Titre : Le Temps
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1881-06-08
Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication
Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34431794k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 137484 Nombre total de vues : 137484
Description : 08 juin 1881 08 juin 1881
Description : 1881/06/08 (Numéro 7352). 1881/06/08 (Numéro 7352).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG33 Collection numérique : BIPFPIG33
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Description : Collection numérique : France-Japon Collection numérique : France-Japon
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k228403f
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
LE TEMPS. 8 juin 1881.
M. Descloizeaux dit que depuis six mois on a
découvert pour la première fois, dans des roches
de quartzite, au Brésil, des gisements de diamant,
de véritables gisements et non de simples « allu-
vions sur filon ». Prochainement, l'Académie re-
cevra communication d'un mémoire relatif à cette
découverte.
Physique. M. Faye signale un appareil ther-
moèlectrique, inventé par M. Lenglet, pour me-
surer à 1/100,000 de degré près l'énergie calorifi-
que résidant dans le spectre solaire. La chaleur
est très faible dans le spectre nos prismes l'ab-
sorbent à ce point qu'elle disparaît. L'appareil
Lengtet permet d'apprécier les quantités infinité-
simales auxquelles on a arTaire. Les divers rayons
du spectre sont tour à tour dirigés sur un fil d'a-
cier extrêmement mince servant de réophore à
une pile et aboutissant à un galvanomètre. Les
rayons tombant sur le réophore, leur énergie ca-
lorifique, si minime qu'elle soit, se traduit dans le
galvanomètre par un effet correspondant a la dif-
férence momentanée de conductibilité dans l'un et
dans l'autre'fll. M. Lenglet appelle bolqmètre cet
instrument. r F -'̃• '< ,̃
Astronomie.– -M. Gould, dont nous annoncions
récemment l'élection en qualité, de correspondant
de l'Académie, est directeur de l'Observatoire de
Cordola, dans la République argentine. Il a vu, le
1er juin, à cinq heures d'ascension droite et à 30
degrés de déclinaison, une grande comète, qui se-
ra visible à l'œil nu, après le 15 juin. dans la ré-
gion septentrionale du ciel. M. Faye dit que cette
comète est apparemment la grande comète de 1807,
dont le retour avait été prévu, après un intervalle
de dix-sept cents ans et qui vient nous surprendre
après une courte absence de soixante-quatorze ans.
Des accidents de cette nature ne sauraient étonner
les' astronomes. ? ̃ r
M. Robin, préparateur du cours de M. Alph.
Milne-Edwards, a étudié la morphologie des enve-
loppes fétales sur la chauve-souris.
Il a prouvé que le placenta ne recevait pas di-
redîement les vaisseaux de la vésicule ombilicale,
mais bien de l'allantoïde. La vésicule ombilicale,
suivant M. Robin, rappelle par son aspect le pou-
mon de la gçemouille c'est un organe glycogéni-
que (destiné à faire du sucre).
1
r FAITS DIVERS"
7'juin. Hier, pendant l'après-midi, une légère
averse mêlée do grêlons est tombée, à la suite de
laquelle le ciel s'est complètement éclairci; pen-
dant la nuit les étoiles ont brillé; un vent frais de
l'ouest n'a cessé de souffler jusqu'à ce matin, où il
tend à s'élever vers h- nord. Des cumulus passent
avecune certaine, vitesse, obscurcissant le soleil
par intermittence. Le baromètre reste station-
naire et la température est un peu plus élevée
qu'hier.
Le New-York Herald publie l'information sui-
vante
Une série de dépressions traverse l'Atlantique. La
première atteindra les côtes de la Grande-Bretagne et
cela Norvège entre le (5 et le 8 juin. Une autre suivra
en augmentant probablement d'énergie, vers le 10.
Pluie du sud-est tournant au nord-ouest, forts vents.
Aujourd'hui 7 juin, le thermomètre de la
maison Queslin, rue de la Bourse, marquait
A 7 heures du matin 11° au-dessus de zéro.
A 11 heures du matin. 16°
A heure de l'après-midi. 18" 7
Hauteur baromélrique. 747.
L'arrivée à la gare Montparnasse des amnis-
tiés débarqués avant-hier à Brest s'est produite
sans aucun incident. Le convoi de onze heures
quarante minutes du soir a amené M. Dacosla,
que deux personnes seulement aTtenaaient. Il
cherchait des yeux et réclamait son ami Huuibert,
qui n'était pas là.
Le convoi de quatre heures cinquante du matin
en a amené dix-sept. Les, quais étaient déserts
aucun des comités de secours n'était représenté.
C'était même un spectacle assez pénible de les voir
grelottante, sous la bise- aiguë, du matin,-etne sa-
chant du quel côté .se diriger,
Undernier convoi est encore attendu.
M. Andr,ieux, préfet - saisi du rapport de là -corniriissïô'n nommée à
l'effet d'examiner les questions relatives à-la tion-
struction des théâtres. Des savants, des architec-
tes, des officiers de l'état-major des pompiers ont
été appelés à, donner leur avis sur les questions
d'hygiène, d'aménagement et de secours en cas
d'incendie.. °
Ce rapport, très "Circonstancié, fera très prochai-
nement .l'objet d'une ordonnance du préfet, dé
polifce concernant l'application, dos mesures re-
conûues nécessaires. ¡
-^Le conseil d'administration de la Société des
artistes i If ânçàis'a s'ïatuè hier sur l». protestation
de MM. Carolus Duran, Falguiôre, Hanoteau. etc.,
relative à l'annulation du -premier vote du juryd,e
sculpture qui n'avait pas décerné de médaille
d'honneur. On sait qu'en vertu de cette décision,
il a été proce.de, .à un secpnd vote, et que le jury a
attribué une première médaille à M. Allar. Le
conseil .d'administration a décidé qu'en annulant
le premier vote il n'avait pas outrepassé ses pou-
voirs, et que le second était parfaitement valable.
libéra statué, vendredi. prochain, sur la protes-
tion tendant à enlever à M. Scuulz le bénéfice de
la médaUle-qul lui a été donnée sous prétexte que
son œuvre avait déjà été exposée dans un des Sa-
lons précédents on attend que l'artiste ait fourni
l'esquisse du carnée exposé précédemment. Il n'est
pas exact, ainsi que le prétendent les réclamants,
qu'un membre du jury de gravure en pierres fi-
nes, sachant que l'œuvre avait déjà été admise,
ait fait le silence sur cette particularité; le jury
a été prévenu. ̃ Mais reconnaissant que l'œuvre
avait été tellement retouchée qu'elle était devenue
en qjuelque sorte Une œuvre nouvelle, il a décidé
de passer outre. La médaille a.donc été décernée à
Schtilz en parfaite connaissance de cause.
Les envois d'échantillons au laboratoire mu-
nicipal de chimie augmentent rapidement.
Le. relevé des diverses analyses du mois de mat
est des plus instructifs. Sur 231 échantillons de
vins, 184 ont été trouvés mauvais, 41 passables et
6 bons; la bière, sur 4 échantillons, 1 mauvais et
3 bons les alcools sur 14 échantillons, 7 mauvais,
4 passables et 3 bons le lait, sur 105 échantillons,
83 mauvais, 3 passables et 19 bons les pain,-pàtea,
pâtisseries, sur 26 échantillons, 7 passables et 19
bons; les viandes et charcuterie, sur 12 échantil-
lons, 3 mauvais, 1 passable et 8 bons; les cafés,
chicorée, thé, sur 7 échantillons, 2 mauvais, 5
bons; les jouets, sur 38 échantillons, 34 mauvais,
1 passable, 3 bons; les poteries, ëtain et tètes de
siphon, sur .23,. échantillons, 13;jn,aaY.ais,6,.pa^sa.T
bleget 4 "bons."
Indépendamment de ces analyses, 114 prélève-
meiits d'éçhàntilloiis ont été, faits par les inspec-
teurs dans les établissements et marchés de la ca-
pitale? "après analyse, on a''dù détruire les appro-
visionnements, parmi lesquels' ,17 échantillons
avaient étê/prélevês: ^l"
Les administrateurs du bureau de bienfai-
sance du 1er àî-roiïdisseinent àvaièiïtdémàhdé à faire
une: quête dans l'êgliseo de Saint-Roch, pendant
une! cérémonie de première communion. L'abbé
Millaud, curé de la paroisse, s'y est opposé par
cette lettre âdï'essèè au maire du ].< arrbndissé-
me4t:' < ,-̃̃ ̃ ='.«*' eu',i ^i«»&:M ««;
j Monsieur le maire,
Jusqu'à présent en notre église, le bureau de bien-
faisance a fait la quête le troisième dimanche de
chaque mois, et la demande qui m'est faite d'une
quête le jour de la première communion est tout à
faitjinusitée. La messe de première communion nVst
point un oftice, c'est une mes^e particulière, je po,ur-
raisitpresque l'assimiler à une messe dé mariage. ••̃<̃
Je ne crois donc pas que Je bureau ^e bienfaisance
soihtèaidtoifrd'yef aire la' qu'été: "7 '•' "̃
v«u$lez:agràeEy;etei> -> -•
-ci- 'oïitifi.m sd .i Signé Miixaud, ·
̃ ''̃ ̃'̃' ̃'̃ Chanoine honoraire, curé.
Encore une scène de meurtre, ayant la jalou"
sie-pour mobile.
Ce matin, à cinq heures et 'demie, les locataires
de'la maison, 29, rue de l'Abbè-Groult. étaient mis
en émoi par des détonations successives, partant
d'une chambre du premier étage habitée par Mme
Lascaud.
Son beâu-frere, marchand de vin au rez-de-
chaussée, se leva à la hâte et courut avec plu-
sieurs voisins vers la chambre de sa sœur. La
porte èirètàîr ouverte.' Mme' Lascaud se' tordait
ensanglantée sur sou lit .en', poussant des gémisse-
ments; au "milieu de la pièce, sur le parquet, un
individu était étendu inanimé, le côté droit du
visage baignant dans le sang; sa main crispée ser-
rait un revolver, •̃̃̃
Je m'en doutais, s'écria le marchand de vin,
c'est ce misérable de Lascaud.
Cet individus-qui avait surpris Mme La? caud
dans son sommeil et lui avait tiré deux coups de
revolver,' est en effetrson mari, avec lequel elle.te-
nait autrefois le débit de vin de la rue de l'Abbé-
Groult.
Ils sûnfritoùâ deux originaires du Cantal Las-
caud, âge- de trente-cinq ans, est né à Plan; sa
femme, âgée detrentéet un ans, née Elise Parlange;
estj de Falgères. Pour être de, l'Auvergne, on n'en
est pas moins jaloux Lascaud l'était à ce point
qu'à la suite de scènes violentes, de discussions
souvent répétées, ils durent se séparer. Lui alla
vivre dans un garni, 31, i*ue Mademoiselle, tra-
vaillant peu, se grisant beaucoup; sa femme resta
domestique chez son beau-frère, qui reprit leur dé-
hit' de vin. ̃̃̃̃̃̃; m .m
Quoique séparé, la jalousie faisait toujours souf-
frir Lascaud dans l'esprit duquel des désirs de ven-
geance: germèrent. Ce matin, il montait com-
plètement ivre l'escalier du premier étage où
demeure sa femme; la clef était sur la porte. Il
la SWiWît rr'i'î'-hc- ̃• iï ••̃r~:ir;n: n'l> sa
rêvf-WWi^Hh" tubràv ̃̃̃̃̃ •'̃••v ̃̃ -,ot^ ̃}'.> m ;I
lui urj. :ii'Ui. C3n£o uu'rovui\>.r ^'u'r'l'âi'teigiii.-jut
à l'œil gauche et à l'omoplate; lorsqu'il la vit se
rouler sur son liten gémissant, il retourna l'arme
contre lui et s'en tira un troisième coup à*la tête.
Il tomba raide, sans connaissance. La balle avait
pénétré profondément sous l'ceil droit.
Les blessures de sa femme sont peu graves; elle
a reçu immédiatement des soins. Son mari, qui
n'a repris connaissance que quelques heures après,
a été transporté à l'hôpital Necker.
La tentative de suicide du jeune Gabriel de
Labry fait jaillir de tous côtés les lettres qu'il
écrivait aux écrivains connus dans le but d'obte-
nir des autographes. Si cette passion de collec-
tionneur était grande chez lui, avouons qu'il dé-
ployait à la satisfaire un esprit inventif. Il n'est
guère de ruse qu'il n'ait invoquée, depuis celle
que nous avons citée hier, et dont il s'est servi
auprès de M. Dumas fils, jusqu'à la mystification
dont M. Sardou a été de sa part l'objet à propos
de sa comédie Divorçons.
Cet adolescent de dix-sept ans avait écrit au spi-
rituel auteur de cette pièce qu'il avait eu tort de
mettre à la scène des situations malheureuses co-
piées sur les siennes propres. M. Sardou lui ré-
pondit, bien entendu. C'était un autographe pré-
cieux.
Aujourd'hui, M. Richepin publie la lettre sui-
vante que lui a adressée le pseudo-comte d'Aul-
noye, et qui démontre qu'il a frappé déjà à bien
des portes
Monsieur,
Un de mes amis, fort mauvais plaisant, s'est amusé,
il y a quelques mois, à écrire, sous les prétextes les
plùs variés, aux gens les plus connus de noire époque.
C'est ainsi que Dumas, Sardpu, la Patti, Zola, Sarah
Berhnardt, etc., ont reçu des lettres, tantôt touchan-
tes. tantôt plaisantes, écrites tantôt par un enfant de
huit ans, tantôt par une personne de vingt ans, de
quarante ou même parfois de soixante-dix ans, mais
toutes signées du même nom, et envoyées naturelle-
ment par le même personnage.
Mon ami a ainsi amassé une centaine de lettres fort
curieuses, signées des noms les plus illustres, et qui
ont l'avantage de montrer, toutes, leurs auteurs sous
des couleurs différentes, mais toujours sympathiques.
Quelques-unes ont même un très grand intérêt litté-
raire. Chacune de ces correspondances pourrait faire
le sujet d'une chronique intéressante. Mon ami m'a
remis toutes ces lettres en me permettant de les faire
publier. Si cela vous semble faisable, ce serait avec
grand plaisir que j'en ferais part à votre spirituel
journal. • ̃ = ;v- ̃̃%̃) «
Veuillez agréer, etc.. o;
COMTE d'Atjlkoye,
̃.<̃'•• »•;<• '242, boulevard Saint-Germain,
Bureau n° 20.
Comme les autres, M. Richepin fut pris au
piège et sa réponse alla enrichir la collection ori-
ginal du jeune maniaque." ̃ '> ̃? -̃
Dans la rue Saint-Sauveur se trouve un
débit de vin qui a changé de.propriétaire depuis
la fin du mois d'avril dernier. Une femme M.
âgée de quarante ans, l'a repris, réglant son pré-
décesseur avec des obligations du chemin de fer
de l'Ouest.
Il y a deux jours, un fournisseur à qui elle of-
frait en payement 1,400 francs de semblables va-
leurs refusa, exigeant des espèces. Mme M. se fâ-
cha, lui déclarant qu'il n'aurait que du papier ou
rien.
