Titre : Le Temps
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1881-06-10
Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication
Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication
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Description : 10 juin 1881 10 juin 1881
Description : 1881/06/10 (Numéro 7354). 1881/06/10 (Numéro 7354).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
LE TEMPS. 10 juin 1881.
iTARÏÉTÉS
ALLE*«:AND AU CONGRÈS DE VIENNE"
•nuo /YotoleîV7nj>«aa8jùiB.
Le 8 octobre 1814, les ambassadeurs u»:> 1,
grandes puissances étaient réunis chez Metter-
nich. Il s'agissait d'annoncer à l'Europe l'ouver-
ture du Congrès. On délibérait sur une déclara-
tion portant qu'elle aurait lieu le 1er novembre.
Talleyrand demanda qu'on y ajoutât ces mots
Elle sera faite conformément aux principes
du droit public. Cette proposition souleva une
tempête. « Non, monsieur t disait Hardenberg,
debout, les poings fermés, presque menaçant.
Non, monsieur Le droit public, c'est inutile. »
M. de Humboldt criait « Que fait ici le droit
public? II fait que vous y êtes, répliqua Tal-
leyrand. » Les deux envoyés prussiens se cal-
mèrent. Tout le monde parut décontenancé.
« Pourquoi dire que nous agirons selon le
droit public? fit observer Hardenberg. Cela
va sans dire. Si cela va bien sans le dire,
répondit encore Talleyrand, cela ira encore
mieux en le disant. » On décida qu'on le dirait,
jcar il était impossible d'expliquer pourquoi on
's'était d'abord refusé à le dire. Quelques jours
̃après, rendant compte de cette scène, Talley-
rand écrivait « On prétend que nous avons
remporté une victoire jwur avoir fait intro-
'.duire l'expression droit public. Cette opinion
doit vous donner la mesure de l'esprit qui ani-
me le Congrès » (1).
C'est l'esprit du Congrès; c'est bien aussi
l'esprit de Talleyrand. Cette escarmouche don-
'ne le ton de la bataille. Mais on ne produit de
;tels effets de surprise, on ne déconcerte les
gens par ces mouvements imprévus et ces ri-
'postes soudaines, que quand le terrain se prête
aux manœuvres et que l'adversaire mal éclai-
ré, mal commandé, désorienté et désorganisé,
est réduit, faute de plan et de direction à la
guerre de contenance. Il faut, pour qu'un mot
entraîne aussi loin et qu'une réplique heureuse
porte de telles conséquences, qu'Us répondent
a un sentiment dont tout le monde est pénétré,
que chacun s'efforce de refouler en soi, et qui
s'impose par cela seul qu'on ose le déclarer. Ce
fut le cas de Talleyrand quand il parla du droit
public aux diplomates réunis chez Metternich.
Ils étaient tous au fond très sceptiques sur l'ar-
ticle du droit; ils en faisaient bon marché dans
le secret de leurs délibérations intimes mais
ils ne pouvaient le déclarer en public, et c'est
par là. quo TalloyraTirl laa saisit T.'homme qui
les a le mieux cwna% j^% V§.dk en* termes
€lairs:
« Les grandes phrases de' récônslrùélièn de Per-
re moral, de régénération du système politi-
que de l'Europe, de paix durable fondée sur
qu f-E':<~o~e, de jM!r ~M/~a&~e /bM~
une juste répartition des forces, etc., etcw se dé-
bitaient pour tranquilliser les peuples et perar
donner à cette réunion solennelle un air de dignité
et de grandeur^ mais le véritable but du Congrès
était le partage etUre les vainqueurs des dépouil-
les enlevées au vaincu (2). »
Les diplomates ne prenaient point .au sérieux
les phrases dont ils s'étaient servis pour sou-
lever les peuples et les lancer à l'assaut de
l'empire napoléonien mais les peuples qui s'é-
taient battus, qui avaient compté leurs morts et
leurs blessés, croyaient à la réalité des pro-
messes et soupiraient après cet âge d'or d'indé-
pendance, de liberté, de paix q ui devait selon
les prophètes de la coalition succéder à l'âge
de fer et de sang dontPEurop© avait tant souf-
fert. « L'attente publique écrivait Gentz, n'a
peut-être jamais été excitée au point où elle
rétait avant l'ouverture de cette assemblée. »
Les peuples s'en remettaient volontiers à leurs
chefs du soin dérégler leurs relations. Les con-
flits d'intérêt entre les Etats les préoccupaient
peu et ils les entendaient mal. Ce qu'ils avaient
è plus à cœur, c'était précisément ce dont les
chefs se souciaient le moins le principe qui
réglerait le droit européen et le système géné-
ral qui en serait l'application. Un contemporain,
de Pradt (3),: a très bien rendu ce sentiment
«Les Européens n'interrogeaient point le Congrès
sur l'emploi qu'il entendait faire de telle fraction
,de souveraineté; mais ils lui demandaient ai,
après tant d'orages, il y aurait enfln du calme; si,;
après tant d'agitations, il y aurait enfin du repos;
si après tant u« uiiaugemeuis, u <»uj.aio cuau 4v
la stabilité si, après tant de spoliations, il y au-
rait enfin sûreté pour la propriété;, si,- après
tant d'inquiétudes sur l'emploi de la vie-, il y au-,
rait enfin des positions assurées. Ils ne deman-
daient pas seulement sous quelles domination
dans quel ordre social ils vivraient, mais s'il y
aurait des dominations certaines et un ordre so-r
cial sous lequel il leur serait donné de vivre. »
Depuis 1792, les alliés avaient armé l'Europe
contre la France en vertu d'un principe auquel
ils ne croyaient pas fit qu'ils n'avaient cessé de
violer. Dix-sept ans avant la. Révolution fran-
çaise,, ils avaient montré, par le partage de la
Pologne, le-cas qu'ils faisaient du droit public,
Ï6 respect qu'ils'portaient aux traités et la con-
sidération qu'ite avaient pour les- souverainetés
légitimes. En devenant conquérante, la. Révo-
lution -française n'avait fait que suivre leur
exemple et" s'inspirer1 de leurs maximes. Ils
l'avaient condamnée tant qu'ils avaient cru
pouvoir vaincre la. France et partager ses dé-
pouilles ils avaient pactisé avec la 'dévolution
toutes les fois qu'après les avoir vaincus, elle
les avait convies à la curée. Depuis la Prusse-
qui avait en 1795 abandonné la rire gauche du
Rhin à la République, jusqu'à l'Autriche qui
avait en/18T0' donne une archiduchess e à l'em-
pereur, tous avaient tour à tour sacrifié
leur principe à leurs intérêts. Maintenant que
l'armée de Napoléon était anéantie et que
son héritage était vacant, ils n'avaient (ju'un©
pensée et qu'un dessein continuer Foeuvre- de
l'empereur en la retournant contre la France,
imiter l'empire après l'avoir abattu. Cependant,
il leur fallait justifier leur conduite devant l'Eu-
rope. A la rigueur, la Russie, l'Autriche et la
Prusse pouvaient traiter l'Europe en déshéren-
ce comme elles avaient traité la Pologne en
anarchie; se dire l'Europe, c'est nous î. sediss-
puter en secret sur les évaluations et sur les
lots; puis, les enchères terminées, et le marché
consommé, répondre aux curieux -malavisés et
aux questionneurs impertinents ce que le tsar
Alexandre répondait à Talleyrand « Les con-
venances de V Europe, sont le droit». Mais il y
avait un des alliés- qui était obligé ée parler
en public et ne pouvait se payer des -sophismes
cyniques qui prévalaient dans les conciliabules.
C'était précisément celui auquel la, persistance
de. sa politique, lia. constanee de ses desseins, la
fermeté de ses vues avaient assuré une place
prépondérante dans l'alliance, l'Angleterre,, qui
avait noué tontes les coalitions et payé tous, les
• coalisés. Son représentant à Vienne, Castle-
reagh, était aussi indifférent que ses collègues
aux principes et au droit public; mais le Parle-
meni anglais ne l'était pas. C'était en Angle-
terre surtout que se manifestaient les senti-
ments si vivement exprimés par- Gentz et de
Pradt, et ils ne se manifestaient point, comme
dans le reste de l'Europe, timidement et dans
l'ombre; ils éclataient dans les journaux, ils se
déclaraient à la tribune. Par cela seul qu'il y.,
avait en Angleterre une tribune libre, oùlâ po-
litique anglaise serait traduite et. diseutée, les
secrètes transactions de Vienne avaient néces-
sairement une sanction publique-, le Congrès
était responsable devant l'opinion de l'Europe
et ne pouvait se soustraire a cette responsabi-
lité. C'est ce que Talleyrand avait très bien
Senti, et c'est ce qui fit la puissance de ces fa-
meuses notes de principes qu'il rédigeait moins
pour êtreméditéesparles diplomates de Vienne
que pour être publiées à Londres et livrées aux
débats du Parlement.
Il fallait donc, il fallait absolument que le
congrès-, quels que fussent ses actes, trouvât
moyen d'établir qu'ils étaient conformes an
principe de la coalition et à l'intérêt général de
l'Europe.
C'est ici que les difficultés commencaient. Si
grande que fût la dextérité des publïcistes de
la coalition, elle ne pouvait faire passer pour
un principe d'ordre européen les convoitises de
la Prusse sur la Saxe ot de la Russie sur la
Pologne. La coalition avait invoqué deux prin-
cipes le droit des dynasties aux héritages tra-
ditionnels, le droit des nations à l'indépen-
dance. Le Congrès réprouvait le second et desa-
vouait le premier. Il les violait tous les deux en
donnant aux Prussiens la Saxe malgré les pro-
,,(1) Lettres de Talleyrand, octobre 1814, publiées par
M. Pallain.
(2) Voir Méinoires de Metternich, et Dépêches iné.-
ëues du c/ievali
(3) Du Congrès de. Ytowie..Paçis, 1815» ̃
Eestations du peuple saxon, qûif réclamait son
indépendance, et malgré les protestations du'
roi de Saxe, qui réclamait sa couronne.
Faute de principes, il leur restait l'intérêt
mais ce mobile, le seul qui les dirigeât, était
inavouablo et, en les dirigeant, il les divisait.
Ils étaient ainsi doublement vulnérables. «Leur
embarras, disait très bien Talleyrand, part de
L'illusion dans laquelle ils se soutenaient en
croyant pouvoir régler les affaires de. l'Europe
sur des bases qu'ils nous avaient annoncées
arrêtées et qui ne le sont pas. »
îyart le plus, subtil ne pouvait dissimuler
longtemps des oppositions aussi violentes et un
trouble aussi profond. Les coalisés y appor-
taient fort peu .d'art et beaucoup de passion.
Talleyrand mettait toute son habileté à les dé-
masquer. Il y parvint parce qu'il était étranger
à leurs dissensions et qu'aucune convoitise
n'ébranlait son sang-froid. Il était maître do
lui, jugeait du dehors et -de haut. C'était une
supériorité, il en usa. « Le Congrès, dit un té-
moin (4), était une masse informe, composée
d'éléments incompatibles qai se heurtaient et
s'entravaient partout. Dans un pareil état de
choses, la force seule devait constituer le
droit. » C'était l'aveu humiliant et désespé-
rant auquel aboutissaient les observateurs qui
connaissaient le fond des choses et voyaient
de près les hommes. « Quoi que l'on fasse, dit
un Autrichien, tout cela finira par une rupture
complète entre les puissances. » De Maistre
écrivait dès le mois d'août (5) « Il ne faut pas
compter sur le Congrès. Probablement tout se
brouillera de nouveau. » Gagern arrive à
Vienne le 15 septembre dès le 21, il écrit que
l'on parlait déjà de-guerre « On n'était, ajoute-
t-il, d'accord que contre les Français; cette si-
tuation finit par tourner à l'avantage de leurs
plénipotentiaires (6). »
II
Déclarant hautement et démontrant par ses
actes son entier désintéressement, la France
était inattaquable. Son rôle était le plus simple
et le plus beau de tous. Il y-avait dans sa con-
duite une merveilleuse puissance de logique.
Telle était la force de la position qu'elle avait
prise, que, malgré l'inconsistance de son gou-
vernement, malgré les embarras de ses affai-
res intérieures, malgré surtout les antécédents
et le caractère du personnage qui la représen-
tait à Vienne, sa politique y devait prévaloir et
y prévalut; C'est ici le trait le plus singulier du
rôle de. Talleyrand il avait à imposer non-
seulement ses idées, mais sa. personne. D
fallait que les principes qu'il professait eussent
une extraordinaire vertu d'évidence pour que
l'Europe oubliât qu'ils étaient professés par IuL
L'Europe ne connaissait pas les restrictions
ïinflntalep par lesquelles il avait' atténué dans
son for intérieur ses complaisances pour le Di-
rectoire.et pour Napoléon. Il demeurait pour
l'Europe l'exécuteur ou le complice des actes
que l'Europe avait voulu venger et réparer.
Mais qui, dans cette conférence de Vienne, eût
osé lui jeter à la face et lui reprocher son
passé? Si ces actes étaient coupables; tous y
avaient participé avec lui ou comme lui. 11 eût
répondu à la Prusse par le Hanovre, à l'Autri-
che par Venise, à la Russie par Tilsitt. Un seul
peut-être aurait pu le prendre de haut c'était
l'Anglais; mais l'Anglais avait pour instruction
de ne le point faire. Les autres se turent. Tous.
s'accordèrent pour jeter un voile sur leur passé.
