait conçu de la même manière lafa-
le de l'octogénaire qui plante un arbre et des
trois jouvenceaux qui le raillent. Ce bel apolo-
Eueest traduit par M. Delaunay en figures dont
) stylé me fait penser aux Bergers a1 Arcadie;
le nonchaloir des jeunes gens, l'insouciante
gaieté de leur âge leur donnent des attitudes
naturellement élégantes, et l'un d'eux, celui qui
périra -bientôt à la guerre et qui déjà porte un
casque, ajoute à l'expression de sa raillerie en
mâchonnant la tige d'une fleur qu'il tient à la
bouche. Empreintes d'un caracière générique,
ces figures ne sont pas d'aujourd'hui, ni d'hier,
elles sont de tous les temps; leur nudité à peine
voilée par un lambeau de draperie, lo pétase
de l'un, le casque de 1 autre, reportent la vie
de ces personnages à vingt-cinq siècles de
distance, à l'époque où Esope fanait briller,
chez les Samiens, la subtilité de son esprit. Rien
de mieux pour exprimer la signification hu-
maine de ces fables que de les mettre en scène
dans le pays d'où les fables nous sont venues,
dans ce pays dont l'art fut essentiellement hu-
main et typique, puisqu'il posséda l'absolu de
la forme, qui est le nu, et l'absolu du costume,
qui est la draperie.
Quelque soit d'ailleurs l'éloignement du théâ-
tre où furent jouées les comédies et les tragé-
dies de la fabje grecque, chacun applique sans
peine au temps présent la moralité de ces con-
tes. Celui des Deux Pigeons, par exemplo, a
beau sG produire sous lus traits de deux amants
qui éprouvèrent au temps jadis la douleur d'une
séparation et la douceur de se revoir, chacun
sent palpiter au fond de son cœur dos senti-
ments qui furent les siens à un moment donné
de sa vie. Chacun modernise le diame antique, 9
si bien représenté dans l'aquarelle d'KÏie De-
launay. Avec quelle tendresse ils se retrouvent
et se tiennent embrassés, les deux amants
qui ont si cruellement éprouvé, l'un les maux
de l'absence, l'autre les injures de l'air et la
méchanceté des hommes! Avec quelle confusion
touchante, l'amant rapatrié cache son visage
dans cet embrasement, mêlant ainsi les lar-
mes de sa honte aux larmes de sa joie 1. Tout
exhale' un parfum d'antiquité dans les savantes
et émouvantes compositions "d'Elie Delaunay.
On y sent l'éducation d'un ancien pensionnaire
de l'Académie de France, à Rome. Ses paysa-
ges ont quelque chose de la grandeur poussi-
nesque ses chevaux ont un caractère héroïque,
ceux, par exemple, qui dressent fièrement la
tête à côté de Castor et de Pollux lorsqu'ils
viennent sauver Simonide. Ses divinités, Mer-
cure montrant une cognée d'or au bûcheron,
l'Amour aveugle guidé par la Folie, la For-
tune accusée d'injustice, la nymphe Alcima-
dure, si farouche dans sa beauté inhumaine,
sont des figures sveltes, délicatement dessi-
nées de verve, jamais incorrectes cependant,
quelquefois un peu minces, mais toujours élé-
gantes. A la différence des hommes qui ont la
peau hàlée, et les muscles ressentis qu'a déve-
loppés le travail; les dieux du peintre se distin-
guent par une peau blanche et par des formes
pures que n'ont point fatiguées les labeurs de la
vie, que n'ont point accentuées les peines ré-
servées aux mortels. Ses déesses ont infiniment
de grâce et leurs corps ne présentent que des
lignes coulantes, un modelé tendre et passé, des
plans adoucis. J'admire en particulier, parmi
tant de figures, celle de l'Amour aveugle que
mène la Folie. Avec un rare bonheur, le pein-
tre a su exprimer à la fois, dans la figure
charmante du jeune dieu, l'élan qu'inspire la
passion, et l'hésitation que donne la cécité.
