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Le tussilage

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Plante pionnière, le tussilage est une des premières à fleurir en début d’année. Elle permet ainsi aux abeilles et autres pollinisateurs d’affronter la mauvaise saison.

Liber de Plantis, 1440-1460

Le tussilage (Tussilago farfara) appartient à la famille des Astéracées comme la pâquerette ou l’absinthe. Seule espèce du genre Tussilago, elle porte aussi les noms de pas d’âne, pas de cheval, herbe de saint Guérin, taconnet, racine de peste, chasse-toux, herbe aux pattes, etc. En effet, sa feuille, qui ressemble à celle du pétasite, évoque également l’empreinte du sabot d’un équidé. Tussilago vient du latin « tussis » (toux) et « agere » (chasser), pour son action antitussive.

Maurice Pillard Verneuil, Etude de la plante, Paris, 1903

La plante est une espèce pionnière. Elle fleurit très tôt, à partir de février, et sa tige se développe une fois que la fleur approche de la maturité. Les feuilles n’apparaissent qu’après les fleurs, au contraire de la plupart des plantes. Cette floraison précoce est permise par les réserves accumulées dans son rhizome traçant. Les graines peuvent ainsi se disperser sur un sol nu, le reste de la végétation n’étant pas encore sorti de terre. Ces fleurs jaune vif lui valent le nom de filius ante patrem : le fils avant le père, du fait de leur antériorité par rapport au feuillage. Elles donnent un abondant nectar, d’autant plus recherché par les insectes que les fleurs sont rares en cette saison. Les feuilles sont arrondies et coriaces. Les graines sont surmontées par une petite touffe de soies qui forment une zone de basse pression et l’emportent dans les courants ascendants, leur faisant parcourir ainsi une dizaine de kilomètres.

Georg Christian Oeder, Icones plantarum sponte nascentium in regnis Daniae et Norvegiae, in ducatibus Slesvici et Holsatiae et in comitatibus Oldenburgi et Delmenhorstiae. Volume 4, Copenhague, 1777

Le tussilage est présent dans toute l’Europe et s’est introduit en Amérique du Nord. Il apprécie les terrains frais, talus, rives, terrains vagues, jusqu’à 300 mètres d’altitude. Il peut se contenter d’un milieu pauvre en matière organique et affronter des climats difficiles, renforçant son caractère de plante pionnière.

Ses propriétés contre la toux sont connues dès l’Antiquité. Hippocrate l’utilise, et Dioscoride l’appelle bechion, dont l’étymologie se retrouve dans le terme béchique (antitussif). Il a été fumé comme le tabac pour traiter la toux et l’asthme. Des médecins le prescrivirent même contre la tuberculose.

Les jeunes feuilles et les fleurs se consomment crues comme cuites ; de même les jeunes tiges des fleurs une fois débarrassées de leurs écailles. La plante a également servi à teindre la laine : les feuilles mélangées, avec de l’alun, produisent une couleur jaune chartreuse ; avec du sulfate de fer, elles donnent une teinte verte. Le tussilage sert enfin de couvre-sol mais peut vite devenir envahissant.

Amédée Masclef, Atlas des plantes de France utiles, nuisibles et ornementales, Paris, 1891

Pour aller plus loin

Retrouvez les plantes pionnières en parcourant la sélection Botanique du parcours Gallica La Nature en images.

Commentaires

Soumis par Ferrand hugues le 28/12/2023

Merci pour cet article bien illustré d'une plante commune à faire découvrir .
HF. Association La Garance Voyageuse

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