Par une sorte de convention tacite, ces libertins
endurcis de la conquête se transformèrent les
uns pour les autres en néophytes du droit et re-
vêtirent la toge de lin. Dans cette régénération
spontanée, l'ancien évêque d'Autun se trouva
sortir le plus puç fet le plus immaculé des eaux
du baptême. 11 affirma très haut ce que les au-
tres ne pouvaient nier que tout bas. Nul d'entre
eux n'eut l'impertinence de le chicaner sur sa
conversion, car, :lês principes qu'il proclamait
avec tant de foree, aucun d'eux ne pouvait ni
les contester publiquement ni les désavouer.
De là vint que, dès la première rencontre il
les déconcerta si fort. «L'intervention de Tal-
leyrand a furieusement dérangé nos plans,
écrivait Gentz le 30 septembre CI). Le prince de
Metternich ne sent pas comme moi tout ce qu'il
y a d'embarrassant «t même d'affreux dans
notre situation. a Metternich et Castlereagh se
refusèrent à le sentir aussi longtemps qu'ils le
purent. Ils essayèrent de tous les moyens pour
séparer la Prusse de la Russie tous les moyens
écîiouèrent, et, de guerre lasse, il leur fallut
bierf recourir à Talleyrand. Ce fut son triomphe
et bou tn.cj.-u ucuvio. «m u. essaioi »i yax> acr uiuu-
i trer ici comment il l'exécuta comment il sortit
peu à peu de l'isolement dans lequel, lors de
son arrivée, on l'avait séquestré; comment il
dissipales préventions et les soupçons; comment
il convainquit les plus récalcitrants du désinté-
ressement et de laloyauté de laFrance; comment
il les persuada tous, sauf les Prussiens et les Rus-
sesique la France, ainsi qu'il le disait à Gagern,
devait donner de bons exemples après tant de
mauvais, qu'il fallait être bon européen, modérés
et ne cherclier qu'un juste équilibre; comment
il amena enfin l'Angleterre et l'Autriche à si-
gner avec lui le traité secret du 9 janvier 1815
qui consommait le grand objet de sa politique
dissoudre la coalition, assurer des alliés la
France et faire prévaloir les intérêts qu'elle ju-
geait être à la fois les siens et ceux de l'Eirra-
rope. ̃ Maintenant, écrivait-il à Louis XVIII,
le 4 janvier 1815, la coalition est dissoute et
elle l'est pour, toujours. Non*seulement la
France n'est plus isolée en Europe, mais
Votre Majesté à déjà un système féaératif tel
que cinquante ans de rrégociatkras' ne sem-
blaient pas pouvoir parvenir à le lui donner.
Elle marche de concert avec deux des plus
grandes puissances. Elle sera véritablement
e chef et l'âme de cette union; formée pour la
défense des principes qu'elle a! été la première
à proclamer. »
Talleyrand comptait sans le retour de l'île
dlUbè-L'événement le surprit, bouleversa ses
plans, anéantit ses combinaisons. Le grand in-
térêt de la correspondance s'arrête ut. Ce qui
suit est pénible à lire. Dé toutes les considéra-
tions qui dirigèrent sa conduite à Vienne en-
dant les Cënt-Jours; Talleyrand n'en allègue
qu'une seule et c'est à coup sûr la moins faite
four atténuer ce que cette conduite a. de bles-
sant pour le sentiment français l'intérêt dy-
nastique. Ses lettres adressées à (^and, sont le
contraire d'une apologie. Ceux qui les avaient
lues en avaient porté, comme M. Mignet, un
jugement très sévère. Talleyrand! n'a rien omis
de ce qu'il fallait pour le motiver. Il né s'expli-
que ni ne 8,'exwse, il se- vante aa contraire et
semble presque se glorifier. D'ailleurs^ toute la
dialectique du mon de ne pouvait prévaloir con-
tre ce fait c'étaient les armées françaises qui
se préparaient à combattre à "Waterloo; Non-
seulement il Tembfië, mais, il ne paraît même
pas en avoir conscience.
Le rôle qu'il s'était CQmposé à Vienne et
le personnage qu'il y avait joué étalent ab-
solument "artificiels. Sa grande force était la for-
ce des choses; sa supériorité avait consisté à la
comprendre et à s'en servir. Lorsque ce sou-
tien lui ât défaut, 1© masque tomba. Il ne resta
plus qu'un homme d'un aplomb extraordinaire,
d'une dextérité consommée, mais démenti par
les faits et dérouté dans ses calculs. « Talleyrand
fait ici le ministre de Louis XIV disait le tsar
au mois d'octobre. Au mois d'avril il n'était
plus que le ministre de Jacques. Il. De moins
imperturbables auraient perdu le sang-froid.
Talleyrand eut grand'peine à garder le sien.
On sent dans sa correspondance je ne sais quoi
d'âpre et d'affecté qui trahit l'agitation inté-
rieure. Il se force, il se guindé, il s'acharne..
L'équivoque de sa situation percedans son sïyïei
Froissé dans son amour-propre, inquiété dans
son ambition, ses préoccupations personnelle
ses rancunes, ses haines se mêlent: aux crâiû-
tes trop? légitimes qu'il conçoit pour la France.
Sa prévoyance en est comme exaspérée. H coin
tinue dé juger juste, mais il apporte dans ses
jugements une aigreur irritée: Comme à son*
maître et patroà Voltaire lorsqu'il flagornait
Frédéric pendant la guerre de Sept Ans, ou Ca-
therine pendant la guerre de Pologne, Talley-
rand, jeté par la passion hors du bon sens, perd
le sentiment de la mesure et de lanuance; pour
parodier un de ses mots les plus fameux et le
condamner par sa propre critique, on peut dire
qu'il y a dans les lettres de cette période quel-
que chose qui à sas yeux était pire que de
mauvaises pensées, il y a du mauvais goût.
M. Pallain n'a pas voulu nous laisser sous
cette fâcheuse impression. Il a placé à la fin
du recueil une pièce qui en résume merveilleu-
sement l'esprit et en rappelle les meilleures
(4) Gentz. Dépêches inédites aux Eospadars de Va-
lachie.
(5) Correspondance politique. Paris. Lévy.
(6) Meùi Antheil an der Politik. Leipzig, 1845.
0) Taçebûclw, Leipzig,
pages". Cest le rapport composé au mois de
Juinpar Talleyrana sur l'ensemble des travaux
du Congrès et sur la situation de la France. Ce
mémoire, qui ne comprend pas moins de qua-
rante-huit pages, forme la conclusion naturelle
de la Correspondance, comme les instructions
de septembre 1814 en sontla préface nécessaire."
II se placera dans l'œuvre littéraire de Talley-
rand à côté et peut-être au-dessus du célèbre Elo-
ge de Reinhard le -sujet est plus élevé et lafor-
me est moins concertée. C'est une apologie sans
doute, mais une apologie composée de très
haut, où les vues d'ensemble priment les vues
personnelles, où le diplomate devient histo-
rien. L'homme d'Etaé s'y montre digne du di-
plomate. Toute la partie du Ménwire consacrée
a l'étude des causes qui ont amené la chute de
la première Restauration, la critique des fau-
tes commises, l'indication des moyens propres
à les réparer» font le plus grand honneur à
Talleyrand. Après avoir montré qu'en lui le
plénipotentiaire de Vienne, en 1814, s'inspi-
rait des vues de l'observateur de Londres,
en 1792, on aime à retrouver dans le conseiller
de Louis XVIII le député aux Etats-Généraux.
On aime à voir le même homme proposant, pour
rétablir la monarchie, les mêmes moyens qu'il
proposait vingt-cinq ans auparavant pour en
prévenir la chute. il resta toujours en tous ces s
constituants de 1789 un fond de libéralisme qui
survécut à toutes les défaillances du caractère.
Il resta toujours aussi au fond de l'âme de
Talleyrand; malgré son scepticisme de roué
politique un fond sincère d'amour de la
France. C'est ce qu'il ne ne faut pas oublier,
même sous le coup des froissements les plus lé-
itimes. On doit lui pardonner beaucoup; ces
eux vertus-là, encore qu'intermittentes chez
lui et trop souvent voilées, rachètent bien des
vices. Tout compte fait et quelles que fussent
les arrière-pensées personnelles qui se mêlaient
à ses calculs, c'était avant tout la France qu'il
servait à Vienne pendant les grandes négocia-
tions du Congrès, et il l'a bien servie.
m
On l'a contesté. Personne nvy a apporté plus
de vivacité que l'abbé de Pradt. 11 faut citer
son jugement c'est le thème commun des\ ad-
versaires de Talleyrandi et tous n'ont fait que
le reproduire où le développer
«La France ne demaiidaiît rien au Congrès, etvou-
lant tout à la fois couvrir l'infériorité desaarôle,
a dû sortir de la politique où e_Hê_n'occupait plus
une grande place pour recourir à des principes gé-
néraux dont la discussion appartient à tout le
monde, et se donner le mérité un. juge de paix de
l'Europe, à défaut d'en être le régulateur. C'est ce
qui a produit la liaison de la France avec l'Autri-
che et l'Angleterre et son patronage avoué en fa-
veur de la Saxe. I/Intérêt a passé de la conserva-
tion des petites souverainetés à leur effacement,
»i« îaoomplicalion des Etats à leur simplification,
et de la dispersion dès souverainetés à leur con-
centration. Le système français s'est égaré dans
«ette partie. -Mafsoà son égarement a été le plus
remarquable et le plus funeste, c'est dans l'opposi-
tion qu'il n'a pas cessé d'établir contre la Prusse.
11 y a deux principes Invariables dans le système
de la France à l'égard de la Prusse alliance et
éloignement. L'un est le moyen de l'autre. Or, dans
tout le Congrès, la France n'a travaillé qu'a alié-
ner d'elle la Prusse et qu'à la forcer à se rappro-
cher de sa propre frontière. Ce qui etait du même
coup détruire l'alliance et créer l'inimitié.
Voilà l'objection d'ensemble Quant aux ob-
jections de détail, elles sont résumées dans
un ouvrage anonyme qui a eu la singulière
fortune de fournir à presque tous les historiens
français de la Révolution et de l'Empire la plus
grande-partie de leurs connaissances et pres-
que tout le fond de leurs idées les Mémoires
d'un liomme d'Etat. Km. lieu de-rechercher-
l'Angleterre^, et l'Autriche, ennemies et rivales
séculaires' dé la France, Talleyrand aurait da
s'attacher à là fortune de la Russie et de la
Prusse «ses alliées naturelles ». La France
n'avait aucune objection adonner la Pologne
aux Russes c'était un bien pour les Polonais,
un mal.pour la Russie, et puisque la Russie le
désirait, la France devait la contenter. II im-
portait en même temps de contenter la Prusse.
D'ailleurs, en lui donnant la Saxejon faisait
d'elle une barrière contre la Russie. L'alliance
de l'Angleterre et de l'Autriche consommait
l'œuvre du traité de Paris, elle renfermait la j
France dans les frontières de 1792. L'alliance.
de la Russie et de la Prusse aurait procuré à la
Franco âos avàntsigoe considéra blea. Pour prix
du concours qu'elle leur aurait prêté, ces puis-
sances, lui auraient rendu, à la suite d'une
guerre commune, la Belgique et la rive gauche
du Rhin. Bafln il y avait un intérêt capital à
ne point rapprocher la Prusse de la France;
il valait cent fois mieux avoir la Prusse à
Dresde et le roi de Saxe sur le Rhin, que d'ache-
ter par le formidable voisinage des Prussiens
l'honneur stérile de conserver son trône à un
petit prince allemand.
Cette critiqne est devenue presque classique.
Elle a été adoptée, renouvelée, fortifiée de re-
cherches personnelles et de vues originales
par plusieurs des historiens les plus récents de
l'Empire, et entre autres par le plus illustre de
tous, qui l'a. développée avec un art merveil-
leux et une dialectique qui, nulle part peut-être,
n'a paru plus entraînante. La publication de
M. Pallàin nous convie et nous oblige même à
reprendre cette discussion. EUe y apporte des
élements nouveaux. Les événements qui se
sont produits en Europe depuis 1866 ont d'ail-
leurs jefé une étrange lumière sur ce problème
dont ils ont réveillé le douloureux intérêt.
Tout se tient et s'enchaîne dans l'œuvre di-
plomatique de Talleyrand et dans la critique
qui en a été faite. Toute la discussion se ramène
au point de départ: le traité du 30 mai 1814, le
désintéressement de la France et le dessein po-
litique que Louis XVIII et Talleyrand ont dé-
duit des nécessités mêmes qui leur étaient im-
posées. Je n'examinerai pas ce qu'ils auraient
pu faire dans des conditions différentes de cel-
les où ils sesont trouvées les faits ne permet-
tent point de suppositions de ce genre. Je
vois dans lé* événements une suite si logique,
entre les faits une trame si serrée, que lTiy-
pothèse ne s'y peut insinuer sans bouleverser
l'ordre naturel des choses et sans introduire
dans le débat des éléments absolument étràn-
gersàla réalité.