Un des artistes éminents dont les ouvrages
font partie de l'exposition des Fables, Eugène
Lann, apercevant un ancien camarade au nom-
bre des visiteurs, est allé droit à lui et, le pre-
nànt par la main, il l'a conduit devant une des
aquarelles de Delaunay, la Mort et le Malheu-
reux, et, en la montrant du doigt, il disait à son
ami: «Ceci est vraiment Pœuvred'un maître.» A
l'aspect de la Mort qui a ouvert la porte et qui
vient, avec une courtoisie funèbre, répondre à
l'appel du malheureux, celui-ci, couché contre
un mur sur un grabat couvert de haillons, se
dresse sur son séant et recule d'épouvante au
point qu'il semble entrer dans la muraille. La
vie a donc bien du charme même pour les dis-
graciés de la fortune c'est ce que le peintre
fait sentir à merveille, avec les moyens do son
art, en perçant, dans ce cabanon de la misère,
une fenêtre sur les vertes campagnes. Un rayon
de printemps venant colorer le logis sombre et
nu de l'infortuné qui ne veut pas mourir, cela
explique tout, et ce coup de lumière est un coup
de maître.
Quelle variété dans les tempéraments d'artis-
tes quelle distance d'un esprit à l'autre, même
quand ces deux esprits sont excellents Non
seulement, il existe cent manières de voir, de
sentir les mêmes choses, et cent manières de les
bien peindre; mais, à ne les considérer que sous
le rapport de la couleur, les ouvrages d'art
sont à l'infini variés d'expression, de senti-
ment et d'aspect, tant il y a de facettes à ce
prisme mervôïlleax qui colore les régions de la
peinture. DEIie Delaunay à son ami Gustave
Moreau, il y a tout un monde. Le premier,
comme tous les peintres de style, préfère les
colorations tempérées, les tons de fresque, et
c'est par exception que ses aquarelles sont ani-
mées de teintes violentes qui mordent sur le re-
gard. L'antre, au contraire, déploie une telle
opulence de coloris qu'il acctlBO la pauvreté de
notre langue, insuffisante aujourd'hui à expri-
mer des choses qui sont venues quand elle était
forméndèjà et quelle se croyait assez riche pour
n'avoir plus à s'enrichir, jl faudrait «Téer un
mot tout exprès, si l'on voulait caractériser le
talent dé Gustave Moreau, le mot colorisme,
par exemple, qui dirait bien ce qu'il y a d'ex-
cessif, de superbe et de prodigieux dans son
awkoyr pour la couleur. Ses aquarelles sur tes
fables ab La. fontaine font tout pâlir. On se croi-
rait enpréscince d'un artiste illuminé qui aurait
été joaillier avant d'être peintre, et qui, s'étant
adonné à l'ivresse de la couleur, aurait broyé
des rubis, des saphirs. des émerau
pour s'en faire une palette. Ou est tout snrpris,
tout saisi do voir un M coloriste s'inspirer des
fables do ce bon La Fontaine, si sobre dans sa
P'-muire. même lorsqu'il peint « la boutique
d'un lapidaire ».
Une distinction suprême, un luxe asiatique
dans le déploiement de toutes les rich< sses,
une exaltation do la pensée qui mente parfois
jusqu'au sublime, les pius hautes intentions du
stylo combinées, chose étrange, chose iuouï>%
avec la curiosité du détail, le mélange d'uu
sentimentfier avec la cqquetteriedes costumes et
le précieux des brader i s et l'opulence féeriquo
des intérieurs: voil < ce qui fait de Gustave Mo-
reau un artiste profondément singulier, diguo
de courtiser W Mu»es. et, dans ta sphère qu'ha-
bite son esprit, hors de pair. Ses figures, lors-
qu'il les mesurait aux grand*)» proportions d'un
tableau, nous paraist
étaient offusqua de voir des poètes qui por-
taient le nom d'Orphée, des héros toits quo Ja-
son. des êtres mythiques tête que Promothée,
revêtir, comme em&ent tait lea femmes d'un
harem, des couleurs voyantes, vibrantes, cha-
toyantes, étincflUntes, Mais, quand le peintre
tfyn ti^nt aux dimeueione d'une aquarello qui
ne dépasse point le format d'un album in-folio,
ces étrangetésee conçoivent, eoa anomaliosse
font pardonner, (je qu'il y a do. contradictoire
a rechercher 1© stylo ©t & prétendre on conci-
lior la recherche avea la poursïiile enfantiuedu
détail. e©ise de g'^rprendre et d'offenser -Tes-
thétio»». itéûuitesà de Semblables proportions,
les figures du peintre n'appartiennent plus au
monde réel, tfest & l'imagination quelles s'a-
dressent, et l'imagination so plaît à les rendre
vraisemblables. On est transporté dans une ré-
gion qui est très éloignée de notre esprit, bien
que l'intensité des couleurs la rapproche de nos
regards. A i'invwrse de la nature qui affirme la
distance par le vague do son formes, l'artiste
c ntredit l'éloigaement par ta précision des
«iennes. Mais chacun se prête h ces belles fic-
tions. Chacun est secrètement averti que la
peinture est ici l'expression des choses surnar
turelles par l'apparente imitation des chose» de
la nature.