Cette insistance éveilla les soupçons du fournis-
seur, qui prit les obligations et les porta au com-
missaire de police. Ce'magistrat se rendit au syn-
dicat des agents de change, où on reconnut que
leurs numéros appartenaient à un lot d'obligations
de l'Ouest volé, il y a prés de trois mois, à un
paysan de Seine-et-Marne.
Le parquet, aussitôt informé, ordonna qu'une
perquisition fût faite chez la marchande de vin.
Elle possédait encore deux obligations portant des
numéros du lot volé, qui furent saisies. En con-
sultant son dossier, on s'aperçut qu'elle avait été
condamnée déjà à deux années d'emprisonnement
pour vol et qu'il n'y avait qu'un an qu'elle était
sortie de prison.
Elle a été arrêtée et écrouée à Saint-Lazare.
Un jeune homme de vingt-cinq ans environ
se trouvait hier, vers trois heures de l'après-midi,
dans la rue Bochard-de-Saron, lorsque, ouvrant
brusquement son couteau, il s'en porta deux coups
au flanc droit. Il tomba sur le trottoir, qui fut vite
rougi par son sang.
Sur l'avis du docteur Violet, qui passait en ce
moment, on le transporta à rhôpital Larlboisière.
Le blessé, dont l'état est grave, est-un artiste pein-
tre nommé Henri Perrot,. demeurant avenue des
Tilleuls, 2. On n'a trouvé sur lui qu'une carte de
visite et un billet portant ces mots « Marcelle,, je
me donne la mort pour toi. m>m^.mrM^mmm!M^ri-
Le commissionnaire en marchandises dont
nous avons raconté la disparition hier habite cité,
Trévise et non rue de Trévise, cqnime bitfrà d'a-
bord dit.. 7.>>:vu:
1 Les ouvriers des hauts-fourneaux de Mar-
quise (Pas-de-Calais), qui s'étaient mis en grève,
ont touché leur paye. Les travaux seront' repris
.demain.
Nous avons dit que Mlle Louise Michel avait
fait dimanche une conférence aux Folies Bergère,
à Bordeaux. La conférencière avait choisi pour
sujet l'Historique de la Commune: La Victoire
dit qu'elle s'est longuement étendue Sur les jour-
nées de mai, et qu'elle a fait une peinture terrible
de la répression versaillaise. Quelques détails hi-
deux ont fait éclater des murmures, et Louise Mi-
chel aurait alors invoqué le récit des journaux, à
l'appui des faits qu'elle citait. L'auditoire était
composé, pour les trois quarts.de curie ùx qui
étaient venus à la conférence comme à une exhi-
bition, et la conférencière n'a obtenu que de rares
applaudissements.
La Victoire constate encore que M. Roche, l'an-
cien président du comité Blanqui à Bordeaux, can-
didat ouvrier collectiviste, ne quitte Louise Mi-
chel pas plus que son ombre. C'est ainsi qu'aux
Folieg-Bargère il a voulu exposer, ses théories sur
la question sociale. Mais, à deux ou trois reprises,
il a soulevé des protestations dans l'auditoire.
Le même soir, au Théâtre-Louit, Louise Michel
a parlé vingt minutes, et le citoyen Roche, non
annoncé sur l'affiche, a tenu la majeure partie de
la séance,
Lundi matin, le candidat ouvrier escortait, à un
enterrement civil, Louise Micoel, qui a prononcé
une courte allocution. Aussitôt, fait observer la
Victoire'; le citoyen Roclie, voulant détournera
son profit l'attraction suscitée par l'ancienne ins-
titutrice de Montmartre, n'a pas cru faire moins,
pour détrôner, sa rivale en éloquence,. que de
parler à son tour pendant un gros quart d'heure.
Un déraillement' s'est produit hier matin à
neuf heures, à un kilomètre de Volvic (Puy-de-
Dôme),sur la ligne inaugurée la veille par -les mi-
nistres dé l'intérieur, de la justice et des travaux
publics. Le train venait de Tulle et était le pre-
mier organisé après le train officiel de la veille.
D'apres \a.Fkgaro, « les causes dcU'accident doi-
vent être attribuées aux courbes exagérées; le
plan remis aux mécaniciens est inexact et porte
une montée de vingt cinq millièmes au lieu de
cinq millièmes. Le train l?ncé à toute -vapeur est
arrivé au haut de la montée et a redescendu la
pente avec une vitesse de 50 kilométrés à rheure;'
au lieu des 80 kilomètres prescrits ».
Jean Mâji'déix, s.err'e-jr'éin, a été tué sur le coup.
Trois employés sont grièvement ,ble§sçs. Une
quinzaine de voyageurs ont reçu des .contusions
plus ou moins graves.
La circulation est interrompue jusqu'à nouvel
ordre surle Clermont-Tulle.. • !< ZVJl'.l
Un mur du casljHp de Sainte-Adresse s'est
écroulé dernièrement sur une longueur de quatre
mètres. Cet accident a- eu, dit le Courrier du RaT
vre, d'assez graves résultats, A la suite des fouil-
les qui ont été pratiquées, le terrain s'est effrôn-
dré sur un espace très étendu; des pavillons ont
été disloqués, la route endommagée, et la batterie
elle-même a subi le contre-coup de ces fouilles et
r éprouvé des dégâts importants.
Aussitôt les ponts et chaussées, l'artillerie, le
génie et les propriétaires ont :as'signé. ila Société
du Casino et lui ont réclamé des dommages-inté-
rêts très élevés. Le Courrier dit qu'à la suite de
cet événement, la Société a suspendu ses travaux
et ses payements. Plusieurs saisies auraient été
opérées par ministère d'huissier. r-joiji! ••.̃
RENSEIGNEMENTS UTILES. Le public est prévenu
qu'à partir du vendredi 10 de ce mois, la Banque de
France ouvrira, rue de Lyon, 24 et 26, le deuxième de
ses bureaux auxiliaires. Elle recevra, à ce domicile,
mais seulement les joiirs de' grande échéance, c'est-à-
djrè. les 5, 1Q, 15, 20, et 25 et fin de mois, le rembour-
sement des effets non payés à présentation dans les
quartiers dont le périmètre est compris entre la Seine,
les fortifications, la rue d'Avron, la rue de Montreuil,
le faubourg Saint-Antoine et le boulevard Contres-
carpe. •̃ >. ̃ .-̃ •-̃ •̃; ̃•
-[J't:Jt LIBRAIRIE E
.Ef^F j 6 ,x ~? nuA~9C7,rt t~7.j, iw;
vient, de paraître chez. Germer-Bàillèrë et C?,
108, boulevard Saint-Germain, VEtre social, par
Armancl JJayem^ vol. in-12, 2 fr. 50.
? Q:T q IrAq ~T"r"1T (, (Paris,
1 ft DT Rem<# hebdomadaire illustrée {Paris,
L H ïl I 33, avenue de l'Opéra), 7« année, la plus
belle, là plus cômplèftyfiÎ8F"tbttte8 les publications
artistiques. "Numéro spêoimen, 2 fr. 50. «
| 'COMMUNICATIONS V; "Vv,
Maison du PONT-NEUF Pantalons nouramté 6'
̃il ̃ ̃ • -<̃•̃ <̃̃̃• ̃ ̃' .̃•̃
A la demande générale, mercredi prochain 8 c«, à
9h. du soir, VISITE AU HAMMAM,18,r.des Mathurins
Les daines, feront admises. Prix d'outrée 1 fr'
r..r> T~V'/ rii'fli/ 1,-1 niiiv^ii riT'»«^'Pvat'.f <1os rhu-
yycàv.t ̃̃̃̃̃- Hi'1 ̃̃•̃ '̃ :̃̃•̃•• '̃ ̃; v*;l.k- ̃) •̃' C^'S-
S03: (ir'U ̃ibu'at(iiiic? ..X'iiire i,_iaiiua.l^pûisti5 Ue <& il'. tiO.
Duflot. 27, rue Richer, Paris. «
VARIÉTÉS
TALLEYRAND AU CONGRÈS DE VIENNE
Correspondance inédite du prince de Talleyrand
et de Louis XVIII;publiée par M. Georges Pallain.
Paris, Plon, 1881. 1 vol. in-8».
1
On a dit tant de mal de Talleyrand que, pour
parler de lui avec quelque nouveauté, il faut
en dire du bien. Je ne parle pas de l'homme
il est sacrifié, et ce n'est pas ici que je me ris-
querais à en esquisser le portrait, après la ter-
rible eau-forte de Sainte-Beuve. D'ailleurs, sur
l'homme, nous n'avons rien appris depuis cette
étude, on pourrait dire cette anatomie, qui en a
mis à nu toutes les infirmités, sondé toutes les
plaies secrètes et découvert le squelette. Mais;il
reste le politique et le négociateur. Sainte-
Beuve l'avait à peine touché les pièces man-
quaient. C'est pourtant la partie essentielle de
sa vie. Le reste n'a d'intérêt que par là; sup-
primez ce grand rôle sur la première scène du
monde, qu'importeraient la chronique de cou-
lisse et les portraits en déshabillé? Son his-
toire publique est une partie de la nôtre tout
ce qui relève en lui l'homme d'Etat, élève
l'Etat qu'il a servi. C'est un côté des
choses qu'il est bon de considérer. Tal-
leyrand a été mêlé à deux des plus grands
actes de notre histoire moderne: dans les deux
scènes qui marquent le début et la fin de l'ère
de la Révolution, les Etats-généraux et le Con-
grès de Vienne, il a paru sur le premier plan
et donné des impulsions décisives. Ce sera tou-
jours l'intérêt supérieur de sa carrière, et c'est
ce qu'avait senti sir H. Bulwer lorsqu'il com-
posa cet Essai (1) qui est, au demeurant, ce que
nous possédons de plus complet sur Talley-
rand. « Je voulais, écrivait-il à Sainte-Beuve,
montrer le côté sérienx et sensé du caractère
de cet homme du dix-huitième siècle, sans faire
du tort à son esprit et trop louer son honnê-
teté. ».
Voici le meilleur de sa pensée et peut-être le
meilleur de sa vie voici racontée par lui, au
courant des affaires, sous l'impression même
des événements, la négociation qui, après
une carrière très mêlée et très discutée, le mit
hors de pair parmi les diplomates. Cette corres-
pondance de Talleyrand et de Louis XVIII
pendant le Congrès de Vienne n'était ni com-
plètement inconnue, ni complètement inédite.
M. Thiers, pour son histoire de l'Empire, M.
Villemain, pour ses Souvenirs sur les Cent-
Jours, M. Mignet, pour sa notice sur Talley-
rand, M. de Viel-Castel, pour son histoire de la
Restauration en avaient eu communication et
en avaient révélé le prix. M. d'Haussonville en
avait publié des extraits, triés avec un art ex-
trême, qui en donnaient l'avant-goût le plus
piquant pour la curiosité des historiens et des
lettrés. Grâce à M. G. Pallain, cette curiosité
est à présent satisfaite. L'histoire doit à M.
Pallain un document capital, la diplomatie lui
doit un des chefs-d'œuvrs de sa littérature.
Quant aux amis de la Restauration et aux per-
sonnes attachées à la mémoire de Talleyrand,
j'imagine qu'ils lui sauront un gré infini. M. Pal-
lain a joint au texte des lettres qu'il publie des
extraits do la correspondance des amis et col-
laborateurs que Talleyrand avait laissés à Pa-
ris, d'Hauterive entre autres, mais surtout
M. de Jaucourt, qui était chargé do l'intérim
des affaires étrangères. Ces extraits sont nom-
breux ils forment presque un commentaire
perpétuel. Je n'y ferai qu'une critique je re-
grette qu'ils ne soient pas plus abondants eneq-
re. Il y a là une mine à exploiter,
Les lettres de Talleyrand sont écrites dans
une langue qui est par excellence la langue du
grand monde et des grandes affaires: le fran-
cais du dix-huîtième siècle. « Par la marche
naturelle* de ses constructions et aussi par la
prosodie, disait Voltaire, le français est plus
propre qu'aucune autre langue à la conversa-
tion. » C'est pour cela qu'il a prévalu et prévaut
encore dans la diplomatie, où les affaires se
traitent surtout par conversation. Talleyrand
était un causeur incomparable. Il avait la ré-
plique rapide et saillante. Il excellait à résumer
une situation; dans une phrase* une pensée dans
un mot. Grand seigneur, pMlosûp'h.è, prélat de
cour, diplomate, liX avait affiné- par une cul-
ture et un exercice constants ces. deux qua-
lités qu'il possédait à un si haut degré le
goût qui fait l'écrivain, le. tact qui fait
l'homme d'Etat. Sa phrase est limpide et cou-
lànte; sa pensée éclaircit tout cèqu elle touche.
Les obscurités, le galimatias pédantesque, les
longs enchevêtrements de termes abstraits
qui voilent trop, souvent la pensée, des diplo-
mates et dérobent dans les récits- de chancelle-
rie la vie des .grandes affaires;; se; filtrent pour
ainsi dire dans le courant rapide do cette eau
transparente, 11 avait l'horreur du; vague et du
disproportionné,' de la pensée confuse et du mot
impropre, la haine de la boursOUfAUt© et. le mé-
pris de l'exagération. Les éclats shakspeariens
de Napoléon: lui semblaient/les propos d'un
soldat mal élevé; il né voyait dans le mysti-
cisme politique du tsar Alexandre quô. les di-
vagations d'un esprit sans équilibre. Le pre-
mier ne parvint pas à le déconcerter, le second
ne l'enguirlanda jamais. Par suite, il y avait
un certain idéal de grandeur et un certain
charme de poésie qui lui demeurèrent toujours
inaccessibles.. C'était le moins, romantique des
hommes.
Il se trouvait à l'aise avec Louis XVIII, esprit
classique si jamais il y en eut. Ecrivant à ce
prince qui se piquait de littérature, il aie soin
et le souci de plaire. Il veut se réhabiliter auprès
du. roi, montrer que l'homme de cour subsiste
sous l'ancien* ministre du Directoire; que,. pour
s'être sécularisé, l'ancien prélat n'a perdu ni
l'élégance dédaigneuse, ni la dignité tempérée
de grâce et teintée d'ironie que le comte de
Provence avait :pu goûter, autrefois chez l'évê-
que d'Autun. Il le veut, il le fait; mais il n'y a
point d'effort, et c'est l'art exquis de son style.
C'est ce qui manque aux lettres du roi très
précieuses pour l'histoire, plus précieuses peut-
être que celles de, Talleyrand, elles n'en ont
point le charme. Elles sont trop écrites, et trop
composées, ^'ambassadeur et le roi font de la
coquetterie littéraire l'un envors l'autre; mais
là où l'ambassadeur paraît s'abandonner; on
gent que le roi s'applique.' Enfin, il abuse de ci-
tafions latines- dont' trop de 'personnes avaient
abusé avant lui. Talleyrand n'en fait point les
gens comme lui ne.citent pas, ils écrivent .pour
être cités.
,Qn a dit que ces-lettres n'étaient pas de lui.