Les alliés, à Paris, en 1814, étaient sans au-
cun doute divisés entre' eux; mais ils ne
l'étaient pas contre la France. Il n'y avait qu'un
point sur lequel l'accord fût certain entre eux,
mais il était formel, il était écrit, c'était la vo-
lonté de ramener la France à ses frontières de
1792. C'était l'objet fondamental de la coali-
tion. En refusant ces conditions, la France au-
rait à la fois retardé la paix que la nation ré-
clamait à grands, cris, irrité les alliés, fortifié
l'opposition des Prussiens qui ne s'étaient rési-
gnés qu'à, grand'peine à ne point démembrer
la frontière de l'Est. C'est ce que le gouverne-
ment français comprît. « Pour faire la paix aux
meilleures conditions possibles, a dit très bien
Talleyrand, et pour en retirer tous les avanta-
ges qu'elle pouvait procurer, il était nécessaire
de se hâter de la signer. » Tous les documents
publiés depuis quelques années, les engage-
ments secrets des coalisés que l'on ne connaît
gue depuis peu, prouvent, que cette vue était
juste. On aurait fait une faute grave en ne si-
gnant pas. Il était nécessaire, et il fut en même
temps habile de signer.
Le traité de Paris donnait à la France un
principe et une politique. Si l'on suit dans tout
leur cours et dans tous leurs détails les négo-
ciations de Vienne, on peut discuter l'impor-
tance des avantages obtenus par la France;
mais ce qui est hots de doute et de contestation,
ç'egîl la manière dont ces avantages ont été ob-
tehus. Annonçant à Louis XVIII la rupture de
la coàlition et l'alliance de la France avec l'Au-
triche et lAngleterré, Talleyrand en attribuait
« la came efficiente » au <$sài n qu'il avait pris
de calmer les défiances eh montrant au nom de
la ance de désintéz'essenient le plus parfait ».
C'est l'impression dès témoins. C'est en parti-
culier celle 4e G-entz, qui est très affirmatif sur
ce point. Supprimons cet élément, tout l'édifice
s'écroule. Non-seulement la France ne dissipe
pas les soupçons, mais elle les fortifie. Son iso-
lement se proj.pnge, les grandes affaires conti-
nuentàse traiter en dehors d'elle. Il est en
effet manifeste qu'elle n'est parvenue à s'y mê-
ler et à y influer que par ce moyen-là, et par r
ce moyen seûj.
On dit que là Prusse et la Russie l'auraient
conviée a leur alliance, qu'elles auraient chè-
rement payé son concours si, au lieu de les frois-
ser, de les contrarier, elle les eût servies ou se
fût même simplement abstenue de les combat-
tre. C'est une hypothèse et rien de plus. Je ne
dirai pas avec sir Henri Ëulwer que c'est « une
idée extravagante » de supposer que la Russie
et la Prusse eussent donné à. la France la rive
gauche du Rhin. La proposition est un peu vive
dans la fojmej et je ii'ai, sous ce rapport,, garde
d'y souscrire. Mais je n'hésiterai pas à ajouter
avec le critique anglais « J'ai la certitude que
ce cas ne se serait présenté en aucune circons-
tance. » Il aurait suffi que la France montrât la
velléité de reprendre la Belgique et le Rhin,
pour que l'Autriche sacrifiât la Saxe, que l'An-
gleterre sacrifiât la Pologne, et que la division
cessât entre les coalisés. Cela est certain, car
c'est précisément pour empêcher la France de
garder ces conquêtes que toutes les coalitions
s'étaient formées depuis 1793, que la coalition
de 1813 s'était reliée et resserrée à Chaumont
en 1814; c'était la seule idée commune des
alliés. Les entreprendre sur ce point n'était
pas le moyen de les diviser, c'était le moyen
de les réunir.
La Russie parut, en certaines rencontres, re-
chercher la France: ce n'était pas pour briser
la quadruple allianee, c'était pour s'y fortifier.
Ce n'était pas pour diminuer la Prusse, c'était
pour que la Franco contribuât à la grandir. Il
ne fallait pas songer à les désunir. Metternich
et Castlereagh l'essayèrent l'amitié des deux
souverains déjoua toutes les combinaisons des
diplomates. Cola posé, et le fait est incontesta-
ble, comment imaginer que la Prusse de 1814,
la Prusse a patriote », la Prusse enivrée de
vengeance et de colère, la Prusse qui avait
soulevé toute l'Allemagne contre la Franco,
.qui reprochait avec acrimonie à ses alliés de
n'avoir pas enlevé à la France l'Alsace et la
Lorraine, qui dénonçait perpétuellement les
prétendues ambitions des Français. qui se fai-
sait le coryphée de toutes les passions de
l'Allemagne après en avoir été l'incitatour,
qui voyait sa mission, sa gloire, son hon-
neur, son profit à exploiter les passions,
comment supposer que cette Prusse irait
de gaieté de cœur et pour le plaisir d'en-
trer à Dresde sacrifier son avenir en Allema-
gne et livrer la rive gauche du Rhin à la
ïanee? Elle l'avait fait en 1795, et elle avait
trop souffert du cri de trahison qui s'était élevé
contre elle pour s'y exposer encore. C'était
pour dominer l'Allemagne qu'elle convoitait
la Saxe, elle n'aurait pas encouru pour acqué-
rir ce royaume le reproche de sacrifier les in-
térêts allemands. Enfin, la France avait depuis
1795 fait l'expérience de l'alliance prussienne
la|Cenventiou, le Directoire, le Consulat en
avaient tous et incessamment poursuivi la chi-
mère l'expérience avait montré où conduisait
cette politique il fallait on grossir démesuré-
ment la Prusse ou l'anéantir. On avait essayé
de l'un et de l'autre moyen, l'un et l'autre
avaient échoué: >
On ajoute que du moïns la France aurait dû
éviter je voisinage des Prussiens et transporter
le roi de Saxe sur le Rhin. Mais, en cédant sur
les droits du roi de Saxe, la France cédait sur
son principe et elle n'avait plus de rôle au Con-
grès. D'ailleurs, c'est une question très contes-
table desavoir s:ii n'était rias plus dangereux g
d'établir les Prussiens en Saxe que de les èta%
blir sur le Rhin. En leur donnant la .Saxe, on
faisait d'eux la plus cohérente et. la plus alle-
mande des puissances de l'Allemagne. On ac-
complissait d'un coup l'œuvre do concentration
qu'ils ont mis près de soixante ans à accomplir.
Leurs hommes d'Etat le sentaient bien. et c'est
pour cela qu'ils insistaient tant. La Prusse sor-
tait du Congrès divisée en deux morceaux dis-
parates, sans lien, sans unité. « C'est un'Etat.
indéfinissable, disait de Pradt; elle voit des
ennemis partout, et des frontières nulle 'part-
La Russie la presse par la pointe de ses
Etats. L'Autriche la coupe- par .le milieu/
de ses possessions. La F rànce; l'atteint à l'extré-
mité de ses territoires séparés du corps de la'
monarchie. Elle res^inbie à ces maisons de-
Berlin qui ne sont bâties que du côté do la rue
cet Etat n!a encore qu'une façade sur l'Europe.»
Voilà: qui atténue singulièrjemeiit/ià fkuto, -si;,
-faute il y a. Ecoutons du reste-les Allemànd|r
« La Prusse, dit GervinUs, aequéràit sur
̃ les bords du Rhin et en Wèstjphalie une popu-
lation qui, par sa confession religieuse, par les'
effets de la domination des Francais et des in-
stitutions françaises, ainsi que "par les liens
étroits qui avaient autrefois existé entre la
France et.îçs princes ecclésiastiques de ces-
pays, contwà'ît des .éléments aussi hétérogènes
et aussi irréconciliables .que possible, et. devait
offrir les plus grandes difficultés à l'adminis-
tration prussienne. » ̃
̃ ̃.̃••' iv •'• -̃̃'̃
Mais pourquoi discuter des hypothèses lors-
que le fait est là et qu'il n'est, hélas que trop
évident et trop concluant? L'acte final du
Congrès de Vienne notait pas encore signé,-
que l'occasion ^'offrit da substituer à la po-
litique de.Talleyrand celle qu'on lui reproche
de n'avoir point adoptéel Le premier acte
deNâpoléott après son retour de l'île d'Elbe,^
fut de s'adresser à la Russie, de lui révéler;
J'alliance des Bourbons avec l'Angleterre et-
l'Autriche et de la désavouer. Toutes ses tenta-
tives de négociations demeurèrent sans effet.
Le tsâr se montra le plus ardent à la guerre;:
il fit écrire à lord Castlereagh une lettre toute
échauffée de l'esprit de 1813. Lé 25 mars 1815,
la ligue de Chaumont était reformée et les al-
liés, divisés naguère, se coalisaient plus iati-
mement que jamais pour « maintenir dans tou- ,J
te leur intégrité les conditions du traité dd paix
de" 1814, ainsi que les stipulations arrêtées à
Vienne ». Il leur avait suffi de soupçonner la-
France d'un retour d'ambition pour se réunir
contre elle. Les Prussiens apportèrent à la lutte
un (acharnement incroyable: Le retour de Na-
poléon. semblait justifier toutes les critiques.
qu'ils1 avaient faites de la modération des alliés.
Us déclarèrent que la France n'était point sin-
cère dans son desintéressement affecté, qu'elle
concevait dés arrière-pensées de conquête, que
rien ne l'en pourrait guérir et qu'il n'y avait
qu'un remède, c'était de la démembrer. C'est
au contraire en prouvant sa sincérité par sa
conduite au Congrès que la France parvint, lors
de a seconde paix de Paris, à co iserver ses pro-
vinces de l'Est. On avait fait ainsi en quelques
mois l'épreuve et la contre-épreuve de la poli
tique de Talleyrand.
Cette politique, pour l'honneur et le salut de
la France, prévalut dans les années qui suivi-
rent. En 1814 au Congrès de Vienne elle avait
effacé la trace de plus de vingt ans de luttes.
Il y avait suffi de trois mois. Il fallut trois ans
pour effacer l'impression des Cent-Jours et dis-
siper les méfiances que Napoléon avait fait re-
naître. Cette œuvre était accomplie au Congrès
d'Aix-la-Chapelle en 1818. La France recouvra
son indépendance, son rang et son influenceen
Europe. La coalition n'avait plus de raison d'ê-
tre. En 1822 elle n'existait plus. Dès lors la
Franco pouvait poursuivre des alliances parti-
culières et même des vues d'agrandissement
modéré, sans risquer de renouer le formidable
réseau qui l'avait si longtemps étreinte. L'al-
liance de la Russie et de la Prusse pouvait
seule seconder ces desseins. Elle la rechercha.
En 1829, après dix ans de paix, d'entente et
d'amitié, elle crut l'occasion venue. La Russie
engagée en Orient pouvait avoir besoin d'un
allié à l'Occident. On reprit les idées que l'on
reprochait à Talleyrand de n'avoir point fait
prévaloir. La France demanda la Belgique,
proposa de donner la Saxe aux Prussiens et de
transporter le roi de Saxe sur le Rhin. La Rus-
sie déclina l'ouverture, la Prusse la repoussa
formellement, et l'affaire n'aboutit point. Ce
qui s'est passé depuis lors n'est que trop connu.
La Prusse, qui mit plus de vingt-cinq ans
à s'assimiler les provinces rhénanes, en em-
ploya cinquante à préparer l'œuvre de concen-
tration territoriale qu'on aurait consommée dès
1815 en l'établissant au coeur de l'Allemagne.
Le roi de Saxe, placé sur les bords du Rhin,
aurait eu, en 1866, le sort qu'il a eu à Dresde,
à moins qu'il n'ait partagé l'infortune du roi
de Hanovre. Il n'aurait pas pu se soustraire
plus que le roi de Bavière ne ra fait à l'hégé-
monie prussienne. On oublie trop que la Ba-
vière était voisine de la France en 1870 ce
qui s'est passé dans le Palatinat donne la me-
sure exacte de ce qui se serait passé dans le
royaume rhénan que l'on aurait fait à la mai-
son de Saxe.
La conclusion est péremptoire. On a voulu
de 1864 à 1866, dans le grand désarroi de
l'Europe et dans la grande crise de l'Allemagne,
profiter des occasions; on a négocié avec la
Prusse, on a prêté l'oreille à ses suggestions,
on a encouragé ou au moins toléré ses entre-
Erises, on a cru qu'elle donnerait à la France
rive gauche du Rhin en compensation des
conquêtes qu'elle ferait en Allemagne. On n'a
fait que précipiter l'unification des Allemands,
et, après une guerre désastreuse, on a vu un
empire formidable remplacer auprès de la
France démenbrée la paisible confédération
de 1815. Comment ces desseins qui se prépa-
raient depuis tant d'années avaient-ils été con-
jurés jusque-là, si ce n'est par la politique pré-
voyante et prudente que la France avait suivie
à Vienne ? ÇQmmentAau début même de la crise,
en 1864, la catastrophe pouvait-elle encore être
évitée, si ce n'est par cette même politique? C'est
ce que M. Thiers a établi avec une lucidité mer-
veilleuse. Les conseils qu'il donnait alors au se-
cond empire, c'étaient les conseils même que,
cinquante ans auparavant, Talleyrand donnait
à la première Restauration.