Lorsque la campagne est le théâtre où se
passent tes Fables de La Fontaine. Gustave Mo-
reau invente un paysage tout enflammé des
couleurs du prisme. I)aus la fable le Lion et le
Mvv.cheron, la violence des. tond répond à
l'exaspération de la bête fauve, la palette du
peintre semble exaspérée aussi. La forêt où lo
lion se débat furieux «'ontre son ennemi insai-
sissable forme un repoussoir qui éloigne les
plaines de l'eau, les plaines do l'air. Le cou-
chant s'allume aux feux de la eouleur; il se
revêt de teintes orangées que surexcite le bien
des eaux, en attendant qu'elles s'éteignent dans
un océan d'outremer. Si la scène est intérieure,
comme le Conseil tenu par des rats, le peintre y
étale tous les trésors de son écrin. La lumière
qui pénètre, par un soupirail, dans lo sous-sol
où se tient le parlement des rats, y fait briller
inégalement ror des chaudrons, le cuivre des
bougeoirs, les chandelles que n'a pas encore
dévorées l'assemblée délibérante des a ronge-
maille », les pots de grès que l'on dirait on tur-
quoise, les marmites fêlées que l'on croirait en
burgau, et le salpêtre des murs effrités, et les
détritus d'une cuisine grasse, et les loques ou-
bliées ou délaissées par la gent trotte-menu.
•Tout cola se cache eous un coloris si magique,
si ravissant, qu'il vous procure l'illusion des
richesses dont regorgerait un palais délabré,
qui aurait appartenu à un sultan ou bien à un
pharaon.
Chez Gustave Moreau, les femmes sont tou-
jours belles et toujours de la plus fine race. Tan-
tôt elles représentent la borgère du Lion amou-
reux, méprisant du haut do su beauté ce tier
prétendant de la veille, auquel on a rogné les
ongles et limé les dents, et qui la regarde « dé-
mantelé », d'un air aussi niais que celui d'Her-
cule filant sa quenouille; tantôt elles réalisent
la métamorphose de la souris en une jeune fille
qui serait digne d'être fiancée au Soleil, si son
corps charmant n'était pas toujours habité par
l'âme d'une souris; tantôt c'est la Matrone
cTEphèse dans un palais poétisé par lo clair-
obscur, tel que l'aurait pu concevoir un Rem-
brandt de l' Asie-Mineure. Joli conte, mais bien
irrévérencieux pour les femmes, que le conte
de la Matrone d'EphèseJ Elle est au désespoir
d'avoir perdu son mari. Elle v^ut mourir
comme ferait une veuve du Malabar elle va
se coucher dans la tombe à côté du défunt,
quand tout à coup elle voit apparaître, en sai'u-
ncbre demeure un jeune soldat lydien qui était
préposé à la garde d'un pendu, et qui, las de
veiller un mort, est allô à la recherche d'une
femme vivante. Et voilà que la matrone incon-
solable se laisse'consolerî Cependant, le soldat,
pour avoir abandonné son poste, a encouru la
peine de mort, car on a volé le cadavre du pen-
au qu'il devait garder. que faire? L'amour a
rempli sa coupe il faut la boire. La veuve, qui
tout à l'heure se rés gnait à la mort, no doit
pas laisser mourir son amant improvisé. Elle
consent, qui le croirait ? à ce que le corps de
son mari soit substitué à celui du pendu. Telle
est l'histoire. mais que dis-je? cette histoire
est un conte.