C'est suppose^ une. étrange modestie à celui qui
les aurait composées quand on possède ce ta-
lent, on no le garde pas pour les autres. C'est
supposer aussi que ce rédacteur mystérieux a
toujours suivi Talleyrand depuis sa première
mission à Londres en 1792 jusqu'à la dernière en
Ï830; toutes les lettres qu'on a de lui sont du mê-
me style, elles ont la même touche personnelle,
et:, le même trait particulier: le goût à met-
tre les personnages en scène et une habileté
supérieure dans le dialogue. On a. cité d'Haute-
rive et La Besnardièré parmi les « faiseurs » de
Talleyranden 1814. D'Hauterive était à Paris pen-
dant le Congrès; La Besnardière était à Vienne,
à là vérité, et il y a écrit beaucoup il écrivait à
merveille, mais d'une toute autre allure. Il suf-
fit de comparer pour être convaincu que, s'il a
peut-être fourni quelques notes et préparé les
résumés d'affaires, toute la partie intime et vi-,
vante des lettres n'est point de lui. Ce que
'je n'ose affirmer, c'est que Talleyrand n'a
point « causé » ses lettres avant de les écrire.
On n'arrive guère du premier coup à cette con-
cision facile et à cette précision légère. Qu'il
n'ait pas subi dans la composition de sa corrès-'
pondance l'influence j tout intime qui le char-
maitsifort .et. Taidail tant à, tenir les autres
sous le charme, que, pour parler en .termes
clairs et citer les noms, il ne se rencontre pas
dans ces lettres « des iûiiclie.s_yives et délicates,
des nuances habilement persuasives où se mar-
que la maiû de Mme de Dino », Villemain l'as-
sure il s'y connaissait autant qu'homme du
temps et il avait recueilli la tradition je n'au-
rai garde d'y contredire. Mais il reste le fond,
i'ênsemble, le mouvément.le Caractère, lé style
enfin, tout cela c'est Talleyrand même et ce
n'est que lui. Il y avait en Talleyrand du Maza-
rin, du Retz et du Voltaire. En lisant les mé-
moires de Retz on imagine ceux qu'aurait com-
posés Mazarin s'il avait su écrire. En lisant la
correspondance de Talleyrand à Vienne, on se
représente ce qu'aurait été Voltaire 'négocia-
teur r, .\f. ,̃
(1) ii-aùuii avtc iniidiinujiiideàoin ët;de;talenti par
M. G. Perrot. Paris, Reinwald. 1868.
n '̃
Si lumineuses que soient ces lettres, on ne
peut les bien lire sans quelque préparation.
Elles ne sont pas écrites pour le public.
Elles sont adressées à un prince très infor-
mé et très averti. Il y a tout un fonds de faits
accomplis dont Talleyrand ne parle pas, et qu'il
est pourtant essentiel de connaître. Il y a tout
un fonds d'idées arrêtées entre- le roi et lui sur
lesquelles il ne revient jamais et qui sont
indispensables à l'intelligence de son œuvre.
C'èn est même la partie essentielle et la par-
tie la plus originale. Je voudrais essayer de la
dégager. Je n'aurai garde de refroidir et de
ternir ces récits en les résumant mais je se-
rais heureux d'aider le lecteur à en mieux sai-
sir l'esprit et à en mieux apprécier la val&ur.
En 1814, lorsqu'ils entrèrent à Paris, les
alliés, c'est-à-dire l'Angleterre, l'Autriche, la
Prusse et la Russie étaient absolument et for-
mellement d'accord sur les conditions de paix à
imposera la France. Ces conditions, c'était le re-
tour à l'état antérieur à la guerre qui durait
depuis vingt-deux ans, c'est-à-dire à la frontiè-
re de 1792. L'Angleterre depuis 1793 avait dé •
claré que sans cela il n'y avait point ide
paix durable; l'Autriche le soutenait depuis
e traité de Lunéville. C'était la pensée cons-
tante de Metternich. C'était celle de l'empereur
de Russie depuis 1812. La Prusse, qui aurait
voulu démembrer l'ancienne France et lui en-
lever au moins l'Alsace et la Lorraine, avait été
ramenée aux vues de ses alliés. Ils entendaient
de plus que la France resterait étrangère aux
délibérations auxquelles donnerait lieu le par-
tage de ses dépouilles. Pour Napoléon l'exclu-
sion était absolue. Pour les Bourbons on l'a-
vait atténuée par une concession de forme. En
signant la paix, la France consentait d'avance
aux principales conditions de la reconstruction
de l'Europe sous cette réserve on l'admettait
au Congrès qui réglerait la paix générale. L'Es-
pagne, le Portugal et la Suède qui avaient si-
gné la paix de Paris, y seraient admis de la
même façon. Par égard pour la monarchie
avec laquelle on voulait une paix durable, on
ne l'excluait pas du Congrès, mais on ne l'y
laissait entrer que les mains liées.* On nel'appe-
lait à souscrire qu'à des faits accomplis.
C'est que les chefs de la coalition, les alliés
de Chaumont, les quatre, comme on les appe-
lait, s'étaient bien accordés pour écraser la
France, mais qu'ils n'étaient nullement d'ac-
cord sur le sort futur de l'Europe. Décidés à
maintenir leur alliance contre la France aussi
longtemps qu'ils ne seraient pas rassurés sur
la stabilité de la monarchie restaurée et sur les
intentions pacifiques de la nation française, ils
ne voulaient pas que la France soupçonnât
leurs divisions secrètes et qu'elle en profitât
pour s'insinuer entre eux, peser sur leurs déli-
bérations, reprendre une influence eii Europe
et peut-être même rompre leur coalition.
Ils avaient pris entre eux, lorsque cette coa-
lition s'était formée, en 1813, des engagements
qu'il s'agissait maintenant d'exécuter. Le prin-
cipal- au moins pour le sujet qui nous occupe
c'était le rétablissement de la Prusse dans
l'état de puissance où elle était avant 1806. A
cette époque, la Prusse possédait des territoires
polonais qui lui donnaient Varsovie et éten-
daient même ses frontières sur la rive droite
de la Vistule. Napoléon les avait pris pour en
former le duché de Varsovie. Il eût été simple de
les rendre à la Prusse. Mais ce n'était point le
dessein de l'empereur Alexandre. Avec ce mé-
lange de générosité mystique etdé calculs ambi-
tieux qui était le fond de son caractère et dont sa
politique savait merveilleusement concilier les
apparentes contradictions, Alexandre rêvait de
reconstituer la Pologne et de la prendre, de
réparer l'iniquité des partages et de porter la
puissance russe au cœur de l'Europe. Il enten-
dait rassembler les lambeaux dispersés de la
Pologne, s'en faire le souverain et s'attacher
les Polonais régénérés en leur donnant, avec
une existence nationale qu'ils avaient perdue,
des institutions libérales dans lequelles la plu-
part d'entre eux voyaient le salut de leur pa-
trie. Pour cela il fallait compenser à la Prusse
les territoires polonais qu'on ne lui rendrait
pas. La compensation était toute trouvée c'é-
tait la Saxe: Le roi de Saxe était resté fidèle à
la France, il était prisonnier, ses Etats étaient
sous la conquête a Prusse les prendrait. Cette
solution était fort du goût des Prussiens, car,
d'une puissance à demi slave qu'ils étaient
avant 1806, cet échange ferait d'eux la pre-
mière et la plus allemande des puissances de
l'Allemagne. Il y avait; sur ce point entente
formelle entre le tsar et le roi de Prusse. Ils
étaient unis par la plus étroite amitié, et leurs
intérêts étaient solidaires.
Ces intérêts étaient, opposés à ceux de leurs
alliés. L'Autriche ne pouvait sans se com-
promettre dangereusement constituer à ses
portes une Russie dominant les Slaves et une
Prusse dominant les Allemands. L'Angleterre
consentait sans peine à laisser- la Saxe à la
Prusse, mais elle ne voulait à aucun prix li-
vrer toute la Pologne à la Russie. Or le tsar y
tenait absolument; il déclarait qu'il ne céderait
jamais sur ce point-là. L'accord semblait donc
impossible la Prusse ne voulait livrer Varso-
vie, aux Russes que si on lui donnait Dresde, la
Russie ne voulait donner Dresde que si on lui
livrait Varsovie. L'Angleterre concédait Dresde
aux Prussiens, mais refusait Varsovie aux Rus-
ses l'Autriche refusait Dresde et Varsovie. Il
y avait ainsi trois partis entre ces quatre alliés:
la Prusse et la Russie qui s'entendaient pour
prendre l'une laSaxe l'autre la Pologne l'Angle-
terre et l'Autriche qui s'entendaient pour refu-
ser la Pologne aux Russes,,mais qui nas'accoi'-
daient plus pour refuser la Saxe aux Prus-
siens. Le tsar ne voulait "pas renoncer à ses
prétentions surlaPologne, l'Angleterre ne vou-
lait pas renoncer à les combattre tout restait
en suspens. L'été de 1814 se passa en vaines
négociations et le Congrès fut ajourné à l'au-
tomne.
La France en profita pour reconstituer son
armée et se faire un plan de politique.- Il y
avait un intérêt primordial pour elle, c'était do
dissoudre la coalition et de sortir de l'isolement
où on- l'avait reléguée. C'était pour refréner sa.
force d'expansion que la coalition s'était for-
mée.. Là crainte de la puissance française en
était l'objet et le .lien. Fournir un nouveau pré-
texte à ces inquiétudes et aux soupçons que les
Prussiens entretenaient constamment, c'était
rapprocher les alliés. Il n'y avait qu'une
chance de les diviser, c'était de les rassu-
rer, Ils avaient imposé- à la France le désin-
téressement; c'est! ;dâns cette condition même
par laquelle on avait cru l'enchaîner, qu'elle
allait trouver le moyen de s'affranchir d'abord
et bientôt de reprendre en Europe la part d'in-
fluence qu'on avait prétendu lui enlever. Les
alliés avaient organisé un système savant, de
précautions contre son ambition et contre sa"
duplicité ils n'avaient prévu ni le cas où elle
renoncerait à être ambitieuse, ni celui où elle
se montrerait sincère. Ils lui avaient interdit la
politique d'expédients; ils lui dictèrent en quel-
que sorte l'a pblitique.de principes. Louis XVIII
et Talleyrand le comprirent, et leur art consista
à tirer des nécessités qu'ils subissaient leurs res-
sources et leur instrument d'action, à faire sor-
tir des obligations qu'on leur avait imposées
des droits que l'Europe ne pouvait contester,
car elle en avait établi elle-même le fondement
dans ses traités avec la France. C'est au nom
du droit public de l'Europe que la coalition
avait combattu la France, et elle l'avait con-
traintè de signer 1? paix de Paris;, c'est en vertu
de ce droit public que la France devait interve-
nir au Congrès, reclamant pour tous, l'applica-
tion des règles qu'on lui avait appliquées; prou-
vant son respect des engagements contractés,
par l'énergie même qu'elle apporterait à en
faire partout prévaloir le principe. ,'<,
,-•̃ ̃ .ni ̃ ̃: ̃ *«;
« La' Fr.ance, écrivait quelque temps après
Talleyrand dans, un manifeste célèbre, la
France-n'avaità porter au -Congrès aucune vue
d'ambition ou d'intérêt personnel. Replacée
dans ses antiques limites, elle ne songeait plus
à f\ës étendre, semblable à la mer qui ne
franchit ses rivages que quand .elle a été
soulevée par les tempetes; mais il lui res-
tait à désirer que l'oeuvrede la restitution s'ac-
complît pour toute l'Europe comme pour elle.
Ce. désir de' la France doit être celui de tout
Etat européen qui ne s'aveugle pas lui-
même^). Les derniers temps, concluaient les
instructions de Louis XVIII, ont laissé des im-
pressions qu'il importe d'effacer. La France est
un Etat si puissant que les autres peuples ne
peuvent être rassurés que par l'idée de sa mo-
dération, idée qu'ils prendront d'autant plus
facilement .qu'elle leur en aura donné une plus
grande do sa jusiicfc. w
(2) Lettre à Metternich, 19 décembre 1814. ;u w
Ces idées étaient commandées au gouver-
nement de Louis XVIII par son principe
même, par les circonstances dans lesquelles
il avait été rétabli, par les engagements
qu'il avait contractés; elles étaient l'expres-
sion de sa raison d'être en Europe enfin,
elles résultaient d'un dessein depuis très long-
temps arrêté dans l'esprit de Louis XVIII et
dans l'esprit de Talleyrand. Renoncer pour soi-
même aux grandes conquêtes parce qu'elles ne
se pouvaient accomplir sans les grands parta-
ges empêcher les forts de devenir trop puissants;
défendre les faibles contre les invasions des
forts; maintenir entre tous un équilibre de puis-
sance qui, tout en garantissant la paix, assure-
rait à la France une influence d'autant plus effi-
cace qu'elle serait plus modératrice, cotte poli-
tique avait été celle de la France pendant les
meilleures années de l'ancien régime. En la
restaurant sous Louis XVI, Vergennes avait
relevé un instant la monarchie de l'état d'a-
baissement où Louis XV l'avait fait déchoir
en Europe. Le comte de Provence était pénétré
de cette politique. Comme là plupart des prin-
ces de son temps, il connaissait infiniment
mieux les affaires de l'Europe que celles de son
pays. L'exil, qui n'avait fait que fortifier ses
préjugés au sujet de la France, avait, au con-
traire, développé, affermi, précisé les notions
exactes d'ailleurs qu'il possédait sur l'Europe.
Il avait souvent médité sur le problème qui se
posait à lui en 1814 il s'était défini avec beau-
coup de fermeté les conditions dans lesquelles
la monarchie, si elle était restaurée, pourrait
reprendre rang, considération et influence en
Europe. Lord Macartney, qui avait été chargé
d'une mission près de la petite cour de Vérone,
écrivait à lord Granville en 1795 (3)
« Le roi dit que rien n'aurait un plus fatal effet
sur les affaires qu'un engagement ou la moindre
trace d'un engagement de céder des villes ou du
territoire cela révolterait également tous les
Français royalistes et républicains. Beaucoup de
royalistes aimeraient mieux voir en France une
république puissante qu'une monarchie mutilée.
Dans l'état de relâchement, de désordre et de bou-
leversement où est l'Europe, le roi pense que, pour
rétablir la stabilité, il faudrait le temps et les ef-
forts qu'ont coûtés les traités de.Westphalîe. Son
seul désir serait d'y parvenir, sans chercher pour
lui-même d'autre avantage que son rétablissement
ni comme homme d'Etat, ni comme homme de
bien, il ne pouvait approuver la politique qui
avait poussé certains princes à conspirer entre
eux, sans autre raison, provocation ni motifs que
leurs intérêts respectifs et leurs convenances, la
spoliation d'un voisin sans défense et le partage
de ses dépouilles. Il espère que les puissances
trouveront plus sage, plus honorable de suivre
une autre ligne de conduite, et que l'équilibre de
l'Europe deviendra le principe directeur des sou-
verains. »
Les mêmes idées, presque dans les mêmes
termes, forment le fond des instructions que
Louis XVIII adressait en 1800 au comte de
Saint-Priest. Elles se retrouvent dans celles qu'il
donna à Talleyrand en 1814 et dans les lettres
qu'il lui écrivit pendant le Congrès.