L'historien avait pu être injuste pour Talley-
rand et pour son œuvre à Vienne, l'homme
d'Etat lui a rendu une éclatante justice. Sa cri-
tique de la politique de Napoléon III est la réha-
bilitation de celle de Talleyrand. Remontant aux
causes de la crise, aux causes mêmes du péril,
il les attribue à des déviations de principe
a IL faut, pour me bien faire comprendre, que je
remonte à l'origine de la situation actuelle, que je
vous montre en quoi le droit a été odieusement
violé, que la France sache avec qui elle pourrait
se trouver en faisant choix de certaines alliances;
il faut enfin que je vous montre les erreurs de
principe qu'on a commises en Europe depuis quel-
ques années. Le plus grand principe de la politi-
que européenne est que l'Allemagne soit composée
d'Etats indépendants. Le Congrès de Vienne a for-
mellement maintenu ce vieux principe. (3 mai
1&56.)
Ailleurs, traitant la question des alliances,
il conclut, comme on l'avait fait en 1814 et pour
les mêmes motifs, à l'entente avec l'Autriche
« II y a deux puissances dont l'union est déjà
toute faite; toute faite, parce qu'elle est invariable
et que personne ne pourra la détruire c'est l'u-
nion de la Prusse et de la Russie.
» En présence d'un pareil état de choses, quelle est
pour la France la puissance essentielle, je ne dis
pas son alliée nécessaire, mais la puissance avec
laquelle il serait sage de se préparer à pouvoir
former des desseins communs? Cette puissance,
c'est l'Autriche.» (13 avril 18(35.)
Quelques-uns objectent que c'est une alliance
de conservation pure, qu'ailleurs on trouverait
gloire et profit, M. Thiers leur répond
« La Prusse voudrait se servir des idées alleman-
des pour aboutir à un résultat qui est connu de
toutes parts. Allez partout en France et vous ver-
rez si cette politique, qui tendrait à refaire l'an-
cien empire germanique, serait populaire. Non, il
y a trop de bon sens en France pour qu'une pa-
reille politique pût être accueillie, et permettez-
moi d'ajouter que, lors même qu'elle vous appor-
terait un accroissement de territoire quelconque,
cette politique n'en deviendrait que plus honteuse,
car elle aurait consenti à recevoir un salaire pour
la grandeur de la France; Indignement compro-
mise-dàns un prochain avenir. » (3 mai 1866.)
Talleyrand prévoyait ce danger dès 1814.
C'est pour le conjurer qu'il avait suivi la politi-
que que j'ai essayé de résumer et d'expliquer
dans cette étude.
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dernier marché hebdomadaire. Les affaires se sont en-
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IOÛ kil.
Les: menus grains restant à peu près sans change-
ment. La tendance est calme
Seigles, 22 25 à 22 50; orges, 17 »» à 20 50; escour-
geons, l'J-50 à 20 »»; avoines, 19 .»» à 21 50; sarrazins
vieux noirs, 18 »» à, »i>; gris, 19 *» a »» »» les 100 kil.
Les légnmes secs sont toujours délaissés
Haricots flageolets, 40 à 80; de pays, 30 à 32; Sois
sons 50 à 70; Liancourt, 40 à 45; gros pieds, 30 à »»:
suisses blancs, 42 à »»; suisses rouges, 28 à »»; Char
tres, 38 à »»; cocos blancs 32 à »»; cocos rosés, 28 à
30; nains de pays, 25 à 30 l'hectolitre.
Nains étrangers nouveaux, »» à »»; nains vieux 25 à
28 les 100 kil.
Lentilles, 40 à 70; pois verts, 30 à 35; pois -oassés, 40
à 50 l'hectolitre. •
Les issues donnent lieu à un courant régulier d'al-
faires
Gros son, 15 j» a»»; son fin, 13 50 à 14; son 3 oases,
14 50 à »»; recoupettes, 13 & »»;' remoulages ordi-
naires, 16 M à 17 »»; remoulages blancs, de 18 à 20
les 100 kil. à 17 mm; remoula blancs, de 18 à 20
Les graines fourragères ne trouvent que de rares
acheteurs et se cotent sans variations
Trèfle violet, 90 à 110; trèfle blanc, 150 à 170; lu-
zerne de Provence, 180 à 190; de Beauce, 170 à »»»; de
pays, 1C0 à »»*>; d'Italie, »»» à »«»; minette véritable.
45 à «; fausse, 30 à »» les 100 kil.
Vesces de printemps, 25 à 26; vesces d'hiver 25 à
»» pois gris de printemps; *» à »» » les 100 kil.
Sainfoin nouveau, 1™ coupe, 23 a 24; 2« coupe, 24
à 25 les 50 kilos.
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officiel des suifs frais fondus de la boucherie de Paris
a été fixé hier à 83 50. Clôture après cours à 83 fr. 50.
Celui du suif bœuf saladeros de ia Plata a été main-
tenu à 89 fr.
La demande se soutient à 83 fr. 50 pour disponible
et 84 fr. pour les 3 mois de juin, mais les vendeurs
sont peu nombreux et l'allure du marché reste ferme.
Le suif pressé, à 96 fr.
Le suif Plata est sans vendeurs.
Courant du mois 83 fr. 50 demandé.
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à livrer, 126 à 130 *».
Stéarine de distillation disponible, 118 m à 130 »»; à
livrer, »»» »» à »»».
Oléine de saponification disponible, 65 »» à fi6; à li-
vrer, »» «s à »»: oléine de distillation disponible, 59 à
60; à livrer, nn a AD,
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jours), 67 »» à 70 »»; suifs d'os purs, fûts 8 fr. chacun,
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bastopol, 22.
SPECTACLES ET CONCERTS
C'est demain vendredi et dimanche 12 juin que se
tiendra au jardin des Tuileries (terrasse' du Jeu de
Paume, de 2 heures à 7 heures de l'après-midi et de
9 heures à minuit), la Foire aux Plaisirs, grandes .fêtes
de bienfaisance au bénéfice des victimes de ja ville de
Cliio et de.la Société des Amis de l'Enfance, dont nous
avons déjà donné le détail.
La photographie américaine sera tenue par Mme
Théo, en remplacement de. Mlle Sarah Bernhardt,
partie pour Londres.. ̃
Mme Judic, avec un petit âne et un petit ânier, vent
dra des cerises. ̃̃
Le mélodrame de M. Paul Ferrier sera représenta
vendredi soir, à 10 heures.
Entrée le vendredi, 5 francs le jour et 5 francs le
soir. Billet unique pour le jour et le soir, 7 francs. Le
dimanche jour, 1 franc. Le dimanche soir 2 francs.
Tous les billets indistinctement sont numérotés et
donnent droit à une loterie qui sera tirée dans la se-
maine. Le premier numéro sortant gagnera le lingot
d'argent de 10,000 francs.
Voici le programme du Grand Festival qui aura
lieu le mardi 14.Juin,à-2 heures, ait palais du Troca-
déro. On sait que ce Festival, organisé par lé Gaulois,
est donné sous le patronage de Mme la baronne Ja-
mes de Rothschild, a profit des victimes de Kiefl, Eli-
sabethgràd, Odessa, etc.
Marche religieuse, sous la direction de l'auteur
.(G.ounoi); Légende pour violon, M. Paul Viardot(Vt ie-
niawski) Chant séculaire, Mlle Rosine Blocli, orches.
tre et chœurs dirigés par l'auteur (Uh.-M. Widor) Air
de la Coupe du roi de Thulé. M.- Faure; I Lombardi,
Air des Bijoux de Faust chantés par Mlle Adler-
Devriès Fantaisie sur les Ruines d'Athènes, piano et
orchestre, E. Lœvenberg; Prière de Moïse, M. Faure
orchestre et chœurs; Air Asile héréditaire » de Guil-
laume Tell, M. Sellier; Arioso du Prophète, Mlle R.
Blooh1; Duo de la Muette, MM. Faure et Sellier.
Gallia, lamentation, solo par Mme Adler-Devriès
orchestre et chœurs dirigés par J'autenr (Gounod)
l'Ecole des Maris (2= acte), Mite Bartet, MM.Delaunav;
Thiron, Coquelin cadet; Air de Nabuchodon.osor, M.
Melchissédec Romance (M. Rubinstoin) et Marche de
Rachoczy, pour piano, M. Lowenberg; Air de la. Juive,
M. Henri Prévost; Duo de la Mascotte, Mlle Montba-
zon et M. Morlet; conférence, M. Cpquelin cadet.
Les Farces de Pierrot, pantomime par Mmes Judic
Théo, Sanlaville, Silly et M. Guyon Finale, grand-
orgue, M. Widor, orchestre et chœurs (400 exécutants)*
sous la direction de MM. Charles Gounod et Ch. -Mi
Widor.
Prix des places Loges ouvertes, 40 francs. Loges
découvertes, 30 francs. Fauteuils.de parquet, 20 frj
Fauteuils de galerie, 10 francs. Tribunes, 3 fr.
On trouve des billets aux bureaux du Gaulois, du
Figaro; au Grand-Hotel, à l'Hôtel-Continental. et chez
les éditeurs de musique.
Les fêtes que la Société des Sauveteurs bretons a
organisées à Paris, à l'occasion de son huitième anni-i
versaire, comprendront trois journées
Le samedi il juin, à une heure, au Châtelet; mati-<,
née extraordinaire avec le concours de Mmes Bilbaut-i
Vauchelet, Marie Laurent, Rousseil, Scriwaneck da
MM. Nicot, Pescheux, Desmonts, des Roseaux, etc. et?
de la musique de la garde républicaine. Grande'
kermesse bretonne, luttes, danses par des Bretons et)
Bretonnes en costume national.
Le dimanche, après une messe solennelle à Notre*!
Dame, assemblée générale de la Société au Trocadéro.
Musique du 39e dé ligne et fanfares ciriles. 1û~]
termèdes par MAI. Melchissédec. Bertlielier, et Mmes
Léonide Leblanc et Berthe Legrand. Réapparition des
Bretons et Bretonnes. Le soir, à l'Hôtel-ContinentalI'
banquet.
Le lundi, A Saint-Denis (Gennevilliers), à une heure,
tête nautique, expériences d'engins de sauvetage, avec
le concours de la musique du 89° de ligne et de fanfa-1
res locales. q 6
Mlle Marie.Colqnibier va 'écrire, pour un journal
du matin, un récit du voyage de Sarah Bernhardt en
Amérique. ~<
On dit que M.. V. Sardou.va publier son théâtre
complet.
Ce soir jeudi, au Trianon d'Asnières, grand bal
champêtre «t tombola parfumée.
Le Concert de l'Horloge (Goamps-Elj'sées) est cette,
̃année en pleine vogue.
Demain vendredi, à huit heures du .s.oir, dans la
salle des fêtes de la mairie du Il arrondissement,
conférence par M. Paul Soleillet: « De l'esclavage1, l,
dans la Sénégambie en 1881.» Projections par Ma
Molteni.
Salle des Conférences. Demain vendredi, à 8 h. 1/2]
dn soir, M. Merle « L'éducation DODuiaire. -r- La mai') i
son de tout le monde. »
SPECTACLES DU JEUDI 9 JUIN
Opéra- Relâche.
Tn.-FranMonde où l'on s'ennuie.
Opéra-Com. 8 h. »/». Les Contes d'Hoffmann.
Gymnase. –Sh. 1/4. Le Chapeau d'nn horloger. -W
Madame de Chamblay.
Vaudev. 8 h. 1/2. –Chevalier.– Voyage d'Agrément.*
Palais-Royal. –8 h. 1 /4. –Deux Chambre3.– Divorçons l
Porte-St-Martin. h. 1 12. Le Prêtre.
Chfttelet. 7 h. s/4. Michel Strogoff.
Renaissance.– 7 h. y/4.– Mlle Moucheron. -Le Canard»'
Nations. 8 h. »/». La Cellule n° 7.
Ambigu. 8h. »/». L'Auberge. Robert Macaire.
Folies-Drain. 8 h. »>/». Chalamel.– Mousquetaires.
Chàteau-d'Eau. 8 h. »/». Le Trouvère.
Cluny. 8 h. •/». Les Cloches de Cornevllle.
Athénée. –8 h. 1/2. Hist.de Femmes. Monsieur.
Dèjazet.– 8 h. 1/4.– Fleurs blanches.– Nos Belles Petites^
Fantaisies-Parisiennes. 8 h.»/».– Risette.– Crimiue.V
malgré lui. Le$ Bousslgneul.
Fol.-Bergere.8h. 1/4.– Spec. varié.– A'asseur, ch.d'orchj
Palace-Théâtre. 8h. 1/2. Spect. varié. –Ballets.
Cirque-d Eté.– 8 h. 1/2. -Bxeraiaes équestres.
Hippodrome.– Tous les soirs, à8 h. 1/2. –Représ. sappL.
à 3 h., les jeudis, dimanches etfètus.
Besselièvre (Ch.-EÏysées). Tous les soirs à 8 h. 1/8.
Robert-Houdin. –3 h. 1/4. Magl9.
Eldorado. 7h. 1/2. Spectaolô-Concart.
Horloge (Champs-Elysées). –8 h. Spectacle-Concert.
Jard.-d'Acc– Ouv.touslesjoars.Conc.dim.,jeud.et''ât»«..
SPECTACLES DU VENDREDI 10 JUIN
Opêrjû –8 h. »/». Le Tribut de Zamora.
Th.-Français. 7 h. S/4. Mlle de Belle-lsle.
Opéra-Com. 8 h. »/». Le Pardon de Ploërme'-
iLe» autres spectacles comme ieud1 »
iTARÏÉTÉS
ALLE*«:AND AU CONGRÈS DE VIENNE"
•nuo /YotoleîV7nj>«aa8jùiB.