Il est impossible a Gustave Moreau do conce-
voir une figure laide, de dessiner un être vul-
• gaire, de ne pas donner, même à un avare, des
traits éminemment distingués, comme il l'a
fait dans la fable lo Thésauriseur et le Singe,
de no pas prêter le plus fin sourire au Dandin
qui mange l'huître et laisse l'écaillé aux plai-
deurs. Il lui est impossible également de mettre e
en scène la hideuse figure de la Mort en sque-
lette, et. devant illustrer la Mort et le Bûcherov,
il représente la divinité du Styx sous les traits
d'une jeune femme voilée, qui a eu' la délica-
tesse de cacher ainsi son visage avant d'abor-
^or le bûcheron qui l'appelle. Comme elle est
juce et gracieuse la pensée de se faire belle
tomme un rêve de bonheur pour se rendre au
cri du malheureux Celui-ci, converti subite-
ment à la religion de la vie, semble dire
« N'est-ce pas assez de mes fagots sur l'épaule
et du poids de ma misère?. Ne devrais-je pas
être exempt du dernier fardeau, celui de la
tombe?.» Et quel noble paysage! le soleil se
couche, le crépuscule s'annonce, la forêt s'en-
veloppe de teintes languissantes, évanouies le
chien du bûcheron, pris de peur, essaye d'a-
boyer, mais il est comme médusé par l'appari-
tion de la déesse au long voile. Tout cela est
épique et dépasse de cent coudées la poésie du
fabuliste.
Comme un peintre qui veut n'être parfois
qu'un décorateur, Gustave Moreau cherche des
tons heureux, des tons rares, plutôt que des tons
vrais. Ici les chevaux du Soleil fringants, bon-
dissants, les naseaux en feu, s'élancent dans
l'éther, et leurs robes, rose, vert-d'eau, or et vio-
let pâle, ne sont pas semblables certainement'à
celles des chevaux qui paissent l^s pâturages
de la Cappadoee ou de la Numidie, mais elles
composent, sous la main du dieu de la lumière,
un superbe quadrige do couleurs. Là, c'est un
palais dont les tentures ont été tissues par les
fées, dont les,murs sont inscrustés de joyaux,
et ce palais enchanté est celui où la souris se
métamorphose en péri. Une autre fois, l'étran-
ge peintre fait surgir comme d'un coup de ba-
guette une Babylone imaginaire et des jardins
plus merveilleux que ceux de Sémiramis, sous
prétexte de nous montrer un philosophe rê-
veur, couché sous des ombrages, un Démocrite
raillé par les Abdéritains; ou bien, pour inter-
préter la fable, contre ceux qui ont le goût dif-
ficile, l'artiste évoque la sublime figure d'Or-
phée, percé de flèches par les censeurs et les
barbares, mais promenant sa lyre et sa poésie
au milieu d'un paysage dont le ciel est en sa- 1
phir, les prairies en émeraudes, et dans lequel
on aperçoit, comme un colosse fait de pierre-
ries, le cheval de Troie sous les murs d'Ilion.
Ah 1 combien elles ont d'attrait, do nouveauté
et d'imprévu, ces peintures chimériques, ces fi-
gures d'une beauté surhumaine. ces campa-
gnes qu'on dirai! éclairées parfois aux feux du
Bengale, ces fables, enfin, qui sou., transportées
tout à coup dans les régions iinatnuaires d'u.o
planète inconnue! Connue il mji-ù élomié,
comme il serait ravi, le naïf La Fontaine,
devant nne interprétation aussi libre, aussi
transcendante de ses plus familiers apolo-
gues, et que dirait-il s'il voyat. par exemple,
son Paysan du Danube transfiguré en Messie,
ou plutôt en précurseur du Messie, pari «ut au
Sénat romain, non pas avec la rudesse d'un
Germain velu. aux sourcils eu broussailles, aux
cheveux incultes, mais avec la douceur d'un
prophète qui annonce la venue d'un dieu de
mansuétude aux paies sénateurs assis sur leurs
chaises curules dans une demi-ombre! Com-
me j'étais tout entier à la contemplation de ces
mirages, un visiteur qui regardait les rr.pmes
tableaux a dit à doux anmes élégantes qu'il ac-
compagiiaU « Je sais bien ce que je ferai
j'irai demander à Gustave Moreau une illustra-
tion des Mille et une Nuits. » O»la est bien ima-
giné, pensai-je en moi-même. ce peintre,
qui a rêvé de concilier le plus haut style avec
les éblouissementsdu coloris, me représente un
Grec qui so serait égaré dans la retraite des
dix nulle et qui, après s'êire perdu en Asie, se
serait endormi sur les bords du Gange pour se
réveiller indien.