Si singulier que cela paraisse au premier
abord, après toutes les complaisances que
Talleyrand montra pour le Directoire et pour
Napoléon, ces vues étaient également et depuis
très longtemps les siennes.
Talleyrand avait été le ministre de deux
gouvernements belliqueux et conquérants
il avait dirigé, en leur nom et sous leur
autorité, plusieurs des grandes curées qui
avaient bouleversé l'Europe depuis 1795 le
traité de Campo-Formio, le congrès de Ras-
tadt, le recès de 1803, les traités de 1805 et de
1807. Mais, en servant la politique des excès, il
n'avait jamais cessé de la blâmer en secret. 11
en voyait les dangers, il s'efforçait de les atté-
nuer. Dans les vastes assises de l'Eurore où il
menait de son pied boiteux la justice diploma-
tique, il avait rendu d'implacables arrêts de
spoliation et .d'expropriation; dans la chambre
du conseil, en arrière et en confidence, il n'a-
vait cessé de prêcher la modération, jugeant et
condamnant ces grands juges de la terre parmi
lesquels il siégeait avec l'impénétrable ironie
de son sourire. Le caractère en lui avait eu bien
des défaillances, le bon sens n'en avait presque
jamais eu. Sa prévoyance était sa revanche
contre les autres et contre lui-même.
Tout jeune, il avait considéré le partage do
la Pologne comme une flétrissure pour la poli-
tique française et un immense danger pour
l'Europe.
Dans les premières années de la Révolution,
il s'entendait avec Mirabeau pour prêcher la
politique de modération et de paix. Il la- con-
seillait à la monarchie déclinante, comme le
seul moyen de reprendre de la consistance en
Europe; il la conseillait à la République nais-
sante comme le seul moyen de s'y faire admet-
tre et de s'y maintenir." Conquête et liberté lui
semblaient deux termes inconciliables. Il écri-
vait de Londres, au mois de novembre .1795,
dans un Mémoire dont il lui fut fait plus tard et
très justement grand honneur (1), que la
Franco devait dorénavant renoncer aux ancien-
nes idées i de primatie et de prépondérance;
que « la richesse réelle consistait non à envahir
les domaines d'autrui, mais bien à faire-valoir
les siens »; que le territoire de la France suffi-
sait à sa grandeur qu'il ne pourrait être étendu
sansdange r pour le bonheur des Français, que
des conquêtes contrarieraient « sans honneur
et sans profit » des renonciations solennelles.
« La France, concluait-il, doit rester circons-
crite dans ses propres limites; elle le doit à Sa
gloire, à sa justice, à sa raison, à son intérêt (4)
et à celui des peuples qui seront libres par
elle. » Ce qu'il pensait en 1792, au début de la
guerre et dans sa quasi-émigration de Lon-
dres, il le pensait on 1797, au ministère et au
milieu du triomphe de la République. Jé lis
dans un rapport qu'il adressait au Directoire ce
passage significatif ;.<•
« Dans là situation où se trouve une république
qui s'est élevée nouvellement en Europe en dépit
de toutes les monarchies et sur les débris de plu-
sieurs d'entre elles et qui y domine par la terreur
de ses principes et de ses armes, ne* peut-on pas
dire que le traité de Campo-Formio est, que tous
les autres traités que nous avons conclus ne sont
que des capitulations militaires plus ou moins
belles? La querelle momentanément assoupie par
l'étonnemënt et la consternation du vaincu n'est
point de nature à être définitivement terminée
par les armes, qui sont journalières, tandis que la
haine subsiste. Les ennemis ne regardent, à cause
de la trop grande hétérogénéité des deux parties
contractantes, les traités qu'ils signent avec nous
que comme des trêves semblables à celles que les
musulmans se bornent à conclure avec les enne-
mis de leur foi sans jamais prendre. des engage-
ments pour une paix définitive. En effet, qu'est-ce
qu'une capitulation militaire? C'est un contrat
temporaire entre deux parties qui restent enne-
mies. Qu'est-ce -qu'un traité de paix? C'est celui
qui, en réglant l'universalité des objets en con-
testation, lait, succéder, non-seulement l'état de
paix à l'état de guerre, mais l'amitié à la haine.
Or, toutes les puissances avec lesquelles nous
avons des traités continuent, non-seulement d'être
nos ennemis secrets, mais demeurent dans un état
de coalition contre nous. »
Ce qu'il disait du traité de Campo-Formio, il
put le dire de tous ceux qui suivirent. Tous
portaient en eux le germe d'une guerre nou-
velle, et l'Europe en était venue à craindre la
paix plus que la guerre. C'est la situation où
Talleyrand retrouva les affaires'en 1814. L'ex-
périence avait confirmé toutes ses prévisions.
Je trouve dans un écrit composé, cette année là,
évidemment sous son inspiration et peut-être
sous sa dictée, un passage qui achèvera d'é-
clairer les lecteurs sur les motifs qui gouver-
nèrent la politique française au Congrès de
Vienne. Après avoir rappelé les fautes succes-
sives qui ruinèrent la puissance du Directoire
et de Napoléon, l'auteur ajoute: fi''
«II est donc vrai que l'expérience la plus récente
ne peut sauver des mêmes fautes les gouverne-
ments passionnés, et que les. conseils les plus sages
des hommes d'Etat les plus illustres ne peuvent
leur épargner ces erreurs. En vain M. de Talley-
rand s'opposa-t-il à ces accès d'ambition qui, à me-
sure que sa sagesse élevait notre système politi-
que, venaient en renverser l'édifice. L'orgueil et
l'avidité l'emportèrent sur sa prévoyance. A la
première époque le Directoire il blâma les
révolutions d'Italie et ne tarda pas, pour prix de
son opposition, à quitter un ministère où la diffi-
culté des temps et le besoin de ses lumières le fi-
rentbientôt rappeler. A la seconde époque le
Consulat il vit décroître son influence sur l'es-
prit du premier consul parce qu'il avait essayé
d'arrêter son imprudente ambition, en lui faisant
considérer, qu'elle donnerait aux Anglais.Malte et
(3) Archives d'Angleterre. Je trouve ce document
dans uu intéressant travail de M. André Lebon qui, je
l'espère, sera bientôt publie.
(4) M. Pallain cite (pages 212 et 438) des extraits inté-
ressants -de ce mémoire. On regrette qu'il ne l'ait pas
publié en entier, car il y a Une sorte de légende au-
tour de ce document. Michaud le croyait perdu, d'au-
tres en avaient nié l'existence. Le fait est qu'il n'était
même pas égaré; li était ciassé dans les volumes de la
correspondance de Londres, .et mentionne, dans les
répertoires.
le cap de Bonne-Espérance. A la troisième époque .•
l'Empire il perdit noblement avec son minis-
tère toute la confiance de l'usurpateur de l'Es-
pagne, et cette dernière disgràce devint son plus
beau titre de gloire. La France espère enfin
qu'appelé à la plus honorable mission par la con-
fiance du roi, il va faire prévaloir ses lumières
dans Ua délibération et fixera par ses négocia-
tions le haut.rang destiné à cette monarchie. La
France fut autrefois la protectrice des faibles; il
lui a déjà rendu ce noble rôle. Son ancienne puis-
sance était un bienfait pour l'Europe, il en devient
le conservateur. Elle lui remet ses intérêts comme
à celui dont l'estime publique a reconnu les lu-
mières et qu'elle n'a pas cessé d'entourer de sa
faveur. »
Je fais, en ce jugement, la part de la flatte-
rie et de l'apologie je n'y veux rechercher
qu'un témoignage sur les vues personnelles de
'1 alleyrand et un trait qui réunisse, après tant
et de si singulières brisures, la pensée de 1792
à celle de 1814. Le lien est évident. C'est affaire
aux biographes de Talleyrand de le suivre
dans toutes les sinuosités de sa carrière et de
montrer l'homme subsistant, toujours le même,
sous tant de costumes, de masques et de fards.
Je me borne ici à faire voir comment il était
préparé au rôle qu'iljoua au congrès devienne,
comment l'accord se fit si aisément et sur les
principes même entre le roi et le ministre, com-
ment Louis XVIII, à travers les perpétuelles
protestation de son exil, et Talleyrand après
ses continuelles et fructueuses complaisan-
ces envers la fortune, en étaient arrivés à la
même conclusion, partant le premier d'un prin-
cipe, le second d'un calcul, guidés et éclairés
tous deux par l'expérience des faits, le senti-
ment de la force des choses et l'instinct des in-
térêts de la France en Europe.
Les instructions qu'ils arrêtèrent en commun `
ne sont que le résumé et l'application de ces
vues. Elles sont publiées depuis longtemps (5).
J'y renvoie le lecteur elles forment la préface
indispensable de la correspondance qui vient de
paraître.
La politique classique de la France, celle que v'
l'on appelait la politique traditionnelle, n'a été
nulle part exposée avec plus d'ampleur dans
son ensemble, motivée avec plus de force dans
ses données générales, adaptée avec plus de
sagacité aux nécessités présentes rattachée
avec plus de grandeur aux intérêts généraux
de la société européenne. Ces instructions qui
résumaient l'expérience du passé ont été pen-
dant une partie de ce siècle- le code de notre
politique et la règle de notre diplomatie.C'est que
les hommes d'Etat qui avaient conçu ce largo des-
sein prétendaienttravailler pour l'avenir. Ils con-
sidéraientmoins les résultats immédiats que les
conséquences futures. Leur prévoyance dou-
blait leur pénétration. L'une et l'autre n'étaient
que le bon sens appliqué de très haut aux cho-
ses européennes. Aujourd'hui que ces proposi-
tions n'ont pins qu'un intérêt historique, et que,
pour les avoir méconnues, oubliées et aban-
données, la France a vu et en partie, hélas
par l'impéritie, l'infirmité et l'aberration de
plusieurs de ses gouvernants, dévier ut s'a-
néantir, en quelque sorte sous sa main
cette œuvre de modération et de sagesse, on ne
peut sans mélancolie et sans amertume relire
ces lignes où se résumait toute la politique de
Talleyrand
En Italie, c'est l'Autriche qu'il faut empêcher de
dominer en opposant à son influence des influen-
ces contraires; en Allemagne, c'est la Prusse. La
constitution physique de sa monarchie lui fait do
l'ambition une sorte de nécessité. Tout prétexte'
lui est bon. Nul scrupule ne l'arrête. La conve-
nance est son droit. Ses émissaires et ses parti-
sans agitent FAllemagae, lui' peignent la France
comme prête à l'envahir encore, la Prusse comme
seule en état de la défendre et demandant qu'on la.
lui livre pour la préserver. Les alliés ont. dit-on,
pris l'engagement de la replacer dans l'état. de
puissance où elle était avant sa chute. c'est-à»diro
avec dix millions de sujets. Qu'on la laissât faire,
bientôt elle en aurait vingt et l'Allemagne lui se-
rait soumise. Il est donc nécessaire de mettre un
frein à son ambition.
(A suivre.) .»«»; • .ALBERT SOKBL..
(~4 ~!
Le Gérant J. Hébrard.
Société Générale de Laiterie..
'7 J
RECETTES DE LA SEMAINE
Du 29 Mai au 4 Juin.
La vente du lait a été de 1.O41.3I55 litres.
Soit, par jour. 110. 190 litres.
Recettes de la vente du lait. fr. 21.9.310 37
Recettes diverses. fr. 71 4'32 4G
Votai pour la semaine. fr. 3.10.7-12 83
Soit, par jour. fr. 11 .351
Recettes depuis le 3 avril fr. 2. 270. 039 18
Total à ce jour fr." 2.507.082 01
Pour le conseil d'administration,
Le secrétaire général A. Delalonde.
'̃̃̃• LE CHOiÂOE'
Compe anonyme d'assurances et de réassurances
A PRIMES FIXES
Contre le chômage des capitaux, la perte
des salaires des ouvriers et employés., et -la'
perte des loyers
RÉSULTANT »K L'I\C'Ift
Combinaisons spéciales pour les Officiers
ministériels.
Capital social CINQ MILLIONS de francs
Siège social. 1, rue du 4-Septembre, Paris
La Société ayant été définitivement consti-
tuée le 27 mai dernier, opérations d'assu-
rance commenceront le 15 juin ]$81.
M!s
.r: -a- la:. ;̃̃>̃ ̃
VILLE DÈ PARIS
'"•̃•̃.••̃ ••'̃̃ .1.. DÉ ̃̃ 3 j .•̃.
•̃•••• 170, Rue Montmartre. • i •. •'
FPAimft-DELUMU-iîJijH :-u
̃< ••-•« ̃̃̃'̃ • .i j t? ,«
RaMis Incroyables:
.#«'̃'$ SUR TOUT LE ̃'̃•̃̃- -̃'̃,
STOCK MME
Désireux de n'offrir que des marchan- r
dises entièrement nouvelles après la trans- •
.formation radicale qu'ils préparent, les
administrateurs veulent solder à tout prix V
les articles actuellement en magasin.
E~~BB~ESs'~a~as~E~aB~~a~
TSf^'zffijj&fflR AU MINÉRALE NATURELLE
m A fflB °j^it?V.inMirni8l;'eiTu^iiK-uat!, Acidulé. Qj,tre;
Chlorose Anémie et toutes les Maladies provenant de
l'apptMmsseinentdusiuas.GonsuIterMM.lesMédecint
w>
I«seastblMUwt«ur Dueheine. Extraction 9t
pose de dents, sans doulgiir, 45, r. Lafayette.
¡ TRIBUNAUX
L'usine odorante de Nanterre. A la suite
des plaintes si unanimes et si justifiées des habi-
tants de Paris et des populations suburbaines,
l'usine de Nanterre était, vers la fin de l'été der-
nier, fermée par ordre supérieur. Elle vient'd'ètre
rouverte, mais seulement par mesure provisoire,
paraît-il. D'après des renseignements du carac-
tère le plus sérieux, il s'agirait de fournir à l'ex-
pertise ordonnée par le conseil de préfecture de la
Seine le moyen d'opérer en pleine connaissance
de cause. Les mêmes informations donnent à en-
tendre qu'aucun nez quelque peu sincère ne sera
rebelle, aux constatations. Un rapport ne tardera
(5) Angeberg. Le Migres de Vienne. Paris, Amyot'
M. Descloizeaux dit que depuis six mois on a
découvert pour la première fois, dans des roches
de quartzite, au Brésil, des gisements de diamant,
de véritables gisements et non de simples « allu-
vions sur filon ». Prochainement, l'Académie re-
cevra communication d'un mémoire relatif à cette
découverte.