Le 8 octobre 1814, les ambassadeurs u»:> 1,
grandes puissances étaient réunis chez Metter-
nich. Il s'agissait d'annoncer à l'Europe l'ouver-
ture du Congrès. On délibérait sur une déclara-
tion portant qu'elle aurait lieu le 1er novembre.
Talleyrand demanda qu'on y ajoutât ces mots
Elle sera faite conformément aux principes
du droit public. Cette proposition souleva une
tempête. « Non, monsieur t disait Hardenberg,
debout, les poings fermés, presque menaçant.
Non, monsieur Le droit public, c'est inutile. »
M. de Humboldt criait « Que fait ici le droit
public? II fait que vous y êtes, répliqua Tal-
leyrand. » Les deux envoyés prussiens se cal-
mèrent. Tout le monde parut décontenancé.
« Pourquoi dire que nous agirons selon le
droit public? fit observer Hardenberg. Cela
va sans dire. Si cela va bien sans le dire,
répondit encore Talleyrand, cela ira encore
mieux en le disant. » On décida qu'on le dirait,
jcar il était impossible d'expliquer pourquoi on
's'était d'abord refusé à le dire. Quelques jours
̃après, rendant compte de cette scène, Talley-
rand écrivait « On prétend que nous avons
remporté une victoire jwur avoir fait intro-
'.duire l'expression droit public. Cette opinion
doit vous donner la mesure de l'esprit qui ani-
me le Congrès » (1).
C'est l'esprit du Congrès; c'est bien aussi
l'esprit de Talleyrand. Cette escarmouche don-
'ne le ton de la bataille. Mais on ne produit de
;tels effets de surprise, on ne déconcerte les
gens par ces mouvements imprévus et ces ri-
'postes soudaines, que quand le terrain se prête
aux manœuvres et que l'adversaire mal éclai-
ré, mal commandé, désorienté et désorganisé,
est réduit, faute de plan et de direction à la
guerre de contenance. Il faut, pour qu'un mot
entraîne aussi loin et qu'une réplique heureuse
porte de telles conséquences, qu'Us répondent
a un sentiment dont tout le monde est pénétré,
que chacun s'efforce de refouler en soi, et qui
s'impose par cela seul qu'on ose le déclarer. Ce
fut le cas de Talleyrand quand il parla du droit
public aux diplomates réunis chez Metternich.
Ils étaient tous au fond très sceptiques sur l'ar-
ticle du droit; ils en faisaient bon marché dans
le secret de leurs délibérations intimes mais
ils ne pouvaient le déclarer en public, et c'est
par là. quo TalloyraTirl laa saisit T.'homme qui
les a le mieux cwna% j^% V§.dk en* termes
€lairs:
« Les grandes phrases de' récônslrùélièn de Per-
re moral, de régénération du système politi-
que de l'Europe, de paix durable fondée sur
qu f-E':<~o~e, de jM!r ~M/~a&~e /bM~
une juste répartition des forces, etc., etcw se dé-
bitaient pour tranquilliser les peuples et perar
donner à cette réunion solennelle un air de dignité
et de grandeur^ mais le véritable but du Congrès
était le partage etUre les vainqueurs des dépouil-
les enlevées au vaincu (2). »
Les diplomates ne prenaient point .au sérieux
les phrases dont ils s'étaient servis pour sou-
lever les peuples et les lancer à l'assaut de
l'empire napoléonien mais les peuples qui s'é-
taient battus, qui avaient compté leurs morts et
leurs blessés, croyaient à la réalité des pro-
messes et soupiraient après cet âge d'or d'indé-
pendance, de liberté, de paix q ui devait selon
les prophètes de la coalition succéder à l'âge
de fer et de sang dontPEurop© avait tant souf-
fert. « L'attente publique écrivait Gentz, n'a
peut-être jamais été excitée au point où elle
rétait avant l'ouverture de cette assemblée. »
Les peuples s'en remettaient volontiers à leurs
chefs du soin dérégler leurs relations. Les con-
flits d'intérêt entre les Etats les préoccupaient
peu et ils les entendaient mal. Ce qu'ils avaient
è plus à cœur, c'était précisément ce dont les
chefs se souciaient le moins le principe qui
réglerait le droit européen et le système géné-
ral qui en serait l'application. Un contemporain,
de Pradt (3),: a très bien rendu ce sentiment
«Les Européens n'interrogeaient point le Congrès
sur l'emploi qu'il entendait faire de telle fraction
,de souveraineté; mais ils lui demandaient ai,
après tant d'orages, il y aurait enfln du calme; si,;
après tant d'agitations, il y aurait enfin du repos;
si après tant u« uiiaugemeuis, u <»uj.aio cuau 4v
la stabilité si, après tant de spoliations, il y au-
rait enfin sûreté pour la propriété;, si,- après
tant d'inquiétudes sur l'emploi de la vie-, il y au-,
rait enfin des positions assurées. Ils ne deman-
daient pas seulement sous quelles domination
dans quel ordre social ils vivraient, mais s'il y
aurait des dominations certaines et un ordre so-r
cial sous lequel il leur serait donné de vivre. »
Depuis 1792, les alliés avaient armé l'Europe
contre la France en vertu d'un principe auquel
ils ne croyaient pas fit qu'ils n'avaient cessé de
violer. Dix-sept ans avant la. Révolution fran-
çaise,, ils avaient montré, par le partage de la
Pologne, le-cas qu'ils faisaient du droit public,
Ï6 respect qu'ils'portaient aux traités et la con-
sidération qu'ite avaient pour les- souverainetés
légitimes. En devenant conquérante, la. Révo-
lution -française n'avait fait que suivre leur
exemple et" s'inspirer1 de leurs maximes. Ils
l'avaient condamnée tant qu'ils avaient cru
pouvoir vaincre la. France et partager ses dé-
pouilles ils avaient pactisé avec la 'dévolution
toutes les fois qu'après les avoir vaincus, elle
les avait convies à la curée. Depuis la Prusse-
qui avait en 1795 abandonné la rire gauche du
Rhin à la République, jusqu'à l'Autriche qui
avait en/18T0' donne une archiduchess e à l'em-
pereur, tous avaient tour à tour sacrifié
leur principe à leurs intérêts. Maintenant que
l'armée de Napoléon était anéantie et que
son héritage était vacant, ils n'avaient (ju'un©
pensée et qu'un dessein continuer Foeuvre- de
l'empereur en la retournant contre la France,
imiter l'empire après l'avoir abattu. Cependant,
il leur fallait justifier leur conduite devant l'Eu-
rope. A la rigueur, la Russie, l'Autriche et la
Prusse pouvaient traiter l'Europe en déshéren-
ce comme elles avaient traité la Pologne en
anarchie; se dire l'Europe, c'est nous î. sediss-
puter en secret sur les évaluations et sur les
lots; puis, les enchères terminées, et le marché
consommé, répondre aux curieux -malavisés et
aux questionneurs impertinents ce que le tsar
Alexandre répondait à Talleyrand « Les con-
venances de V Europe, sont le droit». Mais il y
avait un des alliés- qui était obligé ée parler
en public et ne pouvait se payer des -sophismes
cyniques qui prévalaient dans les conciliabules.
C'était précisément celui auquel la, persistance
de. sa politique, lia. constanee de ses desseins, la
fermeté de ses vues avaient assuré une place
prépondérante dans l'alliance, l'Angleterre,, qui
avait noué tontes les coalitions et payé tous, les
• coalisés. Son représentant à Vienne, Castle-
reagh, était aussi indifférent que ses collègues
aux principes et au droit public; mais le Parle-
meni anglais ne l'était pas. C'était en Angle-
terre surtout que se manifestaient les senti-
ments si vivement exprimés par- Gentz et de
Pradt, et ils ne se manifestaient point, comme
dans le reste de l'Europe, timidement et dans
l'ombre; ils éclataient dans les journaux, ils se
déclaraient à la tribune. Par cela seul qu'il y.,
avait en Angleterre une tribune libre, oùlâ po-
litique anglaise serait traduite et. diseutée, les
secrètes transactions de Vienne avaient néces-
sairement une sanction publique-, le Congrès
était responsable devant l'opinion de l'Europe
et ne pouvait se soustraire a cette responsabi-
lité. C'est ce que Talleyrand avait très bien
Senti, et c'est ce qui fit la puissance de ces fa-
meuses notes de principes qu'il rédigeait moins
pour êtreméditéesparles diplomates de Vienne
que pour être publiées à Londres et livrées aux
débats du Parlement.
Il fallait donc, il fallait absolument que le
congrès-, quels que fussent ses actes, trouvât
moyen d'établir qu'ils étaient conformes an
principe de la coalition et à l'intérêt général de
l'Europe.
C'est ici que les difficultés commencaient. Si
grande que fût la dextérité des publïcistes de
la coalition, elle ne pouvait faire passer pour
un principe d'ordre européen les convoitises de
la Prusse sur la Saxe ot de la Russie sur la
Pologne. La coalition avait invoqué deux prin-
cipes le droit des dynasties aux héritages tra-
ditionnels, le droit des nations à l'indépen-
dance. Le Congrès réprouvait le second et desa-
vouait le premier. Il les violait tous les deux en
donnant aux Prussiens la Saxe malgré les pro-
,,(1) Lettres de Talleyrand, octobre 1814, publiées par
M. Pallain.
(2) Voir Méinoires de Metternich, et Dépêches iné.-
ëues du c/ievali
(3) Du Congrès de. Ytowie..Paçis, 1815» ̃
Eestations du peuple saxon, qûif réclamait son
indépendance, et malgré les protestations du'
roi de Saxe, qui réclamait sa couronne.
Faute de principes, il leur restait l'intérêt
mais ce mobile, le seul qui les dirigeât, était
inavouablo et, en les dirigeant, il les divisait.
Ils étaient ainsi doublement vulnérables. «Leur
embarras, disait très bien Talleyrand, part de
L'illusion dans laquelle ils se soutenaient en
croyant pouvoir régler les affaires de. l'Europe
sur des bases qu'ils nous avaient annoncées
arrêtées et qui ne le sont pas. »
îyart le plus, subtil ne pouvait dissimuler
longtemps des oppositions aussi violentes et un
trouble aussi profond. Les coalisés y appor-
taient fort peu .d'art et beaucoup de passion.
Talleyrand mettait toute son habileté à les dé-
masquer. Il y parvint parce qu'il était étranger
à leurs dissensions et qu'aucune convoitise
n'ébranlait son sang-froid. Il était maître do
lui, jugeait du dehors et -de haut. C'était une
supériorité, il en usa. « Le Congrès, dit un té-
moin (4), était une masse informe, composée
d'éléments incompatibles qai se heurtaient et
s'entravaient partout. Dans un pareil état de
choses, la force seule devait constituer le
droit. » C'était l'aveu humiliant et désespé-
rant auquel aboutissaient les observateurs qui
connaissaient le fond des choses et voyaient
de près les hommes. « Quoi que l'on fasse, dit
un Autrichien, tout cela finira par une rupture
complète entre les puissances. » De Maistre
écrivait dès le mois d'août (5) « Il ne faut pas
compter sur le Congrès. Probablement tout se
brouillera de nouveau. » Gagern arrive à
Vienne le 15 septembre dès le 21, il écrit que
l'on parlait déjà de-guerre « On n'était, ajoute-
t-il, d'accord que contre les Français; cette si-
tuation finit par tourner à l'avantage de leurs
plénipotentiaires (6). »
II
Déclarant hautement et démontrant par ses
actes son entier désintéressement, la France
était inattaquable. Son rôle était le plus simple
et le plus beau de tous. Il y-avait dans sa con-
duite une merveilleuse puissance de logique.
Telle était la force de la position qu'elle avait
prise, que, malgré l'inconsistance de son gou-
vernement, malgré les embarras de ses affai-
res intérieures, malgré surtout les antécédents
et le caractère du personnage qui la représen-
tait à Vienne, sa politique y devait prévaloir et
y prévalut; C'est ici le trait le plus singulier du
rôle de. Talleyrand il avait à imposer non-
seulement ses idées, mais sa. personne. D
fallait que les principes qu'il professait eussent
une extraordinaire vertu d'évidence pour que
l'Europe oubliât qu'ils étaient professés par IuL
L'Europe ne connaissait pas les restrictions
ïinflntalep par lesquelles il avait' atténué dans
son for intérieur ses complaisances pour le Di-
rectoire.et pour Napoléon. Il demeurait pour
l'Europe l'exécuteur ou le complice des actes
que l'Europe avait voulu venger et réparer.
Mais qui, dans cette conférence de Vienne, eût
osé lui jeter à la face et lui reprocher son
passé? Si ces actes étaient coupables; tous y
avaient participé avec lui ou comme lui. 11 eût
répondu à la Prusse par le Hanovre, à l'Autri-
che par Venise, à la Russie par Tilsitt. Un seul
peut-être aurait pu le prendre de haut c'était
l'Anglais; mais l'Anglais avait pour instruction
de ne le point faire. Les autres se turent. Tous.
s'accordèrent pour jeter un voile sur leur passé.