̃ Que «i l'oit passe dos aquareiies.de Gustave
Moreau à celles des autres artistes, on se sent
retomber des sommes du lyrisme dans une
honnête prose. Tout paraît fro'd. ordinaire,
semblable à ce qu'on a vu partout. Les meil-
leurs peintres semblant faire « toujours bien et
jamais mieux ». Eugène Lami a lavé en cou
leur des dessins délicieux où l'esprit pétille, où
le talent étincelle; mais cet esprit, ce talent
sont d'une autre époque, et si j'osais le dire, je
dirais qu'ils sont un peu démodés. Francais,
dont les gouaches sont sans prix, a peint, selon
sa coutume, des paysages surprenants de véri-
té et pleins de saveur; mais rien no montre que
les Fables de La Fontaine ont inspiré ses ta-
bleaux, que te cerf qui est perdu dans les fouit-
lis de la verdure est le Cer, se mirant dans
Vertu du fabuliste. Ses admirables dessins pour-
raient s'adapter à d'autres ouvrages. Les ani-
»ans de i'apoîogtté n'y jouent pas leur rôle.
C'est ici, d'ailleurs, que se manifeste l'inté-
ressante variété d'humeurs qui prête tant de
charme aux ouvrages d'art, et donne tant de
physionomie aux artistes. Celui-ci est amusant
au possible il.se nomme Eugène Lambert;
celoi-là s'appelle Worms et lorsqu'il nous
montre Joseph Prudhomme, avec son habit
nankin et son chapeau tromblon. moralisant un
avare, son œuvreest d'une vulgarité voulue et,
partant, spirituelle. Cet autre est un amoureux
fervent de la nature; il s'attache à la vérité;
mais à une vérité prochaine, qui donne la date
d'hier à des contes vieux de plusieurs mille
ans. Je parle de Jules Jacquemart. Ses aqua-
relles sont autant de fenêtres ouvertes sur la
campagne. Longtemps it-fcafeita tes îjôkîs aôïa
Méditerranée, à Menton, et ily fit des caysaçes
remptis de fraîcheur et de couleur. D'un pin-
ceau loste. vif et sûr, il rend à ravir les verts
intenses d'un bouquet d'arbuste3 mouillé par
une pluie récente. les terrains écorchés, les gi-
sements de sable jaune, les ourlets d'herbe
courte au bord d'un sentier, entre deux mure
de pare, et de temps a autre, les grandes plan-
tes qui s'étalent dans les jardins soignes, sur le
littoral qui va de Vintiinitle û Marseille. Au
lieu do voir les Fables de La Fontaine s'éloigner
dans la perspective du temps, il les a vues, pour
ainsi dire, se passer, s'éclairer, se mouvoir,
vivre sous ses yeux, aux environs de sa de-
meure, et. bien qu'il y fût malade de la maladie
qui nous l'a si jeune enlevé, il y conservait la
justesse prodigieuse de l'œil, la santé de l'in-
telligence, toutes les habiletés de la main. Au-
cune poésie, pour lui. ne valait colle de la na-
ture qu'il pouvait embrassordu regardât, pos-
sédant l'art des réticences cummo les vrais
maîtres, il mettait dans sun œuvre des
silences qui contribuaient à l'éloquence
des choses rendues. La fahlo le Torrent et la
Rivière est dans son aquarelle un chef-d'tçuvre.