Physique. M. Faye signale un appareil ther-
moèlectrique, inventé par M. Lenglet, pour me-
surer à 1/100,000 de degré près l'énergie calorifi-
que résidant dans le spectre solaire. La chaleur
est très faible dans le spectre nos prismes l'ab-
sorbent à ce point qu'elle disparaît. L'appareil
Lengtet permet d'apprécier les quantités infinité-
simales auxquelles on a arTaire. Les divers rayons
du spectre sont tour à tour dirigés sur un fil d'a-
cier extrêmement mince servant de réophore à
une pile et aboutissant à un galvanomètre. Les
rayons tombant sur le réophore, leur énergie ca-
lorifique, si minime qu'elle soit, se traduit dans le
galvanomètre par un effet correspondant a la dif-
férence momentanée de conductibilité dans l'un et
dans l'autre'fll. M. Lenglet appelle bolqmètre cet
instrument. r F -'̃• '< ,̃
Astronomie.– -M. Gould, dont nous annoncions
récemment l'élection en qualité, de correspondant
de l'Académie, est directeur de l'Observatoire de
Cordola, dans la République argentine. Il a vu, le
1er juin, à cinq heures d'ascension droite et à 30
degrés de déclinaison, une grande comète, qui se-
ra visible à l'œil nu, après le 15 juin. dans la ré-
gion septentrionale du ciel. M. Faye dit que cette
comète est apparemment la grande comète de 1807,
dont le retour avait été prévu, après un intervalle
de dix-sept cents ans et qui vient nous surprendre
après une courte absence de soixante-quatorze ans.
Des accidents de cette nature ne sauraient étonner
les' astronomes. ? ̃ r
M. Robin, préparateur du cours de M. Alph.
Milne-Edwards, a étudié la morphologie des enve-
loppes fétales sur la chauve-souris.
Il a prouvé que le placenta ne recevait pas di-
redîement les vaisseaux de la vésicule ombilicale,
mais bien de l'allantoïde. La vésicule ombilicale,
suivant M. Robin, rappelle par son aspect le pou-
mon de la gçemouille c'est un organe glycogéni-
que (destiné à faire du sucre).
1
r FAITS DIVERS"
7'juin. Hier, pendant l'après-midi, une légère
averse mêlée do grêlons est tombée, à la suite de
laquelle le ciel s'est complètement éclairci; pen-
dant la nuit les étoiles ont brillé; un vent frais de
l'ouest n'a cessé de souffler jusqu'à ce matin, où il
tend à s'élever vers h- nord. Des cumulus passent
avecune certaine, vitesse, obscurcissant le soleil
par intermittence. Le baromètre reste station-
naire et la température est un peu plus élevée
qu'hier.
Le New-York Herald publie l'information sui-
vante
Une série de dépressions traverse l'Atlantique. La
première atteindra les côtes de la Grande-Bretagne et
cela Norvège entre le (5 et le 8 juin. Une autre suivra
en augmentant probablement d'énergie, vers le 10.
Pluie du sud-est tournant au nord-ouest, forts vents.
Aujourd'hui 7 juin, le thermomètre de la
maison Queslin, rue de la Bourse, marquait
A 7 heures du matin 11° au-dessus de zéro.
A 11 heures du matin. 16°
A heure de l'après-midi. 18" 7
Hauteur baromélrique. 747.
L'arrivée à la gare Montparnasse des amnis-
tiés débarqués avant-hier à Brest s'est produite
sans aucun incident. Le convoi de onze heures
quarante minutes du soir a amené M. Dacosla,
que deux personnes seulement aTtenaaient. Il
cherchait des yeux et réclamait son ami Huuibert,
qui n'était pas là.
Le convoi de quatre heures cinquante du matin
en a amené dix-sept. Les, quais étaient déserts
aucun des comités de secours n'était représenté.
C'était même un spectacle assez pénible de les voir
grelottante, sous la bise- aiguë, du matin,-etne sa-
chant du quel côté .se diriger,
Undernier convoi est encore attendu.
M. Andr,ieux, préfet -
l'effet d'examiner les questions relatives à-la tion-
struction des théâtres. Des savants, des architec-
tes, des officiers de l'état-major des pompiers ont
été appelés à, donner leur avis sur les questions
d'hygiène, d'aménagement et de secours en cas
d'incendie.. °
Ce rapport, très "Circonstancié, fera très prochai-
nement .l'objet d'une ordonnance du préfet, dé
polifce concernant l'application, dos mesures re-
conûues nécessaires. ¡
-^Le conseil d'administration de la Société des
artistes i If ânçàis'a s'ïatuè hier sur l». protestation
de MM. Carolus Duran, Falguiôre, Hanoteau. etc.,
relative à l'annulation du -premier vote du juryd,e
sculpture qui n'avait pas décerné de médaille
d'honneur. On sait qu'en vertu de cette décision,
il a été proce.de, .à un secpnd vote, et que le jury a
attribué une première médaille à M. Allar. Le
conseil .d'administration a décidé qu'en annulant
le premier vote il n'avait pas outrepassé ses pou-
voirs, et que le second était parfaitement valable.
libéra statué, vendredi. prochain, sur la protes-
tion tendant à enlever à M. Scuulz le bénéfice de
la médaUle-qul lui a été donnée sous prétexte que
son œuvre avait déjà été exposée dans un des Sa-
lons précédents on attend que l'artiste ait fourni
l'esquisse du carnée exposé précédemment. Il n'est
pas exact, ainsi que le prétendent les réclamants,
qu'un membre du jury de gravure en pierres fi-
nes, sachant que l'œuvre avait déjà été admise,
ait fait le silence sur cette particularité; le jury
a été prévenu. ̃ Mais reconnaissant que l'œuvre
avait été tellement retouchée qu'elle était devenue
en qjuelque sorte Une œuvre nouvelle, il a décidé
de passer outre. La médaille a.donc été décernée à
Schtilz en parfaite connaissance de cause.
Les envois d'échantillons au laboratoire mu-
nicipal de chimie augmentent rapidement.
Le. relevé des diverses analyses du mois de mat
est des plus instructifs. Sur 231 échantillons de
vins, 184 ont été trouvés mauvais, 41 passables et
6 bons; la bière, sur 4 échantillons, 1 mauvais et
3 bons les alcools sur 14 échantillons, 7 mauvais,
4 passables et 3 bons le lait, sur 105 échantillons,
83 mauvais, 3 passables et 19 bons les pain,-pàtea,
pâtisseries, sur 26 échantillons, 7 passables et 19
bons; les viandes et charcuterie, sur 12 échantil-
lons, 3 mauvais, 1 passable et 8 bons; les cafés,
chicorée, thé, sur 7 échantillons, 2 mauvais, 5
bons; les jouets, sur 38 échantillons, 34 mauvais,
1 passable, 3 bons; les poteries, ëtain et tètes de
siphon, sur .23,. échantillons, 13;jn,aaY.ais,6,.pa^sa.T
bleget 4 "bons."
Indépendamment de ces analyses, 114 prélève-
meiits d'éçhàntilloiis ont été, faits par les inspec-
teurs dans les établissements et marchés de la ca-
pitale? "après analyse, on a''dù détruire les appro-
visionnements, parmi lesquels' ,17 échantillons
avaient étê/prélevês: ^l"
Les administrateurs du bureau de bienfai-
sance du 1er àî-roiïdisseinent àvaièiïtdémàhdé à faire
une: quête dans l'êgliseo de Saint-Roch, pendant
une! cérémonie de première communion. L'abbé
Millaud, curé de la paroisse, s'y est opposé par
cette lettre âdï'essèè au maire du ].< arrbndissé-
me4t:' < ,-̃̃ ̃ ='.«*' eu',i ^i«»&:M ««;
j Monsieur le maire,
Jusqu'à présent en notre église, le bureau de bien-
faisance a fait la quête le troisième dimanche de
chaque mois, et la demande qui m'est faite d'une
quête le jour de la première communion est tout à
faitjinusitée. La messe de première communion nVst
point un oftice, c'est une mes^e particulière, je po,ur-
raisitpresque l'assimiler à une messe dé mariage. ••̃<̃
Je ne crois donc pas que Je bureau ^e bienfaisance
soihtèaidtoifrd'yef aire la' qu'été: "7 '•' "̃
v«u$lez:agràeEy;etei> -> -•
-ci- 'oïitifi.m sd .i Signé Miixaud, ·
̃ ''̃ ̃'̃' ̃'̃ Chanoine honoraire, curé.
Encore une scène de meurtre, ayant la jalou"
sie-pour mobile.
Ce matin, à cinq heures et 'demie, les locataires
de'la maison, 29, rue de l'Abbè-Groult. étaient mis
en émoi par des détonations successives, partant
d'une chambre du premier étage habitée par Mme
Lascaud.
Son beâu-frere, marchand de vin au rez-de-
chaussée, se leva à la hâte et courut avec plu-
sieurs voisins vers la chambre de sa sœur. La
porte èirètàîr ouverte.' Mme' Lascaud se' tordait
ensanglantée sur sou lit .en', poussant des gémisse-
ments; au "milieu de la pièce, sur le parquet, un
individu était étendu inanimé, le côté droit du
visage baignant dans le sang; sa main crispée ser-
rait un revolver, •̃̃̃
Je m'en doutais, s'écria le marchand de vin,
c'est ce misérable de Lascaud.
Cet individus-qui avait surpris Mme La? caud
dans son sommeil et lui avait tiré deux coups de
revolver,' est en effetrson mari, avec lequel elle.te-
nait autrefois le débit de vin de la rue de l'Abbé-
Groult.
Ils sûnfritoùâ deux originaires du Cantal Las-
caud, âge- de trente-cinq ans, est né à Plan; sa
femme, âgée detrentéet un ans, née Elise Parlange;
estj de Falgères. Pour être de, l'Auvergne, on n'en
est pas moins jaloux Lascaud l'était à ce point
qu'à la suite de scènes violentes, de discussions
souvent répétées, ils durent se séparer. Lui alla
vivre dans un garni, 31, i*ue Mademoiselle, tra-
vaillant peu, se grisant beaucoup; sa femme resta
domestique chez son beau-frère, qui reprit leur dé-
hit' de vin. ̃̃̃̃̃̃; m .m
Quoique séparé, la jalousie faisait toujours souf-
frir Lascaud dans l'esprit duquel des désirs de ven-
geance: germèrent. Ce matin, il montait com-
plètement ivre l'escalier du premier étage où
demeure sa femme; la clef était sur la porte. Il
la SWiWît rr'i'î'-hc- ̃• iï ••̃r~
rêvf-WWi^Hh" tubràv ̃̃̃̃̃ •'̃••v ̃̃ -,ot^ ̃}'.> m ;I
lui urj. :ii'Ui. C3n£o uu'rovui\>.r ^'u'r'l'âi'teigiii.-jut
à l'œil gauche et à l'omoplate; lorsqu'il la vit se
rouler sur son liten gémissant, il retourna l'arme
contre lui et s'en tira un troisième coup à*la tête.
Il tomba raide, sans connaissance. La balle avait
pénétré profondément sous l'ceil droit.
Les blessures de sa femme sont peu graves; elle
a reçu immédiatement des soins. Son mari, qui
n'a repris connaissance que quelques heures après,
a été transporté à l'hôpital Necker.
La tentative de suicide du jeune Gabriel de
Labry fait jaillir de tous côtés les lettres qu'il
écrivait aux écrivains connus dans le but d'obte-
nir des autographes. Si cette passion de collec-
tionneur était grande chez lui, avouons qu'il dé-
ployait à la satisfaire un esprit inventif. Il n'est
guère de ruse qu'il n'ait invoquée, depuis celle
que nous avons citée hier, et dont il s'est servi
auprès de M. Dumas fils, jusqu'à la mystification
dont M. Sardou a été de sa part l'objet à propos
de sa comédie Divorçons.
Cet adolescent de dix-sept ans avait écrit au spi-
rituel auteur de cette pièce qu'il avait eu tort de
mettre à la scène des situations malheureuses co-
piées sur les siennes propres. M. Sardou lui ré-
pondit, bien entendu. C'était un autographe pré-
cieux.
Aujourd'hui, M. Richepin publie la lettre sui-
vante que lui a adressée le pseudo-comte d'Aul-
noye, et qui démontre qu'il a frappé déjà à bien
des portes
Monsieur,
Un de mes amis, fort mauvais plaisant, s'est amusé,
il y a quelques mois, à écrire, sous les prétextes les
plùs variés, aux gens les plus connus de noire époque.
C'est ainsi que Dumas, Sardpu, la Patti, Zola, Sarah
Berhnardt, etc., ont reçu des lettres, tantôt touchan-
tes. tantôt plaisantes, écrites tantôt par un enfant de
huit ans, tantôt par une personne de vingt ans, de
quarante ou même parfois de soixante-dix ans, mais
toutes signées du même nom, et envoyées naturelle-
ment par le même personnage.
Mon ami a ainsi amassé une centaine de lettres fort
curieuses, signées des noms les plus illustres, et qui
ont l'avantage de montrer, toutes, leurs auteurs sous
des couleurs différentes, mais toujours sympathiques.
Quelques-unes ont même un très grand intérêt litté-
raire. Chacune de ces correspondances pourrait faire
le sujet d'une chronique intéressante. Mon ami m'a
remis toutes ces lettres en me permettant de les faire
publier. Si cela vous semble faisable, ce serait avec
grand plaisir que j'en ferais part à votre spirituel
journal. • ̃ = ;v- ̃̃%̃) «
Veuillez agréer, etc.. o;
COMTE d'Atjlkoye,
̃.<̃'•• »•;<• '242, boulevard Saint-Germain,
Bureau n° 20.
Comme les autres, M. Richepin fut pris au
piège et sa réponse alla enrichir la collection ori-
ginal du jeune maniaque." ̃ '> ̃? -̃
Dans la rue Saint-Sauveur se trouve un
débit de vin qui a changé de.propriétaire depuis
la fin du mois d'avril dernier. Une femme M.
âgée de quarante ans, l'a repris, réglant son pré-
décesseur avec des obligations du chemin de fer
de l'Ouest.
Il y a deux jours, un fournisseur à qui elle of-
frait en payement 1,400 francs de semblables va-
leurs refusa, exigeant des espèces. Mme M. se fâ-
cha, lui déclarant qu'il n'aurait que du papier ou
rien.
Cette insistance éveilla les soupçons du fournis-
seur, qui prit les obligations et les porta au com-
missaire de police. Ce'magistrat se rendit au syn-
dicat des agents de change, où on reconnut que
leurs numéros appartenaient à un lot d'obligations
de l'Ouest volé, il y a prés de trois mois, à un
paysan de Seine-et-Marne.
Le parquet, aussitôt informé, ordonna qu'une
perquisition fût faite chez la marchande de vin.
Elle possédait encore deux obligations portant des
numéros du lot volé, qui furent saisies. En con-
sultant son dossier, on s'aperçut qu'elle avait été
condamnée déjà à deux années d'emprisonnement
pour vol et qu'il n'y avait qu'un an qu'elle était
sortie de prison.
Elle a été arrêtée et écrouée à Saint-Lazare.
Un jeune homme de vingt-cinq ans environ
se trouvait hier, vers trois heures de l'après-midi,
dans la rue Bochard-de-Saron, lorsque, ouvrant
brusquement son couteau, il s'en porta deux coups
au flanc droit. Il tomba sur le trottoir, qui fut vite
rougi par son sang.
Sur l'avis du docteur Violet, qui passait en ce
moment, on le transporta à rhôpital Larlboisière.