Par une sorte de convention tacite, ces libertins
endurcis de la conquête se transformèrent les
uns pour les autres en néophytes du droit et re-
vêtirent la toge de lin. Dans cette régénération
spontanée, l'ancien évêque d'Autun se trouva
sortir le plus puç fet le plus immaculé des eaux
du baptême. 11 affirma très haut ce que les au-
tres ne pouvaient nier que tout bas. Nul d'entre
eux n'eut l'impertinence de le chicaner sur sa
conversion, car, :lês principes qu'il proclamait
avec tant de foree, aucun d'eux ne pouvait ni
les contester publiquement ni les désavouer.
De là vint que, dès la première rencontre il
les déconcerta si fort. «L'intervention de Tal-
leyrand a furieusement dérangé nos plans,
écrivait Gentz le 30 septembre CI). Le prince de
Metternich ne sent pas comme moi tout ce qu'il
y a d'embarrassant «t même d'affreux dans
notre situation. a Metternich et Castlereagh se
refusèrent à le sentir aussi longtemps qu'ils le
purent. Ils essayèrent de tous les moyens pour
séparer la Prusse de la Russie tous les moyens
écîiouèrent, et, de guerre lasse, il leur fallut
bierf recourir à Talleyrand. Ce fut son triomphe
et bou tn.cj.-u ucuvio. «m u. essaioi »i yax> acr uiuu-
i trer ici comment il l'exécuta comment il sortit
peu à peu de l'isolement dans lequel, lors de
son arrivée, on l'avait séquestré; comment il
dissipales préventions et les soupçons; comment
il convainquit les plus récalcitrants du désinté-
ressement et de laloyauté de laFrance; comment
il les persuada tous, sauf les Prussiens et les Rus-
sesique la France, ainsi qu'il le disait à Gagern,
devait donner de bons exemples après tant de
mauvais, qu'il fallait être bon européen, modérés
et ne cherclier qu'un juste équilibre; comment
il amena enfin l'Angleterre et l'Autriche à si-
gner avec lui le traité secret du 9 janvier 1815
qui consommait le grand objet de sa politique
dissoudre la coalition, assurer des alliés la
France et faire prévaloir les intérêts qu'elle ju-
geait être à la fois les siens et ceux de l'Eirra-
rope. ̃ Maintenant, écrivait-il à Louis XVIII,
le 4 janvier 1815, la coalition est dissoute et
elle l'est pour, toujours. Non*seulement la
France n'est plus isolée en Europe, mais
Votre Majesté à déjà un système féaératif tel
que cinquante ans de rrégociatkras' ne sem-
blaient pas pouvoir parvenir à le lui donner.
Elle marche de concert avec deux des plus
grandes puissances. Elle sera véritablement
e chef et l'âme de cette union; formée pour la
défense des principes qu'elle a! été la première
à proclamer. »
Talleyrand comptait sans le retour de l'île
dlUbè-L'événement le surprit, bouleversa ses
plans, anéantit ses combinaisons. Le grand in-
térêt de la correspondance s'arrête ut. Ce qui
suit est pénible à lire. Dé toutes les considéra-
tions qui dirigèrent sa conduite à Vienne en-
dant les Cënt-Jours; Talleyrand n'en allègue
qu'une seule et c'est à coup sûr la moins faite
four atténuer ce que cette conduite a. de bles-
sant pour le sentiment français l'intérêt dy-
nastique. Ses lettres adressées à (^and, sont le
contraire d'une apologie. Ceux qui les avaient
lues en avaient porté, comme M. Mignet, un
jugement très sévère. Talleyrand! n'a rien omis
de ce qu'il fallait pour le motiver. Il né s'expli-
que ni ne 8,'exwse, il se- vante aa contraire et
semble presque se glorifier. D'ailleurs^ toute la
dialectique du mon de ne pouvait prévaloir con-
tre ce fait c'étaient les armées françaises qui
se préparaient à combattre à "Waterloo; Non-
seulement il Tembfië, mais, il ne paraît même
pas en avoir conscience.
Le rôle qu'il s'était CQmposé à Vienne et
le personnage qu'il y avait joué étalent ab-
solument "artificiels. Sa grande force était la for-
ce des choses; sa supériorité avait consisté à la
comprendre et à s'en servir. Lorsque ce sou-
tien lui ât défaut, 1© masque tomba. Il ne resta
plus qu'un homme d'un aplomb extraordinaire,
d'une dextérité consommée, mais démenti par
les faits et dérouté dans ses calculs. « Talleyrand
fait ici le ministre de Louis XIV disait le tsar
au mois d'octobre. Au mois d'avril il n'était
plus que le ministre de Jacques. Il. De moins
imperturbables auraient perdu le sang-froid.
Talleyrand eut grand'peine à garder le sien.
On sent dans sa correspondance je ne sais quoi
d'âpre et d'affecté qui trahit l'agitation inté-
rieure. Il se force, il se guindé, il s'acharne..
L'équivoque de sa situation percedans son sïyïei
Froissé dans son amour-propre, inquiété dans
son ambition, ses préoccupations personnelle
ses rancunes, ses haines se mêlent: aux crâiû-
tes trop? légitimes qu'il conçoit pour la France.
Sa prévoyance en est comme exaspérée. H coin
tinue dé juger juste, mais il apporte dans ses
jugements une aigreur irritée: Comme à son*
maître et patroà Voltaire lorsqu'il flagornait
Frédéric pendant la guerre de Sept Ans, ou Ca-
therine pendant la guerre de Pologne, Talley-
rand, jeté par la passion hors du bon sens, perd
le sentiment de la mesure et de lanuance; pour
parodier un de ses mots les plus fameux et le
condamner par sa propre critique, on peut dire
qu'il y a dans les lettres de cette période quel-
que chose qui à sas yeux était pire que de
mauvaises pensées, il y a du mauvais goût.
M. Pallain n'a pas voulu nous laisser sous
cette fâcheuse impression. Il a placé à la fin
du recueil une pièce qui en résume merveilleu-
sement l'esprit et en rappelle les meilleures
(4) Gentz. Dépêches inédites aux Eospadars de Va-
lachie.
(5) Correspondance politique. Paris. Lévy.
(6) Meùi Antheil an der Politik. Leipzig, 1845.
0) Taçebûclw, Leipzig,
pages". Cest le rapport composé au mois de
Juinpar Talleyrana sur l'ensemble des travaux
du Congrès et sur la situation de la France. Ce
mémoire, qui ne comprend pas moins de qua-
rante-huit pages, forme la conclusion naturelle
de la Correspondance, comme les instructions
de septembre 1814 en sontla préface nécessaire."
II se placera dans l'œuvre littéraire de Talley-
rand à côté et peut-être au-dessus du célèbre Elo-
ge de Reinhard le -sujet est plus élevé et lafor-
me est moins concertée. C'est une apologie sans
doute, mais une apologie composée de très
haut, où les vues d'ensemble priment les vues
personnelles, où le diplomate devient histo-
rien. L'homme d'Etaé s'y montre digne du di-
plomate. Toute la partie du Ménwire consacrée
a l'étude des causes qui ont amené la chute de
la première Restauration, la critique des fau-
tes commises, l'indication des moyens propres
à les réparer» font le plus grand honneur à
Talleyrand. Après avoir montré qu'en lui le
plénipotentiaire de Vienne, en 1814, s'inspi-
rait des vues de l'observateur de Londres,
en 1792, on aime à retrouver dans le conseiller
de Louis XVIII le député aux Etats-Généraux.
On aime à voir le même homme proposant, pour
rétablir la monarchie, les mêmes moyens qu'il
proposait vingt-cinq ans auparavant pour en
prévenir la chute. il resta toujours en tous ces s
constituants de 1789 un fond de libéralisme qui
survécut à toutes les défaillances du caractère.
Il resta toujours aussi au fond de l'âme de
Talleyrand; malgré son scepticisme de roué
politique un fond sincère d'amour de la
France. C'est ce qu'il ne ne faut pas oublier,
même sous le coup des froissements les plus lé-
itimes. On doit lui pardonner beaucoup; ces
eux vertus-là, encore qu'intermittentes chez
lui et trop souvent voilées, rachètent bien des
vices. Tout compte fait et quelles que fussent
les arrière-pensées personnelles qui se mêlaient
à ses calculs, c'était avant tout la France qu'il
servait à Vienne pendant les grandes négocia-
tions du Congrès, et il l'a bien servie.
m
On l'a contesté. Personne nvy a apporté plus
de vivacité que l'abbé de Pradt. 11 faut citer
son jugement c'est le thème commun des\ ad-
versaires de Talleyrandi et tous n'ont fait que
le reproduire où le développer
«La France ne demaiidaiît rien au Congrès, etvou-
lant tout à la fois couvrir l'infériorité desaarôle,
a dû sortir de la politique où e_Hê_n'occupait plus
une grande place pour recourir à des principes gé-
néraux dont la discussion appartient à tout le
monde, et se donner le mérité un. juge de paix de
l'Europe, à défaut d'en être le régulateur. C'est ce
qui a produit la liaison de la France avec l'Autri-
che et l'Angleterre et son patronage avoué en fa-
veur de la Saxe. I/Intérêt a passé de la conserva-
tion des petites souverainetés à leur effacement,
»i« îaoomplicalion des Etats à leur simplification,
et de la dispersion dès souverainetés à leur con-
centration. Le système français s'est égaré dans
«ette partie. -Mafsoà son égarement a été le plus
remarquable et le plus funeste, c'est dans l'opposi-
tion qu'il n'a pas cessé d'établir contre la Prusse.
11 y a deux principes Invariables dans le système
de la France à l'égard de la Prusse alliance et
éloignement. L'un est le moyen de l'autre. Or, dans
tout le Congrès, la France n'a travaillé qu'a alié-
ner d'elle la Prusse et qu'à la forcer à se rappro-
cher de sa propre frontière. Ce qui etait du même
coup détruire l'alliance et créer l'inimitié.
Voilà l'objection d'ensemble Quant aux ob-
jections de détail, elles sont résumées dans
un ouvrage anonyme qui a eu la singulière
fortune de fournir à presque tous les historiens
français de la Révolution et de l'Empire la plus
grande-partie de leurs connaissances et pres-
que tout le fond de leurs idées les Mémoires
d'un liomme d'Etat. Km. lieu de-rechercher-
l'Angleterre^, et l'Autriche, ennemies et rivales
séculaires' dé la France, Talleyrand aurait da
s'attacher à là fortune de la Russie et de la
Prusse «ses alliées naturelles ». La France
n'avait aucune objection adonner la Pologne
aux Russes c'était un bien pour les Polonais,
un mal.pour la Russie, et puisque la Russie le
désirait, la France devait la contenter. II im-
portait en même temps de contenter la Prusse.
D'ailleurs, en lui donnant la Saxejon faisait
d'elle une barrière contre la Russie. L'alliance
de l'Angleterre et de l'Autriche consommait
l'œuvre du traité de Paris, elle renfermait la j
France dans les frontières de 1792. L'alliance.
de la Russie et de la Prusse aurait procuré à la
Franco âos avàntsigoe considéra blea. Pour prix
du concours qu'elle leur aurait prêté, ces puis-
sances, lui auraient rendu, à la suite d'une
guerre commune, la Belgique et la rive gauche
du Rhin. Bafln il y avait un intérêt capital à
ne point rapprocher la Prusse de la France;
il valait cent fois mieux avoir la Prusse à
Dresde et le roi de Saxe sur le Rhin, que d'ache-
ter par le formidable voisinage des Prussiens
l'honneur stérile de conserver son trône à un
petit prince allemand.
Cette critiqne est devenue presque classique.
Elle a été adoptée, renouvelée, fortifiée de re-
cherches personnelles et de vues originales
par plusieurs des historiens les plus récents de
l'Empire, et entre autres par le plus illustre de
tous, qui l'a. développée avec un art merveil-
leux et une dialectique qui, nulle part peut-être,
n'a paru plus entraînante. La publication de
M. Pallàin nous convie et nous oblige même à
reprendre cette discussion. EUe y apporte des
élements nouveaux. Les événements qui se
sont produits en Europe depuis 1866 ont d'ail-
leurs jefé une étrange lumière sur ce problème
dont ils ont réveillé le douloureux intérêt.
Tout se tient et s'enchaîne dans l'œuvre di-
plomatique de Talleyrand et dans la critique
qui en a été faite. Toute la discussion se ramène
au point de départ: le traité du 30 mai 1814, le
désintéressement de la France et le dessein po-
litique que Louis XVIII et Talleyrand ont dé-
duit des nécessités mêmes qui leur étaient im-
posées. Je n'examinerai pas ce qu'ils auraient
pu faire dans des conditions différentes de cel-
les où ils sesont trouvées les faits ne permet-
tent point de suppositions de ce genre. Je
vois dans lé* événements une suite si logique,
entre les faits une trame si serrée, que lTiy-
pothèse ne s'y peut insinuer sans bouleverser
l'ordre naturel des choses et sans introduire
dans le débat des éléments absolument étràn-
gersàla réalité.