On connaît la morale un peu relâchée do cette
autre fable où la chauve-souris montre tour à
tour ses ailes d'oiseau et son pelage de ron-
geur; eh bien, Jacquemart en a exprime l'af-
fabulation à sa manière, avec iuûniment d'es-
prit et d'une touche vraiment exquise. Le phi-
losophe pratique, habitué à crier, suivant les
temps, vive le roi! vive la ligue! est représenté
ici par la défroque de ses opinions, c'est-à-dire
par un habit rouge à doublure de satin vert
qui a été plus d'une fois retourné, et par un
chapeau de rechange..Une vieille malle cou-
verte d'un papier à fleurs, d'un réalisme cette
fois adorable, est là pour faire penser aux pé-
régrinations du sage à travers les partis. Jac-
quemart se flattait d'être un aquarelliste au-
tant qu'un graveur, et il avait raison. Artiste
singulier, unique," il cherchait l'idéal dans les
choses, dans les substances, et il y trouvait une
poésie qui était sienne.
Si l'espace-ne nous était mesuré, nous au-
rions plaisir à continuer la revue do cette ex-
position extraordinaire, à saluer au passago
Luminais, Morot, Imer, Raffaelli, de Nittis, Zu-
ber, Harpignies; et ceux qui aiment le style,
tels que Machard, Emile Lévy, Ranvier et Gé-
rôme qui à concentré dans un intérieur oriental
le Bassa. et le Marchand, toutes les finesses do
son esprit, toutes les délicatesses de son pinceau.
Je tournerais de mon mieux un compliment
à Berchère dont le talent s'est localisé si heu-
reusement en Egypte; à M. Vibort, qui a choisi
avec tant de soin et tant d'art, pour illustrer la
Goutte et V Araignée, les têtes si profondément
individuelles d'un prélat goutteux- et- d'une ac-
corte servante; à M. de Boaumont. si presti-
gieux dans ses intérieurs, si élégamment-chif-
fonné dans ses draperies, si recherché dans
ses types de femmes, jolies comme des bijoux
à M. Heilbuth, qui exprime lo vrai avec des
tons précieux; à Gustave Doré, le plus étonnant
des paysagistes par la vraisemblance qu'il
donne à des paysages inventés de génie; à
Philippe Rousseau, enfin, qui n'a plus besoin
d'éloges, mais qui pourtant est plus savant, plus
nourri, plus savoureux dans la peinture à
l'huile que dans l'aquarelle. 11 est grand dom-
mage que Lehmann, Meissonier, Cabanel, Hé-
bert. Bonnat, Baudry lui-même qui ne figure
ici qno pour mémoire brillent -par leur ab-
sence dans cette exposition, une des. plus cu-
rieuses qui furent jamais. Telle qu'elle est, ce-
pendant, elle nous fait voir parles succès d'Elio
Delaunay et de Gustave Moreau, que- la fable
antique n'est pas morte; qu'une chèvre peut
encore nous intéresser quand bien même elle
s'appellerait Amalthée on qu'elle aurait été of-
ferte ça présent à Galatée par Polyphème; que
la fiction n'a pas perdu ses droits à nous ravir,
que l'idéal n'est pas encore étouffé par le réel,
et que la beauté est-aussi une vérite.
CHARLES BLANC.
NECROLOGIE
Les obsèques de M. Robert-Dehault, sénateur^.
maire de .Saint-Dizier, auront lieu, demain jeudi
9 juin, à 10 heures très précises, en l'église Notre-
Dame des-Champs (boulevard Montparnasse).
La famille prie les personnes qui n'auraient pas
reçu de lettre de faire part de considérer le pré-
sent avis comme une invitation.
On annonce la mort de M. A. Savart, professeur
d'harmonie an Conservatoire de musique de Paris.
M. Savart était l'auteur du Cours complet d'har-
monie et des Principes de la -Musique, deux li-
vres qui font autorité.
M. Savart était âgé de soixante-six ans. Depuis
longtemps maître de chapelle à Salnt-Etienne-du-
Mont, il avait été décoré de la Légion d'honneur
à la distribution des prix du Conservatoire en 1875.
LIBRAIRIE
Vient de paraître chez Guillaumin Questions ac-
tuelles de com-ptabi it/> et d'enseignement commer-
cial, par Eugène Léautey, chef de bureau du Comptoir
tTEseompte de Paris, un intéressant volume qui con-
tient le compte rendu du Congrès des comptables.