Le blessé, dont l'état est grave, est-un artiste pein-
tre nommé Henri Perrot,. demeurant avenue des
Tilleuls, 2. On n'a trouvé sur lui qu'une carte de
visite et un billet portant ces mots « Marcelle,, je
me donne la mort pour toi. m>m^.mrM^mmm!M^ri-
Le commissionnaire en marchandises dont
nous avons raconté la disparition hier habite cité,
Trévise et non rue de Trévise, cqnime bitfrà d'a-
bord dit.. 7.>>:vu:
1 Les ouvriers des hauts-fourneaux de Mar-
quise (Pas-de-Calais), qui s'étaient mis en grève,
ont touché leur paye. Les travaux seront' repris
.demain.
Nous avons dit que Mlle Louise Michel avait
fait dimanche une conférence aux Folies Bergère,
à Bordeaux. La conférencière avait choisi pour
sujet l'Historique de la Commune: La Victoire
dit qu'elle s'est longuement étendue Sur les jour-
nées de mai, et qu'elle a fait une peinture terrible
de la répression versaillaise. Quelques détails hi-
deux ont fait éclater des murmures, et Louise Mi-
chel aurait alors invoqué le récit des journaux, à
l'appui des faits qu'elle citait. L'auditoire était
composé, pour les trois quarts.de curie ùx qui
étaient venus à la conférence comme à une exhi-
bition, et la conférencière n'a obtenu que de rares
applaudissements.
La Victoire constate encore que M. Roche, l'an-
cien président du comité Blanqui à Bordeaux, can-
didat ouvrier collectiviste, ne quitte Louise Mi-
chel pas plus que son ombre. C'est ainsi qu'aux
Folieg-Bargère il a voulu exposer, ses théories sur
la question sociale. Mais, à deux ou trois reprises,
il a soulevé des protestations dans l'auditoire.
Le même soir, au Théâtre-Louit, Louise Michel
a parlé vingt minutes, et le citoyen Roche, non
annoncé sur l'affiche, a tenu la majeure partie de
la séance,
Lundi matin, le candidat ouvrier escortait, à un
enterrement civil, Louise Micoel, qui a prononcé
une courte allocution. Aussitôt, fait observer la
Victoire'; le citoyen Roclie, voulant détournera
son profit l'attraction suscitée par l'ancienne ins-
titutrice de Montmartre, n'a pas cru faire moins,
pour détrôner, sa rivale en éloquence,. que de
parler à son tour pendant un gros quart d'heure.
Un déraillement' s'est produit hier matin à
neuf heures, à un kilomètre de Volvic (Puy-de-
Dôme),sur la ligne inaugurée la veille par -les mi-
nistres dé l'intérieur, de la justice et des travaux
publics. Le train venait de Tulle et était le pre-
mier organisé après le train officiel de la veille.
D'apres \a.Fkgaro, « les causes dcU'accident doi-
vent être attribuées aux courbes exagérées; le
plan remis aux mécaniciens est inexact et porte
une montée de vingt cinq millièmes au lieu de
cinq millièmes. Le train l?ncé à toute -vapeur est
arrivé au haut de la montée et a redescendu la
pente avec une vitesse de 50 kilométrés à rheure;'
au lieu des 80 kilomètres prescrits ».
Jean Mâji'déix, s.err'e-jr'éin, a été tué sur le coup.
Trois employés sont grièvement ,ble§sçs. Une
quinzaine de voyageurs ont reçu des .contusions
plus ou moins graves.
La circulation est interrompue jusqu'à nouvel
ordre surle Clermont-Tulle.. • !< ZVJl'.l
Un mur du casljHp de Sainte-Adresse s'est
écroulé dernièrement sur une longueur de quatre
mètres. Cet accident a- eu, dit le Courrier du RaT
vre, d'assez graves résultats, A la suite des fouil-
les qui ont été pratiquées, le terrain s'est effrôn-
dré sur un espace très étendu; des pavillons ont
été disloqués, la route endommagée, et la batterie
elle-même a subi le contre-coup de ces fouilles et
r éprouvé des dégâts importants.
Aussitôt les ponts et chaussées, l'artillerie, le
génie et les propriétaires ont :as'signé. ila Société
du Casino et lui ont réclamé des dommages-inté-
rêts très élevés. Le Courrier dit qu'à la suite de
cet événement, la Société a suspendu ses travaux
et ses payements. Plusieurs saisies auraient été
opérées par ministère d'huissier. r-joiji! ••.̃
RENSEIGNEMENTS UTILES. Le public est prévenu
qu'à partir du vendredi 10 de ce mois, la Banque de
France ouvrira, rue de Lyon, 24 et 26, le deuxième de
ses bureaux auxiliaires. Elle recevra, à ce domicile,
mais seulement les joiirs de' grande échéance, c'est-à-
djrè. les 5, 1Q, 15, 20, et 25 et fin de mois, le rembour-
sement des effets non payés à présentation dans les
quartiers dont le périmètre est compris entre la Seine,
les fortifications, la rue d'Avron, la rue de Montreuil,
le faubourg Saint-Antoine et le boulevard Contres-
carpe. •̃ >. ̃ .-̃ •-̃ •̃; ̃•
-[J't:Jt LIBRAIRIE E
.Ef^F j 6 ,x ~? nuA~9C7,rt t~7.j, iw;
vient, de paraître chez. Germer-Bàillèrë et C?,
108, boulevard Saint-Germain, VEtre social, par
Armancl JJayem^ vol. in-12, 2 fr. 50.
? Q:T q IrAq ~T"r"1T (, (Paris,
1 ft DT Rem<# hebdomadaire illustrée {Paris,
L H ïl I 33, avenue de l'Opéra), 7« année, la plus
belle, là plus cômplèftyfiÎ8F"tbttte8 les publications
artistiques. "Numéro spêoimen, 2 fr. 50. «
| 'COMMUNICATIONS V; "Vv,
Maison du PONT-NEUF Pantalons nouramté 6'
̃il ̃ ̃ • -<̃•̃ <̃̃̃• ̃ ̃' .̃•̃
A la demande générale, mercredi prochain 8 c«, à
9h. du soir, VISITE AU HAMMAM,18,r.des Mathurins
Les daines, feront admises. Prix d'outrée 1 fr'
r..r> T~V'/ rii'fli/ 1,-1 niiiv^ii riT'»«^'Pvat'.f <1os rhu-
yycàv.t ̃̃̃̃̃- Hi'1 ̃̃•̃ '̃ :̃̃•̃•• '̃ ̃; v*;l.k- ̃) •̃' C^'S-
S03: (ir'U ̃ibu'at(iiiic? ..X'iiire i,_iaiiua.l^pûisti5 Ue <& il'. tiO.
Duflot. 27, rue Richer, Paris. «
VARIÉTÉS
TALLEYRAND AU CONGRÈS DE VIENNE
Correspondance inédite du prince de Talleyrand
et de Louis XVIII;publiée par M. Georges Pallain.
Paris, Plon, 1881. 1 vol. in-8».
1
On a dit tant de mal de Talleyrand que, pour
parler de lui avec quelque nouveauté, il faut
en dire du bien. Je ne parle pas de l'homme
il est sacrifié, et ce n'est pas ici que je me ris-
querais à en esquisser le portrait, après la ter-
rible eau-forte de Sainte-Beuve. D'ailleurs, sur
l'homme, nous n'avons rien appris depuis cette
étude, on pourrait dire cette anatomie, qui en a
mis à nu toutes les infirmités, sondé toutes les
plaies secrètes et découvert le squelette. Mais;il
reste le politique et le négociateur. Sainte-
Beuve l'avait à peine touché les pièces man-
quaient. C'est pourtant la partie essentielle de
sa vie. Le reste n'a d'intérêt que par là; sup-
primez ce grand rôle sur la première scène du
monde, qu'importeraient la chronique de cou-
lisse et les portraits en déshabillé? Son his-
toire publique est une partie de la nôtre tout
ce qui relève en lui l'homme d'Etat, élève
l'Etat qu'il a servi. C'est un côté des
choses qu'il est bon de considérer. Tal-
leyrand a été mêlé à deux des plus grands
actes de notre histoire moderne: dans les deux
scènes qui marquent le début et la fin de l'ère
de la Révolution, les Etats-généraux et le Con-
grès de Vienne, il a paru sur le premier plan
et donné des impulsions décisives. Ce sera tou-
jours l'intérêt supérieur de sa carrière, et c'est
ce qu'avait senti sir H. Bulwer lorsqu'il com-
posa cet Essai (1) qui est, au demeurant, ce que
nous possédons de plus complet sur Talley-
rand. « Je voulais, écrivait-il à Sainte-Beuve,
montrer le côté sérienx et sensé du caractère
de cet homme du dix-huitième siècle, sans faire
du tort à son esprit et trop louer son honnê-
teté. ».
Voici le meilleur de sa pensée et peut-être le
meilleur de sa vie voici racontée par lui, au
courant des affaires, sous l'impression même
des événements, la négociation qui, après
une carrière très mêlée et très discutée, le mit
hors de pair parmi les diplomates. Cette corres-
pondance de Talleyrand et de Louis XVIII
pendant le Congrès de Vienne n'était ni com-
plètement inconnue, ni complètement inédite.
M. Thiers, pour son histoire de l'Empire, M.
Villemain, pour ses Souvenirs sur les Cent-
Jours, M. Mignet, pour sa notice sur Talley-
rand, M. de Viel-Castel, pour son histoire de la
Restauration en avaient eu communication et
en avaient révélé le prix. M. d'Haussonville en
avait publié des extraits, triés avec un art ex-
trême, qui en donnaient l'avant-goût le plus
piquant pour la curiosité des historiens et des
lettrés. Grâce à M. G. Pallain, cette curiosité
est à présent satisfaite. L'histoire doit à M.
Pallain un document capital, la diplomatie lui
doit un des chefs-d'œuvrs de sa littérature.
Quant aux amis de la Restauration et aux per-
sonnes attachées à la mémoire de Talleyrand,
j'imagine qu'ils lui sauront un gré infini. M. Pal-
lain a joint au texte des lettres qu'il publie des
extraits do la correspondance des amis et col-
laborateurs que Talleyrand avait laissés à Pa-
ris, d'Hauterive entre autres, mais surtout
M. de Jaucourt, qui était chargé do l'intérim
des affaires étrangères. Ces extraits sont nom-
breux ils forment presque un commentaire
perpétuel. Je n'y ferai qu'une critique je re-
grette qu'ils ne soient pas plus abondants eneq-
re. Il y a là une mine à exploiter,
Les lettres de Talleyrand sont écrites dans
une langue qui est par excellence la langue du
grand monde et des grandes affaires: le fran-
cais du dix-huîtième siècle. « Par la marche
naturelle* de ses constructions et aussi par la
prosodie, disait Voltaire, le français est plus
propre qu'aucune autre langue à la conversa-
tion. » C'est pour cela qu'il a prévalu et prévaut
encore dans la diplomatie, où les affaires se
traitent surtout par conversation. Talleyrand
était un causeur incomparable. Il avait la ré-
plique rapide et saillante. Il excellait à résumer
une situation; dans une phrase* une pensée dans
un mot. Grand seigneur, pMlosûp'h.è, prélat de
cour, diplomate, liX avait affiné- par une cul-
ture et un exercice constants ces. deux qua-
lités qu'il possédait à un si haut degré le
goût qui fait l'écrivain, le. tact qui fait
l'homme d'Etat. Sa phrase est limpide et cou-
lànte; sa pensée éclaircit tout cèqu elle touche.
Les obscurités, le galimatias pédantesque, les
longs enchevêtrements de termes abstraits
qui voilent trop, souvent la pensée, des diplo-
mates et dérobent dans les récits- de chancelle-
rie la vie des .grandes affaires;; se; filtrent pour
ainsi dire dans le courant rapide do cette eau
transparente, 11 avait l'horreur du; vague et du
disproportionné,' de la pensée confuse et du mot
impropre, la haine de la boursOUfAUt© et. le mé-
pris de l'exagération. Les éclats shakspeariens
de Napoléon: lui semblaient/les propos d'un
soldat mal élevé; il né voyait dans le mysti-
cisme politique du tsar Alexandre quô. les di-
vagations d'un esprit sans équilibre. Le pre-
mier ne parvint pas à le déconcerter, le second
ne l'enguirlanda jamais. Par suite, il y avait
un certain idéal de grandeur et un certain
charme de poésie qui lui demeurèrent toujours
inaccessibles.. C'était le moins, romantique des
hommes.
Il se trouvait à l'aise avec Louis XVIII, esprit
classique si jamais il y en eut. Ecrivant à ce
prince qui se piquait de littérature, il aie soin
et le souci de plaire. Il veut se réhabiliter auprès
du. roi, montrer que l'homme de cour subsiste
sous l'ancien* ministre du Directoire; que,. pour
s'être sécularisé, l'ancien prélat n'a perdu ni
l'élégance dédaigneuse, ni la dignité tempérée
de grâce et teintée d'ironie que le comte de
Provence avait :pu goûter, autrefois chez l'évê-
que d'Autun. Il le veut, il le fait; mais il n'y a
point d'effort, et c'est l'art exquis de son style.
C'est ce qui manque aux lettres du roi très
précieuses pour l'histoire, plus précieuses peut-
être que celles de, Talleyrand, elles n'en ont
point le charme. Elles sont trop écrites, et trop
composées, ^'ambassadeur et le roi font de la
coquetterie littéraire l'un envors l'autre; mais
là où l'ambassadeur paraît s'abandonner; on
gent que le roi s'applique.' Enfin, il abuse de ci-
tafions latines- dont' trop de 'personnes avaient
abusé avant lui. Talleyrand n'en fait point les
gens comme lui ne.citent pas, ils écrivent .pour
être cités.
,Qn a dit que ces-lettres n'étaient pas de lui.
C'est suppose^ une. étrange modestie à celui qui
les aurait composées quand on possède ce ta-
lent, on no le garde pas pour les autres. C'est
supposer aussi que ce rédacteur mystérieux a
toujours suivi Talleyrand depuis sa première
mission à Londres en 1792 jusqu'à la dernière en
Ï830; toutes les lettres qu'on a de lui sont du mê-
me style, elles ont la même touche personnelle,
et:, le même trait particulier: le goût à met-
tre les personnages en scène et une habileté
supérieure dans le dialogue. On a. cité d'Haute-
rive et La Besnardièré parmi les « faiseurs » de
Talleyranden 1814. D'Hauterive était à Paris pen-
dant le Congrès; La Besnardière était à Vienne,
à là vérité, et il y a écrit beaucoup il écrivait à
merveille, mais d'une toute autre allure. Il suf-
fit de comparer pour être convaincu que, s'il a
peut-être fourni quelques notes et préparé les
résumés d'affaires, toute la partie intime et vi-,
vante des lettres n'est point de lui. Ce que
'je n'ose affirmer, c'est que Talleyrand n'a
point « causé » ses lettres avant de les écrire.