Les alliés, à Paris, en 1814, étaient sans au-
cun doute divisés entre' eux; mais ils ne
l'étaient pas contre la France. Il n'y avait qu'un
point sur lequel l'accord fût certain entre eux,
mais il était formel, il était écrit, c'était la vo-
lonté de ramener la France à ses frontières de
1792. C'était l'objet fondamental de la coali-
tion. En refusant ces conditions, la France au-
rait à la fois retardé la paix que la nation ré-
clamait à grands, cris, irrité les alliés, fortifié
l'opposition des Prussiens qui ne s'étaient rési-
gnés qu'à, grand'peine à ne point démembrer
la frontière de l'Est. C'est ce que le gouverne-
ment français comprît. « Pour faire la paix aux
meilleures conditions possibles, a dit très bien
Talleyrand, et pour en retirer tous les avanta-
ges qu'elle pouvait procurer, il était nécessaire
de se hâter de la signer. » Tous les documents
publiés depuis quelques années, les engage-
ments secrets des coalisés que l'on ne connaît
gue depuis peu, prouvent, que cette vue était
juste. On aurait fait une faute grave en ne si-
gnant pas. Il était nécessaire, et il fut en même
temps habile de signer.
Le traité de Paris donnait à la France un
principe et une politique. Si l'on suit dans tout
leur cours et dans tous leurs détails les négo-
ciations de Vienne, on peut discuter l'impor-
tance des avantages obtenus par la France;
mais ce qui est hots de doute et de contestation,
ç'egîl la manière dont ces avantages ont été ob-
tehus. Annonçant à Louis XVIII la rupture de
la coàlition et l'alliance de la France avec l'Au-
triche et lAngleterré, Talleyrand en attribuait
« la came efficiente » au <$sài n qu'il avait pris
de calmer les défiances eh montrant au nom de
la ance de désintéz'essenient le plus parfait ».
C'est l'impression dès témoins. C'est en parti-
culier celle 4e G-entz, qui est très affirmatif sur
ce point. Supprimons cet élément, tout l'édifice
s'écroule. Non-seulement la France ne dissipe
pas les soupçons, mais elle les fortifie. Son iso-
lement se proj.pnge, les grandes affaires conti-
nuentàse traiter en dehors d'elle. Il est en
effet manifeste qu'elle n'est parvenue à s'y mê-
ler et à y influer que par ce moyen-là, et par r
ce moyen seûj.
On dit que là Prusse et la Russie l'auraient
conviée a leur alliance, qu'elles auraient chè-
rement payé son concours si, au lieu de les frois-
ser, de les contrarier, elle les eût servies ou se
fût même simplement abstenue de les combat-
tre. C'est une hypothèse et rien de plus. Je ne
dirai pas avec sir Henri Ëulwer que c'est « une
idée extravagante » de supposer que la Russie
et la Prusse eussent donné à. la France la rive
gauche du Rhin. La proposition est un peu vive
dans la fojmej et je ii'ai, sous ce rapport,, garde
d'y souscrire. Mais je n'hésiterai pas à ajouter
avec le critique anglais « J'ai la certitude que
ce cas ne se serait présenté en aucune circons-
tance. » Il aurait suffi que la France montrât la
velléité de reprendre la Belgique et le Rhin,
pour que l'Autriche sacrifiât la Saxe, que l'An-
gleterre sacrifiât la Pologne, et que la division
cessât entre les coalisés. Cela est certain, car
c'est précisément pour empêcher la France de
garder ces conquêtes que toutes les coalitions
s'étaient formées depuis 1793, que la coalition
de 1813 s'était reliée et resserrée à Chaumont
en 1814; c'était la seule idée commune des
alliés. Les entreprendre sur ce point n'était
pas le moyen de les diviser, c'était le moyen
de les réunir.
La Russie parut, en certaines rencontres, re-
chercher la France: ce n'était pas pour briser
la quadruple allianee, c'était pour s'y fortifier.
Ce n'était pas pour diminuer la Prusse, c'était
pour que la Franco contribuât à la grandir. Il
ne fallait pas songer à les désunir. Metternich
et Castlereagh l'essayèrent l'amitié des deux
souverains déjoua toutes les combinaisons des
diplomates. Cola posé, et le fait est incontesta-
ble, comment imaginer que la Prusse de 1814,
la Prusse a patriote », la Prusse enivrée de
vengeance et de colère, la Prusse qui avait
soulevé toute l'Allemagne contre la Franco,
.qui reprochait avec acrimonie à ses alliés de
n'avoir pas enlevé à la France l'Alsace et la
Lorraine, qui dénonçait perpétuellement les
prétendues ambitions des Français. qui se fai-
sait le coryphée de toutes les passions de
l'Allemagne après en avoir été l'incitatour,
qui voyait sa mission, sa gloire, son hon-
neur, son profit à exploiter les passions,
comment supposer que cette Prusse irait
de gaieté de cœur et pour le plaisir d'en-
trer à Dresde sacrifier son avenir en Allema-
gne et livrer la rive gauche du Rhin à la
ïanee? Elle l'avait fait en 1795, et elle avait
trop souffert du cri de trahison qui s'était élevé
contre elle pour s'y exposer encore. C'était
pour dominer l'Allemagne qu'elle convoitait
la Saxe, elle n'aurait pas encouru pour acqué-
rir ce royaume le reproche de sacrifier les in-
térêts allemands. Enfin, la France avait depuis
1795 fait l'expérience de l'alliance prussienne
la|Cenventiou, le Directoire, le Consulat en
avaient tous et incessamment poursuivi la chi-
mère l'expérience avait montré où conduisait
cette politique il fallait on grossir démesuré-
ment la Prusse ou l'anéantir. On avait essayé
de l'un et de l'autre moyen, l'un et l'autre
avaient échoué: >
On ajoute que du moïns la France aurait dû
éviter je voisinage des Prussiens et transporter
le roi de Saxe sur le Rhin. Mais, en cédant sur
les droits du roi de Saxe, la France cédait sur
son principe et elle n'avait plus de rôle au Con-
grès. D'ailleurs, c'est une question très contes-
table desavoir s:ii n'était rias plus dangereux g
d'établir les Prussiens en Saxe que de les èta%
blir sur le Rhin. En leur donnant la .Saxe, on
faisait d'eux la plus cohérente et. la plus alle-
mande des puissances de l'Allemagne. On ac-
complissait d'un coup l'œuvre do concentration
qu'ils ont mis près de soixante ans à accomplir.
Leurs hommes d'Etat le sentaient bien. et c'est
pour cela qu'ils insistaient tant. La Prusse sor-
tait du Congrès divisée en deux morceaux dis-
parates, sans lien, sans unité. « C'est un'Etat.
indéfinissable, disait de Pradt; elle voit des
ennemis partout, et des frontières nulle 'part-
La Russie la presse par la pointe de ses
Etats. L'Autriche la coupe- par .le milieu/
de ses possessions. La F rànce; l'atteint à l'extré-
mité de ses territoires séparés du corps de la'
monarchie. Elle res^inbie à ces maisons de-
Berlin qui ne sont bâties que du côté do la rue
cet Etat n!a encore qu'une façade sur l'Europe.»
Voilà: qui atténue singulièrjemeiit/ià fkuto, -si;,
-faute il y a. Ecoutons du reste-les Allemànd|r
« La Prusse, dit GervinUs, aequéràit sur
̃ les bords du Rhin et en Wèstjphalie une popu-
lation qui, par sa confession religieuse, par les'
effets de la domination des Francais et des in-
stitutions françaises, ainsi que "par les liens
étroits qui avaient autrefois existé entre la
France et.îçs princes ecclésiastiques de ces-
pays, contwà'ît des .éléments aussi hétérogènes
et aussi irréconciliables .que possible, et. devait
offrir les plus grandes difficultés à l'adminis-
tration prussienne. » ̃
̃ ̃.̃••' iv •'• -̃̃'̃
Mais pourquoi discuter des hypothèses lors-
que le fait est là et qu'il n'est, hélas que trop
évident et trop concluant? L'acte final du
Congrès de Vienne notait pas encore signé,-
que l'occasion ^'offrit da substituer à la po-
litique de.Talleyrand celle qu'on lui reproche
de n'avoir point adoptéel Le premier acte
deNâpoléott après son retour de l'île d'Elbe,^
fut de s'adresser à la Russie, de lui révéler;
J'alliance des Bourbons avec l'Angleterre et-
l'Autriche et de la désavouer. Toutes ses tenta-
tives de négociations demeurèrent sans effet.
Le tsâr se montra le plus ardent à la guerre;:
il fit écrire à lord Castlereagh une lettre toute
échauffée de l'esprit de 1813. Lé 25 mars 1815,
la ligue de Chaumont était reformée et les al-
liés, divisés naguère, se coalisaient plus iati-
mement que jamais pour « maintenir dans tou- ,J
te leur intégrité les conditions du traité dd paix
de" 1814, ainsi que les stipulations arrêtées à
Vienne ». Il leur avait suffi de soupçonner la-
France d'un retour d'ambition pour se réunir
contre elle. Les Prussiens apportèrent à la lutte
un (acharnement incroyable: Le retour de Na-
poléon. semblait justifier toutes les critiques.
qu'ils1 avaient faites de la modération des alliés.
Us déclarèrent que la France n'était point sin-
cère dans son desintéressement affecté, qu'elle
concevait dés arrière-pensées de conquête, que
rien ne l'en pourrait guérir et qu'il n'y avait
qu'un remède, c'était de la démembrer. C'est
au contraire en prouvant sa sincérité par sa
conduite au Congrès que la France parvint, lors
de a seconde paix de Paris, à co iserver ses pro-
vinces de l'Est. On avait fait ainsi en quelques
mois l'épreuve et la contre-épreuve de la poli
tique de Talleyrand.
Cette politique, pour l'honneur et le salut de
la France, prévalut dans les années qui suivi-
rent. En 1814 au Congrès de Vienne elle avait
effacé la trace de plus de vingt ans de luttes.
Il y avait suffi de trois mois. Il fallut trois ans
pour effacer l'impression des Cent-Jours et dis-
siper les méfiances que Napoléon avait fait re-
naître. Cette œuvre était accomplie au Congrès
d'Aix-la-Chapelle en 1818. La France recouvra
son indépendance, son rang et son influenceen
Europe. La coalition n'avait plus de raison d'ê-
tre. En 1822 elle n'existait plus. Dès lors la
Franco pouvait poursuivre des alliances parti-
culières et même des vues d'agrandissement
modéré, sans risquer de renouer le formidable
réseau qui l'avait si longtemps étreinte. L'al-
liance de la Russie et de la Prusse pouvait
seule seconder ces desseins. Elle la rechercha.
En 1829, après dix ans de paix, d'entente et
d'amitié, elle crut l'occasion venue. La Russie
engagée en Orient pouvait avoir besoin d'un
allié à l'Occident. On reprit les idées que l'on
reprochait à Talleyrand de n'avoir point fait
prévaloir. La France demanda la Belgique,
proposa de donner la Saxe aux Prussiens et de
transporter le roi de Saxe sur le Rhin. La Rus-
sie déclina l'ouverture, la Prusse la repoussa
formellement, et l'affaire n'aboutit point. Ce
qui s'est passé depuis lors n'est que trop connu.
La Prusse, qui mit plus de vingt-cinq ans
à s'assimiler les provinces rhénanes, en em-
ploya cinquante à préparer l'œuvre de concen-
tration territoriale qu'on aurait consommée dès
1815 en l'établissant au coeur de l'Allemagne.
Le roi de Saxe, placé sur les bords du Rhin,
aurait eu, en 1866, le sort qu'il a eu à Dresde,
à moins qu'il n'ait partagé l'infortune du roi
de Hanovre. Il n'aurait pas pu se soustraire
plus que le roi de Bavière ne ra fait à l'hégé-
monie prussienne. On oublie trop que la Ba-
vière était voisine de la France en 1870 ce
qui s'est passé dans le Palatinat donne la me-
sure exacte de ce qui se serait passé dans le
royaume rhénan que l'on aurait fait à la mai-
son de Saxe.
La conclusion est péremptoire. On a voulu
de 1864 à 1866, dans le grand désarroi de
l'Europe et dans la grande crise de l'Allemagne,
profiter des occasions; on a négocié avec la
Prusse, on a prêté l'oreille à ses suggestions,
on a encouragé ou au moins toléré ses entre-
Erises, on a cru qu'elle donnerait à la France
rive gauche du Rhin en compensation des
conquêtes qu'elle ferait en Allemagne. On n'a
fait que précipiter l'unification des Allemands,
et, après une guerre désastreuse, on a vu un
empire formidable remplacer auprès de la
France démenbrée la paisible confédération
de 1815. Comment ces desseins qui se prépa-
raient depuis tant d'années avaient-ils été con-
jurés jusque-là, si ce n'est par la politique pré-
voyante et prudente que la France avait suivie
à Vienne ? ÇQmmentAau début même de la crise,
en 1864, la catastrophe pouvait-elle encore être
évitée, si ce n'est par cette même politique? C'est
ce que M. Thiers a établi avec une lucidité mer-
veilleuse. Les conseils qu'il donnait alors au se-
cond empire, c'étaient les conseils même que,
cinquante ans auparavant, Talleyrand donnait
à la première Restauration.
L'historien avait pu être injuste pour Talley-
rand et pour son œuvre à Vienne, l'homme
d'Etat lui a rendu une éclatante justice. Sa cri-
tique de la politique de Napoléon III est la réha-
bilitation de celle de Talleyrand. Remontant aux
causes de la crise, aux causes mêmes du péril,
il les attribue à des déviations de principe
a IL faut, pour me bien faire comprendre, que je
remonte à l'origine de la situation actuelle, que je
vous montre en quoi le droit a été odieusement
violé, que la France sache avec qui elle pourrait
se trouver en faisant choix de certaines alliances;
il faut enfin que je vous montre les erreurs de
principe qu'on a commises en Europe depuis quel-
ques années. Le plus grand principe de la politi-
que européenne est que l'Allemagne soit composée
d'Etats indépendants. Le Congrès de Vienne a for-
mellement maintenu ce vieux principe. (3 mai
1&56.)