Sous le titre de l'Italie qu'on voit et V Italie
qu'on ne voit pas, le savant étymologiste M. B:a-
chat a réuni, avec une patiente et patrioti lue sa-
gacité, un ensemble d'un millier do documents
vraiment décisifs pour l'histoire des ambitions d'
l'Italie i eiiseignement des Lycées et des Ewies
miiitalres dirigé depuis seize ans contre la
F ̃ance; revendications officielles de la Corse, de
Nice, etc.; histoire naturelle du caractère italien.
[Voir aux. annonces.)
Le second volume des Mchnofre» ë$ Sf, Œ«ti4-e't
chef de la police de la sùreto soua lo second, em-
pire, vient de paraître. Il embrasse tes parties les
plus intéressantes de la carrlèro du oéîôtorô-|»»Hcjér.
Noos sommes hptireux d'annoncer ft«8S ieetcups quo
la 8e et 'lernière livraison de l'auTmg» s fa Bri&uc i't
la Terra cuite, de M. Pi rre Chabat, vient d'ôtee mise
en vente.
Le même auteur publie également UEO*eaxfôB»eûili-
tion du Dictionnaire des larmes cmiiloyc'& fans la
cortstru'ttion.
< >t ouvrage, dont la première Wition a été ra^Wc-
ment èpuisoe, se oomposa do quatre valûmes, c;iù
paraiss nt tous les mois; le premier volume a été:
mis en vente le l"r juin.
Un extrait de cette denxtôme édition, «asjtaéa & com-
pléter la première, paraîtra eu munie j'ejaps q^ç le
4" volume, c'est-à-dire le 1" septeiabre.
Revue philosophique de la France ci
ment dans le-; émotions esthètlque-i,– A. PofilUVe, Cri-'
tique âo. la morale de Ka t. Hcbect Spe/iç&r, Des.
gouvernements composés. A. Navitl'^ L'ftmaîiïipro-I
pré, 6tude psyoliologique. Analyses eî^&tagise îéiî-
dus. Revue des périodiques étrangers.
On s'abonne à la lihrairieOpr*ftsr"5àfflftp£'eî; C".
Paris 30 fiv, dép. et êtrango?, Ss fr, U Uw&isoa, S îe.
;u^«fl=j tiù^'n »̃̃<» 1
Bassoh duPOBT-KEUF Jaquette a$ga&a#'
COURSES AU BOIS DE B
BÉCSIOÏJ P'F.ÏÉ • ;̃̃
2° fournée. Mardi 7 /««A* t8$l. •'
Peu de monde hier à Longchamp, Los ~0*9.~3. estt9
semaine, sont si nom reuses, que.to public ûaiî pau.
8 pb lasser. Du reste, les courses par cttes-mèmas pré-
sentaient un intérê assez restreiat» UftjTWiaaut a eem-
porté sa première victoire.
Nous ne serions pas étonnés que la jwalatn fia bapas
de Chamant se comporte d'ono maiate eatiSËaisante
dans la grande lutte internationale.
Prix dn Bois. 3,0» fr. 8.83S ta&fraï,-
Paulat (Wilson), à Don fliOT&anl, *«;.
Ferais, à Jennings, 8e.
Méfit", à M. Lupiu, >\
Prix de Rueil. 4,000 fe. –«#9 «*6ta33i
Marie-Thérèse (Dodge), au eointo do Lagcansfe* V\.
Reraeraber, à Jennings. 8°.
Valence, au baron de Rothschild, S».
Prix de Santerre. 'i,000 fr. 8J$ tuUcaS,
Clémentine fWheel r), nn comto 46 togroage, l*»,
laménie, ù. M. Lupin, £*.
La Scala II, au comte de Lagcaago, f;5,
Prix de SaintrOermain. 4,009 Tr. «1^999 œStwS..
Casimir (Seakins), à M. M. EpUrasst lCTi •*
Palma, A M. Lupin, 2». 'Ai
Loois-d'Or, nu baron de RotliscidJA, &<
Prix de Juin. 10.O» fr. ^a».ia*£re&.
Hoyaumcmt (Hudson), au haras de Chamaaî, Vf,
Gourgandin, au comte do Lagroneo, *•,
Verduroa, à H. Delamajre, 3«.
Prix de Chatoa. 5,000 fr. £*» mtteOS»
Muscadin ni (Wheeler),
Demain jeudi, troisième réaaioa flîikp €s Bûu;-
logne.
N. B. Albion remont <2ana la cûiô, 4i a &è fait
îiier à 2/1 pour le Grand Prix. Oa pcéteaft 4«ô lo com-
te de Lagrange a retenu, poar k> m«at£f, & cStèbro
jockey Gardener.
Fox-Hall est «gaiement fait -& %.l. «b
BULLETIN COMMEFtC«AL
DÉP&CHîS Ot)3QIEJt(SWE3
Maafcife, î (aïs,
Bios. Marefcô calmo; piTiK scuis diftOgetûeut.
Ventes, 11,000 quintaux dont 1,8)9 & &m&\ importa-
tions, 31,740 quintaux.
Ghirka Nwolal-ff, 67 fr. Teaâro Miliaaafc&û. n" l,
27 50. Tendre Bombay £fl 85 et «5 fr. SÏ7iS»$rë Rocl-
Winter n» 2, courant dn mois, gï 75 fea t99 fcll.
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Sucres et cotons. Calmes a«a coius itt'&iMaats.
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quel à 31.3/4 cents acquitté.
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balles .Melbourne suint.
Saindoux. Affaires sans impartaac£;-j»rï k toês fer-
mes, On tient la marque Wiic»K tiifônéatbls tiJfî 1/2 à
137 les 100 k'ii.
Salaisons, Le dispoaibîe est do nr>HTOaui iiime et
les prix sans changement. LoagathSâJcs Alsjiauibie loi
et short unddles 113 a 115 les M i:ii. suivait). quaUté.
t/cmlros, '< juin.
Marché demi-férié; assistance- pe« iioiojjrôr.se.
Sucres bruts. Marché calme; mais prtc fermes.
On ne signale aucune transactions ®x pc&ycaaece des
Indes occidentales.
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change sur Paris, 5 20 » ••
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Philadelphie, 7 7/8 cents le galloa.
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Le Gtfrgni F. I&shukd.
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M. Emile With viom de publier cîiW/ W^fe{«. «a livra
dàns un genre nouveau qu'oa psaî appeler io « roman
technique 11 y définit les fo»ctioa^ ia. {tewiouiiel si
nombreux des travaux publics. Dans j» partio roman-
tique d- l'onvr.-ige, nous voyoos
chercher fortune chez les saliva gtis, o* lai au-'ivent. tog
aventures les plus émouvantes "et tes y'.«.*> eîitraorttî-
naires. Le volume est illustré.
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Société anoayiue an casUaâ da iLct*itO,ffi(JÎ> fr.
Siège social à Paris, lo, ruts
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FftHMo & fr.-M3, RCBMEitJi&sna:C~?!~s:$
TRIBUNAL Dfi GOMMCS'O»
DECLARATIONS GE FM1MVZÎ
Du 7 jiihh
Silvostre, mercier, rue des YûassMafi. 13. S. pr.,
SI. Hecaen, rue de Lancry, 0.
Lautier et C^, marchands ûe mo&Mcs, r«& d'.Vboa-
kir, 43. S. pr., M. Beaugé. avertie A'icS.orii, ii.
Virlegoux, marchand de bomUton t, Pïcçiilly-àiir-
Seine, route d'Orléans, de S, pr., VL. Pt«îf.
Seine, route ct'Orieans, ~8. -s, pr., è[, Pi.~t~t" ~)Oltfe\¡wl
Saint-Germain, S2.
Guedouet, épicier, rue du Canun&vc, S. S. nr., il.
Normand, rue des Grands-Au«u.stft»sf19.
Begey, marchand de vin, rue Pa|tS, 17. S. ?;;̃ M.
Mauger, boulevard Séliastopoi, 99.
SPECTACLES ET CQMCERTS
Ce soir
A l'Opéra, les Huguenots, pour de ié-iml le Mme
Lacombe-Juprez dans le rôle fle Marguerite. 51..
Alaurel chamera pour la prenùcTe toIs cBlai do Xe->
Aers.
A Habille, fête de nuit.
Nous avoiis dit hier qu'on rèjiiîaii de aouveau
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