On n'arrive guère du premier coup à cette con-
cision facile et à cette précision légère. Qu'il
n'ait pas subi dans la composition de sa corrès-'
pondance l'influence j tout intime qui le char-
maitsifort .et. Taidail tant à, tenir les autres
sous le charme, que, pour parler en .termes
clairs et citer les noms, il ne se rencontre pas
dans ces lettres « des iûiiclie.s_yives et délicates,
des nuances habilement persuasives où se mar-
que la maiû de Mme de Dino », Villemain l'as-
sure il s'y connaissait autant qu'homme du
temps et il avait recueilli la tradition je n'au-
rai garde d'y contredire. Mais il reste le fond,
i'ênsemble, le mouvément.le Caractère, lé style
enfin, tout cela c'est Talleyrand même et ce
n'est que lui. Il y avait en Talleyrand du Maza-
rin, du Retz et du Voltaire. En lisant les mé-
moires de Retz on imagine ceux qu'aurait com-
posés Mazarin s'il avait su écrire. En lisant la
correspondance de Talleyrand à Vienne, on se
représente ce qu'aurait été Voltaire 'négocia-
teur r, .\f. ,̃
(1) ii-aùuii avtc iniidiinujiiideàoin ët;de;talenti par
M. G. Perrot. Paris, Reinwald. 1868.
n '̃
Si lumineuses que soient ces lettres, on ne
peut les bien lire sans quelque préparation.
Elles ne sont pas écrites pour le public.
Elles sont adressées à un prince très infor-
mé et très averti. Il y a tout un fonds de faits
accomplis dont Talleyrand ne parle pas, et qu'il
est pourtant essentiel de connaître. Il y a tout
un fonds d'idées arrêtées entre- le roi et lui sur
lesquelles il ne revient jamais et qui sont
indispensables à l'intelligence de son œuvre.
C'èn est même la partie essentielle et la par-
tie la plus originale. Je voudrais essayer de la
dégager. Je n'aurai garde de refroidir et de
ternir ces récits en les résumant mais je se-
rais heureux d'aider le lecteur à en mieux sai-
sir l'esprit et à en mieux apprécier la val&ur.
En 1814, lorsqu'ils entrèrent à Paris, les
alliés, c'est-à-dire l'Angleterre, l'Autriche, la
Prusse et la Russie étaient absolument et for-
mellement d'accord sur les conditions de paix à
imposera la France. Ces conditions, c'était le re-
tour à l'état antérieur à la guerre qui durait
depuis vingt-deux ans, c'est-à-dire à la frontiè-
re de 1792. L'Angleterre depuis 1793 avait dé •
claré que sans cela il n'y avait point ide
paix durable; l'Autriche le soutenait depuis
e traité de Lunéville. C'était la pensée cons-
tante de Metternich. C'était celle de l'empereur
de Russie depuis 1812. La Prusse, qui aurait
voulu démembrer l'ancienne France et lui en-
lever au moins l'Alsace et la Lorraine, avait été
ramenée aux vues de ses alliés. Ils entendaient
de plus que la France resterait étrangère aux
délibérations auxquelles donnerait lieu le par-
tage de ses dépouilles. Pour Napoléon l'exclu-
sion était absolue. Pour les Bourbons on l'a-
vait atténuée par une concession de forme. En
signant la paix, la France consentait d'avance
aux principales conditions de la reconstruction
de l'Europe sous cette réserve on l'admettait
au Congrès qui réglerait la paix générale. L'Es-
pagne, le Portugal et la Suède qui avaient si-
gné la paix de Paris, y seraient admis de la
même façon. Par égard pour la monarchie
avec laquelle on voulait une paix durable, on
ne l'excluait pas du Congrès, mais on ne l'y
laissait entrer que les mains liées.* On nel'appe-
lait à souscrire qu'à des faits accomplis.
C'est que les chefs de la coalition, les alliés
de Chaumont, les quatre, comme on les appe-
lait, s'étaient bien accordés pour écraser la
France, mais qu'ils n'étaient nullement d'ac-
cord sur le sort futur de l'Europe. Décidés à
maintenir leur alliance contre la France aussi
longtemps qu'ils ne seraient pas rassurés sur
la stabilité de la monarchie restaurée et sur les
intentions pacifiques de la nation française, ils
ne voulaient pas que la France soupçonnât
leurs divisions secrètes et qu'elle en profitât
pour s'insinuer entre eux, peser sur leurs déli-
bérations, reprendre une influence eii Europe
et peut-être même rompre leur coalition.
Ils avaient pris entre eux, lorsque cette coa-
lition s'était formée, en 1813, des engagements
qu'il s'agissait maintenant d'exécuter. Le prin-
cipal- au moins pour le sujet qui nous occupe
c'était le rétablissement de la Prusse dans
l'état de puissance où elle était avant 1806. A
cette époque, la Prusse possédait des territoires
polonais qui lui donnaient Varsovie et éten-
daient même ses frontières sur la rive droite
de la Vistule. Napoléon les avait pris pour en
former le duché de Varsovie. Il eût été simple de
les rendre à la Prusse. Mais ce n'était point le
dessein de l'empereur Alexandre. Avec ce mé-
lange de générosité mystique etdé calculs ambi-
tieux qui était le fond de son caractère et dont sa
politique savait merveilleusement concilier les
apparentes contradictions, Alexandre rêvait de
reconstituer la Pologne et de la prendre, de
réparer l'iniquité des partages et de porter la
puissance russe au cœur de l'Europe. Il enten-
dait rassembler les lambeaux dispersés de la
Pologne, s'en faire le souverain et s'attacher
les Polonais régénérés en leur donnant, avec
une existence nationale qu'ils avaient perdue,
des institutions libérales dans lequelles la plu-
part d'entre eux voyaient le salut de leur pa-
trie. Pour cela il fallait compenser à la Prusse
les territoires polonais qu'on ne lui rendrait
pas. La compensation était toute trouvée c'é-
tait la Saxe: Le roi de Saxe était resté fidèle à
la France, il était prisonnier, ses Etats étaient
sous la conquête a Prusse les prendrait. Cette
solution était fort du goût des Prussiens, car,
d'une puissance à demi slave qu'ils étaient
avant 1806, cet échange ferait d'eux la pre-
mière et la plus allemande des puissances de
l'Allemagne. Il y avait; sur ce point entente
formelle entre le tsar et le roi de Prusse. Ils
étaient unis par la plus étroite amitié, et leurs
intérêts étaient solidaires.
Ces intérêts étaient, opposés à ceux de leurs
alliés. L'Autriche ne pouvait sans se com-
promettre dangereusement constituer à ses
portes une Russie dominant les Slaves et une
Prusse dominant les Allemands. L'Angleterre
consentait sans peine à laisser- la Saxe à la
Prusse, mais elle ne voulait à aucun prix li-
vrer toute la Pologne à la Russie. Or le tsar y
tenait absolument; il déclarait qu'il ne céderait
jamais sur ce point-là. L'accord semblait donc
impossible la Prusse ne voulait livrer Varso-
vie, aux Russes que si on lui donnait Dresde, la
Russie ne voulait donner Dresde que si on lui
livrait Varsovie. L'Angleterre concédait Dresde
aux Prussiens, mais refusait Varsovie aux Rus-
ses l'Autriche refusait Dresde et Varsovie. Il
y avait ainsi trois partis entre ces quatre alliés:
la Prusse et la Russie qui s'entendaient pour
prendre l'une laSaxe l'autre la Pologne l'Angle-
terre et l'Autriche qui s'entendaient pour refu-
ser la Pologne aux Russes,,mais qui nas'accoi'-
daient plus pour refuser la Saxe aux Prus-
siens. Le tsar ne voulait "pas renoncer à ses
prétentions surlaPologne, l'Angleterre ne vou-
lait pas renoncer à les combattre tout restait
en suspens. L'été de 1814 se passa en vaines
négociations et le Congrès fut ajourné à l'au-
tomne.
La France en profita pour reconstituer son
armée et se faire un plan de politique.- Il y
avait un intérêt primordial pour elle, c'était do
dissoudre la coalition et de sortir de l'isolement
où on- l'avait reléguée. C'était pour refréner sa.
force d'expansion que la coalition s'était for-
mée.. Là crainte de la puissance française en
était l'objet et le .lien. Fournir un nouveau pré-
texte à ces inquiétudes et aux soupçons que les
Prussiens entretenaient constamment, c'était
rapprocher les alliés. Il n'y avait qu'une
chance de les diviser, c'était de les rassu-
rer, Ils avaient imposé- à la France le désin-
téressement; c'est! ;dâns cette condition même
par laquelle on avait cru l'enchaîner, qu'elle
allait trouver le moyen de s'affranchir d'abord
et bientôt de reprendre en Europe la part d'in-
fluence qu'on avait prétendu lui enlever. Les
alliés avaient organisé un système savant, de
précautions contre son ambition et contre sa"
duplicité ils n'avaient prévu ni le cas où elle
renoncerait à être ambitieuse, ni celui où elle
se montrerait sincère. Ils lui avaient interdit la
politique d'expédients; ils lui dictèrent en quel-
que sorte l'a pblitique.de principes. Louis XVIII
et Talleyrand le comprirent, et leur art consista
à tirer des nécessités qu'ils subissaient leurs res-
sources et leur instrument d'action, à faire sor-
tir des obligations qu'on leur avait imposées
des droits que l'Europe ne pouvait contester,
car elle en avait établi elle-même le fondement
dans ses traités avec la France. C'est au nom
du droit public de l'Europe que la coalition
avait combattu la France, et elle l'avait con-
traintè de signer 1? paix de Paris;, c'est en vertu
de ce droit public que la France devait interve-
nir au Congrès, reclamant pour tous, l'applica-
tion des règles qu'on lui avait appliquées; prou-
vant son respect des engagements contractés,
par l'énergie même qu'elle apporterait à en
faire partout prévaloir le principe. ,'<,
,-•̃ ̃ .ni ̃ ̃: ̃ *«;
« La' Fr.ance, écrivait quelque temps après
Talleyrand dans, un manifeste célèbre, la
France-n'avaità porter au -Congrès aucune vue
d'ambition ou d'intérêt personnel. Replacée
dans ses antiques limites, elle ne songeait plus
à f\ës étendre, semblable à la mer qui ne
franchit ses rivages que quand .elle a été
soulevée par les tempetes; mais il lui res-
tait à désirer que l'oeuvrede la restitution s'ac-
complît pour toute l'Europe comme pour elle.
Ce. désir de' la France doit être celui de tout
Etat européen qui ne s'aveugle pas lui-
même^). Les derniers temps, concluaient les
instructions de Louis XVIII, ont laissé des im-
pressions qu'il importe d'effacer. La France est
un Etat si puissant que les autres peuples ne
peuvent être rassurés que par l'idée de sa mo-
dération, idée qu'ils prendront d'autant plus
facilement .qu'elle leur en aura donné une plus
grande do sa jusiicfc. w
(2) Lettre à Metternich, 19 décembre 1814. ;u w
Ces idées étaient commandées au gouver-
nement de Louis XVIII par son principe
même, par les circonstances dans lesquelles
il avait été rétabli, par les engagements
qu'il avait contractés; elles étaient l'expres-
sion de sa raison d'être en Europe enfin,
elles résultaient d'un dessein depuis très long-
temps arrêté dans l'esprit de Louis XVIII et
dans l'esprit de Talleyrand. Renoncer pour soi-
même aux grandes conquêtes parce qu'elles ne
se pouvaient accomplir sans les grands parta-
ges empêcher les forts de devenir trop puissants;
défendre les faibles contre les invasions des
forts; maintenir entre tous un équilibre de puis-
sance qui, tout en garantissant la paix, assure-
rait à la France une influence d'autant plus effi-
cace qu'elle serait plus modératrice, cotte poli-
tique avait été celle de la France pendant les
meilleures années de l'ancien régime. En la
restaurant sous Louis XVI, Vergennes avait
relevé un instant la monarchie de l'état d'a-
baissement où Louis XV l'avait fait déchoir
en Europe. Le comte de Provence était pénétré
de cette politique. Comme là plupart des prin-
ces de son temps, il connaissait infiniment
mieux les affaires de l'Europe que celles de son
pays. L'exil, qui n'avait fait que fortifier ses
préjugés au sujet de la France, avait, au con-
traire, développé, affermi, précisé les notions
exactes d'ailleurs qu'il possédait sur l'Europe.
Il avait souvent médité sur le problème qui se
posait à lui en 1814 il s'était défini avec beau-
coup de fermeté les conditions dans lesquelles
la monarchie, si elle était restaurée, pourrait
reprendre rang, considération et influence en
Europe. Lord Macartney, qui avait été chargé
d'une mission près de la petite cour de Vérone,
écrivait à lord Granville en 1795 (3)
« Le roi dit que rien n'aurait un plus fatal effet
sur les affaires qu'un engagement ou la moindre
trace d'un engagement de céder des villes ou du
territoire cela révolterait également tous les
Français royalistes et républicains. Beaucoup de
royalistes aimeraient mieux voir en France une
république puissante qu'une monarchie mutilée.
Dans l'état de relâchement, de désordre et de bou-
leversement où est l'Europe, le roi pense que, pour
rétablir la stabilité, il faudrait le temps et les ef-
forts qu'ont coûtés les traités de.Westphalîe. Son
seul désir serait d'y parvenir, sans chercher pour
lui-même d'autre avantage que son rétablissement
ni comme homme d'Etat, ni comme homme de
bien, il ne pouvait approuver la politique qui
avait poussé certains princes à conspirer entre
eux, sans autre raison, provocation ni motifs que
leurs intérêts respectifs et leurs convenances, la
spoliation d'un voisin sans défense et le partage
de ses dépouilles. Il espère que les puissances
trouveront plus sage, plus honorable de suivre
une autre ligne de conduite, et que l'équilibre de
l'Europe deviendra le principe directeur des sou-
verains. »
Les mêmes idées, presque dans les mêmes
termes, forment le fond des instructions que
Louis XVIII adressait en 1800 au comte de
Saint-Priest. Elles se retrouvent dans celles qu'il
donna à Talleyrand en 1814 et dans les lettres
qu'il lui écrivit pendant le Congrès.
Si singulier que cela paraisse au premier
abord, après toutes les complaisances que
Talleyrand montra pour le Directoire et pour
Napoléon, ces vues étaient également et depuis
très longtemps les siennes.
Talleyrand avait été le ministre de deux
gouvernements belliqueux et conquérants
il avait dirigé, en leur nom et sous leur
autorité, plusieurs des grandes curées qui
avaient bouleversé l'Europe depuis 1795 le
traité de Campo-Formio, le congrès de Ras-
tadt, le recès de 1803, les traités de 1805 et de
1807. Mais, en servant la politique des excès, il
n'avait jamais cessé de la blâmer en secret. 11
en voyait les dangers, il s'efforçait de les atté-
nuer. Dans les vastes assises de l'Eurore où il
menait de son pied boiteux la justice diploma-
tique, il avait rendu d'implacables arrêts de
spoliation et .d'expropriation; dans la chambre
du conseil, en arrière et en confidence, il n'a-
vait cessé de prêcher la modération, jugeant et
condamnant ces grands juges de la terre parmi
lesquels il siégeait avec l'impénétrable ironie
de son sourire. Le caractère en lui avait eu bien
des défaillances, le bon sens n'en avait presque
jamais eu. Sa prévoyance était sa revanche
contre les autres et contre lui-même.