Ailleurs, traitant la question des alliances,
il conclut, comme on l'avait fait en 1814 et pour
les mêmes motifs, à l'entente avec l'Autriche
« II y a deux puissances dont l'union est déjà
toute faite; toute faite, parce qu'elle est invariable
et que personne ne pourra la détruire c'est l'u-
nion de la Prusse et de la Russie.
» En présence d'un pareil état de choses, quelle est
pour la France la puissance essentielle, je ne dis
pas son alliée nécessaire, mais la puissance avec
laquelle il serait sage de se préparer à pouvoir
former des desseins communs? Cette puissance,
c'est l'Autriche.» (13 avril 18(35.)
Quelques-uns objectent que c'est une alliance
de conservation pure, qu'ailleurs on trouverait
gloire et profit, M. Thiers leur répond
« La Prusse voudrait se servir des idées alleman-
des pour aboutir à un résultat qui est connu de
toutes parts. Allez partout en France et vous ver-
rez si cette politique, qui tendrait à refaire l'an-
cien empire germanique, serait populaire. Non, il
y a trop de bon sens en France pour qu'une pa-
reille politique pût être accueillie, et permettez-
moi d'ajouter que, lors même qu'elle vous appor-
terait un accroissement de territoire quelconque,
cette politique n'en deviendrait que plus honteuse,
car elle aurait consenti à recevoir un salaire pour
la grandeur de la France; Indignement compro-
mise-dàns un prochain avenir. » (3 mai 1866.)
Talleyrand prévoyait ce danger dès 1814.
C'est pour le conjurer qu'il avait suivi la politi-
que que j'ai essayé de résumer et d'expliquer
dans cette étude.
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dernier marché hebdomadaire. Les affaires se sont en-
gagées difficilement dans les prix de 2fi à 30 fr. 50 les
IOÛ kil.
Les: menus grains restant à peu près sans change-
ment. La tendance est calme
Seigles, 22 25 à 22 50; orges, 17 »» à 20 50; escour-
geons, l'J-50 à 20 »»; avoines, 19 .»» à 21 50; sarrazins
vieux noirs, 18 »» à, »i>; gris, 19 *» a »» »» les 100 kil.
Les légnmes secs sont toujours délaissés
Haricots flageolets, 40 à 80; de pays, 30 à 32; Sois
sons 50 à 70; Liancourt, 40 à 45; gros pieds, 30 à »»:
suisses blancs, 42 à »»; suisses rouges, 28 à »»; Char
tres, 38 à »»; cocos blancs 32 à »»; cocos rosés, 28 à
30; nains de pays, 25 à 30 l'hectolitre.
Nains étrangers nouveaux, »» à »»; nains vieux 25 à
28 les 100 kil.
Lentilles, 40 à 70; pois verts, 30 à 35; pois -oassés, 40
à 50 l'hectolitre. •
Les issues donnent lieu à un courant régulier d'al-
faires
Gros son, 15 j» a»»; son fin, 13 50 à 14; son 3 oases,
14 50 à »»; recoupettes, 13 & »»;' remoulages ordi-
naires, 16 M à 17 »»; remoulages blancs, de 18 à 20
les 100 kil. à 17 mm; remoula blancs, de 18 à 20
Les graines fourragères ne trouvent que de rares
acheteurs et se cotent sans variations
Trèfle violet, 90 à 110; trèfle blanc, 150 à 170; lu-
zerne de Provence, 180 à 190; de Beauce, 170 à »»»; de
pays, 1C0 à »»*>; d'Italie, »»» à »«»; minette véritable.
45 à «; fausse, 30 à »» les 100 kil.
Vesces de printemps, 25 à 26; vesces d'hiver 25 à
»» pois gris de printemps; *» à »» » les 100 kil.
Sainfoin nouveau, 1™ coupe, 23 a 24; 2« coupe, 24
à 25 les 50 kilos.
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officiel des suifs frais fondus de la boucherie de Paris
a été fixé hier à 83 50. Clôture après cours à 83 fr. 50.
Celui du suif bœuf saladeros de ia Plata a été main-
tenu à 89 fr.
La demande se soutient à 83 fr. 50 pour disponible
et 84 fr. pour les 3 mois de juin, mais les vendeurs
sont peu nombreux et l'allure du marché reste ferme.
Le suif pressé, à 96 fr.
Le suif Plata est sans vendeurs.
Courant du mois 83 fr. 50 demandé.
Stéarine de saponification disponible, 126 » à 130 *»̃
à livrer, 126 à 130 *».
Stéarine de distillation disponible, 118 m à 130 »»; à
livrer, »»» »» à »»».
Oléine de saponification disponible, 65 »» à fi6; à li-
vrer, »» «s à »»: oléine de distillation disponible, 59 à
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J lGUi.OU.oDi ques, jaunisse, gastralgies.
"R 1 CPfti otto Pâles couleprs, hystérie, lympha-
JAjlgUlCuUO. usme, marasme, lièvres.
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Dame Delsault, confectionneuse pour dames, rue
Saint Augustin, 21. S. pr., M. Barbot, boulevard Se-'
bastopol, 22.
SPECTACLES ET CONCERTS
C'est demain vendredi et dimanche 12 juin que se
tiendra au jardin des Tuileries (terrasse' du Jeu de
Paume, de 2 heures à 7 heures de l'après-midi et de
9 heures à minuit), la Foire aux Plaisirs, grandes .fêtes
de bienfaisance au bénéfice des victimes de ja ville de
Cliio et de.la Société des Amis de l'Enfance, dont nous
avons déjà donné le détail.
La photographie américaine sera tenue par Mme
Théo, en remplacement de. Mlle Sarah Bernhardt,
partie pour Londres.. ̃
Mme Judic, avec un petit âne et un petit ânier, vent
dra des cerises. ̃̃
Le mélodrame de M. Paul Ferrier sera représenta
vendredi soir, à 10 heures.
Entrée le vendredi, 5 francs le jour et 5 francs le
soir. Billet unique pour le jour et le soir, 7 francs. Le
dimanche jour, 1 franc. Le dimanche soir 2 francs.
Tous les billets indistinctement sont numérotés et
donnent droit à une loterie qui sera tirée dans la se-
maine. Le premier numéro sortant gagnera le lingot
d'argent de 10,000 francs.
Voici le programme du Grand Festival qui aura
lieu le mardi 14.Juin,à-2 heures, ait palais du Troca-
déro. On sait que ce Festival, organisé par lé Gaulois,
est donné sous le patronage de Mme la baronne Ja-
mes de Rothschild, a profit des victimes de Kiefl, Eli-
sabethgràd, Odessa, etc.
Marche religieuse, sous la direction de l'auteur
.(G.ounoi); Légende pour violon, M. Paul Viardot(Vt ie-
niawski) Chant séculaire, Mlle Rosine Blocli, orches.
tre et chœurs dirigés par l'auteur (Uh.-M. Widor) Air
de la Coupe du roi de Thulé. M.- Faure; I Lombardi,
Air des Bijoux de Faust chantés par Mlle Adler-
Devriès Fantaisie sur les Ruines d'Athènes, piano et
orchestre, E. Lœvenberg; Prière de Moïse, M. Faure
orchestre et chœurs; Air Asile héréditaire » de Guil-
laume Tell, M. Sellier; Arioso du Prophète, Mlle R.
Blooh1; Duo de la Muette, MM. Faure et Sellier.
Gallia, lamentation, solo par Mme Adler-Devriès
orchestre et chœurs dirigés par J'autenr (Gounod)
l'Ecole des Maris (2= acte), Mite Bartet, MM.Delaunav;
Thiron, Coquelin cadet; Air de Nabuchodon.osor, M.
Melchissédec Romance (M. Rubinstoin) et Marche de
Rachoczy, pour piano, M. Lowenberg; Air de la. Juive,
M. Henri Prévost; Duo de la Mascotte, Mlle Montba-
zon et M. Morlet; conférence, M. Cpquelin cadet.
Les Farces de Pierrot, pantomime par Mmes Judic
Théo, Sanlaville, Silly et M. Guyon Finale, grand-
orgue, M. Widor, orchestre et chœurs (400 exécutants)*
sous la direction de MM. Charles Gounod et Ch. -Mi
Widor.
Prix des places Loges ouvertes, 40 francs. Loges
découvertes, 30 francs. Fauteuils.de parquet, 20 frj
Fauteuils de galerie, 10 francs. Tribunes, 3 fr.
On trouve des billets aux bureaux du Gaulois, du
Figaro; au Grand-Hotel, à l'Hôtel-Continental. et chez
les éditeurs de musique.
Les fêtes que la Société des Sauveteurs bretons a
organisées à Paris, à l'occasion de son huitième anni-i
versaire, comprendront trois journées
Le samedi il juin, à une heure, au Châtelet; mati-<,
née extraordinaire avec le concours de Mmes Bilbaut-i
Vauchelet, Marie Laurent, Rousseil, Scriwaneck da
MM. Nicot, Pescheux, Desmonts, des Roseaux, etc. et?
de la musique de la garde républicaine. Grande'
kermesse bretonne, luttes, danses par des Bretons et)
Bretonnes en costume national.
Le dimanche, après une messe solennelle à Notre*!
Dame, assemblée générale de la Société au Trocadéro.
Musique du 39e dé ligne et fanfares ciriles. 1û~]
termèdes par MAI. Melchissédec. Bertlielier, et Mmes
Léonide Leblanc et Berthe Legrand. Réapparition des
Bretons et Bretonnes. Le soir, à l'Hôtel-ContinentalI'
banquet.
Le lundi, A Saint-Denis (Gennevilliers), à une heure,
tête nautique, expériences d'engins de sauvetage, avec
le concours de la musique du 89° de ligne et de fanfa-1
res locales. q 6
Mlle Marie.Colqnibier va 'écrire, pour un journal
du matin, un récit du voyage de Sarah Bernhardt en
Amérique. ~<
On dit que M.. V. Sardou.va publier son théâtre
complet.
Ce soir jeudi, au Trianon d'Asnières, grand bal
champêtre «t tombola parfumée.
Le Concert de l'Horloge (Goamps-Elj'sées) est cette,
̃année en pleine vogue.
Demain vendredi, à huit heures du .s.oir, dans la
salle des fêtes de la mairie du Il arrondissement,
conférence par M. Paul Soleillet: « De l'esclavage1, l,
dans la Sénégambie en 1881.» Projections par Ma
Molteni.
Salle des Conférences. Demain vendredi, à 8 h. 1/2]
dn soir, M. Merle « L'éducation DODuiaire. -r- La mai') i
son de tout le monde. »
SPECTACLES DU JEUDI 9 JUIN
Opéra- Relâche.
Tn.-Fran
Opéra-Com. 8 h. »/». Les Contes d'Hoffmann.
Gymnase. –Sh. 1/4. Le Chapeau d'nn horloger. -W
Madame de Chamblay.
Vaudev. 8 h. 1/2. –Chevalier.– Voyage d'Agrément.*
Palais-Royal. –8 h. 1 /4. –Deux Chambre3.– Divorçons l
Porte-St-Martin. h. 1 12. Le Prêtre.
Chfttelet. 7 h. s/4. Michel Strogoff.
Renaissance.– 7 h. y/4.– Mlle Moucheron. -Le Canard»'
Nations. 8 h. »/». La Cellule n° 7.
Ambigu. 8h. »/». L'Auberge. Robert Macaire.
Folies-Drain. 8 h. »>/». Chalamel.– Mousquetaires.
Chàteau-d'Eau. 8 h. »/». Le Trouvère.
Cluny. 8 h. •/». Les Cloches de Cornevllle.
Athénée. –8 h. 1/2. Hist.de Femmes. Monsieur.
Dèjazet.– 8 h. 1/4.– Fleurs blanches.– Nos Belles Petites^
Fantaisies-Parisiennes. 8 h.»/».– Risette.– Crimiue.V
malgré lui. Le$ Bousslgneul.
Fol.-Bergere.8h. 1/4.– Spec. varié.– A'asseur, ch.d'orchj
Palace-Théâtre. 8h. 1/2. Spect. varié. –Ballets.
Cirque-d Eté.– 8 h. 1/2. -Bxeraiaes équestres.
Hippodrome.– Tous les soirs, à8 h. 1/2. –Représ. sappL.
à 3 h., les jeudis, dimanches etfètus.
Besselièvre (Ch.-EÏysées). Tous les soirs à 8 h. 1/8.
Robert-Houdin. –3 h. 1/4. Magl9.
Eldorado. 7h. 1/2. Spectaolô-Concart.
Horloge (Champs-Elysées). –8 h. Spectacle-Concert.
Jard.-d'Acc– Ouv.touslesjoars.Conc.dim.,jeud.et''ât»«..
SPECTACLES DU VENDREDI 10 JUIN
Opêrjû –8 h. »/». Le Tribut de Zamora.
Th.-Français. 7 h. S/4. Mlle de Belle-lsle.
Opéra-Com. 8 h. »/». Le Pardon de Ploërme'-
iLe» autres spectacles comme ieud1 »
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