Tout jeune, il avait considéré le partage do
la Pologne comme une flétrissure pour la poli-
tique française et un immense danger pour
l'Europe.
Dans les premières années de la Révolution,
il s'entendait avec Mirabeau pour prêcher la
politique de modération et de paix. Il la- con-
seillait à la monarchie déclinante, comme le
seul moyen de reprendre de la consistance en
Europe; il la conseillait à la République nais-
sante comme le seul moyen de s'y faire admet-
tre et de s'y maintenir." Conquête et liberté lui
semblaient deux termes inconciliables. Il écri-
vait de Londres, au mois de novembre .1795,
dans un Mémoire dont il lui fut fait plus tard et
très justement grand honneur (1), que la
Franco devait dorénavant renoncer aux ancien-
nes idées i de primatie et de prépondérance;
que « la richesse réelle consistait non à envahir
les domaines d'autrui, mais bien à faire-valoir
les siens »; que le territoire de la France suffi-
sait à sa grandeur qu'il ne pourrait être étendu
sansdange r pour le bonheur des Français, que
des conquêtes contrarieraient « sans honneur
et sans profit » des renonciations solennelles.
« La France, concluait-il, doit rester circons-
crite dans ses propres limites; elle le doit à Sa
gloire, à sa justice, à sa raison, à son intérêt (4)
et à celui des peuples qui seront libres par
elle. » Ce qu'il pensait en 1792, au début de la
guerre et dans sa quasi-émigration de Lon-
dres, il le pensait on 1797, au ministère et au
milieu du triomphe de la République. Jé lis
dans un rapport qu'il adressait au Directoire ce
passage significatif ;.<•
« Dans là situation où se trouve une république
qui s'est élevée nouvellement en Europe en dépit
de toutes les monarchies et sur les débris de plu-
sieurs d'entre elles et qui y domine par la terreur
de ses principes et de ses armes, ne* peut-on pas
dire que le traité de Campo-Formio est, que tous
les autres traités que nous avons conclus ne sont
que des capitulations militaires plus ou moins
belles? La querelle momentanément assoupie par
l'étonnemënt et la consternation du vaincu n'est
point de nature à être définitivement terminée
par les armes, qui sont journalières, tandis que la
haine subsiste. Les ennemis ne regardent, à cause
de la trop grande hétérogénéité des deux parties
contractantes, les traités qu'ils signent avec nous
que comme des trêves semblables à celles que les
musulmans se bornent à conclure avec les enne-
mis de leur foi sans jamais prendre. des engage-
ments pour une paix définitive. En effet, qu'est-ce
qu'une capitulation militaire? C'est un contrat
temporaire entre deux parties qui restent enne-
mies. Qu'est-ce -qu'un traité de paix? C'est celui
qui, en réglant l'universalité des objets en con-
testation, lait, succéder, non-seulement l'état de
paix à l'état de guerre, mais l'amitié à la haine.
Or, toutes les puissances avec lesquelles nous
avons des traités continuent, non-seulement d'être
nos ennemis secrets, mais demeurent dans un état
de coalition contre nous. »
Ce qu'il disait du traité de Campo-Formio, il
put le dire de tous ceux qui suivirent. Tous
portaient en eux le germe d'une guerre nou-
velle, et l'Europe en était venue à craindre la
paix plus que la guerre. C'est la situation où
Talleyrand retrouva les affaires'en 1814. L'ex-
périence avait confirmé toutes ses prévisions.
Je trouve dans un écrit composé, cette année là,
évidemment sous son inspiration et peut-être
sous sa dictée, un passage qui achèvera d'é-
clairer les lecteurs sur les motifs qui gouver-
nèrent la politique française au Congrès de
Vienne. Après avoir rappelé les fautes succes-
sives qui ruinèrent la puissance du Directoire
et de Napoléon, l'auteur ajoute: fi''
«II est donc vrai que l'expérience la plus récente
ne peut sauver des mêmes fautes les gouverne-
ments passionnés, et que les. conseils les plus sages
des hommes d'Etat les plus illustres ne peuvent
leur épargner ces erreurs. En vain M. de Talley-
rand s'opposa-t-il à ces accès d'ambition qui, à me-
sure que sa sagesse élevait notre système politi-
que, venaient en renverser l'édifice. L'orgueil et
l'avidité l'emportèrent sur sa prévoyance. A la
première époque le Directoire il blâma les
révolutions d'Italie et ne tarda pas, pour prix de
son opposition, à quitter un ministère où la diffi-
culté des temps et le besoin de ses lumières le fi-
rentbientôt rappeler. A la seconde époque le
Consulat il vit décroître son influence sur l'es-
prit du premier consul parce qu'il avait essayé
d'arrêter son imprudente ambition, en lui faisant
considérer, qu'elle donnerait aux Anglais.Malte et
(3) Archives d'Angleterre. Je trouve ce document
dans uu intéressant travail de M. André Lebon qui, je
l'espère, sera bientôt publie.
(4) M. Pallain cite (pages 212 et 438) des extraits inté-
ressants -de ce mémoire. On regrette qu'il ne l'ait pas
publié en entier, car il y a Une sorte de légende au-
tour de ce document. Michaud le croyait perdu, d'au-
tres en avaient nié l'existence. Le fait est qu'il n'était
même pas égaré; li était ciassé dans les volumes de la
correspondance de Londres, .et mentionne, dans les
répertoires.
le cap de Bonne-Espérance. A la troisième époque .•
l'Empire il perdit noblement avec son minis-
tère toute la confiance de l'usurpateur de l'Es-
pagne, et cette dernière disgràce devint son plus
beau titre de gloire. La France espère enfin
qu'appelé à la plus honorable mission par la con-
fiance du roi, il va faire prévaloir ses lumières
dans Ua délibération et fixera par ses négocia-
tions le haut.rang destiné à cette monarchie. La
France fut autrefois la protectrice des faibles; il
lui a déjà rendu ce noble rôle. Son ancienne puis-
sance était un bienfait pour l'Europe, il en devient
le conservateur. Elle lui remet ses intérêts comme
à celui dont l'estime publique a reconnu les lu-
mières et qu'elle n'a pas cessé d'entourer de sa
faveur. »
Je fais, en ce jugement, la part de la flatte-
rie et de l'apologie je n'y veux rechercher
qu'un témoignage sur les vues personnelles de
'1 alleyrand et un trait qui réunisse, après tant
et de si singulières brisures, la pensée de 1792
à celle de 1814. Le lien est évident. C'est affaire
aux biographes de Talleyrand de le suivre
dans toutes les sinuosités de sa carrière et de
montrer l'homme subsistant, toujours le même,
sous tant de costumes, de masques et de fards.
Je me borne ici à faire voir comment il était
préparé au rôle qu'iljoua au congrès devienne,
comment l'accord se fit si aisément et sur les
principes même entre le roi et le ministre, com-
ment Louis XVIII, à travers les perpétuelles
protestation de son exil, et Talleyrand après
ses continuelles et fructueuses complaisan-
ces envers la fortune, en étaient arrivés à la
même conclusion, partant le premier d'un prin-
cipe, le second d'un calcul, guidés et éclairés
tous deux par l'expérience des faits, le senti-
ment de la force des choses et l'instinct des in-
térêts de la France en Europe.
Les instructions qu'ils arrêtèrent en commun `
ne sont que le résumé et l'application de ces
vues. Elles sont publiées depuis longtemps (5).
J'y renvoie le lecteur elles forment la préface
indispensable de la correspondance qui vient de
paraître.
La politique classique de la France, celle que v'
l'on appelait la politique traditionnelle, n'a été
nulle part exposée avec plus d'ampleur dans
son ensemble, motivée avec plus de force dans
ses données générales, adaptée avec plus de
sagacité aux nécessités présentes rattachée
avec plus de grandeur aux intérêts généraux
de la société européenne. Ces instructions qui
résumaient l'expérience du passé ont été pen-
dant une partie de ce siècle- le code de notre
politique et la règle de notre diplomatie.C'est que
les hommes d'Etat qui avaient conçu ce largo des-
sein prétendaienttravailler pour l'avenir. Ils con-
sidéraientmoins les résultats immédiats que les
conséquences futures. Leur prévoyance dou-
blait leur pénétration. L'une et l'autre n'étaient
que le bon sens appliqué de très haut aux cho-
ses européennes. Aujourd'hui que ces proposi-
tions n'ont pins qu'un intérêt historique, et que,
pour les avoir méconnues, oubliées et aban-
données, la France a vu et en partie, hélas
par l'impéritie, l'infirmité et l'aberration de
plusieurs de ses gouvernants, dévier ut s'a-
néantir, en quelque sorte sous sa main
cette œuvre de modération et de sagesse, on ne
peut sans mélancolie et sans amertume relire
ces lignes où se résumait toute la politique de
Talleyrand
En Italie, c'est l'Autriche qu'il faut empêcher de
dominer en opposant à son influence des influen-
ces contraires; en Allemagne, c'est la Prusse. La
constitution physique de sa monarchie lui fait do
l'ambition une sorte de nécessité. Tout prétexte'
lui est bon. Nul scrupule ne l'arrête. La conve-
nance est son droit. Ses émissaires et ses parti-
sans agitent FAllemagae, lui' peignent la France
comme prête à l'envahir encore, la Prusse comme
seule en état de la défendre et demandant qu'on la.
lui livre pour la préserver. Les alliés ont. dit-on,
pris l'engagement de la replacer dans l'état. de
puissance où elle était avant sa chute. c'est-à»diro
avec dix millions de sujets. Qu'on la laissât faire,
bientôt elle en aurait vingt et l'Allemagne lui se-
rait soumise. Il est donc nécessaire de mettre un
frein à son ambition.
(A suivre.) .»«»; • .ALBERT SOKBL..
(~4 ~!
Le Gérant J. Hébrard.
Société Générale de Laiterie..
'7 J
RECETTES DE LA SEMAINE
Du 29 Mai au 4 Juin.
La vente du lait a été de 1.O41.3I55 litres.
Soit, par jour. 110. 190 litres.
Recettes de la vente du lait. fr. 21.9.310 37
Recettes diverses. fr. 71 4'32 4G
Votai pour la semaine. fr. 3.10.7-12 83
Soit, par jour. fr. 11 .351
Recettes depuis le 3 avril fr. 2. 270. 039 18
Total à ce jour fr." 2.507.082 01
Pour le conseil d'administration,
Le secrétaire général A. Delalonde.
'̃̃̃• LE CHOiÂOE'
Compe anonyme d'assurances et de réassurances
A PRIMES FIXES
Contre le chômage des capitaux, la perte
des salaires des ouvriers et employés., et -la'
perte des loyers
RÉSULTANT »K L'I\C'
Combinaisons spéciales pour les Officiers
ministériels.
Capital social CINQ MILLIONS de francs
Siège social. 1, rue du 4-Septembre, Paris
La Société ayant été définitivement consti-
tuée le 27 mai dernier, opérations d'assu-
rance commenceront le 15 juin ]$81.
M!s
.r: -a- la:. ;̃̃>̃ ̃
VILLE DÈ PARIS
'"•̃•̃.••̃ ••'̃̃ .1.. DÉ ̃̃ 3 j .•̃.
•̃•••• 170, Rue Montmartre. • i •. •'
FPAimft-DELUMU-iîJijH :-u
̃< ••-•« ̃̃̃'̃ • .i j t? ,«
RaMis Incroyables:
.#«'̃'$ SUR TOUT LE ̃'̃•̃̃- -̃'̃,
STOCK MME
Désireux de n'offrir que des marchan- r
dises entièrement nouvelles après la trans- •
.formation radicale qu'ils préparent, les
administrateurs veulent solder à tout prix V
les articles actuellement en magasin.
E~~BB~ESs'~a~as~E~aB~~a~
TSf^'zffijj&fflR AU MINÉRALE NATURELLE
m A fflB °j^it?V.inMirni8l;'eiTu^iiK-uat!, Acidulé. Qj,tre;
Chlorose Anémie et toutes les Maladies provenant de
l'apptMmsseinentdusiuas.GonsuIterMM.lesMédecint
w>
I«seastblMUwt«ur Dueheine. Extraction 9t
pose de dents, sans doulgiir, 45, r. Lafayette.
¡ TRIBUNAUX
L'usine odorante de Nanterre. A la suite
des plaintes si unanimes et si justifiées des habi-
tants de Paris et des populations suburbaines,
l'usine de Nanterre était, vers la fin de l'été der-
nier, fermée par ordre supérieur. Elle vient'd'ètre
rouverte, mais seulement par mesure provisoire,
paraît-il. D'après des renseignements du carac-
tère le plus sérieux, il s'agirait de fournir à l'ex-
pertise ordonnée par le conseil de préfecture de la
Seine le moyen d'opérer en pleine connaissance
de cause. Les mêmes informations donnent à en-
tendre qu'aucun nez quelque peu sincère ne sera
rebelle, aux constatations. Un rapport ne tardera
(5) Angeberg. Le Migres de Vienne. Paris, Amyot'
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 58.15%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 58.15%.
- Collections numériques similaires Arts de la marionnette Arts de la marionnette /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "Pam1"Paris, Sèvres, Saint-Cloud, Versailles, Saint-Germain, Fontainebleau, Saint-Denis, Chantilly : avec la liste des rues de Paris / par Paul Joanne... /ark:/12148/bd6t5774757r.highres La comédie à la cour : les théâtres de société royale pendant le siècle dernier, la duchesse du Maine et les grandes nuits de Sceaux, Mme de Pompadour et le théâtre des petits cabinets, le théâtre de Marie-Antoinette à Trianon / Adolphe Jullien /ark:/12148/bd6t5773930r.highres
- Auteurs similaires Isocrate Isocrate /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Isocrate" or dc.contributor adj "Isocrate")Trois livres d'Isocrates ancien orateur et philosophe. Le premier contient enseignemens pour induire les jeunes gens à vivre honnestement, & aimer la vertu. A monseigneur le Daulphin. Le second traitte de la maniere de bien regner, & comment les roys & grans seigneurs se doyvent gouverner. Le troizieme est du devoir du prince envers ses sugetz, & des sugetz envers leur seigneur. Au roy treschrestien Henry II de ce nom. Le premier livre de l'institution de Cyrus ou du roy perfet, composé par Xenophon, de la manière d'instruire un jeune prince en toutes vertuz & honnestetez, mais principalement au fait de la justice et des armes. Au roy d'Angleterre Edouard VI de ce nom. Oraison du mesme autheur, contenant les louenges d'Agesilaus roy des Lacedemoniens. A monseigneur le duc de Montmorency pair & connestable de France. Le tout translaté de grec en françois, par Loys Le Roy, dit Regius. /ark:/12148/bpt6k8704743q.highres Institutio principis christiani, saluberrimis referta praeceptis, per Erasmum Roterdamum, praemissis praeceptis Isocratis de regno eodem interprete /ark:/12148/bpt6k87060769.highresWolf Hieronymus Wolf Hieronymus /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Wolf Hieronymus" or dc.contributor adj "Wolf Hieronymus")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 3/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k228403f/f3.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k228403f/f3.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k228403f/f3.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k228403f/f3.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k228403f
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k228403f
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k228403f/f3.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest